Jean-Luc Raharimanana / Thierry Bedard - La Garance

Transcription

Jean-Luc Raharimanana / Thierry Bedard - La Garance
Jean-Luc Raharimanana /
Thierry Bedard
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Ce spectacle est l'occasion de rencontrer un immense
auteur malgache. Thierry Bedard, un habitué de la Scène
nationale de Cavaillon ("Un Musée des langues", "Eloge de
l'analphabétisme") créera "47", une adaptation théâtrale du
roman "1947", année de la grande insurrection sur l'île
natale de Jean-Luc Raharimanana.
Le spectacle, le livre
"1947" de Jean-Luc Raharimanana
[ note d'intention de Thierry Bedard ]
Pour commencer, on dira que les faits ont réellement existé, que les sagaies
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ont volé, que les balles ont sifflé, que les cadavres ont jonché la terre. Rire.
Des rires en masque de douleur. Des rires sur l'absurdité de ces lignes
cherchant à comprendre pourquoi je devrais me justifier pour revendiquer ma
mémoire. (...) De quoi parlons-nous en fait ? De 1947, mars 1947 et de tout ce
qui s'ensuivit. Insurrection contre la colonisation française. L'oppression
pendant près de deux ans. Je parlais comme d'une évidence : le chiffre même
de 47 sonne douloureux sur la Grande Île, la fin d'un monde, la perte et la
défaite, le silence lourd d'une période qui n'en finit pas de nous ronger, de
nous hanter...
Raharimanana dans un court texte incisif revient sur une période de l'Histoire,
entre Madagascar et la France. C'est un document, publié [1], qui "nous
interroge sur les rapports entre colonisés et colonisateur, entre pouvoir actuel
et passé, sur le silence de part et d'autre, sur l'écriture de l'histoire par le Nord
et la nécessité d'interroger cette histoire par le Sud."
Et ce très grand écrivain raconte une "histoire" poignante, chargée d'une
incroyable émotion. C'est l'introduction dans ce texte de témoignages qui m'a
donné, dès la première lecture, la nécessité de mettre en scène ce texte, et
avec un partage des voix. Avec la langue malgache, avec le "son" malgache,
celui que j'ai aimé dès un premier voyage dans la Grande Île rouge. Avec la
langue française, certainement accompagnée de la langue quelquefois châtiée
des "côtiers", où au contraire de la langue de certains Malgaches âgés qui ont
une langue d'une noblesse étrange, de plus en plus inusitée en France. Car il
est probable, que de même que pour un précédent travail [2], je questionne et
enregistre des témoins directs de l'insurrection malgache. Et je souhaite, sur
ce même sujet, poursuivre dans le sens du document publié, en éditant
quelques photographies commentées du Fonds Charles Ravoajanahary,
images de guerre oubliées mais matériel dramaturgique, et "scénique", d'une
très grande valeur artistique.
Raharimanana questionne dans son oeuvre un monde que je ne cesse de
révéler sur les plateaux : un monde de violence extrême, insensé - au premier
sens du terme, qui n'a plus aucun sens -, et un espoir de grâce pour chaque
victime de ce monde-là, présent en autre en Afrique.
L'Histoire racontée de cette manière par un artiste - le "je " est assumé -, a
une dimension universelle, et l'idée est bien de porter un spectacle au delà
des strictes frontières de nos deux pays d'origine, mais il est juste de créer
cette /Leçon d'Histoire / à Madagascar, au Centre Culturel Albert Camus à
Tananarive, ce qui nous importe l'un et l'autre, comme pour assumer
ensemble notre pensée.
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[ source : www.dihychaussee.org ]
Thierry Bedard
Céramiste de 1974 à 1980, il reprend des études d'Histoire de l'art et de
sémiologie au début des années 80 et développe une activité de plasticien
indépendant et au sein de la coopérative d'artistes Cairn (expositions,
performances, installations vidéo). Après avoir coordonné plusieurs
manifestations culturelles (événements, festivals, fêtes politiques), il est
nommé directeur des services généraux de la fête de l'Humanité (1982 à
1985). En 1985, il devient régisseur général du Théâtre de Genevilliers
(direction : Bernard Sobel) et membre du Théâtre du Radeau. Il est ensuite
membre du Studio Théâtre de Vitry (direction : Alain Ollivier) où il occupe
pendant trois ans la fonction de régisseur général et de scénographe (1986 à
1988). Il travaille ensuite avec Pierre Guyotat (1987-1989) et Claude Régy
(1988). En 1988, il co-signe avec Lucien Marchal la mise en scène de " Pour
en finir encore " de Tchekhov.
En 1989, il fonde l'Association Notoire avec des comédiens et des musiciens
et met en scène des textes de Leiris, Foucault, Littré, Nodier. Trois cycles de "
Pathologies verbales " seront ainsi présentés sur deux années au cours
desquelles il adaptera aussi Caillois, Kassner, Blecher, Bierce, Parain,
Paulhan et Daumal pour la scène. La direction artistique est alors collégiale.
En 1991, il fonde la compagnie Maranges, lieu de recherche distinct de la
structure thématique qui sous-tend Notoire, et crée " L'Afrique fantôme " de
Michel Leiris. Il recentre ensuite l'ensemble de ses activités autour de
l'Association Notoire, dont il prend la direction artistique à partir de 1992 en
devenant metteur en scène associé au CDN des Alpes / Le Cargo à Grenoble
(jusqu'en 1994). A l'occasion du cycle " Minima Moralia " il conçoit des
spectacles à partir de textes de Broch, Ramuz, Gide, Le Clézio, Carlo-Maria
Cipolla..., ainsi que des spectacles d'intervention, des fausses leçons...
Est alors clairement défini un "cahier des charges" Notoire : oeuvrer sur des
essais d'auteurs de ce siècle, présenter les travaux en cycles thématiques
plus ou moins contradictoires, travailler sur des formes déjà codées :
séminaire, communication publique, expériences pédagogiques...
A partir de 1994, Thierry Bedard est seul à signer les mises en scènes de
Notoire. A l'issue du travail à Grenoble, il s'engage auprès du Cdn jeunes
publics Le Grand Bleu à Lille avec le spectacle Lecture Pratique et de la
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Scène Nationale La Halle aux grains à Blois avec A la foire et sur un projet de
"résidence" (annulé). En 1996, le "cahier des charges" de Notoire est modifié
car s'établit une distinction entre les spectacles conçus pour être joués sur un
plateau, structurés à partir de textes contemporains de fiction (romans,
nouvelles, textes dramatiques, etc) ou d'oeuvres musicales... et autres traités
comme spectacles d'intervention ou évènements liés à l'action culturelle
formalisés encore d'après l'ancien "cahier des charges" de 1992.
De 1996 à 1998, Notoire travaille un cycle de travail sur la violence politique
nommé "argument du menteur" et crée Les lions mécaniques de Danilo Kis,
Guerre au troisième étage, une comédie de Pavel Kohout, Encyclopédie des
morts de Danilo Kis, et Les arguments, trois spectacles d'intervention. En
1999, Notoire ouvre un nouveau cycle sur le travail musical intitulé " L'envers
de l'harmonie ", et crée notes contre notes, concert pour piano et voix de
soprano, " Acheminement(s) " du compositeur Jean-Christophe Feldhandler et
prépare un oratorio avec ce compositeur, " La fosse " d'après l'oeuvre de
Robert Antelme.
En 2000, Notoire ouvre un cycle de travail intitulé " la Bibliothèque Censurée ",
en hommage et en soutien au Parlement International des Écrivains. Le
Parlement, au-delà de la dimension politique de solidarité active envers les
écrivains persécutés dans le monde entier (réseau de Villes Refuges), est un
lieu de questionnement sur la place de la littérature et de la fiction dans le
monde. Trois spectacles seront créés : " La Bibliothèque Censurée "
(2000-2001), spectacle déambulatoire avec des textes de Brodsky, Tabucchi,
Nadas, Manganelli, Pomerantsev ; " Cours de narratologie à l'usage des juges
et des censeurs " (2002) de Christian Salmon et " la Bibliothèque Censurée :
en enfer " (2003) d'après Reza Baraheni. De multiples formes pour les
bibliothèques et rencontres publiques sont présentées, sur des textes de
Rushdie, Paz, Vargas Llosa, Curnier, ainsi qu'un spectacle jeune public, La
Presse d'après Hrabal.
Un ensemble de spectacles d'intervention, les " Eloges de l'analphabétisme ",
axé sur la question des langues du monde, est réalisé à l'intention des publics
scolaires : Rencontre avec Howard Marshall pour les terminales et universités,
Conférence sur l'analphabétisme dans le monde pour les collèges, et une
Exposition sur l'analphabétisme dans le monde pour les lycées professionnels,
présentée dans un semi-remorque d'exposition.
Le Parlement International des Écrivains s'étant dissout au printemps 2003,
notoire persiste en compagnie de Reza Baraheni et initie un nouveau cycle
avec une deuxième version du spectacle " En enfer " et la commande à
Baraheni de trois « leçons de poétique », " QesKes 1 / 2 / 3 ". La collaboration
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avec cet écrivain d'exception se poursuit, avec une importante commande
autour de la figure de Lilith.
En 2006,Thierry Bedard initie une recherche au long cours dont un fondement
est la rencontre délibérée d'écrivains qui pensent le monde de manière
radicalement autre. Sous le signe de l'étranger(s),ce cycle débute en mai 2006
par un (faux) " Musée des langues du monde pour les enfants ".
[ source : www.theatre-contemporain.net ]
Distribution
texte : Jean-Luc Raharimanana, d'après Madagascar 1947, essai et
photographies du Fonds Charles Ravoajanahary (Vents d'ailleurs / Tsipika
2007)
mise en scène : Thierry Bedard
avec : Romain Lagarde, Sylvian Tilahimena
création sonore : Jean Pascal Lamand
(d'après des conversations enregistrées pendant les reportages réalisés à
Madagascar au printemps 2008)
lumières : Jean Louis Aicchorn
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production : notoire/de l'étranger(s) - Paris, Centre culturel Albert Camus
Tananarive, Culturesfrance
notoire est conventionnée par la Drac Ile de France
Thierry Bedard - notoire est artiste associé à Bonlieu Scène nationale
d'Annecy dans le cadre du centre d'art et de création.
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