Maroc: La grâce accordée par le roi Mohammed VI à un pédophile

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Maroc: La grâce accordée par le roi Mohammed VI à un pédophile
Maroc: La grâce accordée par le roi
Mohammed VI à un pédophile vire au scandale
Les manifestants marocains ne décolèrent pas depuis la grâce accordée,
mardi dernier, par le roi Mohammed VI à un pédophile espagnol âgé d'une
soixantaine d'années, condamné en 2011 à 30 ans de prison pour des viols
sur onze mineurs.
La grâce accordée par le roi à un pédophile espagnol multirécidiviste a viré au scandale au Maroc, où plusieurs
milliers de personnes ont exprimé leur colère vendredi soir dans les rues de Rabat, bravant la répression policière. La
principale manifestation s'est tenue en fin de soirée à proximité du Parlement, où plusieurs dizaines de personnes ont
été blessées, dont des journalistes pris pour cible par des forces de l'ordre, ont constaté des journalistes de l'AFP.
De nouveaux sit-in mardi et mercredi
D'autres rassemblements ont eu lieu dans le nord, à Tanger et à Tétouan, et ont également été dispersés par la force.
Aucun bilan officiel n'était disponible samedi après-midi, aussi bien s'agissant des blessés que d'éventuelles
arrestations. Mais des appels ont d'ores et déjà été lancés sur les réseaux sociaux pour de nouveaux sit-in mardi et
mercredi, à Casablanca, la capitale économique, et à Rabat.
Condamné en 2011 à 30 ans de prison pour des viols sur mineurs
Les manifestants ne décolèrent pas depuis la grâce accordée mardi dernier par le roi Mohammed VI à un
pédophile espagnol âgé d'une soixantaine d'années, condamné en 2011 à 30 ans de prison pour des viols sur
onze mineurs. Cet homme, qui aurait déjà quitté le Maroc, faisait partie d'une liste d'une cinquantaine de
prisonniers graciés au nom de l'excellence des relations entre les deux royaumes, d'après des médias officiels.
Ces derniers sont restés silencieux ces derniers jours sur le mouvement de contestation, au même titre que le pouvoir
marocain lui-même. La presse électronique et les réseaux sociaux se sont en revanche fait l'écho de l'indignation de
nombreux Marocains, déjà échaudés par plusieurs récentes affaires de pédophilie dans le royaume.
"C'est tout à fait disproportionné"
Vendredi soir, des dizaines de photos et de vidéos de manifestants en sang ou matraqués par la police ont été
diffusées sur internet, avec des centaines de commentaires indignés. En seulement 48h, quelque 20 000 personnes
avaient dit vouloir participer à la manifestation de Rabat, sur la page Facebook qui lui avait été dédiée. Plusieurs
représentants de la société civile et d'organisations des droits de l'Homme ont fustigé la répression de ce
mouvement. "C'est tout à fait disproportionné", a estimé Fouad Abdelmoumni, un militant associatif et économiste
présent vendredi soir. "Nous réitérons le droit du peuple marocain à s'exprimer librement et à manifester
pacifiquement contre" cette grâce royale, a commenté samedi dans un communiqué l'Association marocaine
des droits humains (AMDH, indépendante).
Interdit d'entrée au Maroc
La classe politique continue elle à faire profil bas. Seul le Parti socialiste unifié (PSU, opposition de gauche) a appelé
à la suppression du droit de grâce. Le gouvernement dominé par les islamistes du Parti justice et développement
(PJD), qui s'efforce actuellement de reconstruire une coalition après la défection de son principal allié, a botté en
touche. Contacté jeudi par l'AFP, le ministre de la Justice Mustapha Ramid avait estimé qu'il n'était "pas habilité à
commenter", tout en précisant que le pédophile gracié serait désormais interdit d'entrée au Maroc.
"Il faut reconnaître que la grâce de ce pédophile était une faute"
A titre individuel, un dirigeant du PJD s'est montré plus critique vendredi soir, en marge de la manifestation. "Il faut
reconnaître que la grâce de ce pédophile était une faute", a dit le député Abdelali Hamieddine. "Les Marocains ont
le droit de manifester quand ils ressentent l'humiliation et les forces de l'ordre n'ont pas le droit d'intervenir
avec autant de violence". Lors du Printemps arabe, le Maroc est resté relativement préservé des troubles: en réaction
à des manifestations de rue, le roi a rapidement initié une nouvelle Constitution censée renforcer les pouvoirs du
gouvernement.
Adoptée à l'été 2011 à une écrasante majorité, elle a été suivie par la victoire électorale du PJD, cantonné durant des
décennies dans l'opposition. Depuis son accession au poste de chef de gouvernement, le chef de ce parti, Abdelilah Benkirane,
prend toutefois soin de préserver les meilleures relations avec le Palais royal. S'il s'est peu à peu essoufflé, le mouvement proréformes du 20-Février, né en 2011, a continué à organiser ces derniers mois des manifestations, souvent modestes. Il était
massivement présent vendredi soir à Rabat.

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