Une ère noUvelle poUr la répartition tactiqUe des actifs
Transcription
Une ère noUvelle poUr la répartition tactiqUe des actifs
Une ère nouvelle pour la répartition tactique des actifs par Tom Dodd, CFA, CAIA, FSA, VP principal Services-conseils, Amérique du Nord Pavilion Groupe ConseilsMC Depuis la crise financière, beaucoup de changements ont bouleversé le paysage de l’investissement institutionnel, l’un des plus intrigants étant l’ouverture des investisseurs institutionnels aux stratégies de répartition tactique des actifs qu’ils sont maintenant prêts à envisager et à adopter. Depuis l’élaboration des pratiques actuelles de gouvernance des investissements institutionnels, qui a commencé au milieu des années 1970, la répartition tactique des actifs était frappée d’anathème pour les investisseurs. Mais, depuis 2008, nous constatons un changement subtil, mais perceptible, dans les attitudes des investisseurs à l’égard des approches tactiques. Cet article (1) définit les stratégies de répartition tactique des actifs, (2) examine les pratiques de répartition des actifs d’avant 2008, (3) discute des facteurs qui conduisent les investisseurs à envisager un changement et (4) explique comment mettre en œuvre des stratégies de répartition tactique. Définition de la répartition tactique des actifs Chaque investisseur a sa propre définition de la répartition tactique des actifs. Pour clarifier la question, nous pourrions peut-être comparer la répartition tactique des actifs à ce qu’elle n’est pas, à savoir une répartition stratégique des actifs. La répartition stratégique consiste à fixer des objectifs de répartition des actifs à long terme (la méthodologie détaillée déborde du cadre de cet article) et les actifs sont systématiquement rééquilibrés pour respecter cette cible au fil du temps. Deux mots dans cette définition sont déterminants et distinguent la répartition stratégique de la répartition tactique des actifs : long terme et systématiquement. Le long terme, ici, représente un horizon de trois à cinq ans. La gestion est systématique en ce que la technique de rééquilibrage repose sur des règles qui sont mises en application uniformément, quel que soit l’état du marché. Il peut y avoir différentes gradations de répartition tactique des actifs, à commencer par une approche qui n’est que légèrement différente de la répartition stratégique jusqu’à une approche qui s’apparente à une tentative de prédire la direction du marché (market timing). Niveau 1 Dans une répartition tactique des actifs de niveau 1, l’investisseur se fixe un objectif de répartition à long terme, comme dans la répartition stratégique. Le niveau 1 se distingue de la répartition stratégique par l’absence de rééquilibrage systématique. Dans la plupart des cas, le portefeuille prévoit pour chaque catégorie d’actifs une fourchette d’allocation d’actifs associée à l’objectif. Ces fourchettes peuvent être étroites, par exemple plus ou moins cinq points de pourcentage de l’objectif. L’investisseur se forme habituellement une opinion sur les catégories d’actifs qui sont sous-évaluées ou surévaluées. Mais les surpondérations ou sous-pondérations des catégories peuvent se produire du fait de l’appréciation ou de la dépréciation des actifs par rapport à d’autres catégories d’actifs. Ces surpondérations ou souspondérations des catégories d’actifs peuvent être accrues à la suite de décisions de l’investisseur sur les flux 2 Répartition d’actifs: Stratégique ou tactique? Maintien strict de la répartition d’actifs à long terme Petites fourchettes cibles de répartition d’actifs Larges fourchettes cibles de répartition d’actifs Absence de cible et de fourchette Rééquilibrage systématique réglementé Biais du marché implémenté passsivement autour des cibles Biais du marché implémenté activement autour des cibles Biais du marché implémenté activement Répartition stratégique Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 des actifs Répartition tactique des actifs de trésorerie. Par exemple, si l’investisseur croit que les actions des sociétés à grande capitalisation sont sousévaluées, il peut affecter les cotisations au portefeuille à ces actions-là. Ce qui distingue le niveau 1, c’est que les paris tactiques sont mis en application de manière plus passive que dans les niveaux 2 et 3. Le rééquilibrage a lieu quand l’investisseur change d’avis sur la valorisation d’une catégorie d’actifs ou quand une catégorie d’actifs se rapproche des limites de sa fourchette. La distinction cruciale entre une répartition tactique de niveau 1 et une répartition stratégique des actifs est que l’investisseur a une opinion sur le marché qui influence la pondération de cette catégorie d’actifs dans le portefeuille. Mais, dans une situation de niveau 1, les surpondérations ou sous-pondérations de la catégorie d’actifs ne sont jamais importantes et sont limitées par l’étroitesse des fourchettes des catégories d’actifs. Niveau 2 La répartition tactique des actifs de niveau 2 est similaire à celle de niveau 1 à deux exceptions près : les fourchettes des actifs sont plus larges que dans le niveau 1, par exemple plus ou moins 10 points de pourcentage ou plus, et les surpondérations et sous-pondérations des catégories d’actifs sont accrues par des décisions de rééquilibrage actives prises par l’investisseur. Par exemple, si l’investisseur croit que les actions de sociétés à grande capitalisation sont sous-évaluées et que celles des sociétés à petite capitalisation sont surévaluées, il fera passer des actifs des petites sociétés vers les grandes. Dans le niveau 1, les surpondérations et sous-pondérations ont été atteintes d’une manière plus passive. Comme pour le niveau 1, le rééquilibrage a lieu quand l’investisseur change d’opinion au sujet du marché ou quand les catégories d’actifs de rapprochent des limites de leurs fourchettes cibles. Niveau 3 La répartition tactique des actifs de niveau 3 est la moins limitée des trois. Il peut ne pas y avoir d’objectifs de catégorie d’actifs et les fourchettes des catégories peuvent être très larges. L’investisseur a une opinion très forte concernant les valorisations relatives des catégories d’actifs et ne modifie leurs pondérations que lorsqu’il change d’opinion sur le marché. Comme il n’y a pas d’objectifs de répartition des actifs à long terme, aucun rééquilibrage n’a lieu. La répartition tactique des actifs de niveau 3 est étroitement associée à la phase la plus décriée : la tentative de prédiction de l’orientation du marché (market timing). J’ai créé trois niveaux de répartition tactique des actifs pour tenter de donner une définition. Dans la pratique, les investisseurs mettent en œuvre diverses formes de répartition tactique des actifs qui s’échelonnent le long d’un continuum marquée par un activisme croissant des investisseurs et une diminution de la volonté de se laisser contraindre par des objectifs de répartition des actifs. 3 Pratiques de répartition des actifs avant 2008 Depuis le milieu des années 1970, où les pratiques de gouvernance institutionnelles ont commencé à évoluer, la plupart des investisseurs institutionnels utilisent la répartition stratégique des actifs ou sa proche parente, la répartition tactique des actifs de niveau 1. Les investisseurs ont évolué dans cette direction pour plusieurs raisons. La première est la conviction que les techniques de répartition tactique des actifs sont infructueuses. Les investisseurs ne croyaient tout simplement pas qu’il était possible de prédire régulièrement et avec justesse l’orientation du marché. Ils ne faisaient pas de distinction entre les différents niveaux de répartition tactique des actifs... tous représentaient pour eux une tentative de prédire la direction du marché. Deuxièmement, la répartition tactique des actifs nécessite que quelqu’un ait une opinion et les investisseurs ne savaient pas trop à qui se fier pour cette opinion ni comment s’en servir. Devant ces obstacles, les investisseurs trouvaient la répartition stratégique des actifs ou le niveau 1 de la répartition tactique plus facile à utiliser. Beaucoup ont adopté l’approche du niveau 1 parce qu’ils avaient une opinion sur le marché et que ce niveau leur permettait d’exprimer cette opinion de manière furtive puisque personne ne prenait activement de paris sur la répartition des actifs. Pour quoi les investisseurs approches tactiques ? reviennent-ils aux À l’issue de la crise financière de 2008, voyant la futilité du rééquilibrage sur un marché en chute libre, beaucoup d’investisseurs ont commencé à remettre en question leur opposition de longue date à la répartition tactique des actifs. À mesure que la valeur des actions baissait, l’approche de répartition stratégique obligeait les investisseurs à augmenter leurs positions en actions pour maintenir leur répartition cible, simplement pour voir fondre leurs nouvelles positions à mesure que les marchés continuaient de dégringoler. Voyant que la technique de rééquilibrage fondée sur une règle était inadaptée sur des marchés à la fois en repli rapide et très volatils, les investisseurs comprirent qu’il était peut-être possible de se former une opinion sur le marché et de l’incorporer efficacement dans l’approche de leur répartition des actifs. Ce changement d’optique s’est manifesté à travers la popularité croissante des fonds de répartition tactique des actifs après 2008. Peu d’investisseurs s’en remettent à un gestionnaire tactique pour l’ensemble de leur portefeuille, mais ils sont de plus en plus nombreux à le faire pour une partie. De plus, les investisseurs savent aujourd’hui faire la distinction entre le placement en fonction d’une prédiction pure et simple de la direction du marché (market timing) et les formes moins extrêmes de la répartition tactique des actifs, comme celle du niveau 2. Cependant, maintenant que davantage d’investisseurs reconnaissent l’efficacité des approches tactiques, il reste d’importants obstacles en matière de gouvernance concernant l’origine des opinions sur le marché et leur exploitation. La mise en œuvre d’une approche tactique Dans un cadre de gestion d’actifs institutionnel, quatre groupes sont en mesure d’élaborer et de mettre en œuvre une répartition tactique des actifs : le comité des placements, la direction (habituellement les chefs des finances ou des placements ou le trésorier), un conseiller en investissement ou un gestionnaire de placements. Dans la sélection du groupe le mieux placé pour élaborer et mettre en œuvre la répartition tactique, il faut mettre dans la balance trois facteurs : • Ressources : le groupe dispose des ressources nécessaires pour se former une opinion sur le marché englobant tous les marchés y compris ceux des actions et des titres à revenu fixe traditionnels ainsi que les placements non traditionnels. • Expérience : le groupe formule des opinions sur le marché depuis longtemps. • Performance : le groupe a des antécédents reconnus de mise en application couronnée de succès dans un cadre tactique. Sur la base de ces trois facteurs, il semble que les conseillers en investissement ou certains gestionnaires de placements –, ceux qui ont une expérience de la répartition tactique des actifs –, soient le mieux placés pour élaborer et mettre en œuvre une approche tactique. La plupart des investisseurs, et par extension, les comités des placements ou les directions, ne disposent pas des ressources exclusives nécessaires pour formuler de manière cohérente cette opinion globale sur le marché. 4 Une fois que le groupe a été choisi, il appartient à l’investisseur de prendre la décision finale. Avant la mise en œuvre, la stratégie tactique doit-elle être examinée ou autorisée par l’investisseur ? Autrement dit, le groupe qui élabore et met en œuvre l’approche tactique a-t-il le pouvoir de prendre des décisions d’investissement ? Si l’approche doit-être examinée ou autorisée, qui procède à l’examen et donne le feu vert au nom de l’investisseur ? Le succès de l’approche tactique dépend jusqu’à un certain point du choix du moment propice. Moins l’approche comprend de contraintes, plus le choix du moment et la rapidité d’intervention deviennent cruciaux. Un processus de révision ou d’autorisation pourrait ralentir la mise en application. La révision ou l’autorisation par un comité des placements présente des difficultés. Les comités ne se réunissent pas assez fréquemment et n’auraient pas le sentiment de disposer d’une connaissance suffisante pour procéder à un examen adéquat. Si une révision ou une autorisation font partie du processus, il peut être utile de déléguer ce pouvoir à une seule personne. La personne la mieux placée serait le chef des placements ou un équivalent. Cependant, pour peu que l’approche tactique et les lignes directrices écrites soient clairement formulées dès le départ, l’option discrétionnaire semble la plus efficace. Dans le modèle discrétionnaire, l’efficacité de la communication entre le conseiller en investissement ou le gestionnaire de placements et l’investisseur est cruciale. Le conseiller ou le gestionnaire exprime son opinion sur le marché et parallèlement, communique les décisions à l’investisseur. Conclusion De plus en plus d’investisseurs envisagent et mettent en œuvre des approches de répartition tactique des actifs depuis la crise financière. Les conseillers en investissement et certains gestionnaires de placements peuvent être le mieux placés pour mettre ces approches en application. Comme une certaine rapidité d’intervention et le choix du moment peuvent être cruciaux pour le succès de cette approche, la révision des pratiques de gouvernance pour assurer un processus de décision en comité efficace ou l’attribution d’un pouvoir discrétionnaire au conseiller en investissement ou au gestionnaire de placements peut améliorer l’efficacité. Pour tous tous commentaires ou questions concernant cet article, contactez: Thomas H. Dodd, CFA, CAIA, FSA VP principal Services-conseils, Amérique du Nord AVERTISSEMENT: Cet article a été préparé pour des investisseurs accrédités et sophistiqués seulement et sans égard à la situation d’un individu. Il ne doit pas être interprété comme une sollicitation, une offre ou une recommandation d’investissement pour acheter, vendre ou détenir des titres. Tous rendements illustrés représentent les performances simulées et ne sont pas nécessairement représentatifs des résultats futurs, qui différeront. Les opinions, informations, estimations et projections, ainsi que tout autre matériel présenté dans ce document sont basés sur les informations disponibles au moment de l’écriture et sont sujets à changement sans préavis. Certaines des opinions, informations, estimations et projections, ainsi que tout autre matériel présenté dans ce document, proviennent de plusieurs sources et bien que nous ayons fait des efforts raisonnables afin de nous assurer que ces informations soient fiables, complètes et véridiques, nous n’avons pas effectué de vérification indépendante et n’apportons aucune garantie. Nous déclinons toute responsabilité pour toute erreur ou omissions qui pourraient être contenues dans ce document et n’acceptons aucune responsabilité pour toute perte découlant de l’utilisation de ce document ou de son contenu. © 2014 Pavilion Groupe Conseils Ltée. Tous droits réservés. Cette publication ne peut être distribuée ou copiée sans le consentement écrit préalable de Pavilion Groupe Conseils Ltée.