13e COLLOQUE AUDIENS - « LE DEUIL CACHE » FACE AU

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13e COLLOQUE AUDIENS - « LE DEUIL CACHE » FACE AU
Communiqué de presse
Paris, le 21 novembre 2014
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13 COLLOQUE AUDIENS - « LE DEUIL CACHE »
FACE AU SILENCE, ACCOMPAGNER LES PERSONNES FRAGILISEES
Avec plus de 200 personnes réunies, samedi 15 novembre dernier, à la Maison de
l’Amérique Latine, le colloque organisé par Audiens a suscité un intérêt tout
particulier, compte tenu de la complexité et du caractère profondément intime du
sujet traité. Réunis pour l’occasion, les spécialistes, Noëlle Chatelet, Boris Cyrulnik,
Christophe Fauré, Marie de Hennezel et Danielle Rapoport ont partagé leurs
expériences et leurs convictions sur le deuil dit « caché », car occulté et refoulé par
ceux qui le vivent.
Le deuil caché est un deuil dont on ne parvient pas à parler. Un deuil où les émotions sont
refoulées, et qui peut conduire la personne endeuillée à développer des symptômes posttraumatiques qui l’empêchent d’aller de l’avant. Un phénomène méconnu, dans une société
où les sujets en lien avec le décès sont bien trop souvent occultés.
60 000 personnes touchées par le suicide d’un proche en France
Pour illustrer le sujet, le psychologue Christophe Fauré a choisi de parler du suicide. On en compte
environ 12 000 par an en France, et 3 à 5 personnes sont directement touchées par le suicide
d’un proche, ce qui représente potentiellement 60 000 personnes concernées.
Certaines d’entre elles vont développer un symptôme post-traumatique. Elles éprouvent un fort
sentiment de culpabilité pour ne pas avoir compris la détresse de leur proche, voire de la honte.
La honte induit aussi parfois le silence : on cherche à cacher la cause de la mort. Or pour
en sortir, il faut parler, nommer le suicide. «C’est en traversant cette souffrance qu’on parvient
à la dépasser, on ne peut pas l’éviter » a insisté Christophe Fauré.
Une double contrainte face au suicide assisté
Marie de Hennezel, psychologue clinicienne et écrivain, a évoqué le suicide assisté en citant
la situation vécue par un jeune homme confronté à la volonté de sa mère de mettre fin à ses jours.
Pour la psychologue, cette forme de suicide peut être vécue très violemment par les proches
et déclencher chez eux une culpabilité énorme. « Cette paix recherchée dans la mort va avoir
un terrible prix pour les vivants » dit-elle, car ces derniers sont soumis à une double contrainte,
- le jeune homme se sent indigne s’il refuse les dernières volontés de sa mère mais également
s’il les accepte - qui peut faire perdre la raison.
L’écrivain Noëlle Chatelet a raconté dans son livre « La dernière leçon » la fin de vie de sa mère,
sa décision de choisir sa mort et d’y préparer ses enfants. En réponse à Marie de Hennezel, elle
a précisé qu’elle préférait parler de mort choisie plutôt que de suicide assisté, qui renvoie
à des images plus apaisées. «Tous les chemins sont à comprendre, dans une société où le deuil
est devenu infiniment solitaire, presque indécent, chemins d’autant plus ardus que le deuil est
caché ».
Elaborer sa souffrance, pour se libérer de la prison du passé
Boris Cyrulnik est revenu sur le syndrome post-traumatique. Selon le psychologue qui a fait
connaître le concept de résilience au grand public, pour surmonter la souffrance, le soutien
affectif est nécessaire. Il faut aussi pouvoir élaborer la souffrance qui est en soi, ne pas
se taire, sinon elle s’enracine et agit à notre insu. « Dans le syndrome post-traumatique, on est
prisonnier de son passé. Si je peux élaborer ma souffrance, je peux remanier, retravailler ce qui
m’est arrivé, même si c’est une tragédie », a conclu le psychologue.
La psychologue-clinicienne Danielle Rapoport s’est quant à elle exprimée sur la perte périnatale
de l’enfant, un deuil qui est resté caché très longtemps. Mais ce n’est plus le cas depuis
une quinzaine d’années. « On accepte aujourd’hui que cet enfant mort soit non remplacé
et irremplaçable. On doit beaucoup aux psychanalyses d’avoir fait émerger l’indicible » a-t-elle
expliqué.
Ne pas hésiter à se faire aider
A travers ces témoignages, les intervenants se sont accordés pour dire qu’il ne faut surtout pas
taire sa souffrance et pour cela, ne pas hésiter à se faire aider. Les psychanalystes peuvent
jouer ce rôle d’aidants et alléger la violence des deuils. La culture également, comme
l’a expliqué Boris Cyrulnik, car elle permet d’élaborer ce qui est arrivé : « en parlant ou en écrivant,
on redevient sujet ».
En organisant les colloques « Les chemins du deuil » depuis plus de 10 ans, Audiens répond
à sa mission d’aider et accompagner les personnes fragilisées. Une mission qui est l’expression
d e la vocation sociale du groupe dont la valeur fondatrice est la solidarité.
« La protection sociale professionnelle est une création continue »
Informations complémentaires : www.audiens.org
Twitter : @GroupeAudiens
CONTACTS
Paula Martins et Maguelonne Deschard
01 44 37 00 19
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