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Chroniques bleues
Histoire des France-Allemagne (3) : de Berlin à Saint-Denis
vendredi 17 février 2012, par Bruno Colombari
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Troisième et dernière partie de la saga, qui commence par une défaite et finit par une tragédie. Un seul match de
compétition dans le lot, en juin 2014 au Maracana pour une réplique de Guadalajara.
Où Cantona se fait déjà remarquer
En août 1987, à Berlin, tout a changé. L’équipe de France est largement renouvelée (hormis la défense), et sort d’une saison très
médiocre qui compromet déjà la qualification à l’Euro 88. Luis Fernandez est orphelin du carré magique qu’ont déserté Giresse,
Tigana et Platini. Gérald Passi et Eric Cantona, qui fait ses débuts, semblent encore bien tendres dans un 4-4-2 sans meneur de jeu.
En face, Schumacher n’est plus là, mais Matthaüs, Brehme, Allofs et Völler s’amusent bien. Le début de match est une catastrophe :
Völler marque deux fois en neuf minutes face à un Joël Bats en perdition et un troisième but est refusé à Buchwald par erreur.
Cantona réduira le score à la mi-temps en profitant d’une bourde de Herget et Buchwald, et Martini remplacera Bats, KO après avoir
pris un ballon en plein visage à cinq minutes de la fin. Les Bleus ne retrouveront le stade olympique de Berlin (rénové) que 19 ans
plus tard.
Allemagne-France 1987 (2-1)
Völler régale et Cantona ouvre son tableau de chasse.
Où Laurent Blanc recule d’un cran
En février 1990, Platini est de retour, mais au poste de sélectionneur. Pas qualifiés
pour le Mondiale italien, les Bleus reçoivent les futurs champions du monde à Montpellier, lesquels sont invaincus depuis l’été 1988.
Le duo Papin-Cantona donnera la victoire aux Bleus (2-1) taillés pour jouer le contre avec trois milieux défensifs (Deschamps, Pardo
et Garde). On remarquera l’entrée de Laurent Blanc en défense centrale à la place de Boli, une première pour le Montpelliérain.
Cette défaite sera sans conséquence pour les Allemands, qui remporteront une troisième coupe du monde quatre mois plus tard en
Italie.
France-Allemagne 1990 (2-1)
Victoire des Bleus sur les futurs champions du monde à Montpellier.
Où Jacquet prépare sa tactique de 1998
Le match suivant a lieu le 1er juin 1996 à Stuttgart, quelques jours avant l’Euro
anglais. Les Bleus de Jacquet sont invaincus depuis deux ans et demi et comptent bien montrer aux Allemands qu’ils ont progressé.
La composition de l’équipe est proche de celle de 1998, avec Lama à la place de Barthez, Di Méco plutôt que Lizarazu (qui entrera à
l’heure de jeu) et Guérin au lieu de Petit, le tout disposé en 4-3-2-1 très prudent. Laurent Blanc marque l’unique but du match à la
6e, mais ce sont les Allemands, comme en 1990, qui seront couronnés à Londres. C’est la deuxième fois que les Bleus gagnent en
Allemagne, la première datant de 1954.
Allemagne-France 1996 (0-1)
Première victoire tricolore en Allemagne, à Stuttgart.
Où les Allemands ne voient que du bleu
Le 27 février 2001 à Saint-Denis, et sans doute pour la première fois de l’histoire,
l’équipe d’Allemagne se déplace avec la crainte d’une lourde défaite. Champions du monde puis d’Europe, les Bleus semblent
invincibles, emmenés par un Zidane étincelant, un Vieira monstrueux et les attaquants (Anelka, Wiltord, Henry ou Trezeguet) les
plus dangereux d’Europe. Du coup, les Allemands sortent les bons gros tacles, tirages de maillot et autres tampons pour tenter de
limiter les dégâts. Ils y parviennent, mais entre temps Zidane a ouvert le score d’une frappe violente du gauche après un contrôle
de la cuisse (1-0).
France-Allemagne 2001 (1-0)
Le seul but de Zidane en trois confrontations.
Où Henry et Trezeguet font les fous
Vient alors le 15 novembre 2003 et ce qui reste sans doute comme le match le
plus réussi par l’équipe de France contre l’Allemagne depuis le 6-3 de 1958. A Gelsenkirchen, face aux vice-champions du monde
qui préparent la prochaine édition à domicile, les Bleus de Jacques Santini réalisent une démonstration éblouissante malgré les
absences de Barthez, Desailly et Vieira (remplacés par Coupet, Silvestre et Dacourt). Thuram est imprenable en défense centrale, et
les quatre joueurs offensifs (Zidane, Pires, Henry et Trezeguet) vont dégoûter la défense allemande. Le score (3-0) paraît lourd,
d’autant que l’Allemagne domine la première demi-heure et trouve la barre de Coupet, mais il aurait pu être plus élevé encore tant
la domination française en seconde période est totale. Sur le banc allemand, Rüdi Völler est atterré.
Allemagne-France 2003 (0-3)
Les Allemands, en noir, se font balader par des Bleus qui jouent en blanc.
Où l’on inaugure le 0-0
Le tout dernier match de la série, le 12 novembre 2005 est aussi le seul à s’être terminé sans but. Calée trois jours après un long
déplacement à Fort-de-France (décalage horaire et gros écart de température), cette rencontre sans enjeu ne donne rien. Il faut dire
qu’en l’absence de Vieira et de Zidane, le milieu ne ressemble à rien (Makelele, Sagnol, Dhorasoo, Malouda) et ne trouve pas le duo
Trezeguet-Henry, alors que l’Allemagne gagne le combat physique avec un Michael Ballack très remonté. C’est donc un 0-0 sans
grand enseignement, à deux cents jours de la coupe du monde, mais bien malin qui devinera qu’on vient de voir les futurs deuxième
et troisième de l’épreuve.
Où l’on se fait des politesses
Le 29 février 2012 à Brême, la jeune équipe de Laurent Blanc s’illustre au terme d’un match bien
maîtrisé dans lequel Mathieu Debuchy, Olivier Giroud et Mathieu Valbuena se mettent particulièrement en évidence, alors que
Morgan Amalfitano fait ses débuts qui n’auront aucune suite et que Franck Ribéry ne réussit rien de bon. Les Allemands s’en sortent
plutôt honorablement avec un 1-2 presque flatteur, tant ils ont été secoués.
Où l’on sait recevoir
Le 6 février 2013, ce sont les Bleus qui accueillent leurs voisins, et comme ils sont de gentils
garçons, ils vont laisser la Mannschaft dominer la partie et gagner (2-1) pour la première fois depuis 1987. C’est même la première
défaite contre l’Allemagne à domicile depuis... 1935 ! Mais l’essentiel n’est pas là. L’année 2013 commence mal, et cette défaite
inattendue (malgré un but opportuniste de Valbuena de la tête) va en appeler d’autres, contre l’Espagne, l’Uruguay et le Brésil.
Où l’on rejoue Guadalajara à Rio
Quand ils découvrent qu’ils vont croiser à nouveau la route des Allemands en
quart de finale de la coupe du monde, les Bleus se fichent un peu des précédents de 1982 et 1986 : pour la plupart, ils n’étaient
même pas nés. Mais l’obstacle va s’avérer trop haut pour la jeune équipe de Didier Deschamps, piégée en douze minutes et obligée
de courir derrière le score en plein soleil, comme à Guadalajara. Les Bleus finissent même le match dans un 4-2-4 improbable qui
n’aboutit à rien. La leçon sera-t-elle retenue ?
Soir de drame à Paris
Ce France-Allemagne-là était une vraie affiche, entre le champion du monde en titre et
le pays organisateur de l’Euro 2016. Et il a tenu ses promesses avec une jolie victoire 2-0 et une action de grande classe d’Anthony
Martial, mais ce n’est pas ce qu’on retiendra de ce 13 novembre 2015, soir d’épouvante à Paris avec 130 victimes d’attentats
terroristes.
Contre la RDA, ça ne rigolait pas
En novembre 1987, toujours à Leipzig, les Bleus font un tout petit peu mieux (0-0), mais ils perdent le match retour en novembre
1987 alors qu’ils sont déjà éliminés de l’Euro (0-1 au Parc). Enfin, ils gagnent facilement un des tout derniers matches de l’histoire
de la RDA en janvier 1990 au Koweït (3-0).

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