Actu Environnement 2008
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Actu Environnement 2008
Energies - Article publié le : 09/04/2008 Les inégalités se creusent au sujet des dépenses énergétiques des ménages français Aggravées par la hausse du prix des énergies, les inégalités face aux dépenses énergétiques dans les ménages français renforcent l’ADEME dans son action de sensibilisation. Mais le CREDOC démontre les limites de ces politiques publiques. Selon l’analyse des résultats de l’enquête 2006 INSEE « budget des ménages » réalisée par l’Ademe dans sa lettre Stratégie et Etude, la part des dépenses d’énergie dans le budget varie de façon importante et structurelle. En 2006, les ménages les plus pauvres ont consacré 15% de leur revenu aux dépenses énergétiques contre seulement 6% pour les plus riches. Dans le cas des ménages les plus défavorisés 9% des revenus servent à payer les dépenses en combustibles fossiles (gaz, pétrole) et 6% l’électricité. En revanche, les ménages les plus aisés ne consacrent que 4% de leurs revenus aux produits pétroliers et 2% à l’électricité. L’Ademe met également en évidence une forte inégalité entre les ménages selon leur lieu de résidence. Un habitant de Paris, qui dispose d’un réseau de transport en commun très dense, et qui vit en habitation collective, a une facture énergétique inférieure de 44 % à celle d’un habitant d’une commune rurale. Plus globalement, la part des dépenses énergétiques dans les ménages entrent difficilement dans la logique de long terme qui consisterait par exemple à faire des travaux ou investir dans des équipements plus coûteux qui permettront de réaliser ensuite des économies le budget d’un citadin reste inférieure de près d’un quart à celle d’un rural. Ces inégalités structurelles ont tendance à s’intensifier avec la hausse constante des prix de l’énergie. L’Ademe rappelle ainsi qu’entre 1996 et 2006, l’indice du prix des combustibles fossiles en euros constants a augmenté de 4,2 % en moyenne annuelle : le prix du gaz domestique a par exemple augmenté de 2,1 % par an, le prix du fioul domestique de 5,2 %, le super sans plomb de 1,7 % et le gazole de 3,6 %. Et cette tendance ne risque pas de ralentir puisque l’Ademe mise sur une demande d’énergie en augmentation de 3,4% chaque année et une production de pétrole ralentissant : si l’on considère une relative stagnation de la production de brut jusqu’en 2020 suivie d’une décroissance, il est possible que le prix relatif des combustibles fossiles s’accroisse au même rythme que la demande dans les 15 prochaines années, pour ensuite progresser de façon exponentielle, explique l’agence. Ces hausses de prix impactent plus fortement le budget des ménages les plus fragiles qui occupent bien souvent les logements les plus dégradés et les moins performants. Par ailleurs, ces ménages n’ont pas facilement accès aux logements en centre des grandes villes, plus coûteux. Ils sont ainsi logés dans des zones très excentrées et se trouvent en état de dépendance souvent complète à la voiture pour leurs déplacements contraints. Au regard de ces statistiques, il est clair pour l’Ademe qu’il est essentiel d’encourager dès maintenant la réalisation de travaux d’efficacité énergétique et de privilégier les véhicules sobres en carburant pour préserver le pouvoir d’achat des ménages. Mais selon une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC), la recherche du confort prime encore sur les économies chez les ménages français. En dépit d’une sensibilité écologique croissante, les comportements des ménages ne sont pas encore orientés vers des pratiques économes, explique le centre de recherche qui cite en exemple le fait que la température moyenne des logements est passée de 19° à 21° entre 1986 et 2003 et que les consommations d’électricité pour le confort ont fortement augmenté entre 1973 et 2003 (+ 85 % par m2), en raison de la multiplication des appareillages domestiques. Le CREDOC estime ainsi que l’impact de l’action publique de ces dernières années sur la modification des comportements des ménages a été limité. Selon lui cette situation s’explique par le fait que les gains à retirer d’un comportement économe ne sont finalement que modérément incitatifs au regard de la multiplicité des gestes quotidiens que cela implique de changer. Par ailleurs, les ménages entrent difficilement dans la logique de long terme qui consisterait par exemple à faire des travaux ou investir dans des équipements plus coûteux qui permettront de réaliser ensuite des économies, estime-t-il. Pour le CREDOC, il ne faut donc plus simplement se baser sur la sensibilité écologique des ménages qui, bien que réelle, reste relativement indépendante des comportements. En étudiant les comportements liés au tri sélectif, le CRÉDOC a mis en évidence que l’adoption par les ménages de la pratique du tri était moins liée à leur conscience écologique qu’à la mise en place d’une offre de service public qui inscrit le geste individuel dans un cadre collectif canalisé (système de poubelles, taxes et redevances d’enlèvement des ordures ménagères). Pour l’énergie, il faut trouver un axe similaire. Il pourrait s’agir par exemple d’un système collectif de rationalisation des consommations d’eau et d’énergie à l’échelle des immeubles collectifs et les syndics d’immeuble pourraient y jouer un rôle majeur. L’une des principales mesures que les syndics pourraient mettre en œuvre consiste à baisser le niveau de température fourni par les installations de chauffage collectif et de fourniture d’eau chaude, propose le CREDOC. En attendant une généralisation de ce type de pratique, le centre de recherche reste convaincu qu’infléchir les comportements vers la maîtrise des dépenses d’énergie nécessite, aujourd’hui, de peser plus fortement sur les leviers de la consommation et de la gestion collective des usages individuels. F.ROUSSEL ACTU ENVIRONNEMENT