romanzitaliani - Mairie de Fuveau

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romanzitaliani - Mairie de Fuveau
Romanzi italiani :
Petit point sur la littérature transalpine
L’unité politique et linguistique de l’Italie n’intervint dans son histoire que très tardivement ; aussi l’on
considère que la littérature italienne naît avec les œuvres poétiques écrites en diverses langues,
comme par exemple le Cantique des Créatures de Saint François d'Assise, écrit dans le dialecte de
l'Ombrie autour de 1220, souvent cité comme le premier document littéraire italien.
Puis au XIIIe siècle, le dialecte toscan (de Florence, Pise et Sienne) s'est imposé et enrichi, ouvrant la
voie aux trois grands noms du Trecento (XIVe s.) que sont Dante (La Divine Comédie et l’Enfer),
Petrarque (le Canzoniere) et Boccacce. Avec son Decameron, ce dernier s’impose comme le maître
de la nouvelle, représentant un modèle pour les siècles suivants. Ce recueil est un miroir de la
civilisation marchande de l'époque, caractérisant chaque individu par les actions qu'il accomplit.
La Renaissance italienne fut riche dans tous les domaines artistiques. Côté littérature, les XVe et XVIe
siècles sont dévolus aux poèmes de chevalerie, épopées d'hommes et d'exploits en des temps
éloignés, dont le Roland furieux de l’Arioste et la Jérusalem libérée du Tasse réalisent un véritable
renouvellement du genre. A la même époque, le traité écrit par Machiavel (le Prince - 1513) impose
au travers d’un personnage réaliste la politique telle une science autonome fonctionnant avec des
techniques, dont le cynisme, et des objectifs : la force et la décision.
Au XVIIIe siècle, tout comme en France avec Diderot et Marivaux, l’époque voit se réformer le théâtre
sous l’égide de Goldoni et de ses comédies mais aussi avec les tragédies de Vittorio Alfieri.
Ensuite, une extraordinaire floraison romantique caractérisera la littérature du début du XIXe siècle
avant que ne s’impose le courant du « vérisme » au travers d’une langue plus populaire mais comprise
de tous. On retiendra les œuvres poétiques et philosophiques de Leopardi, le roman Les Fiancés de
Manzoni et Malavoglia de Verga. D’Annunzio incarne, quant à lui, le parfait dandy avec une poésie
cynique, érotique, précieuse, provocante et méprisante (Le Plaisir – 1889). Plus candide, Pinocchio voit
le jour en 1881 sous la plume du journaliste Carlo Collodi.
Au XXe siècle si la poésie demeure prédominante, émergent tout de même deux grands
dramaturges : Luigi Pirandello et Ugo Betti, en parallèle de grands romanciers : Curzio Malaparte,
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Alberto Moravia, Dino Buzzati, puis Primo Levi, Leonardo
Sciascia, Italo Calvino, Umberto Eco, Erri De Luca…1
La littérature italienne actuelle, héritière de cette culture humaniste, se veut foisonnante, inventive,
d’une grande diversité. Riches d’influences multiples, ses romans sont chargés de gravité, non sans
humour, décrivant le plus souvent une réalité italienne dans un style vivace et percutant. La littérature
italienne ne se cantonne pas aux limites de la péninsule et donne à entendre les histoires et légendes
de ses îles que sont la Sicile et la Sardaigne, ouvrant ainsi de nouveaux horizons 2.
L’édition de romans italiens en France est assez particulière : même avec les auteurs ayant eu
du succès, les traductions ne sont ni « automatiques » ni régulières, certains auteurs ne sont pas
publiés pendant longtemps et d’un coup quatre titres sont traduits la même année ! « […] la majorité
des auteurs n’est donc éditée qu’occasionnellement […] Les raisons qui expliquent que certains auteurs
sont publiés plus régulièrement que d’autres sont diverses et assez difficiles à identifier […] Cependant,
on peut observer, par l’analyse de la production, des phénomènes récurrents facilement explicables.
Ainsi, certains genres littéraires sont favorisés par les éditeurs [car] ces genres retiennent l’attention
du public et que les éditeurs ont un intérêt commercial à les publier. […] principalement le genre
policier (nous comptons ici aussi bien le « polar » que le « roman noir ») et la science-fiction […] 3.»
Mais ce n’est pas le cas de tous !
Un des atouts semble-t-il pour pouvoir traverser les Alpes, est que l’auteur appartienne à un
champ artistique plus vaste que le simple milieu littéraire : « il semblerait que les liens avec d’autres
médias soient considérés par les éditeurs comme des éléments valorisants, donnant une image
1
Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_italienne ; http://www.italianculture.net/francais/litterature.html ;
http://www.touristie.com/italie/Ebauche-portrait-litterature-154
2
http://www.bing.com/images/search?q=litt%C3%A9rature+italienne+contemporaine&view=detail&id=1E3AA05D16243EF18E34
B6518E945333F3A1060C&first=0
3
Diplôme de conservateur de bibliothèque « La littérature italienne publiée par l’édition française : paysages et perspectives »
de Héloïse Faivre, Geoffrey Girost, Alice Gradel, Agathe, Sanjuan, Françoise Vernaton, Sous la direction de Madame Bernadette
Seibel, Professeur associé à l’ENSSIB , http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/document-828
positive et dynamique de l’auteur et devant à ce titre figurer sur l’exemplaire.4 […] » Ou comment la
célébrité fait vendre…
Par ailleurs les aides gouvernementales à la traduction n’expliquent pas forcément l’engouement
ou le détachement pour cette littérature puisque bon nombre d’auteurs traduits le sont sans aide. Les
concours à la traduction servent tout de même les auteurs peu connus ou aux textes de diffusion
moins importante. Ces aides sont apportées à moins de 10% de la production de traductions 5.
En outre, le fait qu’un roman soit consacré par les prix les plus prestigieux dans son pays ne garantit
pas non plus une traduction française. Recevoir un prix n’est pas un critère décisif !
Il faut savoir que les traducteurs d’italien ne sont pas pléthore et que 15% d’entre eux sont à
l’origine de plus de la moitié des romans italiens publiés en français.6 Les plus productifs sont :
Marguerite Pozzoli, Françoise Brun, Nathalie Bauer, Monique Baccelli, Serge Quadruppani, Jean-Paul
Manganaro, Danièle Valin, René de Ceccatty, Arlette Lauterbach, Thierry Laget. Certains ont des
auteurs « attitrés », autres des genres littéraires de prédilection tandis que certains ont un champ de
traductions plus vaste. Par contre la majeure partie est attachée à une maison éditoriale, quand le
traducteur n’est pas tout simplement le directeur de la collection ; même s’il est avéré que les
collections spécifiques ne sont au total pas plus productives que d’autres collections plus vaste comme
c’est le cas chez Gallimard (Du monde entier / folio / folio bilingue / L’arpenteur / Arcades /Série noire
/ De l’imaginaire).
Certaines maisons d’édition sont plus tournées vers la littérature italienne que d’autres : Gallimard,
Payot & Rivages, Le Seuil (qui a une collection spécifique), Bourgois, Actes Sud (qui a une collection
spécifique)7. « En dépit de la multitude de maisons concernées, la concentration de l’édition de
littérature italienne en France est manifeste : les 10 principaux éditeurs français de littérature italienne
représentent plus de la moitié des titres publiés […] Gallimard, Payot & Rivages et Le Seuil dominent le
secteur […] Si la littérature italienne apparaît donc attractive auprès des éditeurs français, seul un petit
nombre d’entre eux est en mesure de la publier de façon régulière et conséquente. 8 »
« En dépit du nombre important d’éditeurs italiens concernés, les éditeurs français font dans
une très large mesure appel à un nombre limité d’entre eux. […] Près de la moitié des éditeurs italiens
concernés n’ont publié qu’un seul titre traduit en français. Cette logique de concentration est encore
renforcée si l’on prend en compte la structure générale de l’édition italienne. 9 » En effet, le marché
italien, encore plus que le français, se constitue de filiales de grands groupes ayant des activités
diverses. On citera les géants Mondadori, qui appartient à Fininvest de Berlusconi, et RCS Libri du
groupe Rizzoli, grand groupe de presse et d’édition à qui appartient depuis 2000 Flammarion. En
parallèle, existe toutefois des relations directes entre maisons d’édition de moindre envergure. Les
traductions italiennes n’échappent pas aux tractations des salons du livre européens.
Le manque de visibilité de la littérature italienne contemporaine en France est en fait très
comparable à celui de la littérature allemande, espagnole, portugaise, polonaise….. bref à tout ce qui
n’est pas anglosaxon, pour ne pas dire américain. En effet le marché est saturé par les traductions de
best-sellers dont le coût des droits est tellement important que seuls les grands groupes peuvent
investir. Alors les efforts en termes de diffusion et de communication cherchent à rentabiliser les
investissements masquant ainsi des domaines étrangers moins populaires mais pas moins qualitatifs
bien au contraire…
4
5
6
7
8
9
Idem
Idem p. 44
Idem p. 41
Idem p.51-52
Idem p. 52
Idem p.65

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