JOGUET etienne
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JOGUET etienne
UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2006-2007 UNIVERSITE DE NANTES Bases anatomiques du toucher rectal Par Etienne JOGUET LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. J. LE BORGNE Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Dr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr E. FRAMPAS Dr A. HAMEL Dr O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr A. KERSAINT-GILLY Dr M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. R. ROBERT Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2006-2007 UNIVERSITE DE NANTES Bases anatomiques du toucher rectal Par Etienne JOGUET LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. J. LE BORGNE Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Dr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr E. FRAMPAS Dr A. HAMEL Dr O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr A. KERSAINT-GILLY Dr M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. R. ROBERT Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique 2 Remerciements A nos maîtres les professeurs J LEBORGNE, JM ROGEZ, R ROBERT, O ARMSTRONG, A HAMEL et O HAMEL et à l’ensemble des intervenants pour la qualité de leurs enseignements. Un remerciement particulier au Professeur R. ROBERT pour m’avoir proposé ce sujet intéressant, et pour m’avoir aidé tout au long de l’année. A Mr GUERINEAU, le Docteur LABAT, le Docteur RIANT, le Docteur RIGAUD, le Docteur PLOTEAU et le Docteur FRAMPAS pour les renseignements et l’aide qu’ils m’ont apportés. A Messieurs LAGIER et BLIN pour leurs conseils lors des dissections et pour leurs qualités de photographes. 3 Sommaire 1 INTRODUCTION p.5 2 RAPPELS ANATOMIQUES p.5 Le cadre osseux Structures ligamentaires Muscles Rapports nerveux Rapports antérieurs - Chez l’homme - Chez la femme 3 MATERIEL ET METHODES p.8 Matériel Méthodes de dissection Chez le sujet masculin Chez le sujet féminin 4 RESULTATS p.10 Chez l’homme Coupe sagittale para-médiane Coupe sagittale médiane Chez la femme Coupe sagittale para-médiane gauche Coupe sagittale médiane 5 DISCUSSION p.24 6 CONCLUSION p.27 7 REFERENTIEL p.28 4 1 INTRODUCTION Le toucher rectal est un geste technique de réalisation courante en médecine. Ses applications souvent centrées sur l’exploration de la prostate et de la tumeur rectale ne doivent pas faire oublier les autres éléments anatomiques accessibles. Des spécialités comme la gynécologie, la gastro-entérologie, l’urologie et la kinésithérapie utilisent cette technique en pratique clinique dans un but diagnostique ou thérapeutique. Cependant la variabilité inter-sujets et inter-examinateurs d’un point de vue purement morphologique demande une standardisation de cette technique. C’est avec une méthode rigoureuse que les éléments anatomiques pourront être abordés convenablement. 2 RAPPELS ANATOMIQUES Le toucher rectal permet d’aborder des structures pelviennes et périnéales par l’intermédiaire de la paroi rectale. Le rectum présente un segment pelvien (ampullaire de 10 à 12 cm débutant en S3), perpendiculaire au segment périnéal (canal anal de 3 à 4 cm). Le cadre osseux Le rectum se moule dans la concavité sacrée. L’anus se projette en arrière de la ligne biischiatique, 2 à 3 cm en avant de la pointe du coccyx. L’ischion, rapport principal, se continue en avant par la branche ischio-pubienne puis par le foramen obturé, et en haut par la petite ouverture ischiatique et l’épine ischiatique. Structures ligamentaires 2 ligaments principaux se projettent à hauteur du rectum : - le ligament sacro-tubéral, postérieur, s’insère sur le sacrum et le coccyx. Il se termine sur la tubérosité ischiatique avec un prolongement sur la branche ischio-pubienne formant le processus falciforme confondu avec l’aponévrose de l’obturateur interne. - le ligament sacro-épineux a pour origine le bord latéral du sacrum (S4-S5) et du coccyx. Il se termine sur l’épine ischiatique. Structures musculaires - Latéralement le muscle obturateur interne s’insère sur la face médiale de la membrane du foramen obturé, sur la branche ischio pubienne et sur le processus falciforme du ligament sacro-tubéral. - Le muscle élévateur de l’anus constitue le diaphragme pelvien et repose sur la graisse de la fosse ischio-rectale. Il présente trois faisceaux, ischio-coccygien, ilio-coccygien et pubococcygien. Ce dernier abandonne des fibres latéro-rectale et rétro-rectale. Par ailleurs le centre tendineux du périnée est le lieu d’insertion des muscles transverses du périnée profond et superficiel partant de la face interne de l’ischion. Ces deux chefs constituent des cordes tendues à la face antérieure de l’anus. 5 Rapports nerveux Le rapport nerveux principal est le plexus pudendal (S2-S3-S4). Ses branches collatérales sont : - les nerfs splanchniques pelviens (nerfs érecteurs) : ils naissent de S2-S3-S4 et rejoignent la partie postérieure du plexus hypogastrique inférieur. - le nerf du muscle élévateur de l’anus (S3-S4) : il passe au-dessus de l’épine ischiatique et se termine à la face supérieure du muscle élévateur de l’anus. - le nerf du muscle coccygien (S4) : il pénètre à la face interne du muscle coccygien. - le nerf rectal supérieur (S3-S4): il passe sous l’épine ischiatique et pénètre la fosse ischio-rectale pour innerver le muscle sphincter externe de l’anus et la peau de la région anale. La branche terminale est le nerf pudendal qui passe sous l’épine ischiatique et rejoint la partie latérale de la fosse ischio-rectale. Il est situé dans le canal pudendal contre le fascia du muscle obturateur interne au-dessus du bord supérieur du processus falciforme du ligament sacro-tubéral. Ses branches collatérales sont le nerf rectal moyen et le nerf périnéal. La chaîne sympathique sacrée se termine par le ganglion impar en avant de l’articulation sacro-coccygienne. Artère sacrale médiane Plexus lombo-sacré Nerf pudendal Muscle obturateur interne Muscle élévateur de l’anus Nerf rectal moyen Ligament sacro-épineux Epine ischiatique Ligament sacro-tubéral Canal pudendal Ligament ano-coccygien Nerf rectal supérieur Anus Artère pudendale interne Urètre Vagin Nerf rectal inférieur Coupe sagittale médiane chez la femme (d’après Kamina) 6 Rapports antérieurs Chez l’homme La partie supérieure péritonisée du rectum répond au cul de sac recto-vésical de Douglas. La partie inférieure sous-péritonisée répond au septum recto-vésical (aponévrose prostatopéritonéale de Denonvilliers), aux canaux déférents, aux vésicules séminales puis à la face postérieure de la vessie et de la prostate. Le rapport antérieur du canal anal est le centre tendineux du périnée constitué du bulbe urétral et des muscles recto-urétral et transverses profond et superficiel du périnée. Chez la femme La partie supérieure du rectum répond au cul de sac recto-vaginal de Douglas. En bas le péritoine est soulevé par les ligaments utéro-sacrés, constituant la partie postérieure des lames sacro-recto-génito-pubiennes. Le segment sous-péritonéal répond à la cloison recto-vaginale. En arrière, les ligaments utéro-sacrés dirigés en haut et en arrière, longent la face latérale du rectum et se terminent sur les 2°,3°,4° trous sacrés. Le rapport antérieur du canal anal est le centre tendineux du périnée avec les muscles rectovaginal et transverse profond du périnée. Les muscles pelviens délimitent trois espaces distincts : - l’espace pelvi-rectal supérieur compris entre le péritoine pariétal et le muscle élévateur de l’anus est la zone de passage du paquet vasculaire iliaque interne. Avec les gaines conjonctives qui l’entourent, il forme les lames sacro-recto-génito pubiennes. - l’espace pelvi-rectal inférieur, ou fosse ischio-rectale, est limité par le muscle de l’élévateur de l’anus et les muscles du plancher pelvien en bas, par le muscle obturateur interne latéralement, et le sphincter de l’anus médialement. Cet espace graisseux permet le passage du paquet vasculo-nerveux pudendal interne et de ses collatérales. - l’espace du périnée entre les muscles du plancher pelvien et la peau. 7 3 MATERIEL ET METHODES Matériel Prélèvement d’une pièce anatomique chez un sujet frais masculin par section en L5 et au niveau de la moitié des deux fémurs avec conservation de la pièce dans une solution de formol. Prélèvement d’une pièce anatomique chez un sujet frais féminin par section en L5 et au niveau de la moitié du fémur droit. Désinsertion de la jambe gauche au niveau de l’acétabulum suite à la mise en évidence d’une prothèse. Réalisation d’une mesure des index de 120 personnes adultes réparties par sexe. Coupes IRM en pondération T2 et coupes tomodensitométriques de pelvis féminin. Méthodes Chez le sujet masculin •Dans un premier temps, l’approche a consisté en la réalisation d’un toucher rectal en position gynécologique afin de repérer différentes structures anatomiques. •Dans un second temps, un abord glutéal à gauche par section du muscle grand fessier et retrait de la peau du périnée a permis la visualisation de l’épine ischiatique et d’une partie des muscles du périnée. •La dissection s’est poursuivie par une coupe sagittale para-médiane gauche passant par le trou obturé et l’aileron sacré tout en préservant le muscle élévateur de l’anus. Après la mise en évidence des différents viscères en vue latérale gauche, on a sectionné le bassin au niveau de la symphyse pubienne et de la moitié gauche du sacrum. A ce stade, les viscères sont réclinés et laissent apparaître les structures pariétales. Ensuite, la dissection plan par plan permet d’atteindre le cadre osseux. Chez le sujet féminin •Dans un premier temps, une étude en position gynécologique permet de repérer des structures palpables point par point. Des agrafes chirurgicales sont accrochées à la muqueuse rectale en ces mêmes points pour un repérage au scanner. Seuls deux niveaux d’agrafes (1er et 3ème niveaux) sont représentés pour faciliter la lecture des images. Par ailleurs une agrafe est accrochée au fond du cul de sac postérieur vaginal par voie endo-pelvienne. •Dans un second temps, une seringue de 10 cc remplie de gel échographique est introduite dans le canal anal. Elle permet la modélisation d’un doigt de 8 cm avec une première phalange de 3,5 cm, une deuxième de 2,5 cm et une troisième de 2 cm. Le positionnement de la seringue marque le maximum d’exploration du rectum. Par ailleurs, pour rétablir des conditions physiologiques, on remplit la vessie. Le rectum est vide et le colon sigmoïde est rendu visible par l’introduction de papier. 8 Des clichés sont réalisés à l’IRM en pondération T2 dans le plan frontal, transversal et sagittal pour le repérage de la seringue. Les clichés en tomodensitométrie sont réalisés dans les mêmes plans pour le repérage des agrafes. •Dans un troisième temps, une coupe sagittale para-médiane gauche passant par le foramen obturé et l’aileron sacré permet de visualiser le pelvis en vue latérale gauche. Les viscères sont réclinés et la dissection plan par plan de l’hémi-bassin permet d’atteindre le cadre osseux. Repères anatomiques : Dans le but d’une application clinique, le toucher rectal doit permettre une exploration fiable et simple des rapports anatomiques. Pour ces raisons, des repères sensitifs osseux sont employés à défaut de repères graduels ou visuels. En effet, en position gynécologique, le coccyx se trouve être l’élément le plus facilement repérable à la pulpe de l’index. Ensuite, la rotation de la main explore toujours par la pulpe de l’index les rapports du rectum en restant sur une ligne virtuelle passant par la pointe du coccyx. La même opération est réalisée lorsque les articulations inter-phalangiennes distale et proximale se trouvent au contact de la pointe du coccyx. Ces trois niveaux définissent trois étages d’exploration successifs du rectum. 9 4 RESULTATS Mesure de la taille des index : La mesure a été pratiquée par un groupe de trois médecins généralistes, sur une population d’adultes se présentant à la consultation. Elle a été effectuée à l’aide d’une planchette recouverte d’un papier millimétré. Sur cette population, il a été noté de grandes différences d’un sexe à l’autre mais aussi entre les personnes d’un même sexe, ainsi : - Sur 60 hommes, la moyenne de la taille des index est de 78.3 mm avec des valeurs comprises entre 64 et 94 mm. L’écart-type est de 6,59 mm. - Sur 60 femmes, la moyenne de la taille des index est de 73.5 mm avec des valeurs comprises entre 63 et 89 mm. L’écarttype est de 6,12 mm. La moyenne sur les deux sexes est de 75.9 mm avec un écart-type de 6,79 mm. 1° niveau d’exploration : pointe de l’index 2° niveau d’exploration : articulation inter-phalangienne distale 3° niveau d’exploration : articulation inter-phalangienne proximale 4° niveau d’exploration : articulation métacarpo-phalangienne La pointe du coccyx est le premier repère d’exploration, les niveaux suivant étant déterminés par les articulations du doigt. L’écart-type montre par ailleurs de faibles variations entre examinateurs. 10 Présentation de la dissection chez l’homme Abord externe La dissection du périnée a permis de mettre en évidence le centre tendineux du périnée et les muscles de la racine de la cuisse. La position gynécologique permet ici d’explorer au mieux les structures anatomiques par la rotation de la main. La palpation débute par la pointe du coccyx (figure 1) se poursuit par la fosse ischiorectale latéralement (figure 2) et par le centre tendineux du périnée en avant (figure 3). Centre tendineux Ischion Avant Droite Figure 1 Figure 2 Toucher rectal en position gynécologique Figure 3 11 Coupe sagittale para médiane La coupe sagittale para médiane gauche permet de visualiser la prostate et le cul de sac de Douglas. Un arc de cercle de huit centimètres de rayon centré sur l’entrée du canal anal représente les zones habituellement accessibles par un index. En avant le relief de la prostate est palpable, cependant la base prostatique ne sera pas facilement explorable de même que les vésicules séminales situées plus haut. Par ailleurs, le cul de sac de Douglas situé à 2 cm de la pointe de l’index est inaccessible. Uretère Canal déférent Foramen obturé Plexus lombo-sacré Cul de sac de Douglas ouvert Prostate Muscle élévateur de l’anus Rectum Canal anal Haut Anus Avant Fig 4 : Coupe sagittale para-médiane gauche chez l’homme 12 Coupe sagittale médiane La dissection du périnée met en évidence un canal anal d’une hauteur de 4 cm recouvrant les deux premières phalanges. A l’introduction du doigt, lorsque la pulpe de l’index est posée sur la pointe du coccyx, on explore la partie supérieure du canal anal. L’exploration rectale à proprement parler débute donc lorsque l’articulation interphalangienne distale touche la pointe du coccyx. • Le 1er niveau d’exploration (pointe de l’index) passe en haut du canal anal au niveau de la pointe du coccyx (Fig. 8) et latéralement sur le nerf rectal moyen inclus dans la graisse de la fosse ischio-rectale (Fig. 7). Cette graisse est recouverte par le faisceau pubo-coccygien du muscle élévateur de l’anus. La tubérosité ischiatique est l’élément le plus massif ressenti latéralement (Fig. 9). En avant, le plan passe par le centre tendineux du périnée. • Le 2éme niveau d’exploration (IPD) passe par l’articulation sacro-coccygienne et, latéralement à ce niveau, le muscle élévateur de l’anus est palpable et repose sur la graisse de la fosse ischio-rectale sous-jacente (Fig. 6, 7). Les rapports profonds sont constitués par les éléments du paquet vasculo-nerveux du canal pudendal. • Le 3éme niveau d’exploration (IPP) arrive à la partie postérieure, 1,5 cm sous l’origine de la racine nerveuse S5. Latéralement, ce plan passe d’arrière en avant sur le muscle coccygien (ou son reliquat), puis sous l’épine ischiatique et sur le muscle obturateur interne (Fig. 7). Plus profondément, après résection de ce muscle, le plan passe à la partie inférieure du foramen obturé (Fig. 9). • La faible corpulence du sujet permet de pousser l’exploration à un 4éme niveau (AMP). Ce plan passe d’arrière en avant sur la racine sacrée S5, puis sur le ligament sacro épineux, et sur la pointe de l’épine ischiatique (Fig. 5, 7, 9). Ce plan, passant par l’arcade tendineuse du muscle élévateur de l’anus et par la partie haute du foramen obturé, constitue la limite supérieure accessible par l’index. 13 Symphyse pubienne Arcade tendineuse Rectum récliné 4° niveau d’exploration Muscle élévateur de l’anus Epine ischiatique Ligament sacro-épineux Reliquat du muscle coccygien Racine S4 Pointe du coccyx Emergence de S5 Haut Avant Fig 5 : Visualisation de l’espace pelvi-rectal supérieur Après avoir récliné les viscères, on visualise l’espace pelvi-rectal supérieur. Le 4ème niveau passe successivement à proximité de la racine S5, sur le ligament sacro-épineux, puis sur l’épine ischiatique. Enfin il passe sur l’arcade tendineuse du muscle élévateur de l’anus. 4° niveau d’exploration Graisse de la fosse ischio-rectale Muscle élévateur de l’anus sectionné Haut Avant Fig. 6: Résection du muscle élévateur de l’anus Les 2ème et 3ème niveaux (non représentés) se projettent sur la graisse de la fosse ischio-rectale. 14 Epine ischiatique Ligament sacro-épineux Muscle obturateur interne 4° niveau d’exploration Emergence de S5 3° niveau d’exploration Ligament falciforme Nerf pudendal 2° niveau d’exploration Nerf rectal moyen Pointe du coccyx Nerf rectal inférieur Prostate Haut Avant Fig 7 : Visualisation de la fosse ischio-rectale Une fois la fosse ischio-rectale dégagée, on observe au 2ème niveau d’exploration le canal pudendal qui laisse échapper les branches collatérales du nerf pudendal. 15 4° niveau 3°niveau 2° niveau 1° niveau (masqué par la partie supérieure du canal anal) Haut Avant Fig. 8 : Vue latérale gauche Muscle obturateur interne sectionné Grande ouverture ischiatique Foramen obturé 4° niveau Processus falciforme Petite ouverture ischiatique Projection de l’ischion Haut Avant Fig. 9 : Vue latérale gauche après section du muscle obturateur interne La section du muscle obturateur interne découvre le cadre osseux et identifie l’épine ischiatique accessible au 4ème niveau. 16 Présentation de la dissection chez la femme Coupe sagittale para-médiane gauche Après réplétion de la vessie et du rectum pour reproduire une configuration pelvienne physiologique, la paroi du vagin est sectionnée afin de visualiser le col de l’utérus. L’arc de cercle de 8 cm centré sur l’entrée de l’anus permet de montrer la palpation du col de l’utérus par le bout de l’index. On constate par ailleurs que le pavillon droit de la trompe de Fallope se trouve à 2 cm de la pointe de l’index. Utérus Vessie Pavillon Cul de sac de Douglas Foramen obturé Muscle élévateur de l’anus Axe du vagin Rectum Racine S4 Pointe du coccyx Haut Anus Avant Fig. 10 : Coupe sagittale para-médiane gauche de pelvis féminin 17 Dans une configuration à rectum vide, on constate que le cul de sac de Douglas devient plus largement palpable par le bout de l’index. En effet, c’est par l’effondrement sur lui-même du rectum et du sigmoïde en position allongée que le cul de sac de Douglas s’étend pour collecter les écoulements péritonéaux. C’est ce que l’on observe sur la coupe IRM (Fig. 13). Colon sigmoïde Rectum Pavillon frangé Cul de sac de Douglas effondré Agrafe du cul de sac postérieur vaginal Utérus Arrière Droite Fig. 11 : Vue supérieure du pelvis féminin Pavillon frangé Pointe de l’index Cul de sac de Douglas effondré Haut Avant Fig. 12 : Coupe sagittale para-médiane gauche 18 Coupe sagittale médiane En reprenant la même méthodologie que chez l’homme pour l’exploration rectale, trois plans d’exploration sont définis. Sur ce sujet, la palpation de la pointe du coccyx est rendue plus difficile par la présence de graisse interposée. Aussi, seuls 3 niveaux sont représentés. • Le 1er niveau d’exploration (pointe de l’index) est visualisable sur les coupes tomodensitométriques grâce aux agrafes. On les retrouve à l’aplomb du coccyx (Fig. 14) et face à la fosse ischio-rectale (Fig. 16). A la dissection, ce 1er plan passe à la partie haute du canal anal au niveau de la pointe du coccyx et latéralement sur le nerf rectal supérieur inclut dans la graisse de la fosse ischiorectale. Cette graisse est recouverte par le faisceau pubo-rectal du muscle élévateur de l’anus (Fig. 16, 19). En avant le plan passe par le centre tendineux du périnée. • Le 2ème niveau d’exploration (IPD) passe sur la partie antérieure de la pointe du coccyx, latéralement au niveau de l’émergence du nerf rectal supérieur et enfin sur le muscle élévateur de l’anus reposant sur la graisse de la fosse ischio-rectale. Le paquet vasculo-nerveux pudendal interne constitue le rapport profond (figure 18, 19, 20). Les 1er et 2ème plans d’exploration se projettent à distance sur le muscle obturateur interne (Fig. 16). Cependant l’interposition de la graisse en fait un rapport trop lointain pour être palpable à ces deux premiers niveaux. • Le 3ème niveau d’exploration (IPP) est visualisable sur les coupes tomodensitométriques. Les agrafes se projettent face à l’épine ischiatique au niveau du muscle élévateur de l’anus (Fig. 16). 4,5 cm séparent l’agrafe de l’épine. Par ailleurs, l’épine se trouve à 8 cm de l’entrée du canal anal. On observe sur la figure 14 l’ensemble sacro-coccygien en « hameçon ». En appui sur la région postérieure, les agrafes du 3ème plan se projettent donc plus sur le coccyx que sur le sacrum. Sur la coupe IRM (Fig. 15), le 3ème plan se projette sur le ligament sacro-épineux. A la dissection, ce 3ème niveau d’inspection passe 3 cm sous l’origine de la racine S5, se poursuit latéralement sur le muscle coccygien (ou son reliquat), sur l’épine ischiatique et sur l’arcade tendineuse du muscle élévateur de l’anus (Fig. 18, 20). Le muscle obturateur interne est ici palpable plus directement (Fig. 19 : niveau le plus haut d’exploration). Le 4ème niveau d’exploration (AMP) peut être mis en évidence avec appui sur les muscles du plancher pelvien, ce qui n’est pas matérialisé sur les dissections. En effet, sans prendre appui sur le périnée, la corpulence de ce sujet féminin limitait l’exploration aux trois premiers niveaux. 19 Colon sigmoïde Utérus Vessie Cul de sac de Douglas Rectum Haut Pointe du coccyx Avant Fig. 13 : Coupe sagittale IRM en pondération T2 de pelvis féminin Cette configuration montre le col de l’utérus face à l’extrémité de la seringue. Le cul de sac de Douglas rempli de collections liquidiennes est refoulé en arrière. Axe de la seringue Agrafe du 3° niveau Agrafe du 1° niveau Fig. 14 : Coupe sagittale tomodensitométrique de pelvis féminin 20 Sacrum Rectum Ligament sacro-épineux Muscle élévateur de l’anus Epine ischiatique Point de projection du 3° niveau Graisse de la fosse ischio-rectale Muscle obturateur interne Canal anal Arrière Droite Fig .15 : Coupe transversale IRM en pondération T2 de pelvis féminin 3° niveau B 2° niveau Epine ischiatique 1° niveau Muscle obturateur interne A Graisse de la fosse ischiorectale Arrière Droite Fig. 16 : Coupe transversale tomodensitométrique de pelvis féminin A : 8 cm B : 4,5 cm 21 3° phalange Agrafe du cul de sac vaginal postérieur 3° niveau Avant Pointe du coccyx Droite Fig. 17 : Coupe frontale tomodensitométrique de pelvis féminin Les agrafes du 3ème plan d’exploration sont à hauteur de la 3ème phalange et du cul de sac postérieur vaginal. Le cul de sac vaginal postérieur et le col de l’utérus sont donc des éléments palpables par voie rectale. Remarque : Les coupes en IRM présentent un biais concernant la position de la seringue. En effet, la phalange distale se trouve 1 cm au-delà de l’agrafe du 3ème niveau (Fig. 13, 14). Ceci est lié à l’affaissement de la pièce lors de sa préparation. Cependant cette situation peut se produire si le toucher rectal est réalisé en prenant d’avantage appui sur les muscles du plancher pelvien. Les 3 premiers niveaux d’étude peuvent ainsi être dépassés. 22 Vessie Arcade tendineuse 3° niveau Epine ischiatique 2° niveau 1° niveau Ligament sacro-épineux et muscle coccygien Rectum récliné Pointe du coccyx Racine S5 Haut Avant Fig. 18 : Hémi-bassin féminin en vue latérale gauche après résection des viscères Muscle obturateur interne Epine ischiatique 3° niveau Muscle élévateur de l’anus 2° niveau 1° niveau Pointe du coccyx Haut Avant Fig. 19 : Hémi-bassin féminin en vue latérale gauche après résection des aponévroses musculaires 23 3° niveau 2° niveau Nerf rectal supérieur Canal pudendal sectionné Ligament sacro-tubéral Muscle coccygien Racine S5 Artère sacrale médiane Haut Avant Fig. 20 : Vue latérale gauche après résection du muscle élévateur de l’anus et de la graisse de la fosse ischo-rectale 24 5 DISCUSSION Malgré sa pratique très courante, le toucher rectal se résume souvent à l’exploration de la prostate ou d’une tumeur rectale. Cependant d’autres structures anatomiques sont abordables et leur identification peut compléter le diagnostic du spécialiste. • En gynécologie11 d’abord, le toucher rectal peut être utile dans diverses situations notamment dans l’exploration du col utérin avec un utérus gravide. Il est également requis dans l’évaluation du volume utérin, l’examen de la cloison recto-vaginale, dans la recherche de masses latérales (nodules de la lame recto-vaginale ou tumeur) ou bien lors d’adénomyose. • En urologie7, c’est l’exploration de la prostate qui prédomine. •En gastro-entérologie8,9, l’exploration ano-rectale s’attardera sur l’étude des sphincters et la recherche d’une masse rectale traduisant la présence d’une tumeur. Le toucher rectal permettra aussi le diagnostic de fécalome ou de rectocèle. • En kinésithérapie4, le toucher rectal intervient en complément des autres spécialités pour l’étude de la motricité sphinctérienne. •Par ailleurs, dans le cadre des algies périnéales4, le toucher rectal permet de retrouver des douleurs au niveau de l’épine ischiatique et du canal d’Alcock. Les contractures musculaires du muscle obturateur interne et de l’élévateur de l’anus peuvent être ressenties dans le syndrome myofascial associé à ces algies périnéales. Les coccygodynies sont également explorées par le toucher rectal 5,6,10. Dans le cadre du traitement des algies périnéales une option thérapeutique peut consister en l’infiltration du ganglion impar par son repérage au niveau de l’articulation sacro-coccygienne. Compte tenu de la disparité dans la taille des doigts des examinateurs et le manque de repères précis, ce sont toujours les trois plans d’exploration qui doivent être retrouvés à la palpation. Ceci permettra d’établir des références communes entre deux examinateurs successifs par exemple. La pointe du coccyx reste l’élément le plus facilement repérable. Cependant on ne peut établir une cartographie universelle pour le toucher rectal. En effet, la corpulence, le gabarit et la morphologie de l’ensemble sacro-coccygien sont des variables dans l’interprétation entre les patients examinés. Les trois premiers niveaux d’exploration matérialisés par des lignes sur les dissections sont donc définis par rapport à un repère sensitif et non visuel. Ceci explique les biais de positionnement des lignes par rapport à la pointe du coccyx. Sur le sujet masculin, la ligne du 1er niveau se trouve à l’aplomb de la pointe du coccyx. Sur le sujet féminin elle est située 1 cm en avant (Fig. 8, 19). L’interposition graisseuse sur le sujet féminin explique ce biais. 25 Par ailleurs, la région postérieure est plus difficile d’accès en raison de la morphologie du périnée et de celle de la main de l’examinateur. La racine S5 semble être la dernière racine potentiellement accessible. Au contraire les régions latérales sont explorées en prenant appui sur les muscles du plancher ce qui permet de repousser les limites d’exploration. Cette étude fut réalisée sur des sujets en position gynécologique avec un bon dégagement des massifs fessiers ce qui permet d’accéder facilement à la pointe du coccyx et aux autres structures. Cependant, en pratique clinique, la position de décubitus dorsal du sujet avec une simple flexion des jambes limite l’exploration. Pour la palpation de la prostate dans cette position par exemple, l’examinateur devra donc s’appuyer au maximum sur le plancher pelvien. Dans l’exploration des viscères, le toucher rectal sera facilité par un toucher bi-manuel afin d’accéder à la base prostatique ou au col utérin par exemple. Les vésicules séminales semblent difficilement accessibles en situation physiologique. Par ailleurs l’accessibilité du cul de sac de Douglas est discutable : A l’état normal, sans collection liquidienne et avec un rectum en réplétion physiologique, celui-ci est à 2 cm de la pointe de l’index. Cependant, l’étude chez le sujet féminin montre un vaste cul de sac grâce à un rectum vide qui laisse s’affaisser tout le repli péritonéal. L’accessibilité du cul de sac de Douglas ayant récolté les collections liquidiennes sera donc facilitée sur un rectum affaissé. Enfin, au niveau pariétal, l’épine ischiatique est accessible mais sa mise en évidence est rendue difficile par les interpositions graisseuses et par l’ensemble ligamentaire, tendineux et aponévrotique la recouvrant. C’est l’élément accessible le plus distal. Le muscle élévateur de l’anus est l’élément directement palpable latéralement. Avec la graisse de la fosse ischio-rectale, il recouvre la partie inférieure du muscle obturateur interne. La palpation du muscle obturateur interne devra donc se faire par une exploration la plus haute possible. Le muscle piriforme est inaccessible sur ces deux sujets. 26 6 CONCLUSION Le toucher rectal est une technique couramment utilisée qui permet d’établir facilement des diagnostics. Cependant, il doit être réalisé dans de bonnes conditions pour explorer un maximum de structures. C’est la position gynécologique qui permettra la meilleure approche. Par l’intermédiaire de quatre plans d’explorations, deux examinateurs successifs pourront adopter des repères communs : • Le 1er niveau d’exploration : pointe de l’index. Passant par la pointe de l’index sur le coccyx, ce niveau explore la fosse ischio-rectale avec la tubérosité ischiatique latéralement. En avant, ce plan passe par le centre tendineux du périnée. • Le 2ème niveau d’exploration : articulation inter-phalangienne distale. Passant par l’articulation inter-phalangienne distale, ce niveau explore par la pointe de l’index, le muscle élévateur de l’anus et plus profondément, se projette sur le canal pudendal. • Le 3ème niveau d’exploration : articulation inter-phalangienne proximale. Passant par l’articulation inter-pahalangienne proximale, ce niveau explore par la pointe de l’index, le ligament sacro-épineux, l’épine ischiatique et le muscle obturateur interne. • Le 4ème niveau d’exploration : articulation métacarpo-phalangienne. Ce niveau sera accessible selon le gabarit du sujet. Chez le sujet maigre, ce niveau est atteint sans difficulté. Chez le sujet corpulent, il faut davantage prendre appui sur les muscles du plancher pelvien. Ce 4ème niveau permet une meilleure approche de l’épine ischiatique et du muscle obturateur interne. • Les rapports viscéraux antérieurs accessibles chez l’homme et la femme sont respectivement la prostate et la cloison recto-vaginale avec le col utérin. L’exploration de la région postérieure sera variable en fonction de la morphologie propre du patient. 27 7 REFERENTIEL 1 Pierre KAMINA, précis d’anatomie clinique, Paris : édition Maloine, 2005, Vol. 4 p 96 à 100, p140, 141. 2 Johannes W. ROHEN, Chihiro YOKOCHI, Elke LÜTJEN DRECOLL, Anatomie humaine, atlas photographique d’anatomie systématique et topographique, édition Maloine, 1999, p324, 325. 3 Alain BOUCHET, Jacques CUILLERET, Anatomie topographique, éditions Simep, 1975, Vol. 16, p108 à 110, Vol. 17, p78, 79. 4 M. GUERINEAU, J-J LABAT, R.ROBERT, Th. RIANT, B. RIOULT, F.RAME LE CORVELLER, M. BENSIGNOR , Aspect myofascial des algies pelvipérinéales, Kinésithérapie scientifique, Février 2006 n°463, p10, p13 à 15. 5 Fred M. 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