Physiologie de l`horloge circadienne endogène
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Physiologie de l`horloge circadienne endogène
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Gronfier a,∗,b a Inserm U846, département de chronobiologie, institut « Cellule Souche et Cerveau », 18, avenue Doyen-Lépine, 69500 Bron, France b Université de Lyon, université Claude-Bernard Lyon-I, 69000 Lyon, France Reçu le 3 janvier 2009 ; accepté le 5 février 2009 Disponible sur Internet le 1 avril 2009 MOTS CLÉS Horloge biologique ; Système circadien ; Photothérapie ; Lumière ; Troubles des rythmes circadiens du sommeil KEYWORDS Biological clock; Circadian timing system; Phototherapy; Light; ∗ Résumé Une multitude d’activités biologiques telles que les concentrations hormonales, les performances cognitives, la puissance musculaire, le cycle veille-sommeil et, plus récemment mises en évidence, la division cellulaire et la réparation de l’ADN, présentent une rythmicité de 24 heures, directement contrôlée par l’horloge circadienne endogène. Leur expression appropriée au cours des 24 heures nécessite la synchronisation de l’horloge, principalement réalisée par la lumière au niveau oculaire. Un défaut de synchronisation de l’horloge circadienne se traduit par l’altération des fonctions sous son contrôle et conduit à des altérations de la veille, du sommeil, de l’humeur, des processus neurocognitifs et du cycle cellulaire. Les troubles du rythme circadien du sommeil et certaines dépressions peuvent être traitées par des approches chronobiologiques, telles que la photothérapie. © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Summary A large number of biological activities such as hormonal secretion, cognitive performance, motor activity, the sleep wake cycle, and, most recently evidenced, cell division and ADN repair, show a 24-hour rhythmicity that is driven by the circadian timing system (the clock). Their appropriate expression over the 24 hour requires appropriate entrainment of the circadian clock, which is achieved though the synchronizing effects of ocular light exposure. A deficit of circadian entrainment to the 24 hour is responsible for alterations of the physiological functions under its control, and leads to altered sleep, wake, mood, neurobehavioral Auteur correspondant. Adresse e-mail : claude.gronfi[email protected]. 1769-4493/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.msom.2009.02.002 Author's personal copy 4 C. Gronfier Circadian sleep disorders processes, and cell division. Circadian sleep disorders and some depressions can be efficiently treated using circadian principles and chronobiological approaches, such as phototherapy. © 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Introduction Tous les organismes ont évolué en réponse aux conditions rythmiques de l’environnement. Mis à part les organismes vivant dans les grandes profondeurs marines ou dans des grottes à l’obscurité complète, tous ont été exposés à l’alternance jour-nuit de 24 heures. Il n’est donc pas étonnant que les rythmes biologiques de 24 heures s’observent chez pratiquement tous les organismes vivants étudiés, depuis les procaryotes jusqu’à l’homme [1]. De nombreuses activités biologiques telles que les concentrations hormonales, les performances cognitives, la puissance musculaire, le cycle veille-sommeil, la structure interne du sommeil et, plus récemment mises en évidence, la division cellulaire et la réparation de l’ADN [2], sont sous le contrôle de l’horloge circadienne [1]. Chez l’homme et les autres mammifères, l’horloge se situe dans les noyaux suprachiasmatiques (NSC) de l’hypothalamus [3]. Deux propriétés fondamentales caractérisent l’activité de l’horloge circadienne [1] : • la rythmicité de son activité est endogène et proche de 24 heures ; elle est sous-tendue par des boucles moléculaires d’autorégulation positive et négative reposant sur l’expression rythmique d’une dizaine de gènes horloges [4] ; • elle doit être synchronisée, c’est-à-dire « remise à l’heure », par des synchroniseurs externes. Chez les mammifères, la lumière est le plus puissant synchroniseur de l’horloge. Elle agit via une projection monosynaptique depuis la rétine vers les NSC [3], distincte des voies visuelles. En l’absence de lumière, l’horloge fonctionne en « libre cours » (elle n’est plus synchronisée au cycle lumière-obscurité) et oscille selon sa propre période endogène, qui est en moyenne de 24,2 heures chez l’homme [5]. L’alternance jour-nuit permet la resynchronisation journalière de l’horloge aux 24 heures. Chez l’homme, l’importance de la synchronisation est particulièrement évidente lors des symptômes de « décalage horaire » éprouvés après un vol transméridien ou encore lors du travail de nuit. Un défaut de synchronisation de l’horloge circadienne se traduit généralement par l’altération de nombreuses fonctions physiologiques (sommeil, vigilance, performances cognitives, système cardiovasculaire, système immunitaire) [1,6,7], la dégradation de processus neurocognitifs (performances cognitives, mémoire) et la perturbation du sommeil et de la vigilance [8]. Ces troubles physiologiques sont observés chez les individus soumis à des perturbations du cycle veille-sommeil tels que les travailleurs postés (20 % de la population dans les pays industrialisés). Ces altérations sont aussi rencontrées, de manière chronique, chez le sujet aveugle (perte de sensibilité photique), dans la schizophrénie et les maladies neurodégénératives centrales (maladies d’Alzheimer et de Parkinson) et au cours du vieillissement. Les désordres chronobiologiques, associés à ces états normaux ou pathologiques ont des conséquences socioéconomiques importantes puisqu’ils peuvent conduire à une réduction de l’état de santé et à une augmentation des risques pathologiques associés. Au cours des 20 dernières années, l’évolution rapide des connaissances en chronobiologie a permis la mise au point d’outils [39] et d’approches cliniques telles que la chronothérapeutique du cancer [9], la photothérapie de la dépression saisonnière [10] et des troubles du rythme circadien du sommeil (dans cet article), l’amélioration des troubles du travail posté [40] et le traitement de certaines insomnies [41]. L’horloge biologique circadienne endogène Même si les rythmes biologiques sont décrits depuis l’antiquité, leur origine a pendant longtemps été attribuée uniquement à l’environnement. Il faut attendre une expérience conduite au xviiie siècle pour que l’hypothèse d’une horloge biologique interne émerge. À cette époque, de Mairan, physicien et mathématicien français, est intrigué par l’ouverture et la fermeture quotidienne des feuilles d’une espèce de mimosa, la sensitive (Mimosa pudica). Afin de tester si ce comportement est une simple réponse au soleil, il décide de placer la plante à l’obscurité constante. Il observe alors que le mouvement des feuilles persiste et garde son rythme de 24 heures en l’absence de soleil (et donc du cycle lumière-obscurité). Cette expérience est décrite devant l’Académie des sciences en 1729 [11]. Il s’agit de la première mise en évidence qu’un rythme peut être généré par l’organisme lui-même. Il a fallu attendre le milieu du xxe siècle pour que l’existence d’une horloge biologique endogène soit mise en évidence chez l’animal. En 1972, sa localisation précise est décrite chez les mammifères, dans l’hypothalamus, à la base du troisième ventricule [3]. Depuis, les progrès scientifiques ont été considérables. Il est maintenant évident que les horloges biologiques font partie intégrante de la vie de tous les organismes vivants (bactéries, plantes, animaux). Leur présence et leur bon fonctionnement sont indispensables à la vie. Fonctions contrôlées par l’horloge circadienne De nombreuses fonctions physiologiques présentent une rythmicité circadienne chez l’homme. La Fig. 1 illustre le contrôle circadien sur le sommeil, le système nerveux autonome, les performances cognitives, l’humeur, l’activité Author's personal copy Physiologie de l’horloge circadienne endogène 5 Figure 1. Représentation schématique des fonctions biologiques contrôlées par l’horloge biologique circadienne (liste non exhaustive). Les structures indiquées en couleurs sont respectivement, en rouge : le noyau suprachiasmatique ; en orange : la glande pinéale ; en bleu : l’hypothalamus (contenant l’aire ventrolatérale préoptique [VLPO], dénommé le sleep switch) ; en beige : le tronc cérébral (contenant la voie corticale activatrice ascendante et le switch sommeil à ondes lentes/sommeil paradoxal) ; en vert : le thalamus (responsable de l’activation corticale et la synchronisation de l’EEG). Figure modifiée de Mignot et al. [42] motrice, la mémoire, certaines secrétions hormonales. La vigilance, les performances cognitives, la mémoire, l’efficacité musculaire, la température corporelle, les activités gastro-intestinales, la pression artérielle sont maximales pendant le jour, c’est-à-dire pendant la veille. À l’opposé, la sécrétion de l’hormone mélatonine, la relaxation musculaire, la pression de sommeil doivent être maximales pendant la nuit, pendant le sommeil. De nombreuses autres fonctions ou activités biologiques circadiennes sont régulièrement découvertes, aussi bien en périphérie qu’au niveau central. Le système circadien vient d’être récemment impliqué dans le contrôle de la division cellulaire, de l’apoptose dans le cancer [12] et dans la réparation de l’ADN [2]. Sans qu’un lien de cause à effet n’ait encore été établi, on comprend mieux, d’un point de vue mécanistique, comment la désynchronisation du système circadien pourrait être responsable de la prévalence accrue de certains cancers dans le travail posté. L’importance du système circadien et de sa bonne synchronisation aux 24 heures apparaît donc cruciale pour la santé (Fig. 1). Précisons ici que les rythmes biologiques de 24 heures sont dits circadiens (du latin circa « proche de » et dies « jour ») lorsqu’ils sont générés par l’horloge circadienne endogène de l’organisme. Dans ce cas, et seulement dans ce cas, ils persistent en l’absence de variations rythmiques de l’environnement (température, lumière, humidité, etc.). Lorsqu’ils ne sont qu’une réponse à l’environnement (par exemple aux changements de température ou de lumière), on doit parler de rythmes diurnes ou nycthéméraux, mais en aucun cas de rythmes circadiens. Anatomie et origine moléculaire de la rythmicité circadienne L’horloge circadienne est localisée dans les NSC, une structure paire d’environ 1 mm3 contenant approximativement 20 000 neurones [3]. Son activité rythmique est sous-tendue par une dizaine de « gènes horloge » dont l’activité cyclique (via la synthèse de protéines et les rétrocontrôles positifs et négatifs sur l’expression des gènes) est responsable du rythme proche de 24 heures de chacun de ses neurones [4]1 . La meilleure preuve fonctionnelle que l’activité rythmique de l’horloge circadienne est endogène et ne nécessite pas la présence d’un cycle externe pour persister provient d’études réalisées chez le rongeur. Des neurones des NSC prélevés chez une souris et placés dans une boîte de culture ont montré une activité électrique rythmique proche de 24 heures, de manière précise et prévisible, en conditions de culture constantes, pendant 1 En bref, on considère actuellement que les protéines BMAL1 et CLOCK forment un hétérodimère qui active la transcription des gènes horloges Per, Cry, Ror et Rre-Erb˛ (voir Fig. 5). Lorsque les protéines PER et CRY s’accumulent jusqu’à un niveau critique, elles forment un complexe avec le dimère BMAL1-CLOCK et inhibent alors leur propre transcription. Il existe une boucle de régulation additionnelle dans laquelle la protéine REV-ERB␣ inhibe et la protéine ROR␥ active la transcription de Bmal1. Les dernières données suggèrent que la protéine SIRT1 se lie au complexe CLOCK-BMAL1 et active la déacétylation et dégradation de PER2 [13]. Ces boucles d’autorégulation positive et négative constituent le cœur de la machinerie moléculaire à l’origine de la rythmicité circadienne endogène. Author's personal copy 6 C. Gronfier deux ans ! (Yamazaki et Menaker, données non publiées) [14]. L’importance clinique des gènes horloges a été clairement mise en évidence au cours des dernières années [15]. Il a été montré que les individus de chronotype matinal extrême (voir article Taillard) présentent (prévalence accrue) un polymorphisme du gène horloge Per1 (T2434Cex18). Une mutation de Per2 a été observée chez certains patients atteints du trouble du rythme circadien du sommeil de type avance de phase. À l’opposé, chez les chronotypes de type vespéral extrême et chez les patients atteints du trouble du rythme circadien du sommeil de type retard de phase, une augmentation de la prévalence d’un polymorphisme du gène Per3 a été rapportée dans certaines études. Caractéristique endogène de l’horloge circadienne Quand un organisme est placé dans des conditions constantes, c’est-à-dire, quand il n’est plus soumis aux influences de l’environnement telles que les variations de température, de lumière, etc., son horloge biologique continue à fonctionner, mais son rythme (on dit sa période) n’est plus exactement de 24 heures. Dans ces conditions, l’horloge circadienne exprime sa propre période endogène, qui dépend de la vitesse à laquelle s’exécutent les boucles moléculaires dont nous avons parlé dans le paragraphe précédent. Tout comme une horloge mécanique qui ne serait pas remise a l’heure de temps en temps, en l’absence de synchronisation par l’environnement l’horloge biologique circadienne prend un peu de retard ou un peu d’avance, selon les individus (selon la période de leur l’horloge). On dit dans ces conditions que l’horloge est en « libre cours ». Ce phénomène a été très bien étudié chez le rongeur chez qui l’activité motrice enregistrée en condition d’obscurité constante pendant plusieurs semaines débute tous les jours un peu plus tôt (chez la souris), à une heure tout à fait prévisible dès les deux premières semaines à l’obscurité. Cette propriété est moins facile à étudier chez l’homme. On l’observe chez des sujets aveugles, chez qui l’absence de lumière ne permet pas à l’horloge biologique de se synchroniser aux 24 heures [16]. C’est ce phénomène de libre cours qui permet d’expliquer qu’environ 75 % des aveugles se plaignent de ne pas avoir un sommeil de bonne qualité [17]. Il est important de noter que la période de l’horloge est une caractéristique individuelle très précise. Elle ne semble pas varier chez l’adulte au cours du vieillissement [5], mais pourrait présenter une certaine plasticité durant l’enfance et l’adolescence (un allongement de la période à l’adolescence pourrait expliquer la tendance « couchetard », voire le trouble de type retard de phase observé dans la tranche d’âge 15 à 25 ans [18]). Contrairement à ce que l’on croyait dans les années 1960 à partir des travaux d’Aschoff (et que l’on retrouve encore dans certains ouvrages), la période de l’horloge endogène n’est pas de 25 heures chez l’homme. Grâce à l’utilisation de protocoles expérimentaux très contrôlés (forced desynchrony, réalisés en complète isolation temporelle et dans des conditions de luminosité très faible [5], on a pu mettre en évidence que la période de l’horloge biologique chez l’homme est en réalité très proche de 24 heures (24,2 heures en moyenne, Figure 2. Période circadienne endogène chez l’homme. La période endogène est ici mesurée en condition de forceddesynchrony (14 journées de 28 heures, lumière inférieure à 0,5 lux), chez 52 sujets hommes et femmes âgés de 20 à 42 ans (adapté de Czeisler et al. [5] et Gronfier et al. [43]). Fig. 2). On estime qu’environ 95 % de la population possède une période comprise entre 23 h 30 et 24 h 30, que 75 % des individus possèdent une période légèrement supérieure à 24 heures (entre 24 h 00 et 24 h 30), et que 25 % de la population possède une période de moins de 24 heures (entre 23 h 30 et 24 h 00). L’un des impacts directs de la période dans la vie de tous les jours est le timing des rythmes biologiques dans les 24 heures, c’est-à-dire leur expression au bon moment. Pour ne citer qu’un exemple, les individus qui possèdent une période courte (une horloge rapide) sont généralement des couche-tôt (chronotypes du matin) alors que les couche-tard (chronotypes du soir) ont plutôt une période longue (une horloge plus lente) [19] (Fig. 2). Horloges circadiennes périphériques Depuis sa découverte en 1972, le NSC a été considéré comme l’unique horloge circadienne dont les signaux de sortie, directs ou indirects (par connexions neuronales, synthèse de neuropeptides, sécrétion d’hormones, etc.) régulaient la rythmicité de l’ensemble des fonctions physiologiques. Des résultats récents ont remis en question cette idée d’unicité de l’horloge circadienne centrale. En effet, il a été établi que la majorité des tissus périphériques (poumon, cœur, foie, intestin) possèdent, d’une part, le mécanisme moléculaire (gènes horloges) nécessaire à l’expression d’une rythmicité et, d’autre part, une activité rythmique autonome et soutenue [20]. Le NSC étant la seule horloge directement synchronisée par la lumière, il est maintenant considéré comme l’horloge « maître » qui assure l’entraînement au cycle lumière-obscurité et le maintien de la synchronie (les relations de phase optimales) entre les multiples horloges périphériques [20]. Ces dernières pourraient, en retour, influencer le NSC par des mécanismes de communication encore inconnus. Les conséquences d’une synchronisation adaptée du système circadien sont d’une importance capitale, puisque, selon la structure, entre 8 à 20 % des gènes chez le mammifère sont exprimés sous contrôle d’horloges circadiennes (expression rythmique). Author's personal copy Physiologie de l’horloge circadienne endogène Synchronisation par la lumière L’horloge possède une activité endogène, mais elle n’est pas indépendante de l’environnement. Nous venons de le voir, sa période est proche, mais pas exactement de 24 heures. Elle doit donc être synchronisée aux 24 heures par l’environnement. Chez les mammifères, c’est la lumière qui est le synchroniseur le plus puissant de l’horloge interne. Alors que la sensibilité du système circadien à la lumière a été mise en évidence il y a un siècle chez le mammifère, sa démonstration chez l’homme ne date que des années 1980 [21]. Comme nous le verrons en détail dans la section suivante, les études ont depuis montré que le système circadien humain peut être manipulé (sa phase peut être avancée ou retardée) par la lumière, sous la dépendance de plusieurs paramètres quantitatifs et qualitatifs (intensité lumineuse, durée, heure d’exposition), tout comme chez les autres mammifères. Le terme « synchronisation » (remise à l’heure) de l’horloge circadienne, correspond, tout comme pour une montre, à une avance ou à un retard de l’horloge par rapport à son heure précédente. Chez un individu du soir, dont la période endogène est de 24 h 30, l’horloge doit être avancée de 30 minutes tous les jours pour être synchronisée aux 24 heures, sans quoi elle prendra quotidiennement 30 minutes de retard. Au contraire, chez un individu du matin dont la période serait de 23 h 30, l’horloge circadienne doit être retardée en moyenne de 30 minutes tous les jours. 7 D’autres synchroniseurs existent chez les animaux, ils sont moins évidents chez l’homme. On les appelle les synchroniseurs « non photiques », car ils n’impliquent pas de lumière. Par exemple, la prise alimentaire et l’exercice physique ont un effet synchroniseur sur l’horloge humaine, mais il est nettement moins important que celui de la lumière. Les études réalisées chez l’homme dans les années 1950 ont laissé penser que les synchroniseurs sociaux étaient plus puissants que la lumière [22]. On sait maintenant que cela n’est pas correct. En outre, il n’a jamais été démontré de manière indiscutable que les facteurs sociaux per se possédaient le moindre effet synchronisateur de l’horloge biologique chez l’homme. La meilleure preuve que les synchroniseurs non photiques ont, s’il existe, un effet très limité, provient de l’observation que la grande majorité des aveugles — ne possédant pas de perception lumineuse — sont en état de libre cours, non synchronisés, malgré une vie sociale et une activité calées sur les 24 heures (travail, coucher/lever, prise des repas, activité sportives, etc.). Le synchroniseur non photique le plus étudié, et pour lequel l’effet sur l’horloge circadienne humaine est indiscutable, est la mélatonine [23,41]. Photoréception circadienne Il était admis jusqu’à récemment que les cônes et bâtonnets de la rétine externe étaient les seuls photorécepteurs Figure 3. Schéma de l’œil (en coupe) avec une représentation agrandie de la rétine (à droite). L’image (la lumière) traverse l’œil depuis la cornée jusqu’à la rétine, en traversant les différents milieux. L’iris se contracte ou se dilate en fonction des conditions lumineuses. Le cristallin joue le rôle d’un objectif photographique, puisqu’il permet la mise au point de l’image (accommodation) sur la rétine. Les différents photorécepteurs rétiniens transmettent ensuite l’information lumineuse au cerveau. Les cônes permettent la vision en condition de faible lumière, les bâtonnets permettent la vision des couleurs. Ces deux types de cellules constituent la voie visuelle. Les cellules ganglionnaires à mélanopsine sont impliquées dans la régulation des rythmes biologiques. Elles constituent la voie non visuelle et projettent vers des structures impliquées dans la régulation du système circadien, du réflexe pupillaire, du sommeil et de la vigilance. Author's personal copy 8 C. Gronfier Figure 4. Sensibilité des photorécepteurs classiques (cônes sensibles aux longueurs d’ondes courtes [short wavelengths, SW], moyennes [MW], longues [LW] et bâtonnets : rods) et de la mélanopsine (mel) chez l’homme. La sensibilité du système circadien chez l’homme (estimée par la suppression de la mélatonine — points noirs) est optimale à ∼480 nm, correspondant au pic de sensibilité de la mélanopsine. responsables de la transduction de l’information lumineuse vers l’horloge endogène. Les études récentes chez le rongeur montrent que deux systèmes rétiniens sont impliqués dans la photoréception circadienne (Fig. 3) : • les photorécepteurs de la rétine externe impliqués dans la vision perceptive (cônes et bâtonnets) ; • les cellules ganglionnaires à mélanopsine, intrinsèquement photosensibles (intrinsically photosensitive retinal ganglion cells [ipRGC]) impliquées dans un grand nombre de fonctions non visuelles [24] (non-image forming). En l’absence de ces deux systèmes, le système circadien est « aveugle » chez le rongeur et fonctionne en libre cours, exprimant sa rythmicité endogène [25]. Bien que les ipRGC reçoivent des afférences excitatrices et/ou inhibitrices des bâtonnets et des cônes [26], on ne connaît pratiquement rien sur les interactions et la contribution relative des différents photorécepteurs. Les études récentes chez l’animal suggèrent des interactions complexes, dans des domaines spécifiques de détection, dépendant de facteurs temporels, de la luminance et du spectre lumineux [26,27]. In fine, on considère à l’heure actuelle que l’information lumineuse responsable de la synchronisation de l’horloge biologique passe par les cellules ganglionnaires à mélanopsine, en stimulant ces cellules soit directement, soit indirectement par le bais des cônes et des bâtonnets. Les deux types de photorécepteurs de la rétine externe et interne sont phylogénetiquement et fonctionnellement différents. Les bâtonnets sont très sensibles à la lumière (faibles irradiances) alors que les cônes, fonctionnent à des niveaux de lumière plus élevés et, selon le type de photopigment présent dans la cellule, présentent des réponses spectrales spécifiques (les pics de sensibilité des trois types de cônes chez l’homme sont à ∼442, 540 et 564 nm) (Fig. 4). Les cellules ganglionnaires à mélanopsine nécessitent de fortes irradiances et chez tous les vertébrés étudiés ont un pic de sensibilité entre 480 à 484 nm. Une étude récemment réalisée dans notre laboratoire confirme que le pic de sensibilité du système circadien humain est de ∼480 nm et que les longueurs d’ondes courtes (< 440 nm) ou longues (> 560 nm) sont significativement moins efficaces. La courbe de sensibilité spectrale du système circadien (Fig. 4) suggère un rôle central de la mélanopsine dans la sensibilité photique du système circadien chez l’homme. Voies visuelles et non visuelles « La voie visuelle » est la mieux connue. Elle conduit à la formation et la perception des images. Elle emprunte le nerf optique depuis la rétine (les cônes et les bâtonnets sont à l’origine du message lumineux) et se projette sur les structures cérébrales impliquées dans la vision : le corps genouillé latéral, le cortex occipital visuel, puis les structures d’analyse de l’image (la reconnaissance d’un objet sera effectuée par une « voie ventrale » qui s’étend vers le lobe temporal du cerveau ; la localisation d’un objet et son mouvement s’effectueront plutôt dans la « voie dorsale » qui se projette vers le lobe pariétal) (Fig. 5). « La voie non visuelle » est encore assez mal connue car sa découverte est récente. Comme son nom l’indique, cette voie non visuelle est impliquée dans des mécanismes différents de la vision, c’est-à-dire, qui ne conduisent pas à la formation d’image. Les études de traçage anatomique [28] montrent des projections des cellules ganglionnaires à mélanopsine vers le SCN (régulation des rythmes biologiques), la ventro-lateral-pre-optic area (VLPO, régulation des états de veille et de sommeil), la ventral-sub-para-ventricular zone (vSPZ, impliquée dans la régulation du sommeil et de l’activité locomotrice), le pre-tectal-area (PTA, impliquée dans le reflexe pupillaire). La lumière, par ces voies non visuelles, va donc directement stimuler des structures cérébrales impliquées dans le contrôle de la vigilance, du sommeil, des performances cognitives et psychomotrices. Alors que la séparation de ces deux voies anatomiques n’avait pas encore été clairement identifiée, on sait depuis 1995 que certains aveugles ne possédant aucune perception visuelle consciente peuvent avoir un système circadien sensible à la lumière [29]. Le système visuel de ces patients Author's personal copy Physiologie de l’horloge circadienne endogène Figure 5. Modèle de fonctionnement moléculaire de l’oscillateur circadien de mammifère. Les protéines BMAL1 et CLOCK forment un hétérodimère qui active la transcription des gènes horloges Per, Cry, Ror et Rre-Erb˛. Lorsque les protéines PER et CRY s’accumulent jusqu’à un niveau critique, elles forment un complexe avec le dimère BMAL1-CLOCK et inhibent alors leur propre transcription. Il existe une boucle de régulation additionnelle dans laquelle la protéine REV-ERB␣ inhibe, et la protéine ROR␥ active, la transcription de Bmal1. Les dernières données suggèrent que la protéine SIRT1 se lie au complexe CLOCK-BMAL1 et active la déacétylation et dégradation de PER2 [13]. Ces boucles d’autorégulation positive et négative constituent la machinerie moléculaire à l’origine de la rythmicité circadienne endogène (Figure modifiée de Asher et al. [13]). est aveugle, mais les fonctions non visuelles (dont l’horloge circadienne) ne sont pas aveugles et reçoivent une information photique. Précisons ici que ces cas sont rares (très peu d’individus ont été étudiés dans le monde) et que les patients atteints de pathologies oculaires qui conduisent à une privation partielle ou totale de l’information photique présentent une prévalence accrue de troubles du sommeil et des rythmes biologiques. Comme nous l’avons déjà évoqué, la grande majorité des aveugles manifeste une altération des rythmes circadiens qui s’expriment le plus souvent en « libre cours », et cette condition clinique est associée à des troubles du sommeil dans plus de 75 % des cas [17,30]. La réponse du système circadien à la lumière dépend des caractéristiques photiques L’effet de la lumière sur l’horloge « dépend de l’intensité lumineuse et de sa durée ». Plus le stimulus lumineux est intense et/ou plus la durée est longue, plus l’effet sera important. Par exemple, une exposition lumineuse nocturne d’une durée de 6,5 heures conduit à un retard du rythme de mélatonine de plus de deux heures avec une lumière blanche intense (10 000 lux), alors que l’effet est indétec- 9 table si l’intensité lumineuse est inférieure à 10 lux [31]. Il faut noter que pour un stimulus donné à la même heure pour une même durée d’exposition, une intensité lumineuse de 100 lux (10 % de l’intensité maximale testée) produit un retard d’environ une heure, soit 50 % de l’effet maximal [31]. De ce fait, il faut garder à l’esprit que la course à l’intensité lumineuse ne sert à rien car, au-delà d’un certain niveau, la réponse de l’horloge biologique n’augmente plus. Notons toutefois que les études récentes réalisées sur le terrain [32] font apparaître que les intensités lumineuses auxquelles les personnes sédentaires ou âgées sont exposées au cours de la journée sont relativement modérées et que, dans certains cas, une insuffisance de lumière peut conduire aux troubles de l’humeur ou de la synchronisation de l’horloge dont nous parlerons plus loin. L’effet de la lumière « dépend de sa couleur » (son spectre). Une lumière monochromatique bleue (longueur d’onde de 480 nm) peut être aussi efficace qu’une lumière fluorescente blanche 100 fois plus intense (comportant 100 fois plus de photons). L’horloge biologique est donc maximalement sensible à une lumière de couleur comprise entre 460 à 480 nm [33]. Comme nous l’avons vu dans la section précédente sur les photorécepteurs, cette propriété repose sur la sensibilité des cellules ganglionnaires à mélanopsine, qui sont les photorécepteurs de la voie non visuelle. Ces récepteurs sont sujets à de nombreuses recherches (dont certaines dans notre laboratoire) afin de pouvoir développer des méthodes de traitement de certaines troubles biologiques plus efficaces et plus rapides que les méthodes actuelles utilisant des lumières blanches. Enfin, l’effet de la lumière « dépend de l’heure à laquelle elle est perçue ». La courbe de réponse de phase (phase response curve [PRC]) montre que la lumière à laquelle nous sommes exposés le soir et en début de nuit (en moyenne entre 18 h 00 et 6 h 00 du matin) a pour effet de retarder l’horloge, alors que la lumière reçue en fin de nuit et le matin (en moyenne entre 6 h 00 du matin et 18 h 00) a l’effet inverse d’avancer l’horloge [34]. C’est en fin d’après midi (18 h 00 en moyenne) que l’horloge est la moins sensible à la lumière et c’est peu avant le coucher et peu après le lever qu’elle l’est le plus. C’est la lumière perçue tout au long de la journée qui permet, par le biais d’une resynchronisation du système circadien, de rester synchronisé à la journée de 24 heures, en corrigeant la différence entre la période interne de l’horloge (plus courte ou plus longue que 24 heures) par rapport aux 24 heures. Approches cliniques Problème des troubles du rythme circadien du sommeil Dans les troubles du rythme circadiens du sommeil (type avance de phase, type retard de phase, type veille sommeil irrégulier, type libre cours, type jet-lag et type travail posté) l’origine des symptômes provient d’une mauvaise synchronisation de l’horloge biologique [35]. Sans entrer dans le détail de chacune des pathologies, dans ces situations l’horloge biologique n’est pas en phase avec le rythme veille-sommeil imposé à l’organisme. L’individu cherche à être actif durant Author's personal copy 10 toute ou une partie de sa nuit biologique et à dormir durant tout ou une partie de son jour biologique. Les symptômes sont, d’une part, des troubles de la vigilance et, d’autre part, des troubles du sommeil. En effet, les performances durant la nuit biologique sont faibles, la vigilance chute, les erreurs d’analyse et les temps de réactions augmentent. Le sommeil durant la journée biologique est plus léger, il est plus fragmenté et il est moins efficace. Les conséquences d’une mauvaise synchronisation de l’horloge biologique peuvent être dramatiques. Le nombre d’accidents de la route culmine entre 2 h 00 et 5 h 00 du matin, de même que les erreurs médicales dans les services d’urgence à cause des gardes de longue durée (plus de 24 heures d’affilée) et du travail au moment où l’organisme est censé dormir. De même, les catastrophes de Tchernobyl, de l’Exxon Valdes, ou encore du Titanic, sont toutes survenues durant la nuit, liées à des erreurs de jugement chez des individus en situation de dette de sommeil ou chez qui l’horloge biologique n’était pas correctement adaptée au travail de nuit. Le fonctionnement optimal de l’organisme s’effectue lorsque le rythme veille/sommeil imposé à l’organisme est en synchronie avec la journée/nuit biologique (endogène). Approches chronobiologiques et stratégies photiques (photothérapie) Les approches utilisées dans le traitement des troubles du rythme circadien du sommeil reposent sur les principes chronobiologiques détaillés précédemment, en particulier l’effet de la lumière sur le système circadien. Les pathologies pour lesquelles la photothérapie est reconnue comme un traitement efficace sont la dépression saisonnière (ainsi que d’autres dépressions) et les troubles du rythme circadien du sommeil : les troubles de type avance de phase et retard de phase, de type libre cours, les troubles du travail posté et du décalage horaire. L’approche vise à avancer ou à retarder l’horloge jusqu’à l’obtention d’une synchronisation adaptée, c’est-à-dire d’un horaire de sommeil (de qualité) en adéquation avec l’activité sociale et professionnelle du patient. Dans le cas du libre cours chez l’aveugle, l’approche de choix doit être l’administration de mélatonine pour ses effets non photiques sur l’horloge circadienne. Dans le cas du travail posté, les stratégies de traitement lumineux existent et sont efficaces, mais elles sont souvent difficiles à mettre en œuvre, surtout dans les postes a horaires variables. Dans le cas d’un poste régulier de nuit, les recommandations actuelles sont une exposition à la lumière de forte intensité en première moitié de poste et une réduction de l’intensité lumineuse matinale [36,37]. Évolution et futur de la photothérapie Les recherches actuelles visent à améliorer les stratégies de traitement utilisant la lumière afin qu’elles soient encore plus efficaces et plus pratiques (plus courtes). Les questions sur lesquelles les équipes de recherche travaillent sont la détermination de l’intensité lumineuse optimale, la composition spectrale (couleurs) optimale, la durée et l’heure optimale d’exposition à la lumière, et les aspects dynamiques de présentation de la lumière. Il est envisageable que les durées d’exposition soient bien plus courtes à l’avenir et que les stratégies de photothérapie soient pré- C. Gronfier conisées dans de nombreuses autres situations, normales et pathologiques. Les effets de la lumière sur la vigilance et les performances cognitives laissent entre apercevoir des possibilités de traitement des troubles de la vigilance et des performances cognitives dans nombreuses situations normales et pathologiques. Par ailleurs, l’utilisation de ces méthodes de traitement est à l’étude dans le cadre des troubles du sommeil et des rythmes biologiques rencontrés dans certaines pathologies oculaires (cécité sévère, glaucome), dans le vieillissement et dans certaines maladies neurodégénératives (maladies d’Alzheimer). À titre d’exemple, mentionnons ici la récente étude du groupe d’Eus van Someren, qui montre que la photothérapie améliore certains des symptômes cognitifs et non cognitifs dans la démence du sujet âgé [38]. Ce résultat est extrêmement intéressant, car la magnitude de l’effet de la lumière (effect size) est aussi élevée que celle de certains anticholinestérasiques actuels. . . La lumière a décidément de beaux jours devant elle ! 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