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Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion subventionnée par les Instituts de recherche en santé du Canada par le biais d’une Équipe en voie de formation en soins palliatifs et de fin de vie prodigués par la famille Rapport de recherche PAGE L’ÉQUIPE DE RECHERCHE CONTENU Dre Allison Williams – Chercheure principale Dre Valorie Crooks – Adjointe de recherche Dre Kelli Stadjuhar – Cochercheure Dre Robin Cohen – Cochercheure Diane Allan – Cochercheure Sommaire Introduction Les prestations pour soins de compassion – Profil Approche de l’étude Collecte et analyse des données Identification et recrutement des répondants Caractéristiques des répondants 2 4 4 5 6 6 7 A. RÉSULTATS CLÉS a) Connaissance des prestations b) Accès aux informations c) Processus de demande d) Critères spécifiques aux « membres de la famille » e) Défis associés aux pronostics exacts f) Durée des prestations 9 9 10 11 12 14 14 B. RECOMMANDATIONS SUGGÉRÉES 16 Les prochaines étapes BIBLIOGRAPHIE 16 21 ANNEXE A Contenu de l’entrevue – Échantillon A : Les candidats dont la demande a été acceptée 17 Barbara Power-Newton Santé Canada Dan Charrette, Patrick Dessureault Ressources humaines et Développement des compétences Canada ANNEXE B Contenu de l’entrevue – Échantillon B : Les non demandeurs 18 Julie Lachance Santé Canada ANNEXE C Contenu de l’entrevue – Échantillon C : Candidats dont la demande n’a pas été acceptée 19 Pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter : ANNEXE D Tableau 2 : Survol démographique par province 20 GROUPE DE TRAVAIL DE L’ÉVALUATION Sharon Baxter Association canadienne de soins palliatifs Dr Kevin Brazil Université McMaster Linda Lysne Coalition canadienne des aidantes et aidants naturels RESSOURCES D’INFORMATION Sandra MacLeod Santé Canada Allison Williams, Ph.D. Université McMaster 1280, rue Main Ouest Hamilton (Ontario) L8S 4K1 TÉLÉPHONE : (905) 525-9140, poste 24334 COURRIEL : [email protected] TABLEAUX Tableau 1 : Profil démographique des groupes de répondants Tableau 2 : Survol démographique par province 8 20 © Droits d’auteur – Automne 2005 1 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche SOMMAIRE La législation associée aux prestations pour soins de compassion (PSC) est entrée en vigueur le 4 janvier 2004, faisant suite à des changements apportés à la Loi sur l’assurance-emploi et au Code canadien du travail. L’objectif de ces prestations est de fournir un congé payé de six semaines aux travailleurs pour leur permettre de fournir des soins de avec compassion à un membre de leur famille jugé comme courant le risque de mourir. Cette législation est basée sur les recommandations contenues dans les rapports Kirby et Romanow (tous deux publiés en 2002) et celles du discours du Trône de 2002, faisant suite également à des années d’encouragement par la communauté des soins palliatifs et de la prestation des soins. Une Équipe en voie de formation (EVF) en soins palliatifs et de fin de vie prodigués par les familles, subventionnée par les Instituts de recherche en santé du Canada, a proposé d’effectuer une évaluation des PSC selon la perspective des aidants naturels. Subventionnée par les capitaux d’amorçage de cette Équipe, la première partie d’une évaluation formative en deux parties des PSC, définie comme phase I du projet pilote (Partie 1) est au cœur de ce rapport. L’évaluation pilote a été effectuée afin de tester l’approche du projet de recherche, la faisabilité du recrutement des échantillons, les instruments de recherche et tous les autres aspects de ce projet de recherche. Vu la nature pilote de cette évaluation, en plus de la petite taille de l’échantillon (n = 25), les résultats obtenus devraient être considérés d’une étendue limitée et préliminaires. Les résultats de la phase pilote ont fourni les données préliminaires nécessaires pour obtenir des subventions externes en vue d’un examen plus poussé des besoins des aidants naturels (partie 2), tout en fournissant des connaissances aux décideurs gouvernementaux en matière de politique, plus spécifiquement en ce qui a trait aux aidants naturels et spécialement aux aidants naturels fournissant des services à long terme. Axée sur une approche d’évaluation centrée sur l’utilisation, facilitée par un groupe de travail d’évaluation, l’évaluation pilote des PSC a été entreprise à l’automne 2004 et s’est déroulée jusqu’en automne 2005. Les perceptions des répondants concernant les prestations ont été captées par le biais d’entrevues au téléphone (n = 25). Trois catégories de répondants ont été échantillonnées dans le pays : non-candidats (n = 16), candidats ayant obtenu le succès (n = 4) et personnes qui ont posé leur candidature mais se sont vu opposer un refus (n = 5). Les demandeurs ayant obtenu le succès n’étaient pas des aidants naturels fournissant des services à long terme et avaient recours aux prestations pour fournir directement et indirectement des soins concrets et des soins émotionnels à des personnes spécifiquement en fin de vie. Ceci suggère que les prestations ne répondent pas aux besoins des aidants naturels fournissant des services à long terme, mais plutôt permettent aux membres des familles de fournir des soins urgents prodigués avec compassion en fin de vie. Comme déterminé par le biais d’une analyse thématique, un certain nombre de résultats clés ont émergé. Ils ont été traduits en recommandations. Les recommandations préliminaires suggérées émergeant des résultats clés sont les suivantes : 1. Lancer une campagne de marketing sur les PSC ciblant le grand public et les professionnels de la santé, qui pourraient fournir des informations aux familles. 2. Simplifier le processus de demande. 2 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche 3. Étendre la définition d’aidant naturel pour être plus inclusive et ne pas se limiter à la famille. 4. Vu les défis entourant les pronostics exacts, repenser l’exigence que la personne soignée soit à six mois de la mort. 5. Étendre la durée de la période des prestations pour mieux répondre aux besoins des récipiendaires et des personnes gravement malades. 3 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche Introduction De plus en plus de recherches viennent confirmer que ce sont les familles qui assument la majorité des coûts et des responsabilités associés à la prestation des soins, le système de santé étant de plus en plus rationalisé i. Les responsabilités associées à la prestation des soins dépassent souvent les possibilités des aidants naturels, ce qui aboutit à un bien-être émotionnel, mental, social, financier et physique compromis ii iii iv v. Bien que de nombreux aidants naturels désirent fournir des soins à leurs proches en fin de vie, l’interférence représentée par le travail peut aboutir à un stress important et à un fardeau pour les aidants naturels. Beaucoup d’entre eux se retrouvent souvent sans congé payé ou sécurité d’emploi quand ils retournent au travail vi. Dans son rapport de 1999, Caring about Caregiving, le Conference Board du Canada (1999) signale que 48 % des aidants naturels trouvent qu’il est difficile d’équilibrer la prestation des soins et les responsabilités de travail, et que 42 p. 100 d’entre eux éprouvent un stress important en tentant de le faire vii. Une Équipe en voie de formation (EVF) en soins palliatifs et de fin de vie prodigués par la famille, financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, a proposé d’effectuer une évaluation des prestations de compassion selon la perspective de l’aidant naturel. Financée par les capitaux d’amorçage de cette Équipe en voie de formation, la première évaluation formative d’une évaluation en deux parties des prestations pour soins de compassion (PSC), définie comme la phase de projet pilote (partie 1), est au centre de ce rapport. L’objectif de l’évaluation pilote était de tester l’approche de recherche, la faisabilité du recrutement des échantillons, les instruments de recherche et tous les autres aspects du projet de recherche, dans le but de préparer une évaluation plus vaste des PSC (partie 2). Vu la nature pilote de cette évaluation, ainsi que la petite taille de l’échantillon (n = 25), les résultats devraient être considérés comme étant d’étendue limitée et préliminaires. Les prestations pour soins de compassion – Profil La législation sur les PSC est entrée en vigueur le 4 janvier 2004, à la suite de changements apportés à la Loi sur l’assurance-emploi et au Code canadien du travail. Son introduction a été basée sur les recommandations des rapports Kirby et Romanow (tous deux publiés en 2002) et du discours du Trône de 2002, faisant suite également aux années d’encouragement reçues de la part de la communauté des soins palliatifs et de la prestation des soins. Les PSC ont été administrés par le biais du programme fédéral d’assurance-emploi à titre d’avantage spécial, reconnaissant que soigner une personne gravement malade a des implications tant sur le plan économique que sur celui de la sécurité de l’emploi. Les personnes dont la demande a été acceptée peuvent recevoir jusqu’à 55 p. 100 de leur revenu moyen assuré sur une période de six semaines, pour leur permettre de soigner un membre de la famille jugé comme risquant de mourir dans les six mois (26 semaines). La définition de membre de la famille au moment de la collecte des données pour cette évaluation pilote incluait les personnes soignant un ou plusieurs membres de la famille comme suit1 : 1 Source : http://www.hrsdc.gc.ca/asp/gateway.asp?hr=en/ei/types/compassionate_care.shtml&hs=tyt#family, http://www.hrsdc.gc.ca/asp/gateway.asp?hr=en/ei/types/compassionate_care.shtml&hs=tyt#family 4 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche • enfant ou enfant du conjoint ou conjoint de fait (une personne qui a vécu dans une relation conjugale avec la personne concernée pendant au moins un an); • la femme ou le mari ou le conjoint de fait; • la mère ou le père; • l’épouse du père ou le mari de la mère; ou • le conjoint de fait du père ou de la mère. Les six semaines de soutien au revenu peuvent être prises ensemble, prises en plusieurs périodes d’une semaine étalées sur six mois et (ou) partagées entre deux membres de la famille ou plus. Les personnes faisant une demande doivent avoir au minimum 600 heures d’emploi assurables sur une période de 52 semaines pour être admissibles à ces prestations2 en plus de répondre à la définition de membre de la famille pour les besoins des prestations et avoir accès à un certificat médical du médecin du membre de la famille gravement malade ou mourant, indiquant que le décès est effectivement imminent (c.-à-d. devant survenir au cours de la période de six mois). Les personnes dont la demande sera retenue doivent d’abord attendre une période d’attente de deux semaines non rémunérées avant de commencer à recevoir les prestations (si les PSC sont partagés, seul le premier récipiendaire est sujet à la période d’attente non rémunérée). La personne dont la demande sera acceptée doit déterminer elle-même quand demander à ce que les versements débutent. Le premier versement est effectué dans les 28 jours du début des prestations. Malgré la modification apportée au Code canadien du travail et l’adoption de la législation sur les PSC, chaque province et territoire doit choisir individuellement de reconnaître ou non les prestations (en introduisant une législation de protection de l’emploi). En date du printemps 2005, l’Alberta, la Colombie-Britannique, Terre-Neuve et Labrador et les Territoires du Nord-Ouest n’avaient pas modifié leur code du travail. Ceci n’empêche pas les résidents de ces provinces de faire une demande qui sera acceptée. Approche de l’étude Ce projet d’évaluation a adopté l’approche à l’évaluation de Patton (1996) complète et axée sur l’utilisation viii. L’objectif de ce type d’évaluation est de favoriser l’amélioration du programme, les résultats de la recherche étant utilisés pour atteindre cet objectif. Cette approche nécessite, tout au long de l’évaluation, l’identification et l’organisation des preneurs de décisions pertinents et des utilisateurs de l’information, qui deviennent membres d’un groupe de travail de l’évaluation (GTÉ), en collaboration avec l’équipe du projet (qui comporte des universitaires de l’Université McMaster, de l’Université de Victoria et de l’Université McGill). Comme les preneurs de décisions et les utilisateurs des informations sont ceux qui appliquent le plus souvent les données dans le cadre de leurs décisions, leur participation active à la conception, à l’interprétation et à la divulgation des données est d’une importance cruciale pour l’impact sur les politiques 2 Le seul groupe d’employés n’ayant pas besoin de répondre aux critères d’emploi est celui des pêcheurs indépendants qui doivent gagner 3 760 $ en revenus provenant de la pêche avant d’être admissibles au PSC. 5 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche et les programmes. Le GTÉ comporte un certain nombre de personnes représentant différentes organisations, un grand nombre d’entre elles ayant joué le rôle de ressource en matière d’information. Il s’agit des organismes suivants : • • • • • • • Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) Secrétariat des soins palliatifs et des soins de fin de vie, Santé Canada Soins à domicile et Soins continus, Santé Canada Équipe des politiques sur les familles et les aidants naturels, Développement social Canada Coalition canadienne des aidantes et aidants naturels Association canadienne de soins palliatifs Personnes clés ayant participé au début du travail sur les PSC Les communications avec les membres du GTÉ ont commencé à l’automne 2004 et ont continué depuis. Ces communications ont eu lieu par le biais de téléconférences, entre lesquelles la participation régulière par le biais d’envois de courriels a été maintenue. En plus d’aider à formuler les questions d’évaluation pertinentes pour les entrevues semi-structurées, les membres ont offert des suggestions spécifiques à la stratégie d’échantillonnage et à la stratégie de recrutement. Le GTÉ continue de travailler à déterminer les processus spécifiques à l’intervention et à l’impact sur les politiques. Collecte et analyse des données On a effectué des entrevues au téléphone semi-structurées enregistrées sur cassettes audio d’une durée moyenne de 30 minutes, avec trois groupes de répondants : les personnes n’ayant pas fait de demande (n = 16), les personnes dont la demande a été acceptée (n = 4) et celles qui se sont vu refuser les prestations (n = 5). Les données ont été collectées sur une période de trois mois pendant l’été 2005. Les questions posées incluaient des questions spécifiques à l’administration des prestations (c.-à-d. le processus de demande), aux interactions entre les employés et les employeurs concernant la négociation des congés et les expériences des répondants à titre d’aidants naturels. Les guides de questions se trouvent aux annexes A, B et C. Toutes les entrevues ont été transcrites mot à mot. Chacun des trois groupes de répondants a été analysé séparément à l’aide d’une analyse thématique. Des comparaisons ont ensuite été tirées entre les trois groupes de répondants. Identification et recrutement des répondants Comme décrit ci-dessous, une stratégie de recrutement multifactorielle a été utilisée pour que les répondants intéressés puissent composer un numéro de téléphone sans frais, un message téléphonique bilingue sur répondeur demandant au répondant de laisser ses informations pour le contact. L’intervieweur a ensuite rappelé pour confirmer l’heure de l’entrevue convenant au répondant. L’entrevue a commencé par l’obtention du consentement éclairé. La stratégie initiale de recrutement a consisté à charger les membres du GTÉ de diffuser les versions anglaise et française de l’annonce du projet aux membres de leurs 6 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche réseaux respectifs, par le biais de courriels et de bulletins de nouvelles. Une annonce pour le projet a également été placée dans The Family Caregiver Newsmagazine et au site Web de Family Caregiving in Palliative & End-of-Life Care NET3. Ensuite, des organismes et des groupes de soutien de tout le Canada ont été identifiés par le biais de recherches stratégiques sur Internet et on leur a envoyé par courriel des annonces concernant le projet. Plus spécifiquement, on a recherché et contacté des organismes et des groupes reliés aux soins palliatifs, au deuil, aux soins en centre de soins palliatifs et à la gestion du personnel. Vu les réponses minimes obtenues à la suite des stratégies ci-dessus, une annonce a été placée dans la section des annonces classées du Toronto Star et du Toronto Sun pendant une période de deux semaines. Pendant cette période tout entière, on a aussi demandé aux répondants de partager les informations sur le projet avec d’autres personnes de leur connaissance pouvant être intéressées à participer à ce projet. Chacune de ces stratégies a été entreprise simultanément avec les autres, afin de mieux identifier les répondants possibles de manière rapide, efficace et efficiente. Enfin, des lettres d’information, avec une annonce concernant le projet, ont été envoyées à tous les députés fédéraux et provinciaux du pays. Cette dernière stratégie de recrutement nous a permis de répondre à nos exigences minimales en matière de participants, exigences modestes vu la nature pilote de l’évaluation. Caractéristiques des répondants Les répondants résidaient au Canada, la plupart en Ontario. Nous avons eu accès à des répondants de toute une variété d’origines. En ce qui concerne le sexe, 20 répondants étaient des femmes et cinq étaient des hommes. Le lien de famille du répondant avec la personne gravement malade a varié, sept étant des frères ou sœurs, 16 étant des enfants, un étant un petit-enfant et un étant un conjoint. L’âge moyen des répondants était de 46 ans (médiane 51 ans) et de 71 ans (médiane 79 ans) pour les récipiendaires de soins. Cela signifie que la durée totale de la période de prestation des soins était de 5,6 ans (médiane 4 ans). Un profil démographique des répondants et des récipiendaires de soins est fourni au tableau 1. Les données présentées au tableau 1 sont aussi présentées par province à l’annexe D. 3 http://www.coag.uvic.ca/eolcare 7 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche Tableau 1 : Profil démographique des groupes de répondants # répondants Ventilation par sexe Répondants féminins Répondants masculins Récipiendaires de soins féminins Récipiendaires de soins masculins Lien familial avec le répondant Frère/Sœur Conjoint Enfant d’un parent Petit-enfant d’un grand-parent Durée de la période de prestation des soins Moins de 2 mois Moins de 3 mois Moins de 6 mois Moins de 9 mois 1-2 ans 3-5 ans 5 ans + 10 ans + 20 ans + Diagnostic du récipiendaire des soins Cancer Maladie d’Alzheimer Maladie de Parkinson AVC Autre * N.B. : Demandes réussies 4 Demandes refusées 5 Nondemandes 16 Total 3 1 11 7 3 2 4 1 14 2 2 2 20 5 17* 10* 0 0 4 0 4 0 1 0 3 1 11 1 7 1 16 1 2 0 0 1 1 0 0 0 0 0 1 0 0 2 2 0 0 0 1 1 1 0 1 2 4 5 1 3 2 1 1 4 4 4 5 1 4 0 0 0 0 4 1 0 0 0 4 7 2 2 3 12* 8* 2* 2* 3* 25 Deux répondants ont signalé qu’ils fournissaient des soins aux deux parents, c’est pourquoi le nombre total des récipiendaires ci-dessus n’est pas égal à 25. 8 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche A. RÉSULTATS CLÉS Les résultats clés découlant de cette enquête fournissent un tableau seulement des expériences des personnes concernées par les PSC, vu la taille réduite de l’échantillon, particulièrement de celles qui ont vu leur demande acceptée (n = 4) et celles dont la demande a été refusée (n = 5). les personnes dont la demande a été acceptée n’étaient pas des aidants naturels à long terme mais ont utilisé les prestations pour fournir indirectement ou directement des soins concrets et émotionnels spécifiques à la période de fin de vie. Ceci suggère que les prestations ne répondent pas aux besoins des aidants naturels à long terme mais permettent plutôt aux membres de la famille de fournir des soins de fin de vie urgents prodigués avec compassion. Le groupe des non-demandeurs a été conçu pour comporter des personnes qui n’étaient pas candidates aux PSC (qui ne répondaient pas aux exigences d’admissibilité). Nous n’avons pas été en mesure de recruter des personnes répondant à ce critère. Par conséquent, ce groupe de nondemandeurs comportait des répondants qui n’avaient pas répondu aux conditions prérequises pour la demande de PSC, comme par exemple ceux qui ne répondaient pas au critère de membre de la famille ou ne répondaient pas aux qualifications minimales concernant l’emploi assurable (retraité, travailleurs indépendants, chômeurs). Les répondants ont généralement considéré les PSC comme un pas dans la bonne direction pour mieux soutenir les familles. Quand on leur a demandé comment le gouvernement pourrait aider à mieux soutenir les aidants naturels, un non-demandeur a répondu en déclarant : « J’espère que les PSC seront mis en vigueur et qu’ils le resteront. » Un grand nombre des autres répondants interviewés ont exprimé leur soutien au programme. Un autre non-demandeur a répondu à cette question en exprimant ses pensées après avoir appris l’existence des PSC : « J’ai pensé ‘Bon, c’est une bonne idée, mais ça ne fonctionnera pas pour moi’. » Ces commentaires illustrent le fait que même les personnes qui n’avaient fait de demande de prestation ou celles qui n’y étaient pas admissibles l’ont considéré comme une initiative positive. Malgré cela, les répondants ont été en mesure d’identifier plusieurs défis. Dans le profil des résultats suivants, nous mettons l’accent spécifiquement sur la compréhension par les répondants des prestations, du processus de demande et des améliorations suggérées lors des entrevues. a) Connaissance des prestations En général, les répondants étaient au courant de l’existence des PSC, mais ne connaissaient pas précisément les détails de ces prestations, plus spécifiquement en ce qui concerne le processus de demande. Le niveau de connaissance des répondants concernant les PSC avant l’entrevue était varié. Il n’a pas été surprenant que les personnes ayant la connaissance la plus limitée des prestations se trouvaient dans le groupe des nondemandeurs. Ce sont elles qui ont eu le plus tendance à poser des questions concernant la logistique des prestations, pendant l’entrevue, et ont déclaré avoir une compréhension incomplète des PSC en général. Sur les 25 personnes interviewées, au total, 20 étaient au courant des prestations avant de participer à cette évaluation pilote. Ces répondants ont tout d’abord appris l’existence des PSC d’une variété de sources : deux se sont renseignés auprès de groupes communautaires ou groupes de soutien, sept dans les journaux, un auprès d’un travailleur social, deux à la radio, trois à la télévision, quatre au travail (ces personnes occupant des postes nécessitant une certaine familiarité avec les prestations). 9 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche Le reste s’est renseigné auprès d’un professionnel de la santé. Plusieurs répondants ont offert le commentaire que les prestations ont été peu annoncées, ce qui a mené certaines personnes à spéculer que cela pourrait aboutir à une mauvaise information. Par exemple, un demandeur dont le dossier a été accepté a déclaré : Les annonces, je pense qu’il faudrait qu’il y en ait davantage. Je pense qu’il y a eu beaucoup d’intérêt, quand les PSC ont été annoncés au départ, mais je n’ai pas vu d’annonce depuis. Et, en fait, j’ai entendu dire que certaines avaient été annulées... Quelqu’un m’a mentionné ceci; peut-être que c’est juste une rumeur de bouche à oreille. Ce répondant a alors suggéré qu’un meilleur marketing ou qu’une meilleure publicité pour les PSC serait une manière d’améliorer les prestations et que ceci permettrait d’atteindre davantage de candidats possibles ou ceux qui pourraient avoir besoin de fournir des soins à l’avenir. Malgré la recommandation d’un nombre plus élevé d’annonces, on a découvert qu’une grande majorité des répondants étaient au courant de l’existence des prestations avant de participer à l’étude. Certaines personnes n’avaient cependant pas entendu parler des prestations avant de participer à cette étude. b) Accès aux informations Être au courant de l’existence des PSC et avoir une compréhension fondamentale de la manière dont ces prestations sont administrées, voilà deux questions séparées. Les répondants qui avaient fait une demande de prestation, réussie ou non, ont cité à plusieurs reprises des difficultés en matière d’accès à des informations fiables et exactes, d’une variété de sources, y compris l’Internet et les bureaux gouvernementaux. Un récipiendaire des PSC qui avait fait une demande de prestations pour fournir des soins à un parent, a raconté les difficultés rencontrées pour avoir accès à des informations exactes concernant le processus de demande : J’ai compris que je devrais quitter mon emploi et, après avoir quitté mon emploi, passer une période d’attente de deux semaines, puis faire ma demande, et c’est donc ce que j’ai fait... Il n’était pas clair que je pouvais faire ma demande avant de prendre mon congé. Et c’était vraiment bizarre, parce que je travaille au sein de ce système, qui aurait donc dû être clair pour moi, mais il ne l’était pas vraiment. Quand un autre demandeur dont la demande a été acceptée a fourni des soins à un parent et qu’on lui a posé des questions sur son expérience de recevoir un soutien au revenu dans le cadre des PSC, il a déclaré : Ils ont dit qu’une fois terminée la période d’attente de deux semaines, on entre dans le système et, alors, on peut se faire payer en moins de 28 jours. Comme si on recevait son premier versement dans les 28 jours, eh bien... mais personne ne savait vraiment quand la prestation serait versée. 10 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche D’autres personnes dont la demande a été acceptée ont également parlé de difficulté à comprendre quand les versements commenceraient ou se termineraient, précisant que les informations sur les prestations disponibles aux demandeurs ne fournissent pas ces détails. Comme l’a signalé une autre personne dont la demande a été acceptée, parler au personnel gouvernemental ne fournit pas toujours non plus des informations exactes: Ces personnes ne connaissaient pas non plus les réponses. Cela a certainement rendu la situation bien plus difficile pour nous. Une autre personne dont la demande n’a pas été acceptée a déclaré trouver le personnel gouvernemental peu organisé quand elle leur a parlé en personne du processus de demande et de son admissibilité aux prestations. Avoir accès à des informations fiables, exactes et à jour ainsi qu’à un personnel gouvernemental bien renseigné étaient des aspects importants de la compréhension des PSC. c) Processus de demande Au total, neuf répondants ont fait une demande de PSC. Leurs commentaires ont révélé que ce processus était difficile à négocier pour de nombreuses raisons. Une de ces raisons était que la communication avec le personnel gouvernemental représentait un défi pour beaucoup de personnes. Une personne dont la demande a été acceptée a raconté ce qui suit : Eh bien, ça s’est passé comme ça... J’ai reçu trois lettres en quatre jours me disant trois choses différentes, si bien que la confusion a été grande. D’autres répondants ont partagé des expériences semblables. Une autre personne dont la demande a été acceptée a décrit le processus de demande comme étant très compliqué et a dit qu’il était important d’avoir accès à l’aide du personnel gouvernemental. Ce besoin d’aide pendant le processus de demande a été également mentionné par d’autres personnes : Eh bien, le formulaire de demande en ligne a pris une heure à remplir au bureau de l’assurance-emploi... heureusement qu’il y avait cette dame à côté de moi qui m’indiquait pratiquement chaque étape à suivre et m’a aidée, car le formulaire n’était pas très convivial. J’ai eu beaucoup de chance, je suis entrée au bureau de l’assurance-emploi et on m’a dit « Eh bien, vous pouvez faire votre demande en ligne sur l’ordinateur » et j’ai dit « Non, je préférerais parler à quelqu’un ». Et je pense que c’est ça la solution, car on est déjà très stressé sur le plan émotionnel. Je ne suis pas très bonne avec les ordinateurs et on m’a beaucoup aidée. Ces commentaires suggèrent que de nombreux répondants ont eu besoin d’aide pour remplir les formulaires de demande. Dans ce contexte, les formulaires en ligne ont été jugés comme étant difficiles à utiliser et plusieurs répondants ont manifesté leur préférence pour une aide individuelle. Malgré avoir reçu une telle aide de la part du 11 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche personnel gouvernemental, une personne dont la demande n’a pas été acceptée a signalé des problèmes de papier. Un élément difficile du processus de demande mentionné par plusieurs répondants a été que le processus en soi a dû être entrepris pendant une période où le temps, l’énergie et les autres ressources étaient particulièrement taxés. Une personne dont la demande n’a pas été acceptée et qui fournissait des soins à sa sœur a déclaré ceci : J’avais déjà beaucoup de problèmes à ce moment-là et, pour être honnête, recevoir une assurance-emploi ou non, ce n’était pas vraiment ma priorité à ce moment-là. Mais j’ai fait ma demande et, ensuite, je me suis renseignée. Je l’ai fait et puis j’ai pensé « Non, je ne peux pas faire face à ceci... C’est vraiment bête, c'est absurde, mais je ne peux pas m’attaquer à ceci en ce moment ». Alors, je ne l’ai pas fait pendant un certain temps. Mais, à ma grande surprise, ma sœur a commencé à s’améliorer quelques semaines plus tard et elle n'est pas morte! Alors, vous savez, au fur et à mesure que les semaines ont passé, j’ai pensé que je devrais me renseigner un peu plus à ce sujet, et c’est à ce moment-là que je l’ai fait. Une autre difficulté associée au processus de demande, c’est le temps que cela prend pour collecter la documentation de soutien (comme le certificat médical). Les répondants ont signalé avoir dû s’absenter du travail pendant cette période déjà très occupée afin de collecter les papiers nécessaires, ce qui a amené une personne dont la demande n’a pas été acceptée à décrire le processus comme exigeant beaucoup de temps. Dans la plupart des cas, les répondants ont été les premiers à faire une demande de prestations au travail. La plupart des répondants ont noté qu’ils étaient dans bien placés pour renseigner leurs employeurs concernant les PSC et ont jugé que les employeurs soutenaient efficacement leur demande. d) Critères spécifiques aux « membres de la famille » La suggestion d’amélioration la plus couramment mentionnée, ce fut d’élargir les critères d’admissibilité aux prestations pour que les parents proches qui ne sont pas actuellement admissibles, y compris les frères et sœurs et les petits-enfants, puissent bénéficier des PSC. Une personne dont la demande n’a pas été acceptée, qui fournissait des soins à son frère, a eu ceci à dire concernant ce critère particulier d’admissibilité : Du point de vue des politiques, je pense honnêtement que le gouvernement est conscient des lacunes potentielles de cette législation, la plus évidente étant la définition de la « famille ». Un non-demandeur qui soignait son frère au moment de l’entrevue a raconté sa déception en apprenant qu’il ne serait pas admissible : ... mon frère reste ambulatoire, il se porte encore assez bien. J’aurais aimé savoir que je pourrais faire une demande quand il n’irait plus bien. Mais je sais que je ne peux pas. 12 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche Une inquiétude commune c’est que les personnes n’ayant pas un membre de la famille répondant aux critères d’admissibilité seraient exclues des prestations. Une personne dont la demande n’a pas été acceptée et qui a dû sortir de la province pour fournir des soins à sa sœur a déclaré : ... la description de qui est et qui n’est pas un membre de la famille n’est pas assez détaillée. Comme je l’ai dit, j’ai vu ces quatre catégories [des membres de la famille admissibles, sur le formulaire de demande], j’ai coché ‘Autre’... Une fois que j’ai reçu la lettre de refus me disant que je n’étais pas admissible, j’ai commencé à y réfléchir davantage. Si c’était moi qui étais malade et si j’avais besoin de soins à domicile, ce serait une question totalement différente : je ne suis pas mariée, je n’ai pas de parents et je n’ai pas d’enfants. C’est cela qui m’a vraiment énervée : cette législation est discriminatoire. Il y a des tas de Canadiens qui ne vont pas pouvoir faire demande ou y être admissibles. En plus de devoir soigner ma sœur en des moments difficiles, on me dit que, selon le gouvernement, nous ne sommes pas des membres de la famille. Cette amélioration suggérée a été proposée par sept des répondants, y compris quatre des cinq personnes dont la demande a été refusée. Chacune de ces quatre personnes s’est vu refuser les PSC parce qu’elles ne répondaient pas à la définition de la famille telle que formulée dans le cadre des PSC. Ces répondants ont fait appel de la décision, trois d’entre eux se s’étant adressés aux tribunaux pour faire appel de la législation au moment de l’entrevue. Une recommandation qui correspond à l’amélioration suggérée ci-dessus et a été mentionnée par quatre répondants, c’est de laisser la parole à la personne gravement malade. Ces répondants étaient particulièrement inquiets du fait que la personne mourante n’avait rien à dire concernant le choix de l’aidant naturel qui recevrait les PSC. Deux personnes dont la demande a été refusée ont déclaré : Eh bien, je pense que la personne mourante, la personne dans le besoin, devrait être la personne qui décide qui va la soigner. Je ne pense pas que cela doit nécessairement être une personne de sa famille. Mourir avec dignité, mourir avec grâce. Et, ce qui est encore plus important ou aussi important, c’est, je pense, que les gens devraient avoir le droit de choisir qui va les soigner. Un demandeur a précisé pendant l’entrevue que, bien que la législation desserve la personne mourante, cette personne ne participe pas au processus de prise de décisions concernant la désignation d’un aidant naturel. Ce répondant, avec trois autres, pense que la manière dont les prestations sont actuellement administrées ne prend pas en considération les besoins ou les désirs de la personne gravement malade, ce qui est à son détriment. Ainsi, pour fournir des soins prodigués avec compassion à cette personne, il faudrait faire participer le malade à la prise de décisions concernant le choix de l’aidant naturel (si cette personne est capable de le faire). 13 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche e) Défis associés aux pronostics exacts Une autre amélioration suggérée par sept répondants a été de réviser l’exigence que le malade soit à six mois de la mort, comme déterminé par un médecin. Ceci a été identifié comme étant problématique par plusieurs répondants vu les défis entourant les pronostics exacts. Les non-demandeurs fournissant des soins à des personnes atteintes de problèmes chroniques, comme la maladie d’Alzheimer et l’insuffisance cardiaque congestive, ont été particulièrement troublés par cette exigence : J’aurais pu rentrer à la maison après le travail et la trouver morte. Mais, vous savez, aller chez le médecin pour obtenir un certificat médical ou un papier disant qu’elle va mourir, je crois, dans les 26 semaines, ce n’est pas quelque chose que je veux faire maintenant. Alors, vous savez, je ne vois vraiment pas à quoi ça va servir, à moins d’avoir une maladie très spécifique et très réelle (aiguë/à court terme) et, alors, je pense que, dans cette situation, la personne a des choses plus importantes à faire que d’aller voir un médecin et obtenir un certificat disant qu’elle fait une demande d’assurance-emploi. Parce que, comment est-ce qu’on va savoir? Je veux dire, elle pourrait avoir une crise cardiaque demain et partir comme ça. Mais, comme je l’ai dit, elle pourrait vivre trois ou quatre années de plus. Mais comme le mentionnent les médecins, elle en est à la dernière étape, elle a des problèmes neurologiques de vision et autres. Comment est-ce qu’on sait quand une personne en est à six mois de la mort? C’est là ma question. L’autre dimension pour décider quand commencer à recevoir les PSC pendant la période de six mois a également été envisagée comme étant problématique. Les répondants ont indiqué qu’il n’y avait pas assez de soutien ou de conseils disponibles aux personnes qui font une demande pour qu’elles puissent prendre une décision éclairée. Par conséquent, les personnes dont la demande est acceptée pourraient ne pas recevoir les PSC pendant la période entière des six semaines si elles décident de commencer le congé trop tard. Une personne dont la demande a été acceptée a décrit cette situation comme étant le seul petit problème associé aux prestations. f) Durée des prestations Étendre la durée de la période couverte par les prestations a été une amélioration suggérée par six répondants. Ces répondants, un groupe de personnes dont la demande a été acceptée et d’autres dont la demande n’a pas été acceptée, ainsi que des nondemandeurs, ont pensé que la durée actuelle de la période de soutien au revenu est inadéquate et n’envisage pas les différentes circonstances dans lesquelles se produit la prestation des soins. Un non-demandeur a déclaré que certaines personnes nécessitent des soins palliatifs pendant des mois. Donc, une période de versement des prestations de six semaines dans le cadre d’un congé du travail de huit semaines, ce qui inclut la période d’attente de deux semaines, pourrait ne pas du tout répondre aux besoins du récipiendaire des soins. Une personne dont la demande a été acceptée, qui vit en Ontario et qui a 14 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche partagé les prestations avec sa sœur pour soigner un parent vivant hors du pays a déclaré ce qui suit concernant leur situation : Nous étions très inquiètes de ce qui allait se passer quand les six semaines seraient terminées. Je pense que j’aurais pu me permettre de perdre quelques semaines de revenu. J’aurais pu mieux supporter ceci que ma sœur, par exemple. Ceci l’aurait vraiment empêchée d’être en mesure de continuer à assurer l’alternance des services et, dans ce cas, ceci m’aurait forcée à me charger d’une partie plus importante des soins. Six semaines ce n'est pas très long. On pourrait dire : mais c’est étalé sur une période de six mois! Mais l’aspect positif, c’est qu’on peut prendre le congé en morceaux : alors, si on a besoin de deux semaines au début et qu’on n’a plus besoin de temps juste après, comme je comprends la situation, il n’est pas nécessaire de prendre les six semaines de manière consécutive. Alors, c’est quelque chose de positif, mais ce n’est pas très longtemps quand on s’occupe de quelqu’un qui va mourir. Je veux dire que cela aurait pu nous mettre dans la position de nous réjouir que la mort survienne rapidement, ce qui est une pensée épouvantable. Bien que cette personne ait apprécié certains éléments de souplesse inhérents aux prestations, son expérience est révélatrice de la question qui se pose, à savoir si six semaines est une période adéquate, particulièrement pour quelqu’un qui doit voyager assez loin pour fournir des soins. D’autres personnes ont fait écho à son commentaire, y compris une autre personne dont la demande a été acceptée qui a déclaré : « Six semaines, c’est une plaisanterie; il faudrait que cela dure au moins douze semaines ». 15 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche B. RECOMMANDATIONS SUGGÉRÉES Les répondants ont reconnu qu’il existait un certain nombre de défis à relever au sein des PSC, ce qui va dans le sens des recommandations suggérées suivantes. Vu les limites de cette évaluation pilote, comme mentionné plus tôt, ces recommandations suggérées sont d’une étendue limitée et de nature préliminaire. 1. Mettre en vigueur une campagne de marketing concernant les PSC ciblant le grand public et les professionnels de la santé, qui pourraient fournir des informations aux familles. 2. Simplifier le processus de demande. 3. Étendre la définition de membre de la famille pour qu’elle soit plus inclusive. 4. Vu les défis que représente un pronostic exact, réviser l’exigence que le récipiendaire des soins en soit à six mois de la mort. 5. Étendre la durée des prestations pour mieux répondre aux besoins des récipiendaires et des personnes gravement malades. Le gouvernement fédéral a lancé un processus visant à apporter des changements aux règlements des PSC, pour que la personne gravement malade soit en mesure de désigner qui sera admissible à recevoir les prestations. Ceci permettra bien d’étendre la définition de membre de la famille pour inclure les frères et sœurs, les grands-parents, les tantes, les nièces, les oncles, les petits-enfants, les neveux, les membres de la belle-famille, les parents nourriciers, les pupilles et autres personnes considérées par la personne gravement malade comme membres de sa famille ou leur représentant4. Les prochaines étapes Les résultats de l’évaluation pilote ont fourni à l’équipe de chercheurs un premier tableau des PSC selon la perspective des aidants naturels, tout en fournissant une occasion de tester l’approche à l’évaluation axée sur l’utilisation, les instruments de recherche, la conception de l’échantillon, le plan de recrutement et tous les autres aspects du projet de recherche. Elles aboutiront donc à l’évaluation plus vaste des prestations (partie 2) dont la mise en vigueur est prévue dans certaines juridictions provinciales, pour déterminer en plus grand détail la perspective des aidants naturels concernant les PSC. De plus, ce travail préliminaire a fourni une compréhension spécifique aux décideurs gouvernementaux en matière de politiques concernant les aidants naturels et, surtout, les aidants naturels à long terme. 4 Anglais : http://news.gc.ca/cfmx/view/en/index.jsp?articleid=186529& Français : http://news.gc.ca/cfmx/view/fr/index.jsp?articleid=186529& 16 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche ANNEXE A Contenu de l’entrevue – Échantillon A : Personnes dont la demande a été acceptée Administration du programme : 6. Comment avez-vous entendu parler des PSC (Indices : lieu de travail, média d’information, ressource communautaire, personnel ou établissement de soins de santé)? 7. Avez-vous été l’aidant naturel principal? Avez-vous partagé les PSC avec un autre aidant? Si oui, comment le temps fourni par les PSC a-t-il été divisé? 8. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire une demande de PSC (Indices : récipiendaire des soins, professionnel des soins de santé, vous-même)? 9. Comment avez-vous déterminé quand prendre le congé fourni par les PSC? 10. Combien de temps cela a-t-il pris pour que votre demande soit traitée? 11. Comment pourriez-vous décrire le processus de demande de PSC? L’expérience du programme : 12. Comment pourriez-vous décrire votre expérience de récipiendaire des PSC? a. En tant qu’aidant naturel fournissant des soins physiques? b. En tant que membre de la famille fournissant un soutien émotionnel? 13. Avez-vous dû vous déplacer hors de la région pour fournir des soins? Si oui, quels ont été vos points de départ et d’arrivée? Expérience de l’employé/employeur : 14. Comment votre milieu de travail a-t-il réagi à votre utilisation des PSC? (Indices : employeur, collègues)? 15. Une forme de négociation a-t-elle eu lieu pour déterminer quand vous avez pris les PSC? Vous, l’aidant naturel, avez-vous été satisfait du résultat? 16. Comment votre milieu de travail a-t-il réagi à votre retour? Y a-t-il eu des conséquences d’avoir pris des PSC? 17. Dans quelle mesure les PSC pourraient-ils être améliorés? 18. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager concernant les PSC que nous ne vous avons pas demandé? 17 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche ANNEXE B Contenu des entrevues – Échantillon B : Non-demandeurs • • • Parlez-moi un peu de votre expérience à titre d’aidant naturel. Quelles options, au besoin, avez-vous eues pendant la transition de votre travail à votre rôle d’aidant naturel (prendre ou négocier un congé non rémunéré, quitter votre emploi, changer vos heures de travail)? Que savez-vous au sujet des PSC (quelques aspects ou rien)? Connaissance des PSC • Veuillez fournir un bref résumé de votre compréhension du programme • Comment avez-vous entendu parler pour la première fois des PSC (employeur, média, ressource communautaire, professionnel des soins de santé)? • Vu votre connaissance des prestations, pourquoi avez-vous choisi de ne pas faire de demande? Quels ont été les facteurs qui ont influé sur cette décision? • Pensez-vous que vous répondiez aux exigences d’admissibilité du programme? Pourquoi? • Selon votre connaissance des PSC, comment pourrait-on l’améliorer pour mieux soutenir les aidants naturels? • Comment le gouvernement pourrait-il mieux soutenir les aidants naturels? • Vu ce que vous m’avez déclaré jusqu’à présent, y a-t-il autre chose que vous aimeriez ajouter concernant votre expérience d’aidant naturel, des PSC ou des soutiens disponibles aux aidants naturels? Pas de connaissance des PSC • À votre connaissance, quels types de soutien gouvernementaux ou communautaires sont disponibles aux aidants naturels pour les aider à fournir des soins? • Quels soutiens au besoin avez-vous obtenus dans votre rôle d’aidant naturel? • Y a-t-il des soutiens que vous avez spécifiquement choisis de ne pas demander? Pourquoi? Quels sont les facteurs qui ont influé sur cette décision? • Les programmes gouvernementaux, particulièrement ceux qui fournissent un soutien au revenu, sont souvent guidés par des exigences strictes en matière d’admissibilité. Vu vos circonstances personnelles (financières, participation au milieu de travail), avez-vous des préoccupations concernant votre admissibilité à un tel soutien? • Comment le gouvernement pourrait-il mieux soutenir les aidants naturels? • Vu ce que vous m’avez déjà déclaré, y at-il autre chose que vous aimeriez ajouter concernant votre expérience d’aidant naturel ou les soutiens disponibles aux aidants naturels? 18 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche ANNEXE C Contenu de l’entrevue – Échantillon C : Personnes dont la demande n’a pas été acceptée Administration du programme : 19. Comment avez-vous entendu parler des PSC (Indices : milieu de travail, média d’information, ressource communautaire, personnel ou établissement de soins de santé)? 20. Pendant combien de temps après votre demande avez-vous attendu pour connaître les résultats? 21. Comment pourriez-vous décrire le processus de demande des PSC? 22. Vous a-t-on donné la raison pour laquelle votre demande de PSC n’a pas été acceptée? 23. Qu’est-ce que vous avez fait à la place? 24. Quelles options étaient disponibles pour vous (Indices : prendre ou négocier un congé non rémunéré, quitter mon emploi, changer mes heures de travail, etc.)? 25. De quelle manière les PSC pourraient-ils être améliorés? 26. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager concernant les PSC que nous ne vous avons pas demandé? 19 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche ANNEXE D Tableau 2 : Survol démographique par province # répondants Ventilation par sexe Répondants femmes Répondants hommes Récipiendaires femmes Récipiendaires hommes Lien familial avec le répondant Frère/Sœur Partenaire Enfant d’un parent Petit-enfant d’un grand-parent Longueur de la période des soins Moins de 1 an 1-2 ans 3-4 ans 5 ans + 10 ans + 20 ans + Diagnostic du récipiendaire des soins Cancer Maladie d’Alzheimer Maladie de Parkinson AVC Autre Statut de la demande Demande acceptée Demande refusée Non-demandeurs * N.B. : AB 4 CB 3 MB 1 TN 3 NÉ 1 ON 8 QC 3 SK 2 Total 25 4 0 1 3 3 0 1 2 0 1 0 1 3 0 1 2 1 0 1 1 6 3 7 2 1 1 3 0 2 0 2 0 20 5 17* 10* 0 1 3 0 2 0 0 1 1 0 0 0 1 0 2 0 0 0 1 0 3 0 5 0 0 0 3 0 0 0 2 0 7 1 16 1 2 0 0 1 1 0 0 1 0 0 1 1 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 1 0 0 0 1 0 0 0 2 3 2 0 1 0 0 0 2 1 0 0 0 0 0 1 1 0 6 4 5 4 5 1 2 2 0 0 0 2 0 0 0 1 1 0 0 0 0 1 1 0 1 0 0 0 1 1 0 6 1 1 0 1 0 2 0 0 1 0 2 0 0 0 12* 8* 2* 2* 3* 1 0 3 0 1 2 0 1 0 0 0 3 0 0 1 3 2 3 0 1 2 0 0 2 4 5 16 Deux répondants ont signalé fournir des soins aux deux parents, c’est pourquoi le nombre total de récipiendaires n’est pas égal à 25. 20 Évaluation pilote des prestations pour soins de compassion – Rapport de recherche Bibliographie : i Williams, A.M. 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