Objectif Doctrine 22 - CDEF

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Objectif Doctrine 22 - CDEF
LA SIMULATION OPERATIONNELLE
COMMANDEMENT DE LA DOCTRINE ET DE L’ENSEIGNEMENT
MILITAIRE SUPÉRIEUR DE L’ARMEE DE TERRE
OBJECTIF DOCTRINE
N°2202/2001
OBJECTIF DOCTRINE
LA SIMULATION OPÉRATIONNELLE
Edition bilingue
Bilingual edition
N°22
02/2001
EDITORIAL
POURQUOI PUBLIER EN FRANÇAIS ET EN ANGLAIS ?
Pour la première fois, "Objectif Doctrine" paraît en version bilingue. Cette nouvelle
orientation suscitera peut-être les foudres de quelques-uns, qui rappelleront, à juste titre, le
statut officiel de notre belle langue, au sein de l’ONU ou de l’OTAN.
Il reste que l’anglais est effectivement devenu la langue de travail au sein des étatsmajors de l’OTAN. C’est une réalité. Dès lors, si nous souhaitons diffuser largement nos
idées en dehors de nos cénacles internes, il faut les publier à la fois en français et en anglais.
C’est chose faite à partir de ce numéro. Diffuser en anglais, et non plus se limiter à un
résumé, permettra aussi à nos cadres de disposer d’un outil pédagogique pour améliorer leur
connaissance de cette langue. Enfin, conséquence logique de cette décision, il sera possible
- et indispensable - d’expurger nos textes français de tous les mots en anglais ainsi que des
anglicismes plus ou moins élégants, qui tendaient à en rendre la lecture parfois difficile :
notre langue y gagnera.
SIMULATION OPERATIONNELLE : UN PAS VERS L’ACQUISITION DE LA
CAPACITE D’ENTRAINEMENT DES PC DE NIVEAU 1
Ce numéro est, tout entier, consacré à la simulation opérationnelle, domaine qui
engerbe aussi bien l’aide à la décision, l’appui scientifique aux études de doctrine que la
préparation opérationnelle.
Il fait le point de ce qui existe, aussi bien en France que chez nos principaux alliés.
Chacun constatera, sans surprise, en matière de simulation opérationnelle, qu’elle
repose aujourd’hui essentiellement sur des logiciels américains, adaptés à nos besoins, et,
bien souvent, améliorés par les équipes du CROSAT (centre de recherche opérationnelle et
de simulation de l’Armée de terre). L’avenir pourrait être différent.
En effet, le projet SCIPIO devrait, dans un premier temps, d’ici quatre ou cinq ans,
donner à notre pays la capacité de simuler des exercices de brigade et de division, dans un
cadre de haute et moyenne intensité, avec un nombre d’animateurs considérablement
réduit, grâce à des automates agrégeant convenablement les actions des unités. Surtout, ce
logiciel, qui sera interopérable, pourra être une clé d’entrée vers ce qui nous manque
actuellement, la capacité d’entraînement de PC de niveau 1 (LCC), dans un cadre interarmées aussi réaliste que possible.
Cette ambition est totalement cohérente avec le contrat opérationnel fixé à l’Armée de
terre. Elle est donc un enjeu majeur, si notre pays veut conserver une doctrine prenant en
compte certaines de nos spécificités nationales, et, surtout, une capacité de commandement
sur le terrain, équivalente à celle de nos amis américains, britanniques et allemands.
EDITORIAL
WHY PUBLISHING BOTH IN FRENCH AND ENGLISH?
For the first time “Objectif Doctrine” is published in a bilingual version. This new
approach may stir the wrath of some readers, who will rightly point out the official status
of our beautiful language within the UN and NATO.
English has nonetheless become the working language within NATO. This is a fact.
So, if we want our ideas to be disseminated beyond our own linguistic circles, we must
publish them in both French and English. With this edition, it is done. With these articles
and not just abstracts now published in English, our officers will have at their disposal an
educational tool to improve progressively their knowledge of this language. As a logical
consequence of this decision, it will be possible and essential to clean our French textes of all
English words and more or less elegant anglicisms which sometines made them difficult
reading. Our language will gain from it.
OPERATIONAL SIMULATION: A STEP FOR
CP TRAINING AT LEVEL 1
This issue is entirely devoted to operational simulation, a field that embraces both
aids to decision-making and the scientific support of doctrinal studies as well as operational
preparation.
It sums up the current situation, both in France and amongst our principal allies.
No one will be surprised to learn that operational simulation currently relies primarily
on American software, adapted to our needs, and frequently enhanced by the CROSAT
teams. This may change in the future.
As a first step the SCIPIO project should, in four or five years time, give our country
the ability to simulate brigade and division level exercises, in a high or medium intensity
conflict scenario, with a substantially reduced number of operators, thanks to routines that
provide an appropriate combination of unit activities. Trough, this software, which will be
interoperable, could be the key we currently lack, ie the ability to carry out CP training at
level 1 (LCC), in combined framework as realistic as possible.
This ambition is entirely in keeping with the Army’s operational task. It is a major
challenge if our country is to maintain a doctrine based on our national specifities, and
above all a command capability on the battlefield equal to that of our American, British
and German friends.
SOMMAIRE
>>
DOCTRINE
La simulation p. 6
Simulation p. 7
La simulation et l’entraînement des PC niveaux 1, 2 et 3 de l’Armée de terre p. 10
Simulation and command post training at levels 1, 2 & 3 in the Army p. 11
La simulation au service des études doctrinales p. 20
Operational simulation in support of doctrinal studies p. 21
La simulation opérationnelle au service de l’engagement des forces p. 26
Operational simulation in support of force engagement p. 27
SCIPIO V1 : le futur outil d’entraînement des PC
des grandes unités de l’Armée de terre p. 32
SCIPIO V1 : future training tool for major unit CPs within the french Army p. 33
Comprendre l’interopérabilité entre systèmes p. 42
Understanding systems interoperability p. 43
La coopération entre la simulation et les SIC p. 50
Cooperation between simulation and CISs p. 51
La simulation au CEPC p. 60
Simulation in the CEPC p. 61
Le Centre d’entraînement au combat : l’outil privilégié
des sous-groupements p. 66
The combat training center: the ideal training facility
for sub-groups p. 67
Doctrine d’emploi et simulation : exemple d’une synergie réussie p. 72
Employment doctrine and simulation: an example of a successful synergy p. 73
La simulation interarmées p. 74
Joint service simulation p. 75
<<
SUMMARY
ETRANGE R
FOREIGN STUDIES
Coup de projecteur sur la simulation d’entraînement dans l’US ARMY p. 82
Snapshot on training simulation in the US Army p. 83
Modélisation et simulation dans l’Armée de terre allemande p. 90
Modeling and simulation in the German Army p. 91
LIBRES REFLEXIONS
FREEDOM OF SPEECH
Les articles publiés dans la rubrique «LIBRES REFLEXIONS» ne représentent pas la position du CDES
et n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs, qui s’expriment à titre personnel.
Pour une politique de simulation d’entraînement
à la mesure de nos ambitions et de nos besoins p. 100
Towards a simulation training policy to meet our ambitions and requirements p. 101
La place de la simulation dans l’entraînement de l’armée
professionnelle de 2002 p. 106
The place of simulation in the training of the professionalized
Army of the year 2002 p. 107
Du bon usage de la simulation pour l’entraînement des forces p. 112
Good pratice in the use of simulation for the training of land forces p. 113
OBJECTIF DOCTRINE - N° 22-02/2001 - Directeur de la publication : général de division LEBOURG - Secrétaire
du comité de rédaction : colonel SCHMITT - Rédacteur en chef : lieutenant CARMES - Traduction : DGA, général
DEJEAN (relecture) - Maquette, schémas, impression : Section Conception Impression du CDES - Photogravure : SaintGilles (Paris) - Gestion du fichier des abonnés : lieutenant CARMES - Diffusion : bureau courrier du CDES - Tirage : 1 900
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DOCTRINE a fait l’objet d’une déclaration auprès de la CNIL, enregistrée sous le n° 732939. Le droit d’accès et de
rectification s’effectue auprès du CDES - Cellule communication - BP 53 - 00445 ARMEES.
DOCTRINE
LA SIMULATION
par le colonel Laberibe,
commandant le CROSAT
La simulation ! Il n’y a là rien de bien nouveau : depuis toujours les armées ont utilisé des techniques
de simulation, au moins pour leur entraînement, leurs manœuvres et le choix de leurs équipements. De
mémoire d’historiens, les stratèges ont toujours conçu leurs plans de campagne en s’inspirant des grandes
leçons du passé, érigées parfois en principes, et en utilisant une représentation, un modèle implicite, dont
ils testaient la robustesse et l’efficacité à l’occasion de jeux de guerre manuels (Sun Tse conseillait de se
livrer à de nombreux calculs pour gagner ; quelques siècles avant J-C des stratèges inventèrent le jeu
d’échec, les pharaons utilisaient des figurines et des terrains modélisés,...).
A
u 19ème siècle, les
Kriegspiele devinrent
des outils permettant
de prendre en compte les
grands paramètres comme la
géographie et la logistique ; ils
favorisaient la communication
et la pédagogie entre les
grands subordonnés et stimulaient l’innovation tactique et
stratégique.
Déjà, on pensait que s’il
est impossible de connaître les
bonnes réponses de façon
déterministe, en revanche,
jouer apprend à se poser les
bonnes questions. Cependant,
depuis vingt ans, l’explosion
des techniques informatiques
donne à la simulation les
moyens de ses ambitions.
Le développement plus
récent du tout numérique
accélère encore le phénomène. L’emploi massif de
toute la gamme d’outils
informatiques de simulation
permet d’aller toujours plus
loin. Dans un futur proche, la
simulation va devenir irrésis-
ceux-ci au quotidien et,
éventuellement les prolonge
grâce aux possibilités qu’elle
offre (effets des armes à action
de zone, disponibilité des
Plus concrètement , moyens, lourdeur de montage
aujourd’hui, la simulation des exercices réels,...).
permet de reproduire les
Ainsi, il apparaît que la
caractéristiques de l’environnement et de certains com- simulation apporte une aide
portements ; elle permet de précieuse à l’Armée de terre
contrôler des conditions et des dans trois grands domaines :
situations, mais aussi de tester
des solutions, tout cela avec - la formation des hommes,
une souplesse, un niveau de
l’entraînement des unités et
coût et une sécurité que
des états-majors,
n’offrent pas les expéri- - l’engagement des forces,
mentations ou les exercices - la préparation du futur, tant
réels.
s u r le plan des doctrines
d’emploi et de mise en
œuvre des forces que sur le
Elle constitue un moyen
plan des équipements.
privilégié d’étude de nouveaux
concepts, d’évaluation de
nouveaux systèmes de combat
Dans un contexte de
ou de nouveaux systèmes de rigueur budgétaire et à une
forces, d’entraînements d’unités, époque où les problèmes techde prévision et d’aide à la niques, opérationnels, éconodécision.
miques, politiques sont de plus
complexes et imbriqués, la
Sans remplacer entière- simulation est l’unique outil
ment l’instruction et l’entraî- qui, grâce aux énormes
nement réel, elle complète capacités de l’informatique,
tiblement la clé de voûte d’un
édifice national d’évaluation
permettant notre autonomie
d’appréciation et de décision.
Objectif Doctrine
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DOCTRINE
SIMULATION
by colonel Laberibe,
commander of CROSAT
Simulation! There is nothing really new in this: for ever armed forces have made use of simulation
techniques, at least for training purposes, exercises and when selecting equipment. Historians tell us that
strategists have always conceived their plans of campaign by drawing inspiration from the celebrated
lessons of the past, sometimes raised to the status of principle, and by using a representation, an implicit
model, whose robustness and effectiveness was tested via manual war games (Sun Tse advised that a lot
of computation was required to win; some centuries BC, strategists invented the chess game; pharaons
used figurines and modelized terrain,...).
I
n the 19th century,
Kriegspiele became a tool
that enabled major parameters such as geography and
logistics to be taken into
account; they promoted communication and training
between the major subordinate
and stimulated tactical and
strategic innovation.
Already, it was agreed
that while it might be
impossible to identify the
correct answer in the absolute,
playing games at least taught
one to ask the right questions.
However, over the last twenty
years, the explosion in IT
techniques has given simulation the resources to match its
ambitions.
The most recent development of full digital has
further
accelerated
this
phenomenon. The extensive use
of the entire range of
computerized
simula-tion
techniques is pushing the
boundaries ever wider. In the
near future, simulation will
inevitably become the keystone
of a national assessment architecture giving us a complete
independence of appreciation
and decision-making.
thanks to its possibilities (area
weapon
effects,
resource
availability, difficulties for
mounting live exercises, etc.).
It would therefore appear
that simulation offers crucial
assistance to the French Army
In more concrete terms, in three major areas:
simulation currently enables to
reproduce the characteristics of - soldier training, exercising of
units and headquarters,
the environment and of certain
behaviors; it enables conditions - force engagement,
and situations to be controlled, - planning the future, both in
respect of operational doctrine
but also solutions to be tested,
and force deployment as well
with flexibility, cost-saving and
as for equipment.
safety that trials or field
exercises could never match.
At a time of budgetary
It is an ideal way to constraint and when technical,
examine new concepts, to assess operational, economic and
new combat or force systems, political problems have become
training of units, forecast and increasingly complex and
interlinked, simulation is the
to support decision-making.
only tool, thanks to the
capabilities
of
It cannot entirely replace enormous
real world instruction and computer technology, which can
training, but it supports them help us to resolve them and
on a daily basis and where improve the overall efficiency of
appropriate extends their scope our Army at a lower cost. In
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N° 22-02/2001
DOCTRINE
peut permettre de les
résoudre et d’améliorer
l’efficacité globale de notre
Armée de terre à un coût
réduit. Dans les articles de ce
numéro spécial consacré à la
simulation, la préparation
opérationnelle et l’engagement des forces seront les
seuls sujets abordés. Dans ces
deux domaines, les objectifs à
atteindre sont, d’une part,
l’amélioration de notre capacité de prise de décision et
du niveau d’entraînement
de nos forces et, d’autre part,
la définition des modes
d’action, des dispositifs et
des moyens les mieux adaptés aux situations de crise ou
aux conflits à venir.
met d’entraîner en perma- • la maîtrise des contraintes en
nence le personnel, les équipes
matière de délais, coûts,
et les états-majors en les
sécurité, environnement,
mettant rapidement et de
manière réaliste en situation.
• la recherche d’une plus-value
pédagogique (réalisme, anaCes considérations conlyse après action),
duisent, - et ce sera le fil
conducteur
des
articles • une meilleure maîtrise de
suivants - à retenir, pour
l’action par une juste apprél’Armée de terre française
ciation de la situation et des
cette définition de la simurisques, et la réduction de la
lation opérationnelle :
durée du cycle décisionnel ❖
La simulation consiste à
mettre en œuvre des modèles ; un
modèle étant une représentation
imparfaite, donc plus ou moins
fidèle, de la réalité. Elle génère
des résultats exploitables, permettant l’expérimentation et
l’analyse des phénomènes que l’on
La simulation permet cherche à étudier dans le domaine
d’étudier et d’optimiser les considéré.
concepts, les doctrines, les
tactiques, l’organisation du
S’appliquant à l’action des
commandement et les struc- forces armées et intégrant les
tures de forces. Bientôt, lorsque techniques d’analyse opérales techniques de simulation tionnelle, la simulation opéirrigueront l’ensemble des rationnelle couvre :
niveaux des chaînes de commandement pour les aider • la formation,
dans leurs tâches de plani• la préparation opérationnelle,
fication, d’évaluation de
• l’engagement des forces,
situations, et dans leur
choix de modes d’actions, il • les études doctrinales.
sera possible d’envisager, avec
N’entrent pas dans son
toutes les réserves nécessaires
périmètre,
les études technicoapplicables aux outils d’"aide
à", des "conceptions et des opérationnelles et les outils de
conduites d’opérations assistées simulation technique.
par ordinateur".
S’appuyant sur des modèles
En outre la simulation, dont la fidélité doit être adaptée
contribuera à améliorer l’effica- aux objectifs, la simulation
cité de nos forces, car elle per- opérationnelle a pour finalité :
Objectif Doctrine
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DOCTRINE
other articles in this special
issue dedicated to simulation,
the only subjects addressed will
be operational preparation and
the engagement of forces. In
these two fields, the objectives
are firstly, to improve our
ability to take decisions and
the training standards of
our forces, and secondly, to
define courses of action,
disposition of forces and
resources that are best adapted
to future crisis situations or
conflicts.
rapidly and realistically intho • master the limitations
imposed by deadlines, costs,
situation.
security and environment,
These considerations –
and this will be a common • seek better teaching value
theme of the articles that follow
from training (realism, post– lead to the adoption, for the
action analysis),
French Army, of the following
definition of operational simu- • achieve better control over
lation:
operations through a fair
Simulation consists of
implementing models; a model
is an imperfect representation
of reality, with varying degrees
of fidelity. It generates exploitable results that enable the
Simulation enables the testing and analysis of the
study and optimization of phenomena one seeks to study
concepts, doctrines, tactics, in the field concerned.
command organization and
When applied to the
force structure. Soon, when
simulation techniques will exist action of armed forces and
at all levels in the chain of when it incorporates operacommand to help them in tional analysis techniques,
simulation
their
planning
and operational
assessment tasks, and in covers:
their selection of courses of
action, it will be possible to • training,
envisage “computer assisted • operational preparation,
conception and conduct of • engagement of forces,
operations”, with all necessary • doctrinal studies.
reservations that apply to
It does not cover technical“decision support” tools.
operational studies or tools for
Simulation will also technical simulation.
contribute to improve the
efficiency of our forces, as it
Based on models whose
enable full-time training of accuracy may be adapted to the
our personnel, teams and objectives,
the
aim
of
headquarters by placing them operational simulation is to:
Objectif Doctrine
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situation and risk assessment,
and by reducing the duration
of the decision-making cycle❖
DOCTRINE
LA SIMULATION ET L’ENTRAINEMENT
DES PC NIVEAUX 1, 2 ET 3
par le lieutenant-colonel Mellet,
chef de la section simulation du CROSAT
La simulation opérationnelle fait, depuis de nombreuses années déjà, partie de la panoplie des
moyens d’instruction de l'Armée de terre française. Elle constitue un moyen de substitution pour
l'entraînement et l'instruction des combattants en reproduisant le plus fidèlement possible tout ou partie
du champ de bataille. Elle offre un support pédagogique irremplaçable grâce au "rejeu" et à l'analyse
après action.
Elle permet de prendre en compte certains effets (notamment ceux des armes), impossibles à
représenter d'une autre façon et de répondre aux contraintes fortes d'économie du temps de paix.
L
a simulation opérationnelle
a fait ces dernières années
des progrès notables, au
point d’être devenue le seul moyen
crédible d’entraînement des PC.
En effet, dans la ligne d’une
évolution continue depuis le début
des années 90, l’année 2000 a vu se
jouer les premiers exercices du
niveau brigade (niveau 3) au centre
JANUS de l’école d’état-major. En
2001, le CEPC (centre d’entraînement des postes de commandement) sera en mesure d’accueillir
un premier exercice du niveau
division (niveau 2) et le premier
exercice du niveau brigade (niveau
brigade) pour l’entraînement aux
opérations autres que la guerre sera
joué avec l’outil de simulation
SPECTRUM, récemment mis à la
disposition des grandes unités.
Piliers de la simulation de
l’Armée de terre, les logiciels
JANUS et BBS (brigade/battalion
battle simulation) sont communément utilisés pour l’entraînement des postes de commandement des niveaux 2 et 3.
L’entraînement du niveau 1, celui
du LCC (land componant command)
en revanche, est encore en phase
exploratoire et aucune décision
définitive
d’adoption
d’une
simulation n’est encore prise.
L’année 2002 devrait toutefois
permettre à l’Armée de terre de
préciser son besoin en la matière.
Cet article se propose donc
d’étudier successivement l’emploi
des logiciels JANUS et BBS par
l’Armée de terre, puis de faire le
point sur les développements futurs
qui viseront à donner à notre pays
un outil de simulation correspondant à ses ambitions politicomilitaires.
L’ENTRAINEMENT DES
PC DE NIVEAUX 2, 3
AU MOYEN DE LA
SIMULATION : UNE
AFFAIRE ENTENDUE
Les principaux systèmes de
simulation actuellement en service
pour l’entraînement de PC de
niveaux 2 et 3 au sein de l’Armée de
terre sont BBS et JANUS pour le
mode opératoire de coercition de
forces et SPECTRUM pour
l’entraînement aux opérations dites
de maîtrise de la violence.
L’importation de ces systèmes
d’origine américaine date respectivement de 1993, 1991 et 1999
ceux-ci ayant été "francisés" (à
l’exception de SPECTRUM) par le
Objectif Doctrine
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CROSAT avant leur déploiement
dans les organismes concernés.
Depuis leur acquisition par
l’Armée française, JANUS et BBS
ont constamment évolué pour
s’adapter simultanément aux
mutations de l’Armée de terre et
aux nouvelles exigences pédagogiques. La disposition au
CROSAT du code-source de ces
logiciels par l’armée américaine
permet de continuer à les
maintenir mais aussi à les améliorer
jusqu’à l’arrivée de leurs successeurs, prévus à partir de 2005.
Les améliorations développées par
cet organisme, par ses propres
moyens, visent à les rendre plus
conviviaux et à donner plus de
réalisme dans les exercices.
JANUS-FRANCE :
l’avantage de la finesse
De conception assez ancienne
-les premiers développements aux
Etats-Unis datent de 1976-,
JANUS a la caractéristique d’être
une simulation non agrégée :
chaque "pion" de manœuvre est
représenté individuellement ; cela
permet d’obtenir une représentation très fine du combat interarmes, jusqu’au niveau du véhicule
et du combattant individuel.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
SIMULATION AND COMMAND POST TRAINING
AT LEVELS 1,2 & 3 IN THE ARMY
by lieutenant-colonel Mellet,
head of CROSAT simulation section
For a number of years now, operational simulation has been part of the French Army”s
array of instructional resources. It is an alternate method of teaching and training soldiers
by reproducing as faithfully as possible part or all of the battlefield. It offers irreplaceable
teaching backup thanks to the “replay” facility, and after-action analysis.
It can take into account some effects, (notably weapons effects), which are impossible
to create in any other way, and so respond to the severe economic constraints of peacetime.
O
perational simulation has
made notable progress in
recent years, it has become
the only credible method for CP
training. Effectively, on constant
evolution since the beginning of the
1990s, the year 2000 saw the first
brigade-level exercise (level 3)
played at the Staff College”s
JANUS Center. In 2001 the
CEPC (CP Training Center) will
be able to host the first divisionlevel exercise (level 2), and the first
brigade-level exercise for training
in non-war operations will be
played using SPECTRUM simulation equipment, recently made
available to major formations.
JANUS
and
BBS
(Brigade/Battalion Battle Simulation) software, pillars of Army
simulation training, are commonly
used for level 2 and 3 CP training.
Level 1 training, of the LCC
(Land Command Component), on
the other hand, is still at the
experimental stage, and any
definitive decision to adopt a
simulation system has yet to be
taken. By the year 2002, however,
the Army should be in a position to
specify its requirements in this
area.
This ar ticle pr oposes,
therefore, to study the made by the
French Army of, JANUS and
BBS, then to assess future
developments intended to give our
country a simulation tool corresponding to its political-military
ambitions.
CP TRAINING AT LEVELS
2 &3 USING SIMULATION:
AN ACCEPTED MATTER
The main simulation systems
currently in service for level 2 and
3 CP training in the Army are
BBS and JANUS for the Force-toForce
combat
mode,
and
SPECTRUM for training in
operations so called “conflict
control”. These systems, of
American origin, were imported
respectively in 1993, 1991 and
1999, and been “frenchified” (with
the exception of SPECTRUM) by
CROSAT before deployment to the
concerned agencies.
Objectif Doctrine
11
Since their acquisition by the
French Army, JANUS and BBS
have evolved continuously, to adapt
both to Army restructuring and to
new teaching demands. As the US
Army has placed the software
source codes at CROSAT’s disposal,
it has been possible not merely to
maintain but also to improve the
programs pending the arrival of
their successors, scheduled after
2005. The upgrades deve-loped by
this agency, using its own resources,
aim at making it more userfriendly, and to ensure greater
realism to exercises.
JANUS-FRANCE:
the advantage of fine detail
Although a fairly dated
system - the first developments in
the US date back to 1976 JANUS has the advantage of
being a non-aggregated simulation: each maneuver “pawn” is
individually symbolized, which
allows for far greater detail in allarms combat, right down to the
level of individual vehicles and
soldiers.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
De façon logique, cette
finesse se retrouve dans les
caractéristiques du modèle de
terrain et dans les bases de
données utilisées. JANUS permet
ainsi de jouer un scénario sur un
terrain pouvant aller de 6 à 200 km
de côté, donc bien adapté à la zone
d’engagement d’une brigade, où la
planimétrie est représentée sous
une forme vectorielle, c’est-à-dire
sans déformation lors des zooms.
Quant à la base de données,
précise et complète, elle peut faire
appel à la saisie de 10 000 données
élémentaires afin de modéliser le
plus précisément possible n’importe quel matériel, français ou
étranger. JANUS permet donc
une adaptation permanente à tous
les matériels nouveaux et donne,
par exemple, la possibilité de
conduire un exercice avec nos
alliés en incluant un bataillon
étranger au sein d’une brigade
française.
Néanmoins, malgré ses
nombreuses qualités, la version
JANUS V6, encore en service dans
nos centres, souffre, comme tout
système de simulation, de
quelques insuffisances :
- le nombre maximum de pions
est limité à 1 200, répartis sur
vingt-quatre postes de travail, ce
qui ne permet pas de représenter
aisé-ment une brigade et son
environnement immédiat,
- la logistique représente la seule
fonction ravitaillement,
- les fonctions de commandement,
transmissions et coordination
3D sont simplifiées,
- l’interface
homme/machine
manque de convivialité et ne
facilite pas la formation rapide
des opérateurs.
Afin d’améliorer le produit,
le CROSAT a effectué de nombreuses modifications et a réalisé
un logiciel spécifique appelé
"JANUS-France".
Ces principales évolutions
ont consisté à valider l’ensemble
des données et à adapter le logiciel
au besoin français. Ainsi, dans une
optique de réduction des coûts de
réalisation des centres, il a été
décidé de "porter" JANUS sur
ordinateur PC. La dernière
version du logiciel V7 06D
apporte de réels progrès. Reçue au
CROSAT en 1999, elle a été
"francisée" et a bénéficié également de développements réalisés
en interne. Au total, une grande
partie des insuffisances constatées
auparavant ont disparu.
C’est ainsi que cette version
offre la capacité maximale de jouer
avec 10 000 pions sur 96 stations
(au lieu de 1200 pions et 24
stations), permettant ainsi plus de
finesse dans le suivi des combats
en agrégeant les unités au niveau
section.
Les fonctions "maintenance"
et "santé" sont maintenant disponibles dans cette nouvelle version
et permettent de simuler la totalité
du soutien d’une grande unité.
Cette version permet ainsi de
satisfaire entièrement les besoins
d’auto-entraînement des brigades.
Enfin, le CROSAT a pu faire
bénéficier les différents centres
des dernières améliorations qu’il a
développées :
BBS-FRANCE : les
qualités d’un entraîneur
pour le niveau 2
Quant à BBS, il est particulièrement adapté à l’entraînement
des PC de brigades interarmes et
de divisions : il fonctionne en
temps réel et permet une grande
modularité des forces et des
scénarii. Il s’agit d’une simulation
numérique mais séquentielle,
d’un pas de temps de 15 secondes
avec des modèles agrégés.
Son niveau normal d’agrégation est l’unité élémentaire
mais les animateurs gardent la
possibilité d’agréger les pions à
un niveau supérieur (cas rare) ou,
le plus souvent, au niveau section,
voire groupe ou équipe pour des
unités spécialisées (URH (unité
de renseignement humain), EOP
(équipe d’observation dans la
profondeur), radars de surveillance, patrouilles de reconnaissance,…).
La majorité des fonctions
opérationnelles, leurs contraintes
et en particulier celles de la
logistique, sont bien représentées.
• un outil pour l’analyse après
action,
Cette simulation possède
cependant des faiblesses similaires à celles de JANUS pour la
fonction commandement-transmissions. Elle présente aussi
l’inconvénient de ne pas
modéliser les fonctions dites
"émergentes" comme la communication opérationnelle ou les
affaires civilo-militaires (ACM).
• un générateur automatique de
terrain, qui réduit le délai de
création d’un terrain de 200 km
sur 200 de deux mois à environ
une semaine.
A la différence de JANUS,
la France a reçu des Etats-Unis
en 1993 la version 2.3 avec ses
codes sources à titre permanent.
Objectif Doctrine
12
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Logically, this high detail
capability recurs in its terrain
modeling characteristics, and also
in the databases employed. Thus,
JANUS allows to play scenarios on
a terrain whose sides vary in size
from 6 to 200 km, well adapted to
a brigade’s operational zone, where
the mapping is presented in a
vectorial form, with no distortion
during zooms.
As for the database, accurate
and complete, it can retrieve up to
10,000 basic data elements to
model any type of equipment,
French or foreign, with the greatest
possible accuracy. JANUS can
therefore be adapted at any time to
any new equipment, and can, for
example, give the option of
conducting an exercise with our
allies, including a foreign battalion
incorporated into a French brigade.
Nevertheless, and in spite of
its numerous qualities, the
JANUS V6 version, still in service
in our training centers, like any
other simulation system, suffers
from certain shortcomings:
- the maximum number of
“pawns” is limited to 1200,
spread over twenty four work
stations, which does not allow an
easy representation of a brigade
and its immediate environment,
- re-supply is the only logistic
function that can be represented,
- command/communications and
3D co-ordination functions are
simplified,
- the man/machine interface is not
user-friendly and does not
facilitate a rapid operator
training.
To improve the product,
CROSAT has incorporated lot of
modifications and created a specific
program called “JANUS France”.
The principal changes have
been in the validation of the overall
database, and in adapting the
software
to
meet
French
requirements. Also, with a view to
reducing set-up costs for the
training centers, it was decided to
“transfer” JANUS onto a Personal
Computer. The latest version of the
V7 06D software has introduced
real progress. After receipt at
CROSAT in 1999, it was
“frenchified”, and also improved
with in-house modifications. As a
result, a major part of the
shortcomings mentioned above
have disappeared.
Consequently, this version
gives a maximum capability to play
10,000 pawns on 96 stations
(instead of 1,200 pawns on 24
stations), and also offers a greater
level of detail in monitoring combat
by grouping units down to platoon
level.
Equipment maintenance and
medical functions are now
available in the new version, which
means that the whole range of
logistic support of a major unit can
be simulated. This version
therefore fully meets the selftraining requirements of a brigade.
Finally, CROSAT has been able to
pass on its latest upgrades to the
different training centers:
- a tool for after-action analysis,
- an automatic terrain “generator”, which reduces the time
needed to create a terrain of 200
by 200 km from two months to
about one week.
Objectif Doctrine
13
BBS-FRANCE:
a well adapted
level 2 trainer
BBS is particularly well
suited to training all-arms brigade
and division CPs: it operates in
real-time and allows for great
flexibility in building force and
scenario models. It is a digital but
sequential simulator with a 15
second step-time using aggregated
models.
The usual aggregation level
is that of the basic company-sized
unit, but the controllers retain the
option of grouping pawns at a
higher level (rarely), or, more
often, at platoon level, even section
or team level for specialized units
(URH - close observation group,
EOP - deep observation team,
surveillance radar teams, recon
patrols....).
Most operational functions
and their constraints, notably
logistic, are well represented.
The system has some
weaknesses, comparable to those of
JANUS in the command/
communications function. It also has
the disadvantage of being unable to
model the so-called “emergent”
functions, like operational communications or civil-military affairs.
Unlike JANUS, in 1993
France acquired version 2.3 from
the US with its source codes on a
permanent basis.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Le processus de modification
est donc différent.
Cette adaptation s’est faite
initialement au CROSAT puis, à
partir de 1995, en liaison avec le
CEPC par touches successives :
• francisation des données,
• modification de certains modèles
(artillerie, logistique) pour les
adapter à la doctrine française,
• amélioration d’autres modèles
(sol-air, appui aérien),
• augmentation des capacités de
500 à 1 000 pions (un pion égale
une entité = un homme ou un
véhicule).
Comme pour JANUS, la
partie cartographie de l’application
a été transférée sur ordinateur PC
avec mise en place d’une interface
cartographique s’appuyant sur des
cartes d’état-major scannées. Un
outil performant d’analyse après
action appelé CASSINI a été
développé. Cet outil permet, à des
fins pédagogiques, des "rejeux"
(enregistrement de la totalité de la
séquence simulation, que l’on
visualise après l’exercice de
simulation) de l’action et l’étude
comparative de bilans chiffrés et
rapports de force divers dans
l’espace ou dans le temps.
Par ailleurs, de nombreuses
études ont été entreprises pour
agrandir la taille des terrains,
permettre le choix des différentes
zones et automatiser autant que
possible leur réalisation. Ainsi estil possible aujourd’hui de jouer sur
un terrain de 400 km sur 700
donnant ainsi les moyens aux
forces de conduire un exercice de
niveau EMF (état-major de forces).
Ce terrain permet de représenter
la zone d’intérêt de la division et
d’y matérialiser les voisins, les
menaces et les données d’environnement.
En 2000, les efforts ont porté
sur le développement de la capacité
à jouer des exercices du niveau 2
(EMF ou une division de type
OTAN à 3 brigades avec ses
éléments d’appui et sa logistique ).
Les capacités informatiques et
réseaux ont largement été améliorées par la mise en place de
serveurs plus puissants. En outre,
l’arrivée, début 2001, de PC de
nouvelle génération permettra de
stabiliser la plate-forme dans sa
configuration terminale.
Dans le même esprit, le
CEPC a initié le développement
d’un module ACM (action civilomilitaire) qui génère directement
sur les postes d’opérateurs une
animation à dominante civilomilitaire à partir d’événements
particuliers tirés d’un exercice en
cours. Centre unique en France, le
CEPC entraîne les PC de brigade
interarmes (BIA) mais aussi les PC
de brigade logistique.
L’année 2000 a été marquée
par l’arrivée de la version 5 de
BBS-FRANCE, caractérisée par la
capacité de supporter un exercice
d’EMF à deux brigades. A partir de
l’année 2001, la version 6, passant
de 24 à 36 stations de travail et
intégrant les fonctions opérationnelles du niveau division à
l’exception des ACM, permettra,
tout en poursuivant l’entraînement
et l’évaluation des brigades interarmes (BIA), de jouer des exercices de niveau EMF et des
exercices à dominante logistique.
Le remplacement
de BBS France
Ce futur outil d’entraînement
SCIPIO est destiné à remplacer
BBS au sein du CEPC à l’horizon
2005/2008. Ce remplacement se
justifie par le vieillissement des
fonctionnalités actuellement offer-
Objectif Doctrine
14
tes par BBS (aussi bien côté
matériel que logiciel comme les
écrans ). Il se justifie également par
l’émergence de nouveaux besoins
en termes d’entraînement des PC,
avec en particulier, la nécessité
d’inter opérer, d’une part avec des
simulations autour de protocoles
communs offrant la capacité à
monter des exercices internationaux (OTAN), et d’autre part,
avec les nouveaux systèmes d’information et de commandement
(SICF, SIR, SIT) (voir à ce sujet
l’article du commandant Chary
sur la simulation SCIPIO, p. 32).
SPECTRUM : la prise en
compte des conflits de basse
intensité
La simulation SPECTRUM,
elle aussi d’origine américaine,
datant des années 90, est destinée à
l’entraînement aux opérations
autres que la guerre. Elle vient
compléter la panoplie existante.
Elle offre ainsi la possibilité aux
forces de conduire des exercices
privilégiant le mode opératoire
"maîtrise de la violence".
Cette simulation peut être
décrite sommairement comme
étant un générateur d’événements
à temps type OUTLOOK, couplé
avec un modèle d’analyse régional
qui en fait sa particularité et une
simulation à double action de type
JANUS, mais moins élaborée.
Le générateur d’événements est l’artifice qui permet aux
CO entraînés de rentrer en contact
avec la simulation. Autrement dit,
l’animation réelle de l’exercice se
fait par l’intermédiaire du
générateur d’événements qui
déclenche au moment imposé par
l’animation et enregistré à
l’avance, les différents incidents
prévus pour l’exercice.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
The modification procedure
was therefore different.
The adaptation was carried
out initially by CROSAT, and
then, from 1995, in liaison with
the CEPC in successive steps:
- the “frenchification” of data,
- the modification of some models
(artillery, logistic) to adapt them
to French doctrine,
- the improvement of other models
(surface-to-air, air support),
- an increase in capacity from 500
to 1,000 pawns (one pawn equals
one item = one man or vehicle).
As for JANUS, the
cartographic element of the system
has been transferred onto a PC,
with the installation of a mapping
interface based on scanned General
Staff maps. An efficient afteraction analysis tool called
CASSINI has been developed. For
instructional purposes, this offers
action replays (recording of the
entire simulated sequence for
playback after the simulated
exercise) and comparative studies
of statistical evaluation and force
balance input varying in space or
time.
A number of studies have also
been undertaken to enlarge terrain
size, to facilitate the option of
different zones and to automate, as
far as possible, their implementation. Today, therefore, it is
possible to play on a 400 by 700 km
terrain, thereby allowing the
conduct of exercises at EMF level.
A terrain of this size allows the
representation of a divisional
TAOR (tactical area of responsibility) and the introduction of
neighboring formations, threat and
environmental data.
In 2000, efforts were focused
on developing the capability to play
level 2 exercises (EMF or a 3
brigade NATO-type division, with
support and logistic elements).
Computer and network capacities
have been considerably improved by
the installation of more powerful
servers. In addition, the arrival on
the scene in early 2001 of new
generation PCs will serve to
stabilize the platform in its final
configuration.
To the same end, the CEPC
has initiated the development of a
civil/military affairs module
which generates directly onto
operators’ stations a predominantly
civil/military scenario derived
from specific incidents extracted
from an on going exercise. The sole
center of its kind in France, the
CEPC trains all-arms brigade
CPs, and also logistic brigade CPs.
The year 2000 saw the
appearance of BBS-FRANCE
version 5, with its capacity to
support a two-brigade EMF
exercise. From 2001, the version
6, moving from 24 to 36 work
stations and including division
operational functions (excluding
civil/military affairs), will allow
for exercise play at EMF level, and
mainly logistic exercises, while still
conducting all-arms brigade
training and evaluation exercises.
BBS France replacement
SCIPIO, the future training
tool, is scheduled to replace BBS
within the CEPC between 2005
and 2008. This replacement can be
justified by the obsolescence of the
Objectif Doctrine
15
functions currently provided by
BBS (the hardware as well as the
software, like the screens). It is also
justified by the emergence of new
requirements in terms of CP
training, and particularly with the
need to interoperate, on one hand
with simulations based on standard
protocols giving the option of
mounting international (NATO)
exercises, and on the other hand
with the new command and
information systems (SICF, SIR,
SIT) (on this subject, note the
article by major Chary on SCIPIO
simulation, p. 33).
SPECTRUM :
addressing low-intensity
conflict
The SPECTRUM simulator,
also of US origin, dating from the
1990s, is dedicated to training for
non-war operations, and adds to
the existing range. It offers the
option for forces to conduct exercises
emphasizing “crisis management
control”.
This simulation package can
by summed up as a sequential
incident
generator
of
the
OUTLOOK type, coupled with a
regional analysis model (RAM)
which is its distinctive feature, and
a two-way simulator of the
JANUS-type,
although
less
elaborate.
The incident generator is
the device whereby Op Cells under
training are brought into contact
with the simulation. In other
words, actual exercise control is
carried out through the intermediary of the generator, which
injects the different pre-recorded
incidents planned for the exercise,
at the moment selected by the
controllers.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
L’événement qui
nécessite alors la réflexion du CO entraîné
est suivi de trois
réponses possibles à
l’incident proposées par
l’animation. C’est le
positionnement du CO
par rapport aux réponses
proposées qui déclenche
alors l’incrémentation
de la RAM (régional
analysis model - modèle
d’analyse régionale) et
toutes les conséquences
sur les paramètres
simulés dans la base de
données. SPECTRUM
est ainsi capable de
mesurer l’impact économique, social et
politique d’une force
déployée sur un théâtre,
en donnant un degré de
satisfaction ou d’insatisfaction des protagonistes dans une
zone géographique.
Cette fonction est rendue
possible dans SPECTRUM par un
modèle d’analyse régionale
(RAM) qui fait la particularité de
cette simulation. La RAM est en
fait le paramétrage, sous forme de
tableaux numériques, de toutes les
composantes sociales économiques
et politiques qui caractérisent le
théâtre où est déployée la force.
Les opérations militaires enfin,
sont modélisées de façon classique
comme dans les simulations
JANUS et BBS, mais les interactions entre les différentes unités
représentées ne sont pas visibles à
l’écran. Seuls, les résultats des
confrontations sont donnés sous
forme de rapports de bilans
imprimables. En expérimentation
au CROSAT au cours de l’année
2000, SPECTRUM pourrait être
disponible pour des exercices
d’auto-entraînement des brigades
au centre de simulation de l’EEM (école
d’état-major) à partir de l’été 2001.
L’ENTRAINEMENT DES
PC DE NIVEAU 1 : UNE
PROBLEMATIQUE
OUVERTE
Le domaine de l’entraînement d’un PC de niveau 1 est
beaucoup plus complexe à appréhender.
Les
retards
constatés
actuellement dans le domaine
s’expliquent à la fois par la
priorité donnée jusque là par le
commandement aux niveaux 2 et
3, mais aussi par la complexité
technique de la satisfaction d’un
besoin à ce niveau, qui n’est pas
encore exprimé avec précision.
En effet, une analyse rapide
du besoin d’entraînement du
niveau 1 met en lumière au moins
trois domaines pour lesquels
réside une difficulté technique
importante que les technologies
d’aujourd’hui savent à peine
résoudre.
Objectif Doctrine
16
Ces difficultés sont identifiées :
• par le niveau même d’entraînement, qui est élevé,
• par l’étendue du domaine des
opérations à prendre en compte
qui est très vaste,
• par les directives d’entraînement
à l’horizon 2005, qui imposent
une interconnexion entre les
différentes simulations d’entraînement de ce niveau en service
chez nos alliés.
Le niveau d’entraînement
La mise sur pied d’un PC de
niveau 1 par la France correspond
aux objectifs de notre politique de
défense, définis par la loi de
programmation 1996/2002. Ce PC
pourrait être subordonné au
commandant de la composante
terre ou assumer les responsabilités
de celui-ci, devenant alors PC de
CTT (composante terrestre de
théâtre).
N° 22-02/2001
DOCTRINE
The event requiring consideration by
the Ops Cell under
training is followed by
three possible responses
to the incident, proposed
by exercise control. It is
then the posture of the
Ops Cell in relation to
the proposed response
that
triggers
the
variables of the RAM
and all its consequences
for the simulation
parameters in the
database. SPECTRUM
is thus capable of
measuring the economic,
social
and
political impact of a
force deployed into a
theater, by awarding a
degree of satisfaction or
dissatisfaction to the protagonists in
a given geographic zone.
This function is made possible
in SPECTRUM by a RAM, which
is the distinctive feature of this
simulation. The RAM is in fact the
parameter input, in digital tabular
form, of all the social, economic and
political factors, which characterize
the theater where the force is
deployed.
Finally,
military
operations are modeled in the
standard way as in JANUS and
BBS simulations, but the interactions between the different units
represented are not visible on the
screen. Only the results of confrontation are given, in the form of
contact report printouts. On trial
at CROSAT during 2000,
SPECTRUM could be available
for brigade self-training exercises
in the staff college simulation
center from summer 2001.
DEPLOYMENT
LEVEL 1 CP
TRAINING:
AN OPEN
QUESTION
Level 1 CP training is a
much more complex field.
Current delays can be
explained both by the priority given
up till now by higher command to
levels 2 and 3, and by the technical
complexity of meeting the
requirement at this level, a
requirement that has yet to be
precisely defined.
A rapid assessment of level 1
training requirements highlights
at least three areas where serious
technical problems lie, which
current technology scarcely knows
how to cope with.
Objectif Doctrine
17
These problems can be identified as:
- the very high level of training,
- the vast extent of the area of
operations which must be taken
into account,
- the training directives for the
2005 time frame, which impose
an interconnection between the
various training simulation
systems at this level in service
with our allies.
The level of training
The establishment by France
of a level 1 CP corresponds to our
defense policy objectives, defined by
the 1996/2002 program law. This
CP could be subordinated to the
land component command (LCC),
or consequently assumes the
responsibilities of that command,
thereby becoming the LCC CP.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
De ce fait, le volume de force
à prendre en compte pour satisfaire
le besoin peut aller de 5000
hommes jusqu’à 300 000 hommes.
De plus, outre le volume de forces
concernées qui peut fortement
varier, le PC de CTT peut se voir
confier la coordination de la mise
en œuvre des opérations interarmées aussi diverses en engageant
des moyens terrestres (opérations
aéroterrestres ; aéroportées, amphibies), aériens et maritimes. Le
modèle de simulation doit donc
satisfaire ce besoin en intégrant
outre l’espace maritime, l’espace
aérien et l’espace terrestre dans la
même simulation, avec toute la
difficulté que représente la différence d’échelle.
Le problème de la finesse de
modélisation des unités représentées dans la simulation se pose
alors. Faut-il se contenter d’une
modélisation grossière du niveau
bataillon (comme le fait le logiciel
JTLS - joint level theater simulation) afin de ne nécessiter qu’un
nombre restreint d’opérateurs, ou
bien faut-il accentuer la finesse de
résolution des combats en représentant les unités jusqu’au niveau
de la compagnie ou de l’escadron,
au risque de payer une lourde
facture en opérateurs ?
L’étendue du domaine à
prendre en compte
Par ailleurs, l’entraînement
des états-majors de niveau 1 doit
permettre de simuler les cinq
phases définies dans le processus
opérationnel d’un engagement :
- planification,
- montée en puissance et mise
sur pied de la FOT,
- projection,
- conduite des opérations,
- désengagement.
Même si le cycle d’entraînement n’est réellement concrétisé
que dans la phase de conduite des
opérations, l’outil de simulation
doit permettre de répondre aussi
aux besoins générés par les autres
étapes précitées.Toutefois, la vision
d’un outil informatique couvrant la
totalité de la plage définie est hors
de portée aujourd’hui sur le plan
technique.
Les objectifs d’entraînement
Enfin, l’objectif fixé pour
2005 lors de la définition de la
politique générale de simulation
interarmées impose de disposer
d’un système national de niveau 1
et d’un centre de simulation
interarmées équipé de moyens de
simulation interopérables avec
ceux de l’Alliance. Des progrès importants dans le domaine de
l’interconnexion des simulations
permettant l’interopérabilité sont à
attendre et semblent se situer à
notre portée en terme de technologie. Toutefois, les moyens existants chez nos alliés au niveau 1
aujourd’hui ne sont pas interopérables et leur évolution en la
matière ne semble pas encore
assurée.
Ainsi la satisfaction du besoin
d’entraînement des PC de niveau 1
est une opération complexe qui
doit être conduite non seulement
en interarmées, mais aussi avec nos
alliés en interallié. Elle nécessiterait une politique commune en
matière d’entraînement des forces
au moyen de la simulation qui est
pour le moment inexistante même
si des déclarations d’intentions ont
été formulées dans ce domaine par
les différentes parties.
Afin de répondre à l’urgence
actuelle d’entraînement d’un PC
de niveau 1 et malgré les
contraintes citées ci-dessus, plusieurs
solutions sont aujourd’hui à
Objectif Doctrine
18
l’étude. Les différentes réponses
envisageables aujourd’hui semblent être, soit d’élargir la plage
vers le haut de la future simulation
SCIPIO, soit d’acheter sur étagère
un produit étranger à nos
partenaires et alliés. En service
depuis moins d’une dizaine
d’années, JANUS-FRANCE et
BBS-FRANCE répondent à la
majorité des besoins actuels de
formation et d’entraînement des
PC de niveaux 2 et 3.
Depuis leur mise en service,
ils ont très fortement évolué pour
s’adapter aux nombreuses transformations de l’Armée de terre. Tout
en exigeant un nombre assez élevé
d’opérateurs, ces deux simulations
apportent, pour un coût assez
modeste, une plus-value inestimable à la qualité et au réalisme
d’entraînement des PC. Les conclusions positives du premier
exercice de brigade logistique en
sont une preuve supplémentaire.
Dans ce domaine, l’Armée de
terre a fait les bons choix des
simulations et a parfaitement
conduit l’équipement et le soutien
des différents centres. La réalisation d’un outil d’entraînement de
niveau 1, quant à lui, est cependant
indispensable, car elle correspond
bien à nos ambitions en Europe.
Mais elle est confrontée à des
difficultés techniques comme nous
l’avons vu plus haut et également à
une certaine indécision quant à la
satisfaction du besoin spécifique.
Cette situation est à la fois le
résultat d’un manque de politique
d’entraînement au moyen de la
simulation de ce niveau qui fait
défaut depuis plusieurs années, et
également de la politique maximaliste actuelle qui semble être la
tendance constatée depuis peu
pour rattraper le temps perdu ❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
The number of troops to be
taken into account to meet the
requirement could be from 5,000
up to 300,000 men.
Furthermore, apart from the
volume of forces engaged, which
can vary enormously, the LCC CP
might be given the task of
coordinating the implementation of
joint operations, with all the
diversity of commitment of land
resources (air landed, airborne or
amphibious operations), air or
naval resources. The simulation
model must therefore meet this
requirement by integrating the sea,
air and land environment into the
same simulated situation, with all
the difficulties involved in the
differences of scale.
The problem is then posed of
fine detailing of the modeling of the
units represented in the simulation.
Should we be satisfied with crude
battalion-level modeling (as in the
joint level theater simulation
program), to keep down the
number of operators needed, or
should we enhance the finedetailing of the outcome of combat
by representing units down to
company/squadron level, which
might require an excessive number
of operators?
The extent of area of
operations
Incidentally, training of
level 1 staffs should include
simulation of the five phases
defined in the operational
procedures for a commitment:
- planning,
- build up and mobilization of the
task force,
- force projection,
- conduct of operations;
- disengagement.
Even if the training cycle is
only really fully developed for the
conduct of operations phase, the
simulation tool should allow for a
response to the needs generated by
the other phases detailed above.
However, the prospect of a
computer program capable of
covering the whole of the scope is
currently out of our range, on
technical grounds.
being studied. The various options
currently envisaged seem to be
either to upgrade future SCIPIO
simulation, or to buy an off-theshelf foreign product from one of
our allied partners. In service for
less than ten years, JANUSFRANCE and BBS-FRANCE
meet most of the current
requirements for levels 2 and 3 CP
training.
Training goals
Since coming into service,
they have evolved very considerably
to adapt to the many changes in the
French Army. Although requiring
a fairly high number of operators,
these two simulation programs
provide, at a relatively modest cost,
a considerable bonus in the quality
and realism of CP training.
Finally, the objective set for
2005 in the definition of joint
service general simulation policy
imposes the requirement for a
national level 1 system, and for a
joint service simulation center, with
an equipment interoperable with
that of the Alliance. Significant
progress can be expected in the field
of simulation interconnection
leading to interoperability, and this
would seem to be technologically
within our reach. However the
level 1 means currently in service
with our allies are not interoperable, and any improvement
along this line is so gar not
guarranted.
Meeting the level 1 CP
training requirement is therefore a
complex matter that must be
managed with our allied on both a
joint and combined basis. It will
require a common policy on Force
simulation training, something
that is currently completely lacking,
although the various parties have
made some statements of intent in
this area.
To meet the current urgent
requirements of the level 1 CP
training problem, in spite of the
constraints already noted above,
several solutions are currently
Objectif Doctrine
19
The positive results of the
first logistic brigade exercise are
further proof of this. In this area,
the French Army has made the
right decision for simulation
systems, and well managed the
equipment and support of the
various training centers. The
creation of a level 1 training tool is
essential, because it corresponds to
our ambitions in Europe. But it
faces technical difficulties, as shown
above, and also a degree of
indecision in the definition of the
specific requirement.
The situation arises mainly
from the lack, over many years, of
a simulation training policy for this
level but also from the maxima
current policy which seems to be the
trend to make up for lost time.
2001 should allow us to see our way
ahead more clearly, and to take
position on the options to be
selected❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
LA SIMULATION OPERATIONNELLE
AU SERVICE DES ETUDES DOCTRINALES
par le colonel Sainte-Claire Deville,
chef de la section analyse opérationnelle du CROSAT
et par le lieutenant-colonel Lafont-Rapnouil,
chef de la cellule études tactiques du CROSAT
La simulation opérationnelle, par l’intermédiaire des simulations numériques et des simulations
d’études, permet un appui scientifique de qualité contribuant à la crédibilité des études doctrinales.
La conduite de ce type de simulation nécessite de suivre une méthodologie stricte, visant à en garantir
le sérieux, qui sera présentée dans une première partie. Pour illustrer concrètement le propos, la
deuxième partie de l’article présentera une étude menée par le CROSAT dans le cadre de son plan de
charge pour l’année 2001.
METHODOLOGIE DE
CONDUITE D’UNE
SIMULATION AU PROFIT
D’UNE ETUDE
DOCTRINALE
L
es
études
doctrinales
menées par le CREDAT, et,
dans une moindre mesure
par les DEP (direction des études
et de la prospective), ont pour but
de réfléchir sur la définition de
nouveaux concepts et de nouvelles
doctrines d’emploi des moyens. La
simulation est un moyen puissant
qui permet d’élargir la réflexion de
l’officier en charge de la doctrine.
En fonction du problème
posé, une équipe mixte d’officiers
du CROSAT (les compétences utilisées sont aussi bien opérationnelles que techniques [simulation, recherche opérationnelle])
va d’abord, en liaison étroite avec le
demandeur, préciser et définir
exactement son besoin. Toute
simulation doit avoir pour cadre un
scénario couvrant l’ensemble des
questions soulevées.
Elaboré souvent en commun,
ce scénario nécessite une forte
implication du demandeur, en
particulier dans la phase de
modélisation qui consiste à rendre
le scénario "compréhensible" par la
simulation. La phase suivante
concerne le choix technique de la
simulation à utiliser pour répondre
au mieux au problème.
Deux possibilités s’offrent
actuellement au CROSAT pour
conduire ce type d’étude :
-La plus fréquemment retenue
consiste à utiliser le modèle de
simulation numérique JANUS.
La finesse de ce modèle, initialement conçu à des fins d’étude,
permet de modéliser dans des
conditions satisfaisantes les fonctions opérationnelles "combat de
contact", "feux dans la profondeur", "agencement de l’espace
terrestre", et "renseignement"
jusqu’au niveau de la brigade.
- Lorsque la demande sort du
domaine de prédilection de
JANUS, le CROSAT peut alors
être conduit à développer en
interne, à partir de progiciels
existants, un outil de simulation
Objectif Doctrine
20
d’étude qui permettra de répondre au besoin exprimé (cas
d’études à caractère logistique ou
organisationnel).
Dans tous les cas, le modèle
retenu sera ensuite mis en œuvre
selon le scénario envisagé. La phase
d’analyse des résultats, outre une
parfaite connaissance des limites
des modèles utilisés, impose l’apport
de techniques de recherche
opérationnelle pour s’assurer de la
validité statistique de tels ou tels
indicateurs susceptibles de fournir
des éléments de réponse.
Une analyse optimale des
résultats nécessitera encore la
participation du demandeur de
l’étude. A l’exception des phases
purement techniques, il sera aussi
fait appel, autant que de besoin, à
des expertises spécifiques provenant des différents horizons de
l’Armée de terre. L’ensemble des
travaux effectués sera alors
consigné dans un rapport. Ce
rapport donnera des éléments de
réponse au problème posé en
s’appuyant sur une analyse
scientifique rigoureuse des simulations conduites.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
OPERATIONAL SIMULATION
IN SUPPORT OF DOCTRINAL STUDIES
by colonel Sainte-Claire Deville,
head of the operational analysis section (CROSAT)
and by lieutenant-colonel Lafont-Rapnouil,
head of the tactical studies cell (CROSAT)
Operational simulation, through constructive simulation and study simulations, offers high quality
scientific support that contributes to the credibility of doctrinal studies.
The conduct of this type of simulation requires the employment of a strict methodology, aimed a
ensuring a critical approach; this will be described in the first part of this paper. As a concrete
illustration of this, the second part will present a study carried out by CROSAT as part of its 2001
program.
METHODOLOGY FOR THE
CONDUCT OF A
SIMULATION IN SUPPORT
OF A DOCTRINAL STUDY
D
octrinal studies carried
out by CREDAT, and, to
a lesser extent, by, the
DEPs (directorates for studies and
trend analysis), are intended to
reflect on the definition of new
concepts and new doctrines for the
employment of resources. Simulation
is a powerful resource that enables
the perspective of the staff officer
responsible for doctrine to be
expanded.
A mixed team of CROSAT
(the capabilities used are as much
operational as technical [simulation, operational research]) officers,
selected as a function of the subject,
will begin by defining the requirement in detail in close liaison
with the tasking agency. Any
simulation must have as a framework a scenario that covers all the
questions raised. This scenario,
usually developed jointly, requires a
high degree of involvement from
the tasking agency, especially
during the modeling phase, which
involves making the scenario
“intelligible” to the simulation. The
next phase involves the technical
choice of simulation to use to best
address the problem.
Two options are currently
available at CROSAT to carry out
this type of study:
- The one that is most often
adopted involves using the
JANUS digital simulation
model. The accuracy of this
model, initially designed for
research purposes, enables the
“contact battle”, “in-depth fire
support”, “organization of the
battle space” and “intelligence”
operational functions to be modeled
satisfactorily down to brigade
level.
- When the request falls outside
the preferred field of JANUS,
CROSAT may then need to
develop a research simulation
Objectif Doctrine
21
tool internally, based on existing software packages, which
will enable the expressed requirement to be met (case of logistical or organizational studies).
In all cases, the selected model
will then be run within the planned scenario. The results analysis
phase also requires, in addition to a
full and perfect understanding of
the limits of the model used, the
application of operational research
techniques to ensure statistical validity of this or that indicator that
might provide part of the answer.
Optimal results analysis will
still require the participation of the
agency requesting the study. Apart
from the purely technical phases,
there will also be a need to call on,
as required, the specific expertise
available across the French Army.
All the work carried out will then
be summarized in a report. This
report will contain answers to the
problem posed, based on a rigorous
scientific analysis of the simulations
carried out.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Il sera ensuite de la
responsabilité du demandeur de
valider les conclusions de ce
rapport et de les intégrer dans ses
propres réflexions doctrinales. En
effet, ce n’est pas la simulation qui
fait la doctrine : elle se contente
modestement de proposer une
représentation possible, mais
toujours imparfaite, de la réalité.
d’emploi relatif à ce type
d’opérations (manuel d’emploi
relatif
aux
opérations
de
bréchage).
En septembre 2000, le
CROSAT a été mandaté par
l’ESAG pour mener une étude
ayant pour but de participer à la
validation de ce concept. En fait, il
un dossier d’exercice très complet
répondant aux besoins de l’étude
et fixer en particulier :
- le choix du (ou des) terrain(s) et
leur création sur JANUS (il
s’agit soit d’un terrain réel
généré automatiquement, soit
d’un terrain “construit” pour les
besoins de l’étude),
Déroulement d’une simulation au profit d’une étude doctrinale
- la constitution des
forces amies et ennemies. Quel volume, de
quel niveau (sous-groupement, groupement,...),
avec quels équipements
et
matériels,
quel
environement
interarmes, voire interarmées,...
- la création d’un thème
tactique correspondant
aux normes d’engagement prévues pour
une opération de bréchage.
UN EXEMPLE CONCRET :
L’ETUDE "BRECHAGE"
L’arme
du
Génie
a
développé ces dernières années le
concept de “bréchage” qui
correspond au franchissement de
zones d’obstacles intégrées au sein
d’un dispositif défensif continu
adverse, organisé ou non dans la
profondeur ("breaching" dans la
doctrine américaine).
La direction des études et de
la prospective (DEP) de l’école
supérieure et d’application du
Génie d’Angers (ESAG) a rédigé
la première version du mémento
s’agit pour le CROSAT de tester,
au travers de la simulation, le
scénario décrit dans le manuel
d’emploi relatif aux opérations de
bréchage dans le but de fournir au
demandeur une analyse tirée des
résultats obtenus au travers des
nombreux jeux qui auront pu être
effectués avec l’outil JANUS.
La première phase de cette
étude est primordiale. Elle nécessite une implication totale du
demandeur et une parfaite coordination de ce dernier avec le
CROSAT. En effet, il va s’agir de
construire un scénario réaliste qui
servira de support pour mener les
travaux. Pour cela, il faut monter
Objectif Doctrine
22
La deuxième phase
consiste à délimiter le
périmètre et le champ
exact de l’étude. Il s’agit,
toujours en étroite liaison avec le
demandeur, de déterminer quels
types de conclusions seront plutôt
recherchés au cours de l’étude
(résultats concernant l’attrition,
l’efficacité des matériels,...).
Ce travail préalable permet
d’affiner le domaine de l’étude et,
tenant compte de la validité des
modèles de JANUS et des
résultats recherchés au travers de
la simulation, de déterminer le
nombre de jeux à effectuer pour
obtenir des résultats statistiques
valides et les paramètres à faire
évoluer au fur et à mesure des “rejeux” à fin de comparaison.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
It will then be the
responsibility of the tasking agency
to validate the conclusions of this
report and incorporate them in its
own doctrinal deliberations. It is
not of course simulation that
determines doctrine: it must
content itself with merely
suggesting a possible, but inevitably
imperfect, representation of reality.
operation (breaching operations
manual). In September 2000,
CROSAT was tasked by ESAG
with carrying out a study aimed at
helping to validate this concept.
This amounted to the testing by
CROSAT, using simulation, of the
scenario described in the breaching
operations manual with the aim of
providing the tasking agency with
- the choice of exercise area(s) and
their creation within JANUS
(this could either be a real land
area generated automatically, or
a terrain “constructed” for the
requirements for the study),
-
Sequence of a simulation in support of a doctrinal study
the constitution of
friendly and enemy
forces. What volume,
what level (task force,
combat team, etc.),
what equipment and
material, what combined
arms structure, any
joint service involvement, etc.
- the creation of a
tactical theme corresponding to the planned
rules of engagement
for a breaching operation.
A CONCRETE EXAMPLE:
THE “BREACHING”
STUDY
an analysis drawn from numerous
runs which could be carried out
using the JANUS tool.
In recent years the Engineer
branch has developed the concept of
“breaching” which is the crossing of
obstacles incorporated within an
adversary’s defensive posture,
sometimes but not always organized in depth. The directorate for
studies and trend analysis (“DEP”)
in the engineer branch school at
Angers (ESAG) has drafted the
first version of the operational
manual concerning this type of
The first phase of this study is
vital. It requires the absolute
involvement of the tasking agency
and full coordination of the latter
with CROSAT. What is in fact
involved is the creation of a realistic
scenario that will serve as a support
on which to carry out the work. To
achieve this, a comprehensive exercise
file must be created that meets the
requirements of the study and will
lay down in particular:
Objectif Doctrine
23
The second phase involves demarcating the
boundary and the precise
scope of the study. This
involves, still in close
liaison with the tasking
agency, determining the types of
conclusion that will be sought
during the study (results
concerning attrition, equipment
effectiveness, etc.).
This preliminary activity
enables the study envelope to be
refined and, taking account of the
validity of the JANUS models and
the results sought from simulation,
to determine the number of runs to
be made to obtain statistically valid
results and the parameters that
need to be varied during the «reruns» for comparison purposes.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Ce travail est indispensable
non seulement pour planifier et
organiser le déroulement des jeux
mais aussi pour orienter l’officier
chargé d’étude dans la rédaction
du rapport qui doit apporter des
éléments de réponse dans les
domaines souhaités par le
demandeur.
Ce travail effectué en amont
est le préambule indispensable à
toute étude de qualité. La phase
suivante consistera à effectuer les
“runs” (un run est le déroulement
complet d’un scénario). L’étude
menée en amont a déterminé le
nombre de runs à effectuer pour
obtenir des résultats exploitables
en vue de tirer des conclusions
valides).
Ces runs pourront être joués
soit avec la participation d’opérateurs JANUS si le scénario est
compliqué – il faudra alors tenir
compte de l’action des opérateurs
qui ne peut se répéter exactement
d’un run sur l’autre - soit en
“auto-jan”, c’est-à-dire automatiquement par la machine après
avoir rentré les éléments complets
du scénario.
C’est au cours de ce travail
que les paramètres fixés au départ
seront modifiés au fur et à mesure
des runs pour permettre d’étudier
l’évolution des résultats induits
par ces modifications.
Ces paramètres peuvent
concerner le volume des forces en
présence comme les conditions
météorologiques ou encore le
type de terrain sur lequel se
déroule l’action.
Vient enfin la phase d’analyse des résultats. JANUS permet
de retrouver l’ensemble des
actions de chacun des pions, dans
l’espace et dans le temps. Grâce à
des outils comme JANALYSE
(JANUS ANALYSE : permet
d’éditer des résultats sous forme
graphique), il s’agira alors de trier
les données, de les analyser et d’en
tirer des conclusions tactiques.
Ces conclusions seront intégrées
au rapport final qui sera remis à
l’ESAG. La DEP pourra ainsi
disposer d’un certain nombre
d’éléments de réponse pour poursuivre et affiner la validation du
concept de bréchage.
France. JANUS, conçu initialement comme outil d’étude,
dispose de modèles très fins
permettant une bonne représentation du combat interarmes
jusqu’au niveau brigade. Le
renouveau de la doctrine mené par
le CREDAT en liaison avec les
DEP des écoles d’armes devrait
voir les études doctrinales
assistées par la simulation se
développer dans les années à venir.
Toutefois, il est bon de rappeler
que la simulation, aussi précise
soit elle, n’est qu’une représentation imparfaite de la réalité.
Elle ne pourra donc jamais se
substituer au travail complexe et
multiforme de la doctrine. Elle
demeure en revanche un outil
efficace, sous réserve qu’on en
connaisse les limites, pour
participer à la réflexion par
l’apport d’un certain nombre
d’éléments de réponse ❖
*
*
*
L’emploi de la simulation
dans les études doctrinales est
aujourd’hui peu développé en
Objectif Doctrine
24
N° 22-02/2001
DOCTRINE
This activity is essential not
only to plan and organize the
sequencing of the runs but also to
guide the officer in charge of the
study in the drafting of the report,
which must contain answers in the
fields requested by the tasking
agency.
be modified for different runs so
that variations in the results
arising from the changes may be
studied. These parameters may
involve the volume of forces
present, the weather conditions or
even the type of terrain over which
the operation takes place.
This preliminary activity is
an essential prerequisite to any
high-quality study. The next phase
involves carrying out simulation
runs (a run is a complete play
through of a scenario. The
preliminary study has determined
the number of runs needed to
obtain usable results if valid
conclusions are to be drawn).
Finally there is the results
analysis phase. JANUS enables the
actions of all the players to be
retrieved, in space as well as in
time. Using tools such as
JANALYSE (JANUS ANALYSE:
enables results to be generated in
graphical form), data can be sorted
and analyzed and tactical
conclusions drawn from it. These
conclusions will be incorporated in
the final report that will be
submitted to ESAG. The DEP will
then have a certain number of
answers, which he may use to
pursue and refine the validation of
the breaching concept.
These runs may be played
either with the participation of
JANUS operators if the scenario is
complicated – account must then be
taken of the input from the
operators, which must not be
repeated exactly from one run to the
next – or in “auto-run”, in other
words automatically by the
machine after having entered all
the elements of the scenario.
It is during this phase that
the parameters set at the start will
France. JANUS, designed initially
as a research tool, has some very
detailed models enabling good
representation of the combined
arms battle down to brigade level.
The revival of the doctrine led by
CREDAT in liaison with the
DEPs in the branch schools should
see simulation-assisted doctrinal
studies develop over the years to
come. However, it must not be
forgotten that simulation, however
accurate it may appear, is no more
than an imperfect representation of reality. It can therefore
never take the place of the complex
and multifaceted work of doctrine
specialists. It will however remain
an effective tool in support of
studies, provided its limitations are
recognized, offering answers to
some aspects of the questions ❖
*
*
*
The use of simulation in
doctrinal studies is currently at an
early stage of development in
Objectif Doctrine
25
N° 22-02/2001
DOCTRINE
LA SIMULATION OPERATIONNELLE AU SERVICE
DE L’ENGAGEMENT DES FORCES
par le colonel Sainte-Claire Deville,
chef de la section analyse opérationnelle du CROSAT
La présentation de l’engagement des forces devrait devenir, à moyen terme, un domaine d’emploi
privilégié de la simulation opérationnelle. Le développement des outils d’aide à la décision doit en effet
permettre d’optimiser les différentes étapes liées à l’engagement des forces, de la planification à la
conduite des opérations.
C
es outils peuvent se répartir selon deux catégories
distinctes (cette classification a été établie dans le cadre de
l’étude opérationnelle «méthodologie pour la constitution d’une
force opérationnelle terrestre») :
- Les outils d’aide à la réalisation
des tâches d’état-major : ils
permettent d’automatiser certains travaux (rédaction de plans,
rédaction d’ordres, bilan, indicateurs,…). Ces outils "de bureautique améliorée" ne nécessitent pas des développements
lourds et compliqués ; ils ont
vocation à être utilisés par tout
officier d’état-major et doivent
être intégrés dans les SIC.
- Les outils d’aide à la décision
"intelligents" : ils ont pour
objectif d’élargir la réflexion de
l’officier d’état-major dans ses
travaux de planification et de
conduite des opérations. Ils mettent
en œuvre des modèles élaborés
de simulation numérique.
Afin de se limiter au thème de
ce numéro spécial sur la simulation
opérationnelle, cet article se
propose de présenter les outils
d’aide à la décision "intelligents",
non seulement en terme de besoins
mais aussi d’emploi.
DES BESOINS ESQUISSES
MAIS ENCORE LOIN
D’ETRE FINALISES
Le CROSAT mène actuellement une étude demandée par le
CFAT, qui a justement pour
objectif d’identifier et d’exprimer
le besoin en matière d’outils d’aide
à la décision adaptés à ses travaux
de planification opérationnelle.
Sans vouloir préjuger des résultats
finaux de cette étude, on peut,
toutefois, à la lumière d’études
conduites antérieurement (l’étude
WGAM, conduite en 2000 en
coopération avec le CSEM et
présentée dans le numéro de
février 2000 d’Objectif Doctrine,
s’inscrit dans ce cadre) par le
CROSAT et des réflexions menées
au niveau de l’Armée de terre et en
interarmées, décrire à titre
d’exemple et de manière non
exhaustive (d’autres besoins existent en matière de montée en
puissance, de projection et de
déploiement) deux besoins susceptibles d’être couverts par l’utilisation d’outil(s) de simulation
numérique.
Le premier besoin est celui
de la constitution d’une force. A
partir des directives de planification de l’échelon supérieur, il
est intéressant, en faisant varier
plusieurs paramètres (effectifs,
poids relatif des fonctions opéra-
Objectif Doctrine
26
tionnelles, effets à réaliser,…), de
décrire l’organisation d’une force
optimisée selon certains critères
(protection, puissance de feu,
soutien,…). Le CROSAT a développé en 1999 un démonstrateur
intitulé COFO (constitution de
forces), s’appliquant aux forces de
la fonction contact (cf. p. 30). Cet
outil, détenu par le CFAT, devrait
permettre de préciser le besoin
dans un domaine complexe,
difficile à modéliser. L’outil INCA
(impact d’une nouvelle charge sur
les activités), également utilisable
par le CFAT, peut aussi permettre
de parfaire le processus de
constitution d’une force, en fournissant des éléments d’appréciation sur les unités à désigner
en fonction de leurs activités
(cf. p. 30).
Le deuxième besoin vise à
satisfaire les outils suivants :
- la confrontation des modes
d’action ami (MA) / modes
d’action ennemi (ME), en
évaluant par la simulation la
pertinence d’un MA face à un
ME, en fonction des critères de
confrontation fixés par le chef,
- la répétition de missions, en
testant la conformité du plan
d’opération par rapport aux
objectifs recherchés grâce à la
conduite d’une simulation à
double action,
N° 22-02/2001
DOCTRINE
OPERATIONAL SIMULATION IN
SUPPORT OF FORCE ENGAGEMENT
by Colonel Sainte-Claire Deville,
head of the operational analysis section of CROSAT
(French Army operational and simulation research center)
The presentation of force engagement will become a major field for the use of operational simulation.
The development of tools to aid decision-making will optimize various stages associated with the
engagement of forces, from planning to the conduct of operations.
T
hese tools may be divided
into two distinct categories (this classification
was derived as part of the
operational study “methodology for
the constitution of a land operational force“):
- Tools to aid in the accomplishment of HQ staff tasks
which enable the automation of
certain activities (preparation of
diagrams, drafting of orders,
assessments, indicators, etc).
Such “improved office automation” tools do not require
costly or complicated development; they are intended for use
by any staff officer and must be
integrated into CIS.
- “Intelligent” aids to decisionmaking which aim to expand
the perspective of the staff officer
concerned with planning and the
conduct of operations. They
utilize advanced digital simulation models.
To remain true to the theme
of this special edition on operational
simulation, this article aims to
present “intelligent” decision support tools, in terms of requirements
and utilization.
REQUIREMENTS IN
OUTLINE, BUT FAR FROM
BEING FINALIZED
CROSAT is currently studying, at the request of CFAT
(land forces command, Lille,
France), the requirements for
computerized decision-making tools
adapted to its operational planning
activity. Without wishing to
prejudge the final results of this
study (the WGAM study, carried
out in 2000 in cooperation with the
CSEM, and presented in the
February 2000 edition of Objectif
Doctrine, falls in this category) , we
can consider earlier studies by
CROSAT and analysis carried out
at Army and joint service level. For
illustrative
purposes
(other
requirements exist associated with
force build up, projection and
deployment), we can draw from
this work two requirements that
could be covered by the use of digital
simulation tools.
The first requirement is the
constitution of a force. Using
planning directives from the next
higher echelon as a basis, there are
advantages to be gained by varying
several parameters (strength,
relative weight of operational
Objectif Doctrine
27
functions, effects achieved, etc.) to
describe the organization of a force
optimized against certain criteria
(protection, fire power, support,
etc.). In 1999 CROSAT developed
a demonstrator called COFO
(constitution de forces), which
applied to forces involved in the
close battle (see figure 1). This
CFAT tool should model the
difficult task of identifying requirements in a complex environment. Another CFAT program,
INCA ( impact of a new task on an
organization) could perfect the
force constitution process by
providing
appropriate
data
concerning units designated as a
function of their activities (see
p. 31).
The second requirement aims
to meet the following needs :
- confronting friendly and enemy
actions to assess each friendly
course of action (COA) against
each enemy COA as a function of
the criteria set be the commander
for the confrontation,
- iterations of the mission, testing
compliance of the operational
plan with defined objectives using
a feedback,
N° 22-02/2001
DOCTRINE
- le développement du plan de
manœuvre, en conduisant des
simulations spécifiques aux
hypothèses envisagées pour la
suite des opérations.
Ce besoin pourrait être
couvert par un même outil,
reposant sur un modèle de
simulation numérique qu’il convient de développer.
En effet, les expériences
menées jusqu’à présent avec les
outils actuels (JANUS) ont montré
leur inadaptation aux exigences
imposées par l’usage de la simulation dans un cadre opérationnel.
Un outil de simulation numérique
utilisé à des fins de planification
opérationnelle doit en effet satisfaire à deux critères :
- il doit d’abord être compatible
avec le cadre temporel du cycle
décisionnel.
Cette exigence se traduit par
la nécessité de pouvoir disposer
d’outils permettant d’effectuer des
simulations en temps accéléré.
- il doit ensuite être économe des
moyens.
Il importe en effet de
minimiser la charge en opérateurs
nécessaires au bon fonctionnement
du système. Cela impose donc de
développer la technologie des
automates décisionnels (CGFcomputer generated force). En
fonction du niveau d’emploi de la
simulation, le modèle peut
conduire lui-même l’action des
unités. La simulation numérique à
des fins de planification est donc
une simulation qui met en œuvre
des techniques plus évoluées que
celles employées dans les simulations actuelles, conçues à des fins
d’entraînement. L’outil envisagé,
dont il reste à établir la fiche de
caractéristiques militaires, s’inscrit
dans le cadre du projet SCIPIO,
présenté dans un article du présent
numéro. Cet outil, SCIPIO
PLANIF, devrait bénéficier des
avancées technologiques communes
au
projet
SCIPIO
(automates) et pourrait être mis en
service à l’horizon 2008.
UN EMPLOI A DEFINIR
L’arrivée, d’ici quelques
années, de ces outils dans les étatsmajors opérationnels devra être
précédée d’une réflexion en
profondeur sur les conditions
d’emploi de ces moyens. Le
concept d’analyse opérationnelle,
mis en œuvre depuis une décennie
dans le cadre de l’OTAN et dans
les pays anglo-saxons et étudié par
le CROSAT depuis 4 ans (envoi
d’officiers en MCD dans des
organismes spécifiques [SHAPE,
EM/SFOR], tenue d’un séminaire
«Analyse Opérationnelle» à Lille en
1998), peut fournir quelques pistes.
En effet, la mise à disposition
directe de tels outils n’est pas sans
poser un certain nombre de
questions. Une simulation consiste
à concevoir un modèle, "représentation imparfaite de la réalité" ;
pour en tirer le meilleur parti, il
faut en permanence rester dans son
domaine de validité et analyser les
résultats obtenus avec une rigueur
quasi "scientifique". Ces résultats,
une fois validés, sont à prendre en
compte comme un élément d’aide à
la décision ; il faut se garder de tout
risque d’inféodation à l’ordinateur.
Les
dérives
de
type
"wargames" doivent être d’emblée
écartées par la mise en place de
cellules spécifiques dont la
vocation est bien la mise en œuvre
de ces systèmes. Par exemple il ne
serait pas raisonnable de mettre des
centres d’entraînement par la
simulation à la disposition directe
Objectif Doctrine
28
des unités entraînées sans y
adjoindre les compétences des
spécialistes capables, non seulement de faire fonctionner le
modèle, mais aussi d’interpréter les
résultats de la simulation et d’en
comprendre les limites.
Les cellules d’analyse opérationnelle ont vocation à mettre en
œuvre ces outils. Mandatées
généralement par les cellules
"manœuvre future" ou "planification", elles conduisent les simulations selon des procédés standardisés (délai de réponse, critères
d'évaluation,...) et fournissent au
demandeur les résultats attendus.
L’officier en charge de la
planification opérationnelle, tout à
son métier qui est bien de "penser
la guerre", intègre ou n’intègre pas
ensuite ces éléments à sa réflexion
personnelle, les confronte avec
d’autres aspects (facteurs humains,…) pour proposer les
solutions les mieux construites au
choix de ses chefs.
Les progrès technologiques
actuels de la simulation autorisent
son emploi à moyen terme dans les
états-majors opérationnels. Pour
disposer demain des outils les
mieux adaptés à l’engagement des
forces, il convient d’abord en
liaison étroite avec les opérationnels d’identifier et d’exprimer
clairement le besoin.
En parallèle, il est tout aussi
important dès à présent, de
réfléchir sur les conditions d’emploi
de ces moyens particuliers. Ces
deux aspects, étroitement liés, sont
actuellement pris en compte par le
CROSAT, expert "aide à la
décision" de l’Armée de terre ❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
- developing the maneuver plan,
by simulating the hypotheses
envisaged for operations.
A single, yet-to-be-developed
tool, based on a digital simulation
model, could cover this requirement.
In fact, trials to date using
current tools (JANUS) have shown
that they are poorly matched to the
requirements imposed by the use of
simulation in an operational
environment. A digital simulation
tool used for operational planning
purposes must satisfy two criteria:
- first it must be compatible with
the timescale of the decisionmaking cycle.
This requirement leads to the
need of simulation in accelerated
time.
- it must economize resources. It is
therefore necessary to minimize
the number of operators needed
for correct system operation.
Consequently there is a
requirement for the development of
decision-making robots (computer
generated force – CGF).
Depending on the level at which
the simulation is employed, the
model may itself direct the action of
units. Digital simulation for
planning purposes is a simulation
that employs techniques that are
more advanced than those used in
current simulations, designed for
training purposes. The tool
envisaged falls within the frame-
work of the SCIPIO project,
described in an article in this
edition. This tool, SCIPIO
PLANIF, should benefit from the
technical progress shared with the
SCIPIO project (robots) and could
enter service in about 2008.
AN APPLICATION YET TO
BE DEFINED
The arrival of these tools
within the next few years in
operational headquarters will have
to be preceded by an in-depth
examination of the way such
resources are utilized. The
operational analysis concept,
employed for a decade within a
NATO framework and especially
in the the United States and the
United Kingdom, and studied for
the past 4 years by CROSAT
(sending officers TDY to specific
organizations [SHAPE, EMSFOR] the holding of an
“operational analysis” seminar in
Lille in 1998 ; etc.), may indicate
the way forward.
The direct availability of such
tools in fact poses certain questions.
Simulation involves designing a
model, “an imperfect representation of reality”; to get the most
out of it, it must always stay within
its validity envelope and analyze
results obtained with almost
“scientific” rigor. These results,
once validated, need to be used in
support of decision-making; any
chance of becoming enslaved to the
computer must be avoided.
Derivatives of the “wargame”-type must be ruled out
immediately by the setting up of
dedicated cells whose sole task is the
Objectif Doctrine
29
operation of these systems. For
example, it would be unreasonable
to make simulation-based training
centers directly available to trained
units without adding on the skills
of capable specialists, not only to
run the model, but also to interpret
the results of the simulation and to
understand its limitations.
Operational analysis cells are
trained to operate such tools. They
are usually tasked by the “future
maneuver” or “planning” cells and
they carry out simulations using
standardized procedures (response
time, assessment criteria, etc.),
supplying the requesting agency
with the answers required. The
officer responsible for operational
planning, true to his profession of
“preparing for war”, then incorporates or rejects these factors
from his personal train of thought,
compares them with other aspects
(human factors, etc.) and submits
the best adapted solutions to his
superiors for a decision.
Current technical progress in
simulation will enable its use in the
medium term in operational
headquarters. So that tools that are
best adapted to force engagement
are available in the future, we
must first identify and express the
requirement, in close liaison with
the operators.
In parallel, it is just as
important to consider without delay
the way in which such special
resources are to be used. These two
aspects, closely linked, are currently
being addressed by CROSAT, the
French Army’s authority on “aids
to decision-making”❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
COFO
Constitution de force
POSSIBILITES
LIMITES
SOUS DES CONTRAINTES GLOBALES
(CHOIX TYPE CELLULES A ENGAGER)
(RESERVOIR DE FORCES)
(EFFECTIF)
LIMITE A LA
FONCTION CONTACT
COFO DETERMINE
LE NOMBRE ET LE TYPE
DE CELLULES DE BASE
(SECTIONS/PELOTONS)
APPARTENANT A LA FONCTION CONTACT
OPTIMISES SELON UN CRITERE PRECIS
(FEU, PROTECTION, COUT...)
REPOSE SUR UNE LOGIQUE
D’AFFRONTEMENT
(RAPPORT DE FORCES)
NECESSAIRES POUR REALISER UN EFFET
CARACTERISE PAR LA COMBINAISON
D’ACTIONS SIMULTANEES
CHAQUE ACTION EST DECRITE PAR :
- UN MODE D’ACTION
- UN ENNEMI POTENTIEL (MELEE)
- UN ENVIRONNEMENT
- DES CONTRAINTES LOCALES (SEUIL)
REPARTITION DES ACTIVITES DES ESCADRONS AMX 10 RC POUR L’ANNEE 2000
LOGICIEL INCA
Objectif Doctrine
30
N° 22-02/2001
DOCTRINE
COFO
Constitution of a force
CAPABILITIES
LIMITATIONS
SUBJECT TO GENERAL CONTRAINTS
(CHOICE OF TYPE OF UNITS TO BE ENGAGED)
(RESERVES OF FORCES)
(STRENGTH)
LIMITED TO THE
CONTACT FUNCTION
COFO DETERMINES
THE NUMBER AND THE TYPE
OF BASIC UNITS
(SECTIONS/PLATOONS)
BELOGING TO THE CONTACT FUNCTION
OPTIMISED USING PRECISE CRITERIA
(FIREPOWER, PROTECTION, COST...)
RELIES ON A
CONFRONTATION LOGIC
(FORCE RATIO)
REQUIRED TO ACHEVE AN EFFECT
CARACTERISED BY THE COMBINATION
OF SIMULTANEOUS ACTIONS
-
EACH ACTION IS DESCRIBED BY :
AN ACTION MODE
AN POTENTIAL ENEMY (MELEE)
AN ENVIRONMENT
LOCAL LIMITATIONS (THRESHOLD)
ACTIVITY BREAKDOWN FOR AMX 10 RC SQUADRONS FOR THE YEAR 2000
Fit for service
Fit with reservations
Unfit
In rehabilitation
On detached operations
Under training
Activity preparation
Other activities
Leave
Fixed garrison staff
On standby - home
On standby - detached
INCA PROGRAM
Objectif Doctrine
31
N° 22-02/2001
DOCTRINE
SCIPIO V1 : LE FUTUR OUTIL D’ENTRAINEMENT DES PC
DES GRANDES UNITES DE L’ARMEE DE TERRE
par le chef de bataillon Chary,
cellule conception et réalisation de programmes de simulation au CROSAT
SCIPIO V1 est un système destiné au centre d’entraînement des postes de commandement (CEPC). Il
permettra l’entraînement des PC de brigade, de division et de base de soutien divisionnaire, en utilisant
les techniques de simulation les plus modernes. La conduite du projet est assurée conjointement par le
CROSAT et le SPOTI (service des programmes d’observation, de télécommunications et d’information).
d’action. Ce premier élément, qui
remplacera à l’horizon 2005 le
système BBS/France, devrait apporter
de réels progrès à la simulation
opérationnelle, notamment dans
les trois domaines suivants :
Animation : le système réduira le
nombre d’animateurs.
Interopérabilité avec les SICs :
en l’absence d’unités sur le terrain,
le système permettra la matérialisation de la numérisation de
l’espace de bataille.
SCIPIO simule les fonctions opérationnelles de l’Armée de terre ainsi
que les liaisons d’interactions avec les autres armées
A
utorisant la mise en
présence de plusieurs
camps dans des scénarii de
haute et moyenne intensité et la
représentation des fonctions opérationnelles de l’Armée de terre,
SCIPIO est un outil complet au
service de la préparation opérationnelle des forces de contact,
d’appui et de soutien. La durée
d’un exercice pourra varier de 4 à 8
jours sans interruption, 24 h sur 24.
d’aide à la décision permettant la
comparaison rapide de modes
Coopération multinationale : le
système facilitera la participation
d’unités étrangères aux exercices
organisés au sein du CEPC (centre
d’entraînement des postes de
commandement).
ENJEU ET OBJECTIFS
SCIPIO V1 est le premier
élément d’un projet d’ensemble qui
prévoit également la réalisation
d’un outil d’entraînement du PC
de niveau 1 et celle d’un outil
SCIPIO prend en compte tous les acteurs d’un exercice et automatise
l’interface entre les SIC et la simulation
Objectif Doctrine
32
N° 22-02/2001
DOCTRINE
SCIPIO V1: FUTURE TRAINING TOOL FOR MAJOR UNIT
CPS WITHIN THE FRENCH ARMY
by major Chary,
simulation program design and realization cell at CROSAT
SCIPIO V1 is a system intended for the French Army's command post training center (“CEPC”). It will
enable the CPs of brigades, divisions and divisional logistic facilities to train. It employs the latest
simulation techniques. The project is being conducted jointly by CROSAT and SPOTI (“department for
observation, telecommunications and information programs”).
This first element, which will
replace the BBS/France system by
the year 2005, should allow for real
progress in operational simulation,
particularly in the following three
fields:
Exercise staff: the system reduces
the number of directing staff (DS).
Interoperability with CISs: in the
absence of units in the field, the
system will digitize the battle space.
SCIPIO simulates the operational functions of the French Army and
interactive links with the other armed forces.
S
CIPIO brings together
several participants in highand medium-intensity scenarios while representing the
operational functions of the Army.
It is therefore a comprehensive tool
for the operational preparation of
contact, support and rear echelon
forces. An exercise may vary in
length from 4 to 8 days, 24 hours a
day.
aid to decision-making, enabling
rapid course of action comparison.
Multinational cooperation: the
system
will
facilitate
the
participation of foreign units in
exercises organized within the
French Army’s command post
training center (CEPC at Mailly).
CHALLENGE AND
OBJECTIVES
SCIPIO V1 is the first
element in a global project that also
includes the development of a level1 CP training system, as well as an
SCIPIO takes into account of all participants in an exercise and
automates the interface between CISs and the simulation.
Objectif Doctrine
33
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Mais, au-delà de ces
premières améliorations
significatives, SCIPIO V1
est une étape incontournable
pour accéder à la maîtrise
des technologies d’automatisation
des
pions
simulés. En effet, cette
maîtrise est la condition
sine qua non pour réaliser
des outils d’aide à la
décision.
SCIPIO
Afin de satisfaire ces
différents objectifs, SCIPIO
V1 répondra donc aux
spécifications suivantes :
• qualité de l’entraînement
et de l’analyse après action
(3A), appuyée sur une
fiabilité indiscutable des modèles
de simulations des unités,
• réduction des coûts humains et
financiers d’un exercice (par
rapport à BBS),
- par un module d’aide à la
préparation des exercices,
- par l’automatisation accrue des
acteurs simulés du champ de
bataille,
- par l’automatisation de certains
échanges avec les SIC,
• adaptabilité des modèles pour
suivre ultérieurement l’évolution
des doctrines d’emploi des forces
et de leurs structures,
• connexion directe aux SICs des
animations hautes et basses avec
retransmission instantanée de la
situation perçue au niveau des
unités élémentaires,
• satisfaction d’autres besoins
(études technico-opérationnelles,
aide à la décision et à la
planification) par l’élaboration
d’un noyau commun automatisé
réutilisable de simulation de la
bataille aéroterrestre,
• respect de la norme HLA (high
level architecture) en vue de
faciliter l’interopérabilité avec
d’autres systèmes de simulation
pour des exercices interarmées et
interalliés,
• interface bilingue.
Le système est actuellement
conçu pour l’entraînement des PC
de niveaux 2 et 3 (division et
brigade) dans le cadre d’un conflit
de haute intensité. Des extensions
ultérieures devraient également
permettre à un PC de niveau 1
(force opérationnelle terrestre) de
mettre en œuvre ses fonctions
spécifiques (acheminement, transit,
affaires civilo-militaires, opérations
psychologiques, communication
interne, communication opérationnelle et média), puis autoriser
le développement d’un outil d’aide
à la planification.
Lancé en 1997, SCIPIO V1
est actuellement en phase d’étude
Objectif Doctrine
34
des offres industrielles, le choix
étant prévu pour le mois de mai. La
figure ci-dessous présente la chronologie d’ensemble.
Toutefois, le développement
d’une version d’entraînement aux
opérations de maintien ou de
soutien de la paix, n’est pas
envisageable dans un avenir
immédiat. En effet, la complexité
de ces opérations, leur durée,
l’absence de documentation et de
définition de modes d’action ne
permettent pas actuellement une
modélisation aisée des comportements. Dans l’immédiat, seuls
quelques artifices peuvent être
développés comme la possibilité
de définir plusieurs camps
(milices, réfugiés, populations
civiles) et la génération d’incidents.
ORGANISATION
D’UN EXERCICE
Avant d’esquisser les grandes
fonctions de SCIPIO, il est
nécessaire de rappeler l’organisation d’un exercice de PC.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
But beyond these
significant initial improvements, SCIPIO V1 is a
necessary step if we are to
master the automation
technologies of the simulated
elements in play. Indeed,
such control is a sine qua
non for developing decisionmaking tools.
To achieve these
different objectives, SCIPIO
V1 will therefore meet the
following specifications:
• quality training and after
action analysis, supported
by irrefutably reliable unit
simulation models,
•reduction of the human and
financial costs of an exercise
(compared with the BBS),
through:
- a module to aid in exercise preparation,
- increased automation of battlefield actors,
- automation of certain exchanges with the CISs.
• model adaptability that can
reflect future changes in force
employment doctrines and their
structures,
•direct connection with the CISs
for high and low animations with
instantaneous retransmission of
the situation as perceived at
elemental unit level,
•various other needs, such as
technical/operational studies, and
aids to decision-making and
planning, through the develop-
ment of a reusable, automated
joint core for simulating the
air/land battle,
•compliance with the HLA (highlevel architecture) standard to
facilitate interoperability with
other simulation systems for joint
service and coalition exercises,
• bilingual interface.
The system is currently
designed to train level-2 and level3 CPs (division and brigade) in the
framework of a high-intensity
conflict. Subsequent extensions
should also allow a level-1 CP (land
component command) to carry out
its specific functions (transportation
of supplies and personnel, civilmilitary operations, psychological
operations, internal communication, and information operations), clearing the way for the
development of a planning tool.
Launched in 1997, SCIPIO
V1 is currently going through an
Objectif Doctrine
35
industrial bid review, with a
decision scheduled for May. The
diagram below shows the overall
chronology.
However, the development of
a training version for peacekeeping
or peace support operations cannot
be foreseen in the near future.
Indeed, the complexity of these
operations, their length, and the
absence of documentation or defined
rules of engagement makes it
impossible, to easily model behavior.
For the time being, only a few
solutions can be developed to model
certain aspects (militia, refugees,
civilian populations) and incident
generation.
EXERCISE
ORGANIZATION
Before outlining the major
functions of SCIPIO, one needs to
remember how a CP exercise is
organized.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Dans un exercice de
division, le principal niveau
entraîné est le PC de division.
Tous les acteurs travaillent à son
profit et les services du système
sont spécialement conçus pour lui
fournir un environnement de
combat réaliste et instructif.
directement subordonnés aux
joueurs. Ils agissent également
avec leurs propres moyens de
commandement, sans contact
direct avec la simulation. Ils
contribuent fortement au
réalisme
recherché
dans
l’exercice. Bien que ne
• D’autres parties peuvent
également être représentées,
permettant de figurer des
alliances, des camps neutres ou
indécis et de représenter toute
la complexité des situations
géopolitiques
actuellement
rencontrées.
•La direction d’exercice assure la conduite
de l’exercice.
• L’équipe d’analyse
après action (3A) est
chargée de la collecte
et de la synthèse des
éléments d’appréciation demandés par
le commandement
opérationnel joueur.
La simulation profite à tous les acteurs, même si elle reste volontairement masquée
aux joueurs et aux animateurs de 1er niveau.
• Cependant, les joueurs ne sont
jamais placés en contact direct
avec le système de simulation.
Un ensemble d’animateurs a
pour rôle d’immerger les
joueurs à l’entraînement dans
le même environnement que
celui qu’ils auraient lors d’une
opération réelle. C’est ainsi
qu’ils communiquent avec
leurs moyens SIC et radio
normalement en dotation dans
l’Armée de terre.
• L’ANIMATION
HAUTE
représente l’échelon supérieur
des joueurs ainsi que les voisins.
• Les animateurs de 1er niveau
représentent les PC des
brigades (ou des régiments)
représentant pas la cible
pédagogique visée, les animateurs de 1er niveau tirent
généralement un grand profit
des exercices du CEPC de
Mailly.
• L’ANIMATION
BASSE
représente le niveau d’interface
avec la simulation. C’est elle
qui pilote dans la simulation les
unités élémentaires.
• L’ENNEMI D’EXERCICE
représente l’adversaire principal des joueurs. Une équipe
restreinte est chargée de
concevoir sa manœuvre et de la
mettre en œuvre au sein de la
simulation.
Objectif Doctrine
36
Les exercices où le
niveau joueur est la
brigade mettent en
œuvre les mêmes
catégories d’acteurs
mais décalées d’un
niveau vers le bas.
Cette organisation et les
rôles ainsi définis, il est
maintenant possible de présenter
le tableau des principales
fonctions du système SCIPIO
V1.
LES FONCTIONS
DE SCIPIO
L’analyse fonctionnelle d’un
tel système résulte de l’étude des
interactions entre les différents
acteurs d’un exercice. En effet si
la qualité de la simulation est un
élément important d’un système
d’entraînement la qualité des
interfaces et les outils d’analyse
après action ne sont pas non plus
à négliger.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
In a divisional exercise, the
main level being trained is the
divisional CP. All participants act
for its benefit and system services are
specifically designed to provide a
realistic and instructive combat
environment:
ment/battalion) CPs reporting
directly to the participants. They
also operate with their own
command facilities, without direct
contact with the simulation. They
make a major contribution to the
realism of the exercise. Although
• Other parties can also be depicted,
enabling the inclusion of alliances,
neutral or undecided factions, and
the representation of complex
emergency environments.
• The directing staff
run the exercise.
• The after action
review
team
is
responsible for collecting
and summarizing the
detailed results requested
by the participating
command.
The simulation benefits all the participants even though it remains deliberately
concealed from the participants and level-1 exercise staff.
• The participants are never placed
in direct contact with the
simulation system. The role of a
group of organizers is to immerse
the participants in the same
environment that they would
encounter on actual operations.
Therefore communicate using
standard issue Army CIS
facilities.
• The HIGH LEVEL ANIMATION represents the upper
echelon of the participants, as well
as, the adjacent units.
• The level 1 exercise staff
represents the brigade (or regi-
Now that we have defined this
organization and its roles, we can
now present a diagram of the
main features of the SCIPIO V1
system.
the CEPC exercises at Mailly do
not target this level, the level 1
exercise staff generally gains
much from the exercise.
• The LOW LEVEL ANIMATION represents the interface
level with the simulation. It pilots
the simulation of the basic units.
• The EXERCISE ENEMY is
the primary adversary for the
participants. A small team is
responsible for defining its tactics
and implementing them within
the simulation.
Objectif Doctrine
37
When a brigade
rather than a division is
the primary unit to be
exercised, all levels will
be adjusted down accordingly.
SCIPIO
FEATURES
The functional analysis of such
a system stems from the study of the
interactions between the different
players within an exercise. If
simulation quality is an important
element in a training system, then
quality of the interfaces and of the
post-exercise analysis are key.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Préparation
l’exercice :
opérationnelle
de
• réalisation du dossier d’exercice,
• planification des actions d’animation automatisées,
• pré-jeu accéléré d’un exercice
• visualisation de la situation
perçue par les unités simulées,
Préparation opérationnelle
• visualisation de la situation
réelle,
Préparation technique
Direction de l’exercice
• visualisation d’indicateurs synthétiques
Animation de l’exercice
Simulation :
Préparation technique d’un exercice :
• préparation
des
données
techniques relatives aux unités,
à la population, à la météo, au
terrain,
• affectation des unités simulées
aux animateurs,
• définition d’indicateurs synthétiques d’analyse,
• initialisation des réseaux.
Simulation
Enregistrement
• simulation des activités physiques des unités,
• simulation des activités décisionnelles des unités du plus bas
niveau jusqu’au niveau unité
élémentaire,
Analyse après action
Les fonctions de SCIPIO couvrent
l’ensemble du besoin exprimé.
• simulation des
interactions avec
l’environnement
(terrain, météo,
population).
Enregistrement :
Direction de l’exercice :
• coordination du déroulement
(marche/arrêt, temporisation de
l’action, reprise, accélération...),
• mise en relief des événements
exceptionnels,
• actions "magiques" (ajustements
décidées par la direction
d’exercice).
Animation de l’exercice :
• interface automatisée avec les
SIC,
• enregistrement
des données
(événements,
positions et
états),
• enregistrement
des messages
(SICs) échangés.
Analyse après action (3A) :
•présentation
d’indicateurs,
SCIPIO intègre une modélisation décisionnelle.
• pilotage des unités simulées,
• présentation de séquences du jeu
(position des unités, tirs,…),
• possibilité de jouer la logistique
en automatique pour l’ennemi.
• projection sur grand écran.
Fonctions communes :
• visualisation de la situation
perçue par les joueurs (au travers
des SIC),
Au vu de l’ensemble des
principales fonctionnalités du
système d’entraînement SCIPIO
V1, on comprend aisément que sa
réalisation constitue un défi
technique majeur.
Objectif Doctrine
38
Deux difficultés essentielles
devront être surmontées : la
modélisation des unités automatisées et l’interopérabilité avec
les SICs (cf. article du lieutenantcolonel Fatz sur la coopération
SIC-SIMULATION, p. 50).
Les connaissances nécessaires pour réaliser les modèles
d’activités physiques et décisionnelles font l’objet d’un intense
effort de recueil d’expertise.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Operational exercise preparation:
• display of the actual situation,
Operational preparation
• preparing the exercise scenario,
• display of indicators.
Technical preparation
• planning the automated simulation activity,
Simulation:
• preparing accelerated pre-play of
an exercise.
• physical actions of the units,
Exercise supervision
Exercise management
Simulation
Technical exercise preparation:
• unit decision-making processes,
• preparing the technical data
relative to the units, the population, the weather, and the
terrain,
• allocating simulated units to the
exercise staff,
Recording
from squad to company level,
Post-Exercise Analysis (AAR)
• interactions with the environment
(terrain, weather, population).
SCIPIO functions cover all
expressed requirements.
Recording:
• defining various indicators,
• data (events,
• initializing the networks.
positions and
states),
Exercise supervision:
• coordinating the sequence of events
(start/stop points, time delay of the
action, resumption, acceleration,
etc.),
• highlighting exceptional events,
•implementing "magical" actions
(adjustments decided by the
directing staff).
•m e s s a g e s
exchanged (CISs).
Post-exercise
analysis (AAR):
• Presentation
of
indicators,
Exercise organization:
•automated interface with the CISs,
• Presentation
of
game
sequences
• control of simulated units,
(unit
locations,
•ability to play logistics automatically for the enemy.
engagements, etc.),
SCIPIO includes a decision-making model
• Large screen projection.
Common functions:
•display of the situation as perceived
by the participants (through the
CISs),
• display of the situation perceived
by the simulated units,
Two essential difficulties will
have to be overcome: modeling the
automated units and interoperability with the CISs. (see article
by lieutenant-colonel FATZ on CISSIMULATION cooperation, p. 51).
It is easy to see why the
development of SCIPIO V1 represents such a major challenge
considering the wide range of major
functions it incorporates.
Objectif Doctrine
39
The information required to
design the models of physical and
decision-making activities is the
subject of an intensive search for
available expertise.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
En effet, l’analyse de plus de
200 missions de base et 300 variantes tirées de celles-ci est nécessaire pour représenter correctement les actions possibles des unités
élémentaires, sections et pelotons
pour la seule Armée de terre française.
Actuellement, soixante couples
missions/unité ont déjà été expertisés, les autres seront à la charge
de l’industriel retenu. En parallèle,
le recueil des caractéristiques physiques des principaux systèmes
d’armes actuels est en cours auprès
des organismes techniques de l’Armée
de terre. Cette dernière aura en
outre la tâche de valider les
modèles, puis de vérifier le comportement des unités simulées
automatisées lors de tests dynamiques.
L’interopérabilité avec les
SICs constitue le deuxième volet de
ce défi technique. Afin de jouer le
rôle des SIT (système d’information terminal), SCIPIO devra
adresser directement au SIR les
comptes-rendus des unités élémentaires. De même, les automates de compagnie recevront
directement les ordres du SIR
(système d’information régimentaire) ou d’ATLAS (automatisation des tirs et des liaisons de
l’artillerie sol-sol).
A l’évidence, l’ensemble des
ordres que peut recevoir un capitaine ne pourra être traduit et exécuté sans faille par la machine. Les
automates seront donc débrayables.
Ce travail nécessitera une
bonne collaboration entre les
différents programmes qui seront
concernés : SICF, SIR, ATLAS,
SICAT, SCIPIO. Au-delà des
Objectif Doctrine
40
nombreuses difficultés qui restent
à résoudre pour mener à bien ce
projet, il importe d’en rappeler les
enjeux.
A l’horizon de la mise en
place de forces numérisées et de
matériels sophistiqués, SCIPIO V1
permettra d’entraîner nos étatsmajors à leur emploi et à leur
maîtrise, mais aussi de mieux
exploiter les possibilités offertes
par ces nouvelles technologies.
Il reste que l’utilisation future
d’outils d’aide à la décision pour
répondre aux besoins exprimés
dans les centres d’opérations, en
particulier pour approfondir l’étude
des modes d’action, ne sera
possible que lorsque les problèmes
de connexion entre les SICs et les
simulations ainsi que les mécanismes d’automatisation auront été
maîtrisés ❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
An analysis of more than
200 basic missions and 300
variants is required to correctly
represent possible actions by
companies, platoons and squads of
the French Army alone.
60 missions/units have been
assessed; the selected manufacturer will assess the remainder.
In parallel, the physical characteristics of current primary weapon systems are being collected
from the French Army's technical
branches. The latter will also be
tasked with validating the models,
and then with verifying the
behavior of the automated simulated units during dynamic tests.
Interoperability with the
CISs is the second aspect of this
technical challenge. In order to
play the role of the SITs (SIT:
“terminal information system”),
SCIPIO will need to address lower
echelon reports directly to the SIR
(SIR: “regimental information
system”) Similarly, company robots
will receive orders directly from
the SIR or from ATLAS (ATLAS:
“automation of artillery engagement
and communication”).
Obviously, all the orders that
a captain may receive will not be
able to be translated or executed by
the machine. It will therefore be
possible to disconnect the robots.
This work will require good
collaboration between the different
programs that will be involved:
SICF, SIR, ATLAS, SICAT
(SICAT: “French Army command
Objectif Doctrine
41
and information system”), and
SCIPIO. After considering the
numerous problems to resolve, one
should remember what is at stake.
On the eve of the intrduction
of computerized forces and sophisticated equipment, SCIPIO V1
will enable army staffs to train in
their use and control, but also to
enhance these new technologies.
At the end, the future use of
computerized aids to decisionmaking to meet requirements
expressed in operations centers
(especially the deeper study of
courses of action) will only be
possible once we have mastered
both the interface problems
between CISs, the simulations and
the automation mechanisms❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
COMPRENDRE L'INTEROPERABILITE
ENTRE SYSTEMES
par le lieutenant-colonel Barbe, chef de la cellule
conception et réalisation de programmes de simulation du CROSAT
La mondialisation de l’économie et le nouveau contexte stratégique mondial ont fait naître de
nouvelles organisations où les maîtres-mots sont devenus fusion, intégration, interarmées, interalliés,
multinationales… Ce vocabulaire reflète bien la réalité du besoin d’ouverture de ces organisations
structurées jusqu’à un passé récent, autour de systèmes propriétaires.
Or, dès lors que les organisations citées évoluent d’un système (ou d’un ensemble de sous-systèmes)
relativement fermé à un système ouvert, ayant vocation à coopérer avec d’autres systèmes pour
atteindre un objectif commun, le besoin d’interopérabilité se fait sentir.
Pour beaucoup de sociétés où l’information est devenue une ressource vitale, l’enjeu de cette
recherche d’interopérabilité est leur propre survie. Il ne s’agit plus seulement de réaliser de bons
produits, mais aussi de les intégrer dans des systèmes existants.
L’enjeu n’est pas aussi fondamental pour les organisations politiques et militaires. La recherche de
l’interopérabilité traduit notamment leur volonté de coopérer pour partager le risque militaire et
politique dans des opérations de guerre basse ou haute intensité.
L
a dimension économique
de l’interopérabilité ne
doit pas être occultée. En
effet, à l’interopérabilité est
souvent associée la notion de
réutilisation, car la recherche de
l’intéropérabilité impose une
démarche
préalable
d’identification d’informations stables
dans le temps et l’espace, et
"réutilisables".
L’enjeu est ici de réduire les
coûts de développement au
moment où les dépenses pour les
technologies de l’information
prennent une part de plus en plus
importante des budgets de
fonctionnement et d’investissement.
L’interopérabilité est devenue ainsi, une exigence primordiale de nos systèmes. Pour
bien la comprendre, il convient,
d’abord, de la définir, et de voir,
ensuite, comment elle est réalisée
dans les domaines qui nous
concernent.
L’INTEROPERABILITE :
UN CONCEPT CIVIL ET
MILITAIRE
Le monde industriel civil
définit l’interopérabilité comme
"la possibilité de communication, d’exécution de programmes ou de transfert de
données entre unités fonctionnelles différentes, de telle
manière que l’utilisateur n’ait
que peu ou pas de besoin de
connaître les caractéristiques
propres à chaque unité".
Cette définition fait apparaître une notion de persistance de
programmes ou de données à
travers différents environnements.
Elle montre clairement l’effet à
obtenir à travers l’interopérabilité,
Objectif Doctrine
42
mais elle limite le domaine
d’interopérabilité à sa dimension
technique. Cette dimension est,
indiscutablement, capitale mais
toutefois restrictive quand on
parle de communication et
d’échanges.
Quant aux militaires de
l’OTAN, ils définissent l’interopérabilité comme la capacité des
forces de l’Alliance et du
Partenariat pour la paix et d’autres
nations à s’entraîner et à s’engager
efficacement de concert pour
exécuter des missions et des
tâches.
Cette définition générale de
l’interopérabilité militaire renvoie
à tous les niveaux d’interaction
entre organisations :
- le niveau opérationnel, qui
correspond aux procédures opérationnelles.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
UNDERSTANDING SYSTEMS
INTEROPERABILITY
by lieutenant-colonel Barbe, head of simulation
program design and development cell
The globalization of economies and the new world strategic situation have given birth to new
organizations where the key words are : merger, integration, joint, combined, multinational . This
vocabulary reflects the reality of the need to open up those organizations that up to now have been
structured around their own personal systems.
However, once these organizations move on from a relatively enclosed system (or group of subsystems) to one prepared to cooperate with other systems to attain a common goal, the interoperability
requirement becomes necessary.
For many companies where information has become a vital resource, what is at stake in this quest
for interoperability is their very survival. It is not merely a question of producing good products, but also
of integrating them into existing systems.
The challenge is not quite so fundamental for political and military organizations. The search for
interoperability shows especially their will to cooperate to share military and political risks in low or high
intensity warfare.
T
he economic dimension
of
interoperability
must not be hiden.
Interoperability is in fact often
associated with the notion of reuse, as the pursuit of interoperability imposes as a precondition
the identification of stable
information in both time and
space, and “re-usable”.
The challenge here is to
reduce development costs at a time
when information technologies
expenditure is occupying an
increasing share of operating and
equipment budgets.
Interoperability has therefore
become a vital requirement for
our systems. To fully appreciate it,
we first need to define it and then
to see how it is achieved in those of interoperability to its technical
dimension. This dimension is
fields that concern us.
undeniably vital, but somewhat
INTEROPERABILITY:
restrictive when one considers
A CIVIL AND MILITARY communication and exchanges.
CONCEPT
The military within NATO
Civil industry defines define interoperability as the
interoperability as “the ability to capability of the forces of the
communicate, manage pro- Alliance, the Partnership for
grams or transfer data peace and other nations to train
between different functional and operate effectively together in
entities, so that the user has the execution of missions and
little or no need to know the tasks.
characteristics specific to each
unit”.
This general military
interoperability definition makes
This definition reveals a reference to all levels of
concept of persistence in programs interaction between organizaor data across different environ- tions:
ments. It shows clearly the effect - the operational level, which
to be obtained through intercorresponds to operational prooperability, but it limits the field
cedures.
Objectif Doctrine
43
N° 22-02/2001
DOCTRINE
C’est aussi le niveau
où chaque message
ou donnée échangé a
une même signification opérationnelle pour toutes les
organisations qui interopèrent,
- le niveau procédural,
qui correspond aux
conventions permettant de rythmer les
échanges (tel message
entraîne toujours un
accusé de réception,
après une demande
on transmet une
réponse), ou les données sont arrêtées. Il
est aussi celui où la
syntaxe des données
ou des messages est
définie,
Modèle d’interopérabilité de l’OTAN
- enfin, le niveau technique, qui
correspond aux support des
échanges. Il s’agit de définir les
caractéristiques physiques de ces
supports (ligne téléphonique,
transmissions de vive voix,
échange écrit, transmission
électronique de données,...).
Des normes d’interopérabilité par niveau y ont été
définies. Ainsi, pour le seul niveau
technique d’interaction, l’OTAN
définit 4 degrés et 16 sous-degrés
fonctionnels d’interopérabilité.
On notera cependant que
cette définition peut être étendue à
des systèmes civils, car elle est
applicable à toute problématique
d’interopérabilité.
l’organisation qui impliquent, cependant, beaucoup de contraintes.
La première contrainte est
relative à la diversité et la
complexité des métiers. Dans une
multiorganisation, la diversité des
métiers et de culture se traduit par
une différence de points de vue sur
les mêmes informations. La
difficulté est de concilier et faire
coexister ces points de vue partiels
traitant du même thème.
La deuxième contrainte est la
multiplicité des acteurs. Cette
diversité a, logiquement, pour
conséquence des choix politiques,
méthodologiques et technologiques différents d’un système à
l’autre.
L’INTEROPERABILITE : UN
CONCEPT
CONTRAIGNANT
Parmi ces méthodes et ces
techniques différentes, il faut
toutefois parvenir à distinguer ce
qui est commun.
La définition de l’OTAN se
réfère aussi à toutes les facettes de
La troisième contrainte est liée
à la diversité des environnements
Objectif Doctrine
44
opérationnels. Dans un environnement international fortement
évolutif et dans un contexte
économique de réduction des
budgets, les armées doivent faire
face à une multiplication des types
de menaces. Elles doivent savoir
réagir vite à moindre coût, en se
reconfigurant en fonction de la
doctrine, qui évolue elle aussi.
Les systèmes d’information
et de communication doivent
suivre le mouvement en devenant
plus modulaires afin de fournir des
services adaptés aux différents
types d’opérations. Cette modularité augmente le nombre de soussystèmes et rend la recherche
d’interopérabilité beaucoup plus
complexe.
La prise en compte de
l’existant est la quatrième contrainte. La recherche d’interopérabilité est une démarche sur le
long terme. Or, l’activité opérationnelle ne peut attendre les
N° 22-02/2001
DOCTRINE
This is also the level
where each message
or data item exchanged has the
same operational
significance for all
interoperating
organizations.
- the procedural level,
which corresponds to
conventions enabling
a certain tempo for
exchanges
where
data is determined
(a certain message
always receives an
acknowledgement,
after a request one
always sends a
response, etc). It is
also where the
syntax of data or
messages is defined.
NATO interoperability model
- finally, the technical level,
which corresponds to the carrier
used for exchanges. The
physical characteristics of these
carriers must be defined
(telephone line, live voice
transmissions, written exchanges,
electronic data exchange).
Standards for interoperability by level have been defined
for this. Thus, merely for the
technical interaction level,
NATO has defined 4 degrees and
16 functional sub-degrees of
interoperability.
However it should be noted
that this definition could be
extended to civil systems, as it is
applicable to any interoperability
problem.
INTEROPERABILITY: A
CONCEPT WITH
CONSTRAINTS
The NATO definition also
refers to all the facets of the
organization, which, however, operational environments. In
implies many constraints.
very volatile international
situation and with reducing
The first constraint is budgets, the armed forces must
associated with the diversity and address a proliferation in types of
complexity of specializations. In a threat. They must learn to react
multi-organization, the diversity quickly and costly, reconfiguring
of culture and specialization leads to match the doctrine, which itself
to a range opinions on the same changes.
information. The difficulty is to
reconcile these incomplete points of
Information and communiview on a single subject and to cations systems must track these
enable them to co-exist.
changes by becoming more
modular so that they provide
The second constraint is the
services adapted to the various
multiplicity of players. This
types of operation. This modudiversity, logically, has an impact
on political, methodological and larity increases the number of
technological decisions that differ sub-systems and makes the pursuit of interoperability much
from one system to the next.
more complicated.
One must nevertheless
Taking into account that
attempt to identify common
factors amongst these different which already exists is the fourth
constraint. The search for
methods and techniques.
interoperability is a long-term
The third constraint is exercise. But operational activity
associated with the diversity of cannot await the results of this
Objectif Doctrine
45
N° 22-02/2001
DOCTRINE
résultats de cette démarche. Aussi,
il faut intégrer les systèmes
existants, de manière provisoire ou
définitive.
Cet existant concerne aussi
les problèmes de propriété
industrielle sur certains programmes. Elle empêche la
divulgation de documents d’un
système, à un industriel différent
de celui qui l’a conçu et réalisé.
Cette propriété industrielle assure
ainsi de confortables rentes aux
maîtres d’œuvre de ces systèmes,
mais rend difficile leur interopérabilité.
Enfin, la dernière contrainte
est le rythme très rapide
d’évolution des technologies de
l’information par rapport à la durée
des programmes d’armement.
Cette évolution a un impact
sur les choix techniques d’un
système au cours de sa vie, d’une
version d’un système à la suivante.
L’interopérabilité d’un système
est donc remise en question à
chaque renouvellement d’un de ses
composants.
S’affranchir de ces contraintes est difficile, voire impossible.
En effet, construire un modèle
unique du monde et du discours au
travers des systèmes, c’est-à-dire,
avoir une langue, une culture et des
métiers communs est utopique.
De même, disposer d’une
méthodologie uniforme de réalisation des systèmes est illusoire ; le
nombre de méthodes et de
langages se chiffre aujourd’hui en
dizaines, sans prendre en compte
les outils ou leurs versions.
En outre, un choix unique de
technologies de l’information
nuirait à l’intéropérabilité.
L’INTEROPERABILITE DANS
LE MONDE MILITAIRE :
CONSERVER UNE CAPACITE
D’OUVERTURE,
D’ADAPTATION ET
D’EVOLUTION PERMANENTE
A l’instar du monde civil, les
organisations militaires ont dû
considérer cette nouvelle donne
comme naturelle. Leurs systèmes
doivent, maintenant être réalisés
pour supporter la conception et
durablement, l’hétérogénéité des
métiers, des méthodes et des
technologies.
Dans les armées étrangères,
l’armée américaine semble être la
plus en avance dans la réflexion sur
ces problèmes d’intéropérabilité.
En effet dans le domaine de la
modélisation et de la simulation,
elle a été à l’origine de nombreuses
initiatives dans les années 90. Elle a
lancé une architecture de haut
niveau (HLA = high level
architecture = architecture de haut
niveau), qui est en passe de devenir
le standard.
L’intéropérabilité technique des
simulations par HLA ?
HLA est une architecture
logicielle qui répond à deux
objectifs. Le premier est, par le
développement de l’interopérabilité, permettre la réalisation de
simulations "ouvertes" capables de
coopérer pour mieux couvrir le
besoin des utilisateurs. Le second
est de favoriser la réutilisation pour
capitaliser les développements et
réduire les coûts de réalisation de
ces systèmes.
Cependant en matière d’interopérabilité, HLA ne correspond
pas au concept de "plug and play"
cher à Bill Gates, mais cette
architecture fournit une base pour
Objectif Doctrine
46
atteindre l’interopérabilité entre
des systèmes disparates comme des
simulateurs ou des systèmes
opérationnels comme les SICs.
Ainsi, développer une simulation au standard HLA veut dire
qu’on s’engage à respecter un
certain nombre de règles qui
garantiront l’interopérabilité technique (cf modèle OTAN présenté
page 44). HLA ne prend donc pas
en considération, l’interopérabilité
procédurale et encore moins le
niveau opérationnel (le "plug and
play" serait les trois !). La conduite
d’un exercice d’entraînement avec
des systèmes différents demandera
donc encore des délais et des
budgets supplémentaires pour
régler les problèmes sémantiques
ou ceux de la structures des
échanges.
Les projets réalisés depuis 4
ans ont permis à
HLA
de
s’imposer progressivement comme
standard d’interopérabilité entre
systèmes de simulation dans les
mondes civils et militaires. P o u r
l’objectif de réutilisation des
composants (simulations, lignes de
codes, modèles,...) par HLA, le
nombre d’expériences étant réduit,
les enseignements tirés ne sont pas
significatifs.
Néanmoins, on peut prédire
que l’architecture HLA sera
bientôt incontournable car adoptée
par l’industrie depuis septembre
2000, elle est devenue un standard
IEEE, après un processus long et
complexe.
Cependant, on peut remarquer que l’armée américaine, bien
qu’à l’origine de HLA, ne l’a pas
encore agréé. Pour l’OTAN, la
définition du STANAG HLA fait
l’objet d’un groupe de travail
auquel la France participe.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
process. Existing systems must also
be integrated, either temporarily
or permanently.
What already exists also
impacts on the problems of industrial property on certain programs.
It prevents the release of documents on a system to a company
other than that which designed
and manufactured it. This industrial property thus ensures satisfactory income to the prime
contractors of these systems, but
makes their interoperability difficult.
Finally, the last constraint is
the rapid tempo of change in
information
technologies
in
relation to the life of armament
programs.
These changes impact on
technical decisions concerning a
system during its life, from one
version of a system to the next.
System interoperability is
therefore compromised every time
one of its components is replaced.
It is difficult if not impossible
to overcome these constraints. To
build a single model of the world
and of the interlinks between
systems, in other words to have a
common language, culture and
specializations, is a utopian dream.
Similarly, the concept of a
standardized systems development
methodology is a fantasy; there are
now dozens of methods and
languages, even if we ignore the
tools and their versions.
Besides, a single choice of
information technologies would
prejudice interoperability.
INTEROPERABILITY IN
THE MILITARY FIELD:
RETAIN AN ON-GOING
ABILITY TO BE OPENMINDED, TO ADAPT AND
CHANGE
Taking their cues from the
civil world, military organizations have been obliged to
consider this new deal as natural.
From now on their systems must be
produced to support the concept
and, over the long term, the
dissimilar professions, methods and
technologies.
Amongst foreign armed
forces, the US services appear to be
the most advanced in addressing
interoperability problems. In the
modeling and simulation fields,
they were in fact the origin of
numerous initiatives in the 1990s.
They launched a new high-level
architecture (HLA), which is fast
becoming the standard.
Technical interoperability for
simulations using HLA?
HLA is a software architecture with two main aims. The
first is to enable, through the
development of interoperability,
the achievement of “open”
simulations with the ability to
cooperate so as to better meet the
user’s requirements. The second is
to promote re-use to capitalize on
developments and reduce the costs
of producing these systems.
However in the matter of
interoperability, HLA does not
correspond to the “plug and play”
so dear to Bill Gates, but this
architecture provides a basis for the
Objectif Doctrine
47
attainment of interoperability
between dissimilar systems such as
simulators, or operational systems
such as CISs.
Hence, to develop a simulation to the HLA standard implies
that one is undertaking to respect a
certain number of rules that will
guarantee technical interoperability (see the NATO model above).
HLA therefore takes no account of
procedural intero-perability, still
less of the operational level (plug
and play would involve all three!).
Conducting a training exercise using
different systems will therefore still
require additional time and money
to address semantic problems or
those associated with the structures
of exchanges.
Projects completed over the
last 4 years have enabled HLA to
progressively impose itself as an
interoperability standard between
simulation systems in the civil and
military fields. One of the aims of
HLA is to enable the re-use of
components (simulations, code
lines, models, etc.), but the number
of experiments is limited and little
of significance has been learnt.
Nonetheless, it can be
predicted that HLA will soon be
inevitable as it has been adopted by
industry since October 2000 and
has become the IEEE standard
after a long and complex process.
However, it should be noted
that the US armed Forces,
although at the origin of HLA, has
not yet approved it. Within
NATO, the definition of an HLA
STANAG is the subject of a
working group in which France is
participating.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
L’intéropérabilité
armées françaises
dans
les
En ce qui concerne les
armées françaises, le CIADIOS
(centre interarmées d’administration de l’interopérabilité opérationnelle des SICs) a été créé en
1998 pour gérer, dans un
référentiel
intérarmées,
les
modèles de données élaborés par
chaque armée. Il assure la
cohérence des informations devant
être échangées pour assurer
l’interopérabilité opérationnelle.
Dans ce cadre, le plan
prospectif à 30 ans prévoit
l’organisation des SICs de l’espace
de bataille au sein d’un intranet de
théâtre composé des quatre réseaux
(armées, terre, mer, air) reliés entre
eux par un réseau fédérateur. La
réalisation de ce plan passera par
une interopérabilité des soussystèmes tactiques qui fait déjà
l’objet de travaux importants.
L’Armée de terre n’est pas en
reste. D’une part, elle doit réaliser
l’interopérabilité avec les alliés
pour améliorer sa capacité de
commandement et de conduite
d’opérations multinationales. D’autre
part, elle doit aussi la réaliser en
interne, pour augmenter l’efficacité
de ses moyens SICs.
Avec les alliés, l’objectif est,
dans un premier temps de prendre
sous OPCON, un bataillon d’une
autre nation équipée de ses propres
SICs. Le programme international
MIP (multinational information
protocol) s’inscrit dans cet objectif. Il
regroupe la France, le Royaume
Uni, l’Allemagne, l’Italie, et le
Canada. Il tient compte des travaux
réalisés précédemment dans des
programmes
d’interopérabilité
(BIP- battalion interoperability
program, QIP - quadrilateral
interoperability program : FR, EU,
ALL, RU et ATCCIS - army tactical
command and control system est un
projet multinational (FR, GE,
NOR, IT, POR, US, CA, SP, UK,
NE, D, SHAPE) qui vise à
permettre à des systèmes d’informations et de communication de
partager des données de manière
automatique). Enfin, l’Armée de
terre sera nation hôte d’un exercice
multinational en 2006. (MDIE multinational digitized interopérabilité exercice).
En ce qui concerne
l’interopérabilité intra Armée de
terre, la démarche a consisté à
définir un référentiel commun
d’interopérabilité entre SICF, SIR système d’information régimentaire
et ATLAS, avec la radio PR4G, le
SICAT V1. Un deuxième référentiel
SICAT V2, verra s’ajouter les autres
SICs comme le SIT - système
d’informations terminal, MARTHA
- maillage anti-aérien des radars
tactiques contre les hélicoptères et
aéronefs à voilure fixe, le SGEA système de guerre electronique de
l’avant, SITOPS - situation opérationnelle, CECORE et les systèmes
de communication RITA 2000. A
termes, d’autres moyens, comme
GRANITE - gestion du renseignement et analyse des informations
transmises par les équipes, les
systèmes d’informations logistique
etc,... devront être pris en compte.
Les systèmes de simulation feront
également partie (comme SCIPIO
V1, par exemple, dès SICAT V1) de
ce référentiel. La cohérence
d’ensemble et la coordination des
programmes SICs est également
assurée dans le cadre d’une opération
appelée OE-SIC TERRE, conduite
conjointement par l’EMAT et la
DGA. Par ailleurs, l’Armée de terre
participe activement à d’autres
groupes de travail comme le groupe
ADIS - armées, DGA, industrie sur
l’interopérabilité des simulations, les
groupes de FINABEL, les groupes
Objectif Doctrine
48
de l’OTAN qui sont en charge des
problèmes d’interopérabilité des
SICs et des simulations.
Enfin, au début de l’année
2000, l’Armée de terre a lancé un
plan d’actions d’interopérabilité avec
l’OTAN, qui est le cadre de
référence de multiples actions
actuelles. Il recouvre les domaines de
la préparation opérationnelle (connaissance des procédures, des
structures et des fonctions opérationnelles, logistique, appui à la
mobilité, entraînement, planification
opérationnelle,...) et de la politique
des ressources humaines (perfectionnement en anglais, acquisition de
la culture OTAN). Les initiatives et
les actions lancées pour atteindre
l’interopérabilité sont donc nombreuses. Malgré les efforts accomplis,
le chemin à parcourir reste long,
mais l’enjeu est de taille : la capacité
d’entraîner et de commander des
forces multinationales.
*
*
*
L’interopérabilité entre systèmes n’est pas le fruit du hasard :
elle repose sur une même compréhension de l’information échangée
entre systèmes. La standardisation
des systèmes, des produits logiciels et
des interfaces peut faciliter la
réalisation technique de l'interopérabilité. Mais cette standardisation, déjà difficile à mettre en
œuvre en raison des contraintes
citées précédemment, n’est pas
suffisante. Le seul moyen d’assurer
cette compréhension commune
réside dans une prise en charge
explicite et globale de la problématique d’interopérabilité opérationnelle, en amont dans le cycle de vie
des systèmes, de manière organisée
et entretenue❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Interoperability in the French
armed forces
In the French armed services,
CIADIOS (the joint service CIS
interoperability administration)
was created in 1998 to manage, at
a joint service level, the data
models developed by each service. It
ensures coherence for infor-mation
that has to be exchanged to ensure
operational interoperability.
On this subject, the 30-year
plan makes provision for the
organization of battlespace CIS
within a theatre intranet
consisting of four networks (joint,
army, navy and air force) linked
by a federating network. The
achievement of this plan will
require the interoperability of
tactical sub-systems on which there
is already considerable activity.
The French Army will be
part of this. Firstly, it must achieve
interoperability with allies to
improve its ability to command
and control multinational operations. Secondly, it must also achieve
it internally to increase the
effectiveness of its CIS assets.
With the Allies, the objective
is as a first step to take under
OPCON a battalion of another
nation equipped with its own CISs.
This objective forms part of the
multinational information protocol
(MIP) program. Participants are
France, the United Kingdom,
Germany, Italy and Canada. It
takes account of the work already
carried out under the interoperability programs (BIP, QIP
and ATCCIS ). Finally, the
French Army will be host for a
multinational exercise to be held in
2006 (MDIE: multinational
digitized interoperability exercise).
What is required for French
Army internal interoperability is a
definition of a common interoperability reference framework –
SICAT (French Army information and command system) V1
– between SICF, SIR (regimental
information system) and ATLAS
(automation of artillery fring and
communication), using the PR4G
radio. A second framework –
SICAT V2 – will add in other
CICs such as SIT (terminal
information system), MARTHA
(air defense network of tacticals
radars to counter helicopters and
fixed wing aircraft), SGEA
(forward area EW
system),
SITOPS (operational situation),
CECORE and the RITA 2000
communications systems. Ultimately, other assets, such as
GRANITE (intelligence management and analysis of information transmitted by teams), and
logistic information systems will
have to be included. Simulation
systems will also be part of this
framework system (such as
SCIPIO V1, for example, as soon
as SICAT V1 goes on line). The
overall coherence and coordination
of CIS programs is also assured by
an operation entitled OE-SIC
TERRE, conducted jointly by the
Army Staff and the DGA. In
addition, the French Army is
playing an active part in other
working groups such as the ADIS
(joint staffs, DGA and industry on
the interoparability of simulation)
group, the FINABEL groups, and
Objectif Doctrine
49
the NATO working groups
responsible for interoperability
problems of CISs and simulations.
Finally, at the beginning of
2000, the French Army launched
an interoperability action plan
with NATO, which is the basis for
multiple current activities. It
covers such fields as operational
preparation (knowledge of procedures, operational structures and
functions, logistics, mobility support, training, operational planning, etc.) and human resource
policy (English language training,
acquisition of the NATO culture).
Many initiatives and actions have
therefore been instigated to achieve
interoperability. Despite what has
been achieved, there is still a long
way to go, but what is at stake is
significant: the ability to train and
command multinational forces.
*
*
*
Interoperability
between
systems is not the product of chance:
it depends on a shared understanding of information exchanged
between systems. Standardization
of systems, software products and
interfaces may facilitate the
attainment of the technical aspects
of interoperability. But this standardization, which is already
difficult to implement because of
the constraints listed above, is not
sufficient.This common understanding will only be attained if
the problems posed by operational
interoperability are taken into
account both explicitly and
comprehensively in a planned and
sustained manner early in the
system’s life cycle ❖.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
LA COOPERATION ENTRE LA SIMULATION1
ET LES SIC2
par le lieutenant-colonel Fatz,
chef du projet JANUS FRANCE
Depuis la fin des années 80, l’Armée de terre est entrée dans le monde de la numérisation. Les systèmes
d’information et de commandement (SIC) équipent progressivement nos forces : les PC de niveau 1(CFAT)
à niveau 3 (brigade) sont équipés du SICF, les PC de niveau 4 (groupement interarmes) et 5 (sousgroupement interarmes) utiliseront les SIR dans les années à venir, les SIT viendront plus tard compléter
cette chaîne des SIC. Cet ensemble de moyens de commandement inclut ou inclura tous les SIC spécialisés
comme, par exemple, les SIC artillerie (ATLAS,…). Parallèlement à cette "numérisation" des forces, la
simulation opérationnelle a pris une place de plus en plus grande dans la formation et l’entraînement des
unités et des PC.
Dans ces conditions, il est clair que le monde des SIC et celui de la simulation, mondes "parallèles", sans
passerelle de l’un vers l’autre, sont appelés à se rencontrer. En effet, comment entraîner correctement les
PC d’unités si l’appel à la simulation impose de négliger ou d’abandonner les moyens de commandement
opérationnels (la fameuse phrase : «train as you fight») ? Comment parvenir à mettre en situation les PC
à entraîner, à "alimenter" les SIC avec suffisamment d’informations puisqu’il est maintenant impossible de
déployer pour un exercice des volumes de forces importants sur le terrain ? Il faut donc maintenant que
les deux mondes se tournent l’un vers l’autre, coopèrent (d’où le titre de cet article), pour assurer une
meilleure préparation des forces au combat.
T
rop souvent, la liaison
des SIC avec la
simulation est qualifiée
d’interconnexion ou de couplage. Or ces termes sont trop
restrictifs, non seulement parce
qu’ils évoquent uniquement
l’aspect technique des échanges
de données en oubliant la
complexe notion d’interopérabilité (voir l’article sur ce sujet),
mais aussi parce qu’ils ne
couvrent pas tous les aspects du
problème posé.
résument pas à la connexion
d’ordinateurs ou à des développements informatiques. Cet
article présente tout d’abord une
analyse du besoin en matière de
coopération entre les SIC et la
simulation. Cette analyse sera
faite pour trois domaines où la
coopération est en jeu :
l’entraînement des PC, les outils
d’aide à la décision, et les études
Ensuite,
pour
doctrinales.
illustrer l’ampleur du chemin à
parcourir, les problèmes majeurs
à régler seront évoqués.
Problème
L’ANALYSE DU BESOIN
La coopération entre les
SIC et la simulation est un
véritable problème aux multiples
facettes, dont les solutions ne se
Le champ où la
coopération entre les SIC et la
simulation entre en jeu est vaste.
Selon les domaines, cette
coopération relève de besoins
différents et ne se présente donc
pas toujours sous la même forme
L’entraînement des PC
Le premier domaine qui
vient à l’esprit, quand on associe
les SIC avec la simulation, est
celui de l’entraînement des PC.
Il est en effet maintenant clair
que :
• les PC doivent s’entraîner en
mettant en œuvre leurs
moyens de commandement
opérationnels,
• la simulation est un outil
incontournable pour animer
cet entraînement.
1 Le terme simulation ne désigne pas une simulation particulière, mais doit être pris dans son sens générique.
2 Le mot SIC (terme générique voulant dire systèmes d’information et de commandement) couvre tous les systèmes existants ou en
développement dans l’armée de terre : SICF, SIR, SIC ATLAS, …, sans exclure les systèmes d’information terminaux (SIT).
Objectif Doctrine
50
N° 22-02/2001
DOCTRINE
COOPERATION BETWEEN SIMULATION1
AND CISS2
by lieutenant-colonel Fatz,
head of the JANUS project, FRANCE
Since the end of the 1980s, the French Army has entered the digital world. Command and information
systems (CIS) are progressively equipping our forces: CPs from level 1 (CFAT) to level 3 (brigade) are
equipped with SICF, level 4 CPs (combined-arms groups) and level 5 CPs (combined-arms sub-groups) will
use Regimental Information Systems (RIS) in the years to come, and Terminal Information Systems (TIS) will
arrive later to complete this CIS system. This combination of command tools includes or will include all
specialist CISs such as artillery CIS (ATLAS, etc.).
In parallel to this digitization of our forces, operational simulation has been occupying an increasingly
important position in the training of units and CPs.
Under such conditions, it is clear that the world of the CIS and that of simulation, “parallel” worlds,
without any bridge between them, are destined to meet. In reality, how do you correctly train unit CPs if
the call to simulation imposes to neglect or abandon operational command resources (The famous phrase:
“train as you fight… “)? How do you put CPs to be trained into a situation and how do you “feed” CISs
with sufficient information, as it is now impossible to deploy for an exercise large numbers of troops in
the field? These two worlds must now come together and cooperate (hence the title of this article), to
ensure better preparation for combat of our forces.
A
ll too often, the link
between CIS and simulation is called an
interconnection or a coupling.
These terms are however too
restricting, not only because they
cover only the technical aspects of
the data exchange, omitting the
complex notion of interoperability
(see article on this subject), but
also because they do not cover all
aspects of the problem.
The problem
connections between computers or
in IT developments. This article
offers firstly an analysis of the
requirement for cooperation
between CISs and simulation.
This analysis will be made for
three fields where cooperation is
an issue: training of CPs, aids to
decision-making, and doctrinal
studies. Finally, to illustrate how
long will be the way ahead, we
will adress the major problems.
Depending on the area
concerned, this cooperation arises
out of different requirements and
therefore does not always appear
in the same form.
ANALYSIS OF THE
REQUIREMENT
• CPs must train by activating
their operational command
resources.
Command post (CP) training
The first domain that comes
to mind, when associating CISs
with simulation, is the training of
CPs. It is now clear that:
Cooperation between the
CISs and simulation is a real
Cooperation between CISs
multi-faceted problem, whose and simulation occupies a vast • Simulation is an essential tool
solution does not lie merely in field.
for aliving this training.
1 The term simulation is not intended to refer to a given simulation, but should be seen as a generic term.
2 CIS (generic term referring to Command and Information Systems) covers all current systems under development within the French
Army: SICF, RIS, SIC ATLAS etc., without excluding terminal information systems (TIS).
3 The famous phrase : «Train as you fight...»
Objectif Doctrine
51
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Mais est-ce à dire qu’il faut
impérativement un lien direct
entre la simulation et la chaîne
des SIC ? La réponse mérite
d’être étudiée selon le type et le
niveau de l’exercice.
Quelques considérations
■ La connexion entre les SIC et
la simulation peut être envisagée
dans deux directions.
Dans le sens "montant" de la
simulation vers le SIC, sens du
compte rendu, on parle de
stimulation (la simulation
stimule le SIC). Cette
stimulation peut être partielle (la
simulation ne renseigne le SIC
que sur les positions et l’état des
unités par exemple) et les
informations manquantes sont
alors entrées "manuellement"
par l’animation. Elle peut être
totale, c’est-à-dire que tous les
renseignements nécessaires à la
remontée complète des comptesrendus sont fournis par la
simulation (ce qui n’exclut pas du
tout un contrôle humain qui
reste indispensable).
Le sens "descendant" du SIC
vers la simulation, sens des
ordres, cela suppose qu’il y ait
une "traduction" des ordres
donnés par les joueurs de niveau
N au niveau N-1 pour que les
pions de la simulation agissent
correctement (s’il y a connexion
directe dans ce sens, il n’y a plus
d’opérateurs pour faire cette
transcription). La traduction est
soit faite par la simulation ellemême si elle possède des
automates de niveau N-1, soit
par une "couche" complémentaire introduite entre le SIC
et la simulation. Là aussi, le
contrôle humain reste nécessaire.
La simulation modélise
toujours une partie du champ de
bataille. Dans le cadre des
exercices d’entraînement de PC,
elle couvre au minimum le
niveau 5 (en dessous du
régiment), et parfois un ou deux
niveaux au-dessus.
La règle couramment respectée
est que le pion de base de la
simulation soit deux niveaux en
dessous du niveau entraîné.
■
JOUEURS
1er NIVEAU
ANIMATION
HAUTE
animation basse, qu’on souhaite
de la plus petite dimension
possible, peut se composer selon
les cas :
• D’un, ou plus rarement, de
deux niveaux de joueurs
secondaires (appelés selon les cas
cellule de réponse ou joueurs de
deuxième niveau) associés à un
niveau d’animateur au contact de
la simulation (cas n° 1 du schéma
JOUEURS
2ème NIVEAU
CELLULE REPONSE
ANIMATEURS...
N
I
V
E
A
U
N
I
V
E
A
U
N
I
V
E
A
U
N
I
V
E
A
U
1
2
3
4
SIMULATION
NIVEAU 5 ET
EN DESSOUS
Cas d’exercice d’entraînement de niveau 3
■ Le niveau des joueurs entraînés
ci-dessus).
n’est donc pas couvert par la
simulation. Entre la simulation
et les joueurs principaux (cible
de l’exercice) existe ce qu’on
appelle l’animation basse. Cette
• D’un seul niveau d’animateurs joueurs secondaires directement
au contact de la simulation (cas
n°2 du schéma ci-dessous).
Objectif Doctrine
52
N° 22-02/2001
DOCTRINE
But does this mean to say
that there must be a direct link
between the simulation and the
CIS system? The answer to this
needs has to be studied in relation
to each exercise type and level.
■ Simulation always models a
part of the battlefield. When
involved in CP training exercises,
it covers level 5 (below regiment)
as a minimum, and sometimes
one or two levels above.
level animation. Depending on
the situation, this low-level
animation, which one wants to be
as small as possible, may consist of:
•One, or more rarely, two levels
of secondary players (called
depending on the situation the
Some considerations
The rule currently respected is response cell or second level
that the basic simulation pawn players) associated with a
■ The connection between the should be two levels below the
directing staff layer in contact
CISs and the simulation may be level being trained
with the simulation (case no 1 in
viewed along two directions.
PLAYERS 2° LEVEL
PLAYERS
The “bottom up” direction, of
HIGHER
RESPONSE CELL
SIMULATION
1° LEVEL
ANIMATION
Directing Staff
simulation towards the CIS, the
reporting way: here one speaks of
stimulus (the input stimulates the
L
L
L
L
CIS). This stimulus may be
E
E
E
E
partial (the input only informs
V
V
V
V
the CIS about unit location and
E
LEVEL 5 AND
E
E
E
status for example) and distaff
L
BELOW
L
L
L
then enters the missing information “manually”. It may be
total, in other words all infor1
3
4
2
mation needed for the complete
reporting function are provided
by the simulation (which does not
in any way exclude human
Case of level 3 training exercise
control which remains essential). ■ The simulation therefore does the diagram above).
The “top down” direction from
the CIS to the simulation, the
way of order promulgation: this
presumes that there has been a
“translation” of orders given by
participants at level N to level N-1
so that the pawns in the simulation react correctly (if there is
direct connection to achieve this,
there will be no operators to make
this transcription). The translation
is either made by the simulation
itself if it has the level N-1
automaton, or by a supplementary
“layer” inserted between the CIS
and the simulation. Here also,
human control remains necessary.
not cover the level of the
participants being trained.
Between the simulation and main
players (target of the exercise)
there is what one can name low-
Objectif Doctrine
53
•A single level of directing staff secondary players in direct contact
with the simulation (case no 2 in
the diagram below).
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Comme il est indispensable
que, de l’animation haute
jusqu’aux joueurs de second
niveau, la chaîne des SIC soit
employée pour la transmission
des ordres et la remontée des
comptes-rendus, il est important
que les flux d’information entre
les joueurs principaux et les
joueurs de deuxième niveau
d’une part, et entre les joueurs et
l’animation haute d’autre part,
soient identiques à ce qu’ils
seraient dans la réalité.
Conséquences sur le besoin de
connexion entre la chaîne des
SIC et la simulation
Les deux critères importants à prendre en compte pour
cette étude du besoin sont,
compte tenu des considérations
énoncées, la fidélité de l’émulation de l’environnement opérationnel des joueurs et le dimensionnement de l’animation basse
(celui de l’animation haute est
presque toujours totalement
indépendant de la présence de
l’outil de simulation).
✸ Les joueurs sont de niveau 4
(régiments)
Dans ce cas, l’animation
basse est au niveau des capitaines
et le pion de base dans la
simulation est généralement le
système.
S’il s’agit de forces non
numérisées (c’est-à-dire non
équipées de SIT) la chaîne des
SIC s’arrête au niveau de
l’animation. La connexion du
SIC, en l’espèce le SIR, n’apporte
alors rien à la fidélité de
l’émulation de l’environnement
opérationnel, car, comme dans la
réalité, le capitaine introduit les
informations dans le SIR. Elle
peut cependant faciliter le travail
de l’animation dans le sens de la
stimulation. Bien entendu, si la
simulation possède des automates représentant la compagnie,
la connexion dans le sens descendant soulagerait encore plus
l’animation qui n’aurait alors plus
qu’un rôle de contrôle.
Dans cette hypothèse, le
nombre d’animateurs pourrait
être diminué. En conclusion,
pour des exercices de niveau 4,
dans le cas d’une force non
numérisée, la connexion SIRsimulation n’est pas primordiale,
mais souhaitable pour alléger
éventuellement l’animation basse
(il faut cependant prendre garde
à ce que la simulation ne
fournisse pas d’informations trop
complètes au regard de ce que
pourrait savoir réellement un
capitaine sur le terrain par
exemple sur l’ennemi).
Dans le cas de forces
numérisées (c’est-à-dire équipées de SIT), la stimulation du
SIR par la simulation est
obligatoire. En effet, les
systèmes équipés des SIT sont
modélisés dans la simulation, et,
pour répondre au critère de
fidélité, il faut que le SIR reçoive
automatiquement de la simulation toutes les informations
qu’il recevrait des SIT dans la
réalité.
✸ Les joueurs sont de niveau 3
(brigades).
Dans ce cas, l’animation
basse commence au niveau des
régiments et le pion de base dans
la simulation est généralement la
compagnie ou la section.
Objectif Doctrine
54
Les deux principes de
composition de l’animation sont
à prendre en compte (voir le
deuxième schéma p. 52).
Pour une force non
numérisée, si le niveau régiment
est un niveau joueur secondaire,
sans contact avec la simulation, il
n’y a pas de besoin de connexion
du SIC avec la simulation au
regard du critère de fidélité de
l’émulation de l’environnement
opérationnel. En effet, le lien SIC
entre la brigade et le régiment est
le SICF, alors que la stimulation
éventuelle se ferait au niveau du
SIR.
En revanche, si le niveau
régiment est directement en
contact avec la simulation, le lien
devient important. Le SIR doit
être stimulé par la simulation
avec des informations de niveau
compagnie pour que la chaîne
SIR – SICF soit correctement
alimentée. De plus, pour que le
niveau régimentaire puisse faire
directement l’animation basse, il
faut un degré d’automatisation
poussée de la simulation.
Si la force est numérisée, la
présence des SIT dans la réalité
impose au moins une stimulation
du SIR dans les deux cas.
En conclusion, pour un
exercice de brigade, la connexion
entre le SIR et la simulation est à
rechercher dans tous les cas (au
moins dans le sens stimulation),
ne serait-ce que pour alléger la
tâche de l’animation basse, et
donc minimiser son dimensionnement. Si la force est
numérisée, la connexion est
incontournable.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
As it is vital that the CIS
chain be used for the transmission
of orders and the flow of reporting
from directing staff level right
down to second level players, it is
important for the information
flow between the main players
and the second level players on the
one hand, and between the players
and the directing staff on the
other, should be as identical as in
the real world.
Impact on the requirement for
connection between the CIS
chain and the simulation
In the light of the abovementioned considerations, the two
major criteria to be taken into
account in this requirement study
are the fidelity of the players’
operational environment emulation and the scaling of the lowlevel animation (that of the high
level animation is nearly always
entirely independent of the
simulation tool).
✸ The players are at level 4
(regiments)
In this case, the low-level
animation is at captain level and
the basic pawn in the simulation
is generally the system.
If we are dealing with nondigitized forces (i.e. not
equipped with TIS), the CIS
chain will stop at the level of the
animation. The CIS connection,
in this case the RIS, will not
contribute to the fidelity of the
emulation of the operational
environment, because, as in real
world, the combat-team com-
mander enters the information
into the RIS. It may however
facilitate the task of animation in
the sense of stimulation. Of
course, if the simulation possesses
routines that represent combatteams, the top-down connection
would reduce the load on the
animation even further as it
would then only have a
monitoring role.
In this option, the strength
of the directing staff could be
reduced. In conclusion, for level 4
exercises, in the case of nondigitized forces, the RISsimulation connection is not
essential, but remains desirable to
eventually reduce the low-level
animation (however we must
take case that the simulation
cannot provide too precise
information compared with what
a captain in the field might be
able to know (for example on the
enemy).
The two basic principles for
building up animation must be
taken into account (see the second
diagram, p. 53).
For a non-digitized force, if
regiment level is a secondary
player level, with no contact with
the simulation, there is no need
for a CIS connection to the
simulation associated with the
criteria for fidelity in emulation
of the operational environment.
The CIS link between the brigade
and the regiment is in fact the
SICF, while any stimulation will
be made at RIS level.
On the other hand, if
regiment level is directly in
contact with the simulation, the
link becomes significant. The RIS
must be stimulated with company-level information by the
simulation to feed correctly the
RIS-SICF chain. In addition, for
enabling the regimental level to
directly carry out the low-level
animation, there must be a degree
of advanced automation in the
simulation.
In the case of digitized
forces (in other words equipped
with TIS), stimulation of the
RIS by the simulation is
compulsory. Systems equipped
with TIS are in fact modeled in
If the force is digitized, real
the simulation, and, to meet the
world TISs imposes as a minifidelity criteria, the RIS must
mum an input from the RIS in
automatically receive from the
both cases.
simulation all information that it
would receive from the TIS in the
In conclusion, for a brigade
real world
exercise, the connection between
✸ The players are at level 3 RIS and simulation is to be a
(brigades)
permanent goal (at least in the
In this case, the low-level input), even only to reduce the
animation begins at regiment load on the low-level animation,
level and the basic pawn in the and hence limit its size. If the
simulation is usually the company force is digitized, the connection is
compulsory.
or platoon.
Objectif Doctrine
55
N° 22-02/2001
DOCTRINE
✸ Les joueurs sont de niveau 2 ou
1 (EMF ou LCC)
Le
raisonnement
est
analogue à celui menée au niveau
3. Quelle que soit la simulation
employée, c’est-à-dire quel que
soit le pion de base de la
simulation, une connexion entre
les SIC et la simulation est
indispensable sous peine de
continuer à déployer des
animations basses avec beaucoup
de personnel. Cependant, en
fonction du niveau de la
simulation, cette connexion se
fera avec le SIR ou le SICF.
Néanmoins,
les
SIC
spécialisés, SIC ATLAS notamment,
imposeront
presque
toujours une connexion directe
avec la simulation dans les deux
sens pour reproduire la numérisation de la fonction concernée.
On voit donc que, même si,
dans certains cas, la connexion
entre la chaîne des SIC et la
simulation n’est pas incontournable, elle devient souvent
primordiale. En tout état de
cause, la numérisation des forces
l’imposera.
L’aide à la décision
Abordons maintenant l’analyse du besoin plus succinctement dans d’autres domaines
qui sont aussi concernés par la
coopération SIC – simulation.
Le domaine de l’aide à la
décision concerne les officiers
d’état-major équipés de leurs SIC
qui sont en quelque sorte "leurs
systèmes d’arme". L’utilisation
d’outil de simulation pour aider à
la décision est encore à
expérimenter. Les simulations
dont il s’agit ne sont pas des
simulations complètes comme
celles utilisées pour les exercices
d’entraînement. Il peut s’agir
d’outils plus simples comme des
simulations des mouvements, des
flux logistiques. L’objectif est
donc de mettre à la disposition
des officiers d’état-major au cours
du processus décisionnel ces
outils, si possible à partir de leurs
SIC pour élargir leur vision et
souligner certains éléments prépondérants dans la prise de
décision (voir l’article à ce sujet).
La coopération concerne
aussi bien l’harmonisation cartographique que les bases de
données par exemple. Elle
supposera l’acquisition par les
officiers concernés de cette
culture de l’utilisation d’outils
numériques pour les aider dans
leurs tâches.
Les études doctrinales
Dans le domaine des études
doctrinales, quand on utilise une
simulation pour étayer des
conclusions à caractère doctrinal), la coopération entre les
SIC et la simulation prend une
autre forme. Il ne s’agit pas alors
de connexion proprement dite,
mais plutôt de prise en compte
par les modèles utilisés de la
numérisation des forces.
Actuellement, la plupart des
simulations d’études existantes ne
prennent pas en compte la
composante C4I (command,
control, communication, computer
and Intelligence), surtout lorsque
ces simulations sont de niveaux
agrégés.
Il faudra donc, au fur et à
mesure que l’impact de la
numérisation sera évalué, tenir
Objectif Doctrine
56
compte des décalages entre les
modèles utilisés et la réalité, soit
pour les compenser dans
l’analyse, soit pour les corriger.
QUELQUES OBSTACLES A
SURMONTER
Trois difficultés majeures
devront néanmoins être surmontées pour obtenir des
résultats.
La
première
est
la
séparation actuelle des équipes
de projet. En effet, les
programmes SIC et ceux
concernant la simulation sont
suivis et réalisés par des équipes
totalement différentes au sein de
l’Armée de terre, comme
d’ailleurs chez les industriels.
Sans un rapprochement de ces
équipes, rien ne sera possible.
A l’heure actuelle, aucun
programme de simulation ne
peut plus être conduit sans une
compétence SIC. De même, il est
nécessaire que les programmes
de développements des SIC
prennent
en
compte
les
contraintes des simulations qui
sont appelées à coopérer.
Chaque communauté doit
faire un réel effort pour aboutir à
une synergie réelle sans laquelle
rien de concret n’aboutira. Il est à
noter d’ailleurs que ce problème
de communication entre les deux
communautés existe dans tous les
pays, y compris aux Etats-Unis.
La deuxième est le vaste
problème clé de l’intéropérabilité
dont il convient ici de souligner
l’essentiel : les SIC possèdent
leur référentiel de données et
d’échanges (même si la mise en
N° 22-02/2001
DOCTRINE
✸ The players are at level 2 or 1
(EMF or LCC)
simulations are not full
simulations such as those used in
training exercises. They may
include simpler tools such as
simulation of movements and
logistic flows. The aim is therefore
to give the staff officers involved
in decision making the appropriate tools, if possible available
through their CIS, to open their
scope and emphasize some key
aspects in the decision-making
process (see article on this subject).
The rationale is similar to
that applied at level 3. Regardless
of the simulation used, in other
words whatever the basic pawn in
the simulation, a connection between CISs and the simulation is
essential if one is to avoid using
low-level animations staffed by a
large number of personnel.
However, depending on the
simulation level, this connection
will be made with the RIS or the
Cooperation also concerns
SICF.
cartographic harmonization as
well as databases. It presumes
Nevertheless, the specialized that the concerned officers will be
CISs, tATLAS CIS in particular, fully aware of using IT resources
will nearly always require a to help them in their tasks.
direct and two way connection
with the simulation to reproduce
Doctrinal studies
the digitization of the function
involved.
In the “doctrinal study”
So even if the connection field, when simulation is used to
between the CIS chain and the back up conclusions of a doctrinal
simulation is perhaps not una- nature, cooperation between CISs
voidable, it often becomes and simulation takes another
essential. In any case, digitization form. It becomes something other
of the forces will make it than a connection in the normal
sense of the word, but rather the
inevitable.
taking into account by the models
used of the digitization of the
Aids to decision-making
forces.
Let us now have a look in
Currently, most existing
somewhat less detail at the
requirement in other domains research simulations take no
also concerned by cooperation account of the C4I (command,
control, communication, combetween CIS and simulations.
puter and intelligence) compoThe “aid to decision- nent, especially when these
making” domain concerns staff simulations are aggregated.
officers equipped with their CIS,
which are in fact their “weapon
As the impact of digitization
system”. The use of a simulation is evaluated, we must therefore
tool to help them in decisions take account of any gap between
making is still to be tested. These the models used and reality, and
Objectif Doctrine
57
either compensate during the
analysis, or correct them.
SOME OBSTACLES
TO BE OVERCOME
There are however three
major problems to be overcome if
these results are to be achieved.
The first one is the current
separation of project teams. CIS
programs and those concerning
simulation are in fact monitored
and implemented by totally
different teams within the French
Army, as in the industry. Unless
these teams are brought together,
nothing will be achieved. As of
now, no simulation program can
be run without a CIS capability.
Similarly, CIS development
programs must take account of
the limitations of the simulations
with which they will be required
to cooperate.
Each community must
make a sincere effort to achieve a
genuine synergy without which
nothing concrete will be achieved.
It should also be noted that this
problem of communication between the two communities exists
in all countries, including in the
US.
The second obstacle is the
wide-ranging key problem of
interoperability, whose primary
feature should be stressed: CISs
have their own data and
interchange reference system
(despite the fact that setting up
this reference system is neither
N° 22-02/2001
DOCTRINE
place de ce référentiel est une
chose ni aisée, ni acquise
actuellement). Ils ont chacun
leurs bases de données.
pour automatiser les simulations
et pour prendre en compte la
composante numé-risation des
forces.
L’interopérabilité entre les
SIC et la simulation suppose que
l’harmonisation des données et
des échanges soit réglée. La
simulation doit s’adapter aux
systèmes opérationnels (et non
l’inverse, même si un effort de
prise en compte des contraintes
inhérentes à la simulation peut
être fait au cours du développement des SIC).
Sans coopération avec les
utilisateurs des SIC, sans
observation de l’impact de la
numérisation sur le processus
décisionnel et sur le combat luimême, les développeurs chargés
des modèles n’auront aucune
base de référence. Dans ce
domaine également, les deux
mondes ne peuvent continuer à
s’ignorer.
Cependant, faute de volonté de conduite en parallèle des
programmes SIC et de simulation, on verra sans cesse les
simulations "courir" derrière les
SIC pour s’adapter. Une telle
instabilité permanente est un
risque majeur consommateur
d’énergie et de crédits, et risque,
à terme, de conduire à
l’inefficacité.
On voit donc bien que le
problème de connexion SIC –
simulation ne se résume pas au
seul problème technique. Il faut
l’aborder sous l’aspect de la
coopération entre deux mondes
qui ne peuvent plus s’ignorer. En
s’appuyant sur une solide analyse
du besoin (qui reste à
approfondir), une synergie doit
s’établir, dés le lancement des
programmes, pour viser à une
parfaite interopérabilité entre la
chaîne des SIC et les simulations
mises en œuvre.
La troisième difficulté est
liée au problème de la
modélisation. Un travail considérable est à faire en matière de
modèles, surtout si on cherche à
créer des modèles "intelligents"
pris en compte. Déjà au sein de
programme d’étude amont (PEA)
concernant l’entraînement distribué, la DGA étudie le lien entre
la simulation et les SIC.
Il
s’agit
des
PEA
RESIDENT
(reseau
de
simulations interactives distribuées pour l’entraînement
tactique) et ESTHER (environnement synthétique de théâtre
pour l’entraînement des PC
d’unités).
Le projet SCIPIO (voir
l’article du chef de bataillon
CHARY, p. 32), présente l’interopérabilité des SIC avec la
simulation comme une exigence
majeure.
Ces divers projets vont
obliger les deux mondes à se
rencontrer pour collaborer❖
Le problème commence
maintenant à être sérieusement
Objectif Doctrine
58
N° 22-02/2001
DOCTRINE
easy, nor complete at the present simulations and to take account of
time). They each have their the force digitization component.
databases.
Without cooperation with
Interoperability between CIS users, without some insight
CISs and simulation presumes into the impact of digitization on
the achievement of data and the decision-making process and
interchange harmonization. Si- on the combat itself, developers
mulation must adapt to opera- responsible for models will have
tional systems (and not the no reference basis. In this field
reverse, although efforts may be also, the two worlds cannot
made during CIS development to continue to ignore one another.
take provision of limitations
It is therefore clear that the
inherent to simulation).
CIS-simulation connection proHowever, if there is no blem cannot be summarized as a
willingness to run CIS and single technical issue. Firstly it
simulation programs in parallel, must be addressed from the point
we will continue to see simulation of view of cooperation between
“trailing behind” CISs while two worlds that can no longer
trying to adapt. Any such long- ignore one another. Backing from
term instability runs the risk of a solid analysis of the requirement
consuming significant energy and (which requires further work), a
money and may, ultimately, lead synergy must be established as
soon as programs are launched,
to ineffectiveness.
aiming to achieve full interThe third difficulty is operability between the CIS chain
associated with the problem of and simulations that enter
modelization. Considerable work service.
remains to be done for models,
The problem is now
especially if one seeks to create
“intelligent” models to automate attracting serious attention.
Objectif Doctrine
59
Already within the advanced
study program into distributed
training, the DGA is examining
the link between simulation and
CISs.
These are the RESIDENT(distributed interactive
simulation network for tactical
training) and ESTHER synthetic theatre environment for the
training of unit CPs) advance
study programs.
The SCIPIO project (see
article by Major Chary, p. 33)
identifies interoperability of CISs
with simulation as a major requirement.
These various projects will
compel the two worlds to meet and
collaborate❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
LA SIMULATION AU CEPC
par le colonel de Fleurian,
commandant le centre d’entraînement des postes de commandement (CEPC)
La simulation constructive regroupe tous les moyens permettant de recueillir, puis de visualiser, de façon
synthétique, tous les événements provenant du terrain. Cet ensemble est «transparent» pour les joueurs, mais
il représente une source d’informations précieuse pour la direction de l’exercice, et surtout pour l’officier qui
étudie la manoeuvre du sous-groupement et qui conduit l’analyse après action (3A). Elle permet aujourd’hui
d’instruire et d’entraîner les unités et leurs états-majors. Dans ce cadre, le centre d’entraînement des postes
de commandement (CEPC), situé sur la plate-forme de Mailly le Camp, monte et conduit des exercices assistés
par ordinateurs (computer assisted exercise – CAX) afin d’entraîner les PC de brigades interarmes et les PC
de brigades logistiques en configuration de PC de groupement logistique. Potentiellement, mais cela n’a pas
été encore joué, le CEPC peut mettre en œuvre, dès le début 2001, des CAX au profit d’un PC de division type
OTAN.
Les six années d’existence du CEPC ont permis au personnel de cet organisme de maîtriser les capacités
du logiciel BBS (brigade - batallion battlefield simulation) afin de procurer un environnement de combat de
haute intensité le plus réaliste possible, compatible avec l’entraînement d’un PC de grande unité. Ce logiciel,
d’origine américaine, a été francisé puis partiellement réécrit par le CROSAT afin d’accroître aussi bien le
réalisme de la simulation par rapport à la réalité du matériel et de son emploi au sein des unités, que la
compatibilité avec la mise en œuvre "à la française" des différentes fonctions opérationnelles.
Après avoir mesuré le chemin parcouru ces dernières années, il sera intéressant d’établir la plus-value
d’un entraînement avec un CAX par rapport à un MEL/MIL (main events list/main incidents list post), c’est-àdire le traditionnel "carré vert". Enfin, il sera utile d’établir la puissance du concept de l’emploi de la
simulation pratiquée au CEPC afin que tout nouveau système qui succèdera normalement à BBS - France
conserve les mêmes capacités.
D
ans la préhistoire du
CEPC, le logiciel BBS
n’était pas complètement
inconnu des unités françaises. Dès
1992, certaines d’entre elles
avaient eu l’occasion de participer
à un CAX utilisant BBS.
SIX ANS D’EXISTENCE
En 1994, le décret ministériel de création du CEPC lui
donnait pour mission d’"entraîner
grâce à la simulation, les étatsmajors de régiment et de division,
à la conception et à la conduite de
manœuvres interarmes dans un
cadre réaliste". Arrivant en août
1996 dans un casernement laissé
vacant par la dissolution du 3ème
régiment d’artillerie, le personnel
du CEPC réussit le tour de force
de réaliser avec succès, son
premier CAX avec BBS, baptisé
RODEX 1 dès le début décembre
1996. Après une phase de rodage,
le système a été dédié à l’entraînement des divisions. Aux 5
exercices RODEX ont succédé les
24 exercices AURIGE des
divisions puis, à partir du
printemps 1999, les 8 exercices
AURIGE des brigades (dont 1
joué par une brigade logistique).
La durée des exercices a atteint
maintenant 72 heures sans dysfonctionnement majeur.
Les évolutions successives du
système de simulation ont
régulièrement demandé des
exercices de validation à grande
échelle au CEPC qui se sont
intercalés entre les exercices
AURIGE. Enfin, en juin et juillet
Objectif Doctrine
60
2000, la plate-forme BBS-FR du
CEPC a servi de support à une
réflexion du CDES sur la
"manœuvre vectorielle".
Il faut noter que, pour des
raisons méthodologiques fondées
sur le manque de robustesse du
modèle face aux perturbations,
comme tous les simulateurs de
bataille actuels, BBS-FR ne peut
pas être utilisé pour valider le
moindre concept. Le système
actuel, baptisé BBS-FR V6, a très
largement accru les capacités du
logiciel d’origine en termes de
nombre de stations, de nombre de
pions et de nombre de soldats
simulés. Il permet ainsi une
meilleure représentation de la
grande unité dont le PC est joueur
ainsi que son environnement avec
ses voisins.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
SIMULATION IN THE CEPC
by colonel de Fleurian,
commander of the CPs training center
Nowadays, units and their staffs can be given instruction and training by the use of constructive
simulation. Constructive Simulation assembles all the elements necessary to acquire, and then to display, in
summary form, all activities taking place in the field. The result is “transparent” for the players, but
represents a source of vital information for the exercise directing staff, above all for the officer assessing
sub-unit maneuvers, who has to conduct the post-exercise analysis. Within this framework, the CEPC,
located at the Mailly le Camp, creates and conducts computer assisted exercises (CAX) to train all-arms
brigade CPs, and logistic brigade CPs in the logistic group CP configuration. Potentially, with effect from
early 2001, the CEPC (command post training center will be able to run CAX for the benefit of a NATO
division CP, although this has yet to be played.
Since six years, the personnel of the CEPC have been able to master the capabilities of the BBS
software (brigade-battalion battlefield simulation) to create the most realistic high-intensity combat
environment that is achievable, compatible with the training of a major unit CP. The software, of US origin,
has been adapted to French requirements, and partially rewritten by the CROSAT (centre de recherche
opérationnelle et de simulation de l’Armée de terre) both to enhance the realism of the simulation of
equipment within our units, and to improve compatibility with a “French-style” implementation of the
various operational functions.
After taking stock of the progress achieved over recent years, it is worthwhile to assess the benefits of
CAX training compared with MEL/MIL (main events list/main incidents list post), in other words the
traditional “green square”. Finally, it will be useful to assess the power capacity of the simulation
employment concept practiced at the CEPC, so that any new system, which can be expected to follow on
BBS-France, retains the same capabilities.
B
efore the creation of the
CEPC, BBS software was
not completely unknown to
French units. From 1992 onwards, some of them had the
opportunity to take part in a CAX
using BBS.
SIX YEARS OF EXISTENCE
In 1994, the ministerial
order establishing the CEPC tasked
it with “training, using simulation, of staffs at regiment and
division level in the conception and
conduct of all-arms operations in a
realistic framework”. After moving
in in August 1996, into barracks
left unoccupied after the disbandment of the 3rd Artillery regiment
the CEPC staff accomplished the
feat of successfully implementing its
first CAX with BBS, christened
RODEX 1, by the beginning of
December 1996. After an initial
running phase, the system was
dedicated to divisional training.
Five RODEX exercises were
followed by 24 AURIGE division
exercises, and then, from spring
1999, eight AURIGE brigade
exercises (one of which was played
by a logistic brigade). Exercise
duration had now reached 72 hours
without major breakdown
Successive developments of
the simulation system required
regular validation exercises at high
level within the CEPC, scheduled
between AURIGE exercises. Finally,
Objectif Doctrine
61
in June and July 2000, the BBSFR platform of the CEPC supports
a CDES study about “vectored
operations”.
Note that (due to methodological reasons originating from
the model’s lack of robustness when
facing disturbance, as with all
current combat simulators) BBSFR cannot be used to validate any
concept. The current system,
christened BBS-FR V6, has
substantially increased the capabilities of the original software in
terms of number of stations, pawns
and soldiers simulated. The result
is a better representation of the
major unit whose CP is a player,
and of its environment with its
neighboring formations.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
CAX ou MEL/MIL
La mission du CEPC est
d’entraîner les PC de différents
niveaux à travailler au cours d’une
opération lors d’un conflit de haute
intensité. Il s’agit, pour l’étatmajor, de produire des ordres en
temps et en heure en cohérence
avec ceux de l’échelon supérieur et
applicable à la réalité des unités sur
le terrain, matérialisées par la
simulation.
La solution du MEL/MIL
(main events list/main incidents list
post) consiste à demander à une
équipe d’animateurs d’habiller un
scénario en créant des incidents au
moment opportun qui prennent en
compte les ordres du joueur
comme les instructions du
directeur d’exercice (DIREX). Ces
incidents peuvent circuler aussi
bien par le biais d’un système
d’enveloppes que sur un réseau de
messagerie électronique.
Un MEL/MIL engendre un
nombre limité d’incidents dans le
temps qui sont facilement
réversibles, car il ne s’agit,
structurellement, que d’une simple
messagerie. L’exercice proposé
n’est ni trop riche, ni trop intense
en termes de volumes d’information. La cohérence de cette
information n’est pas absolue.
Enfin, l’effectif du personnel
nécessaire à l’animation reste très
limité.
En revanche le CAX
(computer assisted exercise) avec BBSFR oblige le PC de la grande unité
joueuse à prendre en compte et
traiter, en temps réel, un flot
d’informations
d’un
volume
comparable à celui qu’il aurait à
traiter lors d’une opération réelle.
Il doit en outre affronter un
adversaire, l’ennemi d’exercice
(ENIEX), qui n’est pas un simple
plastron, mais un "adversaire"
ayant ses propres objectifs de
manœuvre qui fonctionnent en
opposition, pour des raisons
pédagogiques, avec ceux de la
grande unité. C’est la double
action. Les ordres TRANSMIS par
le PC joueur transitent par les PC
des unités subordonnées (dans le
cas d’une brigade joueuse, le PC
des régiments) qui envoient,
ensuite, leurs propres ordres à leur
station BBS-FR simulant leur
combat et ses conséquences.
Dans chacune des stations,
les
animateurs
transposent
fidèlement les ordres reçus en
instructions
au
profit
des
opérateurs qui manipulent les
pions
représentant
l’unité
concernée. Le mécanisme des
comptes-rendus fonctionne symétriquement de la même façon.
BBS-FR est un système ancien aux
automates simples. Son réalisme
réside donc aussi dans la qualité des
animateurs et des opérateurs. Une
semaine de leur temps a été
consacrée avant l’exercice à leur
faire dispenser une formation
adaptée et efficace par les instructeurs BBS du CEPC. Il est
certain que le nombre de ces
animateurs et opérateurs est
relativement important, mais la
qualité de la simulation a un prix.
Objectif Doctrine
62
Afin de parfaire le réalisme, le PC
joueur est déployé sur le terrain
avec ses propres moyens, dans les
conditions qu’il définit lui-même
lors de la préparation de l’exercice
(tentes, shelters ou bâtiment en
dur). Il opère avec ses propres
moyens SIC et les moyens radio
qui seraient les siens en opération.
Dans le circuit des comptesrendus, les commandants des
unités immédiatement subordonnées jouent aussi le rôle de
filtre du respect du réalisme afin
que toute référence à la simulation
soit gommée sur les ondes.
AUTOUR DE BBS UN
ENSEMBLE COHERENT
Pour le CEPC, un exercice
AURIGE ne se résume pas à la
mise en œuvre du système BBSFR. En effet, à partir des directives
(objectifs et style de la manœuvre)
données par le directeur d’exercice,
il prend à sa charge l’ensemble du
montage de l’exercice, de la
première ébauche de la conception
jusqu’au dossier des enseignements
tirés. Cette construction progressive est menée en étroite
collaboration avec le directeur
d’exercice qui en valide toutes les
étapes et la grande unité joueuse
qui fournit un certain nombre de
données techniques.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
CAX OR MEL/MIL
The CEPC task is to train
CPs from different levels to
function during operations in highintensity conflict. The staff, has to
produce timely orders consistent
with those of the higher echelon,
and relevant to the reality of the
units in the field, as created by
simulation.
The MEL/MIL solution
requires a team of controllers to
dress up a scenario by the timely
creation of incidents, which take
account both of the player’s orders
and of instructions from the
exercise director (DIREX). These
incidents can be distributed either
by envelopes system, or through
electronic message net.
MEL/MIL generates a
limited number of incidents within
the timeframe, which are easily
reversible, since it involves only a
message delivery system. The
exercise offered is not too rich now
intense in terms of information
flow. The coherence of this
information is not absolute.
Finally, the number of personnel
required as controllers is quite
limited.
On the other hand, CAX
with BBS-FR requires the CP of
the participating major unit to
absorb and process in real time an
information flow comparable to the
one it would have to process in real
operations.
Moreover, the CP is faced
with an enemy, the exercise enemy
(ENIEX), which is not just an echo
on a screen but an “adversary”,
with his own operational objectives
who, for instructional purposes,
operates in opposition to the major
unit. This is a two-way action. The
orders transmitted by the player
CP transit via the subordinate unit
CPs (in the case of a participant
brigade, the regimental CPs), who
then transmit their own orders to
their BBS-FR station simulating
their combat and its consequences.
In each of the stations, the
controllers scrupulously transpose
the orders received into instructions
for the operators maneuvering the
pawns that represent the unit
concerned.
The
reporting
mechanism funtions symmetrically in the same way. BBS-FR
is an old system, with simple
automation. Its realism depends on
the quality of the controllers and
the operators. The BBS instructors
in the CEPC devote a full week of
their time before the exercise to
targeted and effective training for
the directing staff. Undoubtedly, a
relatively large number of these
controllers and operators are
required, but that is the price that
has to be paid for quality of
simulation.
Objectif Doctrine
63
To perfect realism,
the player CP is
deployed onto the
ground with its own
resources, under its
conditions that it has
itself specified during
exercise work-up
(tents, shelters or
building accommodation). It operates
with its own CIS
equipment that it would use on
operations.
In the reporting chain, the
commanders of immediately
subordinate units also play a filter
role to respect realism so that any
reference to simulation is removed
from messages.
A CONSISTENT
FRAMEWORK FOR THE
BBS
For the CEPC, an AURIGE
exercise is not simply a matter of
impladrenting the BBS-FR system.
In fact, starting from the directives
(objectives and type of operation)
given by the exercise director, it
takes responsibility for the overall
setting up of the exercise,the overall
setting up of the exercise, from the
initial outline concept through to
publication of the lessons learned
from the initial outline concept
through to publication of the lessons
learned. This progressive build-up
is carried out in close collaboration
with the exercise director, who
validates all the stages, and the
participating major unit, which
provides a certain amount of
technical data.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
L’animation haut (ANIHAUT)
de l’exercice représente le
supérieur et les voisins. Elle
s’articule autour d’un CO
comprenant un important noyau
fourni par le CEPC pour, d’une
part, garantir la cohérence tout au
long de l’exercice et, d’autre part,
mettre en œuvre les stations BBS
nécessaires à la simulation de
certaines unités de l’échelon
supérieur et des voisins.
L’animation bas (ANIBAS)
est fournie par les unités de la
brigade. Si les PC des régiments
et les commandants d’unités
élémentaires (animateurs) ne sont
pas considérés comme des
échelons joueurs, il est indubitable
que leur participation active leur
permet néanmoins d’en tirer un
profit certain en termes d’entraînement. Un exercice, CAX ou
MEL/MIL, ne peut présenter de
réelle plus-value sans une
observation extérieure qui analyse
objectivement et tire des
conclusions et enseignements. Au
CEPC, cette analyse porte sur le
fonctionnement de la chaîne de
commandement, le travail au sein
du CO joueur et l’atteinte des
objectifs techniques qui avaient
été établis lors de la définition de
l’exercice.
Elle s’appuie sur des faits
observés et enregistrés par une
équipe composée d’officiers
extérieurs à l’unité joueuse et au
CEPC. Cette équipe, fournie
essentiellement par le CDES,
renforcée d’officiers du CFAT et
parfois des DEP (directions
études et prospective) des écoles
d’armes est placée sous les ordres
d’un général du cadre de réserve.
La
corrélation
ordres
donnés - réalité sur le terrain est
assurée en exploitant l’outil
d’analyse après action (3A)
CASSINI. Ce logiciel est mis en
oeuvre par une équipe analyse du
CEPC qui apporte son soutien
technique comme sa connaissance
du logiciel BBS-FR. Le logiciel
3A du CEPC est un dispositif
exploitant en continu les données
de BBS-FR qui permet, en
première approche, le "rejeu"
visuel de toute séquence extraite
des combats antérieurs. Il permet
aussi d’étudier le déroulement des
opérations, car il donne à la
demande le rapport de forces local
et les zones susceptibles d’être
traitées par l’artillerie.
Il reste que la brièveté des
exercices AURIGE (5 jours au
mieux pour une division) rend
difficile l’animation des fonctions
opérationnelles actions civilomilitaires (ACM) et communications opérationnelles (COMOPS).
A l’avenir BBS-FR ne permettant
pas la prise en compte de ces deux
fonctions, il sera nécessaire de
compléter BBS-FR par un logiciel
relié à BBS-FR comme l’est
CASSINI
AVENIR
La simulation au
CEPC est en perpétuelle
évolution, avec le soutien
actif du CFAT et du
CROSAT/CDES.
Ces six dernières
années ont démontré
tout l’intérêt des CAX
avec le système BBS-FR.
Cet outil a atteint sa
maturité mais aussi ses
limites techniques.
Il connaîtra encore
quelques évolutions grâce
à la réalisation probable
de logiciels complémentaires ❖
Objectif Doctrine
64
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Exercise high-level control
(“ANIHAUT”) represents higher
echelons and neighboring formations. It is built around an Ops
Cell including a significant
permanent staff core provided by
CEPC, firstly to guarantee the
coherent development of the
exercise, and secondly, to operate
the BBS stations needed to
simulate some units of higher
echelons and neighboring
formations.
Although regimental CPs
and company commanders are not
considered as «players», they
abviously gain a definite trainig
benefit from their active
participation. Any CAX or
MEL/MIL exercise will never
give real plus without outside
observers, who can carry out
impartial analysis, draw conclusions and point out the lessons
learned. At the CEPC this
analysis focuses on the functioning
of the chain of command, the work
of the player Ops Cell, and the
achievement of technical objectives
established when the exercise was
in definition.
It is based on observations
recorded by a team composed of
officers not belonging to the player
unit or the CEPC. This team,
provided primarily by the CDES
reinforced by officers from CFAT
and sometimes from the DEP
(directorate for studies and trend
analysis) of the branch schools, is
placed under command of a retired
General officer.
Correlation between orders
given and reality on the ground is
ensured by using the post-exercise
analysis tool (“3A”), CASSINI.
This software program is run by
an analysis team from the CEPC,
which providy both technical
support and experience of BBS-FR
software. The CEPC 3A program
is a mechanism for the permanent
exploitation of BBS-FR data,
offering, as a first approach, the
visual “replay” of any sequence
extracted from previous combat
situations. It also allows to study
the progress of operations, and
provides, on request, the local
balance of forces, and areas
vulnerable to artillery fires.
However the shortness of the
AURIGE exercises (5 days at best
for a division) makes it difficult to
test the operational functions of
civil military affairs (ACM) and
of operational communications
(COMOPS).
In future, as BBS-FR cannot take
these two functions into account, it
will be necessary to complement it
by a program linked to BBS-FR,
such as CASSINI.
THE FUTURE
CEPC simulation is
constantly evolving, with
the active support of
CFAT and of CROSATCDES.
These last six years
have demonstrated the
advantage of CAX with
the BBS-FR system.
This tool has reached
maturity, but also its
technical limits.
It is capable of some
further evolution with
possible development of
additional software❖
Objectif Doctrine
65
N° 22-02/2001
DOCTRINE
LE CENTRE D’ENTRAINEMENT AU COMBAT :
L’OUTIL D’ENTRAINEMENT PRIVILEGIE DES
SOUS-GROUPEMENTS
par le colonel Desgranges,
chef de corps du CENTAC
La capacité à entraîner l’ensemble du personnel d’une unité de mêlée, ainsi que ses appuis, avec un degré de
réalisme important, est relativement récente dans l’Armée de terre. En effet l’inauguration du centre d’entraînement au
combat – CENTAC – ne date que de 1996. Le Centre accueille deux sous-groupements simultanément seulement depuis
le deuxième semestre de 1999. En 2000, le CENTAC a entraîné 25 sous-groupements. Ce chiffre est à comparer aux
13 sous-groupements français entraînés en 1998 et en 1999. Cette augmentation du plan de charge s’est réalisée alors
que les moyens techniques dont dispose le Centre sont encore expérimentaux, en attendant l’arrivée de la version
définitive du système centre d’entraînement au combat et à la restitution d’engagement - CENTAURE - et de l’ensemble
des simulateurs de tir de combat – STC.
L’accueil simultané de 3 sous-groupements sera possible à partir de 2004, lorsque le centre sera doté de tous les
moyens de simulation nécessaires, et notamment des simulateurs de tirs de combat - STC -pour les armes antichars.
Malgré l’insuffisance actuelle du nombre de STC, le CENTAC est aujourd’hui un temps fort incontournable pour
l’entraînement des sous-groupements à base de chars ou d’infanterie. Le Centre offre désormais aux commandants de
régiments de mêlée et de groupes d’escadrons blindés – GE40 – une occasion unique de mener l’entraînement de leurs
unités, qui s’exercent désormais dans un cadre interarmes avec des moyens de simulation réalistes, tout en profitant
de la plus-value pédagogique apportée par le Centre.
L
’intérêt reconnu du
CENTAC tient essentiellement à sa contribution incontestable en
matière de préparation opérationnelle des unités de mêlée.
Celles-ci peuvent désormais
s’entraîner de façon réaliste
dans un environnement adapté,
face à un ennemi réactif et avec
des moyens de simulation
reproduisant les effets de
certaines armes – actuellement
canons et armement légers
d’infanterie.
Une préparation opérationnelle irremplaçable
L’entraînement
touche
l’ensemble des fonctions du
sous-groupement, du commandant d’unité au grenadiervoltigeur et au pilote d’engin
blindé. Les exercices combinent
tirs et manœuvre à double
action et permettent de dévoiler
les qualités particulières des
chefs de tous grades. Pour les
capitaines, il s’agit d’une
expérience forte et d’une
occasion unique de commander
un sous-groupement interarmes durant quatre-vingt-seize
heures.
Quelle que soit la performance des deux unités
interarmes engagées, souvent
simultanément, au CENTAC,
cette phase tactique forge leur
cohésion
au
cours
de
manœuvres exigeant à chaque
niveau de commandement –
sous-groupement, section ou
peloton, groupe ou équipage –
ou d’exécution une coordination indispensable à la
"survie" des uns et des autres.
Pourtant, des régiments
hésitent encore à intégrer le
Objectif Doctrine
66
CENTAC dans la préparation
d’une opération extérieure
(OPEX). C’est vrai que, outre
les difficultés dues au contexte
actuel, les obstacles sont
importants : les OPEX imposent
souvent une organisation des
unités différente de celle
pratiquée pour le combat de
haute intensité.
Elles nécessitent également de nombreux savoir-faire
spécifiques. En revanche,
l’apport du CENTAC dans la
préparation opérationnelle n’est
pas négligeable : entraînement
du chef interarmes à réagir dans
un environnement complexe,
cohésion de l’unité face à un
ennemi (force adverse) manœuvrier et réputé "dangereux",
amélioration des savoir-faire
tactiques et de la réactivité au
sein des pelotons et des
sections.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
THE COMBAT TRAINING CENTER:
THE IDEAL TRAINING FACILITY
FOR SUB-GROUPS
by colonel Desgranges,
CENTAC corps commander
The ability to offer highly realistic training to all the personnel within a contact battle unit, including its
supporting formations, is relatively recent in the French Army. The combat training center (CENTAC) was in fact only
created in 1996. The center has been receiving two sub-groups simultaneously only since the second half of 1999.
In 2000, CENTAC trained 25 sub-groups. This figure should be compared with the 13 French sub-groups trained in
1998 and 1999. This increase in workload was achieved even though the center’s facilities were still at an
experimental stage while awaiting the arrival of the definitive version of the CENTAURE system (the French acronym
translates as “combat training and engagement replay center”) and of all combat fire simulators.
Simultaneous accommodation for 3 sub-groups will be possible from 2004 onwards, when the center will
have all the necessary simulation resources, especially the combat fire simulators for anti-tank weapons. Despite
the current shortfall in combat fire simulators, CENTAC is currently an essential date in the training of armored or
infantry sub-groups.
The center now offers the commanding officers of contact battle regiments and groups of armored squadrons
– GE40 – a unique opportunity to carry out training for their units, which can now take place in an all-arms
environment with realistic simulation facilities, while benefiting from the added teaching value offered by the center.
T
he acknowledged a d vantage of CENTAC
arises primarily from
its unchal-lenged contribution to
the opera-tional training of
contact battle units. These units
may now train in a realistic
mode in an appropriate
environment, against a reactive
enemy and using simulation
facilities that reproduce the
effects of certain weapons – for
the time being guns and
infantry light weapons.
A unique preparation for
operations
The training takes care of
all sub-group functions from the
unit commander down to the
infantryman and armored vehicle driver. The exercises
combine firing and maneuver
operations (“OPEX”). It is true
that, apart from the problems
resulting from current circumstances, the obstacles are
significant: OPEX often require
a different unit organization
from the one used during high
intensity combat. They also
Regardless of the per- require a range of specific skills.
formance of the two all-arms
units engaged, often simultaneously, at CENTAC, this
On the other hand,
tactical phase forges their CENTAC has much to offer
cohesion during maneuvers that during operational prepademand at each command level ration: training of an all-arms
(sub-group, section or platoon, commander to react in a comgroup or team) or action level, plex environment, unit cohesion
an essential coordination for
faced with an enemy (opposing
mutual “survival”.
force) both top maneuvering and
assumed to be “dangerous”,
However, regiments still improvement in tactical knowhesitate to include CENTAC in how and in reactivity within
their preparation for overseas platoons and sections.
on both sides which enables the
special qualities of leaders of all
ranks to be demonstrated. For
captains, this is a great
experience and a unique opportunity to command an allarms
sub-group during 76 hours.
Objectif Doctrine
67
N° 22-02/2001
DOCTRINE
L’apport des moyens de
simulation et de la numérisation
L’entraînement au CENTAC est optimalisé par des
moyens de simulation regroupés
en un système cohérent
(CENTAURE) et comprenant
deux sous-systèmes : la simulation "vivante" d’une part, la
simulation "constructive" d’autre
part.
La simulation "vivante"
regroupe l’ensemble des moyens
de simulation d’engagement
avec système laser. Ces moyens
sont
relativement
limités
aujourd’hui, du fait de l’absence
de STC pour les armes
antichars – MILAN, ERYX,
AT4 – et pour certaines autres –
fusils à répétition 12,7mm
modèle F1 (Payen-GonnetMerry), mitrailleuses 12,7, lance
grenades individuel (LGI).
Néanmoins, ils recouvrent la quasi totalité des
besoins en STC aux armes
légères d’infanterie (ALI) –
FAMAS – des combattants et
une grande partie des équipements des engins blindés de
deux sous-groupements interarmes et de la FORAD.
Certaines armes ne sont en
effet pas encore dotées d’un
système d’engagement avec
laser. Le CENTAC ne sera
donc pleinement opérationnel
qu’à partir de 2004, avec la
réalisation de la version II du
système CENTAURE. Des
exécutants peuvent donc se
plaindre, à juste titre, du
manque de réalisme de leur
fonction, mais, d’une part les
"observateurs-arbitres-conseillers" (OAC) remédient au
mieux à ces insuffisances,
d’autre part l’intérêt du
CENTAC au niveau de l’unité
est plus important que les
difficultés rencontrées par
quelques exécutants.
Les demandes des unités
ont néanmoins été prises en
compte puisque le centre
devrait bientôt être doté de
plusieurs STC antichars, dans
une version "artisanale" mise au
point par le CENTAC.
Malgré ces lacunes, la
pratique montre que, sur le
terrain, les actes élémentaires
des fantassins et des équipages
s’améliorent durant les quatre
jours d’exercice, pour atteindre
un bon niveau d’exécution le
dernier jour.
Le deuxième sous-système,
"la simulation constructive",
regroupe tous les moyens
permettant de recueillir, puis de
visualiser, de façon synthétique,
tous les événements provenant
du terrain. Cet ensemble est
"transparent" pour les joueurs,
mais il représente une source
d’informations précieuse pour
la direction de l’exercice, et
surtout pour l’officier qui étudie
la manœuvre du sousgroupement et qui conduit
l’analyse après action (3A).
Lors des 3A, certaines
phases tactiques peuvent ainsi
être présentées au commandant
d’unité et à ses principaux
subordonnés sous forme de
"copie d’écran" montrant à un
Objectif Doctrine
68
instant donné la situation réelle
des unités sur le terrain.
Ces "rejeux" informatiques,
auxquels
viennent
s’ajouter les bilans exacts des
pertes amies et ennemies, ainsi
que des séquences vidéo
enregistrées pendant l’exercice,
constituent des informations
indispensables lors des analyses
après action réalisées au
CENTAC.
La spécificité des analyses
après
action
(3A)
du
CENTAC
Hormis
les
séances
d’analyse qui se déroulent "à
chaud" sur le terrain, il existe
des 3A plus élaborées, conduites
chaque jour par un officier du
Centre au profit de chacun des
sous-groupements entraînés.
L’objectif des 3A du CENTAC
n’est pas seulement d’exposer
les enseignements de la
manœuvre aux principaux
protagonistes, mais il consiste
aussi, le plus souvent, à leur
faire prendre conscience de
leurs erreurs éventuelles, afin
qu’ils ne les répètent plus par la
suite : c’est le principe de la
"pédagogie de progrès".
Au CENTAC, l’analyse
après action est un métier à
plein temps. Les officiers
analystes participent activement
au montage des exercices et à la
préparation des ordres qui
seront transmis aux sousgroupements. La précision et la
clarté des ordres sont en effet
des conditions préalables à
toute analyse sérieuse.
N° 22-02/2001
DOCTRINE
The contribution of simu- of the lack of realism in their
lation and digitalization function but, on the one hand
facilities
the "directing staff-umpiresadvisers" (“OAC”) do their best
The training at CENTAC to remedy these shortfalls, and
is optimized by simulation on the other hand the
resources grouped into a cohe- advantages of CENTAC at the
rent system (CENTAURE) and unit level outweigh the difincluding two sub-systems: ficulties encountered by some
"live" simulation on the one participants.
hand, and "constructive" simulation on the other.
Unit requirements have
nonetheless been taken into
"Live" simulation inclu- account, as the center should
des all resources for enga- soon be equipped with several
gement simulation using the anti-tank combat fire simulaser system. These resources are lators, in a "crude" version
today relatively limited, because developed by CENTAC.
of the lack of combat fire
Despite
these
shortsimulators for anti-tank
weapons - MILAN, ERYX, comings, experience on the
AT4 - and for some others – the ground demonstrates that the
F1 model 12.7mm self-loading individual performance of
rifle (Payen-Gonnet-Merry), infantry and weapon teams
the 12.7mm machine gun and improves during this four day
the individual hand grenade exercise, reaching a high level
on the final day.
launcher (LGI).
principal subordinates in the
form of a "screen copy" showing
at a given instant the real
situation of units on the ground.
These computerized "replays", to which are added final
balance sheets of friendly and
enemy losses, as well as video
sequences recorded during the
exercise, are vital information
for the post exercise analysis
carried out at CENTAC.
The distinctive nature of
post-exercise analysis carried out at CENTAC
In addition to the “hot”
debriefing sessions held on the
ground, more detailed postexercise analysis is undertaken
every day by an officer from the
Center for the benefit of the subgroups under training. The aim
of post-exercise analysis at
CENTAC is not just to expose
the learning lessons from the
actions of the two protagonists,
but, more often, it also aims to
make them aware of their
possible errors to avoid them
being repeated in the future:
this is the principle of “learning
by experience”.
The second sub system,
"constructive simulation",
brings together all resources
enabling the collection and
visual replication of all events
arising on the terrain. This
system is "transparent" for the
participants, but it represents a
vital source of information for
At
CENTAC,
postthe distaff, and especially for the
Some weapons are in fact officer who studies sub-group exercise analysis is a full time
not yet equipped with the laser maneuvers and who leads the job. Analysis officers play an
active role in setting up exercises
engagement system. CENTAC post exercise analysis.
and in the drafting of orders to
will therefore not be fully
During the post exercise be sent to the sub-groups. The
operational until 2004, with the
completion of version II of the analysis, some tactical phases accuracy and clarity of these
CENTAURE system. Players may thus be presented to the orders is a precondition for any
may therefore rightly complain unit commander and his serious analysis.
Nevertheless, they cover
virtually quite all combat fire
simulator requirements in
respect of the combatants’
infantry light weapons FAMAS - and a majority of
armored vehicle equipment
within the two all-arms subgroups and the FORAD.
Objectif Doctrine
69
N° 22-02/2001
DOCTRINE
L’étape suivante de la
préparation 3A consiste à
étudier les ordres donnés par le
capitaine, puis à observer leur
réalisation sur le terrain. Il s’agit
alors pour l’officier analyste et
son équipe de suivre l’exécution
de ces ordres d’une part avec le
réseau radio, d’autre part à
l’aide des écrans CENTAURE.
Leur importance est
primordiale car les comptesrendus, qu’ils soient relatifs aux
amis ou à l’ennemi, sont parfois
éloignés de ce qui se passe
effectivement sur le terrain : ces
écrans permettent donc souvent
de rétablir la réalité. En outre,
ils apportent une vue globale et
en temps réel de la situation des
unités sur le terrain, en
permettant ainsi aux officiers
analystes de se faire une idée
précise du déroulement de la
manœuvre.
A la fin de chaque phase
tactique intensive, en fin
d’après-midi, le compte à
rebours
commence
pour
l’équipe d’analyse. Il reste alors
environ quatre heures à
l’officier analyste pour écouter
les OAC revenus du terrain et se
faire préciser quelques moments particuliers de l’exercice,
pour visionner le film enregistré
par les équipes vidéo, pour
monter ensuite la séance 3A et
faire construire les supports
audiovisuels par l’équipe technique.
En début de soirée,
commence alors la séance
d’analyse proprement dite, qui
dure environ une heure. Elle
prend la forme d’une réunion
discussion
dont
l’officier
analyste est l’animateur. D’une
manière succincte, la 3A
consiste à dérouler les questions
suivantes :
- que deviez-vous faire ?
- comment vouliez-vous le faire ?
- qu’avez-vous fait ?
- quels enseignements en tirezvous ?
Au cours de cette séance,
l’officier analyste fait revivre au
commandant du sous-groupement et à ses principaux
subordonnés leurs actions de
combat, il suscite l’auto-analyse,
il fournit des conseils et rappelle
autant que de besoin les notices
d’emploi. C’est le déroulement
de cette trame, le professionnalisme de l’analyste et l’importance des moyens techniques mis
en œuvre qui font la spécificité
des 3A du CENTAC.
*
*
*
Malgré l’insuffisance actuelle
des simulateurs de tir de
combat, mais grâce à une
organisation éprouvée, à des
moyens technologiques de
pointe et à une pédagogie
adaptée, le CENTAC est
devenu l’outil privilégié de
Objectif Doctrine
70
l’entraînement des unités de
chars et d’infanterie. Cependant
le CENTAC ne peut pas
aujourd’hui accueillir certaines
unités d’appui, de reconnaissance ou de renseignement. En
effet les OAC parviennent, avec
beaucoup d’effort, à compenser
en partie l’insuffisance numérique des STC antichars et
l’absence de systèmes de
localisation sur certains véhicules de combat. Mais le suivi
de l’exercice et l’analyse qui s’en
suivent deviennent difficiles
lorsque les pions tactiques sont
trop dispersés sur le terrain.
En 2001, il est prévu
d’entraîner 32 sous-groupements
au CENTAC. Mais certains
régiments sont parfois dans
l’embarras pour aligner un sousgroupement au complet.
Le CENTAC s’adapte
donc à ces difficultés en
accueillant, le cas échéant, des
unités plus faibles en volume de
personnel ou en puissance de
feu. Néanmoins, le CENTAC
ne déroge pas à une règle
fondamentale : le combat doit
rester dans la catégorie "haute
intensité" et doit surtout
permettre aux capitaines de
manœuvrer avec de véritables
sous-groupements interarmes ;
des moyens suffisants, en
personnel comme en matériel,
sont absolument nécessaires
pour que l’on puisse véritablement parler d’entraînement ❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
The next stage of preparation for post-exercise analysis involves the study of the
orders issued by the captain, and
then the observation of their
execution on the ground. It is
then up to the analysis officer
and his team to monitor the
execution of these orders firstly
over the radio net and secondly
though the CENTAURE displays.
Their
importance
is
essential as reports, whether
they refer to friendly or enemy
forces, are sometimes far away
in time from the real events on
the ground: these displays may
therefore enable reality to be
reestablished. They also provide
an overall real time view of the
situation of the units on the
ground, thereby enabling the
analysis officers to have an
accurate picture of exercise
progress.
At the end of each tactical
phase, late in the afternoon, the
count down begins for the
analysis team. The analysis
officer now has about four hours
to question the OACs on their
return from the field to clarify
some specific events during the
exercise, to view the films
recorded by the video teams, to
set up the post-exercise analysis
session and to have audiovisual
aids prepared by the technical
staff.
At the beginning of the
evening, the post-exercise
analysis session itself starts; this
lasts about one hour, and takes
the form of a discussion led by
the analysis officer. Briefly, postexercise analysis involves the
following questions:
armoured and infantry units.
However, CENTAC cannot
currently accept certain support,
reconnaissance or intelligence
units. In fact the OACs
manage, with some difficulty, to
partly compensate for the
numerical deficiencies in antitank weapon fire simulators and
- what were you asked to do?
the lack of location systems on
- how did you aim to do it?
certain combat vehicles. But it
- what did you do?
becomes difficult to monitor the
- what lessons have you learned? exercise and subsequently to
analyze it when tactical teams
During this session, the are too dispersed across the
analysis officer asks the officer terrain.
commanding the sub-group and
It is planned to train 32
his principle subordinates to live
again their actions in combat; he sub-groups at CENTAC in
encourages self-analysis, offers 2001. However some regiments
advice and recalls where may have difficulties to build up
necessary any standard opera- a complete sub-group.
ting procedures. The very
CENTAC therefore adapts
specificity of 3A as it is
performed at CENTAC stands to these problems by accepting,
with the developing of this where appropriate, units with
sequence backed up by the shortfalls in personnel or
analyst’s professionalism and the firepower. However, CENTAC
amount of technical resources never departs from a fundamental rule: combat must
employed.
remain within the “high
intensity” category and must
*
*
above all enable captains to
*
maneuver with genuine allDespite the current lack of arms sub-groups; adequate
combat
fire
simulators, resources, in personnel as well as
CENTAC’s proven organi- in equipment, are absolutely
zation, advanced technical necessary if genuine training
resources and targeted teaching value is to be achieved❖
techniques, has made it the
primary tool for the training of
Objectif Doctrine
71
N° 22-02/2001
DOCTRINE
DOCTRINE D’EMPLOI ET SIMULATION :
EXEMPLE D’UNE SYNERGIE REUSSIE
par le lieutenant-colonel Maitrier,
direction des études et de la prospective de l’école d’application de l’infanterie
La refondation de l’Armée de terre a notamment conduit à décrire les différentes
formations dans des documents uniques d’organisation (DUO). Dans ce contexte, la section
de reconnaissance régimentaire des régiments d’infanterie (SRR) est désormais constituée de
quatre patrouilles de reconnaissance équipées de missiles antichars courte ou moyenne
portée. L’actualisation du manuel d’emploi de cette section était donc nécessaire en
imaginant des actions d’investigation de contact incluant la mise en œuvre des systèmes
d’armes. Cette démarche, dans un souci de réalisme et de réactivité, s’est initialement
grandement appuyée sur la simulation.
L
es travaux menés par
étapes sur une durée de
six mois par l’école
d’application de l’infanterie
(EAI) ont impliqué la direction
des études et de la prospective,
le centre JANUS de l’EAI et la
SRR du 2ème régiment étranger
d’infanterie.
Une première étape a
consisté simultanément à décrire
des nouvelles missions pour la
SRR permettant la mise en
œuvre des armes antichars, et
l’intégration dans JANUS des
nouveaux paramètres de cette
section. Dans un deuxième
temps, la SRR du 2ème REI s’est
appropriée les études de l’école
puis a "testé" les différentes
missions lors d’exercices simulés
montés par le centre JANUS.
Les enseignements
ont permis de valider ou
pertinence des travaux
riques, après rédaction
première version du manuel
d’emploi, au cours d’exercices
conduits par la SRR dans le
cadre normal de la planification
de ses activités. Sans remplacer
le terrain qui, in fine, sanctionne
le réalisme de la doctrine,
l’apport de la simulation dans la
phase de conception de l’emploi
de la SRR a été déterminant,
tant en termes de principes
d’emploi et de possibilités
tactiques qu’en termes de délais
de réalisation des études. Nul
doute que cette démarche
simple s’applique utilement à
d’autres niveaux ou domaines
d’emploi ❖
retirés
non la
théod’une
Objectif Doctrine
72
N° 22-02/2001
DOCTRINE
EMPLOYMENT DOCTRINE AND SIMULATION:
AN EXAMPLE OF A SUCCESSFUL SYNERGY
by lieutenant-colonel Maitrier,
office for studies and prospective at infantry branch school
The "refundation" of the French Army has in particular led to describe each unit in a
unique organization document (DUO). Within this context, the regimental reconnaissance
platoon (SRR) of infantry battalions is now composed of four reconnaissance squads equiped
with short or medium-range antitank missiles. Thus, updating the field manual of this platoon
was necessary, by imagining contact investigation actions allowing to operate weaponsystems. Out of concern for realism and reactivity, this process was initially supported by
simulation.
T
he work was carried out
during six months by
the school of infantry,
involving the directory of studies
and prospective, the JANUS
center and the SRR of the 2nd REI
(French foreign legion infantry
battalion).
The first stage consisted in
simultaneously describing new
missions for the SRR allowing to
operate antitank weapons, while
integrating the new parameters of
this platoon in the JANUS
system. For the second stage, the
2nd REI/SRR took over the school
studies and then tested different
missions during several simulated
exercises conducted by the JANUS
center.
a series of exercises conducted by
the SRR in the regular frame of its
planned activities. Without replacing field maneuver, which in fine
sanctions the doctrine’s realism,
the contribution of simulation for
the conception of the SRR
employment was determant in
terms of employment principles
and tactical capabilities as well as
in terms of time limit for
conducting the studies. There is no
doubt that such a simple process
will usefully apply to other
employment levels or domains ❖
Lessons learned from these
tests allowed to validate or not the
relevance of theoritical works,
after a first version of the field
manual had been written, during
Objectif Doctrine
73
N° 22-02/2001
DOCTRINE
LA SIMULATION INTERARMEES
par le commandant Cazoulat
(EMA/TSIC)
D ans un environnement, caractérisé par l’incertitude et la contrainte du "temps réel", il n’est pas
possible de déterminer à l’avance les zones d’engagement, la nature des menaces et la forme des
opérations. Le document de politique générale de la simulation interarmées (novembre 1998) fixe les
grandes lignes relatives à ce domaine. Créée le 01 janvier 1999, la section simulation de l’état-major des
armées assure la mise en œuvre et le suivi de l’ensemble des actions relevant de ce domaine. Après avoir
rappelé les enjeux, replacé la simulation interarmées dans son contexte, présenté les priorités définies dans
le document de politique générale de la simulation interarmées, cet article présentera le concept d’exercice
assisté par ordinateur (CAX) français, ainsi que les différents développements ou actions en cours.
D
ans un contexte et un
environnement, de plus
en plus complexes, la
simulation joue un rôle clef ;
elle permet par la modélisation
des systèmes et des schémas
décisionnels d’obtenir une
représentation aussi fidèle que
possible des opérations militaires. Conférant la capacité de
gérer un nombre important de
paramètres, elle permet de
simuler des situations opérationnelles nécessitant choix et
décisions, d’anticiper et
d’évaluer les conséquences
d’une décision d’une manière
objective et rigoureuse par
rapport aux critères qui lui sont
constitutifs.
d’aider à l’entraînement des
unités.
LE DOMAINE
DE LA SIMULATION
INTERARMEES
La simulation interarmées
constitue un sous-ensemble
restreint à l’intérieur du vaste
domaine de la simulation. Il
existe dans les armées de nombreuses réalisations au niveau
tactique (simulateurs d’entraînement de plate-forme de
combat, simulations d’entraînement de petites unités) et
quelques unes au niveau opératif.
Une première définition du
domaine d’application de la
simulation interarmées peut
suivre une classification par
domaines d’application et par
niveaux (cf. tableau ci-dessous).
Les besoins interarmées sont
relatifs à la fois aux systèmes
faisant intervenir plusieurs
composantes au niveau de la
conduite des forces et aux
systèmes des QG d’opérations
de la responsabilité de l’étatmajor des armées.
Pour ce qui concerne les
applications opérationnelles de
haut niveau, notamment, les
outils d’aide à la décision,
l’interopérabilité avec les structures en charge des systèmes
d’information et de commandement est primordiale.
LES ENJEUX
La simulation interarmées
apparaît comme l’un des outils
privilégiés des forces armées,
car elle participe à la maîtrise de
la décision. Elle doit permettre
d’étudier, de valider et de faire
évoluer les doctrines, de préparer des planifications d’actions
génériques, d’aider à la planification des actions réelles et d’en
assurer la préparation, enfin
Objectif Doctrine
74
N° 22-02/2001
DOCTRINE
JOINT SERVICE SIMULATION
by major Cazoulat,
(EMA/TSIC)
In an environment characterised by uncertainty and the constraint of “real time” reporting, it is
impossible to determine in advance what the area of operations will be, what type of threat will be faced
nor the type of operation that will need to be conducted. The joint service simulation policy document
(November 1998) lays down broad principles in this field. The simulation office on the French joint staff was
created on 1 January 1999. It is responsible for implementing and monitoring all simulation-related
activities. This article describes the challenges faced, summarises the current state of joint service
simulation and lists the priorities assigned in the joint service simulation policy document. It then presents
the French computer assisted exercise (“CAX”) concept, and current developments or activities.
I
n an increasingly complex
situation and environment, simulation plays a
key role; by modelling systems
and decision making processes. It
enables military operations to be
represented as accurately as
possible and enables a large
number of parameters to be
controlled. This allows the
simulation of operational situations requiring choice and
decision making, whose consequences can be anticipated and
evaluated objectively and rigorously against its inherent
characteristics.
operations, and finally help in might adopt a classification by
the training of units.
fields of application and by level.
Joint service requirements
THE JOINT SERVICE
relate both to systems that
SIMULATION FIELD
require the participation of
several components at joint force
Joint service simulation is command and those within the
a limited sub-set within the operational command structure
immense simulation field. which is the responsibility of the
There are within the armed joint staffs.
services numerous forms of
simulation at a tactical level
Where high level ope(weapons platform training rational applications are consimulator, simulators for trai- cerned, and in particular
ning small units), and a few at decision making tools, interan the operational level. An operability with the structures
initial definition of the range of controlling command and infortasks for joint service simulation mation systems is essential.
APPLICATION
THE CHALLENGES
Joint service simulation is
a vital tool for the armed forces,
as it is part of the decision
making control process. It
enables the study, validation and
evolution of doctrine and the
preparation of contingency
plans, support the preparation
and planning of actual
Studies,
Force
trend strucrure
analysis
L
E
V
E
L
Training
Employment
Planning
Preparation and conduct of operations
Strategic
Defence
systems
Operative
forces
systems
JOINT SERVICE
REQUIREMENTS
Joint service systems
Tactical
Combat
systems
Weapon
systems
Objectif Doctrine
Specific
75
systems
N° 22-02/2001
DOCTRINE
POLITIQUE DE LA
SIMULATION
INTERARMEES
les alliés et contribuer à la
formation des cadres.
Les aptitudes opérationnelles définies par le
concept d’emploi des forces
doivent permettre à ces
dernières d’agir dans tous les
cadres d’engagement possibles
et de mettre en œuvre tous les
modes d’action envisageables.
Elles concernent la maîtrise de
l’information, la participation
au
commandement
d’une
opération multinationale, la
constitution d’une force, son
déploiement et son soutien, le
commandement d’un groupe de
forces interarmées nationales ou
multinationales.
La politique de simulation interarmées contribue
activement à la satisfaction de
ces objectifs de capacités
opérationnelles, tant pour la
conception et la planification
que pour l’entraînement des
forces, en respectant les
priorités suivantes :
• Primordial : contribuer de
façon déterminante à donner
à la France une capacité
propre d’anticipation, de
conception, de planification et de conduite
d’opérations interarmées
nationales ou multinationales,
notamment
comme nation cadre d’un PC
FIM.
• Souhaitable : aider à concevoir et à faire évoluer l’outil
militaire.
L’engagement des forces
françaises dans un cadre
interallié fait partie du concept
de leur emploi et la préparation
(planification, entraînement)
doit être possible dans ce
contexte. La simulation opérationnelle interarmées sera
interopérable avec les alliés,
principalement au niveau opératif.
Le garant de cette
interopérabilité est la coopération que la France doit
entretenir en participant à des
exercices mettant en œuvre des
simulations et en développant
des outils communs avec les
alliés.
LE CONCEPT CAX
La seule connaissance des
procédures
opérationnelles
n’est plus suffisante. La
connaissance approfondie du
théâtre d’opérations dans toutes
ses dimensions, la maîtrise des
cultures et des objectifs
politico-militaires sont aujourd’hui indispensables pour
assurer une gestion optimale de
ces événements. A ce titre,
l’informatique représente un
apport
primordial
pour
favoriser le transfert des
connaissances opérationnelles
et l’accélération de la maîtrise
de la conduite des opérations en
particulier au niveau opératif.
Un CAX (computer assisted
exercise) est un exercice de poste
de commandement (CPX) dans
lequel les modèles de simulation
sont utilisés pour placer les
commandants de forces, les
états-majors, les systèmes de
commandement et de conduite
dans un environnement opérationnel réaliste.
Le but est l’entraînement à
la prise de décision, à la pratique
des procédures du PC et à la
coordination des actions entre
PC. Le schéma présenté ciaprès, illustre le concept CAX
français mis en œuvre dans le
cadre de l’exercice francobritannique "Réaction Combinée 2000".
• Important : doter les armées
d’un système d’entraînement
d’états-majors au niveau
opératif interopérable avec
Objectif Doctrine
76
N° 22-02/2001
DOCTRINE
JOINT SERVICE
SIMULATION
POLICY
The operational capabilities defined in the forces’
concept of operations must
enable them to take action in all
possible engagement scenarios
and to employ all conceivable
means of action. These involve
the control of information,
participation in the command of
a multinational force, the
constitution of a force, its
deployment and support, and the
command of a national or
multinational joint task force.
The
joint
service
simulation policy makes an
active contribution to meeting
these operational capability
objectives, both in the concept
and planning stage as well as in
force training, while respecting
the following priorities:
• Essential : to make a
significant contribution to
ensuring that France has its
own capability to anticipate,
conceive, plan and conduct
national or international joint
service operations, especially as
framework nation for a
multinational joint force
headquarters.
with allies and that contributes its dimensions, and of cultures
to the training of commanders.
and politico-military objectives,
are today essential to ensure the
• Desirable : to support the most favourable management of
planning and development of these events. Information
the military tool.
technology offers major advantages in this area for the
Engagement of French transfer of operational inforforces in an allied framework is mation and the hastening of
part of their concept of mastery of the conduct of
operations. Preparation (plan- operations especially at action
ning and, training) must be level.
possible in this context. Joint
service operational simulation
A CAX (computer assisted
must be interoperable with exercise) is a command post
allies, especially at the tactical exercise (CPX) where simu(and operational) level.
lation modules are used to locate
force commanders, service staffs
Cooperation ensures this and command and control
interoperability. France must systems in a realistic operational
cultivate this by participating in environment.
exercises that employ simulation
and by developing compatible
The aim is training in
tools with the allies.
decision making, the practice of
CP procedures and coordination
THE CAX CONCEPT
of activity between CPs. This
diagram illustrates the French
It is not enough merely to CAX concept as put into
understand operational proce- operation during the Anglodures. An in-depth knowledge of French exercise “Combined
the theatre of operations in all Reaction 2000”.
• Important : to provide the
armed services with an
operational staff training
system that is interoperable
Objectif Doctrine
77
N° 22-02/2001
DOCTRINE
Le concept CAX
décline en deux phases :
se
• la stimulation : transfert des
connaissances
opérationnelles. Cette phase permet
l’accélération du processus
de transfert des connaissances opérationnelles (théâtre, ordre d’exercice, historique de la crise,…) et
l’apprentissage de l’environnement opérationnel de
travail.
Le but recherché est de
former les différents acteurs,
aussi rapidement que possible, à leurs fonctions au
sein du PC, en vue de
conduire les opérations liées
à l’exercice ou à l’opération
réelle.
• la simulation : entraînement à la prise de décision
et à la conduite d’opérations.
Cette phase commence
lorsque le PC est prêt à
prendre le contrôle opérationnel de la crise.
Elle permet l’accélération du
transfert des connaissances
pour la conduite des
opérations. Il s’agit de conduire une animation cohérente du comportement
humain et des systèmes
d’armes en fonction d’un
scénario politico-militaire.
Cette phase s’adresse aux
acteurs du processus de
décision du PC.
STIMULATION
+ SIMULATION
CAX
UNE SIMULATION
INTERARMEES
EN PLEIN
DEVELOPPEMENT
L’état-major des armées a
lancé une série de développements dont l’objectif est,
conformément au document de
politique générale de la
simulation interarmées :
• à l’horizon 2000, de doter les
armées d’un système d’entraînement d’états-majors
au niveau opératif nécessaire
pour la formation des cadres,
• à l’horizon 2005, de réaliser
un système de simulation
national constitué par un
centre de simulation interarmées disposant de moyens
d’aide à la décision stratégique,
à la planification des opérations, à la conduite des
opérations.
Dès 1999, en coopération
avec le centre d’analyse de
défense de la DGA et en liaison
avec
les
états-majors
opérationnels interarmées
(COIA, EMIA), avec les
états-majors d’armées et les
centres de simulation ou de
recherche opérationnelle d’armées (CROSAT - centre de
recherche opérationnelle et de
simulation de l’Armée de terre),
ANPROS - antenne plans de
recherche opérationnelle et de
simulation de la marine
nationale), CASI - centre
d’analyse, de simulation et
d’innovation de l’Armée de
l’air), les études, projets ou
coopérations suivants ont
débutés :
Objectif Doctrine
78
• étude technico-opérationnelle "aide à la décision
stratégique" : il s’agit de
mettre en place un système
d’aide à la décision destiné au
CEMA. Cette aide porte sur
la gestion des données
nécessaires pour analyser les
situations, proposer des
options et soutenir le dialogue politico-militaire.
• étude technico-opérationnelle "aide à la planification
des opérations" : l’étude porte
sur la faisabilité d’un démonstrateur, centré sur la problématique du choix des modes
d’actions, qui serait élaboré à
partir d’outils "type jeu de
guerre", comme JTLS - joint
theater level simulation)…,
acquis par le collège
interarmées de défense, et
d’outils d’étude de la projection (ADAMS ou LMT,…).
La réalisation d’interfaces
d’entrée et de sortie conviviales, ainsi que la capacité à
s’intégrer dans une administration de données basée sur
la
méthode
MADIOS
(méthode d’administration de
l’interopérabilité des systèmes
d’information et de commandement) sont les points durs
de cette étude.
• Etude technico-opérationnelle "aide à la décision pour
le commandement d’un PC
opératif" : la mise à disposition du commandant de la
force (COMANFOR) d’un
système d’aide à la décision
donnant une vision prospective, établie à des fins
d’aide au commandement et
N° 22-02/2001
DOCTRINE
The CAX concept breaksdown into two phases:
•stimulation: transfer of
operational information. This
phase speeds up the process of
transferring operational information (theatre, exercise
order, background to the crisis
etc.), and offers learning
opportunities for the operational working environment.
The aim is to train those
involved as quickly as possible
in their functions within the
CP, in order to manage activities associated with the
exercise or the genuine operation.
•simulation: training in the
taking of decisions and in the
conduct of operations. This
phase starts when the CP is
ready to take over operational
control of the crisis.
It enables accelerated transfer
of information for the conduct
of operations. It provides a
coherent animation of human
and weapon system behaviour
as a function of a politicomilitary scenario. This phase
is aimed at those involved in
the CP decision making
process.
STIMULATION
+ SIMULATION
CAX
JOINT SERVICE
SIMULATION IS
DEVELOPING
RAPIDLY
The central staffs has
initiated a series of developments whose aims (in accordance with the general joint
service simulation policy document) are:
• operational analysis study
“aids to strategic decision
making”: this involves
setting up systems to aid
decision making for the use of
the chief of the defence staff
(CEMA). This addresses
management of the data
needed to analyse situations,
suggest options and support
the political-military dialogue.
• by 2003, to provide the armed • operational analysis study
“aids to operations planforces with a training sysning”: the study addresses the
tem at operational staff
feasibility of a demonstrator,
level for the training of
which would be prepared
commanders,
based on “war game” type
• by 2005, to produce a
tools, such as JTLS-joint
national simulation system
theatre level simulation…,
consisting of a joint service
acquired by the joint service
simulation centre with
defence college, and tools for
systems to aid strategic
the study of projection
decision making, operational
(ADAMS
or LMT, etc). The
planning and the conduct of
creation of user-friendly input
operations.
and output interfaces, and the
ability to integrate into a data
In cooperation with the
administration system based
DGA’s defence analysis centre,
on the MADIOS (inforand in liaison with the joint
mation and command systems
service
operational
staffs
operational interoperability
(COIA, EMIA), the central
administration method)
staffs and the defence simulation
method are the key aspects of
and operational research centres
this study.
(CROSAT - French Army
operational
research
and
simulation centre, ANPROS - • Operational analysis study
“aids to decision making
French Navy operational
for the commander of an
research
and
simulation
operational CP” : the aim is
planning centre, CASI - French
to make available to a force
air force analysis, simulation
commander (COMANFOR)
and innovation centre), the
an aid to decision making
following studies, projects or
offering a predictive view,
cooperative reviews have been
intended to aid the command
under way since 1999:
Objectif Doctrine
79
N° 22-02/2001
DOCTRINE
de coordination interarmées,
est l’objectif recherché. Ce
système montrera, grâce à la
simulation, les évolutions
probables de la situation en
cours, et mettra en évidence
les divergences éventuelles
entre le déroulement planifié
des opérations et le déroulement en cours, vis-à-vis de
l’effet final recherché.
• Projet de système d’entraînement d’états-majors au
niveau opératif : il s’agit de
réaliser un système, basé sur
une fédération HLA (high
level architecture) de simulations,
des armées, existants ou à
développer, de niveau opératif.
Les briques de base de ce
système sont : WAGRAM
(wwagame terre interarmées)
pour la composante terre,
DUCTOR/ORQUE p o u r l a
composante mer, STRADIVARIUS-S A X O P H O N E
pour la composante air.
L’objectif est d’entraîner les
états-majors de niveaux opératifs nationaux ou alliés.
Le prototype ALLIANCE
(application logicielle interarmées nationale pour
l’entraînement au commandement d’un engagement
militaire) de ce projet a été
mis en œuvre, au cours de
l’année 2000, dans le cadre
des exercices "Réaction Combinée" et "Rodage", pour
démontrer la viabilité du
concept CAX français.
• fin 2000 : rédaction de
l’objectif d’état-major,
décrivant des outils et
produits relatifs à la simulation et à la modélisation,
accessible à quiconque au sein
du ministère de la défense.
• 2001 : réalisation du démonstrateur. Et, notamment,
développement de la brique
terre WAGRAM, démonstrateur d’une simulation
capable de représenter le
combat terrestre dans un
environnement interarmées,
• Dans le domaine de la
coopération avec les européens, l’état-major des armées
a développé, ou initialisé, les
coopérations b i l a t é r a l e s
avec l’Allemagne, le RoyaumeUni, l’Espagne, les Pays-Bas,
les Etats-unis.
• fin 2001 : rédaction de la fiche
de caractéristiques militaires.
*
Les échéances de ce projet
sont les suivantes :
• Projet
OTAN
PATHFINDER : la France assure la
conduite de cette activité
technique, basée sur une
fédération HLA de capacités
de simulation nationales,
destinée à entraîner les étatsmajors OTAN, les PC FIM et
les composantes. Les nations
ou organisations participantes
à ce projet sont : les EtatsUnis,
le
Royaume-Uni,
l’Espagne, l’Italie, les Pays
Bas, la France, l’Allemagne, le
Canada, la NC3A, SACLANT,
SHAPE. Une première étape
a été réalisée, fin septembre
2000, avec le démonstrateur
Pré-PATHFINDER
(ou
DIMUNDS 2000).
• Projet BDSIM (Base de
Données SIMulation) 2000 :
ce projet consiste en la
réalisation d’une base de
données, constituée de fiches
Objectif Doctrine
80
*
*
L’année 2001 verra la
poursuite des différents travaux
et se concrétisera par la
réalisation de démonstrateurs,
ainsi que la mise en place
d’outils d’aide à la décision,
notamment dans le cadre de
l’aide à la planification des
opérations.
Dans ce domaine de la
simulation interarmées, la
méthodologie utilisée consiste,
si possible à partir d’outils
existants (simulations des
armées, prototypes DGA, etc.)
pour aider de façon itérative les
opérationnels, à exprimer et à
définir les besoins en vue de la
mise en place des futurs outils à
vocation opérationnelle ❖
N° 22-02/2001
DOCTRINE
function and joint service
coordination. This system will
show, via simulation, the
probable development of the
current situation, and will
reveal
any
divergences
between the planned course of
an operation and current
events, compared against the
final aim.
describing tools and products
applicable to simulation and
modelling, and accessible to
anyone within the ministry of
defence.
Timescales for this project
are as follows:
■ end of 2000: writing of staff
target,
■ 2001: demonstrator build;
an important element will be
the land block WAGRAM,
demonstrator for a simulation able to represent land
combat in a joint service
environment,
• In the European cooperation
field, the Central Staffs have
developed, or initiated, bilateral cooperation with
Germany, the United
Kingdom, Spain, the Netherlands and the USA.
• Draft for a training system
at operational staff level:
the aim is to produce an
■ end of 2001: writing of
*
operational-level system for
statement
of
military
*
*
the forces, based on an existing
characterises.
or yet to be developed HLA2001
will
see
a
higher level architecture• NATO
PATHFINDER continuation of these various
federation of single-service
project: France has the lead in activities which will be drawn
simulations. The building
this technical activity, based on together in the creation of
blocks for this system are:
an HLA federation of demonstrators, as well as the
WAGRAM (joint service land
national simulation capa- setting up of tools to support
war gaming) for the land
bilities, aimed at training decision making, especially in
component, DUCTOR/ORQUE
NATO staffs, MJF (Multi- respect of operational planning.
for the naval component,
national joint force) CPs and
S T R A D I VA R I U S components. Participating
In the field of – joint serSAXOPHONE for the air
nations or organisations are: vice simulation – France will
component. The aim is to
the USA, the United use, existing tools (singletrain national or allied
Kingdom,
Italy,
the service simulations, DGA prooperational staffs.
Netherlands, Ger many, totypes, etc.) whenever possible,
Canada, NC3A, SACLANT, to provide help of an iterative
The ALLIANCE (national
SHAPE. An initial stage was nature to operational staff when
joint service software applicompleted at the end of expressing and definining
cation for training in the
September 2000, with the requirements, with a view of
command of a military
p r e - P A T H F I N D E R introducing operational applicaoperation) prototype for this
demonstrator (or DIMUNDS tion in next generation of tools❖
project was run during the
2000).
year 2000 for exercises
“combined reaction” and • BDSIM (Simulation data
base) 2000 project: this
“rodage”, to demonstrate the
involves the production of a
viability of the French CAX
data base, consisting of files
concept.
Objectif Doctrine
81
N° 22-02/2001
ETRANGER
COUP DE PROJECTEUR SUR LA
SIMULATION D'ENTRAINEMENT DANS
L'US ARMY
par le lieutenant-colonel Douin,
officier de liaison au centre national de simulation
La simulation constitue un des grands chantiers des forces armées américaines.
La vision de l'Army, inscrite dans celle du ministère de la défense, consiste à mettre sur pied un
environnement synthétique, c'est-à-dire de pouvoir relier des simulations possédant un haut niveau de
réalisme. La panoplie des modèles permettra de simuler tant le niveau théâtre que l'acte élémentaire. En
fonction du niveau et des objectifs, cet environnement pourra être généré aussi bien à partir d'un seul
ordinateur que dans le cadre d'un réseau distribué plus ou moins étendu.
Aux Etats-Unis, on ne parle pas de simulation mais de modeling and simulation (M&S), lequel se
découpe en trois domaines :
Sigle
TEMPO
ACR
RDA
Développement
Champ d’application
- entraînement individuel et collectif
training, exercices and military - exercices interarmes et interarmées
- préparation/répétition des missions (rehearsal)
operations (entraînement)
- planification des opérations
- construction de forces
advance concepts and requirements - études opérationnelles
(analyse)
- expérimentations tactiques
- recherche appliquée
research, development and acqui- - développement de systèmes d’armes
sition (acquisition)
- tests et évaluations
La simulation entraînement se subdivise également en trois volets :
Volet
Live
Virtual
Constructive
De quoi s’agit-il ?
forces réelles utilisant des systèmes d’armes dont les effets
sont simulés (exemple le CENTAC à Mailly).
forces réelles évoluant dans un environnement représenté
par des simulateurs qui reproduisent l’organisation, les
opérations et l’équipement réels (c’est le domaine du
simulateur (de vol ou de conduite d’engin blindé...).
implication de personnes réelles introduisant les données
initiales dans une simulation qui détermine les résultats en
activant des forces simulées (exemple : JANUS, BBS ou
CBS).
Traduction
instrumentée
virtuelle
constructive
ou
numérique
Enfin, parmi les simulations, deux grandes familles sont considérées : les legacy simulations,
antérieures à 1992... et les autres.
Objectif Doctrine
82
N° 22-02/2001
FOREIGN
STUDIES
SNAPSHOT ON
TRAINING SIMULATION
IN THE US ARMY
by lieutenant colonel Douin,
liaison officer with the national simulation center (NSC)
Simulation is one of the main areas of activity for the US armed forces.
The Army’s vision, included in that of the Ministry of defense, is to set up a synthetic
environment, in other words to be able to link together simulations possessing a high level of
realism. This range of models will enable simulation at theatre level as well as at the elementary
action level. Depending on the level and the aims, it will be possible to generate this environment
using either a single computer or a distributed network, more or less extended.
In the USA, one does not talk of simulation but of modeling and simulation (M&S), which is
broken down into three domains:
Acronym
TEMPO
ACR
RDA
Meaning
Field of applicability
- individual and collective training
training, exercises and military - combined arms and joint exercises
- mission preparation/rehearsal
operations (training)
- operational planning
- force generation
advanced concepts and require- - operational studies
ments (analysis)
- tactical experiments
- applied research
research, development and acqui- - weapon system development
sition (acquisition)
- test and evaluation
Training simulation is also subdivided into three areas:
Aspect
Live
What does it involve?
real forces using weapon systems whose effects are simulated
(example of CENTAC at Mailly).
French translation
instrumentée
Virtual
real forces operating within an environment represented by
simulators that reproduce the real organization, operations and
equipment (this is the field of the simulator (??? or for driving
an armoured vehicle...).
virtuelle
Constructive
involvement of real personnel entering initial data into the
simulation which determines the results by activating the
simulated forces (example: JANUS, BBS or CBS).
constructive
ou
numérique
Finally, amongst simulations, two major families are considered: the legacy simulations, prior to 1992...
and the rest.
Objectif Doctrine
83
N° 22-02/2001
ETRANGER
ORGANISATION
GENERALE DE LA
CHAINE M&S
Administration centrale
Chacun des trois domaines
est supervisé par un domain
manager (à Washington), luimême soutenu par un domain
agent : soit le training and doctrine
command (TRADOC), soit l’Army
materiel command (AMC).
La mise en œuvre est
assurée par un executive
agent : pour l’entraînement, le
directeur du national simulation
center (NSC) ; pour l’analyse le
directeur du TRADOC analys
center (TRAC) de Fort
Leavenworth ; pour l’acquisition le directeur de l’Army
materiel systems analysis activity
(AMSAA).
Le général commandant
TRADOC approuve tous les
besoins de l’Army en matière de
M&S, quel que soit le domaine.
Au sein de la communauté de
l’entraînement, le NSC constitue le combat developper pour
les simulations constructives et
numériques (le passage de la
simulation instrumentée sous la
coupe du NSC est à l’étude).
Le simulation, training &
instrumentation
command
(STRICOM), qui appartient à
la chaîne AMC, en est le
materiel developer.
Vision stragégique
AMS GOSC
Le M&S est piloté par
deux conseils, l’Army model and
simulation general officer steering
committee et l’Army model and
simulation executive council
lesquels s’appuient sur l'Army
model and simulation office.
AMSEC
Priorités - Planification
AMSO
Exécution - Coordination
Model & Simulation Domain Managers
RDA
ACR
TEMO
TRADOC
AMC
AMSAA
NSC
STRICOM
TRAC
Enfin, le M&S est servi
par deux "filières experts" : les
functional areas (FA) n° 57 pour
la simulation et n° 49 pour la
recherche opérationnelle.
LES PROJETS
"ENTRAINEMENT" EN
COURS
La synthèse du projet en
terme de programmes figure
dans le schéma ci-dessus. Il
convient de noter que la
communication entre les simulations impose une norme
commune. Le standard retenu,
la high level architecture (HLA), a
été rendu obligatoire pour tous
les modèles par le ministère de
la défense. Warfighter simulation
(WARSIM 2000) est le programme M&S majeur de
l’Army. Ce programme n'est pas
Objectif Doctrine
84
STRICOM
indépendant, mais constitue la
"brique terre" du programme
interarmées "joint simulation
system" (JSIMS). Le premier
exercice est planifié en mai
2002.
One semi automated forces
(OneSAF) devrait être mis en
service peu après le précédent.
Il présente deux particularités :
il doit constituer également un
outil d'analyse ; il est conçu
pour assurer le lien, au sein de
l’environnement synthétique,
avec le système CATT.
Le combined arms tactical
trainer (CATT) est un programme de simulation virtuelle
dont l’objet est l’entraînement
individuel ou collectif et le
soutien aux opérations dans un
contexte interarmes, voire
interarmées.
N° 22-02/2001
FOREIGN
GENERAL
ORGANIZATION OF
THE M&S CHAIN
STUDIES
Central administration
Two bodies, the Army
model and simulation general
officer steering committee and
the Army model simulation
executive council, manage
M&S; both receive administrative support from the Army
model and simulation office.
Each of the three domains
is supervised by a domain
manager (at Washington),
himself supported by a domain
agent: either training and
doctrine command (TRADOC),
or Army materiel command
(AMC).
Implementation is provided by an executive agent: for
training, the director of the
national simulation center
(NSC); for analysis, the director
of the TRADOC analysis center
(TRAC) at Fort Leavenworth;
for procurement, the director of
the Army materiel systems
analysis activity (AMSAA).
AMS GOSC
Strategic overview
AMSEC
Priorities - Planning
AMSO
Implementation - Coordination
Model & Simulation Domain Managers
RDA
ACR
TEMO
TRADOC
AMC
AMSAA
NSC
STRICOM
TRAC
Finally, M&S is served by
two “specialist areas”: functional
areas (FA) n° 57 for simulation
and n° 49 for operational
research.
CURRENT
“TRAINING”
PROJECTS
The general commanding
TRADOC approves all Army
requirements associated with
A summary of the project
M&S whatever the domain.
in terms of programs is
contained in the following
Within the training diagram. It should be noted that
community, the NSC represents communication between simuthe combat developer for lations requires a common
constructive and digital (the standard. The standard adopted,
move to live simulation under high level architecture (HLA),
the NSC is being examined) has been made obligatory for all
simulations. Simulation, trai- models by the Ministry of
ning and instrumentation defense. Warfighter simulation
command (STRICOM), which (WARSIM 2000) is the Army’s
is part of AMC, is the materiel primary M&S program. This
developer.
program is not stand-alone but
Objectif Doctrine
85
STRICOM
is the “land component” of
JSIMS, the combined services
“joint simulation system”. The
first exercise is planned for May
2002.
One semi-automated force
(OneSAF) should enter service
shortly after the above. It has
two unique features: it must also
be an analysis tool and it is
designed to provide a link,
within the synthetic environment, to the CATT system.
The
combined
arms
tactical trainer (CATT) is a
virtual simulation program for
individual or collective training
and operational support in a
combined arms context, even
joint.
N° 22-02/2001
ETRANGER
Il comporte cinq familles de
simulateurs censés, à terme,
être reliés.
A ce jour, seules deux
d’entre elles correspondent à la
"vision" : le close combat tactical
trainer (CCTT), dédié à l’infanterie et aux blindés, est en
cours de déploiement (cinq
modules sur dix du niveau
compagnie sont déjà opérationnels (la Grande-Bretagne a
acheté
deux
modules
;
l’Allemagne envisage de développer son propre système ; les
Pays-Bas et Singapour réfléchissent) ; l’aviation combined
modernisation des centres d’entraînement au combat.
La transition constitue
probablement une des principales difficultés de la
décennie : tout d’abord, le
développement des futures
simulations accumule les retards ;
ensuite, il est inconcevable que
la totalité du parc des legacy
simulations soit remplacé dans
des délais réduits.
Il s’agit donc, pour le
NSC (national simulation center),
non seulement d’étudier le
recouvrement des différentes
générations et d’en apprécier le
Environnement synthétique
CBS
BBS
JANUS
SPECTRUM
1.6
}
...
JSIMS
WARSM
Corps
et
divisions
OneSAF
Brigade
et
bataillons
CATT
HLA
N
A
V
Y
H
L
A
}
Legacy simulations
C
O
N
S
T
R
U
C
T
I
V
E
U
S
A
F
H
L
A
Virtual training
MILES 2000
Live training
Cette fonction est prévue
dans les futures simulations. En
attendant, le centre a développé
deux systèmes : le run time
manager
(RTM)
renforce
l’entraînement des niveaux
corps et division à partir d'une
fédération de simulations
pilotée par CBS ; le digital
battlestaff trainer (DBST)
procure cette capacité pour les
brigades à partir d'une fédération basée sur JANUS.
UN REGARD FRANÇAIS
SUR LA SIMULATION
AMERICAINE
Le programme est ambitieux et impressionnant. Et
malgré les coûts et la nécessité
de faire des choix, tous les
projets majeurs sont maintenus
(JSIMS est souvent remis en
cause, mais semble reparti
depuis que le suivi de son
développement est assuré par
STRICOM ; après quelques
hésitations, OneSAF ne semble
plus menacé ; en revanche,
l’adaptation du RTM pour BBS
est gelée). Il n’en demeure pas
moins que trois questions
restent posées.
Quand ?
Live Training
arms tactical trainer (AVCATT)
devrait être mis en place au
profit de l’ALAT en 2001.
Enfin, l’avenir de la
simulation instrumentée passe
non seulement par le MILES
2000, appelé à succéder au
MILES, mais aussi par la
coût, mais aussi de continuer
à moderniser les anciens
systèmes (CBS, JANUS) pour
répondre aux besoins d'entraînement. Cet aspect a pris une
nouvelle ampleur avec la
numérisation. L’entraînement
des futures brigades numérisées
passe par la capacité à stimuler
les systèmes de commandement.
Objectif Doctrine
86
Cette vision est confrontée
à trois difficultés majeures :
ambition, complexité, écueils
techniques. Néanmoins, tôt ou
tard, ces programmes aboutiront, car la volonté et les
moyens sont là.
Il existe deux grandes
possibilités : soit l’Army décide
de respecter le calendrier
N° 22-02/2001
FOREIGN
STUDIES
It includes five families of The transition will probably
simulators that ultimately represent one of the main
difficulties of the decade:
would be linked.
firstly, future simulation
To date, only two of these development is cumulating
delays: it is also inconceivable
match up to the “vision”: the that all current legacy
close combat tactical trainer simulations will be replaced over
(CCTT), dedicated to infantry a short timescale.
and armor, is being deployed
Therefore, as far as the
(five modules out of ten at NSC (national simulation
company level are already center) is concerned, there is a
operational (the UK has bought need not only to study the
two modules; Germany plans to overlapping of the various
develop its own system; the generations and to assess costs,
but also to continue to
Netherlands and Singapore modernize the old systems
have yet to decide); the aviation (CBS, JANUS) to meet the
combined arms tactical trainer training requirements. This
Synthetic environment
CBS
BBS
JANUS
SPECTRUM
1.6
}
...
JSIMS
WARSM
Corps
et
divisions
OneSAF
Brigade
et
bataillons
CATT
HLA
N
A
V
Y
H
L
A
H
L
A
Virtual training
}
Legacy simulations
C
O
N
S
T
R
U
C
T
I
V
E
U
S
A
F
has developed two systems: the
run time manager (RTM)
backs up training of Corps and
divisional levels based on a
federation of simulations piloted
by CBS; the digital battlestaff
trainer (DBST) offers this
capability to brigades using a
federation based on JANUS.
A CANDID FRENCH
OVERVIEW OF
AMERICAN
SIMULATION
The program is ambitious
and impressive. And despite the
costs involved and the need to
make decisions, the major
programs have been retained
(JSIMS is frequently called into
question but seems to be back on
course now that its development
is being monitored by STRICOM: after a few delays,
OneSAF now appears to be
secure; however, modification of
RTM for BBS has been frozen).
However three questions
remain.
When?
MILES 2000
Live training
This vision faced three
major difficulties: ambition,
complexity
and
technical
stumbling blocks. Nevertheless,
sooner or later, these programs
will come to maturity, as the
motivation and resources exist.
Live Training
(AVCATT) should be intro- aspect has taken on increased
duced for the use of ALAT in significance with digitalization.
Training of future digitalized
2001.
brigades requires an ability to
Finally, the future of live stimulate the command
simulation does not only concern systems.
There are two major
MILES 2000, intended to
Provision is made for this possibilities: either the Army
replace MILES, but also
involves modernization of the function in future simulations. will decide to respect the
combat training centers.
While awaiting this, the center official timescale, but produce
Objectif Doctrine
87
N° 22-02/2001
ETRANGER
officiel, mais produit une
version allégée de WARSIM
et l’améliore par la suite pour
atteindre le niveau souhaité ;
soit elle reporte encore
l’échéance pour sortir une
version plus aboutie qui
corresponde au besoin et au
cahier des charges (il ne faut
pas oublier le fait que le
développement de WARSIM
est étroitement lié à celui de
JSIMS)
Pourquoi ?
Au-delà de la satisfaction
technologique quels sont les
avantages de l’environnement
synthétique global ? Autant
l’avantage à pouvoir connecter
des simulations de même
nature est indiscutable
(notamment constructif/constructif (ce qui se fait actuellement avec les legacy simulations) et virtuel/virtuel.
En reliant, par exemple,
deux modules CCTT. Cependant, il ne faut pas oublier que la
mise en œuvre de ces réseaux a
un coût), autant l’intérêt de
mettre en réseau deux
simulations de types différents, qui plus est les trois,
n’est pas évident.
Par ailleurs, il ne faut pas
perdre de vue qu’une telle
architecture implique des coûts
élevés, des limitations dans le
jeu dues aux spécificités des
systèmes concernés et un
accroissement significatif de la
lourdeur du dispositif de
contrôle de l’exercice.
Avec qui ?
L’objectif est la capacité
d’entraîner une force interarmées. Quid de l’interalliés ?
Une partie de la réponse réside
dans la possession de la norme
Objectif Doctrine
88
HLA. Mais cela n’est pas tout.
Pour qu’il y ait jeu entre deux
simulations, encore faut-il
définir précisément et techniquement la nature des informations à échanger.
Cela passe par des études
communes. Les Allemands ont
amorcé le processus et un projet
de coopération est à l’étude avec
le NSC depuis 1999 en vue d’un
exercice GUPPIS/WARSIM.
Pour voir un jour un
exercice SCIPIO/WARSIM,
et pourquoi pas un exercice
SCIPIO/WARSIM/GUPPIS,
il s’agit, dès maintenant,
d’entamer ce dialogue tout en
plaçant la stimulation des
systèmes de commandement
au rang des priorités ❖
N° 22-02/2001
FOREIGN
a slimmed version of
WARSIM and improve it later
to meet the desired level; or it
will once more slip the deadline
and produce a more developed
version that meets the
requirement and the specifications (it must not be
forgotten that the development
of WARSIM is closely linked to
that of JSIMS).
STUDIES
By linking, for example,
two CCTT modules. However,
it must not be forgotten that
there is a cost associated with
setting up these networks, the
advantages of networking
two simulations of different
types are far from obvious.
more. If there is to be a play
between two simulations, there
is a need to identify accurately
and technically the type of
information to be exchanged.
This requires joint studies.
The Germans have initiated the
process and a draft cooperative
agreement is under investigation with the NSC since
1999 with a view to a
GUPPIS/WARSIM exercise.
Besides, one must keep in
mind that such an architecture
involves not only considerable
cost, but also limitations to play
Why?
resulting from the restricted
If we are one day to see
nature of the systems concerned
a
SCIPIO/WARSIM
exerOver the technological and a significant increase of
satisfaction, what are the ad- complexity in the arrangements cise, and perhaps even a
SCIPIO/WARSIM/GUPPIS
vantages of the global synthetic needed to control the exercise.
exercise, we should already
environment? While the adstart
this dialogue while
With whom?
vantages of being able to connect
giving a high priority to the
simulations of a similar nature
The objective is a joint stimulation of command
are indisputable (especially cons- force training capability. What systems❖
tructive/constructive (which is cur- about inter-allied? Part of the
rently being done with the legacy answer lies in the possession of
simulations) and virtual/virtual. the HLA standard. But there is
Objectif Doctrine
89
N° 22-02/2001
ETRANGER
MODELISATION ET SIMULATION
DANS L’ARMEE DE TERRE ALLEMANDE
par le major (D) I.G. Martin Stolte, officier de l’Armée de terre,
bureau modélisation & simulation
Le concept de modélisation et simulation (M&S) pénètre progressivement les domaines scientifique,
économique, militaire et politique. Son application cohérente permet d’évaluer et d’optimiser les processus
les plus divers.
Sur le plan militaire, l’emploi optimal des méthodes qu'implique ce principe déterminera, avec les
nouveaux matériels informatiques, l’avantage crucial dont peut bénéficier une force engagée en matière de
planification, d’instruction et d’équipement. L’un des accomplissements essentiels à réaliser dans le cadre
du développement de l’Armée de terre consistera à évaluer les possibilités qu’offre M&S et à élaborer, sur
cette base, des directives qui influeront sur le développement des systèmes, des structures et de la doctrine.
L
e terme M&S désigne
les procédés de la
recherche opérationnelle, la mise en œuvre de
systèmes de simulation pour
l’instruction et dans les
exercices
ainsi
que
la
technologie de la simulation.
M&S englobe la mise à
disposition et l’emploi de
méthodes, de modèles, de
scénarios et de données. La
Bundeswehr s’en sert dans les
domaines suivants (cf. schéma
ci-contre) :
- analyse et planification (recherche opérationnelle),
- mise au point du matériel
militaire,
- appui opérationnel (analyse
opérationnelle),
- appui à l'instruction et aux
exercices (simulation).
La recherche opérationnelle
dans l’analyse et la planification
L’Armée de terre évolue
dans un système complexe de
Modélisation &
Simulation
Analyse
Planification
Instruction
Exercices
relations marqué par de
multiples interdépendances.
Sans instruments d’analyse
sophistiqués, la contribution
qu’apportent ses différents
éléments à l’éventail élargi des
missions en matière de
personnel, de matériel et de
doctrine est presque impossible
à déterminer pour chacune des
nombreuses situations concevables. D’où la nécessité d’avoir
recours à M&S sur divers plans
pour appuyer la planification
dans l’Armée de terre.
Objectif Doctrine
90
Mise au point
du matériel
militaire
Appui
opérationnel
L’application de M&S
facilite la représentation
rationnelle et reproductible de
rapports démontrables et la
transparence des processus de
décision. Ainsi M&S améliore
souvent de façon cruciale la
connaissance qu’ont les décideurs des paramètres et des
relations à prendre en compte,
réduisant ainsi le risque de
mauvaises décisions. Des services d’étude internes et externes
sont disponibles pour appuyer,
dans le cadre des études dites
N° 22-02/2001
FOREIGN
STUDIES
MODELING AND SIMULATION
IN THE GERMAN ARMY
by major I.G. Martin STOLTE, German Army,
Modeling & Simulation office
The modeling and simulation (M&S) concept is making progressive inroads into scientific, economic,
military and political fields. Its coherent application enables the assessment and optimization of a very wide
range of processes.
At a military level, the optimal use of the methods this principle entails will determine, using the new
generations of IT equipment, a crucial advantage for an engaged force in planning, training and equipment
fields. One thing that must be done within the development of the Army will be to evaluate the possibilities
offered by M&S and on this basis to develop directives that will influence system, structure and doctrine
developments.
T
he term M&S embraces operational
research procedures,
the use of simulation systems for
training and exercise purposes as
well as the technology of
simulation. M&S covers the
provision and use of methods,
models, scenarios and data. The
Bundeswehr uses it in the
following fields:
- analysis and planning (operational research),
- development of military
equipment,
- operational support (operational analysis),
- support for training and
exercises (simulation).
relationships
marked
by
multiple dependences. In the
absence of sophisticated analysis
tools, the contribution provided
by its various elements to the
broad range of missions in
respect of personnel, equipment
and doctrine is almost impossible
Operational research into to determine for each of the
analysis and planning
many conceivable situations.
Hence the need to ask for M&S
The Army is revolving support at various levels to back
within a complex system of up planning within the Army.
Objectif Doctrine
91
The application of M&S
facilitates the rational and
repeatable representation of
demonstrable ratios and the
transparency of the decisionmaking process. M&S thus
frequently makes a crucial
contribution to the awareness of
decision makers towards those
parameters and relationships
that need to be taken into
account, thereby reducing the
risk of bad decisions. Internal
and external research depart-
N° 22-02/2001
ETRANGER
non techniques, l’état-major de
l’Armée de terre, les organismes
et les autorités de commandement de l’échelon inférieur
ainsi que les écoles d’application, notamment lorsqu’il
s’agit de prendre des décisions
de nature fondamentale ou
d’analyser des situations complexes. Désormais l’Office de
l’Armée de terre et les écoles
d’application se servent davantage de ces outils.
L’objectif poursuivi par
l’application de M&S dans ce
domaine est de répondre à des
questions relatives au développement conceptuel de l’Armée
de terre et d’examiner la
planification qui concerne cette
armée, ce qui inclut l'analyse
constructive de certaines structures, du personnel et de
l’équipement correspondants
ainsi
que
des
charges
occasionnées et de l’efficacité
atteinte.
Appui à la mise au point du
matériel militaire
La
simulation
influe
nettement sur la mise au point
et la fabrication de produits
dans tous les secteurs économiques. L’objectif poursuivi par
l’application de M&S dans la
mise au point du matériel
militaire consiste à réduire les
durées de développement, à
améliorer les résultats et à
appuyer la prise de décisions en
matière de technologie, d’équipement et d'acquisition. Ainsi,
les risques se réduisent à un
minimum et les dépenses
diminuent, ce qui permet de
fournir l’équipement optimal en
temps utile et à des frais
modérés.
Grâce à l’adaptabilité de la
simulation et du matériel de
simulation, cette méthode peut
s’appliquer continûment au
cours de la mise au point, voire
de toute la durée de vie du
produit en question. Il en
résulte un potentiel de rationalisation qui se concrétise
notamment par l’emploi répété
de modèles et de systèmes de
simulation entiers ou bien
d’éléments de ceux-ci.
En outre, la simulation
s’est avérée utile pour la
visualisation claire et la
coordination des exigences
formulées par les utilisateurs
ainsi que pour la solution de
problèmes techniques et économiques. Il s’agit désormais de
profiter des chances qu’offre
M&S dans le processus d'armement. Ce sera le cas, par
exemple, de la mise au point du
nouveau véhicule de combat
d’infanterie.
A cet effet, l’Armée de
terre doit, pour son domaine,
contribuer au recueil de
modèles, de scénarii et de
données
caractérisant
les
diverses branches de la
Bundeswehr et de l’industrie,
activité à coordonner le cas
échéant avec les alliés, afin
d’assurer un processus rapide et
économique.
Appui opérationnel
L’intégration de diverses
méthodes de recherche opérationnelle, avec les scénarii et
Objectif Doctrine
92
les données correspondantes,
dans le processus de commandement constitue également un
aspect de M&S. Elle sert à
faciliter la préparation, l’exécution et l’évaluation des
missions. A tous les échelons,
les commandants et les étatsmajors peuvent bénéficier de ce
soutien dans chaque domaine
fonctionnel majeur, en temps de
paix comme en opérations
(figure p. 94), qu’il s’agisse de
déterminer
les
capacités
qu’exige une mission spécifique,
de choisir les forces à employer,
d’établir la disponibilité opérationnelle, de préparer le
déploiement, d’assurer la capacité de survivre sur le théâtre, de
conduire et d’évaluer une opération ou de planifier le rapatriement.
La section V (3) de l’Office
de l’Armée de terre est chargée
d’élaborer le cadre conceptuel
de cet aspect de M&S, tâche qui
sera accomplie sous peu. Le
soutien dont devraient bénéficier les décideurs militaires
vise à l’analyse de problèmes de
planification, à l’établissement
de normes quantitatives (voire
qualitatives, au besoin) et, le cas
échéant, à l’optimisation des
résultats atteignables avec des
ressources données.
A présent, la simulation est
encore la méthode la plus
populaire de la recherche opérationnelle dans ce domaine ;
toutefois un nombre croissant
de procédés analytiques appliqués déjà dans l’analyse et la
planification y fera son entrée
dans un proche avenir. Il en va
de même pour les logiciels
standards.
N° 22-02/2001
FOREIGN
ments are available, in those
areas of study described as nontechnical, to support the Army
staffs and those command
organizations and structures of
the next lower echelon as well as
the branch schools, especially
when fundamental decisions are
required or complex situations to
be analysed. The Army Office
and the branch schools are now
making greater use of these
tools.
The application of M&S to
this field is intended to answer
questions concerning the development of Army concepts and to
examinants planning; this
includes the constructive analysis
of same structures, personnel
and corresponding equipment as
well as constraints incurred and
effectiveness attained.
Support for the development
of military equipment
Simulation has a significant impact on the development and manufacture of
products across all economic
sectors. The objective sought by
the application of M&S to the
development of military equipment are to reduce development
time, improve results and
support the decision making
process in respect of technology,
equipment and procurement.
Risks are thereby reduced to a
minimum and expenditure
minimized, which enables the
STUDIES
best equipment to be obtained on and data, into the command
process is another aspect of
time and at moderate cost.
M&S. It serves to facilitate
Thanks to the adaptability mission preparation, execution
of simulations and simulation and assessment. At all levels,
equipment, this method may be commanders and HQ staffs may
applied continuously during benefit from this support in each
development, and indeed throu- major functional domain, in
ghout the life of the product in both peacetime and on
question. This gives an oppor- operations (figure 2, p. 95),
tunity for rationalization that whether in the determination of
results especially in the repeated capabilities required for a
use of models and complete specific mission, the selection of
simulation systems or even forces to employ, establishing
components of the latter.
operational readiness, preparing
deployments, ensuring the
In addition, simulation has ability to survive in-theatre, the
proved worthy in providing a conduct and assessment of an
clear picture and coordination of operation, or the planning of
requirements formulated by repatriation.
users as well as for the solution
of technical and economic
Section V (3) in the Army
problems. We must now take Office is responsible for
advantage of the opportunities developing the conceptual
offered by M&S in the weapons framework for this aspect of
process. This will be the case, for M&S, a task that will be
example, with the development achieved soon. The support to
of the new infantry combat which military decision makers
vehicle.
should have access ought to
analyze planning problems,
establish quantitative standards
(or qualitative, as required)
and, where applicable, optimize
the results that can be achieved
with given resources.
At present, simulation is
still the most popular method for
operational research in this
field; however an increasing
number of analytical processes
Operational support
already applied to analysis and
The integration of various planning will be employed in the
operational research methods, near future. The same applies to
with corresponding scenarios standard software.
To this end, the Army
must, in its own field, contribute
to the collection of models,
scenarios and data to characterize the various branches of
the Bundeswehr and of industry,
an activity that needs to be
coordinated with allies, to ensure
a rapid and economic process.
Objectif Doctrine
93
N° 22-02/2001
ETRANGER
Sélection
des
unités à engager
Appui opérationnel
peut influencer sur :
Etablissement
de la
disponibilité opérationnelle
Analyse &
Evaluation
Projection
Rapatriement
Leur mérite est plutôt
d’appuyer le commandant
et son état-major dans la
préparation de la décision.
Déploiement
Commandement /
Planification opérationnelle
Le modèle SILK peut
servir d'exemple : il a été conçu
pour faciliter l’évaluation de
l’aide au déploiement fournie
par les unités du génie au cours
d'opérations de soutien de la
paix. L’aménagement d’un terrain d’aviation provisoire serait
une action typique à évaluer
dans un tel contexte. (cf.
schéma ci-dessous)
de terre. Les modèles de la
recherche opérationnelle doivent
tenir compte de la nature de la
menace, des conditions sur le
théâtre et des différents emplois
prévus pour les unités engagées
tout en étant disponibles sur
court préavis et fiables.
De là la nécessité de
disposer de modèles et de
simulations qui puissent traiter
rapidement une multitude de
paramètres spécifiques et
les représenter de façon
comparative. Il convient de
souligner que ces méthodes ne sauraient automatiser le processus de
commandement ni remplacer
le décideur militaire.
A moyen terme, les
méthodes de la recherche
opérationnelle permettront aux
décideurs militaires et à leurs
états-majors de mieux commander les forces engagées
depuis les centres de situation,
les postes de commandement,
les véhicules PC et les véhicules
de commandement, ce qui
contribuera à l’établissement
d’un système de commandement supérieur.
Ces applications, y compris
les données traitées,
doivent être testées au
Les opérations de soutien de la paix
laboratoire et répondre
simulées par le système
à des critères de vériSILK
fication et de validation
sévères avant d'être
confiées aux utilisateurs.
L’Office de l’Armée de
Construction et réparation
Dépollution
terre se charge de ce
de routes et de ponts
processus en collaboration avec les écoles
d’application et les
centres de simulation,
Remise en état
l’un des aspects à
Aménagement
d'installations portuaires
de camps
prendre en compte
de campagne
étant la nécessité
d’intégrer l’application
dans le système de
Aménagement
commandement et
Alimentation en eau
de terrains d'aviation provisoires
d’information de l’Armée
Objectif Doctrine
94
N° 22-02/2001
FOREIGN
STUDIES
specific parameters and
present them in a
comparative format. It
should be stressed that these
methods must not be
allowed to automate the
command process nor
replace the military decision-maker.
The SILK model may be
used as an example: it was
designed to facilitate the
assessment of support for deployment provided by engineer units
during peace-support operations.
The preparation of temporary
landing strips would be a typical
action to be assessed in such a
context (figure below).
These applications, including the data processed,
need to be tested in the
laboratory and to meet
strict inspection criteria
before being handed
over to users. The
Army Office is responsible for this process
in collaboration with
the arms schools and
the simulation centers;
one of the aspects to be
taken into account is
the need to incorporate
the application in the
Army’s command and
Their merit lies in
providing support to the
commander and his staff
information system. Operaduring their decision cycle.
tional research models must take
account of the nature of the
In the medium term,
threat, conditions in-theatre
operational research methods
and the different uses planned
will enable military decisionfor the units engaged, while
makers and their staffs to better
remaining on short-notice reacommand engaged forces from
diness.
the situation centers, command
posts, PC vehicles and command
Hence the need for models vehicles, which will contribute to
and simulations which can the establishment of a more
rapidly process a multitude of effective command system.
Objectif Doctrine
95
N° 22-02/2001
ETRANGER
Appui à l’instruction et aux conçus. L’instruction assistée
par ordinateur est valorisée par
exercices
l’emploi de moyens de forL’introduction de M&S a mation informatisés interpour but d’améliorer la qualité actifs.
des prestations fournies, de
réduire les délais et de créer
Dans l’Armée de terre, les
des conditions réalistes à faible simulateurs et les systèmes de
coût. Le système permet de simulation ont fait leurs
montrer aux candidats/joueurs preuves sous l'aspect de la
les conséquences de leurs fiabilité, de l’amélioration de la
actions d’une manière objec- qualité et de la réduction des
tive, rapide et reproductible. délais aussi bien que face aux
Ainsi, des simulateurs de duel contraintes économiques et
(live simulation) sont en service écologiques, qu’ils soient emau centre d’entraînement au ployés dans la formation
combat de l’Armée de terre.
individuelle et collective ou
pour les exercices. Le recours
Des simulateurs de tir, de intensif à la simulation et la
conduite, de vol et de combat conception cohérente des
construits d’après les engins actions de formation et des
originaux et qui représentent exercices permettent d’obtenir
le terrain en trois dimensions des résultats très satisfaisants.
sont souvent installés dans les
salles de cours. Ils servent à
Néanmoins, il est conl’instruction jusqu’au niveau
seillé d’éviter que l’instrucde la section, à l’avenir même
tion s’appuie uniquement sur
jusqu'à celui de la compagnie.
ces moyens ; ce n’est que
l’emploi coordonné, le cas
Pour les échelons égaux
échéant parallèle, de systèmes
ou supérieurs à celui de la
de formation assistés par
compagnie, des modèles agréordinateur et du matériel réel
gés sont disponibles, qui
qui aboutira à une instruction
représentent le terrain en deux
ciblée, efficace et professiondimensions (constructive simunelle de haut niveau.
lation). SIRA est un système de
simulation employé pour
A l’avenir, les nouvelles
l’entraînement d’états-majors
techniques
de simulation et de
dans des exercices de combat
jusqu'au niveau de la brigade. transmission offriront des
possibilités jusque-là inconPour les exercices assistés nues.
par ordinateur (CAX) effecCelles-ci incluront, outre
tués au niveau des grandes
simulation
virtuelle
unités, les systèmes de une
simulation SIRA Brig, perfectionnée, l’accès à disGUPPIS et SIMOF ont été tance à la simulation et
Objectif Doctrine
96
l’option d’interconnecter des
systèmes de simulation de
même type ou de types
différents. Les capacités nouvelles permettront de moderniser l’instruction classique et
ses procédures, d’introduire
des méthodes d’enseignement
avancées telles que l’enseignement à distance (distance
learning) et de réaliser des
exercices exigeant la répartition des joueurs sur des zones
très vastes.
La simulation d’opérations de soutien de la paix fait
également l’objet d’un travail
intensif.
Autant d’opportunités
qu’il s’agit de saisir afin de
continuer à améliorer la
qualité de l’instruction et de
l’entraînement dispensés au
sein de l’Armée de terre
allemande.
Réseau M&S de l’Armée de
terre
Pour
les
différents
domaines d’application de
M&S, l’Armée de terre dispose
d’une série d’instruments
spécifiques relevant de la
recherche opérationnelle et
qui comprennent, outre les
divers scénarii et données, une
multitude de modèles de
simulation pour chaque niveau
de la hiérarchie de la
modélisation ainsi que des
méthodes d’optimisation, des
analyses de rapports qualitéprix et des techniques
d’analyse et de planification.
N° 22-02/2001
FOREIGN
STUDIES
Support for training and simulation systems have been
exercises
designed. Computer-assisted
training is enhanced by the use
The introduction of M&S of interactive computerized
is intended to improve the training techniques.
quality of services rendered, to
reduce delay and create realistic
In the Army, simulators
conditions at a low cost. The and simulation systems have
system enables the consequences proved their worth from
of their actions to be shown to reliability, quality improvement
candidates/participants in an and timescale reduction aspects;
objective, speedy and repeatable they have also succeeded in the
manner. Thus live simulation face of economic and environsystems are in service at the mental constraints, whether
Army combat training center.
employed for individual and
collective training or on
Firing, driving, flying and exercises. Extensive use of
combat simulators created in the simulation and the coherent
image of the original machines, formulation of training and
and which represent the terrain exercise activities enable highly
in three dimensions, are often satisfactory results to be
installed in classrooms. They are obtained.
used for training up to section
level, and in the future perhaps
It is only the coordinated
up to company level.
use, if necessary in parallel, of
computer-assisted
training
For echelons at company systems and of real equipment
level and above, agregated that will achieve targeted,
models are available, which effective
and
professional
represent the terrain in two training of high quality.
dimensions (constructive simulation). SIRA is a simulation
For the future, new
system used for training HQ simulation and communications
staff in combat exercises up to techniques will offer unknown
brigade level.
capabilities.
For
computer-assisted
These will include (aside
exercises (CAX) carried out at from
advanced
virtual
major unit level, the SIRA simulation) remote access to
Brig, GUPPIS and SIMOF simulation and the option of
Objectif Doctrine
97
interconnecting
simulation
systems of the same or of
different type. New capabilities
will enable conventional instruction and its procedures to be
modernized, the introduction of
advanced training methods such
as distance learning, and the
achievement of exercises requiring the deployment of participants over large areas.
The simulation of peacekeeping operations will also
attract considerable effort.
All this amounts to a wide
range of opportunities that must
be grasped if we are to continue
to improve the quality of
instruction and training available to the German Army.
The Army M&S network
For use in the various
fields where M&S can be
applied, the Army has a series of
specific methods associated with
operational research which
include, apart from the various
scenarios and data bases, a
multitude of simulation models
for each hierarchical level
within the model, as well as
optimization methods, costeffectiveness studies and analysis
and planning techniques.
N° 22-02/2001
ETRANGER
Le réseau M&S de
l’Armée de terre a été créé
dans le but d’assurer une mise
en œuvre cohérente, globale et
interdisciplinaire de ces instruments.
A l’avenir, le développement de nouvelles méthodes
de modélisation et de simulation devra être marqué par le
souci d’en assurer une mise en
œuvre systématique, cohérente
et globale pour répondre à
En dessous de l’échelon l’exigence d’efficacité, d’écoministériel, c’est la section nomie et de synergie.
indépendante V (3) de l’Office
de l’Armée de terre qui se
Cet objectif ne peut être
charge du réseau M&S ; le atteint qu’au travers d’une
cadre conceptuel de ce projet approche interarmes, voire
sera fixé dans le document interarmées, en ce qui concerne
"Konzeptionelle Vorgaben für das la conception et l’usage des
Heer Modellbildung und Simu- modèles, des scénarii et des
lation (KVH M&S)" qui est en données.
cours d’élaboration et dont
l’un des passages cruciaux sera
Une meilleure harmoconsacré à la réalisation d’un nisation de l’outillage varié
système permettant l’échange s’impose; elle permettra de
de données relatives à M&S.
dégager des ressources pour de
Objectif Doctrine
98
nouvelles réalisations et d’établir un réseau qui couvre
l’éventail complet des missions.
A condition de prévoir
suffisamment de personnel et
de moyens pour la réalisation
du réseau M&S, y compris la
mise en place de capacités
centrales et le raccordement
des écoles d’application, et de
suivre attentivement l’évolution nationale et internationale, l’Armée de terre
allemande bénéficiera, grâce à
l’emploi plus fréquent et
global de M&S, d’un soutien
substantiel et d’un progrès
qualitatif dans l’accomplissement de sa mission ❖
N° 22-02/2001
FOREIGN
STUDIES
The Army’s M&S network was created with the aim
of ensuring coherent, global and
interdisciplinary implementation of these tools.
In the future, the
development of new modeling
and simulation methods should
include the need to ensure their
systematic, coherent and global
implementation to meet the
Below ministerial level, it
requirements of efficiency, ecois the independent V(3) section
of the Army that is in charge of nomy and synergy.
the M&S network; the
This objective can only be
conceptual framework of the
project will be laid down in a attained through an all-arms,
paper "Konzeptionelle Vorgaben or even joint service, approach,
für das Heer Modellbildung und covering model design and
Simulation (KVH M&S)" usage, scenarios and data.
which is currently being
written; a crucial passage in this
Better harmonization of
will be dedicated to the creation
the varied tools is necessary; this
of a system that enables the
will enable resources to be freed
exchange of data concerning
up for new devices and the
M&S.
Objectif Doctrine
99
establishment of a network that
will cover the full range of
missions.
Provided sufficient personnel and resources are allocated to
the realization of M&S network, including the installation of centralized capabilities
and links to the arms school, and
if national and international
developments are monitored closely, the German Army will
secure substantial support from
the more frequent and global use
of M&S and achieve qualitative
progress in the accomplishment
of its mission❖
N° 22-02/2001
LIBRES
REFLEXIONS
POUR UNE POLITIQUE DE SIMULATION D’ENTRAINEMENT
A LA MESURE DE NOS AMBITIONS ET DE NOS BESOINS1
par le lieutenant-colonel Lafont Rapnouil,
chef de la cellule études tactiques du CROSAT
Depuis le début des années 90, l’Armée de terre a fait un effort certain dans le domaine de la simulation.
La démarche adoptée, du bas vers le haut, a permis d’obtenir de bons résultats pour tout ce qui concerne la
simulation de systèmes d’armes et l’entraînement des PC jusqu’au niveau brigade (à l’exception notable des PC
de régiments).
P
arallèlement, les pays alliés
ont développé ou acquis de
façon pragmatique des outils
répondant à la gamme complète de
leurs besoins. Les Etats-Unis et
l’Allemagne disposent en particulier
de centres capables de recevoir et
d’entraîner des PC de niveau 1
multinationaux.
Toutefois, et malgré les
déclarations soulignant l’importance de ce domaine, la politique
française de simulation souffre d’un
manque certain de cohérence :
- manque de cohérence globale
quant à la panoplie des moyens
nécessaires à chaque niveau de
commandement et leur interopérabilité éventuelle avec des
systèmes européens similaires,
- manque de cohérence entre les
besoins et les moyens en ressources
humaines affectées,
- manque de cohérence, enfin,
quant aux moyens financiers mis en
œuvre.
Pour rompre sans tarder avec
le manque de perspective, de
coordination et d’ambition qui
prévalent actuellement, il faut, après
avoir effectué un constat sans
complaisance, identifier les facteurs
déterminants qui devront être pris
en compte pour la définition d’une
politique de simulation d’entraînement cohérente et répondant
aux besoins.
CONSTAT
Absence d’une réelle politique de
simulation
Le domaine de la simulation,
transverse par nature, est à l’heure
actuelle beaucoup trop morcelé
pour être efficace et souffre de
l’absence d’un véritable organe de
direction unique, malgré une certaine
prise en compte du problème depuis
l’été 2000. De ce fait, l’Armée de
terre éprouve des difficultés à
élaborer une politique cohérente de
la simulation et donc à faire des
choix. Le nombre impressionnant
d’études en cours, suivies par des
organismes différents, et les
nombreuses décisions qui restent en
suspens témoignent de cette situation.
En outre, ce manque de cohérence
se traduit par un positionnement
peu clair de l’Armée de terre vis-àvis des projets de simulation interarmées.
Inexistence d’une politique de
ressources humaines adaptée
La génération assez ancienne
des outils de simulation actuels,
BBS (brigade-bataillon battle simulation : équipe le centre d’entraînement des PC (CEPC) à Mailly) et
JANUS, et l’accroissement des
centres et de leurs missions se
traduit par un besoin important en
personnel de mise en œuvre. Les
contraintes d’effectifs du moment et
l’absence d’une filière de gestion
spécialisée du personnel de la
simulation posent de réelles
difficultés pour faire fonctionner les
centres dans de bonnes conditions.
Ainsi, l’EAABC (Ecole d’application
de l’arme blindée cavalerie, Saumur)
qui vient d’être équipée d’une
plateforme JANUS de dernière
génération,
ne
dispose-t-elle
d’aucun opérateur.
Un budget
déséquilibré
insuffisant
et
L’absence d’une politique
cohérente se traduit également par
un budget global insuffisant en
regard des besoins d’entraînement
et des ambitions de l’Armée de
terre, comme par exemple, la capacité d’armer un PC de LCC (land
component command) en qualité de
nation-cadre. En outre, la confusion avec le budget informatique
générale et celui des SIC (Systèmes
d’Information et de Commandement) fait que les “lignes” simulation sont régulièrement menacées
au profit de programmes extérieurs
à ce domaine. Enfin, un déséquilibre
notoire peut être constaté entre les
budgets consacrés à la simulation de
systèmes d’armes (comme le simulateur d’entraînement au pilotage
du TIGRE) et ceux attribués à la
simulation numérique d’entraînement des PC (300 MF sont ainsi
prévus pour le simulateur du
TIGRE contre 170 MF pour la
réalisation de SCIPIO VI (cf. article
du chef de bataillon CHARY,
p.32). Ce budget est nettement
1 D’après une étude menée par le CROSAT, sous la direction du général de GIULI, général adjoint doctrine du CDES jusqu’à l’été 2000.
Objectif Doctrine
100
N° 22-02/2001
FREEDOM
OF
SPEECH
TOWARDS A SIMULATION TRAINING POLICY TO MEET
OUR AMBITIONS AND REQUIREMENTS1
by lieutenant-colonel J F Lafont Rapnouil,
head of tactical studies Cell
Since the beginning of the 1990s, the French Army has put considerable effort into the simulation field. The
“bottom up” approach adopted has produced good results in all areas concerning the simulation of weapons
systems and CP training up to brigade level (with the notable exception of regimental CPs).
S
imultaneously, allied nations
have developed or acquired
pragmatically the tools needed
to meet the full range of their needs.
The US and Germany, notably, have
centers able to accomodate and train
CPs up to Multinational level 1.
However, and in spite of
declarations underlining the importance of this field, French simulation
policy suffers from a certain lack of
coherence:
- a lack of overall coherence in the
range of resources needed at each
level of command, and their potential
inter-operability with similar
European systems,
- a lack of coherence in requirements
and resources in terms of assigned
personnel,
- a lack of coherence in the financial
resources deployed.
In order to break away,
without delay, from the current lack
of foresight, coordination and
ambition, we must first make an
assessment free of any complacency,
and then identify the determining
factors to be taken into account if we
are to identify a coherent training
simulation policy which meets our
requirements.
THE FACTS
Absence of a genuine simulation
policy
The simulation field, naturally
transverse, is currently far too fragmented to be efficient, and suffers
from the lack of a real directing
organization, despite taking seriously
the problem since summer 2000.
Consequently, the Army is experiencing
difficulties in developing a coherent
simulation policy and hence in
making decisions. The impressive
number of studies under way,
monitored by different agencies, and
the number of decisions that remain
pending, bear witness to this situation.
Moreover, this lack of coherence has
resulted in a somewhat vague
attitude of the Army towards jointservice simulation projects.
Lack of an appropriate human
resources policy
The current aging generation
of simulation tools, BBS (brigadebattalion battlefield simulation,
which equips the command post
training center at Mailly) and
JANUS, coupled with the growth of
centers have led to a high demand for
personnel to implement them.
Current staffing limitations, and the
absence of specialized career chair
management for simulation per-
sonnel pose real problems for the
satisfactory functioning of the
centers. For example, the EAABC
(French armor branch school) at
Saumur just equipped with the latest
generation of JANUS platforms, but
without a single operator.
Inadequate
budget
and
unbalanced
The lack of a coherent policy is
also reflected in an overall budget
that is totally inadequate in relation
to the Army’s training requirements
and aspirations, as for example the
capability to equip a CP for the land
component command (LCC) as the
framework nation. Moreover,
confusion over the IT budget in
general, and that of the CISs
(command and information Systems), has meant that the simulation
share is regularly threatened, to the
advantage of programs outside this
field. Finally, a notable imbalance
may be seen between the budgets
devoted to weapons systems simulators (like the TIGRE pilot training
simulator) and those attributed to
CP digital simulation training (300
MF are budgeted for the TIGRE
simulator against 170 MF for
development of SCIPIO V1 (see
article by Major CHARY, p. 33).This
budget is totall inadequatey
1 From a study carried out by CROSAT, under the direction of General de Guili, Deputy Head of Doctrine at the CDES until summer
2000.
Objectif Doctrine
101
N° 22-02/2001
LIBRES
insuffisant pour espérer remplir
toutes les exigences du cahier des
charges). Ce constat traduit bien le
manque de cohérence globale de la
politique de simulation opérationnelle d’entraînement. Une
réforme de celle-ci semble donc
indispensable. Elle doit cependant
prendre en compte un certain
nombre de facteurs déterminants.
IMPERATIFS ET
CONTRAINTES
Les impératifs
Le premier impératif consiste
à définir les besoins concernant
l’entraînement, l’aide à la décision
et la planification. Ce travail doit
être conduit de façon globale en
recherchant une véritable cohérence à tous les niveaux (cohérence
du niveau 1 avec la simulation
interarmées ; cohérence globale des
niveaux 2 et 3 ; cohérence globale
des niveaux 4, 5 et 6). L’approche
doit donc se faire du haut vers le
bas. A ce titre, il s’agira d’une part
et en priorité de satisfaire les
besoins du niveau 1 pour être en
mesure d’assumer le rôle de nationcadre auquel nous prétendons. Il
sera d’autre part nécessaire d’assurer la pérennité de l’outil adapté
au niveau 2, c’est-à-dire de consolider le projet SCIPIO, encore
fragile.
Le deuxième impératif concerne l’indispensable prise en
compte des dimensions multi-
REFLEXIONS
nationales (interopérabilité de
l’ensemble des outils avec ceux de
nos alliés) et interarmées. La
réflexion à engager par l’Armée de
terre doit donc se situer résolument
dans un cadre européen et lui
permettre de jouer un rôle moteur
au niveau interarmées.
Enfin, cette démarche ne
peut se mener sans une prise en
compte réaliste des évolutions
technologiques. Il s’agira donc de
ne pas passer à côté de la
numérisation du champ de bataille,
de la connexion des SIC et de la
simulation (cf. article sur le sujet du
lieutenant-colonel FATZ, p. 50) et
du développement de la simulation
distribuée.
Les contraintes
semble des besoins nécessite un
effort financier important. Le
retour sur investissement en
termes de réduction des coûts
d’entraînement due aux possibilités offertes par la simulation
(drill, possibilités de représentation des troupes que l’on n’a pas
à déployer) ne pourra être effectif
qu’à ce prix.
La prise en compte de ces
principes conditionnera le succès
de la future politique de simulation
de l’Armée de terre.
PROPOSITIONS
Définition d’une politique cohérente de simulation
Finalité des moyens
La principale contrainte à
prendre en compte est celle des
effectifs. En effet, malgré les
progrès prévisibles dans le domaine
des automates décisionnelles, les
besoins en opérateurs sont une
contrainte
lourde
pour
la
simulation d’entraînement. Une
réflexion en profondeur devra donc
être engagée pour savoir quelle
politique de gestion des effectifs
devra être mise en place pour
permettre la mise en œuvre des
outils et la conduite des différents
types d’exercice.
Malgré les contraintes budgétaires évidentes de l’Armée de
terre, il est clair que la mise en
place de moyens adaptés à l’en-
L’évolution des capacités
technologiques et les exigences
liées aux nouvelles structures de
commandement ont multiplié les
domaines d’application de la
simulation numérisée. Cependant,
les besoins sont différents selon le
niveau entraîné.
Les objectifs poursuivis à
chaque niveau doivent donc être
clairement identifiés afin d’éviter,
en particulier, la course à la finesse
des modèles qui, si elle se justifie
aux bas échelons de commandement, n’est pas nécessaire
pour les outils de niveaux 1 et 2.
Les priorités adaptées pourraient
donc être les suivantes :
TECHNIQUES
D’EM
CONDUITE
PRISE DE
DECISION
PLANIFICATION
PC NIV 4
P2
P1
Sans objet
Sans objet
PC NIV 3
P2
P1
P3
Sans objet
PC NIV 2
P2
P3
P1
P2
PC NIV 1
P3
Sans objet
P2
P1
P1 = première priorité
P2 = seconde priorité
Objectif Doctrine
102
P3 = troisième priorité
N° 22-02/2001
FREEDOM
if we are to hope to meet all project
definition requirements. This
assessment clearly illustrates the
overall lack of coherence in policy
for operational simulation training. A revision of this policy is
needed. However, it must take into
account some number of critical
factors.
IMPERATIVES AND
CONSTRAINTS
Imperatives
The first imperative is to
define the requirements for
training, aids to decision-making
and planning. This task must be
undertaken globally, by seeking out
real coherence at every level
(coherence of level 1 with jointservice simulation; overall coherence
of levels 2 and 3; overall coherence
of levels 4, 5 and 6). The approach
should therefore be top down. Here
we must give first priority to meet
the needs at level 1, if we are to
assume the role of framework
nation. We must also ensure the
durability of the tool modified for
level 2, in other words to
consolidate the still fragile SCIPIO
project.
The second imperative
concerns the unavoidable matter of
the multinational and joint
dimension (interoperability of the
OF
SPEECH
adapted to meet the overall
requirements demands a major
financial effort. This is the price we
must pay if we are to achieve a
return on investment in terms of
reductions in training costs, thanks
to the possibilities offered by
simulation (drills, ability of
representing troops that do not
have to be deployed).
A successful future simulation training policy for the Army
must take these principles into account.
whole range of tools with those of
our allies). Any study of this topic
by the Army must be placed firmly
in an European framework,
allowing it to play a driving role at
joint arena.
Finally this approach cannot
be undertaken without a realistic
acceptance of technological evolution. This means not leaving
aside the digitalization of the
battlefield, connection of SICs with
simulation (see article on the
subject by Lt Col Fatz, p. 51) nor
the development of distributed
simulation.
PROPOSALS
Definition of a coherent simulation policy
Constraints
The principal constraint to be
taken into account is that of
personnel strengths. Notwithstanding the predictable progress in
the field of automated decisionmaking, the requirement for
operators is a major limitation on
training simulation. Indepth study
is therefore required to determine
the personnel management policy
needed to enable the operation of
the equipment and the management of the different types of
exercise.
Targeting of resources
Developments in technical
capabilities and the demands
arising from new command
structures have multiplied the
areas of application of digital
simulation. However, the requirements are different according to
the training level.
Thus the objectives sought at
each level must be clearly
identified, in particular the race
towards model sharpness, which,
while they may be justified at lower
command levels, are not so
necessary for the tools needed at
levels 1 and 2. The revised
In spite of the Army’s obvious
budgetary limitations, it is clear
that the allocation of resources
STAFF
TECHNIQUES
CONDUC
DECISIONMAKING
PLANNING
CP Level 4
P2
P1
Not applicable
Not applicable
CP Level 3
P2
P1
P3
Not applicable
CP Level 2
P2
P3
P1
P2
CP Level 1
P3
Not applicable
P2
P1
P1 = first priority
P2 = second priority
Objectif Doctrine
103
P3 = third priority
N° 22-02/2001
LIBRES
Architecture d’ensemble
REFLEXIONS
- Niveau 2 : il est aujourd’hui
primordial de maintenir les
orientations actuelles de SCIPIO, à
savoir le remplacement de BBS à
l’horizon 2005 pour la V1 et la
Les
études
récemment
menées par l’EMAT/BPRH (étatmajor de l’Armée de terre/bureau
planification des ressources humaines) pour mieux identifier les
métiers de la simulation devraient
permettre de gérer au mieux une
ressource assez rare. Le problème
crucial du déficit en opérateurs
dans les centres JANUS pourrait
être en partie réglé par l’emploi
d’ESR (engagement spécial réserve),
à condition que la durée des
contrats actuellement limitée à 30
jours par an puisse être
significativement augmentée.
Enfin au vue du constat
effectué ci-dessus sur le budget, il
serait souhaitable d’une part, de
rééquilibrer les dépenses de
simulation de systèmes d’armes et
celles de simulation d’entraînement
au profit de ces derniers - le ratio
est actuellement de 80% pour la
première contre seulement 20%
pour la seconde - et, d’autre part,
de dégager des lignes budgétaires
clairement identifiées (et non
fusionnées avec les lignes TSI
(télécommunication et systèmes
d’information) et informatique
générale) et de les déléguer au
CDES/CROSAT.
A deux ans de la fin de sa
refondation, l’Armée de terre doit
impérativement revoir sa politique
de simulation pour être en mesure
de répondre aux besoins d’entraînement, toujours plus importants,
de tous les niveaux de commandement. Cette politique ne
pourra être efficace que si elle
acquiert une véritable cohérence
tant dans les objectifs définis que
dans les moyens consentis. Dans
tous les cas, l’urgence consiste
aujourd’hui à trouver une solution
pour avoir la capacité d’entraîner,
conformément à nos ambitions, les
PC de niveau 1 dans un cadre
multinational❖
NIVEAU UE
ECOLES ET CENTAC
JANUS/CENTAURE
NIVEAU GTIA
EAI/EAABC
JANUS
NIVEAU BRIGADE
EEM/CEPC
JANUS/BBS
NIVEAU EMF
CEPC
BBS
NIVEAU CFAT
CENTRES ALLIES
JTLS
Les objectifs à court terme
consistent
essentiellement
à
optimiser les moyens et à donner sa
cohérence à l’entraînement des
structures de commandement. Le
tableau ci-dessous, tenant compte
de l’existant, associe un site de
référence à un système de
simulation. Pour le moyen et le
long terme, une réflexion doit dès
maintenant être engagée concernant les différents niveaux :
- Niveau 3 : faut-il redéployer
JANUS et par quel système peuton le remplacer ? La définition des
objectifs d’entraînement (priorité à
la tactique ou aux techniques d’étatmajor) conditionne le nombre de
stations à mettre en place dans les
centres (c’est le cas de l’école
d’état-major qui propose dès cette
année des créneaux pour l’autoentraînement des brigades). Des
redéploiements pour redistribuer
les matériels (et le personnel)
devront donc certainement être
envisagés. Concernant son remplacement, l’objectif est de disposer
d’un outil aussi fin que JANUS,
mais moins gourmand en opérateurs. Il devra également
répondre aux besoins de formation,
d’entraînement mais aussi d’études
tactiques couverts aujourd’hui par
JANUS.
réalisation
d’un
outil
de
planification et d’ aide à la décision
vers 2008 – 2010. En effet, BBS
reste coûteux en effectifs et
présente des insuffisances. En
outre, il ne sera jamais HLA (high
level architecture) et offre peu de
possibilités de connexion aux SIC.
- Niveau 1 : la création d’un centre
d’entraînement pour PC de niveau
1 (pourquoi pas à Lille ?) est
prioritaire. L’utilisation de JTLS
(joint theater level simulation :
simulation interarmées américaine
équipant de nombreux pays alliés.
Un centre est actuellement en place
au collège interarmées de défense
pour répondre à l’urgence actuelle
présente l’avantage de ne pas avoir
à acquérir un outil coûteux sur
étagère. A moyen terme, la solution
peut consister à mettre les moyens
nécessaires au développement de la
brique terre (baptisée WAGRAM)
du projet de simulation interarmées
ALLIANCE. En effet, le niveau 1
se situe à la charnière entre les
opérations terrestres et les
opérations interarmées. De plus, ce
choix s’inscrivant dans une
démarche déjà initiée, il pourrait
bénéficier d’une priorité élevée.
Cohérence des moyens humains
et financiers
Objectif Doctrine
104
N° 22-02/2001
FREEDOM
Overall architecture
The short-term objectives
consist essentially of optimizing
resources and imparting coherence to
the training of headquarters. The
table below, based on existing
resources associates a reference site to
a simulation system. In the medium
and long term, a study of the
different levels needs to be
undertaken immediately:
- Level 3: should JANUS be
redeployed, and what system could
replace it? The definition of training objectives (priority given either
to tactics or to staff procedures?) will
affect the number of stations to be
placed in the centers (this is the case
for the junior staff college, which,
starting this year is offering slots for
brigade
self-training).
Some
redeployment and redistribution of
equipment (and personnel) should
certainly be considered. As far as its
replacement, the aim should be a tool
as sharp as JANUS but less greedy
in terms of operators. It should also
meet the requirements for instructionand training, but also for
tactical studies, currently offered by
JANUS.
OF
SPEECH
version V1, and the development as
a tool for planning and decisionmaking by 2008/2010. In fact, BBS
remains costly in personnel and has
some shortcomings. Moreover it will
never contain high level architecture, and gives few possibilities for
SIC connection.
- Level 1: the creation of a level 1
CP training center (why not at
Lille?) is high priority. Using JTLS
(joint theater level simulation:
American joint simulation used by a
number of allied countries. A center
is currently installed at the Joint
defense college to meet current urgent
needs has the advantage of not having
to buy a very expensive off-the-shelf
tool. In the medium term, the
solution could be to make available
the resources needed for the
development of the land com-ponent
(named WAGRAM) of the joint
simulation project ALLIANCE. In
fact, level 1 is placed at the interface
between land operations and jointservice operations. Furthermore, as
this option is part of approach
already under way, it should be
given a higher priority.
should
lead
to
improved
management of these scarce resources.
The crucial problem of the shortfall
in operators in the JANUS centers
could be partly resolved by using the
ESR (special reserve service),
personal, providing that their
contract duration, currently limited
to 30 days, be significantly increased.
Finally, in the light of the
budget assessment given above, we
should restore the balance between
the respective costs of weapons
systems simulation and of training
simulation, to the benefit of the
latter. The ratio is currently 80%
for the former and only 20% for the
latter. On the other hand, we
should clearly identify separate
budgetary line items (not merged
with the TSI (telecommunications
and information systems) and
general IT) and delegate them to
CDES-CROSAT.
- Level 2: at the moment it is
essential that the current orientation
of SCIPIO be maintained, as the
replacement of BBS by 2005 by
Studies recently completed by
EMAT/BPRH (French Army
staff/human resource deparment) to
better identify simulation skill areas
Two years before the
completion of its restructuring, The
Army must review its simulation
policy to meet the ever more onerous
training requirements at all levels of
command. That policy can only be
effective if it acquires a genuine
coherence, both in defined objectives
and in resource allocation. Alltogether, the urgency today is to find a
solution that gives the capability to
train Level 1 CPs in a multinational framework❖
BASIC UNIT LEVEL
SCHOOLS AND CENTAC
JANUS/CENTAURE
BATTLE GROUP LEVEL
INF AND ARMOUR BRANCH SCHOOLS
JANUS
BRIGADE LEVEL
STAFF COLLEGE/CP TRG CENTER
STAFF COLLEGE/CP TRG CENTER
EMF LEVEL
CP TRG CENTER
BBS
CFAT LEVEL
ALLIED CENTERS
JTLS
Coherence of human
financial resources
Objectif Doctrine
105
and
N° 22-02/2001
LIBRES
REFLEXIONS
LA PLACE DE LA SIMULATION DANS L’ENTRAINEMENT
DE L’ARMEE DE TERRE PROFESSIONNALISEE
DE 2002
par le chef de bataillon Hill,
stagiaire au CID (collège interarmées de défense)
La complexité du combat interarmes moderne, sa représentation virtuelle au travers des systèmes de
combat ou de commandement numérisés imposent une évolution des procédés d’entraînement et de
préparation des forces faisant appel aux technologies les plus avancées. Les buts recherchés sont, dans un
contexte budgétaire de plus en plus contraint, d’optimiser les coûts et d’accroître le réalisme de l’entraînement
d’une force qui, étant professionnalisée et projetable, doit se montrer immédiatement efficace sur le terrain.
Seule une simulation moderne conduite avec lucidité permet de concilier ces deux objectifs. Outils
évolutifs et réalistes les techniques de simulation sont donc appelées à prendre une part croissante dans la
panoplies des procédés d’instruction, d’entraînement et d’évaluation des individus comme des unités et des
états-majors.
Cependant, l’attrait de la nouveauté alliée au confort procuré par la souplesse des systèmes de
simulation (capacités "d’arrêt sur image" et de "re-jeu") ainsi que les substantielles économies sur les crédits
d’entraînement pourraient à terme conduire à la tentation du "tout simulation" au détriment d’activités
grandeur réelle comme la manœuvre en terrain libre.
Un recours équilibré à la simulation doit donc répondre, non à un effet de mode, mais à des exigences
clairement formalisées dans le cadre d’une doctrine spécifique.
Afin de cerner les limites du raisonnable en la matière il convient de commencer par faire l’inventaire
des besoins et des systèmes existant au sein de l’Armée de terre. Puis il s’agira de préciser quelles sont les
risques induits par un recours excessif a la simulation, avant de déterminer les fonctions du combat terrestre
qui justifient utilement d’un recours à ces techniques.
DES BESOINS ACCRUS
DANS LE DOMAINE
DE LA SIMULATION
inexorablement à une réduction de
la fréquence des exercices qui dès
lors doivent être mieux préparés.
La simulation informatique
apparaît tout d’abord comme un
outil de maîtrise des coûts et du
temps
La multiplication des centres de simulation tactiques
s’avère constituer une réponse
partielle à ces problèmes. A cet
égard les centres "JANUS"
implantés dans les écoles
d’application d’arme offrent aux
futurs commandants de compagnie une instruction sur le terrain
optimisée par une préparation
simulée sur ordinateur (CAX :
computer assisted exercice), et au
profit des unités, un entraînement
des états-majors régimentaires.
En effet, les contraintes liées
à l’urbanisation croissante et à la
protection de l’environnement
conduisent les unités à s’entraîner
dans des espaces de plus en plus
restreints, éloignés des garnisons
et avec d’importantes restrictions
en matière de nuisance comme de
sécurité publique. Les coûts et les
délais pour rejoindre les terrains de
manœuvre appropriés s’en ressentent. En outre, la surexploitation des camps conduit
Les simulations informatique et
instrumentale constituent ensuite
deux atouts dans le suivi et
Objectif Doctrine
106
l’amélioration des compétences à tous les niveaux (individuel, collectif)
La simulation informatique
se montre très efficace dans un
contexte éminemment instable en
matière de planification des
activités. Le rythme de ces dernières s’est non seulement accéléré (avec l’accroissement des
missions extérieures, le maintien
larvé de Vigipirate, etc.) mais il
est également devenu chaotique.
De plus, la réforme de l’Armée de
terre dissocie les cycles d’instruction au sein des régiments en
cours de professionnalisation qui
ne peuvent que difficilement
afficher une aptitude opérationnelle homogène.
N° 22-02/2001
FREEDOM
OF
SPEECH
THE PLACE OF SIMULATION IN THE TRAINING
OF THE PROFESSIONALIZED ARMY
OF THE YEAR 2002
by major Hill,
joint staff school trainee
The complexity of modern joint service combat and its virtual representation via digital combat or
command and control systems, require changes to force training and preparation our procedures
increasingly call upon the most advanced technologies. Against growing budget restrictions the aims are
to optimise cost-effectiveness and to increase training realism for a force that, being both professionalized
and deployable, must be able to demonstrate immediate effectiveness on the ground.
Only a carefully managed modern simulation enables these two aims to be reconciled. As evolving
and plegmatic tools, simulation will play an increasing role in the range of techniques used for the
instruction, training and assessment of individuals, units, and staffs.
Yet, the appeal of innovation, the convenient flexibility of simulation systems (“freeze frame” and
“re-play” capabilities), as well the substantial savings on training budgets could ultimately lead to a
temptation to adopt an “all simulation” policy, at the expense of real world activities such as range
exercises.
A balanced use of simulation must therefore respond not to any fashionable trend but to clearly
formulated requirements within a specific doctrine.
If we are to identify what is reasonably reasonable in this respect we must first list the current systems
and requirements of the French Army. Any risks associated with an excessive use of simulation must then
be identified so that those functions of land combat that could usefully benefit from these techniques can
be determined.
AN INCREASED NEED
FOR SIMULATION
Computer-based simulation
appears primarily as a cost
controlling and time saving
instrument
The limitations imposed by
increasing urbanisation and
environmental awareness require
units to train in ever more
restricted areas, far from their
garnisons and subject to major
limitations associated with both
pollution and public safety. The
expense and time taken to travel to
suitable exercise areas are becoming
significant. Ranges are also being
overusebooked which inexorably
leads to a reduction in exercise
frequency now have to be better
prepared and a better preparation
of them. The growth in tactical
simulation centres is seen as one
response to these problems.
In
this
context,
the
“JANUS” centres located in the
branch schools offer future company
commanders range-based training
optimised with the aid of
simulated computer-assisted preparation (CAX: computer assisted
exercise), and for units, training
for regimental staff.
Both computer-and equipment-based simulation will
offer advantages for moni-
Objectif Doctrine
107
toring and improving capabilities at all levels (individual
and collective)
Computer-based simulation
has proven to be highly effective in
a very unstable activity-planning
context. The pace of these activities
has not only accelerated (with the
expansion of external tasking, the
covert continuation of “Vigipirate”,
etc.), but has also become confused.
In addition, the reform of the
French Army has disrupted the
training cycles within the
regiments which undergo professionalization, and have difficulty
in achieving a homogenous
operational capability.
N° 22-02/2001
LIBRES
Outil
d’instruction
et
d’entraînement particulièrement
souple et adaptable, la simulation
tactique permet alors d’offrir aux
unités élémentaires des formations "à la carte".
En outre, l’acquisition des
compétences se voit stimulée et
accélérée par le réalisme de la
simulation instrumentale (désignateurs laser ou infrarouge
couplés à des détecteurs et des
systèmes de neutralisation des
matériels). Il devient alors
possible de simuler la destruction
et la mort, d’activer des procédures
et des chaînes logistiques autrefois négligées, le tout avec un
impact psychologique non négligeable. La contrepartie réside
dans un effort de généralisation et
décentralisation des équipements
de type STCAL (simulateur de tir
et de combat armes légères), DX
175 et assimilés au sein des corps
de troupes.
La simulation constitue enfin
un instrument de préparation
des forces et des états-majors
qui contribue à leur réactivité
Il s’agit là d’une des qualités
indispensables à une armée de
projection crédible. Les centres
de simulation tactiques ont une
capacité à offrir sur court
préavis (quelques semaines) une
préparation adaptée au futur
théâtre d’opération, voire d’évaluer la pertinence des options
retenues lors de la phase de
planification (logiciels Janus V7
et V8, du JTLS ou ADAMS
pour les mouvements et la
logistique). Ceci implique toutefois un réel effort de documentation technique et cartographique en amont.
REFLEXIONS
Ces avantages peuvent conduire
à la tentation du «tout simulation»
Le recours systématique aux
techniques de simulation dans les
écoles d’application et les corps de
troupe pourrait induire un certain
nombre d’effets pervers dont il
convient de se garder. Le plus
grave d’entre eux résiderait dans
une substitution abusive (mais non
exclusive) de l’exercice terrain par
les CAX. Ce risque concerne exclusivement la simulation informatique, la simulation instrumentale
ne visant précisément qu’à l’amélioration des exercices sur le terrain.
La simulation informatique
pourrait donc conduire à une
intellectualisation et une forme
de déshumanisation du combat
Après avoir réintroduit des
notions oubliées, voire négligées,
comme les délais de transmission et
d’exécution des ordres, les pertes
humaines et dommages techniques,
la simulation pourrait paradoxalement conduire à une banalisation de ces phénomènes. En
effet, le chef tactique intégrant
mieux la notion de pertes pourrait
s’y accoutumer au point d’oublier
qu’au combat, ce ne seront pas des
pixels qui disparaîtront des écrans
mais bien des hommes. Ce risque
est d’autant plus crédible que la diffusion des systèmes de commandement numérisés de type SIC-F
s’adressent désormais aux petits
échelons du combat interarmes
(commandants de compagnie).
La simulation en général
pourrait également induire des
tentations abusives en matière
d’économies budgétaires
Au-delà d’un investissement
initial assez lourd les systèmes de
Objectif Doctrine
108
simulation autorisent de substantielles économies. Celles-ci pourraient justifier à terme une
réduction sensible des crédits de
fonctionnement alloués à l’instruction et à l’entraînement, au
prix d’une simple réécriture de la
politique de formation à la
tactique et du tir, laquelle donnerait une préférence à la
simulation sur d’autres modes
d’entraînement
comme
les
manœuvres en terrain libre ou les
exercices en camp. Le principe
n’est pas condamnable en soi et
connaît un début d’application dans le domaine du tir par
exemple (SITTAL, simulateurs de
tir canon ou missiles). Cependant,
il convient de conserver un
équilibre entre tous le modes de
formation sans privilégier une
logique abusivement financière.
Les résultats d’une simulation
informatique induite par des
travaux de planification et les
décisions de conduite ne
doivent pas avoir valeur de
vérité absolue
Les analyses après action,
dites "AAA" ou "3 alpha" se montrent pédagogiquement très précieuses. Toutefois, le réalisme
croissant en fonction de l’amélioration des logiciels, une dangereuse propension pourrait se
faire jour. Elle conduirait à
considérer les résultats d’un CAX
comme une vérité si absolue
qu’elle pourrait servir de base à la
notation des compétences tactiques.
Or ce serait là nier les facteurs non
simulés comme l’intuition, la
chance, l’expérience qui continuent cependant à influer sur la
manœuvre simulée ou non. La
simulation doit donc bien
demeurer un outil maîtrisé et ciblé
afin de ne pas induire de
distorsion avec la réalité.
N° 22-02/2001
FREEDOM
OF
SPEECH
Tactical simulation is a These advantages may lead to
highly flexible and adaptable the temptation to simulate
training tool that can now offer everything
individual units their own “à la
The systematic adoption of
carte” training.
simulation techniques in branch
In addition, the acquisition schools and units might have some
of capabilities is stimulated and unwanted side effects, which we
accelerated by the realism of must guard against. The most
equipment simulators (laser or IR serious of these would be an
designators coupled to detectors excessive (but not exclusive)
and equipment neutralisation replacement of FTX by CAX. This
risk applies solely to computer-based
systems). It now becomes possible
simulation, as equipment simuto simulate destruction and
lation is of course only intended to
casualties, to activate logistic
improve exercises on the ground.
procedures and systems that were
previously ignored, all of which Computer-based simulation
have a considerable psychological could turn combat into a purely
impact. The disadvantage resides intellectual and somew deshuin the effort needed to ensure manised exercise
general availability and decentralisation down to unit level of
After reintroducing concepts
such systems as “STCAL” (small that have been forgotten or at least
arms firing and combat neglected, such as the time
necessary to transmit and execute
simulator), and DX 175.
orders, human losses and equipFinally, simulation is a tool ment degradation, simulation might
for training of forces and HQ paradoxically lead to the triviathat contribute to their lisation of such effects. A tactical
commander who is made more
reactivity
aware of the concept of losses could
This is one essential quality become so accustomed to them that
for an Army with a credible in combat he may forget that it is
projection capability. Tactical not just pixels that are disapsimulation centres can, given pearing from his screens but
relatively short notice (a few human beings. This possibility
weeks), provide training adapted becomes all the more likely as
digital command systems such as
to a future operational theatre,
SIC-F descend the command
and even assess the advantages of
structure down to allarms low
options identified during the
echelons (company commanders).
planning phase (Janus V7 and
V8 programmes, or JTLS and Simulation in general could
ADAMS for movements and also enhance the appeal of
logistics). This of course implies budget cuts
considerable preparatory work to
assemble the technical and
After a fairly high initial
cartographic documentation.
fairly high investment, simulation
Objectif Doctrine
109
systems offer substantial savings.
These could justify a significant
long term reduction in the
instruction and training budget,
requiring merely that the policy
for tactical and live firing
training be re-written, to give
higher priority to simulation over
other training methods such as
manoeuvres over open field ground
or range exercises. This principle
cannot be criticized per se, and has
already some application in, for
example, live firing exercises
(SITTAL - gun or missile firing
simulators). However, a balance
between all training methods
must be found that does not favour
a purely financial solution.
The output from a computerbased simulation resulting
from planning activity and
command decisions are not the
«whole truth»
After action analyses,
termed “AAA” or “3 alpha” are
highly educational. However as
realism increases as a function of
improvements in software, a
dangerous trend may emerge.
This might lead to the view that
the results from a CAX merited a
legitimacy that was so unquestionable that they could serve as
a basis for a tactical skills
scoring system. This would be to
ignore those aspects that are not
simulated such as intuition, luck
and experience, which will
continue to affect operations
whether simulated or not.
Simulation must therefore remain
a tool to be mastered and targeted
to make sure there in not
distorsion with reality.
N° 22-02/2001
LIBRES
La simulation doit donc être
exploitée non comme un
dogme de portée générale
mais avec pertinence comme
un outil à géométrie variable
Le champ d’action étendu
des outils de simulation permet de toucher des domaines
de plus en plus complexes et
différenciés. Aujourd’hui limitée
aux actions de mêlée et d’appui,
la simulation devrait toucher
rapidement aux fonctions émergentes du combat terrestre :
ACM, COMOPS. A ce titre les
dernières versions de JANUS
intègrent par exemple des
fonctions Génie, logistique et la
possibilité de représenter des
réfugiés. Cette combinaison offre
l’opportunité d’introduire dans
les CAX la fonction ACM et
l’action humanitaire.
Pour les états-majors, la
simulation informatique peut
devenir non seulement un outil
de d’exercice de conduite mais
aussi un instrument de vérification de planification, fonction
aujourd’hui négligée en France
mais systématiquement exploitée
dans les pays anglo-saxons
jusqu’au niveau division. Cette
évolution implique une animation
d’exercice conduite par des
spécialistes. La mise en service du
CEPC (centre d’entraînement
des PC) va dans ce sens. En
revanche, il paraît illusoire de
faire reposer sur la seule
simulation les études visant à
élaborer ou aménager des doctrines d’emploi des forces.
Au niveau des corps de
troupe et écoles, il convient de
distinguer instruction, entraînement et évaluation. La simu-
REFLEXIONS
lation doit être employée sans
réserve dès qu’il s’agit de
procéder à des formations techniques initiales coûteuses (tireurs
missiles ou canon, pilotes d’engins blindés) en raison des gains
appréciables en sécurité et
ressources financières. Il en va de
même pour l’acquisition des
savoir-faire tactiques des chefs (à
partir du niveau des commandants de compagnies). Nous
sommes là dans le domaine de
l’instruction individuelle et collective.
Cependant, une fois un
certain niveau de compétence
acquis, la restitution en milieu
réel s’impose. la simulation peut
se réduire alors à un rôle
d’appoint (comme dans le cas de
la simulation instrumentale). En
d’autres termes, point de franchissement virtuel de coupure ou
de combat ou de tir en salle
climatisée. Ces activités peuvent
être préparées en simulation dans
l’optique d’une restitution en
milieu naturel. Nous sommes ici
dans le domaine de l’entraînement réaliste. Enfin, lorsqu’il
s’agit de vérifier la maîtrise des
savoir-faire, seule la réalité du
terrain compte. La simulation
doit constituer un apport au
réalisme des exercices en milieu
naturel mais en aucun cas s’y
substituer. Nous abordons ici le
domaine de l’évaluation.
mise en particulier dans le domaine de la préparation des
forces. Toutefois, il serait regrettable de se priver de l’apport de la
simulation. S’appuyer sur les
expériences, voire sur une coopération accrue avec nos alliés,
semble un moyen sûr de développer des outils de simulation à
leur juste place. C’est en tout cas
un domaine d’expertise à part
entière, justifiant d’une réflexion
d’ensemble et d’une doctrine
souple et adaptable : la "simulatique" ne peut en effet prétendre
à être une science exacte…❖
En dépit d’un avers
alléchant, la médaille de la simulation possède, comme tout progrès technologique, un revers dont
il convient de maîtriser les effets.
Dans le cadre d’une Armée de
terre travaillant en flux tendu,
animée d’une nécessité permanente d’optimiser ses coûts et ses
moyens, aucune erreur n’est per-
Objectif Doctrine
110
N° 22-02/2001
Article publié avec
l’aimable autorisation
de la Tribune du CID
FREEDOM
OF
SPEECH
Simulation has to be emplo- tasks associated with costly initial
yed not as a general dogma, technical training (gun and
missile firing, armoured vehicle
but as an adaptable tool
drivers) as appreciable gains can
The broad scope ranges be made in both safety and
of application of simulation financial resources. The same
tools enable increasingly applies to the teaching of tactical
complex and varied fields to awareness to commanders (from
be addressed. Today limited to company commander upwards).
the combat and combat support Here we are in the area of indifunctions, simulation will soon vidual and collective instruction.
affect also the emergent aspects of
the land battle: CIMIC (civilHowever, once a certain
military operations) and COMOPS. level of competence has been
To this end, the latest versions of achieved, the real world has to be
JANUS incorporate such features faced; simulation may then be
as engineering and logistic reduced to a supporting role (as
functions and the option of in the case of equipment simurepresenting refugees. This combi- lation). In other words, there is a
nation offers the opportunity of crossover from the virtual world,
injecting CIMIC task and huma- a move away from combat or
nitarian operations into CAX.
firing exercises in an airFor HQ staffs, computerbased simulations may become not
just a tool for the exercise of
command but also an instrument
to verify planning, a function
that today is ignored in France,
but systematically exploited in
Anglo-Saxon nations down to
divisional level. This development
implies exercise management run
by specialists. Entry into service of
the CEPC (CP training centre) is
a move in this direction. On the
other hand, it would be a mistake
to rely solely on simulation for
studies aimed at developing or
adapting concepts of operation.
At unit and school level,
distinction must be drawn
between instruction, training and
assessment Simulation must be
employed without reservation in
However, it would be unfortunate
to deny ourselves the benefits of
simulation. A certain way of
developing simulation tools in
their rightful place would be to
make the best use of the
experience of our allies, including
perhaps increased cooperation.
This is for sure an all domain o
experrtise, worthy of consideration as a whole and of a flexible
and adaptable doctrine: the
“simulation discipline” cannot
claim pretend to be an exact
science❖
conditioned room. Such exercises
may be practiced in the simulator
with the aim of repeating them
in the natural environment.
Here we enter the word of
realistic training. Finally, when
skill levels have to be assessed, only
the real world counts. Simulation
must provide increased realism
for exercises in the natural
environment but must in no
circumstances replace them. Here
we enter the field of assessment.
Despite its positive aspects,
like all technical implements
simulation has also other consequences which must be mastered.
Within an Army operating a
just-in-time system, driven by the
on-going need to optimise costs
and resources, we cannot afford to
make the smallest error, especially
in the preparation of our forces.
Objectif Doctrine
111
N° 22-02/2001
LIBRES
REFLEXIONS
DU BON USAGE DE LA SIMULATION POUR
L’ENTRAINEMENT DES FORCES TERRESTRES
par le chef de bataillon de Cevins,
113e promotion du CSEM
Depuis une dizaine d’années, la simulation prend progressivement une place de plus en plus importante
dans l’Armée de terre. Dans le domaine de l’entraînement des forces, un système cohérent a été élaboré. Il
permet d’entraîner les différents niveaux de forces à partir de celui du sous-groupement au centre
d’entraînement au combat (CENTAC) à Mailly en passant par ceux du bataillon et de la brigade dans les
différents centres JANUS (en écoles d’armes et à l’école d’état-major à Compiègne) jusqu’à ceux de la brigade
et de l’EMF au centre d’entraînement des postes de commandement (CEPC) à Mailly (lieutenant-colonel
Delamarre, «Typologie succincte des simulations», Objectif doctrine, décembre 1999). Les logiciels JANUS et
BBS (support du système du CEPC) ont été fournis par l’Armée de terre des Etats-Unis et "francisés" en
différentes étapes.
Face à cette prolifération de systèmes, il convient de faire le bilan de leur apport et de déterminer en
quoi celui-ci pourrait être optimisé afin que la simulation ne soit pas seulement une mode, "ennemi du soldat"
selon Ardant du Picq.
L
a rentabilité des moyens de
simulation dont l’Armée de
terre s’est dotée pour
l’entraînement des forces dépend
étroitement de l’utilisation qui en
est faite. En effet, la simulation ne
se suffit pas à elle-même : ses
capacités et ses limites doivent être
bien mesurées afin que tous les
efforts convergent en vue d’un
usage judicieux et efficace.
Si cette réalité n’était pas
prise en compte, l’impact de la
simulation sur l’entraînement pourrait
très rapidement s’avérer nocif car
contre-productif. Il s’avère donc
indispensable de préciser clairement
à quoi doivent servir les centres
d’entraînement disponibles. Dès
lors, il deviendra possible de se
tenir à une ligne de conduite ferme
et de se donner les moyens de
rentabiliser au maximum des outils
très performants.
Faute d’être correctement
analysées, les limites de la
simulation menacent la qualité
de l’entraînement des forces
terrestres à tel point que le
risque de contre-instruction ne
peut être négligé.
Les engagements "simulés"
se caractérisent par un combat "à
mort" dont le réalisme apparaît
discutable et engendrent un
"jusqu’au boutisme" préjudiciable à
la conduite de l’action et peu
compatible avec l’esprit des conflits
dans lesquels nos forces sont
susceptibles d’être engagées. On
assiste trop souvent au "combat des
restes", l’unité engagée ayant perdu
jusqu’à 40 voire 50% de son
potentiel et s’efforçant néanmoins
de remplir sa mission…
Certes, les exemples historiques faisant état de combats
héroïques menés jusqu’au sacrifice
du dernier homme foisonnent.
Quelques chefs de chars de la
Wehrmacht comptaient plusieurs
centaines de destruction de chars
ennemis à leur actif alors qu’on sait
que dans certaines circonstances
des vagues d’assaut de l’infanterie
soviétique n’hésitaient pas à escalader les amoncellements de cadavres
de leurs camarades pour relancer
Objectif Doctrine
112
une action vouée à l’échec,…
Pourtant, on peut raisonnablement espérer n’être pas
toujours opposé à de tels guerriers!
Or, la simulation met systématiquement les joueurs dans
de telles situations. Au CENTAC,
la force adverse (FORAD) combat
toujours jusqu’au dernier, certaine
d’être reconstituée le lendemain
pour représenter le 2ème échelon
ennemi. Sur JANUS ou sur BBS,
l’aspect psychologique n’est pas
pris en compte par le logiciel et,
dès que les mobiles sont en posture
d’engagement, tout combat se
solde par l’anéantissement total de
l’un des protagonistes.
Ces pertes massives sont
d’autant plus mal ressenties
qu’elles ne permettent même pas,
le plus souvent, de remplir la
mission impartie face à un ennemi
qui apparaît invincible. En effet,
jusqu’au-boutiste par nature
comme on l’a vu, l’ennemi s’avère
également particulièrement efficace.
N° 22-02/2001
FREEDOM
OF
SPEECH
GOOD PRACTICE IN THE USE OF SIMULATION
FOR THE TRAINING OF LAND FORCES
by major de Cevins,
class of 2000 staff school
Over the last decade simulation has been y playing an ever more important role within the
French Army. A coherent system has been developed for the training of forces. This enables the
various force levels to receive training from the combat training centre (“CENTAC”) at Mailly from
company to battalion and brigade level in the various JANUS centres (at the weapons schools and
the staff college at Compiègne), up down to those for brigades and EMF at the command post training
centre (“CEPC”) at Mailly (lieutenant-colonel Delamarre, “A brief typology of simulation”, Objectif
doctrine, December 1999). The JANUS and BBS programmes (CEPC system support) were provided
by the US Army and “Frenchified” in several stages.
ith this proliferation of systems, it is time to assess their contribution and determine how to optimise
them to avoid simulation becoming merely a fashion, i.e the “enemy of the soldier” according to
Ardant du Picq.
T
he cost-effectiveness of the
simulation facilities with
which the French Army
is currently equipped is simulation
facilities closely linked to the uses to
their employment. Simulation is
not an end in itself: its capabilities
and limits must be accurately
assessed so that all efforts to ensure
an effective and judiciory employment.
If this reality is ignored, the
impact of simulation on training
could rapidly become detrimental
and counter-productive. It is
therefore vital to state clearly what
the available training centres are
supposed to provide. It will then be
possible to keep on firm line of
conduct and to ensure the availability of the resources needed to get
maximum benefit from this
advanced equipment.
Unless correctly analysed,
the limits of simulation
threaten the quality of land
forces training to such a degree
that the risk of incorrect
training cannot be ignored.
“Simulated” engagements
are characterised by a fight “to the
death” whose realism is debatable
and which may provoke a “to the
last man” syndrome that could
prejudice conduct of the action and
is hardly compatible with the spirit
of the conflicts in which our forces
are likely to become involved. All
too often we see a “battle of the
remainder”, where the engaged
unit has lost 40 to 50% of its
strength but is still trying to
complete its task.
Of course there are many
tales from the past that tell of
heroic battles fought to the last
man. Some Wehrmacht tank
commanders reported that they had
personally
destroyed
several
hundred enemy tanks and it is well
known that under some circumstances waves of attacking
soviet infantry did not hesitate to
Objectif Doctrine
113
climb over accumulations of their
comrades’ bodies to re-launch an
attack that was doomed to failure.
However, one may reasonably hope
not always to be opposed by such
warriors !
But simulation constantly
puts the players in such situations.
At CENTAC, the force adverse
(FORAD) always fights to the last
man, sure to be revived the
following day to represent the
enemy’s second echelon. On
JANUS or BBS, the psychological
aspect is not taken into account by
the software and, once combat units
are ready to attack, any combat
concludes with the total annihilation of one of the protagonists.
These massive losses are felt
all the more deeply when, as often
happens, they prevent completion of
the assigned mission against an
enemy who appears invincible. The
enemy, naturally tending to fight
“to the last man” as we have seen,
also emerges as highly effective.
N° 22-02/2001
LIBRES
Sur BBS, l’aptitude des
opérateurs à manipuler les
mobiles conditionne en partie le
succès des engagements ; or, les
opérateurs des consoles ennemies sont des personnels du
CEPC alors que les opérateurs
des consoles joueurs appartiennent à l’unité joueuse et sont
formés pour l’occasion… Au
CENTAC, la FORAD, permanente et professionnalisée depuis
1998, connaît le terrain dans ses
moindres recoins et bénéficie
d’un niveau d’entraînement sans
commune mesure avec celui des
unités des forces.
En dépit des efforts
entrepris pour y remédier
(lieutenant-colonel (TA) Marec :
«JANUS et BBS» : une adaptation permanente au besoin»
Objectif doctrine, février 2000) les
limites "mécaniques" des systèmes de simulation renforcent le
sentiment d’impuissance parfois
ressenti par les joueurs. Ainsi la
modélisation des effets de
certaines armes sur BBS ou sur
JANUS semble parfois peu
réaliste (AC) et celle du terrain
approximative. Au CENTAC, les
simulateurs de tir de combat sont
soit vieillissants (DX175 des
AMX30), soit inexistants (canon
de 20 mm, ACTCP…), soit peu
efficaces (STCAL) ce qui oblige
les arbitres à s’y substituer en
prenant des décisions d’arbitrages, par nature contestables.
Ce sentiment d’impuissance
peut conduire les joueurs ou les
directions d’exercice à développer
des parades nuisibles car susceptibles de faire ressortir de faux
enseignements de l’exercice. Certaines unités cherchent parfois à
s’adapter aux limites réelles ou
supposées du système en dévelop-
REFLEXIONS
pant
des
modes
d’action
irréalistes mais efficaces localement étant donnée les contraintes des systèmes. Cela se
traduit par exemple,
au
CENTAC, par la recherche de
l’imbrication avec l’ennemi
pour détruire une unité de 1er
échelon ; or, si ce mode d’action
révèle une certaine efficacité c’est
surtout parce que les moyens du
centre ne permettent pas de
mettre en place l’unité de 2ème
échelon dont l’engagement rapide
interdirait toute exfiltration de
l’unité joueuse après son action
audacieuse. La volonté des
directions d’exercice de rétablir
une situation compromise pour
les joueurs peut également
s’avérer particulièrement contreproductive. Surtout si la situation
n’a pas été mûrement réfléchie et
les conséquences pédagogiques de
la décision de conduite soigneusement évaluées. Ainsi, la pratique
du "magic move" au CEPC
conduit souvent à une démotivation des joueurs et de l’ennemi
et fausse l’exploitation pédagogique de l’exercice.
Au CENTAC, la réactivation progressive et désorganisée de quelques éléments de
l’unité joueuse masque les
déficiences et empêchent donc les
participants de prendre pleinement conscience de leurs erreurs.
Ses contraintes d’utilisation
font donc de la simulation un
outil à double tranchant dans
l’entraînement des forces terrestres. Dès lors, pour éviter toute
dérive ou, pire, une désaffection
progressive des centres d’entraînement, il apparaît impératif
d’établir des normes d’emploi
strictes. En effet, le bon usage de
la simulation pour l’entraînement
des forces terrestres passe néces-
Objectif Doctrine
114
sairement par une définition
claire et universellement admise
de la contribution attendue de cet
outil. Or, il convient de ne pas
être trop ambitieux au risque de
se fourvoyer.
Il
faut
au
préalable
s’accorder sur le fait que les
centres de simulation sont
effectivement voués à l’entraînement opérationnel et pas à
autre chose. Notamment, leur
apport dans le domaine de la
réflexion doctrinale ou de mise en
œuvre ne peut être que
complémentaire aux travaux
menés par les organismes dévolus
à cet emploi. Il faut impérativement couper court à l’idée
que les centres d’entraînement
basés sur l’emploi de la
simulation puissent constituer
une référence dans l’élaboration
de la doctrine ou des manuels de
mise en œuvre des unités de
mêlée. Au mieux, ils peuvent
contribuer à tester certains
procédés dans un contexte
particulier, sur un terrain fique et
grâce à des modélisations
toujours approximatives…
Cette acceptation devra
permettre d’éviter de voir une
unité proposer une modification
du manuel d’emploi de sa
subdivision d’arme sur la foi
d’une action conduite au
CENTAC à une seule reprise !
Bien sûr, cette restriction ne doit
pas empêcher les échanges avec
les organismes chargés de
l’élaboration des règlements
d’emploi ou de la doctrine.
Simplement, il doit être clair
pour tous que la simulation ne
constitue qu’un éclairage particulier et non une référence
absolue.
N° 22-02/2001
FREEDOM
On BBS, the skill of the
operators in manipulating combat
units is partly responsible for the
success of the engagements; but
the operators of the enemy consoles
are members of the CEPC staff
while operators of the “players”
consoles belong to the playing unit
and are trained for the occasion;
at CENTAC, the FORAD
(which has been a full time
professionalized unit since 1998)
knows the terrain
to the
smallest details and has the
advantage of being trained to a
far higher standard than the
Force units.
Despite the effort expended
to correct this (LCL (TA)
MAREC: «JANUS and BBS:
on-going adaptation to the
requirement», Objectif doctrine,
February 2000) situation, the
“mechanical” limits of simulation systems heighten the
impotence that is sometimes felt
by the players. Thus the realism
of the modelling of certain
weapons on BBS and JANUS
appears poor (AC) and that of the
terrain only approximate. At
CENTAC, combat firing
simulators are either ageing
(DX175 for the AMX30), or
lacking (20mm gun, ACTCP,
etc), or of limited effectiveness
(STCAL), which forces the
umpires to substitute for them by
taking arbitration decisions,
which by their very nature are
disputable.
This feeling of impotence
may lead players or exercise
managers to develop responses
that are detrimental as they
OF
SPEECH
may result in false lessons
being drawn from the
exercise. Some units try to
adapt to the real or presumed
limitations of the system by
developing unrealistic courses
of action that may however be
successfull locally given the
system constraints. This results,
for example, at CENTAC, in an
attempt to imbricate the enemy to
destroy a 1st echelon unit; but
while this tactic might appear to
work, this is only because the
resources at the centre do not allow
the insertion of a 2nd echelon unit
whose swift engagement would
prevent the withdrawal of the
player unit following its
audacious action. The will of
exercise directors to reestablish
a compromise solution for the
players may also prove to be
very counterproductive. Especially if the situation has not
been given due consideration
and the training impact of the
directing staff decision not
carefully examined. Thus the use
of the “magic move” by the
CEPC often results in a
demotivation for the players
and alters the learning lessons
from the exercise.
At CENTAC, the gradual
and disorganised reactivation
of elements from the playing
unit masks deficiencies thereby preventing participants
from becoming fully aware of
their mistakes. These operating
limitations thus make simulation a two edged sword in the
training of land forces. To avoid
mistakes or, worse, a progressive
alienation from the training
Objectif Doctrine
115
centres, it is essential that strict
operating standards be established. In fact, good practice in
the use of simulation for land
forces training must start with a
clear and universally agreed
definition of the contribution
expected from this tool. This must
not be too ambitious list we go
wrong.
It must be universally
accepted from the outset that
simulation centres are effectively
dedicated to operational training
and to nothing else. In particular,
what they have to offer towards
doctrinal thinking or operational
support can only be complimentary to thestudies undertaken
by those organisations. We must
firmly reject the idea that
training centres based on the use
of simulation can provide a
reference for the development of
doctrine or of field manuals for
combat troops. At best, they may
contribute to the testing of certain
procedures within a given
context, on a specific terrain,
using models that
remain
approximate...
Such acceptance should
enable us to avoid a unit suggesting a change to the operating
procedures for its branch based
only on evidence from an action
carried out once at CENTAC !
Naturally, this restriction must
not prevent exchanges with organisations tasked with developing
field manual or doctrine. In brief,
it must be clear for all that
simulation is a specific view and
not as an absolute reference.
N° 22-02/2001
LIBRES
Même dans le strict cadre de
l’entraînement des forces, la
contribution de la simulation
demeure limitée. En particulier, la
notion de contrôle qui apparaît
souvent sous-jacente doit être
résolument bannie. En effet, d'une
part, les nombreuses imperfections et les contraintes de mise
en œuvre des systèmes de
simulation décrédibiliseraient
d’emblée tout idée de contrôle.
D’autre part, la notion de contrôle
dans le domaine tactique apparaît
par nature assez utopique.
Dès lors, la simulation doit
être considérée comme un support
performant permettant l’entraînement des forces et principalement celui des chaînes de
commandement. Toute la pédagogie
(car il s’agit bien de pédagogie) des
centres d’entraînement doit donc
tendre à permettre l’amélioration
du fonctionnement des unités
entraînées par la prise en compte
de leurs forces et faiblesses
(colonel Collot d’Escury, "La 3A :
un exploitation pédagogique de
l’entraînement au combat", Objectif Doctrine, mai 1999).
Cela ne saurait bien sûr être
totalement découplé d’une analyse
des choix tactiques qui ont été faits
par l’unité. Mais celle-ci doit
demeurer au niveau du constat et
éviter le jugement de valeur en se
basant sur la comparaison entre les
décisions prises par les différents
chefs et les normes définies par les
règlements d’emploi, au vu des
bilans établis par la simulation.
Pour que cette approche soit
cohérente, il apparaît nécessaire de
réfuter véritablement la pédagogie
de l’échec. Or, si l’Armée de terre a
choisi de tourner le dos à cette
méthode pédagogique adoptée
Outre-atlantique, il faut reconnaître que le niveau de difficulté
des exercices conduit le plus
REFLEXIONS
souvent les unités en situation
d’échec. On conviendra alors que
la différence est bien ténue entre
l’échec
recherché
par
les
américains et l’échec inévitable
dans notre système,… Alors, étant
donné que l’objectif est d’entraîner
des chaînes de commandement et
d’obtenir une amélioration de leur
mode de fonctionnement, il ne faut
pas hésiter à paramétrer l’exercice
en fonction du niveau atteint par
l’unité quitte à ne l’opposer dans la
pire configuration qu’à un ennemi
symbolique qui suffira largement à
la faire travailler en permettant de
tirer des enseignements exploitables.
Certes, on peut estimer que
cette conception traduit un net
recul par rapport aux objectifs
initialement affichés pour l’utilisation de la simulation ("support
de la phase ultime de l’entraînement opérationnel"). Mais il ne
faut pas oublier que l’un des
premiers principes péda-gogiques
est de partir du connu ; or, vues les
contraintes multiples qui pèsent
sur elles, bien peu d’unités peuvent
se targuer d’être prêtes à relever le
défi de la phase ultime. On peut
également regretter de devoir
développer de coûteux systèmes de
simulation pour seulement obtenir
une progression dans le niveau
d’entraînement. Mais ne vaut-il pas
mieux opter pour une progression
lente et certaine plutôt que pour un
fiasco assuré, impropre à toute
exploitation pédagogique et dont
les leçons ne seront de toutes
façons pas tirées ?
Pour créer les conditions
d’un usage efficace de la simulation
dans l’entraînement des forces
terrestres, il convient donc de
restreindre les ambitions initiales
en privilégiant une approche
pédagogique. Cette approche doit
évidemment être prolongée par
Objectif Doctrine
116
une pratique complémentaire qui
seule permettra de garantir la
rentabilité du concept.
Il apparaît alors capital de faire
converger toutes les énergies
pour mettre en application ce
mode d’utilisation de la simulation notamment en consentant un net effort pour armer les
centres d’entraînement avec des
personnels du meilleur niveau
possible
Au préalable, il faut avoir
conscience que la phase de
préparation de l’exercice requiert
une très grande attention et un
travail en profondeur. Il s’agit de
définir les paramètres de l’exercice
en fonction des objectifs pédagogiques retenus qui doivent
correspondre au niveau effectif de
l’unité au moment de l’exercice.
Cela suppose une collaboration poussée entre le commanditaire et le centre d’entraînement. Il faut également pendant
cette phase anticiper sur la
conduite en préparant les
différents scénarii possibles de
façon à être en mesure de
réorienter l’exercice en cours
d’action si cela s’avérait nécessaire.
En
effet,
il
convient
également de prendre en compte
l’impératif de conduire très
fermement l’exercice pour éviter
toute perversion susceptible d’en
limiter l’intérêt et le potentiel
d’exploitation pédagogique. Ainsi,
il est indispensable, sans remettre
en question le principe de la
double action, de s’assurer que
l’ennemi ne s’écarte pas de
sa mission afin qu’il demeure
cohérent avec l’ennemi qu’on
veut opposer à l’unité joueuse en
fonction des objectifs pédagogiques retenus.
N° 22-02/2001
FREEDOM
Even within the limited
framework of force training, the
contribution of simulation remains
limited. In particular, the concept of
control, which often appears
fundamental, must be firmly
excluded. In fact, on the one hand,
the numerous imperfections in
theimplementation of simulation
systems lead instantly to a loss of
credibility for any idea of control.
Secondly, the concept of control in
the tactical field appears by its
nature fairly utopian.
From now on, simulation
must be considered as an advanced
aid for force training, and especially
for those within the chains of
command. The entire range of
teaching skills (and we are indeed in
the realm of teaching) within the
simulation centres must therefore be
directed towards enabling the units
trained to operate better by taking
due account of their strengths and
weaknesses.
Of course this cannot be
completely decoupled from an
analysis of the tactical decisions
made by the unit. But these must
remain as findings only and avoid
value judgements by being based on
comparisons between decisions taken
by the various commanders and the
standards laid down in the rules of
procedure, in the light of results
produced by the simulation. For this
approach to be coherent, we must
firmly refute the use of failure as a
training tool. While the Army may
have turned its back on this
training method adopted on the
other side of the Atlantic , it must be
recognised that exercise difficulty
level most often results in units
finding themselves in a failure
OF
SPEECH
situation. We must therefore agree
that the distinction between the
failure sought by the Americans and
the failure that is inevitable in our
own system is maintained. Given
that the aim is to train the
command chain and to achieve
improvements in their mode of
operation, we must not hesitate to
score the exercise as a function of the
level attained by the unit even if
this means only playing it, in the
worst configuration, against a
symbolic enemy which will largely
suffice to make it operate while
enabling usable lessons to be drawn.
Of course, one could view this
concept as representing a significant
departure from the aims initially
assigned to the use of simulation
(“support of the final phase of
operational training”). But it must
not be forgotten that a primary aim
of instruction is to start from what
is known; however, in the light of
the many constraints that weigh on
them, very few units can pride
themselves on being ready to take up
the challenge of the final phase. One
can also lament the need to develop
costly simulation systems merely to
improve training levels. But is it
not better to opt for slow and steady
progress rather than an inevitable
fiasco, unsuited to any training
exploitation and from which no
lessons could be drawn?
To create conditions for the
effective use of simulation in the
training of land forces, we must
therefore curtail initial ambitions
by giving priority to an educational
approach. This approach must of
course be followed up by
Objectif Doctrine
117
complementary procedures, which
alone will enable the costeffectiveness of the concept to be
assured.
It is therefore vital to bring
together the efforts of all
concerned to implement this
method for the exploitation of
simulation, mainly by allocating resources to the manning
of training centres with the
most capable personnel
A prior condition is to be
aware that the exercise preparation
phase requires great attention and
in-depth effort. Exercise parameters have to be defined as a
function of the selected training
aims, which must match the
effective capability of the unit at the
time of the exercise.
This presumes close collaboration between the unit commander and the training centre.
Possible outcomes must also be
anticipated during this phase by
preparing a range of possible
scenarios so that the exercise can be
reoriented while it is running if this
appears necessary.
It is also necessary to take
account of the absolute need to
manage the exercise decisively to
avoid any digression liable to limit
its usefulness and its potential value
as a training aid. It is therefore
essential, without calling into
question the principle of double
action, to ensure that the enemy
does not depart from its mission so
that it remains the type of opponent
that one wishes to play against the
exercising unit to bring out the
chosen training lessons.
N° 22-02/2001
LIBRES
De même, il est capital de
maîtriser en permanence le
déroulement de l’exercice afin de
pouvoir le réorienter conformément
aux
travaux
qui
auront été conduits pendant la
phase de préparation. Enfin, last
but not least, il faut disposer des
moyens matériels et des personnels
nécessaires pour conduire une
exploitation pédagogique fructueuse.
Celle-ci prend généralement la
forme de ce qu’il est convenu
d’appeler une 3A (analyse après
action).
Cette 3A requiert des
personnels capables de faire la
synthèse des nombreux paramètres
de l’exercice (niveau de départ de
l’unité, objectifs pédagogiques
retenus, bilans de l’action,
dysfonctionnements dus
aux
limites des systèmes de simulation,
spécificités dues au terrain,…) en
s’appuyant sur leurs connaissances
des règlements d’emploi et sur leur
expérience personnelle pour faire
découvrir aux joueurs leurs forces
et leurs faiblesses et les orienter en
vue d’obtenir une progression.
Pour pouvoir offrir cette qualité de
service, gage de leur crédibilité et
de leur utilité, les centres
d’entraînement doivent bénéficier
d’un personnel de très haut niveau
fortement motivé. Or, l’aspect
répétitif du travail, la localisation
géographique des centres (principalement ceux du CPF) et la faible
reconnaissance dont bénéficient les
personnels qui y servent ("qu’as-tu
fait pour être muté à Mailly ?") ne
constituent pas des facteurs
particulièrement motivants…
Dès lors, pour atteindre
l’objectif visé, il faut mener une
politique des personnels ambitieuse et cohérente ce qui n’a
malheureusement pas encore été
vraiment envisagé pour l’instant :
les personnels mutés dans ces
REFLEXIONS
centres le sont trop souvent à leur
corps défendant et font parfois
partie de ceux dont aucun autre
organisme ne veut,… Cette
politique passe par le préalable
d’un véritable choix des cadres
affectés
dans
les
centres
d’entraînement ; choix effectué
parmi les bons voire les meilleurs
dans leurs spécialités respectives.
Inspirons nous du modèle
américain : à "Top Gun" on affecte
Maverick-Tom Cruise l’As des As
de la Navy et pour le motiver on
choisit Kelly Mac GILLIS comme
Off Rens !! Mais cela ne saurait
suffire. Pour garantir le maintien
d’un haut niveau de motivation
parmi ces cadres, il faut leur offrir,
d’une part, la possibilité de
participer aux actions extérieures
(en consentant le sureffectif nécessaire pour que la mission des
centres ne pâtisse pas de cet
absentéisme) et, d’autre part, la
certitude d’une affectation préférentielle à l’issue de leur séjour
dans les mornes plaines de Mailly.
Enfin, on peut également
envisager la création de filières
spécialisées ; pour les sous-officiers
dans le cadre de BSTAT adaptés et
pour les officiers dans le cadre
d’une expertise "simulation". A
partir du moment où on consacre
des moyens financiers importants
pour créer un système d’entraînement de haut niveau, il serait
incohérent d’en oublier le volet
humain car cette négligence en
affecterait largement l’efficacité.
pas maîtrisée, son utilisation peut
s’avérer
totalement
contreproductive. Elle doit donc être
centrée sur l’amélioration du
fonctionnement des chaînes de
commandement du niveau de
l’EMF à celui du sous-groupement
en bannissant toute notion de
contrôle.
Pour atteindre cet objectif
ambitieux, un effort constant doit
être consenti non seulement sur le
plan de l’amélioration du volet
matériel de l’outil mais surtout sur
celle de son volet humain. Ne nous
leurrons pas : la satisfaction
généralement affichée aujourd’hui
par la clientèle des systèmes de
simulation repose en grande partie
sur l’attrait dû à la nouveauté et sur
le fait qu’ils permettent aux unités
de s’entraîner à moindre frais en
terme de délais de préparation.
Dans la durée, ces atouts ne
suffiront pas si un réel apport pédagogique ne vient pas compléter le
simple constat, généralement très
sévère, que réalisent actuellement
ces centres❖
La rentabilité des systèmes
d’entraînement des forces basés sur
la simulation repose largement sur
la capacité à mobiliser les énergies
de ceux qui les utilisent comme de
ceux qui y servent. Dans le cadre
de l’entraînement des forces
terrestres, la simulation ne constitue pas un but en soi. Si elle n’est
Objectif Doctrine
118
N° 22-02/2001
FREEDOM
Similarly, it is vital to retain
full-time control over the exercise so
that it can be re-directed in
accordance with the work carried
out during the preparatory phase.
Finally, last but not least, the
equipment and personnel required to
extract the maximum post-exercise
training value must be available. This
usually takes the form of an analysis
after action (3A).
This 3A requires directing staff
with the ability to bring together
various exercise parameters (unit
initial capability, chosen training aims,
outcome of the action, malfunctions
due to limits of the simulation systems,
special features of the terrain etc.) and
calls on their knowledge of the rules of
engagement and their personal
experience to demonstrate to the
players their strengths and
weaknesses and to help them find
ways of progressing. Training
centres must have highly qualified
and well motivated directing staff if
they are to be able to offer this
quality of service, and demonstrate
their credibility and usefulness. But
the repetitive nature of the work, the
geographical location of the centres
(principally those of the CPF) and
the lack of recognition accorded to
those who serve there (“why have
you been posted to Mailly?”) are
hardly factors that inspire
motivation...
For the future, if we are to
reach our goal, we must operate an
ambitious and coherent personnel
policy, which up to now we have
unfortunately failed to do: those
posted to the training centres often
go against their will and are
OF
SPEECH
sometimes amongst those that are
unwanted in any other organisation.
This policy must begin with a
genuine choice of staff for posting to
the training centres; selected from
amongst the good or even the best
within their respective specialisation.
Let us take inspiration from
the American model: the Navy’s
maverick ace-of-aces Tom Cruise is
sent to “Top Gun”, and to motivate
him Kelly MacGillis is chosen as
intelligence officer! But that is not
enough. To ensure that the directing
staff remains highly motivated, they
have to be given the chance to take
part in external exercises (while
ensuring the necessary extra
personnel to cover their absence
without affecting the operation of
the centre) and, in addition, the
promise of preferential treatment in
choice of posting after their tour of
duty in the gloomy plains of Mailly.
counter-productive. It must therefore be targeted at improving the
functioning of chains of command
from EMF level to that of subgroups, eliminating all notion of
control.
If this ambitious target is to be
reached, we need an on-going effort
not only to improve the equipment
involved but above all the human
aspects. Let us not deceive ourselves:
the general admiration currently
expressed by the clients of simulation
systems arises mainly from the
attraction of the new and on the fact
that it enables units to train more
cheaply in terms of preparation
time.
In the longer term, these
advantages will no longer suffice if
no genuine training advantages can
be added to the simple report, often
highly critical, that these centres
currently issue❖
Finally, there is the option of
creating a specialist trade; for NCOs
as part of a modified BSTAT and for
officers within the framework of a
“simulation” qualification. Once one
has allocated significant financial
resources to the creation of an
advanced training system, it would
be illogical to forget the human
aspect; such negligence would
drastically influence effectiveness.
The cost-effectiveness of force
training systems based on simulation
rests mainly on the ability to mobilise
the energies of those who use them as
well as those who operate them.
Simulation is not an end in itself in
the training of land forces. If it is not
controlled, its use may become totally
Objectif Doctrine
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