Jesus Manuel “Cid” - Terrestaurines.com
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Jesus Manuel “Cid” la martingale du gaucher PRÉMATURÉMENT considéré comme un torero de second plan abonné aux corridas dures, à l’âge où d’autres songent à la retraite le Cid vient de connaître la consécration. Sera-t-il un des nouveaux piliers de l’art taurin ? Doté d’une main gauche fabuleuse et d’une chance inouïe, c’est en toute humilité ce qu’il espère sans rien oublier de son passé. ans la placita blanche ornée de bougainvilliers les triomphes sévillans n’ont rien changé. Le Cid torée et Espartaco père embiste,ponctuant chaque muletazo d’un «bieeeeen» jubilatoire. À Séville on torée dans la joie et au Vizir bien plus encore.Toujours empli des clameurs de la Maestranza,le Cid s’illumine et de son toreo émanent tous les parfums andalous. Sa grande carcasse austère se métamorphose, invente des rythmes et des angles dans lesquels le toro imaginaire s’engouffre sans fin.Puis il prend du bout des doigts la muleta dans sa main gauche,sa préférée puisqu’il est gaucher.Naturelles amples en faisant voler l'étoffe pour accompagner la charge au loin,passes données en mettant les reins ou la hanche et en baissant la main une fois que le toro humain est sur la bonne trajectoire…Cadence,temple,sentiment… Tel une mécanique de précision le corps tout entier du torero vibre sans heurt au rythme des passes,utilisant à plein chaque articulation pour prolonger le mouvement. Devant pareille perfection,même le vent léger qui agite les bougainvilliers s’arrête et Antonio Espartaco,tel un Minotaure complice,se tait pour admirer. «Dejalo asi !» l’interrompt -il enfin. «Tu as toréé à la perfection, ne fais rien de plus… On va marcher».Et la tertulia commence,avec pour le torero des rêves plein la tête et des pépites dans les yeux. D 7 À CHEVAL sur les monts de Tolède où l’ombre des moulins du Quijote se superpose à celle des descendants de Colomb, la finca «Los Manantiales» abrite sur les anciennes terres du Duc de Veragua les toros qui firent le bonheur de deux rois. DIX ANS après son irruption surprise dans le monde du rejoneo, l'enfant prodige achève sa mue... carnet de création Jean-Michel Mariou Cher Bastien, inalement, ce n'est pas parce que je viens à Séville qu'on se voit d'avantage. Mais c'est vrai que les horaires de Feria sont un peu particuliers… Quand je pense à toi,là-bas,je te vois assis sur le tabouret pliant, jouant pendant des heures une falseta ou un taranto, en regardant à la télévision les sept filles de la Once qui,une à une,viennent déposer leur boule devant la caméra (trente ans qu'elles font ça,ou leur mère,et elles ne sont toujours pas foutues de mettre les numéros bien droits…). Mais ma géographie a toujours été terriblement alimentaire. Et juste après, ce sont les revueltos et le cocido de la casa Diego qui me viennent à l'esprit. Puis les œufs au chorizo de la Casa Blanca avalés sur le bar,juste devant les trois photos du changement de main de Morante de la Puebla.A ce propos, tu vas certainement me trouver un peu snob, mais le plus beau moment de tauromachie que j'ai vu pendant cette feria, c'est à lui que je le dois. Pas pendant la corrida de Nuñez del Cuvillo où il a donné l'alternative à Salvador Cortes : le lendemain, en fin de matinée, quand on est allé le retrouver au campo à La Puebla.Le rendez-vous était tout ce qu'il y a de plus andalou :un bar,sur le bord d'un rond-point écrasé par le soleil,à l'entrée du village (mais est-ce qu'on peut encore dire «village» ? Quand est-ce qu'on pendra par les pieds les «architectes» qui ont inventé ces chalets adosados, ces petits chapelets de cubes de béton collés l'un à l'autre, avec un vague entablement ocre pour justifier la couleur locale qui, dans les environs de Séville, pourrissent le paysage où que l'on se tourne. Déjà en 1961, cité Sainte Castère à Argelès-Gazost,quand grand père en a acheté un à côté de celui de Jeannot Hucher, on avait bien vu que c'était une connerie. Et on n'était qu'à dix kilomètres de Lourdes…). F À partir de celle de Juan Pedro Domecq dont il revendique la filiation sous bénéfice d’inventaire, Paco Medina a incrusté sur les hauteurs de la Mancha une ganaderia au profil opposé : plus braves que nobles, ses toros ne sont pas de tout repos pour ceux qui se mettent devant. CÔTÉ COUR, un triomphateur exemplaire. Côté jardin, un homme attachant qui vit sa passion au rythme de ses défis. Chronique d’une journée ordinaire dans le jardin secret du maestro colombien. DEPUIS six siècles, les terres du Castañar vivent au rythme des grandes chasses dont le rituel reste immuable à deux détails près : on ne les pratique plus à la lance et le toro n’est plus un gibier. Serafin Marin le nœud gordien ÂGÉ DE vingt et un ans à peine, il est le champion choisi par l’aficion catalane pour incarner la défense de son identité. Un rôle écrasant que le torero assume fièrement, même si l’équation taurine, avec son enchevêtrement d’implications diverses, est autrement complexe. uinte-Curce raconte (Histoires III, 1,14-18) que dans le temple de Jupiter était exposé le char de Gordios, père de Midas, dont le joug était orné d’un enchevêtrement inextricable de noeuds. Un oracle ayant prédit que celui qui le dénouerait serait le maître de l'Asie, Alexandre décida de s’y employer.Mais la série des noeuds était si compacte que ni la réflexion ni la vue ne permettait d’en saisir le début. «Peu importe», dit alors le Conquérant, «la façon de les défaire». Et d’un coup d’épée il trancha toutes les courroies. Q Dimanche 17 avril,midi.Au coeur de Barcelone l’avinguda Meridional est fluide et la Diagonal presque déserte. Le vent chasse les derniers nuages vers les Pyrénées et dégage un grand ciel bleu qui invite les citadins à partir en goguette. Sous les minarets oblongs de la Monumental, les aficionados se pressent pourtant. L’heure est inhabituelle et l’occasion ne l’est pas moins : la Plataforma pour la Défense de la Fiesta en Catalogne invite à un grand rassemblement en prélude à la corrida de l’après-midi, au cours de laquelle Serafin Marin, matador barcelonais natif de Montcada i Rexache, 121 Paco Camino le master de la Tour d’Ivoire AU PIED de la sierra de Gredos, celui que l’on surnomma l’enfant savant du toreo jette sur le monde des taureaux un regard sans complaisance, avouant ne retrouver que rarement dans l’arène les émotions que lui-même y éprouva. ’Oropesa à Madrigal de la Vera, les chênes roux et les eucalyptus desséchés qui bordent la route dénotent le manque d’eau. Le campo jauni est parsemé de séchoirs à tabac auxquels les murs ajourés de briques roses donnent des allures de pigeonniers. Quelques bêtes cherchent une maigre pitance, des mansos surtout. Le domaine des braves commence plus loin et s’étend au pied de la sierra de Gredos dont les hauts sommets barrent la route vers Avila.Au détour d’une courbe, un vieux pont de pierre, une route caillouteuse puis un canal bétonné. Comme une douve interminable la tranchée grise isole l’immense finca du reste du monde. Le barrièrage en tubes verts, les grands portails de pierre peints en ocre rouge et les bâtiments agricoles échelonnés des deux côtés de la route dénotent l’importance de l’exploitation.Au détour d’une courbe,la route s’enfonce dans les sous-bois et la douve protectrice s’élève,serpentant en suspension tout autour de la colline boisée. L’entrée de la finca passe dessous, signalée par une pancarte d’azulejos : «Los Camino».En contrebas de la route coule le fleuve Tiétar dont les eaux basses découvrent le lit de galets. Sur un promontoire boisé, la casa blanche apparaît,telle une tour d’ivoire protégeant ses secrets. D DANS le palco de sa placita, la chevelure de neige du maestro. 141 Mehdi Savalli Idiosyncrasie méditerranéenne DE BARRIOL à Illumbe, Mehdi Savalli poursuit son aventure en terres taurines. Et quand la jeunesse des quartiers envahit l’arène, le choc des civilisations est assuré et l’avenir de la tauromachie aussi. ur le plateau intermédiaire du complexe d’Illumbe chacun trouve son abreuvoir… Les aficionados orthodoxes à la Tinaja,les bobos au Mr White disco, les jeunes au RockStar où un groupe fait sa balance avant le concert du soir,à Ilun les amoureux soucieux de discrétion qui se perdent dans ce pub immense et sombre… Les musiques se mélangent :«riau-riaus» navarrais,accords métalliques et paso dobles.En face,la taquilla du Warner Lusomondo brille de mille feux :«10 CINEMAK» dit l’enseigne rouge encadrée par Elmer et Daffy Duck.Cinéma,concert ou toros,basques à bérets et adolescents déjà percés se croisent.À l’étage inférieur, dans les entrailles du monstre, Oscar et Pablo Chopera refont les comptes.Rien à faire,les chiffres ne cadrent pas.Car si les aficionados donostiarras montent volontiers au-dessus d’Anoeta,le stade de la Real Sociedad,ils ne sont pas assez nombreux hors feria,même avec le renfort des français,pour conforter le business plan des ambitieux empresarios basques.Pourtant,bien qu’elle traîne un peu les pieds, après trente ans sans toro, l’aficion locale revient avec plaisir aux arènes, même si le vaisseau de béton et d’acier d’Illumbe ne possède pas le charme désuet du Chofre d’antan. 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