Etude des étapes post-récoltes du poivre sauvage
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Etude des étapes post-récoltes du poivre sauvage
Etude de différents schémas de vie mis en œuvre sur le Tsiperifery poivre sauvage malgache Observation et description des étapes post-récoltes d’un produit à haute valeur ajoutée Annaïg Levesque Juillet-Novembre 2012 Remerciements Je remercie particulièrement Mathieu Weil, qui, en plus de m’avoir fait découvrir un produit aux arômes plus que plaisants, m’a encadré et conseillé tout au long de ce stage, sans discontinuer, et en parallèle de projets tout aussi prenants. Un grand merci également à Frédéric Descroix pour sa disponibilité et ses nombreuses recommandations. Je remercie également le Cirad La Réunion et Madagascar, deux structures compétentes qui m’ont permise d’effectuer un stage sereinement, avec l’appui et les moyens nécessaires à sa réalisation. Merci à Emilson Rakotoarisoa sans qui ce stage aurait perdu en qualité. Naturellement, j’aimerais remercier l’ensemble des acteurs de la filière pour leur coopération et sans lesquels rien n’aurait été possible. Merci particulièrement à M. JeanPierre Lechat et l’ensemble du personnel de MadEpices, à M. Eric Finoana, M. Michel Jahiel, M. Christophe Andreas, M. Georges Gerraerts, M. Serge Rajaobelina, M. Ndrinabé et M. Jean. Je n’oublierais pas mes parents et mes frères, pour leur soutien sans faille dans tous mes projets, à Madagascar comme en Bretagne. Et enfin, merci à La Fnac, premier pourvoyeur d’ouvrages ayant égaillé mes folles soirées de broussarde, l’alternative toca gasy ne m’ayant pas séduite. « Comment cela s’appelle-t-il, ce moment où un autre monde devient possible ? Cela a un très beau nom. Cela s’appelle l’aurore. » Noam Chomsky Mazotoa… 2 Sommaire Remerciements _____________________________________________________________ 2 Sommaire _________________________________________________________________ 3 Présentation de mon stage ___________________________________________________ 5 1. Origine du projet « poivre sauvage » ________________________________________ 5 1. a . Success story du café Bourbon Pointu _________________________________________________ 5 1. b . Une ressource encore sauvage _______________________________________________________ 6 2. D’un projet réunionnais vers un projet océan Indien ___________________________ 8 2 . a . Un premier projet en trois volets _____________________________________________________ 8 2. b. Une extension régionale _____________________________________________________________ 8 2. c . Un stage axé principalement sur l’étude des procédés _____________________________________ 9 3. Partenaires et acteurs ____________________________________________________ 9 3 . a. Le Cirad__________________________________________________________________________ 9 3 . b . QualiSud ________________________________________________________________________ 10 4 . Un contexte particulier… Madagascar _____________________________________ 11 4 . a . Situation ________________________________________________________________________ 11 4 . b . Madagascar, reine des épices _______________________________________________________ 12 4. b . 1) Le commerce des épices _______________________________________________________ 13 4. b . 2) Le commerce du poivre _______________________________________________________ 13 4. b . 3) Le marché du poivre sauvage ___________________________________________________ 15 4 . b . 3) a) Production et exploitation commerciale, une combinaison uniquement malgache ____ 15 4 . b . 3) b) La filière Tsiperifery malgache ______________________________________________ 15 4 . b . 3) b) 1 . Acteurs importants __________________________________________________ 15 4 . b . 3) b) 2 . Difficultés de 2012 pour ces acteurs _____________________________________ 17 I. Méthodologie : prospection et identification des pratiques post-récoltes malgaches __ 18 I.1. Une première phase faite de prospection, « travail d’enquêtes » et sélection ___ 19 I.1. a. De l’aval vers l’amont _____________________________________________________________ 19 I.1. b . Des observations aux dires des acteurs _______________________________________________ 19 I.1. b. a . Travail d’enquêtes ___________________________________________________________ 19 I.1. b. b. Premiers résultats ____________________________________________________________ 20 I.2. Une deuxième phase ponctuée d’observations en pratique, de descriptions, de premières mesures et d’échantillonnage. _____________________________________ 20 I.2. a. De l’amont vers l’aval _____________________________________________________________ 20 I.2. b. Observations et descriptions des procédés post-récoltes _________________________________ 21 I.2. b . a . La méthode des 5M __________________________________________________________ 21 I.2 . b . b . Données complémentaires ___________________________________________________ 21 I.2 . c . Echantillonnage _________________________________________________________________ 22 I.2 . d . Humidité ______________________________________________________________________ 22 I.2. e . Autres données collectés__________________________________________________________ 23 II. Résultats _______________________________________________________________ 24 3 II.1. La qualité aux dires des acteurs _________________________________________ 24 II.1. a. Concept ________________________________________________________________________ 24 II.1. b. Des critères vagues _______________________________________________________________ 24 II.1. c. Résultats _______________________________________________________________________ 25 II.1. c. a. Le poivre frais _______________________________________________________________ 25 II.1. c. b. Le poivre sec ________________________________________________________________ 26 II.2. Sélection des zones ___________________________________________________ 26 II.2. a. Concept de zone _________________________________________________________________ 26 II.2. b. Trois zones sélectionnées _________________________________________________________ 27 II.3. Description des pratiques et sélection des schémas de vie à suivre ____________ 30 II.3. a. Les acteurs de la filière ____________________________________________________________ 30 II.3. a. a. A la base, les cueilleurs________________________________________________________ 31 II.3. a. b. Les collecteurs, un intermédiaire essentiel _______________________________________ 33 II.3. a. c. Les exportateurs et distributeurs, maillon final de cette chaîne ________________________ 33 II.3. a. d. La logistique ________________________________________________________________ 34 II.3. b. Les Schémas de Vie_______________________________________________________________ 35 II.3. b. a. Les vécus du poivre __________________________________________________________ 35 II.3. b .b. Des SDV spécifiques et des variantes … mais deux types distincts _____________________ 35 II.3. b. c. Une sélection nécessaire ______________________________________________________ 40 II.3. b. d. Les résultats ________________________________________________________________ 42 II.3. b. d. 1) Description et schémas ___________________________________________________ 42 II.3. b. d. 1)a. SDV Ratolojanahary, Z1, voie sèche _____________________________________ 42 II.3. b. d. 1) b. SDV Taf, Z1, voie sèche _______________________________________________ 48 II.3. b. d. 1)c. SDV Madépices, Z1, voie sèche _________________________________________ 52 II.3. b. d. 1)d. SDV Madépices, Z2, voie sèche_________________________________________ 65 II.3. b. d. 1) e. SDV Rajean, Z2, voie humide __________________________________________ 66 II.3. b. d. 1)f. SDV Gm, Z2, voie humide _____________________________________________ 74 II.3.b.d.2). La base de données _______________________________________________________ 76 II.4. Autres mesures ______________________________________________________ 77 II.4. a. Caractérisation des zones de cueillette _______________________________________________ 77 II.4. b. Résultats _______________________________________________________________________ 79 Discussion ________________________________________________________________ 81 Perspectives ______________________________________________________________ 82 Recul sur mon travail _______________________________________________________ 82 Conclusion ________________________________________________________________ 84 Bibliographie ______________________________________________________________ 85 Annexes __________________________________________________________________ 87 4 Présentation de mon stage Dans le cadre de ma formation d’ingénieur Systèmes Agricoles et Agroalimentaires Durables au Sud (SAADS), il m’a été offert l’opportunité d’effectuer une césure au terme de ma deuxième année d’étude, sur un cycle de 3 ans. Cette césure, d’une durée de 10 mois, tire sa particularité de la possibilité donnée à des étudiants, encore indécis sur leur spécialité, de mettre en pratique leur apprentissage théorique à l’occasion de deux stages longs, de 5 à 6 mois chacun. L’objet de ce rapport concerne mon premier stage, encadré par le Cirad. Il s’est déroulé du 23 juillet au 14 décembre 2012, entre la Réunion (1 semaine au début et deux semaines en fin de stage) et Madagascar (4 mois). Il concerne un produit encore méconnu, que l’on peut trouver à Madagascar, à la Réunion ainsi qu’à l’île Maurice (à confirmer pour cette dernière). Il s'agit d'un poivre à queue - sauvage - dont l'espèce réunionnaise a été déterminée en 2011 par le Conservatoire Botanique National de Mascarin comme étant du Piper borbonense. Ce poivre sauvage, ou une ou plusieurs espèces voisines, est appelé Tsiperifery1 ou Voatsiperifery2 sur la Grande Ile. Mon sujet de stage concernait l'étude des différents schémas de vie mis en œuvre sur ce(s) poivre(s) à Madagascar. 1. Origine du projet « poivre sauvage » 1. a . Success story du café Bourbon Pointu Le stage qui m’a été confié est issu d’un projet du Cirad La Réunion, financé par la Région Réunion, l'Etat français et l'Union européenne. Ce projet fait suite à un travail conséquent précédemment mené sur le café Bourbon Pointu. La production de ce café déclinera après 1878, quand Jules Potier, directeur du Jardin colonial, ramène de l’île Maurice quelques feuilles de caféier atteintes par la maladie hemileia vastatrix afin de pouvoir l’étudier. Cet acte causera la propagation de la maladie et en l’espace de quelques années, le champignon anéantit le potentiel productif de l’ensemble des caféières réunionnaises. Ainsi la caféiculture à la Réunion va peu a peu se réduire jusqu’aux dernières exportations en 1952. En 1999, une société japonaise dont le Président Directeur M. Ueshima Tatsushi, par ailleurs président de la Specialty Coffee Association of Japan, montre son intérêt pour le Bourbon pointu découvert dans la bibliographie comme l'un des meilleurs cafés. 1 2 Photo extraite du site http://www.espressologie.fr Poivre sauvage Grain de poivre sauvage 5 La demande de Bourbon pointu par UCC3 interpelle la Région Réunion qui en 2002 va financer un programme de recherche expérimentation confié au Cirad pour étudier la viabilité de la relance de cette production. Après 5 années de recherches pilotées par Frédéric Descroix, sur des disciplines aussi variées que agronomie, technologie, biochimie et analyses sensorielles, le projet a conclu à la viabilité de la filière si les produits accédaient au marché des grands crus café à haute valorisation. Une seconde phase a eu pour objet d'accompagner le démarrage de la filière par la formation du personnel de la coopérative, la production de documents technique et financier, la mise en place d'une démarche de qualité. La coopérative, en activité depuis 2008 et disposant d’unités Photo extraite du site du Cirad de production adaptées, est désormais chargée de la La Réunion production de ce café gourmet hors du commun. De par sa rareté et sa caractéristique endémique, ce café, dont les japonais raffolent, est l’un des plus chers au monde, son prix au kg dépassant la centaine d’euros. Il peut même atteindre 600 euros au Japon ! Cette véritable success story ayant mis en lumière un produit typiquement réunionnais a ouvert la voie à d’autres projets de valorisation du terroir de l’île. De plus, des demandes formulées par des agriculteurs de zones réunionnaises non favorables à la culture du café ont amené Frédéric Descroix à envisager d'étudier d'autres productions de diversification à haute valorisation pour ces zones humides et chaudes ; après prospection sur le terrain, deux productions à fort potentiel de valorisation ont été sélectionnées pour faire l’objet d’un programme de recherche à financement de la Région : le Cacao Criollo et le poivre à queue "piper borbonense" endémique de la Réunion . Piper borbonense « frais », Cirad, Saint-Pierre, La Réunion (Annaïg Levesque, 2012). 1. b . Une ressource encore sauvage Ce poivre à queue est de nature sauvage - c'est à dire qu'il n'est pas cultivé. Plusieurs tentatives de culture (par bouture, marcottage ou semis) ont été réalisées par différents acteurs ou sont actuellement en cours. Aucune fructification n'a pour l'instant été observée ou en tout cas rapportée/publiée. 3 Poivre sauvage frais (haut) et sec (bas), Madagascar Ueshima Coffee Co. (Annaïg Levesque, 2012). 6 Identifié comme étant le Piper borbonense à la Réunion, l’existence d’autres espèces n’est pas exclue, d’autant plus que les îles de Madagascar (où il est appelé communément Tsiperifery ou Voatsiperifery) et de Maurice (apparemment) recèlent également de ce poivre aux forts accents boisés. D’ailleurs, c’est en forêt qu’est trouvé le poivre sauvage, aux endroits humides (bas-fonds, proche des ruisseaux) concernant Madagascar. A la Réunion, le poivre se situe plutôt dans des zones au climat humide mais aux sols bien drainés. Le poivrier se présente sous la forme d’une liane, s’enroulant autour de tuteurs, droits et pourvus de peu de branches latérales. Ce poivrier peut mesurer plus de 15 mètres dans bien des cas, hauteur où se situe la corolle fructifère de la plante quand le tuteur n’a pas été abattu. On peut observer du dimorphisme aussi bien sur les feuilles que sur les fruits qui regroupés par grappes peuvent être sphériques ou allongés Il est commun sur une même grappe de trouver des grains de maturité différente, caractérisée par des tailles et couleurs de grains très variés (allant du vert pour les immature au rouge grenat pour les surmatures). Poivre sauvage en grappe sur liane, Madagascar (Annaïg Levesque, Ainsi, à l’échelle de Madagascar, selon les zones considérées, la fructification s’étale de juillet à avril4, elle 2012). peut, dans un bassin donné, s’étaler sur plusieurs semaines (jusqu’à deux mois). En conséquence toutes les grappes d’une liane considérée n’atteignent jamais leur stade de maturité au même moment alors que la maturité des grains d’une même grappe s’étale également. Poivre sauvage en grappes sur liane et liane, Madagascar (Annaïg Levesque, 2012). C’est autour de ce produit particulier que s’axe le projet scientifique à l’origine de mon stage. 4 Ceci est à l’échelle du pays. Dans les zones où nous avons travaillé, la cueillette pouvait débuter en juillet et se terminer en février au plus tard. 7 2. D’un projet réunionnais vers un projet océan Indien 2 . a . Un premier projet en trois volets Le projet scientifique poivre sauvage est un projet du Cirad- Réunion. Celui-ci s’articule autour de 3 volets importants : la domestication de ce produit ; la mise au point des procédés post-récoltes permettant, à travers la compréhension des mécanismes biochimiques, d’obtenir un poivre à haute valeur ajoutée correspondant aux attentes des utilisateurs et consommateurs ; et enfin l’appui à la création d’unités de transformation à la Réunion, où jusqu’à présent, l’exploitation de ce poivre sauvage, ou Piper borbonense, se borne à l’utilisation des feuilles de la plante, celles-ci possédant des propriétés hépato protectrices. Carte de la Réunion, site www.vuici.com. Pour la Réunion, il s’agit donc de diversifier ses productions agricoles en s’appuyant sur un produit endémique au potentiel fort de haute valorisation. 2. b. Une extension régionale En face, sur la Grande Île, s’est développé depuis une dizaine d’années un marché local ainsi qu’international concernant les grains du poivre sauvage. Pour Madagascar, l’enjeu est d’être capable de pérenniser (et même valoriser) l'exploitation d'une ressource endémique sans la mettre en péril – ni non plus la biodiversité voisine - par une exploitation anarchique. Il s’agit donc de structurer la filière poivrier sauvage sans nuire à la ressource et à la biodiversité malgache, tout en préservant une activité économique pérenne à ceux l’exploitant. Par conséquent, la collaboration Cirad Réunion – Cirad Madagascar concerne ainsi : l’identification botanique de ce poivre sauvage, alias le tsiperifery, aux supposées multiples espèces, l’étude des pratiques post-récoltes faites sur les grains par de nombreux acteurs tout au long de la filière et enfin, l’impact des deux premiers volets sur les caractéristiques biochimique et sensorielles du poivre. 8 2. c . Un stage axé principalement sur l’étude des procédés Pour ce stage, il s’agissait d’étudier les pratiques post-récolte mises en œuvre sur le poivre sauvage à Madagascar. L’enchainement des étapes, de la cueillette à la mise en marché, par un ensemble d’acteurs s’échangeant ce produit, forme un schéma de vie, concept-phare de ce stage. La collecte d’échantillons le long des différents schémas de vie étudiés, en parallèle de mon travail descriptif, doit permettre de déterminer l’impact de ces procédés sur les caractéristiques des grains, sur la base d’analyses physico-chimiques et biochimiques qui seront menées en 2013 à La Réunion Les liens entre les caractéristiques du produit et la perception de la qualité par les utilisateurs (dont les consommateurs) sont eux aussi à déterminer. Sur la base des précédents résultats, il sera alors possible de définir et d’optimiser des procédés de transformation de poivre sauvage (ou domestiqué) à haute valeur ajoutée. 3. Partenaires et acteurs 3 . a. Le Cirad Le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) est un établissement de recherche français semi-public travaillant avec les pays du Sud sur des projets de recherche finalisés pour contribuer au développement et à la lutte contre la pauvreté. Il est sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du ministère des Affaires étrangères et européennes. En coopération avec plus de 90 pays, le Cirad emploie 1 800 personnes dont 600 agents hors métropole (400 dans l’outre mer français et 200 à l’étranger). Ses activités s’articulent autour de la recherche et développement, de l’expertise et de la formation. Le Cirad à La Réunion, deuxième dispositif français (en nombre d’agents) après Montpellier, a pour première mission de « contribuer, par la recherche, en partenariat, au développement des filières agricoles et agroalimentaires, tout en préservant l'environnement et la biodiversité 5». Son effectif est considérable, étant aux alentours de 250 personnes dont 55 chercheurs et 125 techniciens permanents. 5 Site du Cirad La Réunion 9 Couplé à Mayotte, il a pour objectifs de « produire des résultats scientifiques d’excellence, de répondre aux besoins du développement rural des deux îles et de mener une politique de coopération régionale active dans l’Océan Indien »6. Cette politique de coopération régionale à l’échelle de l’Océan Indien est mise en valeur par mon stage, étant donné une coopération avec le Cirad Madagascar qui « conduit des recherches pour valoriser l’exceptionnelle biodiversité malgache, gérer les services environnementaux et promouvoir une approche agroécologique pour une agriculture durable 7». Il est la première implantation du Cirad à l’étranger en terme d’importance et pas moins de 25 chercheurs permanents, supportés par plus de 100 missions effectuées depuis le Cirad Montpellier, La Réunion et autres implantations de l’organisme à l’étranger, y travaillent. Il est partenaire du FOFIFA (Centre de Recherche en Agronomie de Madagascar) et de l’université d’Antananarivo, où le Cirad dispense chaque année 250 heures de cours auxquelles s’ajoutent de la formation par les stages et le financement de thèses d’étudiants. En plus d’activités liées au développement agronomique, il « collabore aux réseaux régionaux pour la qualité des produits, la sécurité et la sûreté sanitaire, les maladies animales émergentes et le développement territorial dans l’océan Indien ».8 Le Cirad, globalement, possède 6 axes de recherche9, dont un traitant de l’Alimentation Sûre et Diversifiée, thématique dans laquelle s’inscrivent les travaux réalisés par l’Unité Mixte de recherche QualiSud (environ 100 personnes issues de 4 organismes : le Cirad majoritairement, Montpellier Sup’agro, l’Université de Montpellier 1, l’Université de Montpellier 2), au sein de laquelle j’effectue mon stage. 3 . b . QualiSud Disposant à La Réunion de quatre chercheurs permanents et d’un technicien, cette unité de recherche se concentre autour de la qualité de l’alimentation, et ce, dans toutes ses composantes, autant au niveau sanitaire, technologique que nutritionnelle et sensorielle. Ceci dans le but de répondre aux attentes des industriels de l’agroalimentaire, professionnels de la santé et bien sûr à celles des consommateurs. C’est ainsi autour de l’identification des déterminants de la qualité et de la compréhension et maîtrise des procédés agricoles et agroalimentaires que des recherches sont menées, la qualité s’élaborant tout au long de la chaîne de production, transformation et distribution10. 6 Site du Cirad La Réunion Site du Cirad Madagascar 8 Site du Cirad Madagascar 9 Intensification écologique/ Biomasse Energie, Société du sud / Santé animale, maladie émergentes/ Politiques publique, pauvreté et égalités/ Agriculture environnement et société/Alimentation Sûre et Diversifiée. 10 Site du Cirad 7 10 A La Réunion l’équipe QualiSud travaille au sein du pôle KAPPA, transversal à plusieurs unités de recherche, organisé sous trois programmes : PIMAN (Production fruitière intégrée de Mangues, Ananas), Qipa (Qualité des produits animaux) et Café et autres filières pérennes de diversification à haute valeur ajoutée. 4 . Un contexte particulier… Madagascar Ainsi, du fait des enjeux du projet, de la filière et de ses acteurs, ainsi que de l’exploitation du produit, c’est en partie sur la Réunion mais principalement à Madagascar que j’ai effectué mon stage. 4 . a . Situation Ancrée sur le côté est de l’océan Indien, Madagascar est une île africaine également appelée l’Île Rouge ou encore la Grande Île. Sa biodiversité est d’une richesse sans pareille ; séparée du continent africain depuis 100 millions d’années, l’absence de certains prédateurs de la faune et de la flore originelle ont permis une évolution unique de celles-ci. Ainsi, environ 80% de ses espèces animales et végétales sont endémiques. Ajoutés à cela, ses climats variés font de cette île une zone au fort potentiel agricole où un panel impressionnant de plantes (domestiquées ou non) peuvent pousser11. Cependant, sous ces atouts exceptionnels, se cache une situation d’extrême pauvreté : parmi les 21 millions d’habitants, un sur deux est en situation d’insécurité alimentaire (68% au Sud). Carte de Madagascar, site aset.wifeo.com Dans un pays où plus de 70% des actifs sont agriculteurs, cette situation révèle forte détresse en milieu rural. Après des années post-crises (2002 à 2008) plutôt fastes,depuis la nouvelle crise qui sévit depuis 2009selon Olivier de Schutter, le rapporteur spécial de l’ONU, à Madagascar, « tous les indicateurs sur la sécurité alimentaire sont au rouge […] Madagascar est aujourd’hui l’un des pays où la malnutrition infantile est la plus élevée au monde – avec des niveaux comparables à l’Afghanistan ou au Yémen ». Cette aggravation est principalement due à la situation politique actuelle, dans l’immobilisme complet suite au coup d’état perpétré en 2009. 11 Il est commun de dire qu’à Madagascar tout pousse même si ce n’est pas entièrement vrai. 11 Le nouveau gouvernement, la Haute Autorité de Transition, jugée illégale ou en tout cas non reconnue par la communauté Internationale, fait face à de lourdes sanctions économiques de la part des pays de l’Union Européenne (gel des programmes de développement) et des Etats-Unis (suspension de la liste des pays bénéficiant de l’African Growth and Opportunity Act supportant le secteur textile). La situation économique, accusant un PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat de 391 $ en 2010 (172ème sur les 179 pays analysés) selon le FMI, s’en trouve critique. En parallèle, le taux de croissance réel du PIB est passé de 7 en 2008 à -1 en 2009 puis -2 en 2010 ; il est légèrement monté à 0,5 en 2011. L’IDH (Indice de Développement Humain) malgache, un autre indicateur, a une valeur de 0,480 selon le PNUD, plaçant l’île parmi les pays à plus faible taux. La paupérisation de la population, d’après le Rapport Annuel du Groupe Intercooperation Madagascar, est devenue générale : en 2010, c’est 76,5% de la population qui était touchée contre 68,5% en 2005. Exode rural, banditisme, grève, corruption, augmentation du secteur informel font partie des conséquences de cette paupérisation. A ces maux, on peut ajouter la déforestation. En effet, l’absence de contrôle par un gouvernement inerte ou des organisations sans ressources ainsi que la faim en milieu rural ne favorisent pas les opérations de sauvegarde de la forêt, bien au contraire. L’abatisbrûlis, ou tavy, fait rage que ce soit pour des raisons agricoles (nouvelles parcelles) ou afin de protester contre la situation. Le Tsiperifery étant une plante trouvée en forêt, ceci a été préjudiciable dans le cadre de mon stage. En effet, e brulis de certains pans de son milieu naturel nous obligeait à aller plus loin dans la forêt, et ainsi à Brûlis sur l’axe Moramanga-Tananarive marcher plus longuement pour atteindre les lieux de vus du ciel (Cyril Blanckaert, 2012). cueillette viables. De plus, cette situation où de nombreux acteurs se trouvaient en infraction générait un certain climat de suspicion, de la part de collecteurs particulièrement (les cueilleurs, après de longues explications, acceptaient de coopérer plus facilement). La disparition de certains de ses terroirs de pousse et fructification est un risque de raréfaction du du poivre sauvage appartenant au long inventaire des épices de Madagascar. 4 . b . Madagascar, reine des épices Madagascar regorge d’une quantité importante d’épices et a toujours joué un rôle important dans le commerce de ces produits. 12 4. b . 1) Le commerce des épices Ce marché est loin d’être nouveau. C’est depuis l’antiquité que la commercialisation des épices, herbes et aromates s’observe. Ce commerce a conduit l’économie vers les temps modernes par ces nombreux échanges internationaux et découvertes de nouvelles voies de passage ; on parle de moteur originel de la mondialisation. Ces épices avaient l’équivalent de monnaie au Moyen-âge12 car rares et acheminées avec difficultés depuis la route des Indes. Consommées partout dans le monde, et de plus en plus, le marché est en pleine croissance ; selon Virginie Charlier, chef de groupe herbes et épices chez McCormick (Ducros), le leader mondial du secteur, « Dans un univers de l'épicerie stagnant, c'est le seul segment qui tire le marché ». Mais ce segment s’est enrichi d’une montée de gamme, état donné une consommation aujourd’hui « plus subtile et surtout plus authentique » d’après Epices, image du site santeGérard Vives, créateur du Comptoir des poivres en medecine.commentcamarche.net 1999. Alimentation et gastronomie mais aussi parfumerie, cosmétique et pharmacie ou encore industrie du tabac (pour le girofle) sont les secteurs avides de ces épices. Ainsi, ce marché, commercialisant 1 milliard de tonnes d’épices qui génère 2 milliards d’euros (données 2009), augmente, en moyenne chaque année de 10% (en valeur). Le marché mondial reste cependant assez obscur, aucune réglementation ni par une bourse centrale, ni par un organisme international n’existe. Les cours varient principalement selon le principe de l’offre et la demande, les catastrophes naturelles, les spéculations via les stocks. 4. b . 2) Le commerce du poivre Ce sont les agriculteurs des pays du Sud qui produisent la majorité des épices, et leur exportation fournit des revenus conséquents au niveau du commerce extérieur à des PMA tel que Madagascar. On retrouve ainsi, pour n’en citer que quelque unes la vanille, le curcuma, la cardamone, les baies roses, la cannelle et bien sûr, le poivre, l’épice la plus populaire et répandue depuis des siècles. En 2010, 400 000 tonnes de poivre (pour l’immense majorité du Piper nigrum) ont été produites dans le monde, pour une valeur totale d’environ 800 millions de dollars. 12 Ainsi, l’expression « payer en espèces » provient de « payer en épices » ! 13 L’Indonésie (30%), l'Inde (20%) ainsi que le Vietnam, la Malaisie et le Brésil avec chacun près de 15% du marché mondial en sont les principaux exportateurs mondiaux. Et sa consommation augmente au niveau mondial. Son origine est indienne, provenant des forêts équatoriales du sud ouest de l’Inde ; il s’est rapidement répandu sur tout le globe. C’est d’ailleurs une des premières épices indiennes introduites en occident. Epice importante en Europe depuis sa découverte à l’Antiquité, elle sera considérée précieuse, ayant un grand rôle au niveau de l’assaisonnement mais aussi dans le domaine médical. Son coût était très élevé, ce qui a bien évidemment encouragé le commerce de poivre frelaté, mélangé voir remplacé par des produits locaux, jusqu’à l’imposition de décrets en 1735 interdisant les mélanges et miction sous peine d’amendes. De nos jours, le poivre ne recèle plus l’exotisme qui avait conquis nos ancêtres ; il s’est banalisé devenant un produit d’usage courant Et ce produit de base se décline sous 5 grandes dénominations : le poivre vert : ses baies sont cueillies immatures et mises en saumure. le poivre noir : ses baies sont récoltées avant maturité et séchées. le poivre blanc : ses baies sont cueillies à maturité, séchées puis débarrassées de leurs coques (péricarpe). le poivre rouge : plus rare, ses baies sont récoltées à maturité (voir surmatures) et séchées. le poivre gris : il s’agit d’un poivre noir broyé qui doit sa couleur au mélange du péricarde noir et du cœur blanc. Toutefois, ces nombreuses déclinaisons sont trompeuses puisque le poivre exploité reste très peu diversifié du point de vue de son espèce. En effet, bien qu’il existe plus de 2000 espèces de poivre au monde, selon le Missouri Botanical Garden, seule une dizaine est cultivée, et le commerce se concentre principalement sur une seule espèce, celle qui est trouvée le plus communément, à 99%, dans nos supermarchés et sur nos tables: il s’agit du Piper nigrum, de la famille des piperacées qui, avec le Piper Cubeba et le Piper Longum, peut prétendre légalement à l’appellation de poivre. 14 4. b . 3) Le marché du poivre sauvage 4 . b . 3) a) Production et exploitation commerciale, une combinaison uniquement malgache En comparaison avec ce poivre, les volumes de Tsiperifery échangés sont loin d’affoler les marchés. Selon le mémoire de Guillaume Touati (2011), en année dite de production « normale », 45 à 50 tonnes (en sec) seraient exportées ; les exportateurs tablent quant à eux sur un chiffre un peu plus modeste de 10 t (mais qui s’avèrent au final sous-estimées suite aux enquêtes). Seule la Grande Ile, dont la popularité des épices dans le monde ne se démontre plus, cueille puis exploite commercialement les grains de cette épice sauvage. Poivre sauvage sec, image du site epicesdecru.com 4 . b . 3) b) La filière Tsiperifery malgache Cette filière, en dépit de son développement au niveau du marché international, reste très confidentielle (1% seulement des malgaches connaissent ce produit !). Pourtant, des grands exportateurs d’épices et distributeurs malgaches s’en sont déjà emparés. 4 . b . 3) b) 1 . Acteurs importants Ces exportateurs et distributeurs sont des acteurs-phares de la filière. Nous en avons rencontré certains, les principaux, selon des critères basés sur leur notoriété, leur poids supposé sur ce marché mais aussi la possibilité d’établir une certaine coopération avec eux ; à savoir : Cette société basée à Tamatave, connue à ses débuts pour son activité de commercialisation d’escargots (achatines) en boîtes, est aujourd’hui transformatrice et exportatrice de divers produits malgaches. Le cœur de son activité est dirigé principalement vers les épices (poivre vert et vanille en particulier), les huiles essentielles et les fruits. Elle est dirigée par M. Georges Geeraerts. SOPRAL a, en 2011, exporté aux alentours de 4 tonnes de poivre sauvage sec, ce qui représenterait une 20 aine de tonnes de poivre frais traité. MadEpices (anciennement La Plantation) est une société implantée à Tananarive et dirigée par M. Jean-Pierre Lechat. Cette société est spécialiste des épices, en sec particulièrement, et, depuis cette année, étend ses activités vers les plats préparés et les foies gras, ces derniers contenant dans leur recette de nombreuses épices, premiers produits de la société. 15 Elle exporte et vend aussi localement dans des dépôts-ventes ou dans ses propres boutiques (Pili Pili Dock). Le tsiperifery est un de leurs produits phares avec le combava et la baie rose L’année passée, Madépices traitait au plus fort de la campagne 1 à 1,5 t par semaine, en frais (aux alentours de 15/20 tonnes en frais) pour un total aux alentours de 4-5 tonnes en sec. La société Ratolojanahary, est une entreprise d’exportation d’épices, dirigée par M. Eric Finoana. Cette société a exporté 2 à 3 tonnes de poivre sauvage sec en 2011. Le Centre Technique Horticole de Tamatave (CTHT). Dirigé par M. Christophe Andréas cette association de loi malgache se charge de « l'organisation, la promotion et la représentation (ainsi que l’analyse des produits) des filières horticoles de la côte-est de Madagascar et plus spécifiquement celles de la province de Tamatave ». Agronomie, agroalimentaire et environnement sont ses thèmes de travaux. En 2011, le CTHT a contribué à la vente de près de 400 kg en sec, en vente directe à sa boutique et, par sous-traitance, à l’international. En étroite relation avec SOPRAL sur cette activité Tsiperifery, des produits de SOPRAL côtoient d’ailleurs ceux du CTHT dans sa boutique attenante. ou le géant de la distribution alimentaire à Madagascar. Cette société, est dirigée par les frères Taloumis. Bien connus pour leur sel et leur café, ils produisent une gamme importante de produits, pour la grande distribution avant tout. Le Tsiperifery est inclus dans leur activité mais son importance est négligeable, le volume acheté atteignant péniblement l’année passée 250 kg en sec. Cette société (nous avons rencontré M. Matthieu Richard, Responsable Commercial) est implantée en France et à Madagascar depuis 2004. Elle traite de nombreux produits dont une douzaine d’épices, allant de la cannelle à la baie rose en passant par le tsiperifery13. On peut également citer Sahanala, Groupement d'Intérêt Economique créé par l’ONG Fanamby (dirigée par M. Serge Rajaobelina et impliquée dans la gestion de la forêt et de l’environnement à Madagascar) dans le but de réunir au sein d'une même plateforme les producteurs engagés dans l'agriculture biologique, les opérateurs privés soucieux de l’environnement et du partage équitable et les associations convaincues par une démarche de conservation participative. En 2011, cette société a traité 1,2 tonnes en frais, correspondant à environ 250 kg en sec, destinés à l’exportation. 13 Nous ne connaissons pas les quantités traitées annuellement par Jacarandas mais le volume exporté à la mioctobre 2011 était d’environ 500kg de poivre sauvage sec 16 Ces acteurs importants représentent donc une 15aine de tonnes sur les 45 à 50 tonnes de tsiperifery supposément exportées14. Ils s’appuient sur tout un réseau de collecteurs principaux, s’approvisionnant eux-mêmes auprès de nombreux collecteurs primaires et cueilleurs (pour exemple, il n’était pas rare en 2011 que l’ensemble d’un village proche d’une zone de cueillette, environ une trentaine de personnes, se livre à cette activité). 4 . b . 3) b) 2 . Difficultés de 2012 pour ces acteurs Les différentes données quantitatives citées sont celles de l’année 2011, étant donné le recul pris après campagne mais également du fait du caractère particulier de l’année 2012. Pour l’ensemble des acteurs rencontrés, cette campagne 2012 s’avère exceptionnelle de par la faiblesse de l’approvisionnement en Tsiperifery. Pour exemple, concernant MadEpices, les volumes reçus ont subi une forte diminution ; au lieu de 1,5 t à 2 t de poivre frais réceptionnées chaque semaine pendant la campagne 2011, cette année, les volumes hebdomadaires se sont élevés à seulement 200 kg. Idem pour Jacarandas (à la mi-octobre, seulement 6% de la quantité prévue a été rentrée) et Ratolojanahary qui annonce une activité très diminuée. Comment l’expliquer ? De nombreux facteurs peuvent intervenir, tant au niveau de l’offre de Tsiperifery que de sa demande. Concernant la diminution de l’offre de ce produit (et donc de sa production), certains pensent aux dégâts faits par le dernier cyclone, intervenu pendant la floraison sur la côte est, en mars. D’autres évoquent le manque de pluie qui retarderait la fructification. Enfin, il y a aussi le probable impact des tavys (abattis-brulis) détruisant l’habitat naturel des poivriers sauvages. Ces tavys, systèmes de culture répandus chez les Betsimisaraka, une ethnie très présente dans les forêts de l’est, sont de plus en plus nombreux du fait d’une densité de population en augmentation, d’une crise qui s’éternise laissant une population de plus en plus vulnérable et de l’absence (ou du trop faible nombre) de contrôles pourtant nécessaires. Des associations, formées de villageois et de personnel administratif, sont censées surveiller l’exploitation forestière en délivrant des certificats d’exploitation afin d’éviter qu’elle soit sauvage ; toutefois, les membres ne comprennent pas toujours le rôle qu’ils ont à effectuer. Alors que certains se sentent impuissants, d’autres ne réalisent pas le danger de la déforestation. Une demande moindre peut aussi être la cause d’une activité à la baisse ; selon M. Lechat (MadEpices), en 2011, l’offre a été très importante en volume mais de qualité médiocre. Ceci serait lié à l’engouffrement sur ce commerce de nombreux acteurs opportunistes, non connaisseurs et peu regardants sur la qualité de leurs produits aux différents stades de la filière. Peut être que cette qualité moindre offerte par des acteurs peu scrupuleux, est en partie responsable de cette baisse de la demande. 14 Mémoire de Guillaume Touati, Etat des lieux de la gestion du poivre sauvage à Madagascar, 2011. 17 La conscience environnementale de certains opérateurs (à l’amont comme à l’aval) refusant de commercer un produit dont l’exploitation impacte l’environnement et la ressource ellemême est également une des raisons évoquées pour expliquer la frilosité du marché. De plus, pour cette année, des stocks assez importants datant pour l’essentiel de la campagne 2011, ont retardé le début de campagne de certains exportateurs. C’est une des raisons pour lesquelles SOPRAL n’avait toujours pas commencé sa campagne en décembre 2012, tout comme TAF. La tendance des échanges s’avère donc être à la baisse pour cette année 2012, alors que, paradoxalement, les prix, malgré une moindre demande des exportateurs, sont en augmentation aux différents échelons de la chaîne. Etant donnée la supposée raréfaction de la ressource et la diminution de nombre de jours de cueillette passés en brousse pour peu de produit au final, l’activité ne trouve aucun preneur quand aucune augmentation significative du prix au kg n’est mise en place (cas observé sur l’axe Moramanga -Anosibe An’Ala où les prix sont jugés trop faibles par les cueilleurs et les marchés vides de tout poivre sauvage). Mon stage s’est donc déroulé lors d’une campagne 2012 peu active. Si cela a nécessité de revoir à la baisse le nombre des acteurs suivis et d’en remplacer certains par d’autres ou encore engendré quelques difficultés de suivi, j’ai pu obtenir des résultats, selon une méthodologie précise. I. Méthodologie : prospection et identification des pratiques post-récoltes malgaches Mon stage s’est concentré sur l’étude des procédés post-récoltes opérés par les acteurs, leur enchainement formant un schéma de vie. Il s’est articulé autour de deux phases La première phase s’est déroulée du 5 août au 5 octobre. Elle a d’abord consisté à identifier les acteurs, en partant de l’aval, et à les interroger sur leur exploitation du Tsiperifery. Nous nous sommes intéressés à leur définition des critères de qualité relatifs au poivre sauvage et aux différents procédés post-récoltes qu’ils mettaient en œuvre sur le Tsiperifery à leur niveau. Après cette phase de prospection, nous avons sélectionné des zones précises où s’opéraient différents types de schémas de vie. Lors de la seconde phase, du 6 octobre au 29 novembre, nous avons observé en pratique et de l’amont vers l’aval différents schémas de vie sélectionnés. Nous avons décrit avec minutie l’ensemble des étapes observées et, pour certains de ces schémas de vie et certaines étapes, nous avons procédé à des échantillonnages de lots de poivre. Ceux-ci seront analysés ultérieurement à la Réunion (ANNEXE 1). 18 I.1. Une première phase faite de prospection, « travail d’enquêtes » et sélection I.1. a. De l’aval vers l’amont Le travail s’est organisé de manière à remonter la filière de l’aval vers l’amont, à savoir des exportateurs aux cueilleurs. Ainsi, tout est parti d’acteurs basés à Tamatave et Tananarive commercialisant du Tsiperifery pour l’exportation ou la distribution locale. Par la suite, selon les informations récoltées et le postulat de départ, c’est autour de trois zones que s’est concentrée la phase 1. I.1. b . Des observations aux dires des acteurs I.1. b. a . Travail d’enquêtes A ces acteurs, il a été posé de nombreuses questions pour avoir des informations, selon leurs dires, sur différents points concernant : la qualité et sa gestion : de réels critères de qualité accompagnés d’une grille de descripteurs n’existent pas aujourd’hui pour le produit poivre sauvage. Il est donc important de savoir sur quoi se basent les acteurs en place pour caractériser différentes « qualités » au niveau visuel, de l’odeur, du goût ou autre. l’amont et l’aval à l’échelle de l’acteur : quels sont ses fournisseurs et acheteurs ? Où sont-ils ? Quel est leur nombre ? Quels sont les procédés d’achat et de vente ? Le mode de transport pour se déplacer d’un point à l’autre ? Ceci permet de placer l’acteur au sein d’un schéma de vie et d’identifier les personnes appartenant à une même chaîne, allant de la cueillette à la mise en marché, pour une prise de contact ultérieure. De plus, la localisation géographique de l’ensemble des acteurs impliqués permet l’élaboration du circuit emprunté par le poivre et d’identifier les zones les plus dynamiques concernant son exploitation. les pratiques post-récoltes opérées par l’acteur : quelles sont ces pratiques ? Le temps accordé à chacune ? Où et comment sont elles effectuées, et dans quelles conditions ? Quel est le matériel utilisé ? Ceci contribue à la création d’un inventaire des pratiques faites sur ce grain. l’avenir de la filière, pour connaitre le ressenti et les projets des acteurs vis-à-vis de cette filière particulière. 19 I.1. b. b. Premiers résultats Le travail d’enquête nous a aidé à caractériser les différents gradients de la qualité (bonne, moyenne ou mauvaise) selon les acteurs ; en effet, de nombreux déterminants existent propres aux différents acteurs. Ceux-ci s’appuient avant tout sur la couleur, taille et texture pour caractériser les grains. A travers ces enquêtes, nous avons suivi les acteurs et leurs partenaires ; ceci nous a permis de remonter les schémas de vie relatifs au poivre et alors, de déterminer les principaux bassins de collecte du poivre sauvage, où se concentrent ces acteurs. C’est à partir de ces bassins de collecte que nous avons défini nos zones d’études. Nous avons également récolté un ensemble de descriptions grossières des pratiques mises en œuvre par les acteurs interrogés à différentes étapes d’un schéma de vie. Ceci nous a conduit à distinguer deux types différents de schémas de vie parmi ceux qui nous ont été décrits. En effet, malgré quelques variantes, il est possible de les rassembler et de les classer selon deux groupes : ceux empruntant la « voie humide » ou ceux empruntant la « voie sèche ». Nous avons alors réalisé une sélection des schémas de vie à suivre en pratique et en détail, lors de la phase 2 ; Pour cette sélection, en tenant évidemment compte du temps dont je disposais (et donc de l’accessibilité des sites), nous avons souhaité suivre des schémas de vie « voie sèche » et « voie humide » dans deux bassins de collecte différents. C’est ainsi essentiellement la représentativité mais aussi la volonté des acteurs de la filière de nous donner la possibilité d’observer leurs pratiques qui ont dicté notre sélection. En outre et comme expliqué plus haut, le fait que certains exportateurs n’aient pas démarré leur campagne en octobre 2012 nous a obligé à renoncer à les suivre. I.2. Une deuxième phase ponctuée d’observations en pratique, de descriptions, de premières mesures et d’échantillonnage. I.2. a. De l’amont vers l’aval Une fois les zones d’étude et les schémas de vie sélectionnés, notre travail s’est organisé autour du suivi en pratique de ces schémas de vie sélectionnés. D’amont en aval, nous avons observé et décrit les pratiques post-récoltes mise en place sur les circuits déterminés et parfois échantillonné des lots de poivre. Idéalement, les lots de poivre observés (et échantillonnés) d’un bout à l’autre du schéma de vie, auraient dû être les mêmes. Cependant, ceci n’a pas toujours été possible, par manque de temps et/ou de coordination avec les acteurs concernés ; le suivi en simultané de plusieurs lots nous faisaient rater quelques étapes, alors observées plus tard sur d’autres lots, différents. 20 I.2. b. Observations et descriptions des procédés post-récoltes I.2. b . a . La méthode des 5M La méthodologie adoptée pour décrire exhaustivement les procédés post-récoltes observés, étape par étape, est celle des 5 M, acronyme désignant : la Matière. Dans notre cas, il s’agit du poivre dans tous ses états : est-il mature ?, frais ? sec ? en grappe ? trié ? lavé ? ... le Matériel, c'est-à-dire les équipements ou les outils utilisés pour le traitement ( cueillette, séchage, conditionnement …) du poivre sauvage. le Milieu ; il s’agit de l’environnement autour du poivre ; est-ce en extérieur ou en intérieur ? Quel est l’aménagement du lieu ? Des animaux peuvent-ils y accéder ? Quel est le degré de propreté ? Qu’en est-t-il de la température et de l’humidité ?... la Méthode qui décrit comment l’étape se déroule, ce qui est appliqué au poivre et de quelle manière. la Main d’œuvre ; c’est à dire les acteurs effectuant le procédé post-récolte en cours d’observation. Il s’agit généralement de la personne suivie ou bien de ses employés. I.2 . b . b . Données complémentaires A ces informations, s’ajoutent des données complémentaires, importantes que nous avions à récolter pour situer avec précision le lot observé et parfois échantillonné. Celles-ci concernent : la zone d’étude d’où ce lot est originaire le type schéma de vie : voie humide ou voie sèche la date et le lieu de cueillette, afin d’avoir une idée du temps s’écoulant entre la cueillette et l’étape en cours. les étapes précédant et suivant l’étape observée la date et le lieu de prélèvement (coordonnées GPS) du lot en cas d’échantillonnage ainsi que la date du rapatriement de l’échantillon sur Tananarive où il est stocké. Pour ces échantillons étaient indiquées également les conditions d’acheminement du produit sur la capitale (moyen de transport, contenant, jours additionnels de séchage…). 21 de nombreuses photographies prises tout au long de chaque schéma de vie illustrent les étapes et témoignent des « 5M » I.2 . c . Echantillonnage Pour certaines étapes (supposées) déterminantes sur certains schémas de vie étudiés, nous avons prélevés des échantillons de 300g (poivre sec) à 500 g (poivre frais) . Ces échantillons sont mis à sécher jusqu’au moment du retour sur Tananarive. Ils sont contenus pour le transport dans un sachet en plastique zippé (de type sachet de congélation) dans lequel est ajouté un second sachet, plus petit, zippé, perforé et empli de silicagel ; le silicagel a pour fonction d’absorber l’humidité ambiante du sachet et donc d’aider à conserver au mieux le Tsiperifery. Chaque échantillon est identifié via une étiquette glissée à l’intérieur du sachet et un marquage extérieur à même ce dernier. Cet étiquetage comprend 4 éléments : la zone d’étude Z, le type de schéma de vie SDV, la date de prise de l’échantillon (jj/mm/aaaa) et un numéro reliant l’échantillon à une base de données compilant l’ensemble des informations connues sur celui-ci (cf. ci-dessous). Figure 1: Exemple d'étiquette Z1 SDV2 12/10/2012 18 Les échantillons, conditionnés et identifiés selon ce protocole, sont par suite transportés au plus vite, sur Tananarive.C’est au sein du laboratoire du CIRAD dans les locaux du FOFIFA, dans un congélateur à -80°C, que les sachets de poivre sauvage sont stockés, attendant leur exportation (en glacière avec pains de glace) vers la Réunion où seront faite les analyses. I.2 . d . Humidité Lorsqu’un échantillon prélevé peut être amené au laboratoire dans un laps de temps relativement court (inférieur à 24h, surtout lorsqu’il s’agit de Tsiperifery frais), nous mesurions l’humidité (dés l’arrivée au laboratoire) afin d’avoir une idée de la variation d’humidité des grains tout au long des procédés post-récoltes d’un même schéma de vie. 2 échantillons de 5 g de Tsiperifery égrappé, étaient placés dans une étuve à 75°C15 pendant environ 48h. Le séchage était considéré terminé lorsque l’échantillon ne perdait plus de poids entre deux pesées successives espacées de 3h 15 Le laboratoire ne disposant pas d’une étuve à 105°C 22 Le taux d’humidité, en %, est donné par la formule : – La moyenne des deux échantillons de 5 g correspond au taux d’humidité mesuré. I.2. e . Autres données collectés En parallèle de ce travail, nous avons effectué des mesures, visant à la caractérisation des zones de cueillettes. Ceci dans le but d’avoir des données agronomiques à exploiter pour la domestication de la ressource, qui est un autre volet de ce projet « Poivre ». Par conséquent, nous avons relevé différents paramètres lors de nos sorties-terrains en zone de cueillette afin de contribuer à l’identification des caractéristiques environnementales propices à la poussée du poivrier sauvage.Ces paramètres ont été mesurés sur des carrés de 5 mètres de côtés, contenant au moins un tuteur de lianes de poivre sauvage. Par zone de cueillette, ces carrés ont été répétés de 8 à 12 fois. Les mesures ont porté sur : le pourcentage d’ombres sur le sol (0% ou 25% ou 50% ou 75% ou 100%) mesuré de manière subjective, de visu, entre 10h et 14h. la densité de la forêt par un comptage du nombre d’arbres (tuteurs de liane de poivre sauvage inclus), ramené à l’hectare par suite (400 25 m² = 1 hectare). Seuls les arbres au diamètre supérieur à 6,4 cm et dépassant les 3 m de hauteur sont comptabilisés. Le diamètre des arbres (tuteurs de liane de poivre sauvage non-inclus), mesurée à 1 m du sol; il en découle une catégorisation des arbres selon leurs « intervalles de diamètre » (en cm), à savoir [6,4 ; 16], ]16 ; 32], ]32 ; 47,8] et >47,8. la proportion des tuteurs de liane de poivre sauvage dans la zone définie parmi les arbres comptabilisés et leur diamètre mesuré à 1m du sol. Similairement aux autres arbres, les tuteurs sont classés selon leur diamètre mais via 5 intervalles cette fois : [0 ;6,4[, [6,4 ; 16], ]16 ; 32], ]32 ; 47,8] et >47,8. l’identification des espèces tutrices (noms vernaculaires et/ou latins). le nombre de lianes de poivre sauvage par tuteur et le diamètre de ces lianes mesurées à 1 m du sol. Les différents diamètres ont été mesurés grâce à « un mètre de couturier » (circonférence mesurée puis ramenée au diamètre) La seconde partie de ce rapport présente les résultats obtenus à partir de ces différents protocoles (ANNEXE 2). 23 II. Résultats II.1. La qualité aux dires des acteurs II.1. a. Concept La qualité est un concept difficile à définir ; subjectif et pouvant concerner les 5 sens ; il se précise et se mesure via des analyses (chimiques, sensorielles…) réalisées sur les produits. On parle en agroalimentaire de 4 qualités dissociables : la qualité sanitaire : elle est une exigence (le plus souvent règlementaire) de sureté (garantir l’innocuité/la non toxicité) pour la commercialisation des aliments. Selon les aliments considérés, des seuils limites adaptés à chaque type de dangers qu’ils soient de nature physique (clous…), chimique (métaux lourds…) ou bactériologique (Salmonella…), sont en vigueur au niveau réglementaire afin de prévenir tout accident sanitaire. De nombreuses analyses peuvent être mises en œuvre en laboratoire pour évaluer cette qualité. la qualité nutritionnelle ; elle repose sur la composition en nutriments d’un produit alimentaire, au niveau quantitatif (teneur en énergie) ou qualitatif (équilibre nutritionnel). la qualité technologique : elle concerne la capacité des produits à être transformés et valorisés via des procédés technologiques. Les observations faites aux différentes étapes des schémas de vie lors de ce stage, et les analyses au laboratoire qui suivront doivent justement permettre d’évaluer l’impact des procédés sur la qualité du poivre sauvage la qualité organoleptique (ou sensorielle) : elle prend en compte les aspects visuels, de texture, le goût et l’olfaction d’un aliment qui sont évalués, via l’analyse sensorielle, par des jurys de consommateurs et/ou par des panels experts. Pour un produit tel que le poivre, si la qualité nutritionnelle est secondaire, la qualité sanitaire, la qualité technologique et la qualité sensorielle sont particulièrement importantes. II.1. b. Des critères vagues Alors que de nombreux travaux ont été réalisés et publiés sur la qualité du poivre noir (Piper nigrum), rien ou très peu de connaissances existent à ce jour sur le Tsiperifery, produit de niche, encore peu connu. 24 Ainsi, d’un point de vue sensoriel, les critères d’appréciation (descripteurs) de la qualité de ce poivre n’ont pas été définis. A fortiori les déterminants (molécules aromatiques, protéines, sucres …) de cette qualité et les facteurs (maturité à la cueillette, procédés de transformation …) les influençant ne sont pas connus non plus. Bien entendu, quelques éléments sur lesquels s’appuyer existent néanmoins ; ainsi la littérature existante sur le poivre noir et les premières analyses réalisées (notamment par le CTHT) sur le Tsiperifery nous apprennent par exemple que la pipérine (responsable du piquant) et certains composés d’arômes (limonène, sabinène …) de l’huile essentielle existent à la fois dans le Piper nigrum et les poivres sauvages à queue (Tsiperifery) de Madagascar. En l’absence, donc de critères objectifs de qualité propres au poivre sauvage, c’est à partir des critères commerciaux que nous avons déterminé sa qualité, à savoir ce que les acteurs de la filière estimaient déterminant d’une bonne ou d’une mauvaise qualité. II.1. c. Résultats Via nos entretiens, nous avons pu recueillir des informations sur l’appréciation de la qualité par différents acteurs. Nous avons interrogé 28 personnes : 6 représentants d’exportateurs et distributeurs, 18 collecteurs ainsi que 4 groupes de cueilleurs. II.1. c. a. Le poivre frais Une belle couleur rouge ainsi qu’un calibre important sont les deux critères primordiaux caractérisant un poivre de bonne qualité ; ceci renvoie en fait à la maturité du poivre. En pratique, ces critères mis en avant sont peu pris en compte : tout est acheté, souvent au même prix, car apparemment tout se vend, que ce soit sur le marché de l’export ou en local. Tableau 1 : Tableau récapitulatif des critères de qualité du poivre frais selon les acteurs, % de réponses Homogénéité du lot Couleur Taille Cueilleurs 44,4% 33,3% Collecteurs 40% 23,4% 10% Exportateurs, distributeurs 30,7% 15,5% 46,1% Texture16 Forme Période de collecte17 Piquant 22,3% 13,3% 6,7% 3,3% 3,3% 7,7% 16 Le poivre doit être dur. Il s’agit ici d’une période s’étalant de septembre à février (ceci concerne les zones sur lesquelles nous avons travaillé ; à d’autres endroits, cette période s’avère différente).. 17 25 II.1. c. b. Le poivre sec Le poivre sec a pour critères principaux le calibre (grand) et l’humidité (faible) mesurés en règle générale de manière totalement empirique (au toucher, à l’odeur…). Les cueilleurs ne s’aventurent pas dans le séchage du poivre sauvage d’où leur absence dans ce tableau. Il est important de noter que la couleur désirée diffère selon les clients ; alors que certains préfèrent le poivre « rouge » (couleur originelle plus ou moins conservée sous différentes nuances allant de l’orangé au rouge sombre), d’autres estiment que le noir est préférable car plus homogène et supposant un procédé particulier de traitement qui serait dans certains cas préféré (la voie humide). Selon la qualité des lots reçus, un exportateur peut moduler ses prix à l’achat et même refuser certains lots. En pratique, l’ensemble des grains est le plus souvent accepté et le tri après achat est dés lors important (sélection par le tri). Tableau 2: Tableau récapitulatif des critères de qualité du poivre sec selon les acteurs Collecteurs Exportateurs, distributeurs Couleur Taille Homogénéité du lot Taux d’humidité Tri et propreté Forme Caractère aromatique18 33,3% 23,4% 3,3% 6,7% 23,3% 3,3% 6,7% 21,5% 7,1% 28,6% 14,3% 14,3% 7,1% 7,1% II.2. Sélection des zones II.2. a. Concept de zone Une zone est une portion de territoire délimitée dans laquelle la ressource Tsiperifery existe (bassin de cueillette/collecte) et est exploitée au niveau commercial (en local et/ou à l’export). Pour notre étude, il est important de bien définir ce concept puisque nous souhaitions avoir un aperçu, si possible représentatif, des différentes pratiques en vigueur. D’autre part, alors que l’on suppose que plusieurs espèces et sous espèces de poivre sauvage (type Tsiperifery) existent à Madagascar, le fait de distinguer des zones différentes (de taille limitée) pourrait permettre de réduire la diversité génétique des lots de poivre suivis et prélevés. 18 Sous cette dénomination c’est en réalité au piquant du poivre qu’on fait référence 26 Plusieurs critères peuvent être pris en compte pour caractériser une zone et donc la distinguer d’une autre : les critères sociaux (organisation des acteurs, types de clients), spatiaux (autour d’une ville, un village, une région) et physiques (types de forêts et de sols, niveau de déboisement). Une des limites de ce concept de zone est évidemment la grande mobilité des acteurs – notamment des collecteurs – qui, selon les opportunités (réception d’une commande, présence et coût du poivre en particulier), peuvent se déplacer d’une zone à l’autre et éventuellement mélanger des produits issus de zones différentes. II.2. b. Trois zones sélectionnées 3 zones ont été définies autour de bassins de collecte importants, cités plusieurs fois par les acteurs et se situant au sein de corridors forestiers où fructifie du tsiperifery. Il s’agit des bassins d’Anjozorobe, de Moramanga (en direction d’Anosibe An’Ala, vers l’est) et d’Ambositra. Figure 2: Localisation des 3 bassins de collecte au sein de corridors forestiers sélectionnés 27 Plus précisément, les zones étaient les suivantes : - la zone du corridor forestier de l’Angavo, passant par Anjozorobe-Anjiro-Beparasy, districts où s’échangent sur les marchés des quantités importantes de Tsiperifery et où de nombreux collecteurs s’approvisionnent. Nous en avons rencontré une dizaine, qui ont été en relation avec le CTHT l'année passée ou qui ont répondu à des demandes formulées par quelques sociétés telles que : MadEpices, Ratolojanahary et Sahanala . Cette zone était donc un important bassin d’approvisionnement en 2011. En 2012, moins d’acteurs étaient au rendez-vous cependant. Figure 3 : Cartographie de la zone 1 et des échanges connus entre acteurs en 2012. Exportateur/distributeur sans activité tsiperifery 2012 mais liés à la zone en 2011 Sahanala Ratolojanahary 28 - le corridor forestier de l’Ankaï avec l’axe routier Anosibe An’Ala/Moramanga où se trouvent de nombreux collecteurs s’approvisionnant auprès des villages situés de part et d’autre de la route à différents points kilométriques (d’où ils tirent leur nom). Dans cette zone, on parle de 2 types de Tsiperifery, souvent mélangés à la collecte, à petit grains piquants ou à gros grains plus doux. Cette zone était LE bassin d’approvisionnement de SOPRAL l’année passée. La société MadEpices est également présente sur Moramanga pour la campagne 2012. Figure 4 : Cartographie de la zone 2 et échanges entre acteurs Exportateur/distributeur sans activité tsiperifery 2012 mais liés à la zone en 2011 - La zone d’Ambositra, plus au sud où un petit réseau de collecte (hors marché local) s’est fait connaitre. Cette dernière zone a cependant été abandonnée, le collecteur pilier de ce réseau identifié n’ayant pas désiré poursuivre son activité cette année 2012. Figure 5 : Structure du réseau de cueillette/collecte dans la zone d'Ambositra 29 Ainsi ce sont la Z1 (l’Angavo) et la Z2 (l’Ankaï) qui ont été les zones de travail sélectionnées pour notre phase 2. II.3. Description des pratiques et sélection des schémas de vie à suivre Dans notre étude, un schéma de vie correspond à l’ensemble des étapes mises en œuvre sur le poivre depuis sa cueillette jusqu’à sa commercialisation. Il existe ainsi plusieurs schémas de vie appliqués au poivre sauvage à Madagascar. Ceux-ci diffèrent notamment par les procédés mis en œuvre. Un même schéma de vie peut exister dans plusieurs zones différentes. Ce sont finalement les acteurs, qui, en fonction de leurs connaissances, de leurs moyens et de leurs besoins appliquent l’un ou l’autre schéma de vie au sein de leur filière. Ce sont eux qui transforment et s’échangent le poivre sauvage de la cueillette à la mise en marché. Ces acteurs sont les véritables artisans des schémas de vie. II.3. a. Les acteurs de la filière A Madagascar, l’articulation de la filière poivre sauvage, de la cueillette à la mise en marché est assez peu organisée et le nombre d’intermédiaires diffère. Le schéma ci-dessous résume cette organisation. Figure 6 : Relations entre les acteurs de la filière poivre sauvage Cueilleurs de villages proches de la forêt, souvent agriculteurs Collecteurs primaires, boutiquiers ou collecteurs de marchés locaux enclavés. Collecteurs secondaires, fournis à domiciles par leurs collecteurs primaires ou dans les marchés plus accessibles (et plus grands). Exportateurs situés en ville Facilitateurs (Tananarive, Tamatave) ; le poivre est amené à leurs locaux 30 La filière s’articule particulièrement autour des principaux collecteurs, qu’ils soient primaires ou bien secondaires. Ils constituent le trait d’union entre les exportateurs et les premiers maillons de la chaîne, les cueilleurs. II.3. a. a. A la base, les cueilleurs Les cueilleurs sont issus des villages proches de la forêt, dans un rayon allant de 5 à 25 km. Ils collectent les grains de poivre sauvage par opportunisme, si quelques lianes se trouvent sur leurs chemins alors qu’ils effectuent d’autres activités ou lors d’un déplacement, ou lors de réelles campagnes de cueillette, le poivre sauvage devenant alors le produit premièrement recherché. C’est à partir du moment où les collecteurs de la zone annoncent leur intention d’acheter le produit poivre sauvage que la cueillette commence. Les cueilleurs le vendent de 700 à 2000 Ar le kg (0,25 à 0,72 €), en frais. Maison et village de cueilleurs (Annaïg Levesque, 2012). Dans la plupart des cas, ils partent en forêt pour quelques jours ; ils peuvent être accueillis pour dormir dans des campements de paysans pratiquant le tavy (abattis brulis) en pleine forêt. Munis de gonys en plastique19 qu’ils remplissent au fur et à mesure du ramassage, ils marchent généralement de 2 à 6h pour atteindre les zones de cueillette. Quelques cueilleurs des zones 1 et 2 (Annaïg Levesque, 2012). 19 Gonys = grands sacs – type sacs de riz de 50 ou 80 kg - très utilisés pour transporter et stocker des produits agricoles. 31 Cette cueillette se fait de 3 façons différentes : en cueillant tout simplement les grappes sur la liane quand celle-ci est à hauteur d’homme ou bien en grimpant sur le tuteur, quand ceci est possible. A gauche : Cueilleur grimpant à un tuteur Au milieu : Cueillette simple A droite : Liane sur rocher (Annaïg Levesque, 2012). en arrachant la liane (par la base ou par la corolle). A gauche : Cueilleur arrachant une liane A droite : Liane arrachée (Annaïg Levesque, 2012). en abattant le tuteur ; ceci est la technique de cueillette la plus commune. A gauche : Tuteur coupé Au milieu : Cueilleur coupant un tuteur (Annaïg Levesque, 2012). Ces deux dernières pratiques nuisent à la durabilité de la ressource, la liane étant bien souvent détruite. Elle peut « reprendre » après quelques années si son habitat n’a pas été détruit. Le poivre est stocké dés sa cueillette en gony (souvent sale) où il restera, jusqu’à son acheminement au lieu de collecte primaire. Il est abrité la nuit, suspendu parfois. Cette activité se déroule lors de la période de soudure, constituant donc un apport financier plus que bienvenu pour des cueilleurs, également paysans, n’étant pas dotés d’une importante trésorerie. 32 En cas de prix d’achat convenables et de ressource abondante20, ceci favorise non seulement un afflux de cueilleurs, plus nombreux d’année en année (2011 étant une année record), mais aussi l’émergence de comportements opportunistes. Même si difficile à estimer, la ressource n’est pas inépuisable ; bien que certains cueilleurs aient eu accès à des formations sur la manière de cueillir sans lui nuire, les pratiques de cueillettes en vigueur contribuent bien souvent à sa disparition. D’ailleurs, certains utilisent l’abondance des lianes comme indicateur de fertilité de la terre et par conséquent de terrains propices à l’agriculture sur brûlis ; il n’est donc pas rare qu’une zone riche en Tsiperifery se transforme en parcelle de riz pluvial. On comprend aisément que l’impact de pratiques de cueillette anarchiques ne nuit pas seulement à la ressource mais également à la forêt dans son ensemble. II.3. a. b. Les collecteurs, un intermédiaire essentiel Les collecteurs se chargent de rassembler les lots de poivre frais émanant de cueilleurs ou d’autres collecteurs et associés. Ils sont de différents types, à savoir : les primaires : ces collecteurs traitent directement avec les cueilleurs des quantités de poivre frais de l’ordre de la centaine de kg. Ils ne transforment pas le produit (séchage) mais le stockent dans des gonys. Sur l’axe Moramanga-Anosibe An’Ala (Z2), il s’agit de boutiquiers principalement, situés à différents Points Kilométriques (PK40, PK35, PK45, PK32). En zone 1, ces collecteurs sont acheteurs sur les marchés locaux (Anoran, Beparasy, Ambohidronono…) : en plus du poivre sauvage, des grenadelles, champignons noirs, gingembre et autres produits sont collectés par ces mêmes acteurs. Le prix oscille entre 1400 et 4000 Ar à la vente en frais. les secondaires : ces collecteurs traitent avec les précédents collecteurs (et avec quelques cueilleurs également) « recrutés » par leurs soins. Ils se chargent, en année prolifique, de quantités dépassant la tonne (en frais). Ils ne font pas que stocker et revendre le produit mais pratiquent en général certaines opérations unitaires telles que le séchage par exemple. En fonction des procédés mis en œuvre et des clients, leur produit peut être vendu 3 000 Ar en frais et de 8 000 à 20 000 Ar en sec. les principaux : ils peuvent être des collecteurs primaires ou secondaires. Ce terme désigne ceux ayant un contact direct avec les exportateurs. II.3. a. c. Les exportateurs et distributeurs, maillon final de cette chaîne En nombre limité les exportateurs sont le maillon final de la filière export. 20 Si la ressource est limitée comme pour cette année 2012, peu de cueilleurs s’aventurent en forêt pour quelques kilogrammes, le trajet étant long et les conditions de travail pénibles. 33 Ils sont basés à dans les villes importantes, Tananarive pour MadEpices (anciennement La Plantation) et Ratolojanahary, et Tamatave concernant SOPRAL et Jacarandas. TAF, à Tananarive, et le CTHT, à Tamatave, sont des distributeurs de tsiperifery. Alors que l’ensemble des acteurs de Tamatave, ainsi que TAF commandent du poivre sec, transformé, dans certains cas selon leurs recommandations (ex : SOPRAL achète du poivre échaudé), d’autres, comme MadEpices et Ratolojanahary le reçoivent frais afin de maitriser la transformation dans son intégralité. Conditionnés sous leur marque (SOPRAL par exemple) ou non (MadEpices, réserve sa marque uniquement pour le marché local via ses boutiques tananariviennes Pili PIli Dock), les grains sont principalement exportés en Europe. Le Tsiperifery est un produit situé sur un marché de niche à l’export ; il est plutôt destiné aux épiceries fines (en France : le comptoir des poivres, Ethic Valley, l’épicerie de Bruno, terre exotique …) et à la haute gastronomie (utilisé par exemple dans les restaurants d’Olivier Roellinger). Acheté par les exportateurs aux collecteurs à 3 000 Ar/kg (soit 1,20 euros/kg) au plus en frais, les prix de vente à l’export ne sont pas faciles à obtenir et assez fluctuants. Ramenés au kg les prix pratiqués dans les boutiques et épiceries fines en Europe sont beaucoup plus élevés dépassant fréquemment les 100 € du kg sur les marchés européens. Sur le marché local, à Madagascar, le prix au kg pratiqué par les boutiques est au moins deux fois moins élevé : 130 000 Ar (environ 43€) conditionné et vendu dans les boutiques Pili Pili Dock (Madépices) et à 66 000 Ar (environ 22€) dans la boutique du CTHT (produits CTHT et SOPRAL). L’annexe 5 donne, par opérateur, les différents prix relevés aux différentes étapes de la filière au cours de ce stage. II.3. a. d. La logistique Entre les différents éléments de la chaîne, se trouvent d’autres acteurs, assurant une certaine logistique. Il y a tout d’abord les transporteurs. Souvent, Il s’agit de chauffeurs de taxi-brousse, officiant sur des routes ou pistes le permettant. Les camions, transportant les marchandises au début et à la fin de chaque marché, sont également utilisés pour acheminer le produit d’un lieu à un autre. Parfois, c’est un agriculteur muni d’un tracteur voire d’une bicyclette qui s’en charge. Généralement, ces derniers officient lorsqu’il n’existe aucun taxi-brousse, sur des pistes grandement dégradées. Les trajets-types sont ceux allant des villages de cueillette, plus ou moins proches de la forêt, aux lieux de marché ou de collecte. En parallèle, il y a des personnes appelées des facilitateurs. Ceux-ci permettent d’établir des connexions entre les différents acteurs. Par exemple, un exportateur étranger peut avoir besoin d’être accompagné d’un facilitateur local, connaissant les personnes-ressources à contacter ; ce dernier, en plus de son rôle d’interprète, est un véritable guide. Ces facilitateurs – rémunérés pour leurs services - concernent surtout les acheteurs de poivre 34 sauvage ayant besoin dans un premier temps de prendre leurs marques dans une zone donnée. II.3. b. Les Schémas de Vie II.3. b. a. Les vécus du poivre Tout au long de la filière, le poivre ne reste pas tel qu’il a été cueilli ; il subi diverses transformations, passant de frais à sec. Rarement, les cueilleurs sèchent le poivre frais pour des particuliers et en petite quantité. Ceci est fait uniquement sur demande et, au vue de l’enclavement des villages, peu courant. Lorsque ce sont les collecteurs primaires qui se chargent de ce séchage, leur collecteur secondaire n’est alors qu’un simple démarcheur auprès de grandes sociétés d’exportation ou de distribution. Les collecteurs principaux, du fait de leurs relations directes avec les exportateurs et des volumes traités, sont les collecteurs les plus à mêmes de procéder au séchage des grains de Tsiperifery selon les recommandations de leurs clients. Cependant, lassés du manque de sérieux de certains collecteurs fournissant un grain sec jugé de mauvaise qualité, des exportateurs préfèrent être livrés en frais21 pour se charger eux même de la transformation Outre le séchage, le poivre peut subir d’autres transformations. Mais en quoi consistentelles exactement? L’objet de ce stage était justement de définir les différents schémas de vie du poivre puis, à travers une observation minutieuse, de les décrire précisément. II.3. b .b. Des SDV spécifiques et des variantes … mais deux types distincts Une étude visant à compiler les différents schémas de vie mis en œuvre, par zone, a été faite sur le terrain (ANNEXE 3) aux dires des différents acteurs rencontrés. Ce travail – en première approche - a permis de décrire grossièrement 12 SDV différents dans 3 zones distinctes. Si ces différents SDV diffèrent par les acteurs, le matériel utilisé, et parfois les étapes elles mêmes, leurs durées et/ou leur enchaînement, il est néanmoins possible, en se basant notamment sur l’absence ou la présence d’une étape spécifique (l’échaudage) que l’on peut – a priori - considérer comme critique (influente) pour la qualité du poivre, de distinguer deux grands types de SDV. 21 La notion de frais est « toute » relative puisqu’il peut s’écouler entre 1 et 5 jours entre cueillette et livraison « en frais ». Dans le cas d’une livraison « en frais » le poivre n’a a priori pas été transformé volontairement. 35 Le type SDV1, voie humide Celui-ci est particulièrement demandé par SOPRAL et seulement mis en œuvre en zone 2. Ce type de schéma de vie se caractérise par une étape d’échaudage faite sur le poivre en grappe, avant le séchage. Cette étape particulière consiste à tremper durant quelques minutes les grains de poivre sauvage dans de l’eau à une température pouvant varier, selon les cas, de 60°C à un peu moins de 100°C. En pratique, sur les 2 cas observés, l’échaudage a duré de 5 à 6 minutes mais, aux dires des acteurs, le temps peut aller de 1 à 15 minutes. Cette étape est généralement suivie d’un temps de repos (souvent appelé « fermentation » sans que l’on sache si il s’agit effectivement d’un phénomène fermentaire) d’une dizaine d’heures, dans le noir. L’échaudage permet de nettoyer le poivre de ses impuretés et d’en diminuer la charge microbienne (thermosensible) mais aussi d’en favoriser le séchage (par lyse des parois cellulaires) ainsi que le brunissement/noircissement (par oxydation des phénols). Le poivre ayant été traité par échaudage est donc caractérisé par une couleur sombre (marron ou noire) assez homogène. Certains acteurs lui trouvent en outre une saveur plus douce (moins agressive et ou moins piquante) et un léger goût d’agrume. Sur l’axe Moramanga-Anosibe An’Ala, l’ensemble des collecteurs-transformateurs rencontrés, au nombre de 7/8, utilisaient ou projetaient d’utiliser cette pratique avant le séchage de leur tsiperifery. Exemple de poivre échaudé En haut : à la sortie de la « fermentation » En bas : Après 3h30 de séchage Annaïg Levesque, 2012 36 Figure 7: Les étapes du SDV1 voie humide Etapes du schéma de vie Marché ou case du collecteur Etape du séchage Etape initiale et finale du schéma de vie Le poivre est mis à tremper dans de l’eau bouillante, entre 60 et proche de 100°C. Le terme fermentation ici est un raccourci car on ne sait ce qui se passe A l’extérieur le jour sur bâche ou natte, à l’intérieur la nuit étalé ou emballé (SOPRAL) Si c’est nécessaire. 37 le type SDV2, voie sèche. Ce type de SDV est le plus répandu22 ; il est pratiqué en Z1 et Z2. Dans ce cas, le poivre sauvage est directement mis à sécher, au soleil, une fois dans les mains de l’acteur transformant le produit. Plus long, que pour le type SDV2, le temps de séchage est très variable, allant de 4 à 30 jours. Il faut noter que l’on parle de « voie sèche » car l’échaudage n’est pas pratiqué mais que pour toutes les « voies sèches » observées durant ce stage, le poivre partiellement séché était lavé à l’eau (pouvant être légèrement chlorée). Le poivre issu de cette voie conserve une couleur rouge (plus ou moins sombre) ; certains lui trouvent un goût mentholé. 22 En effet, seul SOPRAL semble recommander le type SDV1, les autres exportateurs privilégiant la voie sèche. 38 Figure 8: Les étapes du SDV2 voie sèche Etapes du schéma de vie Etape du séchage Etape initiale et finale du schéma de vie Egrappage en frais, plus difficile qu’en sec A l’extérieur sur bâche ou natte le jour, mais à l’intérieur la nuit (étalé ou emballé) A l’extérieur sur bâche ou natte le jour, mais à l’intérieur la nuit (étalé ou emballé) 39 II.3. b. c. Une sélection nécessaire Afin de mener à bien la partie observation/description des pratiques et échantillonnage du stage, nous avons dû, en tenant compte du temps dont je disposais et afin d’être efficace, nous recentrer sur le suivi de certains schémas de vie seulement. Le choix des SDV à étudier à pu se faire à partir de la détermination zonale Z1/Z2 et de celle des deux types de Schéma de Vie (SDV1 voie humide/SDV2 voie sèche). La fiabilité apparente et la disponibilité des acteurs ainsi que la possibilité de pouvoir suivre un SDV dans son ensemble ont également été pris en compte. Enfin, nous avons dû, dans certains cas, renoncer à suivre une « filière » du fait de l’absence d’activité du SDV considéré au moment du stage. En effet certains exportateurs, pour différentes raisons (prix, absence de demande, souhait de limiter l’impact sur l’environnement et la ressource, qualité, possession de stocks …) n’ont pas passé de commande à leurs fournisseurs/collecteurs pendant la durée de mon stage à Madagascar. (ANNEXE 4)). Ainsi sur la zone 1, trois schémas de vie de type 2, voie sèche, ont été observés en pratique dont un faisant l’objet d’un échantillonnage. Ces schémas de vie (le long desquels des échantillons ont été prélevé) sont reliés aux exportateurs MadEpices, Ratolojanahary et TAF d’où ils tirent leurs « noms » avec respectivement le SDV MadEpices-Z1 allant de Beparasy à Tananarive, le SDV Ratolojanahary partant d’Anoran (commune d’Ambongamarina) et le SDV Taf débutant aux environs d’Anjiro. En zone 2, où se trouvent deux types de SDV différents, ce sont trois schémas de vie qui ont été observés en pratique ; des prélèvements de poivre sauvage à de nombreuses étapes ont été pris sur chacun d’eux. Ils étaient supposés, pour deux d’entre eux (SDV Rajean et SDV Gérard Menu) aboutir à l’exportateur SOPRAL, via deux collecteurs du nom de Rajean et Gérard Menu ; étant données les recommandations de SOPRAL, la voie utilisée est donc l’humide. Le troisième, de type voie sèche, partant des environs de Moramanga, mène à la société MadEpices ; il s’agit du SDV MadEpices – Z2. Il est à noter que du fait de l’approvisionnement sur les deux zones de MadEpices, il a été prélevé des lots provenant de Z1 ou Z2 mais sur lesquels s’appliquent par suite les mêmes procédés post-récoltes. 40 Tableau 3: Récapitulatif des SDV suivis Observation en pratique Zone 1 Zone 2 Echantillonnage 3 SDV de type 2 (voie sèche) SDV Taf SDV Ratolojanahary SDV MadEpices - Z1 2 SDV de type 2 : SDV MadEpices ( SDV Ratolojanahary)* 1 SDV de type 2 (voie sèche) SDV Madépices – Z2 1 SDV de type 2 : SDV MadEpices 2 SDV de type 1 (voie humide) SDV Rajean, SDV Gm (Gérard Menu) 2 SDV de type 1 : SDV Rajean SDV Gm * Bien que non sélectionné au départ, quelques prélèvements à l’amont de la filière ont été effectués. Lorsque c’était possible (retour au Laboratoire à Tananarive dans la journée directement après la prise d’échantillons), la teneur en humidité des poivres était mesurée. 41 II.3. b. d. Les résultats Les résultats de ce travail se présentent sous la forme de schémas et d’une base de données répertoriant l’ensemble des étapes effectuées. II.3. b. d. 1) Description et schémas Certaines étapes ont été suivies parfois des échantillons prélevés , d’autres sont décrites à dires d’acteurs , parfois non , des humidités mesurées , il y a eu ou pas . II.3. b. d. 1)a. SDV Ratolojanahary, Z1, voie sèche La cueillette Nous avons eu la chance de pouvoir suivre deux cueilleurs, du nom de Zaf et Roby, à la base de ce schéma de vie. Originaires d’Ambongamarina, ils nous ont emmenés à 4 h de marche de leur village, aux alentours d’Anouran. Les forêts font partie de l’Angavo, terrain de montées et de sous bois denses mais qui sont en grande partie défrichées ; il n’est pas rare de trouver des bananeraies au beau milieu d’une forêt primaire, des bas-fonds en exploitation pour la riziculture... J’ai pu observer en une seule journée 4 feux de brousse, signes de tavy (abatis brulis) ; ces feux de brousse visent surtout les bas-fonds mais, incontrôlés, ils se propagent sur les versants qui sont par suite utilisés pour la culture de manioc ou haricot ou bien igname ou encore tarot. Les parcelles obtenues selon ce procédé ne sont cultivées que 3 années successives, au maximum ; il faut ensuite les laisser se régénérer. Les cueilleurs étaient seulement équipés de trois gonys, plutôt sales et défraîchis, l’un servant au transport de la nourriture et des casseroles, et de deux machettes ainsi que d’une hache, pour 2 jours de brousse, dont un jour de cueillette. La cueillette se passe en deux phases, une de prospection où chacun des cueilleurs part d’un côté afin de trouver où sont les lianes ; celles-ci sont plus faciles à repérer par ciel dégagé via la couleur rouge intense des grains. Ensuite, vient le temps de la cueillette, les deux cueilleurs se rejoignent alors. 42 Bien qu’étant un terrain de cueillette « certifié », nous n’y avons trouvé que peu de lianes fructifères. La plupart étaient issues de souches ou d’arbres déjà abattus (et donc cueilli simplement sans endommager la liane ou le tuteur); pour les autres, en hauteur, leur tuteur (d’un diamètre peu élevé) a été abattu à la hache. Une fois cueillies, ces grappes, sans les branches ni les feuilles, sont mises dans le gony (elles passent parfois par les poches voire les chapeaux peu propres des cueilleurs) d‘où elles ne sortiront pas, jusqu’au marché local. Les grains, frais, sont de couleur variée ; même si un grain rouge est considéré de meilleure qualité car plus mâture ; sur le terrain, tout est pris, spécialement si les grappes sont facilement accessibles pour d’autres cueilleurs potentiels (si le tuteur est abattu). Au total, c’est environ un demi gony (aux alentours de 10kg) qui a été cueilli en une journée ; ceci est assez faible selon les acteurs, comparé à l’année 2011 où en une journée un gony (environ 50kg) était remplie ! Les cueilleurs rentrent au village d’Ambongamarina à pied, sous la chaleur du soleil dans notre cas, le gony attaché à une machette et porté tel un baluchon. Etalage la nuit Etant donné notre court passage en brousse, deux jours avant le marché (le mercredi), le poivre est resté en gony ; cependant, lors des longues campagnes (4 – 5 jours), les cueilleurs nous ont confiés qu’ils étalaient le poivre frais, en grappe, sur des gonys la nuit. Ceci permet d’éviter une macération du poivre dans le sac. La veille du marché, le poivre reste toutefois en gony jusqu’au matin (afin d’éviter une perte de poids avant la pesée commerciale). Il est laissé dans la maison des cueilleurs. Transport au marché d'Ambatolampy Le marché où le poivre s’échange est celui d’Ambatolampy pour les cueilleurs d’Ambongamarina. Toujours en gony, il est amené là-bas à pied via une piste reliant les deux villages ; assez proches l’un de l’autre, 25 minutes de marche soutenue les éloignent. Ce marché est assez modeste, moins d’une trentaine d’étals étant présente. Au bout de celui-ci, un collecteur du nom de Roby, venant d’Anjozorobe-centre, achète le poivre sauvage aux différents cueilleurs le lui proposant. Il est le seul. C’est à partir de 8h, après un trajet en bicyclette sur piste avoisinant les 2h30 (4h30 en marchant et en prenant les raccourcis) qu’il commence son activité de collecte, clôturée à 10h30 au plus tard. Il collecte des champignons noirs séchés en parallèle. Pesée des lots Les lots de tsiperifery des cueilleurs, apportés en gonys ou sacs plastiques au collecteur, sont immédiatement pesés par ce dernier. La balance portable semblait bien souvent alléger le poids des ces différents lots. Le poivre est ensuite payé au prix convenu par le collecteur, seul sur ce marché. 43 Assemblage des lots Directement après la pesée, sur le marché, les lots sont déversés sans ménagement par le collecteur Roby dans des gonys lui appartenant. Une fois le sac rempli, il est refermé avec de la ficelle. Le poivre frais en grappe issu de différents collecteurs est donc mélangé. Cet assemblage de lots est fait à partir de poivres de maturités très différentes, tout étant acheté quel que soit l’état ou la qualité apparente Cet assemblage se termine lorsque le collecteur se décide à partir ; il laisse ainsi ses sacs au pied d’un camion, au soleil et durant quelques heures (4h dans notre cas), jusqu’à ce que les gonys soient chargés, sans délicatesse et au fond, avec d’autres marchandises (de tout type : denrées alimentaires mais aussi éventuellement animaux et carburant) et personnes ! Transport à Anjozorobe Ce camion part lorsque le marché se finit, à 15h- 14h30. Les gonys fermés de tsiperifery, au fond du camion, ensevelis sous d’autres sacs, sont transporté vers Anjozorobe via une piste très cabossée. Il fait très chaud dans ce camion, du fait de la chaleur extérieure (un bâche plastique recouvre la remorque ce qui capte beaucoup de chaleur) mais aussi des nombreuses personnes venant s’ajouter aux sacs de denrées alimentaires dans la remorque. Une fois arrivé à Anjozorobe, le poivre est brutalement déchargé. Le collecteur vient par suite récupérer son dû. Stockage une nuit en gony sur le perron de la maison (couvert). Après ce transport, le poivre est stocké dans son gony fermé sur le perron de la maison de Roby. Cette partie de perron est à l’abri de la pluie et des animaux comme, en plus du toit la couvrant, une barrière en barre l’accès. Arrivé vers 17h30, il n’y restera que quelques heures, le taxi-brousse pour Tananarive réservé partant à 4h le lendemain. Transport à Tana, chez Eric Ainsi, durant la nuit, vers 3h du matin, les gonys sont hissées sur le toit du taxi-brousse, sans ménagement. Elles arriveront à Tananarive à 7h30, où elles seront déchargées avec la même délicatesse. 44 A l’aide d’un taxi, les sacs seront amenés dans le quartier d’Analamahitsy, où se trouve le domicile d’Eric Finoana, dirigeant la société Ratolojanahary. Lavage par trempage à l'eau froide dans une bassine Le poivre toujours en grappe est sorti de son gony dés son arrivée chez l'exportateur Eric. Des employés, au nombre de 10, sont chargés de s'occuper du traitement des différents produits de la société. Ainsi, petit lot par petit lot, le tsiperifery est lavé par trempage, à l'eau courante, dans une bassine en plastique et pendant 1 mn. Ceci est un premier moyen de faire le tri entre les grappes et les poussières et branches flottant à la surface. Egrappage en frais (pas toujours fait) Après ce lavage, le poivre est dans certains cas, si la quantité n'est pas trop importante (quelques centaines de kg au maximum) et le personnel disponible, égrappé manuellement, grain par grain. Ainsi un ou plusieurs employés sortent les grappes d'un sac ou panier, les posent sur une vanne en métal puis isolent, minutieusement, la rafle et autres matières étrangères ; elles sont laissées sur le côté, à même une bâche plastique. Les grains sont mis dans un panier. C'est au sein de l'arrière cour d'Eric que cette étape s'effectue, dans un endroit propre et à l'ombre ; le sol y est recouvert d'une bâche. Comme dit précédemment le poivre n'est pas toujours égrappé en frais mais parfois en sec, plus facile de premier abord mais rendant le tri final plus difficile (de nombreuses poussières en résultent). Lorsque le grain est trop mature, le grain se détache de la queue lors de l’égrappage en frais. Séchage au soleil le jour (6 jours) et emballage du poivre dans une bâche la nuit Après le lavage et parfois l'égrappage en frais, le poivre entame l'étape crucial du séchage. La société Ratolojanahary procède en deux temps : la journée, de 7 à 18h, il est étalé sur une bâche plastique, à même le sol, dans la cour d'Eric. Celle-ci est propre. En plus du tsiperifery, d'autres produits sont mis à sécher via ce même procédé. La nuit, le poivre sauvage est emballé dans la bâche sur laquelle il sèche durant la journée et est stocké jusqu'au matin dans une chambre inoccupée de la maison, où on trouve quelques gonys de tsiperifery sec. Le lot observé a séché pendant 6 jours. 45 Triage et égrappage en parallèle Durant cette période de séchage, un triage est fait en parallèle et aussi, lorsque les grains sont suffisamment sec, un égrappage manuel des grains ; les grappes sont frottées les unes aux autres et les grains retombent sur la bâche. Tri post séchage (poivre sec). Lorsque le séchage est jugé terminé, après 7 jours généralement, les employés enlèvent ce qui n'est pas grain de tsiperifery avant de mettre le poivre sauvage en gony. A cette étape, le lot n'est pas entièrement dénué de toute matière étrangère, même s'il en subsiste peu. Stockage en gony Le gony, empli de grains de tsiperifery secs et égrappés, est ensuite placé dans une chambre inoccupée de la maison, la même que celle où le poivre est stocké la nuit durant son séchage. Celle-ci est fraîche et bien aérée. Ce stockage a une durée fonction de la demande. En effet, il s’arrête à partir du moment où une commande est passée. Triage de finition Juste avant l'envoi des commandes, un dernier tri, de finition, est effectué ; il permet d’ôter les derniers débris restants. Un ou plusieurs employés trient manuellement le poivre sauvage via une passoire en plastique puis une vanne. Les grains, issus d'un gony, sont après triage étalés par terre puis remis dans un gony. Le tri s'effectue dans l'arrière cour d'Eric, à l'extérieur et à l'ombre, le sol est recouvert d'une bâche, aucun animal n'a accès à cette zone. Conditionnement Selon la commande, deux types de conditionnement existent à l’export : celui de 30kg, en vrac dans un gony et le second d’ 1kg en petit sachet plastique. 46 Figure 9 : Schéma SDV2 Ratolojanahary de vie observé L’unité de temps correspond à une journée de travail, où les acteurs effectuent des opérations sur le poivre sauvage. Mesures d’humidité du poivre Echantillon 47 II.3. b. d. 1) b. SDV Taf, Z1, voie sèche Cueillette Nous n’avons pas pu suivre les cueilleurs faisant partie de ce SDV. Cependant, nous avons interrogé 8 d’entre eux lors du marché d’Anjiro. Ainsi le poivre sauvage est cueilli deux jours avant le marché en règle générale (parfois la veille). Il est issu des forêts proches des villages d’Ankilotra (à 6 km d’Anjiro et 1,5 km de la forêt) et d’Andasibe (à 2h d’Anjiro et 1-2h de la forêt). Le matériel (machette, gonys) et les méthodes de cueillette sont les mêmes qu’énoncées pour SDV2 Ratolojanahary ci-dessus (cueillette simple, arrachage ou coupe du tuteur) ; le poivre, une fois cueilli, en grappe, ne sort de son gony ou sachet plastique qu’une fois au marché. Le poivre n’était pas le seul produit que ces cueilleurs apportaient au marché. Transport au marché d’Anjiro à pied C’est à pied que les cueilleurs parviennent le samedi matin au marché d’Anjiro, grand et facilement accessible en venant de Tananarive (3h de taxi-brousse). Ceux-ci mettent quelques heures afin de l’atteindre. La chaleur en cette période d’octobre à novembre est forte. Sur ce marché, se trouve un groupe de collecteurs, certains étant associés ; il y a M. Ndrinabé, d’Ambomanatrika, proche d’Andrika et d’Anjiro, ainsi que M.Faly et ses associés, à savoir trois cousins et un frère, accompagnés de leurs femmes. Ces deux collecteurs achètent en plus du poivre sauvage d’autres produits tels que le gingembre, la grenadelle, le champignon noir… Pour ce schéma de vie, nous nous intéressons particulièrement à Faly et ses associés. Pesée du produit Ce sont les associés qui se chargent de la première partie de la collecte. Répartis à différents points du marché, en périphérie, dés 8h, ils vont à la rencontre des cueilleurs. Même s’ils acceptent l’ensemble des poivres proposés, ils ont tout de mêmes des cueilleurs « attitrés » et une fois ceux-ci passés, ils arrêtent la collecte de tsiperifery (aux alentours de 10h). Ce poivre passe par l’étape balance (de poche et peu fiable) avant d’être acheté par les collecteurs. 48 Assemblage des lots Par suite, le poivre sauvage est versé dans un des gonys des collecteurs, qui se remplissent au fur et à mesure de la matinée. Durant le transfert d’un sac à l’autre, peu d’égards sont accordés au produit. Le sac, quant à lui, est laissé au soleil, sans surveillance et ouvert. Les différents associés postés à des endroits variés se rejoignent en fin de collecte pour assembler leurs lots. Au total, ce samedi-là, 18kg ont été achetés à 1800 Ar le kg (un prix plus élevé que le mois précédant, à 1000 Ar, étant donné le peu de ressource pour cette campagne 2012). Transport au collecteur secondaire Les 18 kg de poivre sauvage, comprimés dans un gony fermé, sont amené à Faly, le chef de file. Le lot est séparé en deux (pesée) ; Faly n’en achète qu’une moitié (à 2200 Ar/kg) qu’il emmène à Tananarive ; la seconde est gardée à Anjiro par les associés qui la sècheront. Ainsi, le poivre est équitablement réparti en 2 gonys, fermés. Transport à Tana Notre objectif étant de suivre le SDV menant à Taf, nous avons suivi Faly. Après une attente de 30 mn devant le taxi-brousse devant nous mener à la capitale, le gony de poivre est hissé sur le taxi-brousse, au-dessous de sacs de gingembres et grenadelles ; il y restera 2 h, jusqu’à l’annonce du départ pour Tananarive. Trois heures plus tard, ce gony sera déchargé brutalement à la gare de Tananarive, les porteurs n’hésitant pas à marcher sur les sacs de denrées (NB : Coût du transport = 3000 Ar). Séchage en salle 2,5 jours Le poivre est ensuite transporté vers le magasin de Faly. Dans ce local, à côté de la gare d’Amboujavanga, il est stocké avec l’ensemble des marchandises dont il fait le commerce, 49 et qu’il vend pour le marché local comme aux exportateurs. Poussiéreux et désordonné, mêlant gonys de grenadelles et matériels agricoles, c’est dans cet endroit fait de planches et ne disposant d‘aucune isolation que la première phase du séchage commence. Le collecteur étale le poivre pour 2,5 jours sur une bâche en plastique, à l’intérieur. Séchage au soleil 1,5 jours La deuxième phase du séchage s’effectue à l’extérieur, pendant 1,5 jours; le poivre, toujours en grappe, est séché dans les mêmes conditions (sur une bâche plastique à même le sol) mais au sein du marché de la gare, près de l’étal de Faly (surveillance de ses produits). Egrappage et triage en sec. Lorsque le poivre est jugé sec (l’odeur est forte et quand il y a pressage, le tégument autour de la graine ne part pas), il est égrappé, via un frottement des grappes les unes contre les autres. Un tri est ensuite effectué avant que les grains de tsiperifery ne soient mis en gony ou sac plastique pour son stockage, ceci dépendant de la quantité. Dans notre cas, il s’agit d’un sac plastique, au vue du peu de poivre collecté : des 9 kg frais amenés, il en reste à peine2 kg en sec. Stockage en sachet mis en gony Faly stocke son poivre sauvage sec au magasin ou bien chez lui, dans sa maison tananarivienne, quelques jours, le temps qu’il soit disponible pour l’étape suivante. Lavage Celle-ci consiste à laver le poivre sec par trempage dans une bassine en plastique, chez lui généralement, sa femme l’aidant. Ceci permet d’enlever l’aspect poussiéreux du grain sec. Séchage au soleil 1 jour sur gony et stockage Un second séchage est donc requis suite à ce lavage : étalé sur une bâche comme précédemment, le poivre sauvage sèche en une journée à l’extérieur si les conditions climatiques sont favorables. C’est d’ailleurs pour cette raison que le lavage doit se faire lorsque le ciel est dégagé. Avant que des commandes ne se fassent sentir, le poivre est stocké une nouvelle fois en gony ou sachet plastique. En cas de stockage long, si des moisissures apparaissent 50 particulièrement, les grains peuvent être enduits d’huile, cette substance leur redonnant l’éclat d’autrefois. Vente Selon le SDV initial, aux dires d’acteurs, Faly devait contacter un collecteur, M. Malala, approvisionnant Taf, non seulement en tsiperifery sec mais aussi en curcuma, gingembre… selon sa tradition familiale de collecteurs d’épices pour ce grand distributeur. Cependant, cette année Taf ne s’est pas approvisionné en tsiperifery et Faly n’a pas non plus contacté Malala. Ainsi, le SDV s’est arrêté au niveau de notre collecteur. Il nous a toutefois annoncé vendre son poivre sauvage à des privés mais aussi à un exportateur résidant du côté d’Ivato. La méfiance de Faly à notre égard a nui au bon suivi de ce SDV. Figure 10 : Schéma de SDV2 Taf (correspond à une journée de travail où les acteurs s’occupent du tsiperifery). Mesures d’humidité du poivre 51 II.3. b. d. 1)c. SDV Madépices, Z1, voie sèche La cueillette Le poivre sauvage est cueilli dans les forêts aux alentours de Beparasy (ANNEXE 6) (littéralement « beaucoup de parasites ») renommé depuis Mangarivotra (signifiant « vent bleu »). La cueillette est comprise entre 3 à 5 jours dont 2 jours de déplacements et prospection à proprement parlé. Les cueilleurs rentrent systématiquement le jour précédent le marché, à Beparasy le mardi. Le poivre frais, en grappe, est laissé en gony de la cueillette au transport au marché, mais à l'ombre de préférence. Il n'y a presque jamais d'étalage. Transport au marché de Beparasy et pesée Ainsi, le cueilleur amène son poivre au marché de Beparasy le mardi matin, partant très tôt de son village et y allant à pieds. Le gony du cueilleur contenant le poivre est pesé; le collecteur achète par suite le poivre (1500 à 1700 Ar le kg) qui est transféré vers le gony du collecteur. Cette opération se fait au bord de piste. Il est à noter en effet que le collecteur suivi, Ernest, aidé de ses émissaires, à l’instar de Faly et ses associés, ne se situent pas au sein du marché en lui-même ; ils sont installés à quelques km de celui-ci, sur les pistes menant aux villages près des forêts afin d’intercepter au plus tôt les cueilleurs avant la concurrence (à savoir, le fils de M.Ndrinabé, collecteur proche d’Andrika déjà croisé à Anjiro). Bien organisés, il y a un associé par axe (Nord/ Sud/ Est/ Ouest). Ernest ne collecte que le tsiperifery. Assemblage des lots entre associés Le poivre, pesé et payé au cueilleur et mélangé dans des gonys é avec d’autres lots issus de fournisseurs différents, est transporté à la fin de la collecte au sein du marché de Beparasy. Ernest et ses émissaires se rejoignent afin de mettre en commun leurs achats. L’ensemble du tsiperifery collecté revient à Ernest, en contact avec la société exportatrice MadEpices. Il achète ainsi l’ensemble du poivre sauvage collecté par ses associés. Les gonys sont mis près d’un camion ramenant les marchandises du marché vers Andrika, ville sur la RN2. 52 Transport de Beparasy à Tananarive Le poivre, en gony fermé, bien compressé, est mis dans un camion, après 3 h au soleil, faisant le trajet Beparasy-Andrika en 6h (de 14h à 20h) pour environ 50 km, la piste étant très dégradée. Les gonys sont entassés dans le camion, au fond, sur ceux de riz mais sous d'autres contenant du gingembre par exemple et d'autres partiellement remplies. Il fait très chaud à l'extérieur (environ 30-35°C) mais encore plus dans le camion dont la remorque, remplie de gonys, est seulement recouverte d'une bâche de couleur foncée. C'est un porteur qui se charge de mettre les gonys dans le camion, les balançant à terre. A l’arrivée à Andrika, les gonys restent dans le camion pour la nuit, de 20h à 4h30 (nuit pluvieuse ce jour-là). Les gonys sont ainsi transférées au petit matin sur le toit d’un taxi-brousse allant à Tananarive. Le trajet dure 3h jusqu’à la gare mais se poursuit encore 30 minutes dans une voiture menant les gonys de tsiperifery frais à l’usine MadEpices, située du côté d’Ilafy. Pesée et premier tri Les gonys de poivre sauvage sont pesés dés la réception à MadEpices. Ces gonys sont dans un deuxième temps déversés sur une bâche plastique, à l’extérieur. Commence alors un premier tri, manuel, séparant les feuilles (utilisées pour l’élaboration d’huile essentielle) des grains. Ces grains sont eux-mêmes triés selon leur maturité, reflétée par la couleur qu’ils arborent, et certaines caractéristiques (égrappés ou non). Quatre groupes se forment : les rouge, bien matures et de gros calibre, sont mis de côté pour ensuite aller sur les claies de séchage, les marrons-orangers restent sur bâche, les verts vont dans un seau (et seront mis en saumure après lavage) et les "déjà égrappés" sont isolés puis placés sur claies de séchage. Au fur et à mesure de ce tri, les grains sont étalés sur la bâche. 53 Séchage Et le séchage commence ; le poivre est laissé sur cette bâche (ou claies de séchage) à l’extérieur le jour (de 8h à 17h30 quand le temps s’y prête) mais reste dans le hangar la nuit ou quand il pleut. A l’intérieur il est étalé les premiers jours mais en gony ensuite après 4-5 jours. Au total, le séchage a duré de 9,5 à 13,5 jours (selon le climat). Egrappage En cours de séchage (après 3-4 jours après réception), le tsiperifery est égrappé, à l’extérieur, à même la bâche de séchage. Pour détacher les rafles des grains, les employés frottent les grappes entre elles. Si ce frottement ne suffit pas et qu’ils subsistent quelques grains attachés, ils les ôtent grain par grain. Les rafles sont mises dans une bassine (elles seront utilisées pour faire de l'huile essentielle) et inspectées minutieusement pour enlever tout grain. Ces derniers sont laissés sur la bâche plastique. Ils seront rentrés dans le hangar pendant la nuit. Triage grossier via une claie de séchage Avant le lavage, la veille ou le jour même, le poivre « sec » est grossièrement trié, à l’extérieur. Les grains de poivre sauvage sont mis sur une claie de séchage, secoué par 2 employés, face à face, tirant/poussant en décalé et rapidement. Les corps étrangers légers (poussières, petites branches...) sont expulsés par le haut mais aussi par le bas de la claie de séchage. 54 Lavage Le lavage est une étape qui nécessite des conditions climatiques favorables car, une fois trempé, les grains doivent immédiatement sécher. Tout se passe à l’extérieur. Le poivre est mis dans une grande passoire métallique, elle-même déposée dans une bassine en plastique légèrement plus grande. Les employés remplissent la bassine au jet d'eau, aspergeant au passage le poivre. L'eau est celle du robinet, froide; elle coule sans interruption (le jet d'eau n'est jamais coupé) et ruisselle vers un fossé. Une fois le poivre immergé, les employés le frottent, le mélangent, le remuent et, à l'aide d'une plus petite passoire, enlèvent les matières étrangères ou grains immatures flottant en surface. Ces derniers sont déposés dans une petite bassine sur le côté et seront réutilisées pour l’élaboration d’huile essentielle. Après 5 minutes, la passoire est soulevée, laissant l’eau s’évacuer de cette dernière. Cette passoire, contenant le tsiperifery, est mis dans une seconde bassine remplie d'eau ; le procédé reste le même et le poivre est frotté, agité, remué, débarrassé des matières étrangères en surface via la plus petite passoire. A la fin de ce processus, plus court que le premier, aux alentours de deux minutes, la passoire où se trouve le poivre sauvage est encore une fois soulevée puis transportée vers une bâche plastique. Le poivre y est étalé manuellement. Poursuite séchage 3 à 5 jours (dépend des lots). Le séchage se poursuit pendant quelques jours (alternance jour à l’extérieur et nuit à l’intérieur). Tri minutieux Ce tri de finition s’effectue à l’intérieur, dans le hangar, sur des tables et à l’aide de vannes. Les employés déposent le poivre sur les vannes (de forme circulaire et incurvées) et le lancent en l'air par un mouvement des bras rapide et précis qui permet d’éjecter les poussières du lot mais aussi de répartir les grains selon leur densité. 55 Le poivre est séparé en 4 groupes : grains de petit calibre (ceux qui se trouvent sur le bord de la vanne après vannage) qui sont de qualité inférieure, les grains blancs dépulpés de manière fortuite (mis en cuvette plastique), les grains foncés, noirs et les grains "premium", rouge et de gros calibre. On peut supposer que cette différence de couleur noire/rouge foncée est lié au degré de maturité du grain à l’arrivée en frais ; un grain mature rouge conservera sa couleur alors qu’un grain orange-marron virera noir. Il est aussi trouvé des restes de grappes, poussières et grains sans queues, mis à part. Stockage en bassine et seaux en plastique Après ce tri, le poivre est stocké, en attendant d’être conditionné, en bassine ou en seau en plastique, au niveau du premier étage de l'usine, où sont effectués les divers conditionnements des produits MadEpices. La bassine est recouverte d'un tissu et le seau d'un couvercle plastique. Conditionnement / laissé en vrac pour l’exportation. Le tsiperifery de MadEpices est un produit destiné au marché local ou de l’export. Localement, où il est vendu sous la marque MadEpices, il existe divers conditionnements : la double gaine alimentaire (250/500/1000 grammes), le flacon plastique (60 grammes), l’emballage kraft (100 grammes). Une fois conditionné, le tsiperifery est stocké dans l’arrière salle de l’usine avant sa mise en boutique à Pili-Pili Dock. Pour l’export, il est laissé en vrac et ne se vend pas sous sa marque. Selon le responsable production, la DLC de ces produits atteint les 5 ans. 56 Vente en boutique : acheminement du produit dans différents points de vente. Le tsiperifery et les autres produits de la marque MadEpices, sont vendus au sein des boutiques PIli Pili Dock, sur le marché local. Les prix du poivre sauvage en grain sont de 130 000 Ar le kg (17 000 Ar pour 100 gr, 43 000 Ar pour 250 gr et 70 000 Ar les 500gr) lorsque conditionné dans une double gaine alimentaire. Quand ils sont en flacons, le prix est de 17 500 Ar les 60 gr et de 15 000 Ar en pochette kraft pour 100 gr. En poudre, le poivre se vend 140 000 Ar le kg (75 000 Ar les 500 gr et 38 000 Ar les 250 gr). Les prix du poivre sauvage blanc en grain sont de 150 000 Ar le kg (80 000 Ar les 500 gr et 43 Ar les 250 gr). Il est, avec le combava, le produit-phare de la boutique. Ceci concerne 30% de leur production. Les 70% restants sont vendus à l’export. A l’export, les commandes sont très variables, un client pouvant prendre 300 kg du jour au lendemain et le poivre est vendu de 25 à 28,5 le kg (2011). 57 Afin d’illustrer la méthode des 5M (cf. Méthodologie) utilisée durant ce stage pour décrire les schémas de vie en place, décrivons ce SDV2 MadEpices (Z1) via celle-ci (tableau 3 cidessous). Cueillette Etapes Tableau 3: Description synthétique du SDV2 MadEpices (Z1) selon la méthode des 5M. Jours ap. cueillet te J0 à +2 Matière Méthode Poivre frais, en grappe 3 méthodes : cueillette par abattage du tuteur, par arrachage de la liane ou cueillette simple (à hauteur d'homme ou bien grimpe). 3 à 5 jours de cueillette dont 2 de déplacements et prospection. Les cueilleurs reviennent au village le lundi, avant le marché du mardi. Le poivre est laissé en gony de la cueillette au transport au marché. Il n'y a jamais, ou presque pas, d'étalage. La nuit, il est abrité. Main Maté d’œu riel vre Hache, houe, gony. Cueille urs (villag eois) Milieu Photos Forêts autour de Beparasy (ANNEXE 6) Transport au marché Pistes J+2 à +4 Poivre frais, en grappe Le cueilleur amène, à pied et très tôt le mardi matin, son poivre au marché de Beparasy. Gony Cueille urs (villag eois) 58 Pesée, achat et assemblage des lots Gony Transport de Poivre frais, en grappe J+2 à +4 Poivre frais, en grappe Le poivre, en gony et bien comprimé, est mis dans un camion faisant le trajet Beparasy-Andrika en 6h (de 14h à 20h) pour environ 50 km. Gony, camio n Stockage une nuit J+2 à +4 Le gony de poivre du cueilleur est pesé; le collecteur achète par suite le poivre (1700 Ar le kg) qui est transféré dans son gony. contenant du poivre d'autres cueilleurs. Les collecteurs ne se situent pas au sein du marché en lui-même mais plutôt à quelques km de celui-ci, sur les pistes menant aux villages près des forêts, pour intercepter au plus tôt les cueilleurs avant la concurrencer. Les associés mettent leur poivre en commun. Ernest (collecteur de MadEpices) se balade en vélo d'un point à l'autre, un gony de poivre calée sur son porte-bagage (compression). J+2 à +4 Poivre frais, en grappe Le poivre est laissé en gony dans le camion à son arrivée à Andrika. Gony, camio n Ernest et ses associ és (au moins un par axes N/S/E/ O qui se charge de cueille urs de différe nts village s) Porteu r, chauff eur Lieu de collecte primaire, au bord d’une piste. La place du marché, à l'extérieur. La température est élevée, avoisinant les 30°C. Le temps est très ensoleillé. Les gonys sont entassés dans le camion, au fond, sur ceux de riz mais sous d'autres (de gingembre, champignons…). Il fait très chaud à l'extérieur (environ 30°C) mais encore plus dans le camion : la remorque est remplie de gony et recouverte d'une bâche bleu foncée. Le porteur chargé de mettre les gonys dans le camion, les balance à terre. Les gonys sont à l’intérieur du camion avec d’autres marchandises. 59 Transport à Tana Réception et pesée Premier tri, début de séchage Séchage J+3 à +5 Poivre frais en grappe Les gonys sont sur le toit du taxi brousse au dessus des autres sacs. Le trajet dure 3h, de nuit. Ensuite, le poivre est acheminé vers MadEpices en voiture Les gonys de poivre sont transférés sur le toit du taxibrousse. Arrivés à la gare de Tana, les gonys sont chargés dans une voiture (express) et transportées à Ilafy où se trouve MadEpices. Poivre frais en grappe Les gonys sont réceptionnés à MadEpices et pesés. Gony, balanc e J+3 à +5 Poivre frais en grappe Le poivre est sorti de son gony pour être disposé en tas sur une bâche plastique. Puis, tri manuel séparant les feuilles (pour HE) des grains. Ces grains sont triés selon leur maturité (reflétée par la couleur des grains) et caractéristiques (égrappés, non-égrappés) ; 4 groupes se forment. Les gros grains bien rouge vont sur claies de séchage, les marronsoranges restent sur bâche, les verts vont en seau pour être mis en saumure ensuite et les égrappés" sont isolés pour être mis sur claies de séchage. Au fur et à mesure de ce tri, le tas est étalé sur la bâche. Manu el J+3/+5 à J+8/+10 Le poivre après tri, étalé sur une bâche à même le sol (marron-orange) ou mis sur Poivre frais claies de séchage (rouge), n grappe est mis à sécher, à l'extérieur débarrassés le jour et à l'intérieur (dans de ses le hangar) la nuit ou quand il feuilles et pleut. La nuit, il est d’abord pré-trié étalé puis laissé en gony après quelques jours de séchage. J+3 à +5 Claies de séchag e, bâche plastiq ue, gony. Emplo yés de MadEp ices MadEpices. Emplo yés de MadEp ices MadEpices, à l’extérieur. Tri sur bâches en plastique. Emplo yés de MadEp ices MadEpices : .à l’extérieur sur une bâche plastique /claies de séchage le jour (de 8h à 17h15) et à l'intérieur la nuit, dans le hangar. A partir de3/5 jours environ, le poivre est laissé en gony la nuit. 60 Egrappage Poursuite du séchage Triage grossier Lavage J+7/+10 Poivre en cours de séchage et d'égrappag e Pour détacher les grains des grappes, les femmes frottent les grappes entre elles et les détachent des grappes un par un si le frottement n'a pas suffit. Les grains continuent le séchage et les grappes sont inspectées minutieusement pour enlever tout grain. Ce dernier égrappage est effectué sur des vannes en fibre végétale. Les grappes seront par suite mises en seau pour être transformées en HE Le poivre est laissé sur la bâche plastique le jour pour continuer son séchage. Le temps étant pluvieux (faibles crachins), la bâche est souvent repliée. Les claies de séchage avec le poivre rouge ne sont sorties que plus tard et laissées superposées les unes sur les autres. Le poivre est rentré le soir et stocké en gony ou laissé sur claies de séchage. Manu el, vanne Emplo yés de MadEp ices MadEpices, à l’extérieur, à même la bâche. Bâche plastiq ue, gony, claie de séchag e Emplo yés de MadEp ices MadEpices : à l’extérieur sur bâche ou claies et à l’intérieur dans des gonys ou sur claies. Emplo yés de MadEp ices MadEpices, à l’extérieur. J+7/+10 Poivre égrappé en cours de séchage J+8/J+11 Poivre en cours de séchage égrappé Le poivre est mis une claie de séchage et par un mouvement de tiréepoussée, les poussières et restes de grappes sont expulsées. Claie de séchag e J+9/J+12 Poivre sec en cours de lavage trié grossièrem ent et égrappé. Après lavage : 34% Le poivre est mis dans une grande passoire métallique déposée dans une bassine en plastique légèrement plus grande qui se remplit d’eau (courante); elle coule sans interruption. Une fois le poivre immergé, les femmes le frottent, le remuent puis, Passoi re métalli que, petites passoi res de cuisine , bas- Emplo yés de MadEp ices MadEpices, à l’extérieur 61 Stockage Triage minutieux Poursuite séchage d'humidité J+9/J+12 à J+16/+18 J+16/J+18 X enlèvent à la passoire les matières étrangères flottant en surface (tri). Ces matières étrangères sont mises de côté et seront réutilisées pour les HE. Après 5 mn, les employés soulèvent la passoire pour évacuer l'eau. Elles recommencent les mêmes opérations une deuxième fois durant 2 mn. Le poivre mouillé est transporté dans sa passoire vers une bâche plastique et y est étalé manuellement. sines en plastiq ue, jet d'eau froide Poivre en cours de séchage. 5% d'humidité Le poivre est mis à sécher le jour sur une bâche plastique et est ramassé la nuit (étalé puis en gony). Claies, bâche plastiq ue Poivre sec, égrappé, lavé, trié grossièrem ent Tri du poivre via des vannes métalliques: elles mettent le poivre sur les vannes (de forme circulaire et incurvées) et le lancent en l'air par un mouvement des bras rapide et précis. Le poivre est séparé en 4 groupes : grains de petit calibre (ceux qui se trouvent sur le bord de la vanne après vannage), les grains blancs dépulpés, les grains foncés et les grains "premium", rouge et de gros calibre. Il y aussi une cuvette où sont stockés les restes de grappes, poussières. Poivre sec et trié Le poivre est mis en bassine ou seau plastique. Un tissu ou un couvercle recouvre le produit Bassin e, seau, couver cle, tissu Emplo yés de MadEp ices Extérieur et hangar Emplo yés de MadEp ices Tri dans le hangar sur table Entrepôt MadEpices, premier étage (où Emplo sont effectués les yés de divers MadEp conditionnements des produits ices MadEpices). 62 Conditionnement Stockage Mise en boutique X Poivre sec et trié Conditionnement sous différentes formes : en double gaine alimentaire (250/500/1000 g) en flacon plastique transparent (60 g) ou bien dans du papier kraft (100 g). Il est en partie laissé en vrac pour l'exportation, en seaux et grandes bassines X Poivre sec trié et conditionné Le poivre est laissé dans une pièce, sur des étagères, au fond du hangar. Cette pièce est réservée aux produits conditionnés; ils iront en boutique par la suite, dans les jours ou semaines à venir selon la demande. X Poivre sec trié et conditionné e Le poivre est exposé sur des étagères au sein d'une boutique d'un centre commerciale. Haute gamme. Matéri el de conditi onnem ent, Emplo Pièce de l’entrepôt gaine yés de de MadEpices, à plastiq MadEp l'étage. ue, ices flacons , papier kraft Emplo yés de MadEp ices MadEpices, sur une étagère dans une pièce où sont stockés sous conditionnement les épices. Vende urs de PiliPili Dock Boutique Pili Pili Dock à Tana Water Front 63 Figure 11 : Schéma de SDV2 MadEpices Z1 (Ceci correspond à une journée de travail pour les acteurs s’occupant du tsiperifery). Echantillons Lot 1 Echantillon autre lot Humidité Lot 1 Humidité d’un lot de la Z2 à la même étape 64 II.3. b. d. 1)d. SDV Madépices, Z2, voie sèche La société MadEpices s’est aussi approvisionnée parfois en zone 2 ; un de leur collecteur étant basé à Moramanga et s’approvisionnant aux alentours23. Nous n’avons pu suivre les étapes qu’à partir de la réception à MadEpices. Elles s’avèrent identiques à celles décrites pour le produit de la zone 1. Quelques différences au niveau du temps passé à chaque étapes s’observent, les conditions climatiques ayant été plus favorables pour ce lot ; en effet, le poivre sauvage provenant de la zone 1 a été traité plus tard, courant novembre, période de nombreux crachins ralentissant le séchage et décalant le lavage. Figure 12 : Schéma de SDV2 MadEpices Z2 Ceci correspond à une journée de travail pour les acteurs s’occupant du tsiperifery. 23 Echantillon Lot 1 Echantillon Lot 2 Echantillon Lot 3 Humidité du poivre Aux dires du responsable production. 65 II.3. b. d. 1) e. SDV Rajean, Z2, voie humide Ce SDV est de type voie humide ; c’est le plus complet de ce type que nous ayons pu suivre en pratique. Pour cette voie, il nous a en effet été difficile de suivre et d’échantillonner du produit : la société SOPRAL, principale intéressée par cette voie, n’avait toujours pas commencé sa campagne lors de mon stage. Peut être est-ce en partie lié au fait que Rajean, l’un des plus importants collecteurs de l’axe Moramanga-Anosibe An’Ala, situé au PK35 de cet axe, propose des prix peu attractifs, avoisinant les 700 Ar/kg (les autres collecteurs proposant plutôt des prix au-delà de 1500 Ar/kg). Cueillette Les 2 cueilleurs, Philipson et Jean-Baptiste (venant du village situé au PK33 de l’axe Moramanga-Anosibe An’Ala) approvisionnent Rajean. Ils partent généralement 3 à 4 journées, sans réellement se préoccuper du jour de marché, comme dans les cas précédents. En effet, le poivre sauvage est directement amené chez le collecteur. Dans notre cas, lorsque nous les avons suivis, nous sommes partis pour 3 jours en forêt, dont 1,5 jours de cueillette véritable, du vendredi matin (dés 5h30) au dimanche après-midi (14h). Ils se sont équipés de machettes, hache, nourriture, équipements de cuisine et gonys (3) pour se diriger vers les forêts de l’Ankaï, encore primaires mais entrecoupée de tavys ; un campement, à l'orée de la forêt, au milieu d'une parcelle de tavy, nous a accueilli pour ces 2 nuits. Environ 5h de marche, à travers des chemins et rizières sont nécessaires pour y accéder. Le poivre est mis directement en gony mais passe parfois par le chapeau ou les poches des cueilleurs à la propreté abstraite. Le poivre cueilli le jour est laissé en gony la nuit, suspendu sous un préau à En haut : Prospection de lianes de tsiperifery l'extérieur ; il est protégé des poules et En bas : Traversée d’un tavy pour atteindre une autre partie de la pluie. Il reste en gony, au de la forêt. campement, jusqu'à la fin de la période de cueillette ; un gony par jour a été utilisé pour la cueillette, afin de laisser le poivre sauvage de la cueillette antérieure au campement et ne pas l’altérer (tout est cependant regrouper dans un unique gony à la fin de la cueillette). Seules les grappes sont mises dans le gony, les feuilles et branches sont jetées. 66 En haut : Campement de paysans A droite : Tuteurs et lianes de tsiperifery. Transport au lieu de collecte primaire (pk35) Le tsiperifery est transporté au lieu de collecte primaire, chez le collecteur Rajean, au PK35. Restaurateur et épicier, il est le collecteur le plus connu de la zone et traite avec de nombreuses personnes sur l’axe (cueilleurs, boutiquiers, collecteurs) ; il travaille en famille avec sa femme, son fils, Tiana, et parfois ses frères, Christophe (Moramanga) et Désiré (PK45). Lorsque l’apport en poivre sauvage est faible (moins d’une dizaine de kg), il stocke le poivre en attendant d’autres apports pour entamer le process de séchage. Il l’étale parfois mais peut le laisser en sac, à l’arrière sombre de sa boutique. Poivre sauvage en sachet plastique, cueilli 3 jours auparavant et laissé dans le sachet. Echaudage du poivre Le traitement du poivre à l’échelon du collecteur, débute par l’échaudage. Dans la cuisine du collecteur, de l’eau est mise à chauffer dans une marmite, au feu de bois. Dés qu’elle bout, le poivre est sorti de son sac plastique et déposé dans un filet, mis à tremper dans l'eau proche des 100°C. Le poivre en filet est immergé pendant 5 minutes précisément (chronométrage), tenu à bout de bras dans un premier temps puis fixé à l'aide de bâton par suite24. 24 Ici, la quantité de poivre, n’excédait pas les 2 kg, d’où ce matériel. Lorsqu’il s’agit de grandes quantités (comme en 2011), le tsiperifery est traité par lot de 30 kg. Il est immergé dans grands barils, à l’extérieur et non à l’intérieur du fait de l’agressivité de la vapeur. 67 Après ces 5 minutes, assaini, il est sorti de l'eau et égoutté 5 secondes, le temps de déposer le poivre, sans le filet, dans un sac de jute. L'odeur est forte, la vapeur s'échappant du lot piquant et brûlant les yeux. 18h de fermentation Le sac de jute, contenant désormais le tsiperifery échaudé, est roulé en boule ; il est transporté dans une chambre vide, sombre, fermée et est déposé sur les lattes d'un lit (surélévation afin d’éviter poussière et insectes). Il y reste 18h (de 15h à 9h le lendemain matin), sans que personne n’y touche. Séchage Le poivre « fermenté »25 entame dés lors le séchage, sur une natte en jonc. La journée, la natte, à même le sol, est à l’extérieur, en bord d’une piste où circulent des camions, voiture et motos ainsi que de nombreuses poules et quelques chiens et chats. La nuit, à partir de 17h, ou s'il pleut, le poivre, toujours sur sa natte, est entreposé dans la chambre vide, sur les lattes du lit, où il a déjà fermenté. Trois jours sont nécessaires à son séchage, durée inférieure à la voie sèche. C’est au toucher que le collecteur sait que ses grains sont secs. 25 On parle ici de « fermentation » sans que la nature des réactions mises en œuvre n’ait réellement été étudiée et décrite 68 Egrappage grossier pendant le séchage Après une journée seulement de séchage, la femme de Rajean procède, à un premier égrappage, grossier : les grappes de poivre sont frottées les unes aux autres, les grains tombent, facilement, sur la natte. Tri grossier et vannage Suivant le séchage, un tri grossier, manuellement pour les plus gros débris et à la vanne pour les poussières, est effectué. Selon le client, le tri est plus ou moins minutieux… Ce lot, du fait du peu de quantité initial en frais (moins de 2 kg), nous était entièrement destiné, d’où un tri peut être moins minutieux que s’il avait été à destination d’une société exportatrice, en l’occurrence SOPRAL, comme en 2011. Ainsi, avant l’envoi à SOPRAL, les grains blancs, dépulpés (1/5 environ des grains) étaient éliminés du lot ; ils servaient au restaurant ou étaient éventuellement jeté (assez paradoxal quand on sait qu’ils sont considérés comme qualité premium à MadEpices et vendus plus cher). Tri de lots non-échantillonnés (Emilson Rakotoarisoa et Annaïg Levesque, 2012) 69 Afin d’illustrer la méthode des 5M (cf. Méthodologie) utilisée durant ce stage pour décrire les schémas de vie en place, décrivons ce SDV1 Rajean (Z2) via celle-ci (tableau 4 ci-dessous). Réception et stockage Transport au lieu de collecte primaire Stockage en gony Cueillette Etapes Tableau 4 : Description synthétique du SDV1Rajean (Z2) selon la méthode des 5M. Jours ap. Mati cueill ère ette J0 J0/+2 J+1/+2 J+1/+2 Poivre frais En grappe Poivre frais en grappe Poivre frais en grappe Poivre frais en grappe Méthode 3 jours de cueillette en forêt, du vendredi matin (dés 5h30) au dimanche après-midi, selon 3 méthodes : soit cueillette simple (grimpe ou grappes accessibles à hauteur d'homme), soit arrachage de la liane (grimpe ou de la base), soit abattage du tuteur (le plus pratique et rapide selon les cueilleurs). Les grappes de poivre cueillies sont directement mises en gony mais passe parfois par le chapeau ou les poches des cueilleurs (dont la propreté est loin d'être observée). Les grappes restent dans un même gony jusqu'à la fin de la période de cueillette (la nuit, le gony est en suspension sous un préau dans notre cas). Regroupement des grappes dans un seul gony si possible à la fin de la cueillette. Main Maté d’œu riel vre Hache, houe, gony 2 cueille urs : JeanBaptist e et Philips on Gony Cueille urs Les cueilleurs amènent leur poivre à pied, en gony, du campement au lieu de collecte primaire (ici PK35) au domicile du collecteur Rajean. Gony Cueille urs et collect eur Le collecteur réceptionne le produit et le stocke en attendant l’arrivée d’autres lots (pour traiter l’ensemble en même temps). Ici, 2 jours de stockage. Sachet Collect eur Milieu Photos Forêt encore primaire entrecoupée de tavys. Le campement est juste à l'orée de la forêt, au milieu d'un tavy. Durant ces 3 jours, le temps a été chaud et humide avec des averses durant la nuit Campement aux abords de la forêt, à l'extérieur des cases, sous un préau et en suspension (poules et rats déambulant librement dans le campement). Chemins reliant le campement au lieu de collecte primaire. Le poivre est en gony (sale). Le temps est ensoleillé et la température élevée. Domicile de Rajean, le poivre est laissé 2 jours dans un sachet plastique dans la cuisine, sur une étagère. 70 Echaudage « Fermentation » Séchage Egrappage grossier J+3 Poivre en cours d’écha udage en grappe Le collecteur met de l'eau à chauffer dans une marmite, sur un feu de bois. Dés que l'eau bout, le poivre, dans un filet y est mis à tremper (eau proche des 100°C). Une fois immergée, il y a une baisse de la température de l'eau (elle ne bout plus). Le poivre en filet y Marmi est laissé 5 minutes (chronométré), te, fixé à l'aide de bâton. Il est ensuite filet sorti de l'eau, égoutté 5 secondes et déposé dans un sac de jute. L'odeur est forte et la vapeur s'échappant du lot pique les yeux et le nez. Le filet est retiré et le sac de jute, contenant le poivre, est roulé en boule. J+3 Poivre échau dé en grappe en cours de « ferm entati on » Le poivre dans le sac de jute est transporté dans une chambre vide et sombre et mit en surélévation sur les lattes d'un lit (à cause de possibles attaques d’insectes, rats et poussières). Le poivre est laissé 18h dans la chambre fermée. J+3 à J+6 Poivre échau dé et « ferm enté » Le poivre est mis à séché à l'extérieur durant la journée, sur une natte en jonc à même le sol. Deux bouts de bois sont posés sur les bords de la natte pour éviter qu'elle s'envole en cas de vent trop fort. La nuit (à partir de 17h) ou s'il pleut, le poivre, toujours sur sa natte, est entreposé dans la chambre vide, sur les lattes du lit, où il a déjà fermenté. Il sèche durant 3 jours. J+4 Poivre échau dé et « ferm enté » en cours de séchag e Les grappes de poivre sont frottées les unes aux autres, les grains tombent. Cet égrappage est fait le premier jour de séchage sur la natte en jonc où il est séché. Collect eur et sa femm e Cuisine du collecteur Rajean. Collect eur et sa femm e Chambre vide, sombre et poussiéreuse. Le poivre est sur les lattes d’un lit au matelas replié sur le côté. Natte Collect eur et sa femm e La journée, le poivre est étalé sur une natte à l’extérieur, au bord d’une piste; il n'est pas à l'abri des animaux (chiens, chats et poules particulièrement). Il est étalé sur la natte en chambre vide la nuit ou quand il pleut. Manu el Femm e du collect eur Sur la natte, dans la chambre où le poivre est entreposé la nuit. Sac de jute 71 Tri grossier et vannage Stockage Tri minutieux J+6 A partir de J+6 X Poivre sec égrapp é Poivre sec égrapp é trié grossiè remen t Poivre sec égrapp é en cours de triage Le poivre est mis dans une vanne en fibre végétale. Les matières étrangères sont grossièrement enlevées, à la main, puis le tout est vanné pour éliminer les poussières Le poivre est stocké en sobika. Le poivre est mis dans une vanne en jonc. Il est trié manuellement : les grains blancs sont séparés des grains noirs, les matières étrangères sont enlevées et les poussières éliminées par un vannage. Vanne Femm e du collect eur et emplo yées En intérieur et extérieur Sobika Collect eur A l’intérieur, au fond d’une pièce. Vanne Femm e et emplo yés du collect eur Dans la cuisine du collecteur Envoi à l’exportateur via un taxi brousse (étape non observée). 72 Figure 13: Schéma de SDV1 Rajean Z2 Echantillon Lot 1 Echantillon Lot 2 Echantillon Lot 3 73 II.3. b. d. 1)f. SDV Gm, Z2, voie humide Ce schéma de vie de type voie humide se révèle très peu complet ; nous n’avons pas pu aller au-delà de l’étape de fermentation à cause d’approvisionnements faibles et aussi d’une certaine incompréhension de notre travail par Gérard Menu, le collecteur suivi. (les photographies sont d’Emilson Rakotoarisoa, 2012). Cueillette Le poivre sauvage provient des forêts de Iakato et Manasamana, à environ 35km au sud-est de Moramanga. Les cueilleurs, l’année précédente, passaient de 2 à 7 jours en forêt pour la cueillette du tsiperifery. Cette année, il en a été tout autrement : malgré un paiement à l’avance du collecteur (3000 Ar le kg), le réseau de cueilleurs sur lequel il s’appuyait n’y est pas resté aussi longtemps, à peine une journée (épisodes pluvieux et découragement face au peu de production des lianes). Assemblage des lots et transport à Moramanga Les lots de poivre sauvage sont assemblés au village de Manasemana par un collecteur également cueilleur, en relation directe avec Gérard Menu. Il est mis dans un sachet plastique et amené, par taxi-brousse puis bicyclette, à Moramanga, au domicile de Gérard Menu. Pesée et premier tri grossier Là-bas, le poivre est pesé ; le poids s’avère faible, d’environ 2,5 kg. Après avoir transféré le poivre du sachet plastique dans une vanne, Gérard Menu, à l’extérieur, commence un tri grossier du poivre reçu, lui ôtant les feuilles et matières étrangères (comme des grains de café par exemple). Echaudage Le poivre est, ici aussi, normalement destiné à SOPRAL et donc traité par voie humide, immergé dans de l’eau bouillante pour 5 mn, dans une marmite. La différence est qu’il n’est contenu dans aucun filet ou sachet et que le collecteur n’hésite pas à le remuer. Egoutté via une passoire, il est mis dans un gony ; ce gony est enroulé sur lui-même. 74 Fermentation et vente à un particulier Emballé dans le gony, le poivre sauvage est laissé dans une arrière cuisine avec d'autres produits alimentaires pour quelques heures (de 4 à 6h) ; il est vendu le soir même à un particulier, restaurateur, malgré un séchage, pourtant programmé, non entamé. Figure 14: Schéma de SDV1 GM Z2 Echantillon Lot 1 75 II.3.b.d.2). La base de données Une base de données reprenant l’ensemble des informations dont nous disposons sur les étapes observées a été créée. Dans la mesure où elle était difficilement intégrable à un rapport, j’ai préféré décrire les étapes telles que ci-dessus. HUMIDITE Photos Indicateurs économiques Milieu Main d'Œuvre / Acteur Matériel Méthode Matière Quantité prélevées (en grammes) Date de retour sur Tana (mise au congélateur) Jours additionnels de séchage Date de prélèvement Jour après cueillette Localisation Période N°échantillon et couleur de lot Etapes Figure 15 : Première ligne de la base de données (informations à disposition sur chaque étape d'un SDV) 76 II.4. Autres mesures II.4. a. Caractérisation des zones de cueillette L’observation et la description précise des pratiques post-récoltes a été l’objet principal de mon travail à Madagascar. Toutefois, j’ai profité de ma présence sur les lieux de cueillette dans les forêts de l’Angavo et de l’Ankaï, pour réaliser un certain nombre de mesures qui pourraient s’avérer utiles pour la composante agronomique du projet (domestication de la ressource) ; en effet, la caractérisation de ces zones de cueillette est importante pour déterminer les conditions propices au développement des lianes de poivre sauvage. Forêts de l’Ankaï (photographies d’Emilson Rakotoarisoa et d’Annaïg Levesque, 2012) 77 Forêts de l’Angavo (photographies d’Emilson Rakotoarisoa et d’Annaïg Levesque, 2012) 78 II.4. b. Résultats Le tableau de résultats présenté ci-dessous est une synthèse issue d’une base de données plus complète construite sur les différents lieux de collectes visités au cours de mon stage. Pourcentage d'ombrage Coordonnées GPS Forêt Tableau 4: Résultats de la caractérisation des zones de cueillette Nombre d’arbres (tuteurs inclus) moyen sur un carré de 25m² Nombre de tuteurs moyen sur un carré de 25m² Diamètre des arbres Diamètre des arbres tuteurs (en moyenne par carré) <6,4 cm (slmt tuteur) 31,8 6,4 à 16,0 > à 16,0 à 31,8 47,8 47,8 cm cm cm cm <6,4 cm 6,4 à 16,0 à 50 cm Nombre de liane moyen sur un carré de 25m² nbre par tuteur 16,0 à 31,8 à >47, (/carré 31,8 47,8 8 cm ) cm cm Diamètre en cm (en moyenne) Arbres à Tuteurs à Lianes à l'hectare l'hectare l'hectare S18° 17'51,8'' Z1a E047°55'38,6' ' 56 % 0,67 4,78 1,44 0,11 0,00 0,67 0,30 0,67 0,00 0,00 1,27 2,22 2800 666,7 844,4 S18°16'09,0'' E48°00'34,3'' 28 % 0,33 6,00 3,00 0,00 0,22 0,33 0,50 0,70 0,00 0,22 1,50 2,71 3822,2 755,6 1066,7 0,00 3,50 1,00 0,25 0,00 0,00 0,56 0,50 0,25 0,00 1,55 1,75 1900 550 850 0,25 3,67 0,67 0,42 0,08 0,21 0,54 0,50 0,42 0,08 1,95 5,50 2033,3 733,3 1433,3 0,00 3,11 1,78 0,56 0,33 0,00 0,22 0,55 0,44 0,20 1,57 2,52 2311,1 622,2 977,8 0,25 4,21 65,5 % 1,58 24,5 % 0,27 0,13 4,1 2,0 % % 0,24 15,5 % 0,42 0,58 37,1 % 0,22 14,1 % 0,10 1,57 2,94 2573,33 665,56 1034,44 Z1b S19°11'08,8'' Z2a E047°13'09,9' ' S19°10'57,3'' Z2b E048°13'14,7' ' S19°16'01,1'' Z2c E048°08'14,6' ' Moyenne Pourcentage 88 % 57 % 3,9% 26,9% 6,4% 79 Selon le tableau précédent, les lianes de Tsiperifery pousseraient majoritairement dans des forêts aux arbres de diamètre faible (de 6,4 à 16,0 cm), les tuteurs étant principalement de circonférence contenue entre 6,4 à 31,8 cm. Ces forêts ont une densité de 2573,3 arbres à l’ha. Nos carrés étant effectués autour d’arbres tuteurs, la proportion de ces derniers vis-àvis de la densité de l’ensemble des arbres est biaisée, représentant 26% ; il en va de même pour la densité des lianes à l’ha. Il est trouvé une moyenne de 1,57 liane/tuteur, d’un diamètre moyen de 2,2 cm Tableau 5 : Les espèces tutrices les plus répandues Nom vernaculaire Nom scientifique Nombre d’arbres tuteurs Fréquence Tavolo Lauraceae 7 18,92% Bambou Nastus sp, Poaceae 6 16,22% Mokaranana 6 16,22% Molanga 5 13,51% 4 10,81% Menahihi 3 8,11% Pin Arocaria 3 8,11% Rotra 3 8,11% Volomborana 3 8,11% Hafotra Grewia cuneifolia Juss, Malvaceae Les espèces tutrices les plus répandues sont, sur les terrains observés le tavolo (Lauracea), le bambou (Poaceae) et le mokaranana. 80 Discussion Ce stage a fait ressortir deux types de schémas de vie principaux parmi les nombreux schémas de vie observés ; il y a le schéma de vie voie humide (ou SDV1), avec échaudage avant séchage, et le schéma de vie voie sèche(ou SDV2), sans échaudage avant séchage. A Madagascar, l’intérêt de l’échaudage pour SOPRAL se traduit par moins de moisissures en stockage et un goût différent. Contrairement à la voie sèche cependant, la couleur rouge disparait et laisse place à une couleur noire rendant le lot homogène. On peut s’interroger sur la légitimité de l’appellation « voie sèche » concernant le type de schéma de vie 2. En effet, pour chaque cas de voie sèche observé, les acteurs transformant le poivre effectuent une étape de lavage avant (Société Ratolojahanary, afin de nettoyer les grains à l’arrivée) ou pendant le séchage (MadEpices, M.Faly, pour enlever les dernières impuretés et enlever l’aspect poussiéreux du grain). Pour certains collecteurs, les techniques de transformations ne sont pas maîtrisées (des temps de séchage insuffisants, des stockages trop longs en frais), le matériel n’est pas toujours adapté (marmite de cuisine pour l’échaudage par exemple) et les conditions non favorables à un poivre sauvage de qualité sanitaire optimale (animaux et enfants qui circulent sur les grains, séchage en bord de pistes). Le climat joue un rôle important sur le séchage, celui-ci s’effectuant à l’extérieur. Ces pratiques non-maîtrisées ont encouragé certains exportateurs à mener eux-mêmes, au sein de leur société, un certain nombre d’étapes dont notamment le séchage : ils achètent directement du poivre sauvage frais (cas de MadEpices et de Ratolojanahary). Ce poivre sauvage frais est d’ailleurs, selon la période et les lieux de cueillette, de maturité globale variable. Ceci conduit à l’obtention de grains secs de qualités hétérogènes, visuellement du moins mais à confirmer via les analyses en laboratoire. Cette qualité est définie de manière assez floue selon les acteurs interrogés. Un grain de bonne qualité est caractérisé par sa bonne maturité avec une couleur rouge en frais qui se conserve en sec, un gros calibre et une texture dure (en frais comme en sec). La propreté est un autre critère courant, visuel également, de « bonne qualité ». 81 Perspectives Ce stage a apporté son lot de connaissances sur une filière encore méconnue ; par l’identification des acteurs et la description des procédés post-récoltes mis en œuvre, un état des lieux a été opéré, approfondissant les savoirs sur cette filière encore assez méconnue. Connaître sa structure permet de mieux l'analyser et peut servir à en améliorer l'organisation. L’analyse (biochimique et sensorielle) des échantillons prélevés à différentes étapes de la filière supposées déterminantes pour la « qualité » du voatsiperifery, , permettra de mieux connaître et comprendre l'impact des procédés sur les caractéristiques du poivre sauvage. Ces résultats, ceux de mon stage, et ceux à venir issus des analyses devraient permettre en parallèle - de contribuer à l’amélioration de la filière et de la qualité du tsiperifery malgache tout en préservant la ressource à terme. La facette agronomique visant à la domestication des lianes de poivriers sauvages est un point d'importance pour les deux îles, l'une pour la multiplication de sa ressource peu présente, l'autre pour la préserver de la forêt. En effet, à Madagascar, le déboisement fait rage, et la paupérisation de la population accentuée par la crise politique s'additionnant à l'économique n'améliore pas la situation ; ainsi, plus de 200 000 hectares partent en fumée chaque année. Et la tendance semble s'accélérer, les organismes sensés contrôler la forêt ayant perdu beaucoup de leurs moyens et même de leur prestige en cette (longue) période de crise politique. Recul sur mon travail Durant ce stage, je me suis heurtée à quelques difficultés, la langue étant la première. En effet, bien que le français soit couramment parlé et compris en ville (à Tananarive particulièrement) le malgache (ou malagasy) est la norme en brousse. Ainsi, c'est avec un technicien du Cirad Madagascar, Emilson Rakotoarisoa, que j'ai effectué l'ensemble de mon stage, afin de traduire les propos échangés avec les acteurs rencontrés, mais aussi de m'aider dans mes différentes démarches. L'interprétation de ces entretiens, induit toujours un biais au niveau de la compréhension. Ajouté à cela, la méfiance était parfois de mise lors de nos missions terrains, de nombreux acteurs étant persuadés que nous appartenions aux forces de l'ordre ou bien au service des eaux et forêts. Les agents de ces services étant chargés de les contrôler, il était évident que nous leur apparaissions peu sympathiques ou en tout cas qu’ils n’allaient pas forcément nous divulguer volontiers l’intégralité de leurs pratiques, notamment si elles consistaient à prélever dans des zones protégées Au niveau logistique, beaucoup de temps a été perdu du fait des distances, du mauvais état des routes et des moyens de transport empruntés (marche, taxis-brousses, motos) ; les 82 temps de déplacement et les longueurs d’attente excédant souvent plusieurs heures. Joindre les acteurs n’était pas chose facile non plus. Alors que certains n'avaient pas de réseau, d'autres ne possédaient pas de téléphone portable ; cependant, le fait que ceux qui possédaient un moyen de communication ne refusaient jamais un rendez vous (c’est dans la culture malgache de ne pas dire « non »), sans pouvoir ou en oubliant de se présenter ou sans avoir grand-chose à montrer a également généré de la perte de temps. De plus, il était par moment gênant d'appeler ces acteurs de nombreuses fois par semaine, voire tous les jours, ceux-ci pouvant se sentir harcelés. Concernant le transport des échantillons, la chaleur (ainsi que la longueur du transport) a pu parfois les détériorer. Enfin, l'année 2012 contrairement au deux années précédente, a vu circuler nettement moins de produit (peu d’approvisionnement en poivre sauvage). La campagne a été tardive (morosité du marché dû à de nombreux stocks, àun approvisionnement faible et à une moindre demande) ce qui a retardé le programme initialement établi. Ainsi, ce n'est pas en 3 mois mais 1,5 mois que l'observation en pratique et la prise d'échantillons ont été réalisées. J'ai donc manqué de temps pour pouvoir sereinement suivre l'ensemble des schémas de vie sélectionnés ; il manque ainsi quelques étapes, tant au niveau de la description de visu que du prélèvement, dans les résultats de mon travail. De plus, certaines mesures d'humidité n'ont pu être prises, rendant cette partie quelque peu incomplète. J’ajouterais enfin que les deux zones suivies sont relativement proches l’une de l’autre et que leur démarcation est peu claire à partir de la collecte secondaire. 83 Conclusion Ce stage a été très enrichissant, à tous points de vue, personnel et professionnel, me permettant d'appréhender le monde de la recherche et de découvrir un produit particulier, populaire mais seulement connu par des initiés que ce soit à l'étranger ou à Madagascarmême. Cependant, il a fallu composer avec de nombreuses situations délicates (freinant l’avancée du stage) comme le caractère tardif de la campagne, la morosité du marché, la disponibilités et fiabilité des acteurs... Malgré ceci, nous avons pu observer une multitude de procédés opérés par les acteurs rencontrés dans un travail recentré sur 2 zones de 2 types schémas de vie différents, par voie humide ou voie sèche (Sachant qu'une zone seulement comprenait ces 2 variantes). De part l'engouement suscité par le poivre sauvage et les recherches qui sont actuellement faites sur celui-ci, ce produit est amené à se développer, si la ressource s'avère suffisamment disponible ou si l’on arrive à la domestiquer (le terme sauvage ne serait alors plus approprié). Ce stage est ainsi le début d'un vaste projet ; les analyses qui seront réalisées courant 2013 permettront de préciser les impacts des procédés post-récoltes sur les caractéristiques biochimiques et organoleptiques des grains. L’ analyse sensorielle permettra de mieux déterminer ce qui correspond le mieux aux attentes des utilisateurs/consommateurs ciblés. Ce projet, inspiré par celui du café Bourbon Pointu qui fut un véritable succès, pourra peut être, en plus, souhaitons le générer un développement régional conjoint, entre Madagascar et La Réunion. Trois futurs cueilleurs de Tsiperifery d’Ambongamarina, Annaïg Levesque, 2012 84 Bibliographie Sites Internet http://www cirad.fr http://www FAOStat http://www donnees.banquemondiale.org http://www.wikipedia.org (Bourbon Pointu, Madagascar, La Réunion, Poivre) http://www.academiedespoivres.com http://www.consoglobe.com/epices-mettez-parfum-3054-cg http://rhfcritique.blogspot.com/2008/09/le-poivre-le-roi-des-pices.html http://www.6tastes.fr/pippali/ http://r0.unctad.org/infocomm/francais/epices/prix.htm http://www.detambel.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=26519 http://www lexpansion.lexpress.fr/economie/les-epices-un-marche-vraimentexotique_214622.html http://www.definitions-marketing.com/Definition-Proprietes-organoleptiques http://ensmic.scola.ac-paris.fr/910.htm#Qualhyg http://www.cetri.be/spip.php?article187 http://www.newsmada.com/2011/filiere-poivre-de-madagascar-linternational-peppercommunity-ipc-interessee/ http://www.intracen.org/Les-%C3%A9pices/ http://www.saveursdelile.com/accueil.htm http://www.consoglobe.com/mr-produits-bio_30.html http://www.toildepices.com/wiki/index.php/Poivre http://r0.unctad.org/infocomm/francais/epices/marche.htm http://www linternaute.com 85 http://www.lagazettedgi.com/index.php?option=com_content&view=article&id=15181:social-la-pauperisationest-generale&catid=45:newsflash&Itemid=58 http://www.madagascar-tribune.com/Madagascar-potentiel-membre,17675.html http://www.rfi.fr/sciencefr/articles/100/article_64949.asp http://cop-mfdr-africa-fr.ning.com/profiles/blogs/pauvrete-agriculture-et http://www.larousse.fr/archives/agricole/page/440 http://sopral.net/index.php/fr/ http://www.ctht.org/ http://jacarandas-international.com/ http://www.centre-commercial-tanawaterfront.com/pili-pili-dock-epices-foie-gras-rilletesdecanard/ Mémoires Mémoire QualiREG de Guillaume Touati (ISTOM) : Etat des lieux de la filière du poivre sauvage de Madagascar – Un produit forestier non ligneux exploité pour la commercialisation (2011). Mémoire QualiREG de Mihaja Henintsoa Toejanahary RATSARAEFATRARIVO (Ecole Normale Suupérieure – Université d’Antananarivo: Etude de variabilité spécifique de Piper sp . (Tsiperifery) dans les versants Ouest et Est du corridor Anjozorobe-Angavo et quelques paramètres caractéristiques de qualité des grains secs de cette espèce dite : « poivre sauvage » ou « voatsiperifery » (2011). Mémoire de Harizoly RAZAFIMANDIMBY (Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, département des Eaux et Forêts) : Etudes écologique et ethnobotanique de Tsiperifery (Piper sp) de la forêt de Tsiazompaniry pour une gestion durable (2009). Enquêtes terrain 86 Annexes ANNEXE 1 : CALENDRIER PREVISIONNEL Identification et description des terroirs de cueillette et des circuits des différents lots de poivre sauvage acceptés ou refusés par le marché. - Etude amont de la filière. - Diagrammes avec schémas de vie du produit aux dires des acteurs. - Description de la qualité relative au poivre sauvage perçue par chaque niveau d’acteur - Identification zone 1 - Identification des acteurs pour les schémas de vie retenus pour la zone 1 - Tableau de synthèse répertoriant le nom des acteurs, leur localisation, leur fonction et la destination du produit (lieu et maillon suivant) de la zone 1. 17 août 17 août - Brève description des étapes de chaque schéma de vie mises en œuvre sur le produit pour la zone 1. - Identification zones 2 et 3 - Identification des acteurs pour les schémas de vie retenus pour la zone 2 et la zone 3. - Tableau de synthèse répertoriant le nom des acteurs, leur localisation, leur fonction et la destination du produit (lieu et maillon suivant) des zones 2 & 3. - Brève description des étapes de chaque schéma de vie mises en œuvre sur le produit pour les zones 2 et 3 - Sélection des circuits à étudier. - Rédaction pré-rapport demandé par Montpellier Supagro - Rapport / Tableau expliquant les choix de circuits selon leur accessibilité, leur importance (volume produit), les étapes suivis et leur originalité, la disponibilité des acteurs et la disponibilité du produit. - Carte satellite (googleMaps) des différents circuits empruntés par le produit avec noms des étapes annexées (3 circuits sélectionnés) - PowerPoint de 15 slides avec commentaires. 6 septembre Début octobre 31 août Suivi du produit poivre sauvage au sein de 3 zones différentes dans lesquelles sont observés 3 schémas de vie différents amenant à la mise en marché de poivre de bonne qualité accepté à l’export à haute valeur ajoutée, de poivre de qualité médiocre refusé à l’export, de poivre de qualité intermédiaire. 87 - Description précise des schémas de vie (de la cueillette au conditionnement de mise en marché) des produits pour les circuits de collecte retenus. - Diagramme formalisé des schémas de vie observés. - Description précise sous forme de rapport de chaque étape. - Description sous forme de schémas de chaque étape (/ photomontage). - Guides d’entretien et leur synthèse sous forme de rapport. Zone 1/2/3 : Du 8 septembre au 29 septembre. Du 8 octobre au 26 octobre Du 5 novembre au 23 novembre Travail d’échantillonnage et d’acheminement/conservation/importation de ces échantillons. - Prélèvements d’échantillons après chaque vécu qui apriori impacte les caractéristiques du produit. -Acheminement des échantillons du lieu de prélèvement en brousse au lieu de conservation au Cirad de Tananarive -Conservation des échantillons à Madagascar dans un congélateur à -80 °C. Echantillons prélevés et mis en sachets avec coordonnées GPS et date et lieux inscrits avec une note l’accompagnant décrivant la situation dans le circuit et commentaires (mélange, conditions spéciales…).26 - Les échantillons prélevés ci-dessus : ils seront acheminés par Annaïg Levesque et/ou Emilson Rakotoarisoa chaque fin de semaine aux locaux du Cirad Madagascar à Tananarive27. Après chaque vécu. Les échantillons prélevés ci-dessus sans le silicagel. Du 8 septembre au 24 novembre Chaque fin de semaine à partir de la semaine du 8 septembre au 24 novembre - Importation des échantillons à la Réunion et mise immédiate au congélateur. Analyses des échantillons - Réalisation aux analyses dans les locaux du Cirad La Réunion. Rapport d’analyses Rapport de stage 14 décembre -Rédaction du rapport de stage. 26 Double conditionnement dans des sacs plastiques = 1er sachet perforé avec silicagel contenu dans un sachet plus grand contenant les 150 g de poivre sauvage. Triple étiquetage : au marqueur sur le sachet 1 et 2, sur une étiquette dans le sachet et sur le sachet. Contenant le poivre. Manipulation pour le stockage à Tana = retrait du sachet de silicagel et mise dans le congélateur du sachet avec les 150 gr de poivre. 27 Transport le vendredi sur Tananarive (entreposage dans de bonnes conditions de séchage des échantillons par une tierce-personne avant l’acheminement si l’étape se termine avant la fin de la semaine). 88 ANNEXE 2 : LES PROTOCOLES Protocole pour prélèvement d’échantillons en vue d’analyses ultérieures à La Réunion 2.1 Prélèvement d’échantillons à chaque étape du schéma de vie étudié Des prélèvements d’échantillons (500g par échantillon) seront réalisés à toutes les étapes de chaque schéma de vie étudié dans le but d’analyses ultérieures. On envisage d’avoir 9 objets de recherche (3 zones comprenant chacune 3 SDV). Dans le cas d’un prélèvement proche (jour J) d’un retour sur Tananarive, les échantillons sont simplement identifiés et conditionnés selon 2.2. Dans le cas d’un prélèvement éloigné d’un retour sur Tananarive (Jour J – 1 ou plus : une étape à laquelle on souhaite prélever se termine le lundi alors que l’on rentre sur Tana le vendredi par exemple), les échantillons seront mis à sécher jusqu’au moment du retour. Ils peuvent être confiés pour ce travail (séchage) à une personne du village. Les échantillons peuvent se présenter en grappes ou en grains selon le niveau du SDV où ils sont prélevés. 2.2 Identification et conditionnement des échantillons Ils seront identifiés précisément (triple marquage : une inscription sur le sachet, une étiquette collée sur le sachet et une étiquette dans le sachet) et conditionnés dans un sachet plastique zippé dans lequel est ajouté un deuxième sachet zippé perforé contenant du silicagel. Les coordonnées GPS des lieux de prélèvement des échantillons seront notées. L’identification de l’échantillon permettra de le rattacher à la description précise des situations/conditions et opérations subies. 2.3 Acheminement des échantillons du lieu de prélèvement en brousse au lieu de conservation au Cirad à Tananarive Les échantillons, convenablement conditionnés et identifiés seront transportés avec soin rapportés dans la journée au laboratoire du Cirad à Tananarive et mis au congélateur immédiatement. Protocole pour prélèvement échantillons V5 Page 2 sur 2 89 2.4. Conservation des échantillons à Madagascar Le sachet contenant le silicagel est retiré et l’échantillon contenant le poivre est refermé et mis au congélateur à – 80°C. Le silicagel est récupéré et mis à sécher à l’étuve pour pouvoir ensuite être réutilisé. 2.5. Importation et conservation des échantillons à La Réunion Le poivre sec et le poivre congelé ne sont pas soumis à autorisation d’importation. Les échantillons seront rapportés à La Réunion par voie aérienne. Les échantillons congelés sont placés dans une glacière dans laquelle sont mis des pains de glaces, des accumulateurs de froid ou encore de la carboglace afin d’assurer la chaine du froid. A la sortie de l’avion les échantillons congelés seront rapportés immédiatement à la MRST pour être conservés au congélateur à -80°C. 2.6. Importation et conservation des échantillons à La Réunion L’identification de l’échantillon permettra de le rattacher à la description précise des situations/conditions et opérations subies. Chaque échantillon sera identifié sous 3 formes différentes : - un marquage au marqueur à même le sachet. - une étiquette collée sur la face externe du sachet. - une étiquette glissée dans le sachet. Sur ces étiquettes, seront indiqués : - la zone étudiée : 1, 2 ou 3. - le schéma de vie identifié : C1, C2 ou C3. - la date de prélèvement dd/mm (dans la base de données, indiquer la date de retour sur Tana correspondante, la description du climat du jour …). - un chiffre auquel correspondra dans la base de données : -le lieu de prélèvement avec coordonnées GPS précises). - l’étape sur le schéma de vie - les acteurs concernés : acteur et rôle Protocole de mesure du taux d’humidité du poivre sauvage en grain 1. Objectif Il s’agit d’avoir une idée du degré de séchage du poivre le long du schéma de vie 2. Protocole 2.1. Prélèvements terrain Sur un même schéma de vie, prélever au moment le plus proche possible du retour sur Tananarive (24h au max entre prélèvement et mise à l’étuve pour les échantillons frais ou 90 humides), des échantillons permettant d’avoir environ 10g de grains à différentes étapes du schéma de vie. Ces échantillons seront identifiés précisément (triple marquage : une inscription sur le sachet, une étiquette collée sur le sachet et une étiquette dans le sachet) et conditionnés dans un sachet plastique que l’on laisse ouvert lorsque c’est possible. Les coordonnées GPS des lieux de prélèvement des échantillons seront notées. L’identification de l’échantillon permettra de le rattacher à la description précise des situations/conditions et opérations subies. 2.2. Lots à prélever En fonction des schémas de vie recensés, identifier 4 ou 5 étapes principales pour réaliser les prélèvements qui permettront d’obtenir 10 grammes de grains environ. (exemple non représentatif juste pour montrer un possible) 1-produit frais cueilli dans les 24 heures, 2- produit frais cueillette après 2 à 5 jours 3- produit sec (séchage niveau collecteur 1 après x jours,) 4-produit sec (séchage au niveau collecteur 2 après y jours) 5- produit séché par exportateur/distributeur Les 4 ou 5 échantillons seront prélevés dans chaque zone (3 identifiées) et les prélèvements répétés 3 fois à 2 ou 3 semaines d'intervalle pour obtenir non pas un taux d'hygrométrie mais une plage d'hygrométrie par stade et par zone. 2.3. Acheminement des échantillons du lieu de prélèvement au Labo à Tananarive Les échantillons, convenablement conditionnés et identifiés seront transportés avec soin puis rapportés dans la journée (si possible) au laboratoire du Cirad à Tananarive. 2.4. Mesure du taux l’humidité à l’étuve et expression des résultats La tare doit être faite avec la coupelle de pesée. L’échantillon (5 g de poivre en grain) est mis dans un récipient prévu à cet effet (coupelle aluminium) puis placé dans une étuve à 75°C pendant environ 48 heures (on considère le séchage terminé lorsque l’échantillon perd moins de 2% de son poids après deux pesées successives espacées de 3h). On répète deux fois la mesure. Le résultat est exprimé de la façon suivante : Soit M1 la masse de départ et M2 la masse obtenue après séchage. Le taux d’humidité en % est donné par la formule suivante : (M1 – M2) x 100 / M1 On calcule la moyenne des deux échantillons Protocole pour description précise des zones de cueillette Mesure du degré d’ombrage pour une surface donnée Il s’agit de mesurer l’ombrage (25, 50, 75 ou 100% du sol ombragé) sur une surface de 25 m2 (5 x 5 m) autour du tuteur de la liane collectée. La mesure – qui pourra être répétée 5 à 10 fois (idéalement) selon le nombre de lianes récoltées et le temps dont on dispose - devra être faite par temps ensoleillé, entre 10h et 14h. Une moyenne est calculée afin de donner un degré d’ombrage moyen de la zone collectée. 91 Mesure de la densité de la forêt et de la circonférence des arbres Il s’agit de compter sur une surface de 25 m2 (5 x 5 m) autour du tuteur de la liane collectée le nombre d’arbres selon leur circonférence (nombre d’arbres dont la circonférence est comprise entre 20 et 50cm, entre 51 et 100 cm, entre 101 et 150 cm et supérieurs à 151 cm) mesurée à 1m30 du sol. Les arbustes (moins de 3m de haut) ne sont pas comptabilisés. La mesure devra être répétée 5 à 10 fois (idéalement) selon le nombre de lianes récoltées et le temps dont on dispose. On calcule le nombre moyen d’arbres compris dans chaque « intervalle de circonférence » pour une surface de 25m2. Proportion et circonférence des tuteurs On précisera le nombre de tuteurs (de lianes de poivriers sauvages) et leur circonférence (mesurée à 1m30 du sol) parmi les arbres que l’on a comptabilisés et dont on a mesurés la circonférence ci-dessus. Identification des espèces tutrices On tentera d’identifier (noms latins et/ou noms vernaculaires) les espèces tutrices (dans les carrés de 25m2 définis). Mesure du diamètre des lianes Les diamètres des lianes (dont on a comptabilisé les tuteurs) seront mesurés à 1m30 du sol avec un pied à coulisse (dans les carrés de 25m2 définis). 92 En Zone 1 (voie sèche) ANNEXE 3 : COMPILATION DES SDV. 93 En Zone 2 (voie sèche et voie humide) 94 En Zone 3 (voie sèche et voie humide) 95 ANNEXE 4 : TABLEAU DE SELECTION DES SCHEMAS DE VIE Zone d'étude Z2 Z2 SDV connu et viable SDV1 GM Type Acteurs suivis Collecteur secondaire principal Moramanga Georges SOPRAL Tamatave Tiana/Rajean Exportateur Collecteur primaire et secondaire principal Exportateur SOPRAL? Exportateur Tamatave Collecteur de Moramanga Voie sèche, lavage grains secs SDV2 MadEpices Lechat MadEpices Collecteur principal Moramanga Exportateur Tananarive SDV 2 Ndri Soa et Jean de Dieu Cueilleur SDV 2 Ndri Ndrinabé / Tina Collecteur primaire principal Ambelohasana Ambohidronono / Andrika/Tananarive SDV1 GM SDV1 Rajean Voie humide Voie humide SDV2 MadEpices Z1 Z1 SDV2 MadEpices SDV 2 Eric Z1 SDV 2 Eric SDV 2 Eric SDV2 Faly SDV2 Faly Z1 Localisation Gérard Menu et ses cueilleurs SDV1 Rajean Z2 Fonction SDV2 Faly SDV2 Faly SDV2 Faly Voie sèche, lavage Ernest, collecteur de Beparasy grains secs Lechat MadEpices Zafa et Roby cueilleur Voie sèche, lavage Roby collecteur grains frais Eric, Ratolojanahary Export Dadevo (collecteur 1) Charlot, Denis, Rivo Voie sèche, lavage Fally (collecteurs 2) grains secs Malala (collecteur 3) Les frères Taloumis, TAF Collecteur primaire et secondaire principal Exportateur Cueilleur Anosibe An'Ala Beparasy Tananarive Ambongamarina Collecteur primaire Exportateur Collecteur primaire Collecteurs primaires Anjozorobe Tananarive Andrika Collecteur secondaire principal Collecteur tertiaire principal Exportateur Tananarive Tananarive Suivi en pratique préconisé Observation et échantillon Observation et échantillon Observation et échantillon X Observation et échantillon Observation Anjiro Observation Tananarive 96 ANNEXE 5: PRIX DE VENTE AU KG LE LONG DE LA FILIERE (ECHELLE DE PRIX). 97 ANNEXE 6 : FORETS DE BEPARASY 98