Télécharger l`article au format PDF
Transcription
Télécharger l`article au format PDF
Modele + ENCEP-775; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS L’Encéphale (2015) xxx, xxx—xxx Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP PSYCHOGÉRIATRIE Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie Clinical audit on drug prescriptions for elderly patients hospitalized in a unit of psychiatry C. Humaraut a,∗, J. Caron a, L. Bayonne b, Y. Moalic a a Pôle pharmacie, consultations, hygiène, centre hospitalier de Cadillac, 33410 Cadillac, France Unité d’hospitalisation de psychiatrie de la personne âgée, pôle Rives d’Arcins, centre hospitalier de Cadillac, 33410 Cadillac, France b Reçu le 16 septembre 2013 ; accepté le 5 mai 2014 MOTS CLÉS Psychiatrie du sujet âgé ; Audit clinique ; Médicaments potentiellement inappropriés ; Psychotropes Résumé Le risque d’iatrogénie médicamenteuse est majoré chez les personnes âgées. Dans une unité de soins gériatrique d’un hôpital psychiatrique s’est déroulée une évaluation des pratiques professionnelles sous forme d’audit clinique ciblé (ACC) sur le thème des « prescriptions médicamenteuses chez le sujet âgé de 75 ans et plus ». Cet audit a conduit à définir trois axes d’amélioration sur les associations de neuroleptiques, les médicaments ayant des propriétés anticholinergiques et la prescription des benzodiazépines, ce dernier faisant l’objet d’une autre communication. Lors de la réévaluation, les ordonnances de sortie ont alors été analysées en regard des axes d’améliorations définis. Entre les deux évaluations, le pourcentage d’ordonnance avec au moins deux neuroleptiques est resté stable. Néanmoins, on a observé que le second était prescrit de manière conditionnelle et anticipée à des posologies inférieures ou égales à celles préconisées chez le sujet âgé. La proportion des patients qui ne prenaient pas de médicaments anticholinergiques est passée de 30 % à 60 % (p ≤ 0,01). Cependant, les référentiels utilisés pour notre évaluation n’étaient pas faciles à respecter, notamment sur l’utilisation des neuroleptiques. En effet, il s’agit de patients dont les troubles ont conduit à une hospitalisation en établissement psychiatrique, ce qui peut nécessiter l’association de deux neuroleptiques. © L’Encéphale, Paris, 2015. ∗ Auteur correspondant. Service de pharmacie, centre hospitalier d’Oloron Sainte-Marie, 1, avenue Alexandre-Flemming, BP 160, 64404 Oloron Sainte-Marie cedex, France. Adresse e-mail : [email protected] (C. Humaraut). http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 0013-7006/© L’Encéphale, Paris, 2015. Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 Modele + ENCEP-775; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS 2 C. Humaraut et al. KEYWORDS Psychiatry in the elderly; Clinical audit; Potentially inappropriate medications; Psychotropic medication Summary Background. — The elderly are particularly vulnerable to the iatrogenic effects of drugs that are a major public health problem. In a geriatric care unit of a psychiatric hospital, the pharmacist, in close cooperation with the various health professionals, takes part in the optimization of drug therapy of these patients during cross-professional consultation meetings. From 2009 to 2011, an evaluation of professional practices was run through a targeted clinical audit on the theme of ‘‘prescription drugs at the age of 75 and over’’. The main objective of this study is to measure the differences between the practices and the guidelines for prescription drugs concerning the elderly, and then to analyze and amend these differences. The secondary objective is to gather data on the prescription drugs for the elderly in the particular context of a psychiatric unit. Methods. — The evaluation was performed using two standards: the evaluation chart of prescriptions of the Professional College of French Geriatrics (CPGF) and the French National Authority for Health and the list of Laroche et al. In the first round, after analyzing the prescriptions of 105 patients, the gap between practice and accepted standards led to the definition of three areas of improvement on the associations of neuroleptics, on the use of anticholinergic drugs and on the prescription of benzodiazepines, the latter being subject of another communication. After reassessment, the prescriptions of 101 patients were thereafter analyzed in relation to the identified areas of improvement. Results. — Patient samples of both phases were statistically homogeneous. Between the two evaluations, the percentage of prescriptions with at least two neuroleptics remained stable, the decline was not significant (18.1% to 13.9%, P ≥ 0.05). However, it was observed that the second suggested a ‘‘conditional’’ decline with dosages less than or equal to those recommended for the elderly dosages. The proportion of patients who did not take anticholinergic drugs increased from 30% to 60% (P ≤ 0.01). In parallel to the improvement of these criteria, it was noted that the average number of psychotropic drugs prescribed was significantly reduced (from 3.3 to 2.79 psychotropic/patients, P = 0.078). Discussion. — The involvement of a pharmacist in cross-professional meetings of a care unit of psychiatry for the elderly has contributed in setting up a clinical audit focused on the drug management of these patients. This work enabled measurement of the progress made in the use of anticholinergic drugs, following the guidelines. In the mean time, it has been highlighted that the standards used are difficult to comply with regarding some criteria. For instance, the use of neuroleptics in the case of elderly patients hospitalized in the unit of psychiatry and not in the unit of geriatrics requires specific adjustments. Indeed, there are patients whose disorders have led to psychiatric hospitalization, which may require a combination of two neuroleptics. This paved the way for us to develop, within a working group representative of all professionals involved, a list fitting our medical practice and integrated into a guidebook adapted to the drug therapy management of elderly patients in psychiatry. The approach being successful, this targeted clinical audit will be extended to patients aged 75 years and over, hospitalized in other care units of the hospital. © L’Encéphale, Paris, 2015. Introduction La population des personnes de plus de 75 ans, ou de plus de 65 ans et polypathologiques, est particulièrement exposée aux conséquences iatrogènes des médicaments. L’étude menée par Bégaud et al. a montré que les effets indésirables médicamenteux sont deux fois plus fréquents en moyenne après 65 ans [1]. Dans une autre étude conduite en France par les 31 centres de pharmacovigilance, la proportion d’effets indésirables augmenterait aussi avec l’âge : 1,9 % pour les moins de 16 ans et 4,1 % pour les plus de 64 ans [2]. Les altérations physiologiques liées à l’âge, la polymédication et les prescriptions médicamenteuses inappropriées les rendent plus sensibles aux événements indésirables médicamenteux. La iatrogénie médicamenteuse constitue donc un problème de santé publique majeur chez les personnes âgées. Les autorités de santé proposent des programmes d’amélioration contre cette iatrogénie : la Haute Autorité de santé avec ses 2 programmes : PMSA [3] et PsychoSA [4]. La lutte contre la iatrogénie médicamenteuse passe aussi par la mise en place d’une activité de pharmacie clinique. C’est pour cela qu’une activité de pharmacie clinique a vu le jour en 2008 au sein du centre hospitalier de Cadillac avec une participation pharmaceutique aux réunions pluriprofessionnelles dans l’unité de psychiatrie du sujet âgé. Il a été décidé de mettre en place une évaluation des pratiques professionnelles sur le thème des « prescriptions médicamenteuses chez le sujet âgé de 75 ans et plus ». L’objectif principal de cette étude est de mesurer les écarts Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 Modele + ENCEP-775; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé de pratiques par rapport aux référentiels en matière de prescription médicamenteuse du sujet âgé, les analyser et les corriger. L’objectif secondaire est de recueillir des données sur la prescription médicamenteuse chez le sujet âgé dans le cas particulier d’une unité de psychiatrie de la personne âgée, notamment sur les psychotropes. Matériels et méthodes L’audit Pour réaliser cette étude, la méthode retenue a été l’audit clinique ciblé. Elle est définie par la Haute Autorité de santé comme « une méthode d’évaluation des pratiques, de première intention, qui permet à l’aide d’un nombre limité de critères, de comparer ses pratiques à des références admises, en vue de les améliorer » [5]. Quatre étapes sont identifiées dans l’ACC : • choix du thème, des critères et de la méthode de mesure ; • recueil des données de manière rétrospective par une analyse du dossier patient ; • analyser les résultats et déterminer les actions d’amélioration ; • réévaluer et apprécier les progrès accomplis et poursuivre les actions d’amélioration. L’ACC s’est déroulé de 2009 à 2011 dans une unité de soins gériatrique d’un hôpital psychiatrique et a consisté en une analyse des prescriptions de sortie des personnes âgées hospitalisées. L’évaluation a été réalisée à l’aide de deux référentiels. En 2009, en collaboration avec le Collège professionnel des gériatres français (CPGF), l’HAS a mis au point une évaluation des pratiques professionnelles (EPP) « prescriptions médicamenteuses chez le sujet très âgé » (80 ans et plus) et propose des grilles d’évaluation d’ordonnances comprenant 12 critères [3]. Le second référentiel est la liste de Laroche et al. [6,7], établie par un consensus d’experts et tenant compte des spécificités de la pratique médicale française par rapport à la liste de Beers, référence internationale [8]. Elle propose une liste de médicaments potentiellement inappropriés (MPI) chez la personne âgée. Elle comporte 34 critères : 29 médicaments ou classes thérapeutiques et 5 situations cliniques particulières. Cette liste, rajoutée comme 13e critère à notre grille de recueil, nous a servis comme outil pour détecter les MPI chez les personnes âgées de 75 ans et plus (Tableau 1). Protocole de l’étude L’étude des prescriptions de sortie des personnes âgées hospitalisées dans l’unité de psychiatrie du sujet âgé est de type rétrospectif et les critères d’inclusion des patients sont : • âge supérieur ou égal à 75 ans au moment de l’hospitalisation ; 3 • patients hospitalisés entre le 1er juin 2009 et sortie avant le 31 mai 2010 inclus (1er tour) et entre le 1er décembre 2010 et sortie avant le 30 novembre 2011 inclus (2e tour) ; • hospitalisation complète dans le service de gérontopsychiatrie quels que soit leur mode d’hospitalisation, leur provenance, leur secteur d’origine et leur(s) pathologie(s) ; • les patients admis en hébergement ont été exclus. Le recueil des données a été réalisé par le pharmacien et l’interne de l’établissement à partir des bases de données du pôle « information, recherche, évaluation médicale » (Pirem). En rétrospectif, la grille de recueil est remplie en regard des éléments notés sur les ordonnances de sorties, comme le recommande la HAS. Méthodologie statistique L’analyse statistique compare, entre les 2 tours, les résultats des critères inclus dans nos axes d’améliorations. Les données ont été saisies sur un gestionnaire de données (Excel 2003) et la comparaison des résultats s’est appuyée sur des analyses statistiques réalisées à l’aide des tests statistiques disponibles sur le site de biostatistiques en ligne « BiostaTGV » [9]. Nous sommes en présence de 2 échantillons indépendants puisque les patients inclus lors de la réévaluation sont différents de ceux inclus dans la première évaluation. L’analyse descriptive présente la moyenne (±écart-type), les extrêmes et les proportions par rapport à la population de départ. L’analyse comparative des moyennes utilise, pour des grands échantillons (n > 30), le test de Student. L’analyse comparative des proportions utilise le test du Chi2 à condition que toutes les classes contiennent un effectif théorique supérieur ou égal à 5. Le seuil de significativité est fixé à 5 % (p < 0,05) pour l’ensemble des tests. Résultats Premier tour Lors de cette première évaluation, 105 patients ont été inclus. Le sex-ratio est de 2,08. L’âge moyen est de 82,9 ans (±4,5). Les critères suivants étaient respectés et ne nécessitaient pas d’actions d’amélioration : critères no 1, 3, 5, 6, 9, 10, 11. Le logiciel de prescription permet de classer les médicaments par domaine pathologique (critère no 1), aucun AINS n’est retrouvé sur les prescriptions (critère no 3), seulement trois ordonnances possèdent des vasodilatateurs cérébraux (critère no 5) et aucune association contre-indiquée n’a été identifiée (critère no 6). Le poids de chaque patient est enregistré sur le logiciel de prescription et accessible au pharmacien (critère no 9), et pour chaque ligne de prescription, le logiciel impose que la durée de prise, la posologie et la répartition dans la journée soient indiquées (critère no 10 et 11). Les critères no 2, 4, 7, 8 et 13 étaient non conformes aux recommandations. En effet, 80 % des ordonnances avaient plus de 2 psychotropes (critère no 2) et 18 % avaient une association de neuroleptiques (critère no 33 de la liste de Laroche). Exactement Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 Modele + ENCEP-775; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS 4 C. Humaraut et al. Tableau 1 Répartition des 13 items de la grille de recueil. 12 items provenant de la grille CPGF/HAS 1 item sur les MPI 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Est structurée par domaine pathologique Ne comprend pas plus de 2 psychotropes Ne comprend pas plus de 1 AINS Ne comprend pas plus de 1 benzodiazépine Ne comprend pas de vasodilatateurs cérébraux Ne comprend pas 2 médicaments dont l’association est contre-indiquée Ne comprend pas 2 médicaments dont l’association est illogique Indique la clairance de la créatinine Indique le poids du patient Précise la durée de prise pour chaque médicament Précise la posologie et répartition dans la journée de chaque médicament Adapte la galénique aux capacités de prise du patient Ne contient pas de MPI chez les patients de 75 ans ou plus 13,3 % des ordonnances comprenaient encore plus d’une benzodiazépine (critère no 4), 29,5 % des ordonnances comportaient une association illogique de deux médicaments (critère no 7) et 87,6 % des prescriptions contenaient un MPI (critère no 13). Aucune clairance de la créatinine n’est disponible lors de la visualisation de l’ordonnance car actuellement le laboratoire prestataire ne fournit que le dosage de la créatininémie (critère no 8). Le critère no 12 n’a pu être évalué car le recueil des données s’est fait de manière rétrospective sans informations sur les facultés de prise du patient au moment de la prescription. urinaire, constipation, troubles cognitifs. . .). On ciblera les médicaments ayant des propriétés anticholinergiques inscrits sur la liste de Laroche et al. [6,7] (critère no 13) et, en particulier, les 3 principales molécules utilisées dans notre unité de soins, à savoir la cyamémazine, l’hydroxyzine et l’alimémazine. Il s’agit à la fois d’éviter de les associer pour éviter une addition des effets indésirables et de ne pas les prescrire dans certaines situations cliniques comme les démences car ils peuvent venir aggraver les symptômes de ces pathologies. Un troisième axe reprenait le critère no 4 et portait sur l’amélioration de la prescription des benzodiazépines. Les résultats feront l’objet d’une autre communication. Axes d’amélioration La méthode de l’ACC s’accompagne d’un plan d’amélioration lui-même mit en œuvre et évalué. Début août 2010, au cours d’entretien avec les médecins du service de psychogériatrie, nous avons sélectionné les critères les plus déficitaires ou mettant en jeu la sécurité du patient. Trois axes d’amélioration ont été définis. Les critères no 7 et no 8 ont été réservés à une évaluation des pratiques professionnelles ultérieure. Puis pendant quatre mois, d’août à décembre, ces critères sont intégrés à la prise en charge médicamenteuse : les interventions pharmaceutiques communiquées au cours des réunions de concertation pluriprofessionnelle (RCP) prennent en compte ces axes d’améliorations. Ceci permet de bien sensibiliser les prescripteurs, avant de lancer une seconde évaluation qui portera cette fois-ci uniquement sur les critères déficitaires [10]. Le premier axe reprend le critère no 2 mais en décidant de cibler uniquement les associations de neuroleptiques, qui sont évoquées par ailleurs dans le critère no 33 de la liste de Laroche et posant particulièrement problème aux prescripteurs. Nous rappelons que l’association de neuroleptiques doit être évitée autant que possible [6,7]. Si cette association est justifiée, elle doit être courte, fréquemment réévaluée et à la dose minimale efficace [11]. Le deuxième axe prévoit la baisse de la prescription de médicament à effets anticholinergiques chez les personnes âgées en raison de leurs effets indésirables nombreux et de leurs impacts pouvant être particulièrement importants (sédation, confusion, troubles cognitifs, risque de rétention Second tour et comparaison des 2 études Lors de la réévaluation, 101 patients ont été inclus. Le sex-ratio est de 1,46. L’âge moyen est de 83,8 ans (±5,2) (Tableau 2). Population de l’étude et polymédication La répartition du sexe et l’âge des patients n’est pas significativement différente entre les 2 tours. Nos échantillons de patients sont homogènes au regard de l’âge moyen des sujets et de la répartition par sexe. La durée moyenne de séjour est significativement plus élevée lors du second tour. La répartition des diagnostics principaux des patients inclus dans la première évaluation et de ceux inclus lors de la réévaluation est présentée sur le Tableau 3. Les 4 principaux diagnostics que présentent les patients inclus dans nos 2 évaluations sont la démence, les troubles de l’humeur, la schizophrénie et troubles délirants et les troubles névrotiques. Les autres diagnostics minoritaires seront regroupés sous le nom de « Autres diagnostics » pour pouvoir les comparer statistiquement (8,6 % vs 12,8 %) (p = 0,3 > 0,05). On observe que la répartition des différentes catégories de diagnostics, basée sur la classification internationale des maladies (CIM10), n’est pas significativement différente entre les 2 tours. Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 Modele + ENCEP-775; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé Tableau 2 Données démographiques des patients inclus lors des 2 tours. Nombre de patient total Sex-ratio % d’homme % de femme Âge (±écart-type) (années) [min—max] Durée de séjour (±écart-type) (jours) [min—max] ≈ : différence statistiquement non significative ; Tableau 3 5 / 1er tour 2e tour 105 2,08 32 % (n = 34) 68 % (n = 71) 82,9 (±4,5) [75—95] 48 (±37) [1—218] 101 1,46 41 % (n = 41) 59 % (n = 60) 83,8 (±5,2) [75—97] 77 (±88) [14—510] Évolution (valeur de p) ≈ (p = 0,22) — — ≈ (p = 0,19) — (p = 0,003) — : différence statistiquement significative, en augmentation ( ), en baisse ( ). Répartition des diagnostics principaux psychiatriques : nombre de patients (%). Pathologies psychiatriques 1er tour 2e tour Évolution (valeur de p) F00-F03 : démences F20 à 29 : schizophrénie, troubles schizotiques et troubles délirants F32 à F39 : troubles de l’humeur F40 à F48 : troubles névrotiques, troubles liés à des facteurs de stress et troubles somatoformes Autres diagnostics (F05 à F10, F30 à F31, F60 à F69) 49 (46,7 %) 11 (10,5 %) 44 (43,6 %) 13 (12,9 %) ≈ (p = 0,65) ≈ (p = 0,6) 29 (27,6 %) 7 (6,7 %) 25 (24,8 %) 6 (5,9 %) ≈ (p = 0,64) ≈ (p = 0,83) 9 (8,6 %) 13 (12,8 %) ≈ (p = 0,30) ≈ : différence statistiquement non significative ; Tableau 4 / : différence statistiquement significative, en augmentation ( ), en baisse ( ). Pourcentage d’ordonnances avec une association de neuroleptiques. Nombre total de patients avec au moins un neuroleptique Nombre total d’ordonnances % d’ordonnances avec une association de neuroleptiques % de patients parmi ceux sous neuroleptiques ayant une association de neuroleptiques ≈ : différence statistiquement non significative ; / 1er tour 2e tour Évolution (valeur de p) 58 58 — 105 18,1 % (n = 19) 101 13,9 % (n = 14) — ≈ (p = 0,41) 32,8 % (n = 19) 24,1 % (n = 14) ≈ (p = 0,30) : différence statistiquement significative, en augmentation ( ), en baisse ( ). Abaisser le nombre d’associations de neuroleptiques La comparaison des pourcentages d’ordonnances avec une association de neuroleptiques est décrite dans le Tableau 4. Après la diffusion des axes d’amélioration, le pourcentage de patients traités par une association de neuroleptiques et la proportion de patients sous neuroleptiques ayant une association d’antipsychotiques est réduit mais pas de manière significative (respectivement p = 0,41 et p = 0,30). Le type d’associations de neuroleptiques prescrites figure dans le Tableau 5. Parmi les 14 associations de neuroleptiques, 10 correspondent à l’association d’un neuroleptique atypique à un neuroleptique classique, 1 à l’association de 2 neuroleptiques atypiques et 3 à l’association de 2 neuroleptiques classiques. Le nombre d’associations neuroleptique atypique/neuroleptique classique est sensiblement le même (14 lors du 1er tour). Si on ne prend pas en compte les neuroleptiques prescrits de manière anticipée conditionnelle, on retrouve 10 associations systématiques. Chaque fois, le neuroleptique prescrit en conditionnel est un neuroleptique classique. On constate que les doses recommandées chez la personne âgée sont respectées sauf dans un cas. Baisse de la prescription de médicaments à effets anticholinergiques La proportion de patients âgés de plus de 75 ans ne prenant aucun médicament anticholinergique est en forte hausse Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 Modele + ARTICLE IN PRESS ENCEP-775; No. of Pages 10 6 C. Humaraut et al. Tableau 5 Associations de neuroleptiques observées lors de la réévaluation. Type d’association NL no 1 1 neuroleptique Rispéridone atypique + 1 neuroleptique classique 2 neuroleptiques atypiques 2 neuroleptiques classiques Total NL no 2 Nombre Nombre d’associations d’associations sans tenir compte des prescriptions anticipées conditionnelles Cyamémazine Tiapride Loxapine Olanzapine Loxapine Amisulpride Loxapine Aripiprazole Amisulpride Cyamémazine Loxapine — — Neuroleptiques avec posologie respectant les recommandations chez le sujet âgé [12,13] 4 3 8/8 2 2 1 1 1 3 14 2 1 0 1 1 2 10 4/4 4/4 2/2 1/2 2/2 6/6 27/28 NL : neuroleptiques. Tableau 6 Évolution du pourcentage d’ordonnances dépourvues de médicaments anticholinergiques ou possédant une association de ce type de médicament. Nombre total d’ordonnances % d’ordonnances dépourvues de médicaments ayant des propriétés anticholinergiques % d’ordonnances contenant une association de médicaments ayant des propriétés anticholinergiques ≈ : différence statistiquement non significative ; / 1er tour 2e tour Évolution (valeur de p) 105 30,5 % (n = 32) 101 59,4 % (n = 60) — 23,8 % (n = 25) 3,9 % (n = 4) (p = 0,00003) (p = 0,00004) : différence statistiquement significative, en augmentation ( ), en baisse ( ). significative (p = 0,00003) (Tableau 6). L’association de deux anticholinergiques est retrouvée 25 fois lors du 1er tour et 4 fois lors de la seconde évaluation, soit une baisse très significative (p = 0,00004). Sur ces 25 associations dans 12 cas, l’un des 2 médicaments est prescrit de façon conditionnelle tandis que sur les 4 associations retrouvées au cours de la réévaluation, 3 ont un des 2 médicaments prescrit de manière anticipée conditionnelle. L’évolution de la répartition des différents anticholinergiques est décrite dans le Tableau 7. L’hydroxyzine et l’alimémazine connaissent une baisse significative de leur prescription (p = 0,000004 et p = 0,0006). La présence de cyamémazine sur les ordonnances reste stable. Les doses d’hydroxyzine et de cyamémazine restent en dessous de la posologie maximale recommandée chez les personnes âgées (≤ 100 mg). Seules les doses d’alimémazine sont supérieures à celles recommandées dans les troubles du sommeil (≤ 20 mg). au moins un médicament anticholinergique diminue de façon significative (p = 0,02) et seul l’alimémazine dépasse la dose journalière recommandée chez le sujet âgé [12,13]. Le taux de patients déments avec au moins une benzodiazépine connaît une augmentation significative (p = 0,046) et lors de la réévaluation, 64 % d’entre elles respectent les posologies recommandées chez la personne âgée. La zopiclone et le zolpidem sont les 2 spécialités qui dépassent parfois les doses préconisées (13 cas sur 19 lignes de prescription). Nous avons aussi analysé le nombre de psychotropes prescrits à l’unité Parchappe lors de la réévaluation et nous les avons comparés à ceux trouvés lors de la première évaluation (Tableau 9). Après la diffusion des axes d’amélioration, le nombre moyen de psychotropes a baissé de manière significative (2,79 psychotropes/patient, p = 0,0078). Le pourcentage d’ordonnances qui ne comprend pas plus de 2 psychotropes passe de 20 % à 39,6 % des ordonnances, représentant une augmentation significative (p = 0,0021). En cas de démences Le critère no 24 de la liste de Laroche précise qu’en cas de démence : « éviter l’utilisation de médicaments ayant des propriétés anticholinergiques, [. . .], benzodiazépines et apparentés » (Tableau 8). Nos 2 groupes de patients sont homogènes au regard de leur pathologie. Le pourcentage de patients déments avec Discussion Durant cet audit, ce sont les mêmes prescripteurs qui ont rédigé les ordonnances de sorties des patients inclus. Nos échantillons de patients sont homogènes au regard de l’âge moyen des sujets, de la répartition par sexe et Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 Posologie moyenne des anticholinergiques prescrits en systématique (mg/j) (±écart-type) [min—max] Anticholinergiques en prescription anticipée conditionnelle % d’ordonnances avec un anticholinergique (nombre d’ordonnances avec un anticholinergique/total d’ordonnances) 1er tour 1er tour 2e tour 1er tour 2e tour 1er tour 2e tour 67,1 (±35,7) [10—150] 31,3 (±9) [10—50] 40,5 (±28) [15—105] — 54,2 (±37,6) [12,5—100] 27,1 (±11,4) [12,5—50] 44,1 (±27,3) [10—80] — 5 2 34,3 (36/105) 7,9 (8/101) 9 3 37,1 (39/105) 15,8 (16/101) 8 5 16,2 (17/105) 15,8 (16/105) 0 1 10 5 2e tour Hydroxyzine 31 6 Alimémazine 30 13 Cyamémazine 9 11 10 5 Autres ARTICLE IN PRESS Anticholinergiques prescrits en systématique Modele + Spécialités ENCEP-775; No. of Pages 10 Répartition des différents médicaments à effets anticholinergiques prescrits et leur posologie. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 Tableau 7 7 Modele + ENCEP-775; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS 8 C. Humaraut et al. Tableau 8 Comparaison de l’utilisation des médicaments anticholinergiques en fonction de la situation à risque. En cas de démence [6,7] 1er tour 2e tour Évolution (valeur de p) % de patients déments % de patients déments avec au moins un anticholinergique % de patients déments avec au moins une benzodiazépine % de patients déments sous benzodiazépine recevant une benzodiazépine à demi-vie courte 56,2 % (n = 59) 74,6 % (n = 44) 51,5 % (n = 52) 53,8 % (n = 28) ≈ (p = 0,051) (p = 0,02) 40,7 % (n = 24) 59,6 % (n = 31) (p = 0,046) 45,8 % (n = 11) 80,6 % (n = 25) (p = 0,007) ≈ : différence statistiquement non significative ; Tableau 9 / : différence statistiquement significative, en augmentation ( ), en baisse ( ). Comparaison du nombre de psychotropes prescrits chez les patients de l’unité. Nombre total d’ordonnances Nombre total de psychotropes Nombre moyen de psychotropes par patient (± écart-type) [min-max] Pourcentage d’ordonnance qui ne comprend pas plus de 2 psychotropes ≈ : différence statistiquement non significative ; / 1er tour 2e tour Évolution (valeur de p) 105 347 3,3 (±1,47) [1—7] 101 282 2,79 (±1,25) [0—6] — — 20 % (n = 21) 39,6 % (n = 40) (p = 0,0078) (p = 0,0021) : différence statistiquement significative, en augmentation ( ), en baisse ( ). par diagnostics principaux. Seule la durée moyenne de séjour est significativement plus élevée lors du second tour. Cependant, un premier travail sur l’analyse pharmaceutique des prescriptions réalisé dans l’unité de soins en 2009, montre que l’essentiel des modifications de traitement a lieu lors des 3 premières semaines d’hospitalisation [11]. Nous estimons que cet écart de durée de séjour ne constitue donc pas un biais à notre étude. L’utilisation d’associations d’antipsychotiques dans le traitement médicamenteux des troubles psychotiques, mais aussi des symptômes psychologiques et comportementaux de la démence chez le sujet âgé est une pratique toujours sujette à débat, qui porte sur l’efficacité et l’innocuité de ces médicaments. Pour éviter le risque de cumuler les effets indésirables liés à ce type d’association, sans avoir l’assurance d’une efficacité supérieure, les autorités de santé recommandent l’utilisation des neuroleptiques en monothérapie. Chez les personnes âgées, les antipsychotiques de deuxième génération sont indiqués en première intention, en raison de leur meilleure tolérance neurologique. Ils interfèrent moins que les neuroleptiques classiques sur les fonctions cognitives en raison d’un moindre effet sur le système anticholinergique [14]. La baisse du pourcentage d’ordonnance avec au moins 2 neuroleptiques n’a pas été significative, illustrant la difficulté dans une unité de psychogériatrie de se passer d’une association de neuroleptiques pour des situations cliniques décrites comme exceptionnelles dans les recommandations officielles mais pouvant s’avérer beaucoup plus fréquente dans un hôpital psychiatrique, notamment après plusieurs échecs. Néanmoins, quand cette association était justifiée, on a observé que la quasi-totalité des neuroleptiques administrés l’était à des posologies inférieures ou égales à celles préconisées chez le sujet âgé. Pour comparaison, une étude pharmacoépidémiologique européenne publiée en 2007 et réalisée sur 45 hôpitaux et 2725 patients ayant une prescription d’antipsychotiques a montré la présence d’une association d’antipsychotiques dans 42,1 % des cas [15]. Malgré cela, ce type d’association doit rester réservé à des situations exceptionnelles et dont il convient d’évaluer au préalable le rapport bénéfice—risque. On a constaté qu’il était possible de diminuer la prescription des médicaments anticholinergiques puisque la proportion de patients ne prenant aucun de ces médicaments était en forte hausse après la diffusion des axes d’amélioration. Lorsqu’ils étaient prescrits, ils l’étaient aux doses minimales efficaces (sauf l’alimémazine). Seule la présence de cyamémazine sur les ordonnances est restée stable. Ceci vient illustrer la difficulté d’éviter l’utilisation de cette molécule très utile en psychiatrie pour ces propriétés cliniques sédatives et anxiolytiques. On note aussi la vigilance des prescripteurs à éviter d’associer 2 médicaments anticholinergiques puisque ce type d’association a littéralement chuté. Lors des RCP, nous insistions aussi sur le fait de ne pas les prescrire dans certaines situations cliniques à risque comme les démences. On constate également une baisse de l’utilisation de ces anticholinergiques dans cette situation à risque. Même s’il reste encore élevé (53,8 % lors de la réévaluation), il est parfois délicat chez certains patients de se passer de certains anticholinergiques. Dans la mesure du possible, si ces médicaments ne peuvent être évités, on recommande de les prescrire à la dose efficace la plus faible possible et de fréquemment les réévaluer : l’analyse des posologies montre que cette recommandation est applicable sur le service. Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 Modele + ENCEP-775; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé En parallèle, on a observé une hausse de l’utilisation des benzodiazépines. Chez les patients déments, elles sont souvent prescrites pour traiter les troubles comportementaux [16]. Leurs effets indésirables peuvent aggraver les troubles cognitifs et doivent être pris en compte. C’est pour cela que la HAS recommande, chez ces patients, d’éviter ou de limiter les prescriptions de benzodiazépines [17]. Cependant, dans certains cas de crise ou de troubles du sommeil sévères, où l’utilisation d’anxiolytiques ou d’hypnotiques s’avère indispensable, il est préférable de prescrire des benzodiazépines à demi-vie courte et sans métabolite que de prescrire des antihistaminiques à but anxiolytique de type hydroxyzine ou des hypnotiques avec des effets anticholinergiques comme l’alimémazine. Ceci se retrouve lors de la réévaluation : on observe que parmi les patients déments traités par une benzodiazépine, ceux traités par une benzodiazépine à demi-vie courte augmentent de manière significative. Le nombre moyen de psychotropes prescrits a été réduit significativement, ce qui diminue les risques potentiels d’interactions médicamenteuses et d’effets indésirables. Lors de notre réévaluation, le pourcentage d’ordonnance avec au moins un MPI d’après la liste de Laroche a baissé de façon significative puisqu’il est passé de 87,6 % (n = 92) à 70,3 % (n = 71) (p = 0,002), mais il reste cependant assez élevé. Par comparaison, dans la littérature internationale, nous retrouvons des études reprenant les critères de Beers chez des personnes âgées institutionnalisées et montrant des taux de MPI inférieurs (27 %) [18,19]. De même, deux études françaises, utilisant la liste de Beers adaptée à la pratique française, ont donné des taux d’inappropriation de 40 % [20] et 66 % [21]. Cependant, ces résultats sont extraits de 2 études réalisées dans un service de gériatrie ou chez des sujets âgés de 65 ans et plus non institutionnalisés, donc difficilement comparables aux nôtres. Une seule étude française apporte des informations relatives à la prescription médicamenteuse du sujet âgé admis dans un service de psychiatrie de la personne âgée. Il s’agit de celle menée par Gaillard, dans plusieurs centres de gérontopsychiatrie de la région Bourgogne Franche Comté [22] et se basant elle-aussi sur la liste de Laroche. Dans cette étude, le taux d’inappropriation à la sortie de l’hospitalisation est de 73 % donc comparable à notre résultat. Le taux de médicaments potentiellement inappropriés aux personnes âgées, semble donc être supérieur dans un service de psychogériatrie à celui retrouvés dans un service de gériatrie ou chez des sujets non institutionnalisés. Cependant, on peut se demander si certains critères de notre grille de recueil sont adaptés à notre pratique médicale. En effet, le critère no 2 « Ne comprend pas plus de 2 psychotropes » est très difficile à appliquer chez des patients dont les troubles ont conduit à une hospitalisation en établissement psychiatrique. En ce qui concerne la liste de Laroche, le critère no 33 (éviter « L’association de 2 ou plus de 2 psychotropes de la même classe thérapeutique ») semble déjà plus adapté à nos pratiques médicales. Cependant dans certains cas, ce critère pose encore problème et nécessite d’être ajusté. Plusieurs fois, nous avons retrouvé l’association cyamémazine à un autre neuroleptique. Le premier est utilisé en psychiatrie pour sa composante anxiolytique, après échec d’un traitement conventionnel dans la prise en charge de l’anxiété et moins pour ses propriétés antipsychotiques. Le second constitue alors la base 9 du traitement antipsychotique. Cette association apparaît inappropriée selon la liste française, alors qu’elle est nécessaire et logique pour la prise en charge du patient souffrant de troubles psychiatriques. Elle doit cependant être ponctuelle, réévaluée et le second neuroleptique prescrit de manière anticipée conditionnelle et à des doses faibles. L’EPP est un moyen de se comparer à des référentiels au vu de l’état de la science mais cependant, ces derniers ne sont souvent pas utilisables tels quels. Elle permet aussi de parvenir à l’objectif d’amélioration des pratiques mais n’est pas une fin en soi. Ces raisons nous ont amenés à élaborer par un groupe de travail représentatif des professionnels impliqués, une liste ajustée à notre pratique médicale et intégrée dans un guide adapté à la prise en charge médicamenteuse du patient âgé en psychiatrie. Le groupe s’appuiera aussi sur une liste de 13 médicaments du système nerveux central préférés chez la personne âgée [23]. Conclusion La participation des pharmaciens et des internes en pharmacie aux RCP a contribué à mettre en place un audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse de ces patients. Ce travail a permis de mesurer les progrès accomplis dans l’utilisation des médicaments anticholinergiques. En même temps, a été mis en évidence le fait que les référentiels utilisés sont difficiles à respecter sur certains critères. Cette démarche a renforcé un enrichissement harmonieux des pratiques pharmaciens/médecins, dans un sens constructif et ceci, au bénéfice des patients âgés psychiatriques et polypathologiques. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Remerciements Dr B. Berthe, C. Blaizot, Dr H. Brun-Rousseau, P. Cestac, Dr H. Houache, Dr P. Maurin, Mme E. Meunier, Pr J.-P. Pometan, équipe de l’unité Parchappe. Références [1] Begaud B, Martin K, Fourrier A, et al. Does age increase the risk of adverse drug reaction? Br J Clin Pharmacol 2002;54: 548—52. [2] Pouyanne P, Haramburu F, Imbs JL, et al. Admissions to hospital caused by adverse drug reactions: cross sectional incidence study. BMJ 2000;320:1036. [3] Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Ensemble améliorons la prescription médicamenteuse chez le sujet âgé (PMSA); 2011. [4] Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Ensemble améliorons la prescription des psychotropes chez le sujet âgé (Psycho SA); 2010. [5] Une méthode d’amélioration de la qualité — Audit clinique ciblé : évaluation des pratiques par comparaison à un référentiel. HAS; 2006. Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005 Modele + ENCEP-775; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS 10 [6] Laroche ML, Charmes JP, Merle L. Potentially inappropriate medications in the elderly: a French consensus panel list. Eur J Clin Pharmacol 2007;63:725—31. [7] Laroche ML, Bouthier F, Merle L, et al. Médicaments potentiellement inappropriés aux personnes âgées : intérêt d’une liste adaptée à la pratique médicale française. Rev Med Interne 2009;30:592—601. [8] Beers MH, Ouslander JG, Rollingher I, et al. Explicit criteria for determining inappropriate medication use in nursing home residents. Arch Intern Med 1991;151:1825—32. [9] Site Internet « BiostaTGV », disponible sur http://marne.u707. jussieu.fr/biostatgv/ [10] Passadori Y, Hervy MP, Gervais X, et al. La démarche qualité et l’évaluation des pratiques professionnelles : un outil pour une meilleure prescription des médicaments chez le personne âgée. Cah Ann Geronte 2010;2:589—601. [11] Moalic Y. La participation pharmaceutique aux réunions pluriprofesionnelles dans une unité de psychiatrie du sujet âgé : une manière de concilier pharmacie clinique et évaluation des pratiques professionnelles. Université Bordeaux 2-Victor Segalen; 2010. Thèse no 81. [12] Millet B, Vanelle JM, Benyaya J. Prescrire les psychotropes. Paris: Masson; 2010. [13] Dictionnaire Vidal 2012, 88e édition. [14] Dufresne C, Gallarda T. La place des antipsychotiques dans la prise en charge des troubles du comportement de la personne âgée. Encéphale 2008;(Suppl. 6). S-S248. [15] Broekema WJ, De Groot IW, Van Harten PN. Simultaneous prescribing of atypical antipsychotics, conventional C. Humaraut et al. [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23] antipsychotics and anticholinergics a European study. Pharm World Sci 2007;29(3):126—30. Bourin M, Vercelletto M. Treatment of mood and behavioural disorders in Alzheimer’s diseases. Klinik Psikofarmakoloji Bülteni 1999;9:119—24. Afssaps. Recommandations de bonne pratique, maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : prise en charge des troubles du comportement perturbateurs. Paris; 2009. Elseviers MM, Vander Stichele RR, Van Bortel L. Quality of prescribing in belgian nursing homes: an electronic assessment of the medication chart. Int J Qual Health Care 2014;26(1): 93—9. Vanier A, Paille C, Abbey H, et al. Évaluation du risque iatrogénique médicamenteux des patients âgés hospitalisés en court séjour. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieill 2011;9(1):51—7. Lechevallier-Michel N, Gautier-Bertrand M, Alperovitch A, et al. Frequency and risk factors of potentially inappropriate medication use in a community-dwelling elderly population: results from the 3 C Study. Eur J Clin Pharmacol 2005;60:813—9. Laroche ML, Charmes JP, Nouaille Y, et al. Impact of hospitalisation in an acute medical geriatric unit on potentially inappropriate medication use. Drugs Aging 2006;23:49—59. Gaillard C. Évaluation du risque potentiel d’événement indésirable médicamenteux chez le sujet âgé : étude multicentrique en psychiatrie. Besançon: Université de Franche-Comté; 2009. Thèse no 25-09-57. Stefanacci RG, Cavallaro E, Beers MH, et al. Developping explicit positive Beers criteria for preferred central nervous system médication in older adults. Consult Pharm 2009;24:601—10. Pour citer cet article : Humaraut C, et al. Audit clinique ciblé sur la prise en charge médicamenteuse chez le sujet âgé hospitalisé en psychiatrie. Encéphale (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.06.005