Qu`est-ce qu`une tendance?
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Qu`est-ce qu`une tendance?
Analyse de tendances: le domaine de la mobilité 1. Introduction à l’analyse de tendances et impacts pour Innovarc 2. Brève analyse de tendances dans le domaine de la mobilité Pierre Rossel Coherent Streams 25.05.2014 1. Dessine-moi une tendance! Introduction ? Introduction Qu’est-ce que l’analyse de tendances, qu’est-ce qu’une tendance, quels sont les types de tendances? Pourquoi est-ce utile d’identifier et d’analyser des tendances? Précautions à adopter Différents périmètres d’attention à définir et arbitrer Une fois le cadre mis en place: Penser «marchés» Qu’est-ce que l’analyse de tendances L’analyse de tendances est un marché de la consultance internationale, un océan rouge de concurrence, avec quelques ténors aux capacités intuitives et surtout communicationnelles sortant de l’ordinaire Les méthodes et la rigueur de construction des tendances, comme propositions pour penser le présent immédiat, ne sont pas toujours au rendez-vous, malgré quelques efforts ici ou là (The Popcorn group par exemple), démarche dominante: le collectionneur intuitif et vendeur de tendances qui arrive à documenter ses idées La prospective («foresight») s’est également emparée de cette notion, fortement sollicitée au sein de certaines écoles, mais sans beaucoup plus de réflexion méthodologique en soutien de cette pratique (cf. la critique de Riel Miller, par exemple); un travail commence pourtant à se faire dans ce sens La mauvaise habitude prise (abusive) est de présenter une tendance comme une forme de prédiction et un ensemble de tendances comme un dévoilement du futur (il est vrai que depuis l’Antiquité, les puissants de ce monde ont l’habitude de requérir ce genre de service de ceux dont ils imaginent qu’ils ont cet type de perception) Problèmes typiques à affronter dans l’analyse de tendances Problèmes de perception et diversité des points de vue: Ici, la fameuse image des malvoyants essayant de se faire idée de la réalité qu’ils ont en face d’eux Variabilité des situations, des observations et des modèles de référence: Question: combien de pierres faut-il pour faire un tas? En apparence la solution est simple, mais dans la réalité, la réponse peut devenir: ça dépend de la nature du terrain (plat, en pente, inégal), des pierres, du point d’observation, du point de départ, de la vitesse à laquelle on ajoute les pierres et on peut les compter, voire les qualifier, etc. Paradoxe des prévisions qui changent la situation à prévoir! La complexité: Les trompe l’œil: Multi-paradigme (la dinde de Noël et ses forecasts), multi-systémique (les tipping points, effets de résonance ou papillon), multigénération (au-delà des relations de causes à effets envisageables, bombes à retardement), la «wild card» pas perçue comme associée à une tendance émergente interférente Les secteurs en surrégime (horlogerie de luxe), l’obsession du high tech (le low tech peut aussi être recombinant, et si on est trop axé sur le «high» = risque d’être trop tôt), Fukushima et pourtant le solaire s’effondre, les systèmes dits intelligents = un fourre-tout? Qu’est-ce qu’une tendance? * : tentative de définition/1 Tendance = Perception persistante ou renforcée ressentie par un groupe, une organisation, une communauté ou une collectivité, associée à une caractéristique technologique, sociale, économique, politique ou culturelle, résultant d’un comportement collectif, s’étant déployée dans la durée ** et à ce titre observable/documentable * Il n’y a pas de véritable accord sur ce qu’est une tendance au sein de la communauté des prospectives (quelques travaux montrent assez bien cette diversité) et peu de chercheurs ou d’écoles de pensée prennent la peine d’examiner les outils de la prospective comme objets de recherche, mais il y en a quand même ** Pour les différences entre engouement, mode et tendance, qui sont essentiellement des processus de durée différentes, voire de profondeur culturelle différente (une autre manière de dire la même chose), cf. http://salomeareias.files.wordpress.com/2012/02/what-is-a-trend.jpg Qu’est-ce qu’une tendance? * : tentative de définition/2 Tendance = Quoi? Perception persistante ou renforcée ressentie par [un groupe, une organisation, une communauté ou une collectivité], associée à [une caractéristique technologique, sociale, économique, politique ou culturelle], résultant d’un comportement collectif, s’étant déployée dans la durée et à ce titre observable/documentable Qu’est-ce qu’une tendance? * : tentative de définition/3 Tendance = Qui pense à propos de qui? Perception persistante ou renforcée ressentie par [un groupe, une organisation, une communauté ou une collectivité], associée à [une caractéristique technologique, sociale, économique, politique ou culturelle], résultant d’un comportement collectif, s’étant déployée dans la durée et à ce titre observable/documentable Qu’est-ce qu’une tendance? * : tentative de définition/4 Tendance = Sur quelle temporalité (passé > présent, hyp. sur le futur) Perception persistante ou renforcée ressentie par [un groupe, une organisation, une communauté ou une collectivité], associée à [une caractéristique technologique, sociale, économique, politique ou culturelle], résultant d’un comportement collectif, s’étant déployée dans la durée et à ce titre observable/documentable Qu’est-ce qu’une tendance? *: tentative de définition/5 Tendance = Perception persistante ou renforcée ressentie par un groupe, une organisation, une communauté ou une collectivité, associée à une caractéristique technologique, sociale, économique, politique ou culturelle, résultant d’un comportement collectif, s’étant déployée dans la durée et à ce titre observable/documentable Une tendance, dans cette perspective, n’est pas un processus réel (on ne le saura jamais), mais la perception résonante et faisant sens au sein d’un groupe ou communauté, d’un processus réel et reflétant un point de vue parmi d’autres possibles (vision de type «social constructivism») Une tendance, strictement parlant, s’arrête à ce qu’on peut observer et penser à son sujet, mais la propension à imaginer une persistance de cet effet dans le temps à venir est naturel, issue de l’expérience. Mais les conjectures sur ce qui peut arriver à une tendance dans le futur relèvent d’un autre type de démarche épistémologique (réflexion sur «l’épaisseur du présent») et non de l’observation, rappelons-le Quels sont les types de tendances? Comme il s’agit d’une perception construite collectivement, une tendance peut être évaluée très différemment. Les différences perçues doivent néanmoins s’appuyer sur des paramètres identifiables, voire dans certains cas, mesurables On aura ainsi ce qu’on appelle une tendance «lourde» si dans la durée (qui est une question de perception collective) on peut associer des chiffres suffisamment stables ou croissants, mais importants à un processus particulier (exemples: l’urbanisation dans le monde, la capacité de miniaturiser la technologie, l’accroissement de puissance des ordinateurs, etc.) Une tendance comportant encore beaucoup d’incertitude quant à son statut et à sa lourdeur, mais néanmoins observables et associables à des chiffres croissants peut être qualifiée d’émergente (ex: la Chine qui rachète des entreprises industrielles suisses ou françaises) La territorialité (locale, méso-globale ou globale, parfois appelée méga-tendances, etc.) et la sectorialité peuvent aussi définir des types de tendances (tendances en Suisse ou en France vs. européennes ou mondiales, et pour les secteurs, tendances sectorielles particulières à un domaine d’activité. Une tendance < > des tendances ! Il y a toujours de nombreuses tendances à prendre en compte (vision holistique) et il importe de se rappeler alors que les tendances ne sont ni forcément convergentes, alignées ou cumulatives. Elles forment un champ «confrontationnel»: elles peuvent s’inhiber, voire être antagonistes, localement ou sectoriellement ou plus globalement Considérer une tendance comme une onde porteuse sans prendre en compte son environnement large peut-être dangereux (illusion de «lourdeur») Minnovarc avait déjà montré des phénomènes de ce genre (le franc fort affaiblissant des efforts locaux des entreprises microtechniques, le dumping chinois dans le solaire). Le domaine de la mobilité a aussi ses confrontations (le rebond des choix énergétiques américains avec le gaz de schiste, modifiant d’une part la perception de finitude des énergies fossiles et d’autre part, les rapports de force pour équilibrer les manières d’évaluer la productivité réelle des différentes formes d’énergie) Les tendances ne s’additionnent pas toujours: besoin d’une vision globale Tendances potentiellement interférentes, locales ou globales (impact peu clair) Contre-tendance (influence contrardictoire) ? Temps Aujourd’hui Ex: Evaluation et confrontation de 40 tendances relativement aux Microtechniques 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Miniaturisation Précision « Intelligent » Dépendance vis-à-vis de l’horlogerie Le médical et ses besoins en MT Des TIC omni-présentes L’industrie comme service La pression « Cleantechs » Le développement de la robotique Le développement de la robotique Les MT comme clés pour les nanotechnologies Les bâtiments intelligents Les technologies et services d’assistance aux personnes âgées La sécurité comme prochain driver du Kondratieff Hybridations technologiques intersectorielles Hybridations technologiques intersectorielles Diversification technologies et marchés Diversification technologies et marchés L’entreprise augmentée Les MT pour la gestion optimisée de flottes d’objets ou machines Les transactions bits/atomes (ex : 3 D) Les transactions bits/atomes (ex : 3 D) La désindustrialisation La perte d’attractivité des filières techniques Le poids des Etats-Unis Le poids des Etats-Unis Le poids de la Chine Le poids de la Chine Le déclin relatif de l’Europe Le vieillissement des populations des pays de l’OCDE Le vieillissement des populations des pays de l’OCDE La spéculation et la guerre des monnaies Les crises financières Les crises financières Vers la fin du secret bancaire Vers une économie plus émotionnelle L’importance des services à la personne pour la région Vers la fin du secret bancaire Vers une économie plus émotionnelle Les efforts d’aménagement du territoire Le réchauffement climatique Les efforts d’aménagement du territoire Le réchauffement climatique Les nouveaux acteurs MT dans le monde Les nouveaux acteurs MT dans le monde Une connectivité de plus en plus élevée Une connectivité de plus en plus élevée Les nouvelles interfaces et les nouveaux écosystèmes num. et leurs fractures L’auto-surveillance individuelle Les nouvelles interfaces et les nouveaux écosystèmes num. Le contrôle des matériaux stratégiques Traditions politiques différentes Traditions politiques différentes Politiques F/CH différentes en matière de recherche et innovation L’entreprise 2.0 et les nouveaux modèles d’affaire La criminalité, l’espionnage le terrorisme et la guerre dans le monde digital Politiques F/CH différentes en matière de recherche et innovation L’entreprise 2.0 et les nouveaux modèles d’aff. La criminalité, l’espionnage le terrorisme et la guerre dans le monde digital 9 8 7 6 5 4 3 2 1 Pourquoi est-ce utile ? Danger d’être trop à contre-tendance sans le savoir, porté par son enthousiasme d’innovateur (le nouveau n’est pas forcément souhaité-accepté ou même rentable), alors qu’il doit toujours s’agir d’une prise de risque à évaluer et à assumer) Choix d’un risque au sein d’un portefeuille de compétences ou d’options Identifier les leurres potentiel ou provisoire (les technologies solaires? La voiture électrique?) Evaluation d’une tendance estimée porteuse face à d’autres paramètres (d’autres tendances, potentiellement non convergentes ou comportant un potentiel d’incertitude globale, ou au contraire, poussée par des co-tendances mais peutêtre trop faciles à identifier par l’ensemble des acteurs économiques et donc moins rentables: les situations possibles sont nombreuses ! Attention encore une fois à ne pas prendre l’analyse de tendances pour une boule de cristal, il ne s’agit pas de prédiction, ni de prévision, mais d’une démarche exploratoire et évaluative Différents périmètres à définir et à arbitrer Territorial: quelle est la référence principale, le monde, l’Europe, le pays, la région? Un peu de tout, mais dans cet ordre ou le contraire? La priorité fait une différence Exemples • • • G2 (Etats-Unis + Chine) = 43 % des émissions CO2 de toute la planète! L’effet de rebond dû au gaz de schiste rend pour l’instant inopérant la pression jusqu’ici associée à la raréfaction des ressources fossiles Le charbon qui redevient à la mode (Chine qui en a beaucoup, l’Allemagne qui n’a pas d’autre alternative solide pour sortir du nucléaire) Peuvent limiter la portée de certaines initiatives locales, et des politiques publiques qui n’ont pas d’effet d’entraînement spécifique Sectoriel: la mobilité, c’est aussi l’énergie, l’habitat, les infrastructures d’ingénierie civiles, les TIC, la sécurité, la santé, les matériaux, etc. , un problème systémique Temporel: Pour quel horizon fait-on des analyses (court/moyen terme)? Combien de temps mettent certains processus à déployer leurs effets (grandes variabilité: du très court terme –radars-, au moyen terme – péage routier urbain- , au long terme – rentabilisation d’un tunnel-)? ( / «épaisseur» du présent immédiat) Une fois le cadre mis en place: Penser «marchés» Face au paysage et à la dynamique constituées par l’analyse de tendances, 4 idéesguides en partie inter-reliées doivent constamment vous habiter: Quels nouveaux marchés paraissant prometteurs peuvent devenir accessibles pour mes savoir-faire actuels? Quelles alternatives se dessinent pouvant bientôt supplanter mes savoirfaire pour les mêmes produits et services et comment réagir? Quels marchés aujourd’hui à peine émergents puis-je envisager, à partir de mes savoir-faire, mais aussi, par combinaison, alliance ou/et changement radical, sur la base de nouveaux savoir-faire encore à développer, pour être à prêt à temps pour ces évolutions? Quelles diversifications opérer pour ne pas dépendre trop des mêmes marchés? Analyse de tendances et veille Veille («environmental scanning» en anglais) et analyse de tendances ont en commun de s’appuyer sur des observations du passé pour produire de la connaissance potentiellement utile, la veille recourant cependant davantage à des méthodologies systématiques et robustes («evidence-based», liées notamment de la théorie de Hörlesberger sur les répercussions indicielles des pratiques réelles dans le champ du langage explicite, principalement Internet et bases de données) La veille, peut ainsi contribuer à faire surgir d’un corpus de données, une vue sur des modifications du comportement de certains acteurs ou qui oppose des comportements minoritaires aux comportements majoritaires, pour suggérer des signaux de changements. Mais ce ne sont, tout comme les tendances exprimées par les analystes, que des points de vue issus du passé. La différence est que la veille ne travaille pas sur des perceptions collectives (mais des données). Malgré tout, la définition du champ d’observation, la définition des «querries», la construction des algorithmes de recherche et l’interprétation des résultats, il y a malgré tout des biais par lesquels l’analyste s’introduit malgré lui dans son analyse. Il s’agit donc certes d’une approche plus «froide», qu’on peut naturellement employer, mais plutôt subsidiairement, pour compléter ou soutenir la formulation de tendances (qui ne sont que des cadrages particuliers, ne l’oublions pas) et si possible non pas en amont, pour faire apparaître des tendances (danger de croire que la réalité est immanente et peut se lire dans les données), mais en aval, en modes «consolidation» ou «exploration spécifique» 2. Analyse de tendances dans le domaine de la mobilité Un modèle pour l’analyse de tendances dans le domaine de la mobilité Incitation à la consommation Tendances énergétiques Formes d’urbanisation Systèmes de transport Evolutions/ Changements/ Ruptures (facteurs) Macrostratégies (acteurs) Aspirations / pratiques de mobilité Organisation du territoire Style de vie, culture Incitation à la parcimonie et au recyclage Dans le cadre de ce travail exploratoire, toutes les dimensions ne seront pas systématiquement examinées, nous nous focaliserons sur les macro-déterminants et les principales tendances liées aux systèmes de transports Evolutions/Changements/Ruptures (point de vue «facteurs»)_Macro-processus Tendances lourdes: Mobilité en croissance régulière tant en mode proximité qu’en mode moyenne à longue distance, malgré les protocoles, les critiques ou les appels à la culpabilité, malgré aussi que certains territoires deviennent dangereux voire inaccessibles et même malgré les efforts de certaines villes pour lutter contre leur pollution locale La part de la mobilité dans la facture énergétique globale augmente, plus de 30 % sur l’ensemble de la planète L’essentiel (plus de 50 % sur l’ensemble de la planète) étant composé de mobilités de courtes distance (< 15 km) Ces deux sous-tendances épousent la tendance lourde à l’urbanisation croissante et à la recomposition constante de la fantasque constante de Zahavi (1 h-1.5h /jour en moyenne en mobilité). Aucune rupture ou modification significative n’est prévisible à court terme (il faut des catastrophes pour cela: destruction naturelle grave, guerre, enjeux sécuritaires majeurs, etc.): attention, pas impossible !!!!!!!!!!!!!!! Les TICs, censés pour atténuer les flux de personnes, par effets de rebond, les ont accru Tendance émergente à lourde: Taxer les comportements générateurs de pollution et d’empreinte carbone élevée (ex: «road pricing», mesures fiscales sur la consommation en carburant, etc.) Remarques à propos des tendances lourdes La prospective classique a tendance à les considérer comme des forces d’entraînement fiable pour penser le futur, mais c’est abusif. Toutes les tendances lourdes peuvent s’affaiblir ou se voir contrecarrer par d’autres tendances, moins clairement perçues ou prises en compte et surtout qui peuvent intervenir à moyen terme d’une situation complexe encore peu lisible en l’état actuel (peut-être pas encore des tendances émergentes) Exemples: l’accroissement démographique continu, l’urbanisation croissante ou encore des évidences comme la Suisse et la France seront toujours des pays voisins. Il est très facile d’imaginer des scénarios mettant ces certitudes à mal Ce que la prospective appelle des wild cards ou «surprises totales» ne le sont que pour l’analyste confiant dans sa vision du monde, à l’intérieur de laquelle il repère les tendances qui lui paraissent signifiantes. En réalité, les wild cards sont des processus procédant d’autres logiques sociétales et épousant d’autres tendances moins prises en comptes ou pour les phénomènes naturels, liés au refus de travailler avec des paradigmes ouverts Ainsi, dans le domaine de la mobilité, on tient pour acquis, voire immuable que les TIC, et avec eux des processus comme la géo-localisation, les réseaux sociaux, la réalité augmentée ou les nuages vont toujours progresser, mais il y a de multiples logiques divergentes pouvant freiner, considérablement modifier, voire stopper ces évolutions «lourdes». On verra un tel exemple au bas du slide suivant Evolutions/Changements/Ruptures _ Macro-stratégies (point de vue «acteurs») Tendances lourdes Le rebond énergétique dû à l’exploitation du gaz de schiste a à nouveau éloigné les Etats-Unis d’une collaboration efficace à la parcimonie énergétique et partant de l’attrait économique des solutions électriques La Chine et dans une moindre mesure l’Inde, et avec eux d’autres pays émergents importants continuent de construire l’essentiel de leur développement et le soutien aux offres de mobilité au sein du paradigme automobile (malgré quelques trains à grande vitesse et le domaine aérien ici et là), offrant un nouveau souffle à cette industrie Le centre de gravité logistique et du transport marchandise mondial se déplace vers l’Asie Tendances émergentes De multiples tentatives pour atténuer, contrer et inverser ces tendances lourdes peuvent être observées, un peu partout, mais leur poids et leur efficacité au niveau global n’est pas encore bien avéré et peine à dépasser l’effet très local ou de niche. En termes de marchés, cela pose des problèmes non négligeables (taille, affordance, rentabilité). Quelques puissances moyennes et petites (en Europe) annoncent une sortie du nucléaire, avec des mesures associées, mais aussi des paradoxes dans le court terme (gaz/charbon, etc.) Prise de conscience graduelle des effets pervers des TICs tels qu’ils développent (grandes oreilles, applications majeures au service des Etats-Unis, perte de contrôle de la sphère privée), vulnérabilité technologiques, cybercrime et cyberwarfare, enjeux environnemenntaux, etc.) Incitations à la consommation/incitations à la parcimonie L’accroissement de la consommation génère de la mobilité, y compris sous l’effet des TICs (effet de rebond) ,et les formes de mobilité elles-mêmes font partie des consommations qui augmentent En même temps, suite à la première crise du pétrole et au Rapport au Club de Rome, puis depuis 15-20 ans, à la perception du réchauffement climatique, une tendance inverse tend à générer de nouveaux services, comportements, objectifs et systèmes technologiques, engagés dans une course vers davantage de parcimonie Ces deux tendances lourdes interfèrent l’une avec l’autre. Paradoxe: on s’accommodent des deux en même temps (cet accommodement = tendance émergente à lourde) Le fait que l’on sait que certains pays ne participent pas ou que trop peu à des efforts de parcimonie pose un problème, un problème qui demande solution: la difficulté de «voir» un effet de ses efforts en amélioration de ses rapports à la consommation sur l’effet global régionale, national ou mondial, des traçeurs et interfaces/applis de visualisation commencent à émerger (on le voit aussi dans le crowd-funding de projets). Il s’agit d’une tendance émergente, contrebalancée par d’autres tendances émergentes comme les rebonds énergétiques des carburants fossiles et les baisses de subsides sur les énergies renouvelables Les tendances modales / 1 Lourdes 1. 2. 3. A l’échelle de la planète, le marché qui fait ou défait la vitalité industrielle régionale, tant la voiture que le camion restent des véhicules de références et au sein de systèmes techniques (toute l’infrastructure et les technologies associées qui soutiennent ces deux vecteurs) qui continue d’organiser la mobilité tant de proximité qu’ à moyenne distance. Le régime dominant de ces deux vecteurs reste, malgré quelques variations et nouveautés, le carburant fossile (diesel cependant en perte de vitesse pour les voitures, pour des raisons réglementaires. La tendance à l’abaissement de la consommation est émergente à lourde, partiellement contredite par les comportements dans les pays émergents, actuellement porteurs. Malgré de gros débats et inconvénients, l’avion continue de progresser, et avec lui tout le système qui le soutien. Derrière ces deux modes, sur le plan logistiques, le transport maritime progresse lui aussi, mais avec un déplacement de son centre de gravité vers l’Asie Emergentes 1. 2. 3. Pour le trafic de proximité, les petits véhicules électriques font des apparitions un peu partout (marché de niche, pour l’instant en croissance modérée). Pour des raison économiques, les véhicules hybrides progressent très lentement (tendance très légère, plus un marquage dans le portefeuille de constructeurs qu’un marché prometteur, mais des variations meilleure marché sont à l’étude) Pour des raisons de sécurité, l’hydrogène stagne («non tendance», essais isolés). L’automobile Tendances lourdes Le marché européen est un marché de renouvellement, ce sont les marchés des pays émergents, en particulier les BRICS, qui apportent la vitalité à la filière, d’où les difficultés françaises, avec des constructeurs trop lents à se faire à cette évolution. Les constructeurs européens, mais en lien avec la tendance précédente se font souvent racheter, en partie ou totalement, par des acteurs asiatiques Développements paradoxaux: Pression en direction d’une faible consommation en carburant fossile, certes, avec toutefois des paradoxes, notamment liés aux marchés émergents et au marché américain qui peine à aller aussi vite et aussi nettement que le marché européen vers des consommations parcimonieuses / pratiques d’auto-partage encore une niche Tendances émergentes à lourdes Différentes améliorations infrastructurelles (diminution du bruit, matériaux recyclés pour routes, logiques associées de production énergétique, TIC de monitoring, etc.) Tendance émergente Vers une grande convergence: l’intelligence embarquée et «autour» des voitures et les objets connectés (donc la voiture aussi), prélude à différentes approches de l’automatisation partielle de la conduite, et si possible, dans une logique de sécurité accrue Passage progressif de la valeur de possession à une valeur d’usage (avec options accrues de partage) Le transport de marchandises et la logistique Tendance lourde Le grand public la voit moins (activité gérée par des spécialistes, dans des espaces en partie réservés et dans des temps pas forcément alignés sur les heures de bureau), mais le domaine logistique, ou le transport des produits est une forme de mobilité accompagnement le développement du mode de vie et des pratiques de consommation prévalant dans notre société et ce n’est donc pas étonnant qu’on assiste à une déplacement du centre de gravité de cette activité au niveau mondial, vers le Pacifique . Ce champ d’activité implique énormément de technologies et de services, des opportunités économiques y compris par nos régions (la Franche-Comté a jusqu’ici été plus proactive que l’Arc jurassien suisse, mais le canton du Jura s’y est également mis) Tendance émergente Le carburant fossile reste bon marché (ex: importation de fleurs, de vins pas chers des pays du Sud) et le transport à longue distance (camion, bateau, avion) pénalise les solutions de proximité Une large marge de progression est encore possible, y compris avec des concepts innovants, pour ce qui concerne le transport et les services actifs dans le dernier kilomètre (cf. plus loin «les angles morts de la mobilité»), dans la logistique «verte» («the greening of supply chains») et donc dans les gros équipements (super-cargos…) Les mobilités «douces» C’est la mode, surtout dans les pays riches. Pour le vélo, les pays nordiques ont montré la voie, surtout les plus plats d’entre eux. Mais on peut faire entrer dans cette catégorie tous les comportements «lents», même ceux associés à la voiture (techniques de ralentissement obligatoire ou induit) et aux différentes formes de tourisme «lents» Dans nos pays (Europe en tous cas), il s’agit d’une tendance émergente, qui ne remet pour l’instant pas en question les tendances lourdes déjà évoquées et qui reste peut suivie des pays nord-américains, ou des pays émergents (Brésil, Chine, Inde en tous cas). Les chiffres de la mobilité traditionnelle (voiture, camion, bus, avion) augmentent donc beaucoup plus rapidement que ceux de la mobilité douce A l’intérieur de cette tendance émergente territorialement marquée, cependant, on peut observer de nombreuses opportunités en train de se déployer, et probablement un réservoir pour bien d’autres encore dans la mesure où soit elles sont intrinsèquement rentables, soit elles sont soutenues par des politiques publiques volontaristes au titre du bien commun durable Le secteur aérien N’en déplaise aux défenseurs de l’environnement et à ceux qui font œuvre de parcimonie volontaire en matière de mobilité à longue distance, ce secteur «progresse», les kilomètres parcourus et l’offre en transport aérien s’accroissent Il y a eu à certains moments de légères baisses de cette progression, mais sur l’ensemble de ces trente dernières années, elle constitue un tendance lourde Peu de perspectives révolutionnaires à attendre dans ce domaine pour le court à moyen terme (malgré des propositions récurrentes en transport ultra-rapide et à longue distance ou en transport «électrique»), mais une optimisation constante de tous les facteurs pour réduire les coûts, au sein desquels on trouve la consommation en matière, énergie grise et carburant fossile Dans notre région, ce sont surtout les entreprises microtechniques sous-traitantes du secteur aéronautique qui sont concernées. Comme elles œuvrent à détecter, optimiser, alléger rendre et rendre plus intelligents les systèmes qui permettent le transport, y compris aérien, on peut estimer qu’il y a encore, dans la tendance lourde actuelle, une belle marge de progression. Avec toutefois un paradoxe: les microtechniques permettent de faire baisser les consommations et les coûts, mais à ce titre contribuent à l’accroissement d’activité dans ce secteur Principes actifs (version provisoire) 1. Optimisation (très nombreuses tendances et formes d’expression) 2. Allègement de l’équipement, des composants 3. Intégration (avec souvent miniaturisation, synergies, inter-opérabilité) 4. Récupération d’énergie (multiples points d’entrée) 5. Parcimonie (énergétique, mais pas seulement) 6. Multi-fonctionnalité des composants et systèmes 7. Sécurité (domaine riche, multi-dimensionnel et en expansion) 8. Effets collectifs exploitables (flash, crowd, mass, Big, données ouvertes) 9. Apports d’information contextuelle et d’intelligence (adaptabilité, apprentissage) 10. Services basée sur la géo-localisation (anticipation, opportunités éphémères, navigation) 11. Convergence objets connectés-intelligence 12. Smart grids (formes et domaines multiples, pas seulement énergétique) 13. «Angles morts» à documenter, remédier ou renforcer, selon 14. Réalité augmentée 15. Business modèles centrés sur l’usager 16. Aménagement du territoire: le couple habitat-mobilité Exemples/1 1. Optimisation (très nombreuses tendances et formes d’expression) Les TIC permettent de calculer des itinéraires, de prévoir des «points d’eau», de proposer des solutions à chaque étape, etc. Les capteurs de pression, pour les pneus, le réservoir ou d’autres paramètres de systèmes ou d’infrastructures, aident à leur monitoring et à anticiper des pannes ou arrêt de flux critiques, influencent le pilotage, voire les pratiques de mobilité 2. Allègement de l’équipement, des composants L’épaisseur des matériaux et des composants comme vis, boulons et rivets, les qualités de soudure, etc. / les matériaux composites / l’architecture des véhicules, la consommation moindre, etc. = moins lourd à transporter 3. Intégration (avec souvent miniaturisation, synergies, inter-opérabilité) Tout en un, une partie d’un véhicule qui sert à plusieurs fonctions, la diminution de la taille des parties motrices et de l’intelligence, modularité, interchangeabilité et remplacement et démantèlement facilité de pièces, des éléments d’infrastructure qui deviennent auto-éclairants/guidants, etc. 4. Récupération d’énergie (multiples points d’entrée) Dans chaque système ou sous-système, il y a des possibilités, avec des buts pluriels (économie d’énergie, mais aussi autonomie, redondance des sources pour raisons de sécurité), utilisation des freinages, etc. Exemples/2 5. Parcimonie (énergétique, mais pas seulement) 6. Multi-fonctionnalité des composants et systèmes 7. Sécurité (domaine riche, multidimensionnel et en expansion) 8. Effets collectifs exploitables (flash, crowd, mass, Big, données ouvertes) Aides aux choix modaux (quels moyens de transport pour faire quoi?), monitoring et conseils sécurité, anticipations, partage d’équipements, valorisations de loisirs «légers» et de proximité, en finir avec les systèmes de «miles» Des capteurs, actuateurs, modules de commande et contrôle, éléments de communication peuvent être assemblés, embarqués et utilisés à des fins très diverses, notamment pour mesurer, optimiser, anticiper, aider à l’apprentissage et la réaction humaine, etc. De la macro-sécurité (protection logicielle et intelligente des infrastructures) à la micro-sécurité (sur des véhicules, voire des soussystèmes critiques ou encore la qualité des matériaux et la traçabilité des processus impliqués dans ces technologies), et aux instruments de détection, de suivi, de calculs de risques, d’alerte, de visualisation, de modélisation, etc. Anticiper sur les limites de sécurité des systèmes émergents (ex: hacking de véhicules connectés) Des effets d’ensemble peuvent être calculés, sources de correctifs, de nouveaux développement, d’anticipations, de traitement de certains problèmes locaux ou transversaux (comportements de conduite, moments à risque, prévention, surveillance accrue de certains secteurs, combinaisons entre facteurs fortement ou même faiblement corrélés automation assistée, etc. Systèmes d’alerte inter-véhicules (ex: en Inde par rapport aux nids de poule!) Exemples/3 9. Apports d’information contextuelle et d’intelligence (adaptabilité, apprentissage) 10. Services basée sur la géo-localisation (anticipation, opportunités éphémères, navigation) 11. Convergence objets connectésintelligence 1.2 Smart grids (formes et domaines multiples, pas seulement énergétique) Géo-localisalisation et services associés, réactions intelligentes des véhicules et systèmes en fonction du contexte, adaptation automatique de certains flux et paramètres dans un véhicule, au sein d’un équipement comme train, bateau ou avion, alertes /seuils, affinage des mesures et domaines d’évaluation critiques, voire dans les lieux de fabrication des éléments de transport Identification des situations éphémères originales, alertes, sécurité renforcée en des points spécifiques, détection des comportement à risques, suggestion d’opportunités diverses, gestion renforcée de la sphère privée, navigation de masse interactive Les voitures, mais déjà avant, les camions et partiellement les utilitaires, gagnent en connexion wireless et en capacité de réactions en fonction du contexte sur la base de communicationsconcertations ad hoc, automation par paliers du trafic, offrent des services nouveaux (voiture comme système à tendance multifonctionnelle) Les effets d’ensemble avec bénéfices collectifs au plan de la sécurité et des efficiences énergétiques d’ensemble (manière de conduire, gestion du trafic, situations inter-modales à optimiser, etc.), basés sur la participation si possibles consciente et responsable de chaque acteur de mobilité à des modèles d’optimisation des ressources, de réduction des risques et de lissage des irrégularités de consommations Exemples/4 13. «Angles morts» à documenter, remédier ou renforcer, selon (niches d’activités un peu oubliées) Les places de parcs libres à identifier et communiquer de faon intelligente, les angles morts des voitures à filmer, le dernier kilomètre dans les transports de marchandises, les risques d’accident à réduire, les effets de proximité positifs à valoriser et soutenir par des services, des systèmes d’information et des organisations innovantes, l’usage en auto-partage des possesseurs de véhicules lambda, les files d’attente à optimiser/valoriser, etc., les batteries constituent aussi un «angle mort» du virage énergétique global, 14. Réalité augmentée Voir mieux, davantage et de façon à la fois virtuelle et contextualisée, dans un véhicule, sur les lieux de travail produisant ces véhicules, les interfaces de visualisation, embarqué ou portables, porteurs de meilleures réaction et décisions, d’anticipation aussi et de communication entre acteurs d’un même domaine ou d’une même mobilité 15. Business modèles centrés sur l’usager Les services d’incitation à partager, à rétro-informer les fabricants, à détecter des problèmes collectifs, à valoriser des comportements parcimonieux, à impliquer le consommateur par rapport à ses consommations, les technologies de mesure et de communication /visualisation le permettant 16. Aménagement du territoire: le Les projets d’habitat groupés de type Minergie avec prise en compte des effets de mobilité induits, les directives et les mesures de suivi d’AT évitant la dispersion territoriales des activités, l’amélioration des dessertes et des réseaux de transports publics, les systèmes de recharge intelligent, liés à des une logique de smart grids de véhicules de plus en plus électriques appartient aussi à cet effort couple habitat-mobilité Conclusion Les principes actifs dégagés de l’analyse de tendances sur la mobilité sont des idées destinées à orienter, suggérer, connecter des domaines et des problèmes à des solutions possibles, toujours dans une perspective produits et services, et surtout marchés, à court et moyen terme Les tendances traitées ici doivent faire penser à des options, intégrer des risques et interférences possibles dans l’évaluation des chances de toute innovation Les tendances et les exemples présentés montrent à la fois des technologies, au sens de systèmes et d’infrastructures, mais aussi les TIC et leur importance multiple, ainsi que des services (mais il faut cesser de voir le secteur manufacturier sans eux et donc comme un secteur purement «secondaire», tout est désormais fortement lié), et enfin des aspects de politiques publiques et donc des efforts de réglementation, voire des mesures fiscales spécifiques Ce travail est donc complexe, c’est aussi un chantier, jamais terminé, et il n’est naturellement pas exhaustif