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ANALYSE
2015
LA CRÉATION « HORS-NORMES »
PEUT-ELLE TRANSFORMER LES REPRÉSENTATIONS SOCIALES ET ARTISTIQUES ?
Par Annabelle Dupret
Johan Geenens, Linh Pham et Sébastien Faidherbe du Wild Classical Music Ensemble - Concert au Botanique Mai 2015
© Photographie Michel Preumont
Une publication ARC - Action et Recherche Culturelles asbl
Avec le soutien du service de
l’Éducation permanente de la
Fédération Wallonie-Bruxelles
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LA CRÉATION « HORS-NORMES »
Une publication ARC - Action et Recherche Culturelles
Annabelle Dupret nous propose de découvrir le « Wild Classical Music Ensemble ».
Ce groupe se compose ainsi de cinq artistes polyvalents et se regroupe autour de
Damien Magnette. L’expérience de ce groupe, aux qualités musicales rares, remue les
représentations sociales et culturelles associées au monde du handicap ; il contribue à
l’émancipation personnelle et musicale des personnes qui en font partie ; et de plus,
fruit que ses organisateurs n’auraient pas pu prévoir, il fait évoluer certaines conceptions de la production musicale indépendante…
Une analyse de Annabelle Dupret
UN « ENSEMBLE MUSICAL SAUVAGE », PAS SI CLASSIQUE…
L
e « Wild Classical Music Ensemble » est un projet musical pionnier lancé par l’asbl « Wit.H »
en novembre 2007. Une des clés de voûte de l’association Wit.H est de « susciter la création
par des personnes ayant une déficience intellectuelle en les invitant à être mises au défi de
créer avec des organisations et des artistes sans handicap »1. Par mise au défi, il faut entendre que la
réalisation d’une création en duo ou plus, entre une personne handicapée et un artiste professionnel, les fait, de part et d’autre, sortir de leurs habitudes, quotidiennes et personnelles sans savoir au
préalable ce qu’il en résultera. Invité à contribuer au projet de « Wit.H », Damien Magnette, artiste
sonore ayant une vaste expérience musicale, a rencontré Linh Pham, Johan Geenens, Rudy Callant
et Kim Verbeke et, plus récemment, Sébastien Faidherbe, qui sont cinq artistes ayant une déficience
mentale, pour constituer le « Wild Classical Music Ensemble ». Ces cinq artistes travaillaient dans
différentes pratiques des beaux-arts, dans des ateliers réguliers et comme chacun d’eux avait exprimé le désir de faire de la musique, ils ont été réunis autour de Damien Magnette par l’intermédiaire
de l’association pour créer ce groupe musical. Une des missions de cette association est d’être « un
lieu de travail socio-artistique qui développe des réalisations artistiques avec un public ayant une déficience intellectuelle et qui, enjeu fort, souhaitent ces réalisations »2. L’expérience de ce groupe, aux
qualités musicales rares, remue les représentations sociales et culturelles associées au monde du
handicap. Elle contribue à l’émancipation personnelle et musicale des personnes qui en font partie et,
de plus, fruit que ses organisateurs n’auraient pas pu prévoir, elle fait évoluer certaines conceptions
de la production musicale indépendante…
QUELQUES DÉTAILS SUR LE PARCOURS QUI A MENÉ À LA
CRÉATION DU GROUPE
À la sortie de ses études, Damien Magnette a travaillé à l’Atelier 210, un lieu qui offre des ateliers
de sculpture à des personnes handicapées. Ce fut une révélation pour lui. Il y a découvert un potentiel monumental, une spontanéité qu’il n’avait pas rencontrée avant, de très grandes possibilités
d’expérimentation, des facultés incroyables qui semblaient liées au handicap de ces personnes. Mais
comme il me l’explique lors de notre entretien, ce potentiel venait intimement de chacune de ces
personnes et de leur expérience vécue (une forme de savoir acquis, mais qui n’avait pas encore été
exploré sous cette forme…). De plus, elles étaient, toutes, complètement différentes. Au cours de ce
travail, il a découvert à quel point elles ont un potentiel de lâcher prise tout à fait inouï, qu’elles ont
une immense liberté, en dehors de tout code culturel, qu’elles se foutent vraiment du regard d’autrui… et qu’elles sont dans l’instant présent. Un potentiel prometteur pour une recherche musicale
évoluant dans le champ de la musique « indépendante » et de l’improvisation.
1 Extrait du texte de présentation de « Wit.H » publié sur son site (traduction par l’auteure) : http://www.vzwwith.org/
wordpress/?page_id=58
2 Idem.
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LA CRÉATION « HORS-NORMES »
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DES INFLUENCES RÉCIPROQUES
Au fil des années, le groupe a commencé à incorporer des riffs de punk provenant du guitariste Kim
Verbeke et a élargi le son dans un Punk gratuitement Noise Rock Hybride. Sébastien Faidherbe,
nouveau membre du groupe, y joue une « basse percussion » faite maison tout en y mêlant sa contribution vocale. En général, on oppose les notions de reproduction et d’influence (par exemple de
genres musicaux etc.) à l’idée d’autodidactisme, si courante quand on évoque l’art brut et outsider
(cf. infra). Pourtant, l’inspiration à partir de sources musicales diverses est inestimable pour la création et l’échange entre les musiciens qui proposent leurs influences au sein du groupe et les artistes
qui les découvrent et les expérimentent.
Cette possibilité d’influences mutuelles a été un détonateur pour l’évolution du groupe. Et les esprits
de chacun ont évolué, à chaque étape, par rapport à cela. À la naissance du groupe, Damien Magnette
ne voulait pas jouer avec les artistes déficients (pour ne pas les « influencer » ou les « diriger » et
pour les laisser complètement « libres ») et puis il s’est rendu compte que c’était justement encore
plus intéressant personnellement et artistiquement pour lui autant que pour les autres artistes du
groupe qu’il s’y mêlent et il a pris la place du batteur et d’orchestrateur du groupe3.
Bien sûr, on pourrait se demander si les artistes déficients ont intégré délibérément ces influences.
Mais justement, toute la richesse de cette question, c’est qu’elle n’est pas parfaitement tranchée.
Seule la relation de l’animateur aux autres musiciens permet de voir vers quoi il peut aller et ce qu’il
peut proposer. Ces influences diverses proviennent des aspirations de l’animateur et des allers-retours incessants entre sa recherche et celle du groupe : il tente de sentir ce qui va susciter de l’intérêt, des recherches et des découvertes chez les autres musiciens. L’expérience du « Wild » montre
que les influences mutuelles, dans des relations particulières, permet d’explorer des champs esthétiques et musicaux infinis. Dans des projets mettant en relation des artistes porteurs d’un handicap
avec d’autres qui ne le sont pas, la question de susciter les influences est une plus-value créative, et,
fort heureusement, sous-tend également des questions relationnelles. Les influences mutuelles sont
une mine d’or d’inspiration pour les uns et les autres.
Autre élément qui permet ces zones d’influences possibles et mutuelles, c’est que Damien peut aussi
rester ouvert aux ressources musicales des autres artistes, sans y faire forcément intervenir ses
choix à lui, car il développe une recherche artistique parallèlement à celle du « Wild ». Pour Damien,
ce qui importe, c’est de rester le plus ouvert possible, c’est-à-dire de cloisonner le moins possible
ce que le groupe fait. Comme il le dit, ce qui est très particulier, c’est que quand Kim veut faire une
balade, il le suit même si a priori ça ne lui plairait pas. Parce qu’il veut voir où ça va aller. Et en fait, cela
marche car, comme il est musicien et qu’il développe sa propre création, Damien est complètement
ouvert à celle de Kim, il n’a pas de réserve par rapport à ça : la création de Kim n’est pas un obstacle à la sienne propre (« Zoft », « Facteur Cheval », « Why the Eye ? » etc.). Damien poursuit : « Et
ce qui en résulte, c’est une immense diversification, on ne tombe jamais dans une recette ; on peut
passer du Punk Brut au Hip Hop ou au Kraut Rock (sans en faire un programme préalable)… »4.
BÉNÉFICES RELATIONNELS DE CES CRÉATIONS
Avec la musique du « Wild », on sent très bien combien des recherches musicales expérimentales et
indépendantes (cf. infra) sont des terrains privilégiés pour les artistes outsider, eu égard à la charge
3 Entretien avec Damien Magnette le 22 mai 2015 à Saint Josse-ten-Noode.
4 Idem
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subversive et sonore qu’ils les dégagent, mais on ne pense pas forcément à l’expérience relationnelle
et humaine qu’elles sous-tendent, et qui peut réellement s’amplifier avec ces projets. Lors de notre
entretien, Damien m’a expliqué qu’avec le groupe, « il y a un moment où il est essentiel de sentir ce
que les artistes aiment ou pas (imaginez comment cela se produit par exemple avec deux d’entre
eux qui ne s’expriment pas. Il faut donc sentir leur appréciation) »5. Cette recherche proche de l’impro libre6 est très riche dans ce contexte : « pratiquement, explique-t-il, pour la création, on crée un
riff de base et les autres s’insèrent dessus. Par exemple, avec Linh, c’est elle qui vient avec ses idées,
ses sujets sur les morceaux et moi je l’oriente en douceur. Souvent, ça fonctionne comme ceci, on
lance un morceau, tout le monde tente des choses et puis, j’organise un peu ». L’impro libre permet
un aller-retour sensible entre leur spontanéité intuitive et les moments de structuration. En plus,
explique Damien Magnette, ce sont des personnes super touchantes : « Personne ne fait semblant
», « On fait ce qu’on fait », « On est en répète exactement comme sur scène et à ce moment, on
est déjà au top, il faut même canaliser l’énergie ! ». Damien s’est muni de la batterie dans le groupe,
ça s’est fait plutôt un peu par hasard, parce qu’un jour il y avait une batterie sur place. Du coup il l’a
prise, il a mis une distorsion sur la guitare de Kim et là, ça a suscité l’enthousiasme. Le fait d’avoir du
rythme, du gros son, a directement plu à l’ensemble du groupe. Damien m’explique comment il a vu
dans le regard et la réaction de tous les musiciens que « ça le faisait ! », que ça leur plaisait plus que
de faire de l’improvisation libre pure, sans tempo ni harmonie. David Lemoine, chanteur du groupe
« Cheveu » qui développe le projet musical « Brutpop »7 a expliqué à son ami Damien Magnette
que comme chanteur, lui aussi s’était rendu compte que les personnes avec qui il travaillait (ici des
jeunes autistes) avaient un potentiel insoupçonné qui avait été peu exploré et qui se prêtait particulièrement à une recherche expérimentale. Par exemple, elles arrivaient à sortir un cri primal en
cinq secondes alors que lui, ça lui avait pris des années avant d’arriver à ça…8 Le «Wild» est axé
sur l’improvisation libre, mais les sons et les objets d’expérimentation émergent suite à des signes
d’orchestration et des annotations qui sont fixés au préalable.
UN ART « OUTSIDER » OUVERT AUX ÉCHANGES CULTURELS
Si la création musicale du « Wild » ne doit pas forcément être intégrée aux catégories historiques et
artistiques de l’art brut et de l’art outsider, il n’est pas inutile de se pencher sur leurs définitions car
ces deux mouvements ont réellement valorisé la création « hors normes ». Jean Dubuffet, fondateur
de l’Art Brut et des Collections de l’Art Brut, insistait sur « l’authenticité » de ces œuvres, sur le
5 Idem
6 Comme l’explique très bien l’article de Wikipédia, « L’improvisation est souvent associée à des notions telles que la
spontanéité, le hasard, l’inspiration », ce qui a sans doute prédisposé le musicien à choisir cette forme pour développer ses
recherches dans le contexte outsider. Cependant, continue la définition de Wikipedia, « l’improvisation n’est pas complètement libre, ni dépourvue de règles ». Et, inversement, « à moins d’être figée par enregistrement, l’improvisation musicale
est rarement pleinement déterminée ». « Il est en effet impossible d’échapper complètement aux aléas du présent dans ses
moindres détails. Il est donc impossible de reproduire une improvisation (ou une interprétation) à l’identique. À l’opposé,
l’improvisation libre (…) vise à la situation inverse en recherchant à s’affranchir au maximum de toute règle. Ces deux
situations extrêmes montrent que, plutôt que d’opposer la musique improvisée à celle qui ne l’est pas, l’improvisation musicale peut être entendue à différents degrés ». Entre improvisation et impro libre, les frontières ne sont pas complètement
tracées. L’improvisation libre, tout comme de nombreuses nouvelles formes musicales, est un terrain de prédilection dans
la création avec des personnes dites « outsider ».
Wikipedia, l’encyclopédie libre, article sur l’improvisation musicale : https://fr.wikipedia.org/wiki/Improvisation_musicale
7 « BRUTPOP est un jeu de mot entre brit pop, art brut et pop art. BRUTPOP est une évolution du projet Atelier Méditerranée, dédié à la promotion de la musique expérimentale et des arts plastiques avec un public autiste ou en situation
de handicap mental ou psychique, au développement d’un réseau entre les divers acteurs, au partage des pratiques et des
questionnements qu’elles suscitent ainsi qu’à la recherche pour la conception de nouveaux instruments adaptés » (Extrait
de la présentation de Brutpop sur son site). Site de Brutpop : http://brutpop.blogspot.be/
8 Entretien avec Damien Magnette, op cit.
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LA CRÉATION « HORS-NORMES »
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fait qu’elles soient exemptes de toute influence culturelle. Pour lui, cet art regroupe des productions réalisées par des non-professionnels de l’art, « préservés » de la culture artistique, c’est-à-dire
travaillant leur art « en dehors des normes esthétiques convenues »9. Celui-ci s’est orienté vers les
pensionnaires d’asiles psychiatriques, les autodidactes isolés, les médiums, etc. Il entendait par là un
art spontané, sans prétentions culturelles et sans démarche intellectuelle.
Petit retour sur la terminologie : l’Art Outsider a été dénommé ainsi par Roger Cardinal, qui a inclus en 1972 des créations d’artistes porteurs d’un handicap et travaillant en institution10 dans des
environnements (ateliers) ouverts aux influences culturelles et à l’apprentissage de ces artistes. Aujourd’hui la perception qu’on a de ces créations hors-normes et de leur potentiel est en plein bouleversement. Dans son article « Petites considérations sur l’art outsider et l’art différencié. Et puis
sur un art nouveau, hors catégories, hors-normes – énorme », François Liénard propose quelques
précisions historiques et esthétiques sur la création des artistes porteurs d’un handicap mental. «
L’art des handicapés mentaux, écrit-il, celui qu’on appelle parfois art différencié, pose problème aux
puristes de l’art brut (…), l’art différencié au contraire du brut n’étant pas une création « spontanée
» mais générée en atelier avec l’aide d’animateurs-professeurs-artistes. » 11.
UN « ART SINGULIER
INDÉPENDANTE
»
PROPICE
À
LA
CRÉATION
Aujourd’hui, différentes expériences ont révélé que « l’art singulier » (« art en marge », « art hors
les normes » a des affinités électives surprenantes avec la création « indépendante » (éditions indépendantes, labels indépendants etc.). Ils partagent des territoires communs propices à des créations
et des expériences réellement innovantes sur le plan artistique et humain. Dans son article « Bande
dessinée, art brut et dissidence », le critique de bande dessinée Erwin Dejasse a mis en valeur les
affinités électives de ces deux univers et même la charge subversive commune qui peut les réunir12.
Il cite par exemple les affinités de la publication collective « Hôpital brut » de l’éditeur indépendant
« Le Dernier Cri »13 avec la création dite outsider ; cet éditeur s’étant, signe révélateur, « sciemment
placé dans l’orbite du courant défini par Jean Dubuffet »14, en se donnant ce nom. Il cite également
cet autre éditeur indépendant prolifique, le dessinateur Stéphane Blanquet, qui choisit de présenter,
dans sa publication « Le Muscle Carabine », parmi d’autres dessinateurs indépendants, des œuvres
de Chris Hipkiss15, artiste tout autant porté par son autodidactisme que par un travail composé
consciemment et sciemment. On peut également citer la bande dessinée « Match de catch à Vielsalm
», qui est le fruit de la rencontre de différents auteurs proches ou venant de la plateforme éditoriale
indépendante Frémok et d’artistes outsiders de La S Grand Atelier, atelier soutenant la création
d’artistes porteurs d’un handicap mental16.
9 DUBUFFET, Jean, L’Art brut préféré aux arts culturels, 1949.
THÉVOZ, Michel, L’Art brut, Genève, Skira, 1975.
10 CARDINAL, Roger, Outsider Art, 1972.
11 LIÉNARD, François « Petites considérations sur l’art outsider et l’art différencié. Et puis sur un art nouveau, hors
catégories, hors-normes – énorme », in : « Knock outsider (vers un troisième langage). FRMK (Coll. « Knock out ! »), 2014.
12 DEJASSE, Erwin, « Bande dessinée, art brut et dissidence », in : « Neuvième art 2.0 », 2010. http://neuviemeart.citebd.
org/spip.php?article39
13 Les publications du collectif Marseillais « Le Dernier Cri » sont reprises sur leur site : http://www.lederniercri.org
14 DEJASSE, Erwin, Ibidem.
15 Les éditions de Stéphane Blanquet « United Dead Artists » ont publié l’artiste outsider Chris Hipkiss dans : « La
tranchée racine », n°4, 2012 ; « Le muscle carabine » n°1-3, 2007-2009 ; « Le tendon revolver », n°2, 2009 ; « Viande de
chevet », 2010.
16 Collectif, Match de catch à Vielsalm, (Coll. « Amphigouri »), FRMK, 2009.
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DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES, ET ARTISTIQUES EN
MOUVEMENT
Ainsi, en cours de processus, les représentations sociales et artistiques des membres du groupe du
« Wild » se sont vues modifiées et reformulées, générant beaucoup plus d’ouverture sur leur personne. Les répercussions sociales et culturelles sont immenses. Par exemple, une des conséquences
directes du processus, c’est que les membres de la famille des musiciens les perçoivent désormais
autrement, à savoir réellement comme des musiciens à part entière (entre autres parce qu’ils sont
programmés dans des salles de concerts et plus des événements autour du handicap). Inversement,
on constate que ça peut susciter également un décloisonnement complet du regard que la personne
handicapée a sur elle-même. Enfin, il y a aussi des conséquences positives sur le public quant à la
modification de son regard sur ses représentations du handicap et quant à sa reconnaissance des
artistes et de leurs performances musicales. Les effets positifs affluent de toute part. Ces changements de représentations sociales et artistiques ont été possibles dans le « Wild » car en s’orientant
professionnellement, beaucoup de questions sont survenues en cours de création (des questions
comme la gestion de l’image, les formes de contrats à mettre en œuvre, etc. qui ont ouvert de
nouvelles portes dans cette expérience). Tout le processus créatif a donné lieu à une professionnalisation et cette professionnalisation a eu, en retour, des répercussions inattendues sur les musiciens
et leur public. Par ailleurs, les artistes du « Wild » sentent un réel enjeu dans ce qu’ils font et la professionnalisation du groupe est très positive : comme tout artiste, pour eux aussi, dès qu’il y a de la
reconnaissance, ça prend de l’ampleur.Toute la dynamique d’apprentissage et de professionnalisation
est venue renforcer leur personne (leur ego), ce qui est exceptionnel et essentiel, comme ça peut
l’être pour tout artiste.
Annabelle Dupret
Collaborateur de Recherche
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