PAGE 8 LES REFUGIES ESPAGNOLS à Béni-Saf - notre beni-saf

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PAGE 8 LES REFUGIES ESPAGNOLS à Béni-Saf - notre beni-saf
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Les réfugiés espagnols à Beni-Saf
Autour d’Angélina «poing levé» du bras gauche et serrant sa poupée du bras droit, Isabelle
(Bébelle), Renée, Marinette
Les trois sœurs Yvañes
Témoignage d’Adélaïde épouse
d’Ali Sayah :
« Je suis née à Tétouan, j’avais 8 ans
quand éclate la guerre d’Espagne,
mon père était un espagnol de confession musulmane, ma mère était née à
Malaga ; devant l’avance de Franco,
aidée par un ami franc-maçon suisse,
ma famille se réfugie à Barcelone. »
En 1937, pour fuir les bombardements
de Barcelone, les enfants sont évacués en Algérie, à Oran, placés dans
des familles à Beni-Saf
« je suis recueillie dans une famille de
mineur, celle de Maria Ros, et ma sœur
Jénia est hébergée chez Emilie
Gonzales la sœur du maire qui veillera
sur nos devoirs jusqu’en 1939 »
En septembre 1939, la deuxième
guerre mondiale éclate «en juin 1940
nous retrouvons nos parents à Nantes
où ils sont réfugiés et où mon père a
trouvé du travail dans une laiterie »
Mais en 1941 les allemands occupent
Nantes, la famille repart pour Marseille,
pensant
embarquer
pour
les
Amériques en fait ils arriveront à BeniSaf !
«mon père ne pourra pas travailler
pendant la guerre, ma mère trouvera
un emploi dans une usine, mes
parents resteront à Beni-Saf jusqu’en
1950, mes sœurs, mon frère, mes
parents rentreront les uns au Maroc,
les autre à Nice, je me marie avec
Monsieur Ali Sayah et je m’appelle
Soubida, tu connais mes deux fils, le
basketteur bien sur, j’ai un garçon à
Oran, une fille en France, une autre en
Algérie, je me souviens de tout ! »
Témoignage recueilli par Lydia,
juin 2010
Les autres enfants recueillis
à Beni-Saf en 1937 :
Adélaïde se souvient de Melchior
recueilli par la famille de José-Maria
Gonzalez qui a six enfants, il retrouvera sa mère bien longtemps après la
guerre, nous l’avons revu en 1987 à
Perpignan.
Angélica, c’est le prénom d’une petite
fille de 7 ou 8 ans recueillie chez JeanBaptiste Yvañez , sur la photo elle est
entourée d’Isabelle, Renée, Marinette,
elle serre une poupée dans ses bras,
c’était celle de Bébelle.
Les trois filles Yvañes se souviennent
des cauchemars épouvantables de
cette enfant traumatisée par les bombardements et qui un jour réclama des
«platanos» qu’elles traduisirent par
«platanes», comme ceux du boulevard
Paran.
Les hommes arrivés en 1939
Parmi ceux que nous avons pu
connaître, citons les Castaños avec
six enfants, cette famille hébergée
dans la rue qui dominait la mairie a
connu bien des drames, leur mère
meurt en couches, un enfant est tué
en jouant avec une grenade récupérée sur la plage de Sidi-Boucif.
Aux obsèques laïques de madame
Castaños, « les paroles d’adieu furent
prononcées par notre camarade
Ganga. Deux réfugiés, après avoir
adressé un émouvant adieu à celle qui
les quittait, soulignèrent le geste de
solidarité socialiste de tous ceux qui
étaient présents.»
«Si dieu devait exister il devrait s’appeler Gabriel Gonzales ! »
Lors de l’enterrement du jeune
Castaños, une foule innombrable
s’était présentée mais « lorsque la
famille déclara ne pas vouloir d’enterrement religieux, la moitié des gens
partirent » …. nous en étions aux
bagarres pittoresques entre le front
populaire et la droite, commente
Bébert , mais, il ajoute, ce que m’a
affirmé Castaños, c’est que « je ne
suis pas croyant, mais si Dieu devait
exister, il devrait s’appeler Gabriel
Gonzales ! »
Des réfugiés restés à Beni-Saf :
- Paco Ruiz , comptable époux de
Juliette Martinez
- Clemente Verdu du bar de la marine
, sa fille épousa le fils Orosco
- Orosco charpentier de marine associé avec Manuel Campillo, son fils
épousa une des filles Clemente
- Valiña, qui avait fui l’Espagne en
avion, s’installa comme mécanicien
épousa une fille Ginez, la Bénavela
- Le docteur Castro et son épouse,
apparenté à Jésus Garcia, il meurt au
Maroc, sa femme rejoint Malaga
- Francis Lozano épouse une fille Ortiz
veuve avec deux filles Yvette et
Antoinette, leur père Francis est
décédé récemment à 95 ans
- Emilio el Manco famille du gallego
embarqué sur un chalutier, il avait eu
son bras arraché par la courroie du
treuil
- D’autres noms, Tomo, Thomas
Amucho, Federo travaillait chez
Jumera
Personnalités politiques
Nous avons retrouvé la trace de quelques uns :
- Manuel Abad Gonzales, maire de
Lérida en 1937, militant anarchiste,
interné au camp de Suzini