Sylvie TROSA
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Sylvie TROSA
La crise du management public. Comment construire le changement ? Sylvie TROSA Collection Méthode & recherches Management – De Boeck, 2012, 203 pages, 29 €. Alain VENART C’est une lecture de la décision au cœur de la sphère publique que nous propose Sylvie Trosa. Nous traversons un ouvrage d’une grande richesse dont l’ambition est de mettre à l’index un nombre d’idées reçues : le management public n’est pas une succession de recettes plus ou moins appropriées selon les temps tout comme le niveau de décision politique n’est pas antinomique avec les acteurs de l’administration. Cette fameuse « zone grise » (que reprend l’auteur) peut et doit être dépassée. La structure de l’ouvrage est à ce titre des plus éclairantes. C’est une véritable quête de sens comme l’indique le deuxième mouvement de l’ouvrage : quels fondamentaux pour le management public intégrant les ressources humaines ? D’un état des lieux du Nouveau Management Public – posant ses fondamentaux et ses limites – on évolue sans peine vers une analyse de la place des acteurs au sein du système puis, vers les notions de motivation et d’innovation. Ces dernières sont au cœur d’une nouvelle lecture du pilotage de l’organisation publique. C’est la richesse des parties prenantes et les formes différentielles de management qu’elle induit qui doivent être intégrées pour parvenir à une gestion globale des ressources et des hommes. L’une des thématiques majeures de l’ouvrage de Sylvie TROSA est de combattre la vision techniciste du management de l’organisation pour redonner toute sa place à la décision politique. Peut-on coupler - au cœur de l’organisation publique - décision politique et modes de gestion administrative de cette dernière ? La question de la décision se révèle centrale – non pas pour elle-même mais comme un outil partagé par l’ensemble des acteurs. Le management des hommes et des processus n’appartient pas à la sphère « privée » en opposition aux organisations publiques ; il serait plutôt en quête d’une vision propre à notre temps : un management public construit autour de la notion de sens. Une quête d’un mode collectif de pilotage, souple et réactif, au-delà des données brutes de gestion. La encore, il n’y a pas d’opposition entre une lecture des formes de management proposées par nos partenaires où qu’ils se trouvent dans le monde et notre lecture propre de la gestion des affaires publiques. C’est un regard croisé qu’il nous faut adopter. Le contexte peut et doit être une entrée pertinente pour rendre viables les évolutions en matière de changement dans les organisations publiques – changement dont la quête de sens doit être le premier vecteur. L’auteur termine son analyse – particulièrement éclairante pour le décideur – par la notion d‘écoute et de dualité. A ce stade, l’ouvrage ne se résume pas à un éloge ou un refus de la différence ou à une vision simpliste des relations au sein des organisations et entre les parties prenantes. Il propose de s’attacher aux dualités, aux fractures, aux différences comme sources d’enrichissement : manager pour qui ? manager pour quoi ? L’objectif est la construction d’une véritable lecture partenariale, une étape dans la quête de sens qui devrait être celle des décideurs publics d’aujourd’hui. Administration et Education – Avril 2012 - http://www.education-revue-afae.fr/