signature new rose solo

Transcription

signature new rose solo
I
l est révélé en 1976 en tant que leader des
Saints, groupe de rock énervé australien, aussitôt assimilé au punk car apparu au même
moment que les Damned, Ramones et Sex Pistols. Pourtant du mouvement punk, les Saints ne
savaient rien. Ils voulaient juste jouer un rock qui
leur correspondait, agressif et sans concession,
car leur pays l’était pour des jeunes gens comme
eux. Une musique qui ne ressemblait à rien de ce
qu’ils pouvaient entendre à la radio. Quelques
années après, Chris Bailey se produit en solo. Ses
ex-collègues sont retournés dans l’hémisphère
sud, pas lui. Il a préféré la vieille Europe. Il lui faudra de longues années avant de reconsidérer la
question Saints et reparler avec ses anciens
compagnons, notamment Ed Kuepper. Cela
donne une carrière très fournie et une discographie compliquée.
SIGNATURE NEW ROSE
- Juke Box Magazine : Le double CD « DM
Blues», sur Last Call, revient sur ta période française, les années New Rose, deux labels dirigés
par Patrick Mathé. Comment en es-tu venu à
signer avec lui pour le quatrième album des
Saints, « The Monkey Puzzle » ?
- Chris Bailey : EMI a viré les Saints en 1979, je
vivais à Londres et les trois autres, Edmund
Kuepper, Ivor Hay et Alasdair Ward, étaient rentrés en Australie. Je traînais à l’hebdo Sounds or
Patrick Mathé leur avait envoyé une lettre où il
disait vouloir monter un label. Il avait écrit au journaliste Giovanni Dadomo, ce dernier savant où
me trouver et il m’a remis son courrier. J’ai appelé Patrick à Paris, il est venu peu après. On est
tout de suite tombé d’accord, l’aventure était plaisante. Cela s’est fait très vite, je venais d’achever
la réalisation du maxi « Paralytic Tonight, Dublin
Tomorrow ». Les titres étaient déjà enregistrés
mais EMI n’en voulait pas, c’est pour cette raison
qu’ils nous ont virés. J’allais démarcher d’autres
compagnies quand cette offre est arrivée. Je n’ai
pas hésité car j’ai toujours eu une préférence pour
le continent.
- Aviez-vous déjà joué à Paris avec les Saints
avant ?
- Oui, une seule fois, en juin 1977, pour un
concert-surprise organisé par EMI au Nashville
où il y avait trois personnes (?!) dont Patrick
Mathé. Personne n’est venu faute de publicité,
rien à voir avec ce qui se passera avec New Rose.
C’était un show-case à l’occasion de la sortie de
notre premier LP ici.
- Les Saints sur New Rose n’ont pas duré très
longtemps puisque tu enregistres un disque en
solo à peine trois ans plus tard, « Casablanca ».
- Ce n’était pas mon intention. Je ne vois pas
l’histoire ainsi. J’étais dans les Saints depuis le
début des années 70 et j’avais besoin d’un break.
Cela correspond à une époque de ma vie où je
me voyais comme un nouveau Woody Guthrie,
c’est pour cela que j’ai commencé à accumuler
ces reprises. J’étais le chanteur des Saints, mais
j’ai toujours aimé reprendre de vieux titres. Il y a
toujours eu deux Chris Bailey en moi. Je n’ai
jamais voulu faire une carrière solo, mais je jouais
de la guitare et j’étais le leader des Saints. J’aime
la vie de groupe, ce qui ne m’empêche pas de me
produire avec ma six-cordes.
- Comment s’est passée la fin des Saints, la
deuxième mouture australienne avec Ed Kuepper (guitare), Ivor Hay (batterie) et Alasdair Ward
(basse), qui a succédé à Kym Bradshaw, après
leur premier album, « I’m Stranded », en 1977,
suivi de « Eternally Yours » et « Prehistoric
Sounds » en 1978.
- Ce sont des raisons économiques qui ont mis
un terme au groupe. On avait émigré à Londres,
EMI n’aimait pas le nouvel album sur lequel on
travaillait, on ne s’entendait plus très bien et les
trois autres voulaient rentrer chez eux. Pour moi,
pas question de retourner en Australie je me sentais trop bien à Londres. Chacun est allé de son
côté...
- Pourquoi voulais-tu rester à Londres ?
- Je suis né en Afrique, au Kenya, en 1956, mais,
d’origine irlandaise, je me suis toujours senti bien
plus à l’aise dans l’hémisphère nord. L’Australie
est un pays agréable, mais je n’y étais qu’un
immigré. J’y suis arrivé à onze ans, avant je vivais
28
Fin 1976, premier simple, « I’m Stranded »/« No
Time », en édition anglaise.
dans le nord de l’Irlande. J’ai adoré partir en Australie, mon frère et ma sœur y habitent encore, de
plus les Saints y sont toujours un combo très
populaire. J’y vais chaque année pour y tourner.
J’y étais en décembre 2003 et en avril 2005. Mais
l’Australie c’est très loin. Cela explique qu’il m’est
toujours difficile de dissocier mes activités au sein
du groupe et en solo, pour moi c’est un tout. Je
ne suis pas nostalgique d’une période en particulier. Les Saints ne représentent pas le passé, ils
ne le peuvent pas, ils sont en évolution permanente. C’est comme pour l’époque New Rose,
elle ne résume pas mes années 80, c’est une partie de ma vie puisque, en parallèle des disques
parus sur New Rose, les Saints continuaient à en
enregistrer pour d’autres labels. C’est Patrick
Mathé qui m’a poussé à sortir un album solo. J’ai
une relation spéciale avec lui, j’ai souvent rencontré des gens qui travaillaient dans ce business
mais je n’en connais pas qui soit autant impliqué
que lui, si fan. Et comme nos goûts ont beaucoup
de points en commun, on s’entend plutôt bien. La
musique est notre centre d’intérêt, en dehors de
cela il fait du business et je suis impliqué dedans
puisqu’il sort certains de mes albums.
SOLO
Double 45 tours «1, 2, 3, 4» en 1977, recto-versointérieur, réédité ensuite sous pochette simple.
Maxi 45 tours anglais « This Perfect Day » fin
1977.
Deuxième album, «Eternally Yours», début 1978.
- Comment a été conçu l’album «Casablanca»?
- J’étais à Paris en train de faire des maquettes
pour les Saints et Patrick m’a fait la surprise !
Entre-temps, j’étais parti en tournée et il a pensé
que ces maquettes pouvaient très bien faire un
disque. Il les a donc éditées sans que je sois au
courant. Au départ, j’étais furieux ! Je l’ai appelé
pour l’engueuler et il m’a dit : Ces bandes sont très
bonnes, il faut que tu t’en rendes compte. Deux
mois après on buvait une bière pour fêter ça.
Patrick est le genre de personne qui prend des initiatives s’il cela peut t’offrir une chance artistique.
- Aurais-tu aimé les refaire pour avoir un meilleur
son ?
- Non, je n’avais jamais eu l’intention de les sortir. C’étaient des maquettes qui venaient juste
après le LP « Out In The Jungle », le cinquième
des Saints et deuxième sur New Rose, et je
n’étais pas satisfait du résultat. Mais le fait que
Patrick les ait éditées et que le public a plébiscité ce disque m’a fait écouter ces titres d’une
manière différente. Cela ne devait pas être si mauvais que ça ! C’est devenu un défi de les défendre
avec ma guitare. C’est en fait une bonne chose
que quelqu’un d’autre que toi puisse prendre de
telles décisions.
- Qu’est-ce qui s’est passé alors ?
- J’ai enregistré mes premières reprises en France, au même moment je devais aller en Australie
pour me reposer et je voulais oublier tout ceci. Le
hasard a voulu que ce disque solo paraisse alors.
Je me suis donc mis à travailler dans ce sens, en
pensant aux Saints mais aussi à Chris Bailey solo.
- Combien de personnes ont croisé le fer avec
toi dans les Saints depuis le début ?
- Une trentaine. J’aimerais bien donner un
concert avec tous ! En novembre 2004, lors d’un
concert à Londres, il y en avait six rien que dans
le public. On s’envoie des mails assez souvent,
surtout avec ceux qui habitent en Australie,
presque une fois par mois.
- Où habites-tu maintenant ?
- A Amsterdam depuis 1997. Mais c’est plus mon
amie qui a pris la décision, elle est suédoise. J’ai
vécu là-bas juste avant qu’on se rencontre et elle
a préféré vivre à Amsterdam. Je me moque un
peu de l’endroit où j’habite, les affaires sont arrangées au téléphone ou par mail désormais. Mais
j’apprécie la vie à Amsterdam, c’est une ville très
agréable.
- As-tu vécu en France ?
- Oui, il y a longtemps, j’avais une amie ici. Je
parle un peu français et j’adore ce pays. De tous
ceux que j’ai visités, je trouve qu’ici il n’y a pas de
grande hypocrisie comme partout ailleurs. Ici
aussi il y a du racisme mais au moins on peut en
débattre. Les gens aiment échanger leur point de
vue autour d’un verre. Et bien sûr j’aime la littérature française et l’art, que ce soit la peinture ou
l’architecture.
- Sais-tu à l’avance les reprises que tu chantes ?
- J’y vais au feeling, je n’ai pas de liste, je l’ai dans
ma tête. Ainsi, au Sous-Sol, le 9 novembre 2004,