La Salamandre, le travail du comité de lecture - 3

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La Salamandre, le travail du comité de lecture - 3
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lecture - 3
La Salamandre, le travail du comité de lecture 3
mercredi 17 janvier 2007, par la rédaction
Les consignes :
Repérer les répétitions et les contradictions qui peuvent apparaître d’un travail d’écriture à l’autre.
Faire en sorte que les deux frères se parlent de la même façon du début à la fin du récit.
Repérer les dialogues trop lents et les transformer en discours rapportés, décider de ce qui doit apparaître au
style direct ou au style indirect.
Préciser les descriptions et s’assurer que le lecteur dispose de toutes les informations utiles à l’histoire.
La Salamandre
Louis à Henri Le 10 Septembre 2006 17h
Salut grand frère
Je suis maintenant installé dans mon nouveau collège. Il est très grand comparé à l’ancien. La cantine est
sous la terre, avec une verrière et un jardin pour les professeurs au-dessus. Il n’y a pas beaucoup de
végétation (mis à part le jardin des professeurs), seulement quelques platanes qui se courent après.
Ensuite à l’heure du repas je me suis installé à une table et très vite un groupe de garçons est venu me
parler. Maintenant je me sens un peu moins seul…
Je suis un peu déçu parce qu’on ne peut pas faire du foot. Les ballons en cuir sont interdits !
Dans l’ensemble, mon premier jour d’école était bien.
J’espère que tout va bien au Canada et qu’il fait pas trop froid.
Ton frérot,
Louis
12 septembre 2006 Louis à Henri
Henri,
Il faut que je te dise, mes camarades sont très sévères avec les nouveaux élèves. Ils leur réservent une épreuve terrible, que je vais devoir
faire…
Certes je vais la faire, car je n’ai pas le choix. Ils sont sans pitié ! (enfin, pour les nouveaux comme moi). Sinon, une fois dans leur clan, je
crois qu’ils seront gentils. Je n’ai vraiment pas envie de les décevoir.
Ils me diront demain ce que je dois faire. Je t’expliquerai.
Louis
13 septembre 2006 20h Louis à Henri
Salut Henri,
Le défi c’est d’aller chercher quelque chose dans l’ancien labo de sciences, rien que pour prouver que j’y suis vraiment allé. Je suis bien
embêté.
Ils m’ont dit que j’étais pas chiche d’aller dans le vieux labo de sciences ; il paraît qu’il est interdit d’y aller depuis très longtemps.
Ce labo, il paraît qu’il est terrible …
Voila ce que m’ont dit mes copains aujourd’hui. Est-ce que je dois le faire ?
Allez, je te laisse.
Gros bisous,
Louis
13 septembre 2006 Henri à Louis
Cher petit frère,
J’ai bien rigolé lorsque j’ai reçu ta lettre ! Je ne veux pas te décourager mais je pense que ce genre de défi n’est pas fait pour toi,
« trouillard » comme tu es !!
Rappelle toi, il y a deux lorsqu’on était chez papy Pierre à la campagne, tu ne voulais jamais dormir seul tellement tu avais peur du noir. A
chaque fois que tu entendais un bruit tu me réveillais !
Tu as toujours eu peur du noir et aujourd’hui tu vas me faire croire que tu vas descendre tout seul dans l’ancien labo de ton collège !
Je me rappelle quand tu étais allé chercher ton ballon dans l’arbre cet été ; tu es monté à l’échelle et après l’avoir récupéré tu ne voulais
plus redéscendre. Tu es resté au moins une heure, perché la-haut. C’était très drôle vu d’en bas !
Je comprendrais si tu ne relevais pas le défi de tes amis, mais eux ils se moqueraient de toi toute l’année, et peut-être même jusqu’en
troisième !
Pour une fois, fais-le ce maudit défi ! Il n’est pas bien compliqué : Tu passes une porte, tu entres dans une pièce et tu ramènes un truc.
Sérieusement, tu as peur de faire ça ? Je te souhaite bonne chance ! Je pense a toi !
Henri
15 septembre 21h Louis à Henri
J’ai réussi !
Tu vois, tu disais que je n’y arriverais jamais mais tu as eu tort de douter de moi. Je ne suis pas si peureux que ça et demain mes copains
m’accepteront dans leur bande !
J’ai fait semblant de m’endormir pour ne pas éveiller l’attention des autres, j’ai sauté de mon lit et je suis sorti avec mes chaussures à la
main.
J’ai traversé plusieurs couloirs sombres et froids pour arriver enfin au labo. C’était une grande porte en bois avec des gravures dessus. La
porte était fermée à clef. J’ai sorti de ma poche un petit fil de fer et je l’ai ouverte comme tu me l’avais montré cet été pour entrer dans la
cave de grand-père.
Quand je suis arrivé dans le labo, j’ai vu qu’il y avait plein de bocaux partout sur des étagères.
C’est une grande pièce avec un plafond très haut et plein de toiles d’araignées.
J’ai continué à avancer en explorant la pièce, il y avait vraiment toutes sortes de bocaux, des très grands, de minuscules, des larges,
étroits… Il y avait toutes sortes de choses bizarres, des corps décortiqués, des rats gorgés de formol, des cafards, des serpents, des lézards
et des poumons ou des bouts de viscères.
J’étais fasciné, je ne pouvais pas m’empêcher de regarder.
Et puis il m’a semblé voir quelque chose de brillant dans un des bocaux. Je m’en suis approché et j’ai vu à l’intérieur une salamandre noire
avec des taches blanchâtres. Mon oeil a été attiré par quelque chose qui brillait au fond du bocal. J’ai pris le bocal et je l’ai un peu remué et
c’est là que je l’ai vu. C’était un médaillon !
Alors je me suis dit que c’était une bonne preuve pour toi et les autres.
Le problème, c’est qu’il n’était pas question de mettre la main dedans, trop dégoûtant.
J’ai eu l’idée de réutiliser mon fil de fer. J’ai fait un crochet et j’ai sorti le médaillon. Sans le toucher, je l’ai passé sous le robinet et je l’ai
rincé. Après quoi je l’ai pris en main pour l’examiner de plus près. Il n’est pas très gros mais il est en or avec un blason. Sur le blason il y a
une sorte de dragon ou de lézard. J’ai trouvé ça plutôt joli.
J’ai remis le bocal en place et je suis parti, le médaillon dans ma poche. J’ai hâte de te le montrer !
A plus,
Louis.
15 septembre 21h30 Henri à Louis
Louis,
je te conseille de rapporter tout de suite ce médaillon car tu risques de te faire accuser de vol et tu serais collé ! Je sais que c’est moi qui
t’ai encouragé à impressionner tes copains, mais là, il s’agit d’un médaillon et il peut valoir très cher. Ce serait noté sur ton dossier scolaire.
Maman ne serait pas contente.
Et oui frangin, c’est comme ça !
Fais très attention à toi et ne te fais pas remarquer !!!
Henri.
16 septembre 21h Journal de Louis.
J’avais envie d’épater les copains. Je leur ai montré le médaillon, je l’avais nettoyé un peu pour qu’il brille encore plus. Ils étaient vraiment
surpris ; prendre quelque chose d’aussi précieux dans une salle condamnée du collège, c’était quelque chose !
Je n’avais pas un ami ici et maintenant ils veulent tous s’asseoir à côté de moi en classe ou à la cantine. ils veulent tous que je leur raconte
et… je suis enfin accepté dans leur clan !
Mon frère voulait que je rende le médaillon. Il est tellement jaloux… Pour une fois que je suis plus populaire que lui ! Ce médaillon, il est a
moi ! je le garde !
18 septembre 23h Louis à Henri
C’est encore moi,
Peut-être que j’ai pris des risques, peut-être que j’ai eu tort, mais j’ai conservé le médaillon. Je le porte à mon cou, sous mes vêtements. Il
me donne une si bonne réputation au collège !
Mais ... Il faut aussi que je te dise que je fais beaucoup de cauchemars depuis que je le porte. Et chaque fois je finis toujours par mourir.
Figure-toi, que cette nuit j’ai rêvé que deux hommes pleins de colère, me pourchassaient. Je courais sans me retourner. Eux, ils ne
couraient pas mais ils allaient plus vite que moi. Le premier m’a attrapé et m’a assommé. Et tout d’un coup je n’étais plus là et l’homme
serrait une salamandre dans sa main. Je me suis réveillé, transpirant, essoufflé, terrorisé.
Je t’envoie la photo du médaillon. Je l’ai prise avec mon portable. Le lézard sur le blason, c’est peut-être une salamandre. On dirait qu’elle
n’a pas de tête. Ou alors c’est parce que le médaillon est très vieux.
Observe la date au dos (1795) s’il te plait !
Louis
19 septembre 7h Henri à Louis
Salut Louis,
J’ai fait des recherches sur Internet et figure-toi que ton collège a un grand passé. En effet il s’y est passé beaucoup de choses mais le plus
intéressant concerne la Terreur. Et oui car pendant la Révolution, des nobles et des royalistes venaient s’y réfugier, (à l’époque ton collège
était un couvent). Mais certains se sont fait prendre et il y a eu des exécutions …
Je dois t’avouer que tout cela m’intéresse beaucoup et j’aimerais en savoir un peu plus. Donc je compte sur toi pour chercher ce qui s’est
passé dans la bibliothèque du collège ou n’importe où. Tu es assez grand pour te débrouiller tout seul.
Sinon pour ce qui concerne tes cauchemars essaie de les oublier car après tout ce ne sont que des rêves.
Henri
23 septembre Journal de Louis
Depuis la découverte de ce fameux médaillon, je fais d’étranges cauchemars toutes les nuits. Ce ne sont jamais les mêmes mais ils ont tous
un point commun : chaque fois, on retrouve une salamandre et on en veut à ma vie. J’avoue que j’ai la trouille !
Et en plus maintenant, c’est la catastrophe en cours : moi qui suis assez bon élève, je suis de plus en plus distrait, j’ai de mauvaises notes
et des punitions. Je n’arrive pas à me plonger dans mes leçons. Je n’arrête pas de penser à mes rêves étranges. Il y a même des fois où je
me surprends en train de dessiner une salamandre dans mes cahiers.
Que dois-je faire ? Si j’en parle à mon frère, il va encore me dire de me débarrasser du médaillon mais moi, je n’en ai pas envie parce que
avec ce médaillon, les autres me respectent.
24 septembre journal de Louis
Quelle horrible nuit !
J’ai rêvé que j’étais enfermé dans un cachot noir et lugubre. J’avais froid. J’étais pétrifié de peur. Pourquoi avais-je peur comme ça ? Je ne
sais pas. C’était peut-être les cris qui venaient de l’autre salle.
Soudain deux hommes sont entrés et m’ont bandé les yeux. Ils m’ont ensuite amené dans une autre pièce où ils m’ont allongé sur une
vieille planche de bois. Une odeur de sang séché régnait dans la pièce.
A ce moment je sais qu’on va me décapiter. Je me débats de toutes mes forces et soudain j’entends un bruit sec et je vois la pièce, les
bourreaux et, à ma place, sur la planche, une salamandre décapitée... et d’un coup je me réveille.
25 septembre 5h 30 Journal de Louis
Je me réveille en sursaut, encore un mauvais rêve. Cette fois-ci, ce n’était pas un cauchemar ordinaire. Je me suis vu avec des habits du
XIXe siècle.
Je rentrais dans la grande bibliothèque du collège. C’ est une bibliothèque très ancienne. Elle est très grande, bourrée de vieux livres gros
comme le dictionnaire, des montagnes de livres tous identiques, recouverts d’une épaisse couche de poussière.
Je dissimulais un paquet de lettres derrière les archives de la correspondance aixoise du XVIIIe siècle.
Ce paquet était assez petit ; blanc cassé, et soigneusement attaché d’un ruban rouge.
Mais je me demande si je dois en parler à Henri. Il va encore se moquer de moi et me traiter de froussard.
28 septembre 2006 20h30 Louis à Henri
Henri, ça va plus du tout.
Dans mon dernier rêve, j’étais un autre, un garçon du XIXe siècle. Je cachais un paquet de lettres dans la bibliothèque du collège. Et ...
devine. Je suis allé voir et j’ai trouvé les lettres ! C’est vraiment comme dans mon rêve mais le paquet a vieilli, le papier est tout jaune,
craquelé et couvert de poussière, le ruban est décoloré et l’encre est toute pâle.
C’est le journal d’un élève. Je n’ai pas encore eu le temps de le lire mais je peux déjà te dire qu’il est très ancien. Il y a une date : 1875 !
Et partout des dessins de salamandres !
28 septembre 23h Louis à Henri
Henri, j’ai tout lu !
Celui qui a écrit ce journal signe LB. Comme moi ! Il a trouvé le même médaillon que moi, au même endroit dans le labo de sciences : dans
le bocal de la salamandre, celle que je dessine tout le temps. Il raconte qu’il a reçu pas mal de punitions pour réponses incohérentes et
mauvaises notes. C’est bizarre non ? Les cauchemars qu’il fait sont aussi horribles que les miens, et ce sont exactement les mêmes !
Te rends-tu compte qu’il a vécu les mêmes événements que moi à plus d’un siècle d’intervalle ? Mais je ne sais pas comment tout cela s’est
terminé pour lui, son journal est incomplet.
J’ai peur Henri, j’ai très peur. C’est comme si tout recommençait, comme si son histoire était mon histoire. Dis-moi ce que je dois faire. Et ne
te moque pas de moi, c’est pas le moment.
Louis
28 septembre 23h30 Henri à Louis
Louis,
J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer. j’ai fait des recherches sur cette salamandre. Et j’ai découvert que c’était l’emblème de
François Ier, et qu’au XVIII ème siècle, elle était aussi l’emblème d’une famille aixoise, de longue tradition de noblesse. Ils ont tous été
massacrés pendant la Terreur.
Et je suis sûr et certain que tu es sous la possession du médaillon et du coup t’es dans la même situation que ce fameux L.B. que tu vois
dans tes rêves.
Ce que tu devrais faire c’est voir quel genre de type c’était ton L.B.. Pour cela t’a juste à trouver le registre des élèves de 1875. J’espère
que tu t’en sortiras.
Henri
28 Septembre 23h 45 Louis à Henri
Henri, je viens de relire le journal et j’y ai découvert qu’on peut ouvrir le médaillon en faisant tourner la salamandre.
Je l’ai ouvert ! une pièce d’étoffe pleine de sang séché est tombée en découvrant une inscription :
« Ni toi ni personne ».
Je suis tout de même curieux de savoir ce que cela cache. Tu peux m’aider ?
Fais vite, Henri, mets-toi à ma place.
Louis
29 septembre 1h Henri à Louis
Louis, il faut absolument que tu remettes le médaillon dans le labo, exactement là ou tu l’as trouvé et que tu quittes ce collège tout de
suite.
Moi aussi j’avance. pendant la révolution , il y avait une guillotine dans ton collège. Beaucoup de monde a été exécuté.
Un jeune homme a été guillotiné là. Il portait un médaillon et un des gardes le lui a arraché. Alors le jeune homme est monté à l’échaffaud
en lui hurlant « Maudis sois-tu voleur, tu ne pourras porter ce médaillon sans périr ! Ni toi ni personne » !
Et le voleur aujourd’hui, c’est toi. Remets le médaillon à sa place et enfuis toi. Une malédiction est peut-être sur toi. Ne t’en fais pas.
Tu n’es pas tout seul petit frère.
29 Septembre 2006 6h00 Louis à Henri
Henri,
J’ai trouvé dans la salle des archives au fond de la bibliothèque, une trace du fameux ’LB’... celui des lettres.
Il y avait écrit clairement, noir sur blanc, « Décédé accidentellement le 29 septembre 1906 » !!
Henri, le 29 septembre, c’est aujourd’hui !! Je vais mourir !! Qu’est-ce que je dois faire ?
Louis
30 septembre 2006 Dans la presse locale
Tragique accident au collège M.
Un élève mortellement blessé par la chute d’une vitre. Les circonstances de sa mort n’ont pas encore été élucidées.
e
Le jeune LB, élève de 4 au clg M. a été mortellement blessé par la chute d’une vitre alors qu’il quittait le laboratoire de sciences naturelles
hier en fin d’après-midi. Une enquête est en cours pour déterminer les causes de cet accident dont le caractère particulièrement brutal et
sanglant a profondément choqué ses camarades de classe.
Le jeune-homme essayait vraisemblablement de sortir du collège en passant par la verrière du jardin suspendu qui surplombe la cantine.
Une vitre se serait détachée sur son passage.
Le jeune homme est mort sur l’instant, décapité sous la force du choc.
L’enquête déterminera les causes exactes de cet accident.
Est-il bon d’ajouter que deux élèves, amis du jeune LB soutiennent qu’il portait un pendentif au moment du drame ? La chaîne et le
médaillon n’ont pas été retrouvés. N’ayant pas connaissance de cet objet, la famille a décidé de ne pas donner suite. Il n’y aura donc pas
de recherche à ce propos.