Salut, Reine, Mère de Miséricorde
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Salut, Reine, Mère de Miséricorde
LOURDES 2016 – 25 juillet – Messe d’ouverture « Salut, Reine, Mère de Miséricorde » Salve, Regina, mater misericordiae La prière du Salve Regina a été composée il y a environ mille ans, par un évêque du Puy. Et ce sont les dominicains qui ont répandu l’usage de la chanter tous les soirs après l’office des complies, avant d’aller dormir, ce qui se fait toujours dans les monastères et certaines communautés religieuses. Le Salve Regina, c’est la prière d’un enfant à sa mère. Cette prière fait écho à la prière de l’enfant qu’est la jeune Marie à son Père des cieux. Il y a en effet un lien étroit entre le Salve Regina et le Magnificat. Salve, Regina, mater misericordiae. Salut, Reine, Mère de Miséricorde ! Salve ! Salut ! Ce n’est pas le salut ordinaire, comme quand on croise quelqu’un dans la rue, mais le bonjour ou le bonsoir affectueux de l’enfant à sa mère, en lui demandant son baiser et sa bénédiction. Vierge Marie, au début de notre pèlerinage, nous te saluons ! Regina ! « Reine » Ce titre n’a rien à voir avec le pouvoir royal. C’est parce que, tant que l’enfant admire sa mère plus que quiconque, elle est pour lui la seule reine qui soit au monde. Mater misericordiae ! « Mère de miséricorde » ou mieux : « Miséricordieuse maman ». Cette qualité de Marie, elle vient de son chant lors de sa visite à sa cousine Elisabeth : « Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. » Par le magnificat Marie est devenue le chantre de la miséricorde de Dieu. Vita, dulcedo et spes nostra, salve. Vie, Douceur, et notre espérance, salut ! Vie, Douceur, et notre espérance, salut ! La vie que nous avons reçue par notre mère, la douceur maternelle qui apaise nos blessures, l’espérance qui nous est ouverte par la réponse de Marie à l’Ange Gabriel « Voici la servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta parole. » Ad te clamamus, exsules filii Evae. Vers toi nous élevons nos cris, pauvres enfants d'Ève exilés. Nous sommes tous descendants d’Adam et Eve, et nous sommes donc, au commencement, avec eux, chassés du paradis. C’est une manière symbolique de reconnaître qui nous sommes, de rappeler notre humble humanité commune, pas seulement nos prouesses et nos richesses, mais aussi nos limites et nos pauvretés, nos fragilités et nos égarements, et notre péché bien sûr ! Ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrimarum valle. Vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes Alors nous soupirons, nous gémissons et nous pleurons… A Lourdes en particulier, ce qui est formidable, c’est que nous avons le droit de soupirer, de gémir et de pleurer… Ici, tout le monde a le droit de soupirer et pleurer sans être jugé. Cela fait partie des miracles de Lourdes. Parce que le premier des miracles de Lourdes c’est Bernadette qui l’a raconté lorsqu’elle a dit de la vision qu’elle a eu dans la grotte « ça me regardait comme une personne ». Elle qui était pauvre, maladive, pas instruite et pas catéchisée, dans la grotte « ça –aquero en patois » (parce qu’elle ne sait pas qui c’est), « ça » la regarde comme une personne humaine. Eh bien c’est ça la miséricorde ! Regarder et être regardé comme une personne humaine. C’est exactement ce que Marie chante dans le Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.» Parce qu’elle a vu Dieu, le Dieu Tout-Puissant, se pencher sur elle, non pas avec mépris ou condescendance, mais avec tendresse, avec respect, avec l’amour qui nous crée et nous sauve, la Vierge Marie fait pareil avec Bernadette, ici, à Lourdes, au bord de cette rivière. Eia ergo, Advocata nostra, illos tuos misericordes oculos ad nos converte. Toi notre Avocate, tourne donc tes yeux miséricordieux vers nous. La Vierge Marie nous regarde. Alors nous pouvons la prier, nous devons même la supplier de nous faire connaître la miséricorde de Dieu. A chacune et chacun de nous, qui que nous soyons, quoi que nous ayons vécu dans le passé, quoique nous vivions aujourd’hui, quel poids insupportable que nous portions aujourd’hui dans notre corps, dans notre cœur, dans notre pensée, nous devons demander à notre miséricordieuse maman de nous partager cette miséricorde infinie du Père qui nous relève, qui nous encourage, qui nous fortifie, qui nous sauve et de nos misères et de notre péché. C’est ce que Marie chante dans le Magnificat : « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. » Et Jesum, benedictum fructum ventris tui, nobis post hoc exilium ostende. Et, Jésus, le fruit béni de tes entrailles, montre-le nous après cet exil. Beaucoup d’images de Marie la représentent avec Jésus dans les bras. On les appelle « les vierges à l’enfant ». En nous montrant Jésus, Marie se souvient de ce que l’ange Gabriel lui avait dit « tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » Et dans le Magnificat, en nous montrant Jésus, elle confirme que Dieu est fidèle à sa promesse : « Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » O clemens, o pia, o dulcis Virgo Maria ! Amen. Ô clémente, ô pieuse (tendre, bienveillante), Ô douce Vierge Marie ! Amen Ecoutons le Pape François dans sa lettre qui ouvre le jubilé de la miséricorde : « Que notre pensée se tourne vers la Mère de la Miséricorde. Que la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu. Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du Crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour. Choisie pour être la Mère du Fils de Dieu, Marie fut préparée depuis toujours par l’amour du Père pour être l’Arche de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Elle a gardé dans son cœur la divine miséricorde en parfaite harmonie avec son Fils Jésus. Son chant de louange, au seuil de la maison d’Elisabeth, fut consacré à la miséricorde qui s’étend « d’âge en âge » (Lc 1, 50). Nous étions nous aussi présents dans ces paroles prophétiques de la Vierge Marie, et ce sera pour nous un réconfort et un soutien lorsque nous franchirons la Porte Sainte pour goûter les fruits de la miséricorde divine. Près de la croix, Marie avec Jean, le disciple de l’amour, est témoin des paroles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus. Le pardon suprême offert à qui l’a crucifié nous montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne. Adressons lui l’antique et toujours nouvelle prière du Salve Regina, puisqu’elle ne se lasse jamais de poser sur nous un regard miséricordieux, et nous rend dignes de contempler le visage de la miséricorde, son Fils Jésus. » (Chanter le Salve Regina - page 6)