6_Paris Gélada Gaspard [Lecture seule]
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6_Paris Gélada Gaspard [Lecture seule]
Elevage artificiel d’un Gélada (Theropithecus gelada) en concertation avec l’EEP (Programme d’Elevage Européen) Dr. Med. Vet. Sonia Tortschanoff, Parc Animalier Le Pal VE Congrès International Vétérinaire Francophone sur les Animaux Sauvages et Exotiques – MNHN Paris - 2008 L’élevage a la main de ce gélada fut pour nous la première occasion d’élevage artificiel d’un primate. Cette expérience fut guidée par les recommandations du coordinateur de l’EEP afin d’assurer un futur adapté pour cet individu. Médicalement parlant, l’élevage en soit n’a pas posé de réel problème. Il se trouve cependant que le rôle du vétérinaire de zoo ne se limite pas simplement à la santé physique des animaux dont il a la charge. En effet le vétérinaire joue aussi un rôle décisif dans la gestion des groupes afin de garantir le bien être psychique, comportementale, et ses décisions et ses actes ont des conséquences importantes sur la vie sociale des individus. 1 EEP • Créé en 1991 • Securisé une population croissante génétiquement saine • Studbook au Zoo de Rheine • 84.93.0 dans 18 institutions Naissance: 15.8.1 (dont 1.1.1 n’ont pas survécu) Décès: 1.3.0 • Créer des groupes reproducteurs (harems) • Groupe de mâles Dans les parcs zoologiques, les géladas furent de tout temps plus rares que d’autres primates de l’ancien monde tel que les babouins hamadryas ou les mandrills. C’est à partir des années soixantedix et l’interdiction de l’importation de géladas que la population dans les zoos baissa significativement. En 1991 les zoos possédant des géladas se sont alors associés en un Programme d’Elevage Européen (EEP) afin d’assurer un futur à cette impressionnante espèce de primate en parc zoologique. Au 31 décembre 2007, l’EEP comptait 177 (84.93.0) géladas tenus par 18 institutions. En 2007, 24 naissances et 4 décès ont été enregistrés. Espèce très attractive en présentation au public, ambassadrice d’une faune et d’un écosystème particulier, celui de l’Éthiopie, il s’agit donc d’une espèce prioritaire en terme de reproduction au sein de l’EAZA. De plus cette espèce est vulnérable (répartition restreinte et régression de leur habitat, taxon unique/genre, specialist nutritionel), et particulièrement sensible au réchauffement planétaire (à cause de l’augmentation des températures la végétation de basse altitude se propage sur les hauts plateaux et remplace l’herbe qui est la principale source de nourriture pour les géladas). Goal: A growing healthy zoo-population in order to build up +/- naturally structured social groups for educational purpose (as defined) and for possible link to in situ research and in situ conservation activities 2 Theropithecus gelada • Taxon unique • Hauts plateaux de l’Ethiopie • Important dimorphisme sexuel • Sablier • Comportement très social • « Herbivore » • Communication par expressions faciales Le gélada est un primate de la famille des cercopithécidés. Plus particulièrement, le Theropithecus gelada est la seule espèce du genre Theropithecus. Ce grand singe ressemble au babouin et vit sur les hauts plateaux de l’Érythrée et en Éthiopie. Les mâles, magnifiques, possèdent de larges poils sur le dos et un tablier de peau nue rouge au milieu de la poitrine, signe de leur maturité. Autour de la tâche de la poitrine, la femelle porte un collier de protubérances ressemblant à des verrues et pouvant servir d’indice très utile pour reconnaître les stades reproducteurs. En effet, en plein oestrus, ces protubérances deviennent très proéminentes et la tache vire au rouge vif. 3 Les Géladas vivent en groupes sociaux comportant un mâle, plusieurs femelles et leur progéniture. Plusieurs groupes peuvent toutefois s’associer et former des bandes de plusieurs centaines d’individus. Ces singes ont la particularité, malgré leur poids de 35 kilos, de ne manger principalement que de l’herbe. Listée comme « rare » par la liste rouge de l’IUCN (info datant de 1994), cette espèce fait partie de l’annexe II de la CITES. La population de gélada est menacée par la réduction de son habitat due à la progression des terres de cultures. Le nombre exact d’individus in situ n’est pas connu. 4 Gélada au Parc Animalier Le Pal 1 Mâle Agolo, 1 Femelle Jima, 20 ans Couple « non reproducteur » Recommendation de l’EEP Gestation 165 jours En décembre 2003, l’EEP confia au parc Animalier le Pal, un couple de géladas adultes. La femelle née en 1988 n’avait jamais élevé ses petits. 5 Reproduction Historique Ø 2 naissances -> morts Ø Sécrétion vaginale anormale ? Ø Comportement maternel aberrant Critères de décision Recommandation de l’EEP Expérience à acquérir En 2005 et 2006, ses petits furent retrouvés morts. Il n’a pas été possible de définir si les petits étaient morts nés ou tués par la mère juste après la naissance. Le femelle montrait un comportement maternel anormal, tenant le nouveau né inerte par la queue, le roulant sur le sol, et généralement, le traitant de manière brusque. En raison des résultats enregistrés lors des précédentes naissances, nous nous préparions a élever le petit artificiellement, mais nous ne voulions cependant pas priver la mère de la possibilité d’acquérir de l’expérience maternelle. Lors de la 2ème naissance nous arrivâmes au plus tard 2 h après la naissance, et le bébé était déjà mort. En janvier 2007, au terme supposé de la gestation, suite à l’observation d’écoulements vaginaux et de comportement anormaux… non suivi de naissance, la décision fut prise d’anesthésier la femelle afin de vérifier par échographie la bonne santé du foetus. Les recommandations du coordinateur de l’EEP étaient d’élever artificiellement le petit s’il s’agissait d’une femelle, L’échographie fut suivie d’une césarienne, qui donna naissance à un … mâle 6 IT’S A BOY! … Ha ! un mâle… 7 Césarienne Anesthésie fixe: Kétamine 10mg/kg + Xylazine 1mg/kg Chirurgie classique Antibiotherapie Analgesie Dans un contexte émotionnel chargé, nous avons pris la décision d’élever ce nouveau-né artificiellement. La direction nous avait préalablement garanti que tout serait mis en oeuvre pour assurer le bien être physique et psychologique de ce mâle dans le futur, et ce, malgré les difficultés prévisibles que nous allions sans doute rencontrer pour placer un mâle gélada. C’était pour nous aussi l’occasion d’acquérir de l’expérience en matière d’élevage artificiel d’un primate. 8 Elevage artificiel Poids à la naissance: 887 g Prévenir l’hypothermie Stimuler la prise de lait Encourager l’attachement à un objet Environnement hygiénique L’élevage a la main des nouveaux nés de cette espèce ne pose généralement pas de problème majeur. Dans les premières heures il est important de prévenir l’hypothermie, à l’aide d’un couveuse par exemple, puis de rapidement encourager la prise de lait, notamment du colostrum s’il y en a a disposition. Jusqu’à combien d’heure?..... Il convient de l’élever dans un environnement extrêmement hygiénique, et dès les premier jours à encourager le nouveau-né à s’attacher à un objet plutôt qu’à un humain. Dans ce cas précis des peluches à poils mi-longs se montrèrent très efficaces. 9 Elevage artificiel • Incubateur, Pièce chauffée à 26 °C • Biberons 70 ml, tétines pour petit mammifère • Bouilloire • Serviettes, langes en tissu • Peluches • Installation pour nourrissage automatique • Petite cage avec agrès • Balance • Gants • Cahier pour suivi écrit journalier L’équipement suivant fut utilisé : biberons 70 ml, tétines pour petit mammifère, lait maternisé, bouilloire, incubateur, serviettes, langes en tissu, peluches, installation pour nourrissage automatique, petite cage avec agrès, balance, gants, cahier pour suivi écrit journalier. Pour que le nouveau-né ne s’attache pas à une seule personne, ce qui aurait pu poser des problèmes de logistique ainsi que des problèmes de resocialisation au sevrage, 6 personnes s’occupèrent à tour de rôle du bébé gélada. De plus, la mise à disposition de peluches, de préférence à poils milongs, fut très bien acceptée par le gélada qui pu ainsi satisfaire son instinct d’attachement sur le jouet plutôt que sur un humain. L’attachement sembla être principalement olfactif, car lorsque la peluche fut lavée, le nourrisson ne la plus reconnue. 10 Élevage artificiel • 6 à 8 repas/j pendant 2 mois puis 4 repas/j jusqu’à 4 mois puis 1 à 2 repas jusqu’à 10 mois • Novalac, lait 1er âge 0 à 5mois Novalac, lait 2ème âge 6 à 12 mois remplacé par • Allernova (lait sans lactose) • 200 kcal/kg/j • Herbes, fruits et légumes offert dès la 3ème semaine • Lait céréalié Comme lait maternisé nous avons utilisé le lait pour nourrissons premier âge Novalac pendant les 6 premiers mois. Pendant les 2 premiers mois, la fréquence de nourrissage fut de 6 à 8 biberons par jour. La transition au lait 2ème âge provoqua des diarrhées chez le jeune gélada. L’utilisation d’un lait hypoallergénique résolut ce problème. Des légumes et des pommes lui furent proposés dès la 4ème semaine ainsi que de l’herbe. Un encombrement respiratoire important dès la deuxième semaine fut observé, ne répondit à aucun traitement, et ne semblait pas altérer le bon état général du bébé. Sevrage progressif pendant un mois: diminution progressive en augmentant la dilution. Après 6 mois, cette dyspnée disparut. Ceci concernait l’élevage… 11 Gestion comportementale Reintroduction avec Jima • 8ème jour: présentation au parents • 21 jour: installation dans loge adjacente à celle des parents • Mise en contact a échoué • Stimulé quotidiennement par les animaliers Pendant toute cette période le bébé gélada fut présenté à ses parents quotidiennement. La mère montra un vif intérêt pour son bébé, avec une montée de lait visible jusqu’au 2ème mois après la grossesse. Une réintroduction du jeune auprès de sa mère échoua car cette dernière se montra à nouveau très brusque à certains moments. Le bébé fut alors installé dans une cage adjacente à celle de ses parents, ce qui permis des contacts visuels, auditifs et olfactifs à défaut de contact physique. 12 Introduction • • • • Transfert des parents à Howletts GB Transfert de 3 jeunes mâles au Pal Introduction sans difficultés Présence de la peluche Selon les informations du coordinateur il n’y avait à ce moment là pas de femelle disponible pour une tentative d’adoption, et la réintroduction dans un groupe multifemelles et multimâles se serait avéré trop dangereux. Cependant, parce qu’il était nécessaire que le jeune gélada puisse rapidement être mis en contact avec des congénères, l’EEP confia au parc animalier Le Pal 3 jeunes mâles dont un fut également élevé artificiellement suite au décès de sa mère. Jusque là, seule des duo de mâles avait été créé pour gérer le surplus de mâle au sein de l’EEP. La mise en contact fut rapide et sans comportement agressif majeur .et, La présence continue de la peluche permis au bébé de s’y agripper dans les moments stressants. Rapidement, notre jeune mâle fut intégré dans le groupe et s’intéressa de moins en moins à ces soigneurs. Par mimétisme, sa consommation d’aliments autre que le lait augmenta de manière importante. 13 Developpement comportemental • Élevage par plusieurs personnes • Peluches/tissu • Stimulation psychique et physique A notre avis, les éléments décisifs furent les suivants : -Élevage par plusieurs personnes afin d’éviter un attachement trop important -Peluches/tissus comme objet sécurisant. Dans les cas ou la mise en contact avec la mère était possible, les tissus ont été coupé bout par bout afin d’encourager l’attachement à la mère. -Stimulation psychique et physique: en effet, à l’âge de …. Semaines, afin de motiver l’intérêt de Gaspard pour ses parents plutôt que pour ses soigneurs, nous avions décider de réduire progressivement le contact entre humains et gélada. Ceci eu pour conséquence de provoquer des balancements de la part du bébé. Ces balancements s’estompèrent jusqu’à disparaître complètement une fois que les soigneurs reprirent un contact physique quotidien. 14 Pendant quelque semaine, le jeune orphelin élevé à Rheine, montra un comportement étrange, celui de mettre son pied dans la bouche. Est-ce à cause de la séparation assez brutale de la personne qui l’avait élevé, le stress d’un nouvel environnement, ou la frustration de ne plus avoir accès au biberon, je ne sais pas. Il est souvent plus facile de remplir les besoins physiques d’un bébé primate que ses besoins sociaux. Des efforts importants sont nécessaires pour fournir le niveau de stimulation sociale nécessaire au développement des aptitudes sociales de l’animal élevé à la main. Il est rare dans ces circonstances que le bébé primate soit soumis à la même fréquence et intensité de contacts et de stimulations sociales que lorsqu’il vit avec sa mère au milieu d’un groupe. C’est pour cela que le temps passé avec ce jeune doit être maximum (tenu, porté, interactions sociales). Des objets inanimés et des contacts occasionnels ne permettront pas un développement social normal. Des périodes fréquentes d’interaction entre des jeunes animaux d’âges similaires facilitent un développement normal, mais dans le même temps un regroupement de jeunes animaux n’est pas forcément souhaitable car cela prolonge les comportements infantiles. Actuellement un des mâles de 3 ans a pris la dominance sur le groupe. Les interactions affiliatives entre les 4 individus sont fréquentes. Il sera intéressant d’observer comment évolueront ces 4 mâles dès leur maturité sexuelle. 15 Merci pour votre attention 16