Quelques mots sur le travail de Lucie Pastureau…

Quelques mots sur le travail de Lucie Pastureau…
Dans sa jeune démarche artistique de photographe, Lucie Pastureau comprend très vite
qu’il ne sert à rien de chercher très loin des sujets pittoresques, c’est-à-dire « digne
d’intérêt » selon l’étymologie picturale. Ses sujets, elle les trouve dans ses environnements
proches, auprès de ses frères et autour de leur univers de garçons et d’adolescents, sur
les lieux de son enfance, dans sa famille, au cours son expérience quotidienne de jeune
femme.
De l’ordinaire en quelque sorte, du lieu commun, sans nostalgie des passés encore
récents, elle construit des lieux photographiques qui apparaissent comme des espaces
intéressants, émouvants et étranges parce qu’ils paraissent repliés sur eux-mêmes, tout en
s’offrant à l’autre sur le mode d’un regard intime. Les personnes qu’elle photographie
semblent prises dans leur monde, ce monde qui paradoxalement nous semble aussi
familier.
Ce travail s’expose comme une réflexion sur cette période particulière qu’est l’adolescence,
sur ces frottements perpétuels entre le statut de l’enfant et celui de l’adulte, sur le jeu des
apparences, sur l’errance existentielle de ces jeunes entre deux âges, sur cette vie en
creux comme elle dit, sur l’ambivalence du positionnement social, entre exaltation et
retenue.
Proche de cette jeunesse, Lucie Pastureau guette les instants opportuns pour
photographier ses proches dans leur vie quotidienne, pour mettre en mémoire ces
moments que nous conservons tous. De plus, elle installe la distance nécessaire pour
questionner tout le monde sur ces moments particuliers, pour nous faire nous replier sur
notre vie, sur nos images qui deviennent devant les siennes des fictions… Une sorte de
photographie générique.
Patrick Ruet, janvier 2009 pour L’atelier du midi