Les programmes d`échange de seringues en Ontario
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Les programmes d`échange de seringues en Ontario
Les programmes d’échange de seringues en Ontario: recommandations de pratiques exemplaires Carol Strike Ph.D. , Centre de toxicomanie et de santé mentale Lynne Leonard Ph.D., CQSW, Université d’Ottawa Margaret Millson MD, MHSc, FRCPC, MHSc, FRCPC, Université de Toronto Susan Anstice MSc., Centre de toxicomanie et de santé mentale Natasha Berkeley BA, Centre de toxicomanie et de santé mentale Emily Medd BSc., Université d’Ottawa Av e c d e s c o n t r i b u t i o n s d e Shaun Hopkins, Paul Lavigne, Ron Shore et Don Young m a rs 2 0 0 6 Référence suggérée Strike C., Leonard L., Millson M., Anstice S., Berkeley N., Medd E., Les programmes d’échange de seringues en Ontario : recommandations de pratiques exemplaires, Toronto, Comité ontarien de coordination de l’échange de seringues, 2006. Déni de responsabilité Les opinions et recommandations formulées dans ce document sont celles des auteures et ne reflètent pas nécessairement celles du Centre de toxicomanie et de santé mentale, de l’Université de Toronto ou de l’Université d’Ottawa. Cette publication a été rendue possible grâce à un octroi du Fonds des initiatives commun—autaires de la Stratégie antidrogue. Du financement additionnel a été reçu du secrétariat pour les programmes sur l’hépatite C, ministére de la Santé et des soins de longue durée. La production de ce document a été rendue possible grâce à une contribution financière de Santé Canada. Les points de vue exprimés dans cette publication ne sont pas néssairement ceux de santé Canada. Pr é fa c e d u C o m i t é o n t ar i e n d e c o o rd i n a t i o n d e l’ é c h a n g e d e s e r i n g u e s Au nom du Comité ontarien de coordination de l’échange de seringues (COCÉS), représentant le Réseau d’échange de seringues de l’Ontario (RÉSO), nous sommes fiers de vous présenter ce document enthousiasmant, qui est le fruit de grands efforts et, à notre avis, constitue une première. L’idée d’un document établissant des normes de pratiques exemplaires pour les programmes d’échange de seringues était depuis quelques années l’objet de discussions parmi les programmes de réduction des méfaits du réseau ontarien. D’après mon souvenir, c’est Don Young, directeur du programme de réduction des méfaits Superior Points, à Thunder Bay, qui a été le premier à en articuler l’idée. Don a été une force motrice pour ce projet et il continue de nous rappeler l’importance de fournir des programmes d’intervention novateurs et stratégiques. Bien que des programmes d’échange de seringues soient actifs en Ontario depuis 17 ans, il n’y a eu jusqu’ici aucune norme minimale ni directive pour leur fonctionnement. Les programmes d’échange de seringues évoluent vers la distribution et la collecte de seringues, et ils servent fréquemment de tremplin pour l’évolution d’autres services de santé, comme le traitement d’entretien à la méthadone. Outre la législation sur les lignes directrices obligatoires, élaborée initialement en 1997, il n’existe aucun document de politique ni norme établie, à l’intention des programmes de réduction des méfaits, en ce qui concerne les décisions opérationnelles ou de planification de programme. Plusieurs programmes de réduction des méfaits et d’échange de seringues peinent encore à obtenir un financement adéquat et la reconnaissance d’intervenants clés du domaine de la santé publique et des sphères plus générales de la prévention de la maladie, de la promotion de la santé ainsi que de l’éducation à la santé. En dépit d’un corpus de données convaincantes, qui continue de croître, au sujet de l’efficacité, de l’efficience ainsi que des aspects pratiques des programmes d’échange de seringues, plusieurs de nos programmes survivent avec des fonds minimaux et insuffisants. De plus, les programmes manquent d’accès à une synthèse de la littérature, pour le développement de programmes. Dans le présent document, nous avons rassemblé pour la première fois ce bassin de données pour la suite de l’évolution de la pratique en réduction des méfaits. Nous en sommes très fiers; ce sera un outil bénéfique à notre domaine. Nous sommes persuadés que ce document est à plusieurs égards une première mondiale. Il fournit, de manière concise, synthétisée et organisée, le contenu de la littérature mondiale touchant plusieurs politiques novatrices ou controversées, et les défis concrets que nous rencontrons. Quelles données existent à l’appui de la fourniture de matériel d’inhalation à des utilisateurs de crack, ou de cristal méthamphétamine? Quels autres programmes de santé les intervenants en échange de seringues devraient-ils développer, le cas échéant? Quels sont, pour un nouveau programme, les meilleurs moyens connus de fournir un approvisionnement en seringues? Le présent document rassemble un corpus de données en réponse à ces questions et à une panoplie d’autres. La réduction des méfaits a beaucoup avancé, en Ontario, depuis 17 ans. Nous sommes d’avis qu’elle peut aller beaucoup plus loin. Nous dédions ce document aux innombrables clients et amis que nous avons eu l’honneur de connaître et de servir au fil des années. Nous nous souvenons de ceux qui sont décédés et nous luttons pour aider ceux qui sont vivants. Le COCÉS remercie l’équipe d’auteures qui a travaillé à ce document, et en particulier les Dres Carol Strike, Lynne Leonard et Peggy Millson pour leurs conseils et le soutien intelligent et indéfectible qu’elles fournissent à nos programmes. Salutations distinguées, Ron Shore Coordonnateur, Street Health Centre, Kingston Les auteures Carol Strike est chercheuse scientifique au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CTSM) et professeure adjointe à l’Université de Toronto. Titulaire d’un doctorat en sciences de la santé publique ainsi que d’une maîtrise en épidémiologie, elle a publié des articles scientifiques examinant des aspects des programmes d’échange de seringues (PÉS) comme la conception de programme, les limites interpersonnelles et la stigmatisation. Appliquant des méthodes quantitatives, qualitatives et communautaires, ses recherches se concentrent sur la conception, la provision et l’utilisation des soins de santé pour utilisateurs de drogue et autres populations marginalisées. Lynne Leonard est chercheuse en sciences sociales et travailleuse sociale, de formation. À l’Université d’Ottawa, elle est professeure adjointe et chercheuse scientifique au Département d’épidémiologie et de médecine sociale, où elle est directrice de l’Équipe de recherche sur la prévention du VIH. Elle a dirigé plusieurs études communautaires collaboratives sur la recherche en prévention du VIH et du virus de l’hépatite C (VHC), à l’échelle nationale, provinciale et régionale. Elle réalise actuellement une étude évaluative sur l’impact de la controversée distribution de pipes à crack à Ottawa; en collaboration avec la Dre Strike, elle travaille à une étude évaluant le degré de nécessité d’un lieu sécuritaire pour l’injection à Ottawa. Margaret (Peggy) Millson est spécialiste en médecine sociale et professeure adjointe au Département des sciences de la santé publique ainsi qu’à l’Unité d’études sociales, comportementales et épidémiologiques sur le VIH de la Faculté de médecine, à l’Université de Toronto; elle est également scientifique principale à l’Ontario HIV Treatment Network. Ses principaux intérêts de recherche sont la prévention des infections hématogènes et transmissibles sexuellement parmi les utilisateurs de drogue et d’autres populations marginalisées; elle a été chercheuse principale dans plusieurs études sur le risque de VIH et de VHC parmi les utilisateurs de drogue par injection, et sur l’évaluation de programmes de réduction des méfaits. Susan Anstice est coordonnatrice de recherche au CTSM et chercheuse affiliée au Research on Inner City Health du St. Michael’s Hospital. Titulaire d’une maîtrise en sciences de la santé publique, elle a enseigné divers cours sur les méthodes de recherche à la Ryerson University. Son expérience inclut des recherches qualitatives et communautaires dans les domaines de la réduction des méfaits, de la santé mentale et de la santé de populations marginalisées. Natasha Berkeley est analyste en recherche au CTSM. Elle complète actuellement la dernière année du programme de maîtrise en travail social à l’Université de Toronto, où elle est également inscrite au Programme collaboratif d’études sur la toxicomanie. Dans le cadre de son stage auprès de la Toronto Public Health, elle rédige un manuel de formation sur les pratiques exemplaires dans le traitement de la maladie mentale et des troubles du développement chez l’enfant. Emily Medd est coordonnatrice de la recherche auprès de l’Équipe de recherche sur la prévention du VIH à l’Université d’Ottawa. Ses projets de recherche en cours incluent une étude provinciale visant à améliorer l’expérience des femmes dans le cadre du programme ontarien de test prénatal du VIH, et le développement d’une étude provinciale pour établir les besoins des femmes ontariennes en matière de prévention du VIH. Elle détient un baccalauréat en sciences de la vie de l’Université Queen’s et elle entend poursuivre sa formation pour devenir médecin. Le Réseau d’échange de seringues d e l’ O n t ar i o Le Réseau d’échange de seringues de l’Ontario (RÉSO) a été fondé en 1998 afin de servir de forum de discussion et d’échange d’information au sujet des enjeux, politiques et initiatives qui ont un impact sur les programmes d’échange de seringues affiliés à des unités de santé publique de l’Ontario. Le bassin de membres du RÉSO inclut des représentants régionaux des programmes d’échange de seringues financés par la direction de la santé publique du ministère ontarien de la Santé et des Soins de longue durée. Le rôle du RÉSO est de : u Partager l’information sur les tendances, les enjeux et l’épidémiologie en lien avec l’usage de drogue, le VIH/sida, les hépatites B et C, et d’autres infections hématogènes; u Identifier des priorités pour le développement professionnel et, au besoin, présenter ces éléments aux employés de programmes, gestionnaires et autres; u Veiller à ce que l’éducation fournie aux utilisateurs de drogue soit à jour, de grande qualité et uniforme, à l’échelle de la province; u Élaborer des stratégies pour promouvoir les programmes d’échange de seringues et autres stratégies de réduction des méfaits, au sein de la communauté générale; u Fournir l’occasion aux employés de se réunir périodiquement pour partager de l’information et discuter d’orientations de programmes; u Offrir une perspective provinciale qui appuie les besoins des programmes et des clients u Établir des groupes de travail pour aborder des problématiques identifiées; u Commenter les besoins en matière de recherche. Les membres du RÉSO qui ont supervisé ce projet sont : Ron Shore, Kingston (région de l’Est) Paul Lavigne, Ottawa (région de l’Est) Don Young, Thunder Bay (région du Nord-Ouest) Suzanne Newmark, Hamilton (région du Centre-Ouest) Elizabeth Larocque, Sault Ste. Marie (région du Nord-Est) Jack Smit et Janine Luce, London (région du Sud-Ouest) Cathy White, York (région du Centre-Est) Shaun Hopkins, Toronto (région torontoise) Membres d’office :ministère de la Santé et des Soins de longue durée, Direction de la santé publique : Nancy Peroff-Johnston et Susan Lindsey Remerciements Ce projet a été financé et supervisé par des membres du Comité ontarien de coordination de l’échange de seringues (COCÉS) : Shaun Hopkins, The Works, Toronto; Don Young, Superior Points, Thunder Bay; Paul Lavigne, Santé publique Ottawa; et Ron Shore, Street Health, Kingston. Le COCÉS a gracieusement contribué de son expertise et de ses conseils, et nous lui sommes profondément reconnaissantes pour sa contribution inestimable au contenu de ce document. Nos efforts pour établir un ensemble de pratiques exemplaires de grande qualité ont bénéficié considérablement des examens faits par des expertes et des experts qui n’ont reçu que nos remerciements du fond du cœur, pour leur travail acharné et leur lecture, leurs commentaires et leurs suggestions. Ce document a été amélioré considérablement par les examens indépendants et exhaustifs réalisés par : Diane Bailey, Mainline Needle Exchange, Halifax, Nouvelle-Écosse; Dave Burrows, AIDS Projects Management Group, Sydney, Australie; Don DesJarlais, Beth Israel Medical Center, N.Y., N.Y.; et Marliss Taylor, Streetworks Needle Exchange, Edmonton, Alberta. Nous remercions, pour leur expertise et l’assistance qu’ils nous ont fournies, les gérants régionaux du Réseau d’échange de seringues de l’Ontario (RÉSO) : Suzanne Jackson, The Van and Street Health Program, Hamilton; Jack Smit, Counterpoint Needle Exchange, London; ainsi que Susan Lindsey, Nancy Peroff-Johnston, Lorraine Scheidel et d’autres examinateurs du ministère ontarien de la Santé et des Soins de longue durée. Par ailleurs, ce projet impliquait la complétion de nombreuses tâches essentielles, laborieuses et pas très glorieuses, comme la localisation, l’obtention et l’indexage de montagnes de littérature, et l’intégration de toutes les corrections d’erreurs typographiques dans un document révisé. Pour leur assistance, nous remercions Maria Jones, Emily Hansson et Natasha Khan, du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CTSM), ainsi que Tarek Varani et Emily Meadows, du Département d’épidémiologie et de médecine sociale de l’Université d’Ottawa. En outre, nos efforts de révision d’épreuve ont grandement bénéficié de l’œil de faucon de Claire Rufo, du CTSM. La traduction française est de Jean Dussault et Josée Dussault. Ta b l e d e s m a t i è r e s Préface du COCÉS 3 Les auteures 4 Le Réseau d’échange de seringues de l’Ontario (RÉSO) 5 Remerciements 6 Liste des tableaux 10 Aperçu du document: Principes du projet 11 Pratiques exemplaires vs conseils pratiques 12 Introduction 13 L’efficacité des PÉS 17 Tâches pour le démarrage d’un PÉS 29 Recommandations de pratiques exemplaires – En bref 41 Échange, manipulation et mise au rebut de seringues et aiguilles : L’échange de seringues et d’aiguilles– en bref 43 Sécurité accrue de la manipulation et de la mise au rebut de matériel d’injection usagé – en bref 45 Distribution d’autres instruments liés à l’injection : Distribution de chauffoirs (cookers) – en bref 48 Distribution de filtres – en bref 49 Distribution d’acidifiants – en bref 50 Distribution de fioles d’eau stérile – en bref 51 Distribution de tampons d’alcool stériles – en bref 52 Distribution de garrots [tourniquets] – en bref 53 Distribution de tubes de verre – en bref 54 Modèles pour la fourniture de programmes d’échange de seringues – en bref 55 Éducation: Éducation sur l’injection plus sécuritaire – en bref 58 Promotion du sécurisexe et fourniture d’éléments pour sa pratique – en bref 60 Éducation sur la prévention de surdose – en bref 61 Services: Références et counselling – en bref 64 Traitement d’entretien à la méthadone – en bref 66 Soins primaires : Soins primaires – en bref 67 Premiers soins pour les abcès et les problèmes cutanés – en bref 69 Vaccination – en bref 70 Services de tests diagnostiques – en bref 72 Relations avec les intervenants d’application de la loi – en bref 75 Évaluation de programme – en bref Recommandations de pratiques exemplaires – en détail 78 81 Échange, manipulation et mise au rebut de seringues et aiguilles : L’échange de seringues et d’aiguilles – en détail 83 Sécurité accrue de la manipulation et de la mise au rebut de matériel d’injection 95 Distribution d’autres instruments liés à l’injection: 111 Distribution de chauffoirs (cookers) – en détail 119 Distribution de filtres – en détail 124 Distribution d’acidifiants – en détail 130 Distribution de fioles d’eau stérile – en détail 134 Distribution de tampons d’alcool stériles – en détail 140 Distribution de tourniquets – en détail 143 Distribution de tubes de verre – en détail 147 Modèles pour la fourniture de programmes d’échange de seringues – en détail 153 Éducation: Éducation sur l’injection plus sécuritaire – en détail 185 Promotion du sécurisexe et fourniture d’éléments pour sa pratique – en détail 198 Distribution de condoms – en détail 200 Distribution de digues dentaires et autres barrières de protection – en détail 207 Distribution de gants de latex et de couvre-doigt – en détail 210 Inciter à l’utilisation de barrières cervicales 213 Éducation sur la prévention de surdose – en détail 218 Services: Références et counselling – en détail 227 Traitement d’entretien à la méthadone – en détail 238 Soins primaires – en détail: Soins primaires – en détail 245 Premiers soins pour les abces et les problèmes cutanés – en détail 247 Vaccination – en detail 249 Services de tests diagnostiques – en détail 257 Relations avec les intervenants d’application de la loi – en détail 265 Évaluation de programme – en détail 275 Autres considérations pour les PÉS : Méthamphétamine 281 OxyContin™ 283 Buprénorphine 284 Substitution à l’héroïne (diacétylmorphine) 286 Lieux plus sécuritaires pour l’injection 286 L i s t e d e s ta b l e a u x 1. Exemples de recommandations pour une sécurité accrue dans la manipulation et la mise au rebut 2. Comparaison des forces et limites de divers modèles de PÉS 3. Exemples de pratiques recommandées pour la prévention de surdose 4. Avantages et inconvénients de l’utilisation de numéros d’identification de clients 5. Exemples de recommandations pour une sécurité accrue dans la manipulation et la mise au rebut 6. Exemples de lignes directrices post-exposition en cas de blessure avec une aiguille 7. Comparaison des forces et limites de divers modèles de PÉS 8. Composantes de programmes complets pour prévenir la transmission de pathogènes hématogènes entre UDI 9. Exemples de composantes d’une éducation sur l’injection plus sécuritaire 10. Exemples de pratiques recommandées pour la prévention des surdoses 11. Avantages et inconvénients de l’utilisation de numéros d’identification de clients 10 Aperçu du document Dans ce document, nous présentons des recommandations de pratiques exemplaires à l’intention des programmes d’échange de seringues (PÉS) dans des communautés de l’Ontario. Les recommandations sont fondées sur les meilleures données scientifiques disponibles. Le document se divise en cinq parties : u Introduction – des renseignements de base sur le projet et les PÉS u Examen de la littérature sur l’efficacité des PÉS u Tâches pour le démarrage d’un PÉS u Recommandations de pratiques exemplaires – en bref – une version abrégée de toutes les recommandations u Recommandations de pratiques exemplaires – en détail – reprise des recommandations, avec un examen plus détaillé des enjeux et la citation de données à l’appui spécifique des recommandations. Principes du projet Pour l’élaboration du présent document, nous avons adopté une approche participative dans le cadre de laquelle les auteures ont travaillé en collaboration avec des membres du Comité ontarien de coordination de l’échange de seringues, au développement de la structure et du contenu. Les gestionnaires régionaux de PÉS ontariens ont fourni à l’équipe du projet leur feed-back sur la structure et le contenu du document. Nous avons procédé à un examen exhaustif des meilleures données disponibles tout en tenant compte des ressources et du temps accordés au projet. La priorité a été accordée aux données scientifiques fiables. Afin d’assurer toutefois que le document soit pertinent au contexte ontarien, une approche hiérarchique a été adoptée, à l’effet que les données ontariennes seraient examinées en premier lieu, suivies des données d’autres parties du Canada, puis d’autres pays industrialisés (p. ex. les États-Unis, les pays d’Europe et l’Australie). Par exemple, il existe des données ontariennes démontrant que des utilisateurs de drogue par injection (UDI) partagent du matériel d’injection. En conséquence, nous n’avons pas examiné de rapports de tous les autres ressorts, quant au partage de matériel d’injection par des UDI. Nous avons aussi utilisé des guides pratiques et des feuillets d’information développés par des PÉS ainsi que des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux. À l’intention des lecteurs, nous avons signalé sur quels éléments des données manquent, sont mitigées ou confuses, le cas échéant. 11 Pratiques exemplaires vs conseils pratiques Pendant le développement du projet, l’équipe a eu de nombreuses discussions sur la question d’offrir ou non des conseils pratiques en plus de recommandations de pratiques exemplaires fondées sur des données, en vue de situations où les pratiques exemplaires ne pourraient pas être atteintes. Nous avons discuté des nombreuses différences entre les PÉS ontariens, en termes de taille, de budget et d’expertise, et nous nous sommes demandé si certaines des pratiques exemplaires étaient réalistes pour des PÉS nouveaux ou de petite taille. Par exemple, nous nous sommes interrogés sur la question de recommander ou non que l’on donne systématiquement aux clients d’autres instruments liés à l’injection, à chaque fois qu’ils se procurent une seringue auprès d’un PÉS. Les données indiqueraient que cela est nécessaire et souhaitable, mais les PÉS peuvent manquer de ressources pour le faire. Nous avons aussi discuté, par exemple, de la question d’inclure ou non une section sur le nettoyage des seringues et aiguilles, car dans certains cas des seringues/aiguilles stériles ne sont pas toujours disponibles au moment de l’injection de drogue. Vous le constaterez dans les prochaines pages, nous n’avons pas recommandé le nettoyage des aiguilles et seringues à titre de pratique de rechange, étant donné que les données démontrent que cette pratique ne reçoit pas d’appui empirique. Nos examinateurs externes ont aussi soulevé la distinction entre des pratiques exemplaires et des conseils pratiques. Plusieurs ont signalé, à raison, que de petits PÉS auraient de la difficulté à mettre en œuvre la totalité des recommandations de pratiques exemplaires. De plus, nous avons reçu des commentaires à l’effet qu’au fil du temps les intervenants de PÉS ont accumulé une large somme de connaissances pratiques et de trucs qui pourraient être utiles à d’autres. Après une considération minutieuse, l’équipe a conclu que le but du présent document est de fournir des recommandations de pratiques exemplaires, et non des conseils pratiques ou des pratiques exemplaires suivies de seconds choix. Nous reconnaissons que des PÉS ont besoin de conseils pratiques, mais nous considérons que de tels conseils devraient faire l’objet d’un document distinct et, possiblement, être rédigés par des personnes qui détiennent une expérience issue de leur pratique. À la lecture du présent document, vous constaterez que chaque section commence par une liste d’énoncés de pratiques exemplaires définitives. Notre but est d’aider les PÉS à miser sur les données afin de progresser vers les pratiques exemplaires (si elles ne sont pas déjà mises en œuvre), et d’amener leurs programmes à des réalisations plus grandes pour leurs communautés. Notre but est aussi d’aider les personnes qui font valoir l’importance de meilleurs services et ressources, en lien avec ces programmes, et pour cela il pourrait ne pas être utile de proposer des pratiques de second choix – ce qui pourrait même ralentir l’évolution des programmes. 12 Introduction Les programmes d’échange de seringues (PÉS) sont appropriés en termes de santé publique, parce que: u Les PÉS réduisent la transmission du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), du virus de l’hépatite B (VHB), du virus de l’hépatite C (VHC) et d’autres pathogènes transmissibles par le sang, entre utilisateurs de drogue par injection (UDI). u Les PÉS réduisent l’utilisation non sécuritaire de drogue et les comportements sexuels associés à la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes. u Les PÉS réduisent le nombre de seringues usagées jetées de manière inadéquate, dans la communauté. u Les PÉS n’incitent pas à commencer à prendre de la drogue par injection; n’augmentent pas la durée ni la fréquence de la consommation de drogue par injection; et ne nuisent pas à la motivation de réduire son usage de drogue. u Il n’existe pour le moment ni remède ni vaccin contre l’infection à VIH. u Le coût de la provision à vie de traitements aux UDI qui vivent avec le VIH dépasse largement le coû de la provision de services de PÉS. u À tout moment donné, la plupart des UDI ne reçoivent pas de traitement pour la toxicomanie. u Les PÉS sont souvent, pour des UDI, le seul contact avec des fournisseurs de services sociaux ou de santé. L’Organisation mondiale de la santé (WHO, 2004) recommande de fournir du matériel d’injection stérile aux UDI, à titre d’élément essentiel des programmes de prévention du VIH. L’OMS (WHO, 2004), la United States Preventive Services Task Force (1996) et l’American Medical Association (1996) reconnaissent toutes que l’échange de seringues constitue un programme de prévention essentiel pour réduire la transmission du VIH parmi les UDI. Les données sont solides : le fait de ne pas agir pour prévenir la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes a de sérieuses répercussions sur la santé publique. P É S, P É A o u P SA? Dans le présent document, nous utilisons l’expression “programme d’échange de seringues” (PÉS) pour désigner les programmes qui fournissent à des UDI l’accès à du matériel stérile pour l’injection, de l’éducation sur la santé, des références, du counselling et d’autres services. On rencontre parfois, dans la littérature, l’expression “programme d’échange d’aiguilles” (PÉA) pour désigner ces mêmes programmes Échange signifie, dans ce document, à la fois le remplacement, la distribution et la mise au rebut, de seringues et d’aiguilles. 13 [surtout en anglais : needle exchange programs]. Par ailleurs, l’expression « programme de seringues et aiguilles” (PSA) connaît une popularité grandissante [encore ici, surtout en anglais : needle and syringe program], en réponse à la tendance de plusieurs programmes à ne plus se limiter à un “échange” de matériel d’injection mais à faire plutôt une ”distribution“ ou une ”remise” de ce matériel, avec ou sans retour d’instruments usagés. En français, en Ontario comme à maints endroits, l’expression la plus courante depuis leur apparition est celle de “ programmes d’échange de seringues”, c’est pourquoi nous conservons cet usage. Les PÉS en Ontario En Ontario, les PÉS sont désignés comme un programme obligatoire de santé publique dans les régions où l’injection de drogue est reconnue comme un problème dans la communauté (ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, 1997). Les premiers PÉS ontariens ont vu le jour en 1989; en 2004, on comptait 28 PÉS en fonction. Il existe par ailleurs plus de 80 sites satellites gérés par d’autres organismes communautaires en partenariat avec un PÉS, où des seringues, aiguilles, condoms et autres instruments et services de réduction des méfaits sont accessibles (ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, données inédites). Chaque PÉS fournit des services élémentaires d’échange, y compris : u u u u Distribution et mise au rebut d’aiguilles/seringues Distribution de condoms Éducation et information Références et counselling Plusieurs PÉS ont diversifié leurs programmes pour offrir une vaste gamme de services, comme le test de sérodiagnostic du VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS), y compris le VHB et VHC; le test de grossesse; l’immunisation; des banques d’aliments et de vêtements; des références en matière d’emploi; des cliniques d’entretien à la méthadone ainsi que de soins de santé, etc. Q u ’est- ce q u e d es “ p ra t i q u es exe m p l a i res” et q u e l l e u t i l i sa t i o n e n fa i re? Les pratiques exemplaires sont un ensemble de recommandations pour la conception et la provision de services, constitué à partir des meilleures données qui existent. Les recommandations constituent un outil pour le transfert de connaissances, développées par la recherche, vers la provision de services et le développement des politiques. Veuillez noter que ce document n’a pas pour but d’être un ensemble prescriptif de pratiques pour les PÉS. Tous les programmes évoluent avec le temps; les pratiques exemplaires peuvent être utilisées pour guider le développement de programmes modestes ou à volets multiples. Tous les PÉS sont aux prises avec des contraintes financières ou d’un autre ordre. Les programmes peuvent avoir des ressources ou des partenaires pour mettre en œuvre certaines composantes, mais pas toutes. Bien que le PÉS idéal inclurait toutes les composantes, l’incapacité de les offrir toutes ne devrait pas décourager le développement et la mise en œuvre d’un PÉS. Alors que certains éléments sont essentiels 14 à tout PÉS (p. ex. l’échange de seringues, la mise au rebut, l’éducation, les références et le counselling), d’autres composantes peuvent être ajoutées graduellement. Ces recommandations de pratiques exemplaires sont fondées sur les données scientifiques à jour et sur l’expertise de PÉS bien établis, de longue date. Les recommandations devront être mises à jour, avec le temps, lorsque les données sur certaines pratiques deviendront plus solides ou inciteront à de nouvelles orientations. Q u ’est- ce q u e l a r é d u c t i o n d es m é fa i ts? La réduction des méfaits est un ensemble de principes qui peut être utilisé pour guider le développement et la mise en œuvre de politiques et programmes, la défense et la promotion des droits et intérêts ainsi que le comportement individuel. En général, la réduction des méfaits présente les caractéristiques suivantes: u Le but principal est de réduire les conséquences néfastes associées à la consommation de drogue, plutôt que de réduire cette consommation, en soi. u Des stratégies et interventions pragmatiques, à l’intention des personnes qui continuent d’utiliser de la drogue. u Une réduction nette des préjudices associés à l’usage de drogue. u Le respect de la dignité des personnes qui utilisent des drogues, à titre de membres de la société à part entière. Ceci inclut une attitude non punitive et sans poser de jugement à l’égard de l’utilisation d’alcool et de drogue. u Un point de mire axé sur des buts réalistes et atteignables (Erickson et al., 1997; Lenton et Single, 1998). Au moyen de ces principes et politiques, des programmes sont élaborés afin de réduire ou d’éliminer les conséquences néfastes de la drogue, sur les plans sanitaire, social et économique, sans requérir l’abstinence. C o m b i e n d ’ u t i l i s a t e u r s d e d ro g u e p a r i n j e c t i o n y a - t - i l e n O n t a r i o? En Ontario, on a estimé à 41 100 le nombre d’UDI en 2002 (Millson et al., 2005). Le nombre estimatif d’UDI par région sanitaire est présenté dans un examen de l’épidémiologie du VIH et du VHC parmi les UDI en Ontario, réalisé par Millson, Leonard, Remis, Strike et Challacombe (2005). 15 Références American Medical Association. A physician guide to HIV prevention. Chicago: American Medical Association, 1996. Erickson PG, Riley DM, Cheung YW, O’Hare PA. (Eds). Harm Reduction: A new direction for policies and programs. Toronto: University of Toronto Press, 1997. Lenton S, Single E. The definition of harm reduction. Drug and alcohol review. 1998, 17; 213-220. Millson P, Leonard L, Remis R, Strike C, Challacombe L. Injection drug use, HIV and HCV infection in Ontario: The evidence 1992-2004. HIV Studies Unit, University of Toronto, 2005. Ontario Ministry of Health and Long Term Care. Mandatory health programs and services guidelines. Toronto: Ontario Ministry of Health and Long Term Care, 1997. Ontario Ministry of Health and Long Term Care. Needle and syringe exchange programs in Ontario, 2002. Toronto, ON: Ministry of Health and Long Term Care, 2003. United States Preventive Services Task Force. Guide to clinical preventive services, 2nd Edition. Baltimore: Williams and Wilkins, 1996. WHO. Policy Brief: Provision of sterile injecting equipment to reduce HIV transmission. Geneva: World Health Organization. 2004 (www.who.int/hiv/pub/advocacy/en/provisionofsterileen.pdf) May 2005. 16 L’efficacité des PÉS 17 18 L’ e f f i c a c i t é d e s PÉS L’Organisation mondiale de la santé (WHO, 2004b), la United States Preventive Services Task Force (1996) et l’American Medical Association (1996) reconnaissent toutes que l’échange de seringues constitue un programme de prévention essentiel pour réduire la transmission du VIH parmi les UDI. Les PÉS atténuent le risque de transmission du VIH en augmentant l’accès à du matériel d’injection stérile, en éliminant des seringues usagées de la circulation, et en éduquant les clients sur les risques que comporte la réutilisation de matériel d’injection (Kaplan 1995; Ksobiech 2003, 2004). Nous présentons ici un bref aperçu de la littérature sur l’efficacité des PÉS. Pour un examen plus approfondi, voir WHO (2004a, 2004b), Gibson, Flynn et Perales (2001), ainsi que Bastos et Strathdee (2000). Les PÉS et l’activité de partage de seringue Le recours à des PÉS est associé à un degré moindre de partage de seringue. Parmi 776 UDI de Vancouver, Wood et al. (2002) ont observé que l’obtention de seringues exclusivement auprès d’un PÉS était associée à un partage réduit de seringue (rapport de cotes (RC) = 0,4), et associée négativement au partage à risque élevé (i.e. avoir partagé dans les 6 derniers mois une seringue avec une personne qui n’est pas un partenaire intime); (RC = 0,46; 95 % d’intervalle de confiance (IC) : 0,27-0,76). Une étude de cohorte de 212 UDI à San Jose, Californie, a permis d’observer que le recours à des PÉS était associé à un effet protecteur plus que doublé, sur le comportement à risque pour le VIH incluant le partage de seringue (RC = 0,45; 95 % IC : 0,21-0,92). L’effet de protection était le plus prononcé pour les UDI sans accès à d’autres sources légales de seringues stériles (RC = 0,16; 95 % IC : 0,03-0,96; Gibson et al., 2002). Au sein d’une cohorte de 340 UDI à risque élevé à Oakland, Californie, qui ont déclaré avoir partagé des seringues dans les 30 jours précédant l’entrevue initiale, le recours à des PÉS a été associé à une discontinuité dans le partage de seringue. Ceux qui ont commencé à utiliser les services de PÉS pendant le suivi (n = 55; RC = 2,53, 95 % IC : 1,29-4,95) et ceux qui utilisaient les PÉS au moment des deux entrevues, soit à l’admission et au suivi (n = 63; RC = 1,87, 95 % IC : 1,02-3,43) étaient plus susceptibles de discontinuer le partage de seringue que ceux qui n’avaient jamais eu recours à un PÉS (Bluthenthal et al., 2000). Dans une étude auprès de 2 306 UDI dans six villes états-uniennes, Monterroso et al. (2000) ont observé que les UDI à risque élevé (i.e. injection intense ou accrue, partage de seringue ou d’autre matériel d’injection) étaient plus susceptibles d’avoir recours à un PÉS. Toutefois, parmi un sous-groupe d’UDI (n = 1 080) dans des sites où des cas de séroconversion ont été observés, ils ont constaté une association significative entre le fait de ne pas s’injecter avec des seringues usagées et le fait d’avoir recours à un PÉS (RRA ajusté = 2,08; 95 % IC : 1,15-3,85). Et parmi les 1 582 UDI participant à l’étude RAVEN (Seattle, Washington), les clients de PÉS étaient moins susceptibles de déclarer un partage de seringue (47 %) que les non-clients de PÉS (58 %) lors du suivi (p = <0,01; Hagan and Thiede, 2000). Paone et al. (1997) ont comparé les UDI de New York utilisant un PÉS mais continuant de s’adonner à des comportements d’injection à risque (n = 158; i.e. injection au moyen d’une seringue usagée) et ceux qui avaient mis fin à des comportements d’injection à risque (n = 391) dans les 30 jours précédents. Bien que 19 les deux groupes recevaient la majorité de leurs seringues auprès d’un PÉS, les participants qui avaient cessé des comportements d’injection à risque recevaient une plus grande proportion de leurs seringues (médiane = 95 %) d’un PÉS que ceux qui continuaient des comportements d’injection à risque (médiane = 89 %, p = <0,005). Les auteurs ont conclu qu’il est nécessaire d’encourager des visites plus fréquentes aux PÉS et d’augmenter le nombre d’instruments fournis à chaque visite. D’après l’OMS (WHO, 2004b), des facteurs comme des normes et rituels de groupe, le manque d’accès à du matériel stérile pour l’injection, et l’incapacité de porter sur soi du matériel d’injection en raison de circonstances familiales, sociales ou légales, peuvent résulter en un partage de seringue même lorsque du matériel stérile est disponible. Les PÉS et la séroprévalence du VIH, du VHB et du VHC En se fondant sur un examen exhaustif de la littérature, l’Organisation mondiale de la santé (WHO, 2004a, 2004b) a conclu à une somme écrasante de données à l’effet que les PÉS sont efficaces à réduire considérablement la transmission du VIH. À New York, Des Jarlais et al. (2005) ont trouvé des preuves d’une relation linéaire entre les augmentations du nombre de seringues échangées entre 1990 et 2002, et la réduction de la transmission du VIH dans la population locale d’UDI (3 651 UDI). Dans une méta-analyse de données issues de trois études, Des Jarlais et Marmor (1996) ont constaté que, parmi les UDI de la ville de New York, le fait d’utiliser un PÉS était associé à un effet protecteur triplé contre l’infection à VIH incidente (rapport de risque = 3,35, 95%IC : 1.29, 8,65). Dans la période 1990-1992 (avant la légalisation et l’expansion des PÉS à New York), l’incidence du VIH était de 3,55 pour 100 années/personne à risque. Pour la période 1999-2002, le taux d’incidence du VIH avait diminué à 0,77 pour 100 années/personne à risque (p = <0,0001). Comme suite à l’ouverture d’un PÉS à New Haven, Connecticut, à la fin de l’année 1990, Heimer et al. (1993) ont constaté un déclin considérable d’ADN du VIH décelé dans des seringues usagées. Les seringues ont été soumises à des tests de détection d’ARN du VIH entre 1990 et 1993. Le taux de prévalence de 63,9 % d’ARN du VIH décelé dans des seringues retournées, pendant les premières semaines de fonctionnement du PÉS, avait décliné à 41,1 % en 1993 (Heimer et al., 1993; Kaplan and Heimer 1994; Kaplan and Heimer, 1995). Les preuves d’efficacité des PÉS sont appuyées aussi par des données démontrant une association entre une mise en œuvre précoce de PÉS et d’autres stratégies de réduction des méfaits, et de faibles taux de prévalence du VIH (<5%) dans des villes comme Toronto, Tacoma (Washington), Sydney (Australie), Glasgow (Écosse) et Lund (Suède) (Des Jarlais, 2005). À l’échelle mondiale, la mise en œuvre de PÉS a été associée à des déclins de la prévalence du VIH. Une analyse de données sur la prévalence du VIH, tirées d’études réalisées dans 103 villes du monde, a démontré que les villes ayant introduit des PÉS présentaient des déclins annuels moyens de 18,6 % au chapitre de la séroprévalence du VIH (Commonwealth Department of Health and Ageing, 2002). Les villes sans PÉS présentaient une augmentation moyenne de 8,1 % de la séroprévalence du VIH. En ce qui a trait au VHC, une analyse des données issues d’études dans 101 villes du monde a permis de constater un effet protecteur non significatif des PÉS quant à l’incidence du VHC (Commonwealth 20 Department of Health and Ageing, 2002). Parmi des hommes UDI clients du Point Project, à Ottawa, le fait d’avoir utilisé un PÉS pendant sept mois ou plus avait eu un effet protecteur indépendant sur l’infection à VHC au moment de la collecte de données de base (Millson et al., 2005). Dans une étude cas-témoins auprès d’UDI à Tacoma (Washington), Hagan et al. (1999) ont comparé des UDI ayant une infection aiguë à VHC (n = 20) et à VHB (n = 28), à un groupe témoin d’UDI (n = 26 et 38 respectivement). Les UDI qui n’ont pas utilisé d’échange de seringues avaient un risque sept fois plus élevé d’infection à VHC que les clients de l’échange (rapport de cotes ajusté (RCA) = 7,29; 95 % IC : 1,62-32,75) et un risque plus de cinq fois plus élevé d’infection à VHB (RCA = 5,53; 95 % IC : 1,49-20,44). Cependant, une étude ultérieure auprès d’UDI inscrits à l’étude de cohorte RAVEN (Seattle, Washington) n’a pas décelé d’effet protecteur associé au recours à des PÉS, contre le VHC ou le VHB (Hagan et al., 1999). Les utilisateurs de PÉS avaient des risques élevés (non significatifs) pour le VHC et le VHB, en comparaison avec des UDI n’ayant jamais eu recours à un PÉS. De manière similaire, à Chicago, Thorpe et al. (2002) ont étudié une cohorte de 510 jeunes UDI d’âge adulte (18-30 ans) qui s’étaient avérés séronégatifs au VHC à la collecte initiale de données. Parmi le groupe qui a complété le suivi (n = 353), on a décelé 29 cas d’infection à VHC incidente. Thorpe et al. n’ont pas conclu à une association protectrice entre le recours à un PÉS et le risque d’infection par le VHC. Les conclusions négatives ont été en grande partie expliquées par des limites dans la conception des études, notamment des mesures inadéquates, un biais dans la sélection, des effets de dilution et une définition inadéquate des processus des PÉS (WHO, 2004a; Gibson, Flynn and Perales, 2001; Bastos and Strathdee, 2000; Bluthenthal et al., 2000; Leonard et al., 1999; Vlahov and Junge, 1998). Des mesures inadéquates du recours à un PÉS, comme la dichotomie “fréquente / ne fréquente pas”, peuvent obscurcir les risques associés à d’autres tendances comme la fréquentation rare et/ou sporadique (Bastos and Strathdee, 2000). Des biais dans la sélection affectent les résultats si les UDI ayant des comportements à risque élevé (p. ex. fréquence élevée d’injection, partage fréquent d’instruments) sont plus susceptibles d’avoir recours à des PÉS que les UDI dont les comportements sont moins risqués (Des Jarlais, 2000; Schechter et al., 1999; Archibald, 1998). Un effet de dilution se produit lorsque des clients de PÉS sont comparés à des non-clients de PÉS qui se procurent des seringues stériles auprès d’autres sources, comme dans des études réalisées à Montréal, à Vancouver et à Seattle (Gibson, Flynn and Perales, 2002; Vlahov and Junge, 1998; Bluthenthal et al., 2000). Dans des programmes où un grand nombre de seringues est distribué, les non-clients de PÉS peuvent en recevoir par l’entremise de clients de PÉS. En tel cas, les comparaisons entre clients et nonclients de PÉS ne sont pas valides, puisque les non-clients peuvent aussi bénéficier de la distribution de seringues stériles faite par le PÉS; il est préférable de comparer les taux de transmission d’infections et les taux de comportements à risque au fil du temps (Des Jarlais, 2006, entretien personnel). Par ailleurs, plusieurs études évaluatives ont porté peu d’attention à la définition du processus des PÉS, en considérant qu’un PÉS est une entité qui ne varie pas. L’échec à identifier les limites et lacunes d’un programme restreint la capacité de comparer un programme avec un autre. À cet égard, l’Organisation mondiale de la santé (WHO 2004a) cite un rapport du National Academy of Sciences Institute of Medicine, aux États-Unis, qui a conclu que le fait de rejeter les PÉS sur la base d’études individuelles dont la conception comporte des lacunes constitue “un piètre jugement scientifique et une politique de santé publique malsaine” (p. 6). 21 Co n s i d é r a t i o n s La distribution d’une quantité suffisante de seringues pour promouvoir l’utilisation d’une seringue stérile à chaque injection est une stratégie essentielle pour prévenir la transmission du VIH, du VHB et du VHC. Cependant, une couverture à 100 % pourrait être irréalisable ou ne pas s’avérer toujours nécessaire (Heiner, 1998), et son calcul est complexe. Bien que ce soit une manière de comprendre la couverture, d’autres éléments doivent être pris en considération, notamment le nombre d’UDI qui se procurent régulièrement des seringues stériles, et la fréquence de leur recours au PÉS. Il nous faut aussi savoir combien de seringues sont distribuées, à quelle fréquence elles le sont, à quel degré il est facile (ou difficile) de se procurer des seringues stériles, et à quelles autres sources de seringues stériles les UDI ont recours. Les PÉS doivent savoir ce que nécessite la distribution d’un nombre de seringues stériles qui suffirait à éliminer la réutilisation de seringues. Il est important de distribuer un nombre suffisant de seringues pour satisfaire la demande des clients de PÉS, en incluant la distribution indirecte à des non-clients du PÉS par des clients (Des Jarlais, 2006, entretien personnel). À l’heure actuelle, les PÉS ne distribuent qu’une fraction du nombre requis de seringues stériles. Il est estimé qu’il faut approximativement 1 000 seringues par UDI par année (Lurie et al., 1998; Holtgrave et al., 1998). En Ontario, on estime qu’un nombre équivalant à 53 seringues stériles par UDI par année est distribué (Millson et al., 2005). À Montréal (Remis, Bruneau and Hankins, 1998) et à Ottawa (Leonard et al., 2004), on a estimé que les PÉS distribuent environ 5 % du nombre de seringues dont les UDI auraient besoin (voir la section intitulée L’échange d’aiguilles et de seringues). D’autres préoccupations concernant la couverture du bassin de clients sont signalées dans la littérature. Par exemple, en Australie, Maher et al. (2001) ont observé qu’un manque de services adaptés à la culture de la population entraînait que les jeunes UDI d’ascendance indo-chinoise (de 15 à 24 ans) n’avaient pas recours à des PÉS et continuaient de partager des seringues. D’autres études ont indiqué que les PÉS peuvent avoir du mal à attirer les jeunes UDI (Bailey et al., 2003; Vlahov and Junge, 1998; Vlahov et al., 1997). Ce constat est préoccupant, puisque les jeunes UDI sont plus susceptibles de partager des seringues (Hahn et al., 2001), ce qui les place en situation de risque de contracter le VIH, le VHB et le VHC. Par exemple, à Chicago, Bailey et al. (2003) ont constaté que les PÉS locaux ne joignaient pas les jeunes UDI (18-30 ans). Parmi ceux d’entre eux y ayant recours, la fréquentation était faible. Seulement 13 % des UDI ont visité des PÉS en moyenne plus d’une fois par mois au cours des 6 mois ayant précédé l’entrevue de collecte initiale de données. Cependant, certains PÉS réussissent à attirer les jeunes UDI. À San Francisco, par exemple, certains PÉS ciblent en particulier les jeunes UDI, par des stratégies comme les sites d’échange alternatifs ou underground. Dans une étude auprès de 308 jeunes UDI (moins de 30 ans), dans cette ville, Hahn et al. (2001) ont constaté qu’au cours du mois précédant leur étude, 88 % des participants avaient eu recours à au moins un site de PÉS. Les données susmentionnées illustrent la nécessité de développer des partenariats avec des agences qui œuvrent spécifiquement auprès de populations ethnoculturelles et jeunes. Les PÉS, seuls, peuvent ne pas être suffisants pour prévenir la transmission du VIH, du VHB et du VHC (Hankins, 2002; Patrick et al., 2001; Strathdee et al., 1997); et même un faible taux de partage de matériel usagé pour l’injection pose des risques de propagation de virus. Cela est préoccupant, puisque les taux de VHC et de VHB parmi les UDI, au Canada, sont généralement élevés et que le partage de seringue comporte 22 une probabilité relativement élevée de transmission de ces infections (Hahn et al., 2001). Le partage de seringue au cours de périodes de forte incidence du VIH au sein de la population (par exemple lors d’une épidémie ou d’une vague comme celle observée à Vancouver au cours des années 1990) est particulièrement problématique, puisque le risque de transmission peut être accru par le partage de matériel d’injection avec des personnes nouvellement infectées et qui présentent une charge virale élevée (Taylor et al., 2000; Paone et al., 1997; Strathdee et al., 1997; Strathdee et al., 1998). E f f icie n ce d es P É S Les PÉS sont des stratégies qui présentent un rapport avantageux sur le plan coût-efficacité, pour la réduction de la transmission du VIH. Le calcul de l’efficience et l’interprétation des données internationales recèlent des défis. Néanmoins, un cumul des données du Canada, des États-Unis et de l’Australie démontre que les PÉS sont efficients en comparaison avec le coût du traitement à vie des cas d’infection à VIH (Commonwealth Department of Health and Aging, 2002; Laufer, 2001; Reid, 2000; Jacobs et al., 1999; Holtgrave et al., 1998; Lurie et al., 1998; Gold et al., 1997; Kaplan, 1995). Par exemple, Anderson (2000), en citant un rapport publié en 1999 en Colombie-Britannique, C.-B.), signale que “pour chaque cas d’infection à VIH qui est évité parmi les utilisateurs de drogue par injection en C.-B., des coûts médicaux à vie s’élevant à 45 344 $ sont évités” (p. 1695). À Hamilton, Ontario, le coût de fonctionnement d’un PÉS pour cinq années a été comparé au coût du traitement à vie des infections à VIH (Gold et al., 1997). Les auteurs ont prédit que le PÉS aurait prévenu 24 cas d’infection par le VIH, en cinq ans, conduisant à une économie de 1,3 million $ en cinq ans. Pareillement, une évaluation économique inédite du PÉS d’Halifax (Nouvelle-Écosse), nommé Mainline, a déterminé que le coût de son fonctionnement entre 1993 et 1997 était nettement inférieur au coût du traitement à vie d’une seule personne séropositive au VIH (Dow, MacLaren and Skinner, 1998). Aux États-Unis, Lurie et al. (1998) ont estimé le coût par seringue stérile fournie, selon divers modèles de distribution : PÉS, échange en pharmacie, vente de seringues en pharmacie, vente de trousses en pharmacie, et remise gratuite de trousses en pharmacie. (Les trousses des pharmacies contenaient cinq seringues avec aiguilles, de l’eau stérile, des condoms, des tampons d’alcool et du coton-ouate, le tout dans un contenant réutilisable en plastique, de 1 x 3 x 5 pouces.) Bien que le modèle du PÉS présentait le coût le plus élevé par seringue, les auteurs ont déterminé que tous les modèles étaient efficients lorsque la séroprévalence du VIH dans une communauté donnée avait atteint les 2,1 %. Se fondant sur leur analyse de l’efficience d’un accroissement de l’accès à des seringues stériles, Holtgrave et al. (1998) ont conclu que “le financement de programmes pour arriver à un accès à grande échelle à des seringues stériles et à la mise au rebut des seringues usagées, pour les UDI, est probablement une utilisation avisée et efficiente des deniers publics” (p. S138). Pour un examen exhaustif de l’efficience des PÉS, consultez Kahn (1998). C aractéristiq u es d e pro g ra m m es e f f icaces Les études examinées démontrent que les PÉS conduisent à des résultats efficaces en matière de prévention du VIH. Une question demeure toutefois : comment chaque PÉS peut-il fournir des programmes efficaces de prévention du VIH? À partir d’un examen exhaustif des données, l’Organisation mondiale de la santé (WHO, 2005) a identifié des caractéristiques qui font que des programmes de prévention du VIH, comme les PÉS, 23 sont efficaces. D’après l’OMS, les programmes efficaces sont ceux qui : usont mis en œuvre le plus tôt possible ufournissent une gamme complète de services souples et bien coordonnés uimpliquent la communauté dans leur planification et leur mise en œuvre uévaluent de manière continue les besoins de la communauté locale, et les comprennent u rendent leurs services accessibles à plusieurs endroits et selon divers horaires ufournissent des interventions communautaires sur le terrain, à l’intention des utilisateurs de drogue, aux endroits où ils vivent et achètent ou utilisent de la drogue ucommuniquent le respect des UDI et de leurs familles, afin que tous soient traités avec dignité et de manière sensible à leurs caractéristiques culturelles, raciales et ethniques ainsi qu’à leur sexe ufournissent un accès facile à du matériel d’injection stérile afin de contrer la réutilisation de matériel d’injection uéduquent les UDI à propos des risques et des services pour réduire les risques usont viables uoffrent un environnement politique habilitant uciblent notamment les UDI qui sont séropositifs au VIH ainsi que leurs partenaires sexuels. 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L’élaboration du programme, les intervenants impliqués, les individus embauchés ainsi que la capacité d’identifier, d’attirer et de retenir des clients et de mobiliser des appuis dans la communauté sont des éléments qui contribuent à l’efficacité d’un PÉS. L’approche adoptée pour l’élaboration du PÉS dépend de plusieurs facteurs, notamment des compétences et de l’expérience des organisateurs, de la disponibilité des ressources communautaires et de l’appui au programme. Les activités de développement doivent être adaptées aux besoins de chaque communauté. Nous décrivons ci-dessous des tâches à accomplir avant l’ouverture d’un PÉS, notamment : u u u u u u u u Former un comité consultatif Identifier des mentors d’autres PÉS Impliquer des UDI dans le plaidoyer et le développement communautaire Promouvoir le PÉS dans la communauté Collecter de l’information au sujet de la communauté d’UDI Choisir un ou des modèle(s) de programme de même qu’un ou des site(s), et fixer les heures d’ouverture Élaborer un plan, des politiques et des procédures de programme Embaucher et former du personnel Fo r m e r u n c o m i t é c o n s u l t a t i f D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2005), la mobilisation du soutien de divers dépositaires d’enjeux communautaires est essentielle à l’efficacité des programmes de prévention du VIH. Les membres du comité consultatif d’un PÉS représentent habituellement des intérêts communautaires diversifiés, notamment ceux des UDI et d’autres résidants, d’organismes de traitement de la toxicomanie, de plaidoyer et de services aux UDI, du ministère de la Santé publique, d’organismes de lutte contre le VIH/sida, d’écoles publiques, de médecins, de services en santé mentale et d’intervenants d’application de la loi. On a constaté que l’implication de ces derniers aux étapes initiales de la planification est essentielle à l’ouverture d’un PÉS sans opposition et/ou harcèlement des autorités policières (voir la section sur les Relations avec les intervenants d’application de la loi). La participation des dépositaires d’enjeux à la phase de planification peut aider à mobiliser des appuis, à atténuer ou éliminer l’opposition, à obtenir de l’information et des données sur la communauté, à créer un sentiment d’appropriation et de reconnaissance de l’importance du PÉS, et à guider l’élaboration du programme. De plus, les membres du comité consultatif peuvent être d’importantes ressources pour identifier et développer des réseaux de référence productifs. Ils peuvent également contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre des activités de développement. 31 Identifier des mentors d’autres PÉS En plus d’impliquer des dépositaires d’enjeux locaux, plusieurs PÉS ontariens ont bénéficié de l’expertise d’employés et de gestionnaires d’autres PÉS. Les programmes les plus anciens de l’Ontario ont reçu de l’assistance de PÉS d’autres régions du monde, et ils se sont entraidés au fil du temps. Les programmes récents ont reçu l’aide de PÉS ontariens déjà établis. En outre, plusieurs initiatives vouées à divers groupes d’UDI (p. ex., femmes, autochtones, résidants de régions rurales, de petits ou de grands centres urbains), à travers le Canada, peuvent offrir une assistance et des conseils spécialisés. Le mentorat peut aider les responsables de programme à identifier les mesures requises et à éviter certaines erreurs, en plus de leur apporter du soutien et des conseils précieux pour réagir aux nombreuses difficultés pouvant se manifester dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un PÉS. I m p l i q u e r d e s UD I d a n s l e p l a i d o y e r e t l e d é v e l o p p e m e n t communautaire L’inclusion d’UDI locaux dans le comité consultatif est cruciale à l’élaboration d’un PÉS dynamique. Les UDI doivent être considérés comme des membres à part égale du comité consultatif; leur expertise doit être reconnue et respectée. Les UDI apportent une manne de connaissances sur le milieu de la drogue, comme les lieux de consommation, les types de drogue utilisés, la prévalence des comportements préventifs/à risque, etc. Leurs réseaux sociaux peuvent également servir à véhiculer des renseignements sur le PÉS et à en rehausser la crédibilité. Comme l’ont signalé Friedman et coll. (2004) ainsi que plusieurs autres, les UDI sont d’importants partenaires dans l’élaboration des programmes. Les UDI peuvent participer à tous les aspects de l’élaboration et de la mise en œuvre des programmes. Plus précisément, ils peuvent contribuer de façon significative aux PÉS et à leur communauté en s’impliquant à titre de décideurs, d’experts, d’exécutants et d’orateurs (Jürgens, 2005). Le rapport ‘Rien à notre sujet sans nous : L’implication accrue et significative des personnes qui utilisent des drogues illégales : un impératif sanitaire, éthique et des droits humains’, de Ralf Jürgens (2005), fournit un examen détaillé des enjeux liés à l’implication des UDI dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de programmes. Il offre des conseils sur la meilleure façon de consulter des UDI. Par exemple, lors d’une consultation, il est recommandé d’inviter plusieurs UDI, de demander à des regroupements d’UDI de choisir leurs propres représentants, de tenir les rencontres dans des lieux accessibles, de verser une rémunération en argent comptant et d’assurer la confidentialité des participants (Jürgens, 2005). Lors de l’élaboration d’un PÉS, les responsables de programme doivent établir un contact et développer une relation avec la communauté des UDI. Cela pourrait prendre plusieurs années, mais les principes fondamentaux qui devraient guider l’intervention auprès d’une population vulnérable incluent : u u u u u 32 La cohérence L’utilisation d’un langage simple La patience et la fiabilité La non-exploitation des UDI Le partage des pouvoirs u L’identification et l’élimination des obstacles à la participation u L’imputabilité à l’égard des communautés (WHO, 2005). Promouvoir le PÉS dans la communauté Comme nous l’avons déjà noté, les PÉS en Ontario sont des initiatives de santé publique obligatoires dans les régions où l’injection de drogue est problématique (Ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, 1997). Bien qu’ils soient mandatés, ces projets ne sont pas toujours acceptés par les résidants, les organismes, les commerçants, les policiers et d’autres intervenants de la communauté. En Ontario, certains programmes ont fait l’objet d’opposition (Strike, 2004). Par conséquent, les responsables de programme doivent faire valoir le bien-fondé du PÉS avant son ouverture et tout au long de son cycle de vie. Le plaidoyer implique diverses activités visant à favoriser l’appui (ou du moins, à atténuer l’opposition) au PÉS et à sa clientèle. Des rencontres, des tribunes communautaires, des exposés, des lettres aux politiciens, aux responsables des politiques et aux médias, des séances d’éducation et d’autres activités peuvent contribuer à créer et entretenir un climat favorable. Le plaidoyer peut être planifié à l’avance, avec des buts, objectifs, activités et messages précis; mais il peut aussi être moins formel, et initié seulement au moment et à l’endroit opportun. On devrait néanmoins en déterminer le but général, pour que tous les intervenants et clients travaillent dans le même sens. Outre le palier communautaire, le plaidoyer peut aussi cibler le palier provincial ou fédéral, ou s’adresser à l’ensemble des UDI et des utilisateurs de drogue (et non seulement aux clients de PÉS). Il pourrait donc être souhaitable et nécessaire de s’associer à d’autres PÉS et organismes pour atteindre le(s) but(s) établi(s). Les membres du comité consultatif peuvent aider à identifier les objectifs du plaidoyer, à planifier des activités et à élaborer le ‘message’ concernant le PÉS et ses clients. L’OMS (WHO, 2004) a préparé un guide sur la prévention du VIH parmi les UDI, qui explique comment élaborer et mettre en œuvre une stratégie de plaidoyer. On y recommande les principes suivants, pour guider les efforts de plaidoyer : u Les activités de plaidoyer ne devraient pas aggraver les méfaits u Les activités de plaidoyer devraient viser à protéger les droits des UDI et des personnes vivant avec le VIH/sida u Les activités de plaidoyer devraient établir un équilibre entre les objectifs u Les objectifs du plaidoyer doivent être liés à des approches et activités dont l’efficacité a été démontrée par la recherche, pour la réponse au VIH/sida parmi les UDI u Les activités de plaidoyer devraient miser sur la prévention du VIH/sida parmi les UDI et sur les soins, les traitements et le soutien u Les activités de plaidoyer spécifiques et ciblées devraient cadrer avec le contexte social, culturel, politique et juridique u Les activités de plaidoyer devraient cibler divers secteurs de la société et des individus clés, et employer plusieurs techniques à la fois, si possible u Le plaidoyer devrait viser à établir rapidement des politiques de soutien et des programmes suffisamment vastes, dans le contexte social, politique et de financement du pays u Le plaidoyer devrait conduire à la création de nouveaux programmes et politiques, et aborder la 33 façon dont les institutions, les médias de masse et d’autres intervenants réagissent au VIH/sida parmi les UDI u Les activités de plaidoyer devraient impliquer autant que possible des UDI et des personnes vivant avec le VIH/sida dans la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes u Les activités de plaidoyer devraient tenir compte des différences entre les groupes d’UDI, en fonction du genre sexuel, de l’origine ethnique et de la vulnérabilité au VIH/sida, et promouvoir l’égalité dans les soins, les traitements et le soutien (OMS, 2004) C o l l e c t e r d e l ’ i n f o r m a t i o n a u s u j e t d e l a c o m m u n a u t é d ’ UD I Une autre tâche primordiale, avant l’ouverture d’un PÉS, consiste à recueillir de l’information au sujet de la communauté ciblée. Pour qu’un PÉS soit efficace, il faut connaître son groupe de clientèle, notamment : u u u u u u u u Combien d’UDI vivent dans la communauté et/ou la zone d’attraction Où les clients vivent, achètent et utilisent des drogues, et se rassemblent Le statut social et économique et l’état de santé des UDI Quels types de drogue sont utilisés, et par quels moyens Le degré de connaissance actuel des comportements préventifs et à risque Le portrait actuel des comportements préventifs et à risque Les ressources offertes aux UDI et leur utilisation Les types de services auxquels les UDI souhaitent avoir accès Des méthodes comme l’analyse des données existantes, les sondages, les discussions de groupe, les entrevues individuelles et l’observation sur le terrain peuvent servir à la collecte de données pertinentes. Le Rapid assessment and response guide on injecting drug use (IDU-RAR) de l’OMS fournit des conseils pour l’élaboration d’une stratégie de cueillette et d’interprétation des données, et pour le développement d’un plan d’action fondé sur ces renseignements. Toutefois, d’autres approches peuvent être utilisées. Par exemple, les planificateurs du PÉS Lifepoint, à Milwaukee, ont eu recours à une approche ethnographique exhaustive de collecte de données pour éclairer la conception du programme et la mise en œuvre des activités (Somlai et coll., 1999). Des intervenants d’un organisme local de lutte contre le VIH/sida ont recueilli de l’information au sujet des lieux de consommation, de l’usage de drogue, des comportements à risque pour le VIH et d’autres enjeux sanitaires et sociaux, parmi les UDI. Plusieurs de ces intervenants étaient eux-mêmes ex-UDI, ex-travailleurs sexuels et/ou ex-membres de gang, et connaissaient bien le milieu. D’autres données ont été obtenues au moyen d’entrevues individuelles ou de discussions de groupe avec des UDI, dans la communauté ou dans des centres de traitement de la toxicomanie, et avec des propriétaires de tels établissements. Les intervenants ont visité les sites identifiés, pour y recueillir d’autres informations comportementales et sociales. Ces renseignements ont servi à estimer le nombre d’UDI dans la ville ainsi que le nombre d’injections et le nombre de seringues jetées par jour. Les informations sur les lieux de consommation ont servi à planifier le trajet et les arrêts du PÉS mobile. Par ailleurs, des consultations communautaires ont été tenues pour répondre aux questions et aux préoccupations relatives au PÉS proposé. Somlai et coll. (1999) soulignent que la collecte de données exhaustives, la consultation auprès de la communauté et l’inclusion de représentants d’organismes et de services communautaires dans le comité de planification ont contribué 34 à réduire l’opposition, de sorte qu’elle fut moins grande que prévue ou observée ailleurs. Choisir un modèle de programme À partir des données recueillies au sujet de la communauté d’UDI, les responsables de programme peuvent choisir le(s) meilleur(s) modèle(s) de programme pour la fourniture des services du PÉS. Par exemple, une communauté d’UDI située dans une zone géographique restreinte pourrait être adéquatement desservie par un site fixe et des services d’intervention dans la rue, alors que les communautés d’UDI dispersées dans plusieurs ressorts nécessiteront une combinaison de sites fixes, d’interventions mobiles et de sites satellites. Le choix d’un modèle de programme dépend aussi des ressources disponibles. Les programmes qui ont les moyens d’embaucher plusieurs employés aux compétences diversifiées pourraient être en mesure de combiner des services fixes, mobiles et d’intervention de rue, alors que ceux qui n’ont qu’un ou deux employés pourraient devoir se limiter à l’intervention de rue et à domicile (voir la section sur les Modèles pour la fourniture de programmes d’échange de seringues). Sans égard aux ressources initiales, tous les PÉS grandissent au fil du temps; des modèles de programme peuvent être ajoutés au besoin et/ou si l’accès aux ressources s’améliore et/ou si l’on peut solliciter l’aide d’autres organismes. Choisir un ou des site(s) L’identification d’un site est une autre étape importante dans l’élaboration d’un PÉS efficace. Le choix d’un lieu de PÉS, fixe ou mobile, pose des défis; il a d’ailleurs suscité des débats en Ontario (Strike et coll., 2004) et dans d’autres ressorts (Henman et coll., 1998). Bien que le comité consultatif participe souvent au choix du lieu et que cela contribue à atténuer l’opposition, plusieurs PÉS se sont heurté à une hostilité ouverte de la part de membres de la communauté, ainsi qu’à des restrictions d’emplacement. Il est arrivé que des responsables de programme acceptent d’établir leurs PÉS loin d’écoles (p. ex., à une distance de plus de 1 000 pieds), de garderies et d’autres endroits publics (Henman et coll., 1998; Strike et coll., 2004). Des employés de programmes en Ontario ont souligné que les PÉS doivent être établis dans des zones non résidentielles pour éviter l’opposition de voisins. Cependant, les PÉS doivent être situés près des clients; et les responsables doivent être disposés à répondre aux enjeux communautaires pouvant affecter l’intégrité de leurs programmes. Rockwell et coll. (1999) et Welton et coll. (2004) signalent que la distance que les UDI sont disposés à franchir pour avoir recours à un PÉS est le facteur le plus déterminant dans le choix de l’emplacement. Rockwell et coll. (1999) ont noté que les UDI qui vivent à moins de dix minutes de marche d’un PÉS, dans la ville de New York, sont trois fois plus susceptibles d’y avoir recours. De plus, la probabilité ajustée d’injection de drogue au moyen d’une seringue usagée est considérablement réduite parmi ces individus (risque relatif approché ajusté (AOR) = 0,45 95 % IC 0,24 à 0,86, p = 0,015). Welton et coll. (2004) ont utilisé des méthodes statistiques complexes pour déterminer l’emplacement optimal de PÉS à Manhattan, New York; ils ont identifié divers facteurs cruciaux qui influencent le choix d’un lieu de PÉS, notamment : 35 u u u u u u u La répartition spatiale des UDI (i.e., où vivent les clients potentiels?) La distance que les UDI sont disposés à franchir pour avoir recours à un PÉS La disposition à utiliser un PÉS, s’il était disponible La facilité de transport et la proximité du transport public La disponibilité de fournitures auprès d’autres sources (p. ex., pharmacies) La proximité de postes de police La proximité de lieux hostiles aux UDI F i xe r l es h e u res d ’o u ve r tu re L’accessibilité d’un PÉS est déterminée non seulement par son emplacement mais aussi par ses heures d’ouverture. Les PÉS qui ont des heures d’ouverture prolongées semblent mieux répondre aux besoins diversifiés des UDI. Par exemple, à partir de données recueillies auprès de 11 855 UDI qui ont fréquenté au moins un PÉS de la ville de Chicago, Brahmbhatt et coll. (2000) ont constaté que les sites qui ne sont ouverts que le jour (22 sites – vitrine sur rue, unités mobiles, téléavertisseur/cellulaire) étaient plus susceptibles d’attirer des clients plus âgés et afro-américains. Les sites ouverts en soirée étaient plus susceptibles d’attirer des clients blancs, portoricains et plus jeunes. Les femmes étaient plus enclines que les hommes à fréquenter des sites ouverts en journée et en soirée. Élaborer un plan, des politiques et des procédures de programme Les PÉS englobent divers types de services et de soutien. Chaque service doit être identifié et planifié, afin que toutes les composantes soient opérationnelles et accessibles aux clients. Les activités initiales incluent souvent l’élaboration d’un plan de programme qui renferme un échéancier d’activités, une description des postes, une liste des fournitures et quantités requises, une description des besoins de formation et des directives pour les activités d’évaluation et de reddition de comptes (OMS, 2005). Nous présentons ci-dessous une liste détaillée de pratiques exemplaires; chaque programme doit toutefois déterminer comment il intégrera ces recommandations dans sa communauté, en fonction de son organisme hôte. Certains PÉS sont dirigés par des unités de santé publique, d’autres par des organismes de lutte contre le VIH/sida ou des organismes communautaires. Ce contexte influence les politiques et procédures. Des politiques et procédures sont établies pour que les directeurs, les employés et les clients sachent qui fait quoi, quand, comment et pourquoi. Elles décrivent comment le travail est accompli, et les règles qui s’appliquent, notamment : u u u u u Comment, où et quand fournir les services Quel équipement fournir Comment réagir aux piqûres accidentelles, aux surdoses et autres problèmes de santé sur le site Employés – comment embaucher, et quelles sont les qualifications requises Attentes comportementales à l’égard des employés et des clients (p. ex., pas de discrimination, de violence, de trafic ou de consommation sur le site ou dans les véhicules) et retombées d’une violation de ces attentes u Comment répondre aux requêtes d’information de la police 36 u Attentes et limites (le cas échéant) s’appliquant aux bénévoles u Collecte de données sur les services du PÉS Dépendamment de l’organisme hôte, des politiques et procédures pourraient déjà être en vigueur. Comme nous l’avons mentionné, des mentors peuvent fournir une assistance sur divers plans – notamment l’élaboration du plan de programme et le partage de leurs propres politiques et procédures (qui peuvent servir de point de départ aux nouveaux PÉS). En Ontario, les plans de programme, les politiques et les procédures des PÉS doivent tenir compte des composantes programmatiques énoncées dans les Mandatory health programs and services guidelines [Lignes directrices touchant les programmes et services de santé obligatoires] (Ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, 1997), notamment : u u u u l’échange et la mise au rebut de seringues la distribution de condoms l’éducation et l’information les références et le counselling. Embaucher et former du personnel La composition du personnel influence considérablement l’efficacité des PÉS (OMS, 2005). Les employés faciles d’approche, expérimentés, familiers avec le milieu de la rue, conviviaux, serviables, qui n’ont pas de préjugés et ne donnent pas d’ordres, sont susceptibles de réussir à développer et à maintenir des relations avec les clients et la communauté. En plus des qualités et des compétences personnelles des employés, la supervision et la formation sont également cruciales à la gestion adéquate d’un PÉS (OMS, 2005). La formation est essentielle à l’uniformité des pratiques au sein du personnel, même si les nouveaux employés ont une expérience antérieure de travail dans un PÉS, auprès d’UDI ou d’autres populations marginalisées, ou s’ils détiennent d’autres compétences pertinentes. En particulier, les éléments ci-dessous sont considérés cruciaux à la formation des employés de programmes de prévention du VIH : u u u u u u u But du programme Populations cibles Comportements à risque pour la transmission du VIH (et d’autres pathogènes hématogènes) Sécurisexe et pratiques sécuritaires d’injection et de consommation de drogue Responsabilités liées à l’emploi Limites interpersonnelles Premiers soins (OMS, 2005; Strike, 2004) La formation continue est essentielle à ce que les employés demeurent au courant des innovations, des diverses approches, des nouvelles données sur les pathogènes hématogènes et les traitements, ainsi que de l’évolution des tendances de l’usage de drogue. Par conséquent, les plans de programme devraient 37 inclure un volet de formation continue. Pour plus d’information, voir : Le site Internet de l’OMS (www.who.int) offre d’excellentes ressources téléchargeables et gratuites, au sujet de l’élaboration de programme : u Rapid assessment and response guide on injecting drug use (IDU-RAR) (www.who.int) u Policy and programming guide for HIV/AIDS prevention and care among injecting drug users (www. who.int) u Training guide for HIV prevention outreach to injecting drug users (www.who.int) u Advocacy guide: HIV/AIDS prevention among injecting drug users (www.who.int) De plus, les publications suivantes sont très utiles : u Jürgens R., Rien à notre sujet sans nous : L’implication accrue et significative des personnes qui utilisent des drogues illégales : un impératif sanitaire, éthique et des droits humains, Réseau juridique canadien VIH/sida, 2005. (www.aidslaw.ca) u Burrows D. Starting and managing needle and syringe programs: A guide for Central and Eastern Europe and the newly independent states of the former Soviet Union. New York: Open Society Institute. International Harm Reduction Development. 2000. (http://www.aidsprojects.com/html/Dave/) Références Brahmbhatt H, Bigg D, Strathdee SA. Characteristics and utilization patterns of needle-exchange attendees in Chicago: 1994-1998. Journal of Urban Health, 2000; 77(3):346-58. Friedman SR, Maslow C, Bolyard M, Sandoval M, Mateu-Gelabert P, Neaigus A. Urging others to be healthy: “intravention” by injection drug users as a community prevention goal. AIDS Education and Prevention, 2004 Jun;16(3):250-63. Jürgens R. ‘Nothing about us without us: Greater, meaningful involvement of people who use drugs: A public health, ethical, and human rights imperative’. Canadian HIV/AIDS Legal Network. 2005. Accessed from: www.aidslaw.ca December 2005. Ontario Ministry of Health and Long Term Care. Mandatory health programs and services guidelines. Toronto: Ontario Ministry of Health and Long Term Care, 1997. 38 Rockwell R, Des Jarlais DC, Friedman SR, Perlis TE, Paone D. 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Accessed from: www.who. int/hiv May 2004. 39 40 Recommandations de pratiques exemplaires – en bref 41 42 L’échange de seringues et d’aiguilles2 Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour prévenir la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes, due à l’injection au moyen de seringues et aiguilles non stériles : u Fournir aux clients le nombre de seringues/aiguilles stériles qu’ils demandent, u sans exiger qu’ils rapportent des seringues/aiguilles usagées u sans limiter le nombre de seringues/aiguilles fournies u en les encourageant à rapporter leurs seringues/aiguilles usagées u Éduquer les clients sur les risques de l’utilisation de seringues/aiguilles non stériles L’injection au moyen d’une seringue qui a déjà été utilisée expose les UDI à un risque élevé de contracter des infections transmissibles par le sang. Des études ont démontré que le partage de seringues/aiguilles est prévalent parmi les UDI, en Ontario, mais à un degré moindre qu’au début des années 1990. Les seringues et aiguilles usagées (ci-après, nous utilisons le mot « seringues » pour désigner à la fois seringues et aiguilles) peuvent être des véhicules pour la transmission de pathogènes hématogènes. Dans des conditions de laboratoire (i.e. des conditions ambiantes et une température strictement contrôlées), le VIH peut survivre dans une seringue usagée jusqu’à six semaines, mais cette durée de survie varie selon la quantité de sang résiduel et les conditions d’entreposage et de manutention de la seringue. La présence de VHC a également été détectée dans des seringues usagées; en effet, le VHC est plus résilient que le VIH et il se transmet entre quatre et cinq fois plus facilement que le VIH, par une seringue contaminée. Le VHB est lui aussi un virus résilient et virulent. Des virus viables peuvent survivre dans du sang séché, à la température de la pièce, pendant au moins une semaine. Le VHB se transmet facilement par le partage de seringue, mais sa transmission n’est une préoccupation que pour les UDI qui n’ont pas développé d’immunité à ce virus par voie d’immunisation ou d’exposition antérieure. Le partage de la drogue comporte aussi un risque de transmission de pathogènes hématogènes. Lorsque de la drogue est partagée, par des pratiques de backloading ou de frontloading, une seringue est utilisée pour la préparation de la drogue. Une quantité mesurée est ensuite transférée dans une autre seringue. Le transfèrement est fait en détachant l’aiguille (frontloading) ou en retirant le tourniquet (backloading) de la seringue. Si la seringue servant à préparer puis transférer la drogue a déjà été utilisée, il se peut que du sang ou d’autres résidus soient transférés en même temps que la drogue partagée. Le VIH et le VHC peuvent aussi se transmettre lors du partage d’autre matériel. Par exemple, une aiguille trempée dans un contenant d’eau ou dans un chauffoir, rincée avec de l’eau usagée ou utilisée avec un filtre usagé, peut être contaminée par le VIH et/ou le VHC (voir les sections Distribution de fioles d’eau stérile; Distribution de chauffoirs et Distribution de filtres). Toute injection au moyen d’une seringue usagée expose la personne injectée à des risques d’infection et de problèmes de peau et de veines. Cela inclut la réutilisation de sa propre seringue. L’injection avec un instrument contaminé par des bactéries ou des débris peut causer des infections comme la septicémie et l’endocardite. L’injection au moyen d’une aiguille usée qui n’est plus assez pointue peut causer un “Échange de seringues” signifie, dans ce document, à la fois le remplacement, la distribution et la mise au rebut, de seringues et d’aiguilles. 2 43 traumatisme à la peau, à la veine ainsi qu’aux tissus mous, et entraîner des abcès, une cellulite et un affaissement de la veine. La distribution de seringues en nombre suffisant pour permettre l’usage unique d’une seringue, pour chaque injection, est la meilleure méthode pour éliminer le risque de transmission de pathogènes hématogènes par voie de seringues réutilisées ou non stériles, et pour prévenir des dommages aux veines que peuvent causer des aiguilles épointées ou cassées. Néanmoins, les estimés démontrent que les PÉS au Canada ne distribuent qu’une petite proportion du nombre de seringues requis pour assurer que chaque injection soit faite au moyen d’une seringue stérile. Il fut un temps où les PÉS appliquaient une politique de strict échange unitaire. Cette pratique désuète limite l’accès à des seringues stériles. Par exemple, un UDI qui n’a pas de seringue usagée à remettre subirait des conséquences néfastes d’une telle politique. Il peut arriver que des UDI et d’autres personnes soient incapables de ranger une seringue jusqu’au moment où ils pourront visiter un PÉS. Un UDI qui aurait mis sa seringue au rebut à un autre endroit subirait aussi des conséquences négatives de cette politique. Pour améliorer la couverture, les PÉS doivent fournir des seringues selon la quantité, la taille, le calibre et les marques que demandent les clients, sans exiger en échange des seringues usagées, ni limiter le nombre de seringues données. Le fait de donner le nombre et les types de seringues demandés peut aider les PÉS à attirer et à conserver une vaste gamme de clients, à respecter la recommandation d’une seringue neuve et stérile pour chaque injection, et à réduire la transmission de pathogènes hématogènes. Le calcul de la quantité de seringues nécessaires à une couverture à 100 % est un défi, puisque ce nombre dépend de plusieurs variables, notamment les estimés du nombre d’UDI dans la communauté (qui sont et qui ne sont pas clients de PÉS), les types de drogues utilisées et la fréquence d’injection. La recommandation d’environ 1 000 seringues par UDI par année a été formulée, comme un moyen facile de déterminer le nombre total requis, mais il existe des méthodes d’estimation plus sophistiquées (voir la section Évaluation de programme). En Ontario, la couverture à 100 % n’est pas encore atteinte, et il existe de grandes disparités dans le degré de distribution. En 2002 par exemple, les PÉS ont déclaré avoir distribué entre 1 et 474 seringues par UDI par année. La diversité des tendances, parmi les UDI, pour l’obtention de seringues, influence leur fréquentation des PÉS. Certains d’entre eux en accumulent un grand nombre, d’autres veillent à en avoir une quantité suffisante pour une ou deux semaines, et d’autres encore vont se procurer des seringues à chaque jour. L’accès quotidien de ces derniers est le plus problématique, puisque ce groupe est le plus susceptible de réutiliser, de partager ou d’emprunter des seringues. Les PÉS peuvent faciliter l’accès à des seringues stériles, par des types diversifiés de fourniture de programmes, comme les sites fixes et à heures d’ouverture élargies, la distribution par des pairs et la livraison à domicile (voir la section Modèles pour la fourniture de programmes d’échange de seringues). Les PÉS sont bien placés pour éduquer les UDI sur : u l’importance d’utiliser une nouvelle seringue stérile pour chaque injection; u les risques du partage de seringue, y compris pour le frontloading et le backloading; u les méthodes pour reconnaître et manipuler des seringues stériles (voir la section L’éducation sur l’injection plus sécuritaire); et u les techniques pour l’injection sécuritaire (voir la section L’éducation sur l’injection plus sécuritaire). 44 Sécurité accrue de la manipulation et de la mise au rebut de matériel 3,4 d’injection usagé Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour prévenir la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes ainsi que d’infections bactériennes, due à du matériel d’injection mis au rebut de manière inadéquate : u Éduquer le personnel et la clientèle sur la sécurité dans la manipulation et la mise au rebut du matériel ’injection usagé u Offrir de multiples options et endroits, pour la mise au rebut sécuritaire du matériel d’injection usagé u Ne pas pénaliser les clients qui ne rapportent pas de seringues usagées u Estimer le nombre de seringues rapportées par des clients. Ni les clients ni le personnel ne devrait compter les seringues “à la main” u Éliminer le matériel d’injection usagé, les objets tranchants3 et les contenants à objets tranchants4 en conformité avec la réglementation locale sur les déchets biomédicaux u Encourager la vaccination contre le VHB, pour les employés et les clients de PÉS La mise au rebut sécuritaire du matériel d’injection et des objets tranchants est une importante stratégie pour réduire la quantité de matériel d’injection usagé qui est jeté dans des lieux publics de la communauté, et donc pour réduire la transmission de pathogènes hématogènes parmi les UDI et les employés de PÉS ainsi que dans la communauté. Le Tableau 1 présente des exemples de recommandations pour une sécurité accrue dans la manipulation et la mise au rebut. 3 “Matériel d’injection” désigne tout objet entourant l’injection; “objet tranchant” désigne les seringues, aiguilles, tubes de verre et tout autre objet qui peut causer une coupure ou une piqûre. Aussi appelés “contenants à déchets biomédicaux”. 4 45 Tableau 1 : Exemples de recommandations pour une sécurité accrue dans la manipulation et la mise au rebut Élimination du matériel d’injection usagé, des objets tranchants et des contenants à objets tranchants u Les objets tranchants doivent être jetés dans un contenant rigide avec un couvercle qui ne s’enlève pas, et une étiquette “Déchets biomédicaux/Biomedical Waste”. Le contenant doit avoir la capacité de contenir le poids des déchets biomédicaux sans se déchirer, se craquer ni se casser. u Aux clients qui échangent des seringues pour des pairs, fournissez des contenants à objets tranchants. u Encouragez les clients à acheter et/ou à demander des contenants à objets tranchants, à la pharmacie. u Certaines pharmacies pourraient fournir des contenants à objets tranchants aux clients qui ont l’habitude d’acheter leurs seringues sur place. Certaines pharmacies pourraient accepter qu’on leur apporte des contenants scellés, pour fins d’élimination. u En l’absence de contenants à objets tranchants, encouragez les clients à placer le matériel dans un contenant de plastique rigide muni d’un couvercle étanche, comme une bouteille à eau de Javel ou à assouplisseur de tissus, ou encore une bouteille de plastique comme celles pour les boissons gazeuses. u Encouragez les clients à inscrire “OBJETS TRANCHANTS, NE PAS RECYCLER”, sur les contenants qui ne sont pas déjà identifiés de la sorte. u Encouragez les clients à rapporter au PÉS les contenants à objets tranchants lorsqu’ils sont remplis aux deu tiers. u Si possible, allez collecter les contenants à objets tranchants chez les clients ou dans les endroits où ils s’injectent et rangent du matériel d’injection. Manipulation de matériel d’injection usagé : recommandations aux clients de PÉS u Placez les contenants à objets tranchants à proximité du lieu d’utilisation. u Éliminez immédiatement le matériel d’injection usagé. u Ne jamais replacer le capuchon sur une aiguille. Cela pourrait causer une blessure sur la pointe de l’aiguille et l’infection (ou la réinfection) par le VIH, le VHB, le VHC ou d’autres pathogènes hématogènes. u Si vous récupérez des seringues d’autres personnes pour aller les échanger pour elles, demandez-leur de les déposer elles-mêmes dans un contenant à objets tranchants. u Ne jamais plier ou casser une aiguille. Manipulation d’objets tranchants : recommandations aux employés de PÉS u Soyez conscient que les clients qui viennent échanger des seringues peuvent porter des seringues sur eux (p. ex. dans les poches ou dans les manches), ou dans des contenants non sécuritaires (comme des sacs de plastique ou de papier). u Ne touchez pas les seringues qui vous sont rapportées. u Le client doit jeter lui-même ses seringues. u S’il faut estimer le nombre de seringues qui vous est rapporté, cela peut être fait “à vue d’œil” et/ou en demandant au client combien il en rapporte. u Lorsque vous administrez un vaccin ou un test : u Repérez les contenants à objets tranchants à proximité du lieu d’utilisation. u Jetez-y la seringue immédiatement après utilisation. 46 Collecte de matériel d’injection jeté dans des lieux publics u Portez toujours des gants à l’épreuve des perforations. u Portez toujours des gants à l’épreuve des perforations. u Ayez à la main un contenant à objets tranchants, pour y placer immédiatement les objets ramassés. Le but principal des procédures sécuritaires de manipulation est de prévenir les blessures et l’exposition à du sang infecté. En cas de blessure sur une aiguille, il est important que la personne blessée reçoive sans délai des soins adéquats. Des lignes directrices post-exposition établissent les procédures à suivre en cas de blessure. Idéalement, ces lignes directrices seront mises en œuvre et, avant qu’une blessure se produise, les employés auront reçu une formation pour les appliquer. En quelques mots, voici certains éléments de lignes directrices post-exposition : u Premiers soins. Laisser la blessure saigner librement; nettoyer la blessure complètement avec du savon et de l’eau. Si la blessure ou le contact du sang concerne des membranes muqueuses (p. ex., dans un œil, le nez ou la bouche), rincer abondamment avec de l’eau. Appliquer un bandage stérile et résistant à l’eau. u Soins médicaux et prophylaxie post-exposition (PPE). Demandez une attention médicale immédiate (dans les premières heures), à l’urgence d’un hôpital, dans une clinique ou au cabinet d’un médecin. Des tests et une prophylaxie post-exposition pourraient être recommandés. Un retard dans les soins médicaux, ou l’absence de tels soins, peut compromettre l’efficacité du traitement préventif. u Counselling, suivi et évaluation. Des tests périodiques pour vérifier si une infection a été contractée, et du counselling pour le stress émotionnel, peuvent être souhaitables. Un counselling sur la prévention de la transmission d’infections est également recommandé. u Documentation et surveillance. Toute blessure avec une aiguille doit être signalée par le responsable du PÉS; chaque cas doit être documenté. Cette information peut être utile pour aider à developper d’autres stratégies de prévention des blessures 47 Distribution de chauffoirs (cookers) Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes par la réutilisation de chauffoirs ou de cuillères : u Distribuer des chauffoirs selon les quantités demandées par les clients et sans limite maximale u Offrir un chauffoir avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques associés au partage de chauffoir u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel des chauffoirs u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des chauffoirs usagés Avant l’injection, la drogue sous forme de poudre, de solide ou de comprimé doit être mélangée avec de l’eau pour former une solution injectable. Le chauffoir est un contenant qui sert à faire ce mélange. Son nom vient du fait qu’il permet de chauffer la drogue pour la dissoudre davantage et obtenir un liquide de la consistance désirée. Des cuillères sont souvent utilisées à cette fin, et dans une moindre mesure, des bouchons de bouteille. Il existe des rapports anecdotiques de PÉS qui distribuent des cuillères au lieu de chauffoirs – mais nous croyons que les cuillères sont plus faciles à réutiliser. À titre de pratique exemplaire, nous recommandons l’utilisation de chauffoirs à usage unique. Des études internationales ont documenté un taux élevé de réutilisation ou de partage de chauffoirs parmi les UDI. Ces derniers tendent à : u u u Conserver et réutiliser les chauffoirs plus longtemps que les filtres ou l’eau de rinçage Partager des chauffoirs plus fréquemment que d’autres instruments de préparation de la drogue Partager des chauffoirs même lorsqu’une seringue stérile est utilisée pour l’injection Par conséquent, les chauffoirs pourraient être plus susceptibles d’être contaminés par le VIH ou le VHC que d’autres instruments liés à l’injection. Des études virologiques ont détecté la présence du VIH et du VHC dans des cuillères et des chauffoirs trouvés dans des sites d’injection de drogue, ce qui illustre le potentiel d’infection à VIH et à VHC associé à la réutilisation de chauffoirs. Par ailleurs, des études épidémiologiques ont démontré que le partage de chauffoirs est un prédicteur indépendant de la séroconversion au VHC; et documenté une association entre le partage de chauffoir et la prévalence du VIH. La distribution de chauffoirs aux clients est la meilleure façon pour les PÉS de réduire les risques associés à la réutilisation ou au partage d’un tel instrument parmi les UDI. 48 Distribution de filtres Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes ainsi que la thrombose veineuse profonde (TVP) associées à la réutilisation de filtres : u Distribuer des filtres à pores de 0,22 µm, selon les quantités demandées par les clients et sans limite maximale u Offrir un filtre 0,22 µm avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques de VIH et de VHC associés au partage de filtre et à la préparation d’un produit dilué (washes)5 en utilisant un filtre usagé u Éduquer les clients au sujet du risque de contamination bactérienne lié à l’utilisation d’un filtre usagé ou d’un filtre de cigarette u Éduquer les clients au sujet du risque de TVP associé à la non-utilisation d’un nouveau filtre à petits pores pour chaque injection u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel des filtres u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des filtres usagés Avant l’injection, la drogue sous forme de poudre, de solide ou de comprimé doit être mélangée avec de l’eau pour former une solution injectable. Une seringue est insérée dans le contenant de mélange, pour aspirer la solution. Le filtre se place au bout de l’aiguille pour empêcher toute particule de drogue non dissoute et d’autres débris de pénétrer dans la seringue puis les veines. Un morceau de coton ou un coton ouate est souvent utilisé comme filtre. Des rapports anecdotiques révèlent également que certains UDI utilisent des tampons hygiéniques, du papier à cigarette ou des cotons-tiges. Des filtres de cigarette sont aussi régulièrement utilisés. Ces filtres peuvent empêcher les grosses particules de pénétrer dans la seringue, mais ils ne sont pas toujours propres et ne préviennent pas l’intrusion de petits organismes comme les bactéries. Des études internationales ont démontré que des UDI réutilisent souvent des filtres, mais on en sait moins sur la fréquence à laquelle ils s’injectent des produits dilués à partir de filtres utilisés par d’autres. La distribution de filtres à petits pores et à haute efficacité est la meilleure façon pour les PÉS de : u u u 5 Réduire les risques associés au partage de filtre parmi les UDI Aider les clients à réduire leur usage de filtres inefficaces à plus gros pores, comme les filtres de cigarette, qui sont associés au développement de bactéries responsables de la formation d’abcès Prévenir le partage de produits dilués préparés en utilisant des filtres usagés Solution produite en ajoutant de l’eau aux résidus de drogue dans une seringue, un filtre ou un chauffoir usagé. 49 Distribution d’acidifiants Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour réduire la transmission du VIH et du VHC ainsi que les risques d’infection bactérienne ou fongique associés à l’utilisation de jus de citron et de vinaigre comme acidifiants : u Distribuer des sachets hermétiques, imperméables et à usage unique de 100 mg d’acide citrique ou de 300 mg d’acide ascorbique, selon les quantités demandées par les clients et sans limite maximale u Offrir un sachet à usage unique avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques potentiels de VIH et de VHC associés au partage d’acidifiant u Éduquer les clients au sujet du risque d’infection fongique lié à l’utilisation de jus de citron, de vinaigre et d’autres acides (comme l’acide acétique) contaminés par des spores u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel des acidifiants u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des acidifiants usagés Pour s’injecter une drogue insoluble comme l’héroïne brune ou le crack, les UDI doivent d’abord la rendre soluble à l’eau en y ajoutant de l’acide, ce qui produira un sel. Les acidifiants courants incluent l’acide ascorbique, citrique et acétique. Des études internationales ont documenté des taux élevés d’utilisation et de partage d’acidifiant parmi les UDI – un facteur de risque pour la transmission du VIH et du VHC. Des acidifiants relativement sûrs, comme l’acide ascorbique, citrique ou acétique sans impuretés, ne sont pas toujours à portée de la main; les UDI peuvent utiliser des acides plus répandus et accessibles comme du jus de citron, du vinaigre ou des produits pour éliminer les dépôts calcaires dans les bouilloires. Toutefois, ces liquides sont généralement propices au développement de champignons et de bactéries – qui peuvent causer une inflammation au cœur (endocardite) ou une infection des yeux (endophtalmie à candida) pouvant entraîner la cécité. La distribution de sachets d’acide citrique ou ascorbique à usage unique est la meilleure façon pour les PÉS de réduire le risque d’infection par le VIH et le VHC associé au partage d’acidifiant et de prévenir les infections bactériennes et fongiques liées à l’utilisation de jus de citron ou de vinaigre contaminé par des spores. 50 Distribution de fioles d’eau stérile Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes par le partage d’eau de mélange et de rinçage, ainsi que les infections bactériennes causées par l’utilisation d’eau et d’autres liquides non stériles : u Distribuer des fioles à usage unique de 2 ml d’eau stérile, selon les quantités demandées par les clients et sans limite maximale u Offrir une fiole à usage unique de 2 ml d’eau stérile avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques de VIH et de VHC associés au partage d’eau de mélange et de rinçage u Éduquer les clients au sujet des risques associés à l’utilisation d’eau non stérile (eau courante ou embouteillée, eau de pluie, flaque d’eau, eau contenant de l’urine) et de liquides comme la salive et l’urine u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel de l’eau de mélange et de rinçage u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate de l’eau de mélange et de rinçage Des études ont démontré que l’eau utilisée pour rincer le matériel d’injection (i.e., seringues, chauffoirs et filtres) et pour transformer la drogue en solution injectable peut poser des risques pour la santé des UDI (p. ex., infection à VIH, à VHC, infection bactérienne). Pourtant, les risques de santé publique associés à la réutilisation ou au partage d’eau sont souvent négligés. Ces risques sont liés à l’utilisation par plus d’une personne d’un contenant et/ou d’eau non traitée (p. ex., eau de pluie) pour la préparation du matériel d’injection (p. ex., aiguilles, seringues, cuillères/chauffoirs et filtres) et/ou la transformation d’une drogue en liquide injectable. Lorsqu’un contenant d’eau est partagé ou utilisé par plus d’une personne, il est possible qu’une petite quantité de sang d’un autre utilisateur soit présente dans l’eau et entraîne un risque d’infection par le VIH, le VHC ou une bactérie. De plus, l’eau non stérile ou partagée peut être contaminée par des bactéries et causer d’autres problèmes de santé comme des abcès ou d’autres infections (p. ex., endocardite). Ces infections peuvent avoir de graves conséquences, voire être mortelles. La distribution de fioles d’eau stérile à usage unique est la meilleure façon d’éliminer le risque de VIH et de VHC associé au partage d’eau de mélange et de rinçage, et de prévenir les infections bactériennes causées par l’utilisation d’eau non stérile. Une fiole contient suffisamment d’eau stérile pour dissoudre la drogue et préparer une solution injectable. Une fois ouverte, elle ne peut être refermée, ce qui élimine toute possibilité de contamination et de réutilisation. Les fioles d’eau stérile ne sont efficaces que si elles sont fournies en quantité suffisante pour que chaque injection soit préparée avec de l’eau stérile. Il n’existe aucune donnée sur le lien potentiel entre la grosseur de la fiole et le partage d’eau. Toutefois, des intervenants de première ligne ont souligné qu’une fiole de 10 ml pourrait être partagée. La distribution de plus petites fioles, par exemple de 2 ml, est donc recommandée. 51 Distribution de tampons d’alcool stériles Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes ainsi que les infections bactériennes causées par la réutilisation ou la non-utilisation de tampons d’alcool : u Distribuer des tampons d’alcool stériles, selon les quantités demandées par les clients et sans limite maximale u Offrir un tampon d’alcool stérile avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques de VIH et de VHC associés au partage de tampon d’alcool u Éduquer les clients au sujet des risques d’infection bactérienne dans les cas où le site d’injection n’est pas nettoyé avec un tampon d’alcool stérile avant l’injection u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel de tampons d’alcool stériles u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des tampons d’alcool stériles Les tampons d’alcool sont utilisés par les UDI pour désinfecter leur peau avant l’injection et pour enlever tout résidu de sang sur leurs doigts et d’autres surfaces. De plus, les UDI qui font des injections à leurs pairs utilisent un tampon avant et après l’injection, pour désinfecter leur pouce qui sert à prévenir le saignement après le retrait de l’aiguille. En l’absence d’un tampon d’alcool stérile, certains utilisent de l’alcool à friction, de la lotion après-rasage ou du savon et de l’eau (voir la section Éducation sur l’injection plus sécuritaire). La distribution de tampons d’alcool stériles aux clients est la meilleure façon pour les PÉS de réduire les risques d’infection à VHC (et potentiellement d’infection à VIH) associés à la réutilisation ou au partage de tampon d’alcool parmi les UDI. Par ailleurs, les données examinées montrent clairement que le nettoyage de la peau avec de l’alcool avant l’injection procure une protection contre les abcès et les infections bactériennes comme l’endocardite. Les PÉS sont bien placés pour distribuer des tampons d’alcool stériles. Les UDI ont recours à cette mesure lorsqu’elle est offerte par des PÉS; mais les clients moins réguliers sont moins susceptibles de désinfecteur leur peau avant chaque injection. 52 Distribution de garrots [tourniquets] Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes par le partage de garrot, le potentiel de contamination des garrots par des bactéries causant des abcès, ainsi que les blessures aux veines et les troubles circulatoires pouvant conduire à la perte de membres : u Distribuer des garrots minces, flexibles, à retrait facile et à surface non poreuse, sans limite aux quantités pouvant être fournies u Offrir un garrot neuf à retrait rapide avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques de contamination bactérienne et d’infection par le VIH et le VHC associés à l’utilisation de garrots usagés u Éduquer les clients au sujet des risques de dommages aux tissus et aux veines et de troubles circulatoires associés à la non-utilisation d’un garrot neuf à retrait rapide u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel de garrot u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des garrots Les garrots (tourniquets) sont utilisés par les UDI pour « serrer » une veine – i. e. créer de la pression pour accroître le flux sanguin dans la veine choisie et faciliter l’injection. En l’absence d’un garrot mince, flexible, à retrait facile et à surface non poreuse, les UDI utilisent parfois un bout de corde, un condom, une ceinture de cuir ou de tissu, ou souvent un bandana. Ces objets ont pour inconvénient de ne pas être assez élastiques pour s’enlever rapidement et facilement, ce qui peut causer des dommages à la peau ou aux veines, de même qu’une infiltration de sang ou de fluides dans les tissus environnants. De plus, ils sont difficiles à laver lorsque tachés de sang. La distribution de garrots minces, flexibles, à retrait facile et à surface non poreuse selon les quantités demandées par les clients est la meilleure façon pour les PÉS de réduire : u u u u les risques pour le VIH et le VHC associés au partage de garrot le potentiel de contamination des garrots par des bactéries causant des abcès les dommages aux veines qui facilitent la transmission de pathogènes hématogènes le risque de trouble circulatoire pouvant conduire à la perte de membres. 53 Distribution de tubes de verre Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes par le partage de matériel pour fumer du crack ou d’autres drogues : u Distribuer des tubes de verre individuels selon les quantités demandées par les clients, et sans limite maximale u Distribuer des embouts individuels, selon le nombre de tubes de verre fournis ou selon les quantités demandées par les clients, et sans limite maximale u Distribuer des grilles de cuivre individuelles, selon le nombre de tubes de verre distribué ou selon les quantités demandées par les clients, et sans limite maximale u Éduquer les clients au sujet des risques de VIH et de VHC associés au partage de tube de verre et d’autres instruments pour inhaler ou fumer des droguess u Éduquer les clients au sujet des risques de santé liés à l’utilisation d’autres objets en guise de grilles u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel d’un tube de verre u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des tubes de verre, des grilles et des embouts usagés Le crack est une forme de cocaïne en cristal que l’on chauffe pour obtenir une vapeur à inhaler. Une pipe ou un tube de verre est utilisé pour chauffer la drogue solide (ou “roche”) et diriger la vapeur vers la bouche. Une grille est placée à l’extrémité de la pipe ou du tube pour tenir la roche en place. Étant donné que le verre est conducteur de chaleur, un embout protecteur est fixé à l’autre extrémité du tube pour protéger les lèvres contre toute brûlure. On chauffe la roche à l’aide d’une flamme, pour la faire fondre et inhaler ses vapeurs à l’autre bout de la pipe ou du tube. Les instruments pour fumer du crack ou d’autres drogues sont souvent grossièrement fabriqués à partir de morceaux de métal (p. ex., des canettes) et de verre qui peuvent causer des coupures (bouts tranchants) et des brûlures aux lèvres. Des bouteilles de plastique et des inhalateurs sont aussi utilisés. En l’absence de grille de cuivre, les consommateurs utilisent souvent des tampons à récurer en cuivre. Toutefois, cette matière a tendance à se désagréger; et les particules inhalées peuvent entraîner des dommages aux poumons. On a posé l’hypothèse que du sang contaminé pourrait être partagé entre utilisateurs, compte tenu du fait qu’ils peuvent avoir des plaies ouvertes sur leurs mains et à la bouche et qu’ils ont une présence documentée dans des endroits propices au partage de matériel pour la consommation de drogue. Cela signifie que le VIH et le VHC pourraient être transmis d’un utilisateur de crack à un autre par le partage d’instruments pour fumer du crack ou d’autres drogues. La distribution de tubes de verre et d’embouts est la meilleure façon pour les PÉS de réduire les risques de transmission du VIH et du VHC associés au partage d’instruments pour fumer du crack ou d’autres drogues. La distribution de grilles de cuivre est la meilleure façon pour les PÉS de réduire les problèmes de santé associés à l’utilisation de grilles fabriquées à partir d’autres métaux. 54 Modèles pour la fourniture de programmes d’échange de seringues Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour réduire la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes, et pour prévenir d’autres méfaits liés à l’usage de drogue : u Fournir les services d’échange de seringues selon un ou des modèles qui optimisent leur accessibilité u Adapter les services de PÉS selon les besoins spécifiques de sous-populations d’UDI (p. ex. les jeunes, les femmes, les groupes ethnoculturels) u Impliquer des UDI dans la conception et la fourniture des services u Mener des “interventions terrain” dans la communauté et auprès d’autres organismes ou agences au service d’UDI u Collaborer avec des organismes locaux qui fournissent des services à des UDI, afin d’offrir l’échange de seringues dans un plus grand nombre de lieux L’efficacité des PÉS est influencée par leur capacité d’attirer et de conserver des clients ainsi que d’encourager et de faciliter le changement comportemental. Divers modèles de services ont été développés afin d’améliorer l’accessibilité pour les clients. En particulier, les services de PÉS peuvent être offerts dans des lieux fixes, mais aussi au moyen de camionnettes ou d’autres véhicules, à domicile, et par d’autres organismes qui œuvrent auprès d’UDI sur d’autres plans, des pharmacies, des groupes d’aide entre pairs, ou encore des distributeurs automatiques. Plusieurs facteurs déterminent le degré auquel un modèle de service satisfait les besoins des clients. Il existe parmi les UDI des différences sur les plans suivants : l’âge, le sexe, les antécédents culturels et ethniques, les types de drogues utilisées, le milieu de vie, les ressources à leur disposition, etc. Certains facteurs, comme la routine quotidienne des clients, les préférences personnelles, les difficultés de la vie quotidienne et les déplacements pour aller au PÉS certains jours et/ou selon un horaire limité, peuvent dépasser les ressources économiques des clients ainsi que les bénéfices perçus. Par exemple, un UDI aux moyens financiers limités est moins capable de parcourir une longue distance pour obtenir des services. Des caractéristiques culturelles ou ethniques peuvent aussi inciter à fréquenter ou à éviter certains sites de PÉS. Certains UDI prennent de la drogue une fois par jour, ou moins, alors que d’autres peuvent en prendre cinq fois par jour ou plus. En conséquence, les PÉS doivent adapter leurs services à ces conditions. Le fait d’offrir des services d’échange de seringues dans plusieurs lieux, à des heures différentes du jour et de la nuit, et selon divers modèles de fourniture, est susceptible d’accroître le nombre d’UDI qui auront recours aux services du programme, et de maximiser l’efficacité en prévention de la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes. Bien qu’une approche à modèle mixte soit susceptible d’optimiser l’efficacité, les ressorts n’ont pas tous les ressources ou l’expertise nécessaires pour procéder de la sorte. Plusieurs programmes commencent avec un ou deux modèles de fourniture de services, puis en ajoutent avec le temps. Les avantages et inconvénients de chacun des modèles de fourniture de services sont résumés dans le Tableau 2. 55 Tableau 2: Comparaison des forces et limites de divers modèles de PÉS Type de modèle Forces Limites PÉS fixe u Gratuité des services pour les UDI u Heures d’ouverture u Accessible et convivial u Emplacement – limité et/ou en vue u Éducation et autres services sur place u Achalandage aux moments de pointe u Élimination du matériel usagé u Clients réticents à l’égard des sites considérés trop gouvernementaux, trop cliniques ou orientés sur les gais et/ou le VIH PÉS mobile1 u Gratuité des services pour les UDI u Manque possible d’espace pour des u Accessible et convivial clients se trouvent) u Joint des UDI difficiles à joindre séances de counselling, des rencontres pour des références, l’administration de tests pour le VIH ou autres, l’aide aux clients pour remplir des formulaires et communiquer u Coût et entretien du véhicule u Gratuité des services pour les UDI u Sécurité des employés u Joint des UDI difficiles à joindre u Possiblement intrusif pour des clients u Accessibilité accrue (en allant où les Visites à domicile2 u Développe la crédibilité auprès de la communauté d’UDI PÉS satellite 3 u Gratuité des services pour les UDI u Difficulté d’appliquer des politiques du u Peut attirer divers groupes d’UDI PÉS parent aux sites satellites u Le roulement du personnel au site satellite peut nécessiter des formations fréquentes par le PÉS parent u Accroît l’accessibilité en termes de lieu, horaire, culture et groupe d’âge u Peut détourner des coûts d’opération et de main d’œuvre, du PÉS parent au site satellite u Accroît la complémentarité des services de l’agence satellite, sans occasionner de dépenses en équipement/élimination pour le PÉS Pharmacie u Heures d’ouverture u Coût pour l’achat de seringues u Endroits multiples u Pas de collecte du matériel usagé u Moins stigmatisant, plus anonyme u Pas de services de réduction des méfaits u Réticence à vendre à des UDI u Réticence à vendre des seringues en petite quantité u Heures/jours d’ouverture 56 Type de modèle Forces Limites PÉS fondé sur les pairs u Connaissances des pairs sur la drogue, u Formation/supervision des pairs peut Vending machines l’utilisation, le milieu être coûteuse u Connaissances et empathie des pairs u Conflit d’identité entre celle d’intervenant quant à la situation et aux conditions de vie u Permet au PÉS de joindre des UDI qui ne peuvent ou ne veulent pas fréquenter le site de PÉS u Peut apporter des compétences utiles à l’emploi, et un revenu, aux pairs qui sont intervenants u Rehausse l’estime de soi et le sentiment de valeur propre u Pas de frais pour le PÉS si les pairs sont bénévoles u Plus pratique/accessible pour les clients u Les pairs ont l’avantage de la “crédibilité” et peuvent être d’importants modèles de rôles pour la réduction des risques auprès des pairs, et celle de membre de la communauté des UDI u L’identité d’intervenant peut être exploitée pour continuer/accroître des activités dans le commerce de la rue u Peut enfreindre les limites intervenant/ client u Emplacement; disponibilité 24h/24 u Pas d’offre de service de réduction des u Pratique méfaits par le contact individuel u Difficile de garder l’anonymat si le lieu est public u Facile d’usage u Peu de personnel nécessaire Excluant les visites à domicile Visites à domicile par le PÉS mobile 3 Aussi appelés coalitions communautaires, ou organismes partenaires, les sites de PÉS satellites sont des organismes qui offrent d’autres services à des UDI, et qui, dans le cadre d’une relation de collaboration, fournissent des services de PÉS dans leur propre local au nom du 1 2 PÉS parent. 57 Éducation sur l’injection plus sécuritaire Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour réduire les préjudices associés à l’injection, chez les UDI : u Comment reconnaître des signes et symptômes d’infection de la peau et des tissus mous u Les méthodes adéquates pour l’utilisation et la mise au rebut de matériel d’injection u Comment reconnaître des signes et symptômes d’infection de la peau et des tissus mous u Encourager les clients à passer le test du VIH et le test du VHC, à se faire vacciner contre les hépatites A et B, et à demander des soins médicaux pour les infections de la peau et des tissus mous avan que des complications se développent (voir les sections Vaccination et Services de tests diagnostiques) u Faire valoir les droits et intérêts des UDI afin de contrer des préjugés et attitudes sévères à leur égard dans le milieu des soins de santé On observe parmi les UDI plusieurs problèmes évitables qui sont liés à l’injection, comme les infections à VIH, à VHB, à VHC et autres pathogènes hématogènes, des dommages et complications à la peau et aux tissus mous, y compris des décès. Plusieurs facteurs contribuent à des pratiques d’injection peu sécuritaires, notamment le coût du matériel d’injection stérile, les heures d’ouverture ou l’emplacement des PÉS, les normes et pratiques en vigueur parmi les pairs, la consommation de drogue par des partenaires intimes et le manque de connaissances. L’éducation, le perfectionnement des compétences et la provision de matériel, par des PÉS, peuvent réduire les effets néfastes de pratiques d’injection de drogue sur la santé, comme la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes, des effets toxiques des drogues injectées, des effets associés à des impuretés ou contaminants dans la drogue, la surdose, la thrombophlébite et la cellulite, des abcès qui conduisent parfois à la gangrène et à des amputations, l’endocardite aiguë et chronique ainsi que la fièvre aiguë. L’éducation sur les pratiques plus sécuritaires d’injection se concentre sur le processus de l’injection, de la préparation jusqu’au nettoyage, et inclut de l’information sur les manières de : u u u u u u u u Trouver un endroit sécuritaire pour s’injecter Prévenir les dommages à la peau et aux veines, ainsi que les infections bactériennes Préparer les drogues pour l’injection Préparer le matériel d’injection Préparer la peau et la veine pour l’injection Faire l’injection de manière adéquate afin d’éviter les dommages à la peau et aux veines Nettoyer après l’injection Reconnaître et traiter des problèmes de peau et des veines. Inciter et aider les clients à avoir accès à une source fiable de matériel d’injection stérile est crucial à la réduction des risques associés à l’injection. La remise d’information par écrit, aux clients, peut aider à renforcer les conseils et indications, mais les clients ne sont pas tous capables de lire. Les explications 58 verbales et la démonstration des techniques, en plus de documents écrits, aident à faire en sorte que tous les clients bénéficient des efforts d’éducation. La plupart des problèmes associés à l’injection (p. ex., les abcès) sont faciles à traiter. Cependant, des UDI peuvent retarder le recours aux traitements afin d’éviter des difficultés en lien avec des professionnels de la santé. Le fait d’appuyer la cause des clients, dans des hôpitaux et des cliniques, peut aider à atténuer les préjugés à leur égard et à augmenter les chances qu’ils demandent de l’aide lorsqu’ils en ont besoin. Les techniques d’injection sont généralement apprises au sein de groupes de pairs, et renforcées par eux. En conséquence, les PÉS qui tentent d’inculquer des modifications dans les techniques d’injection devront probablement avoir recours à des interventions individuelles ainsi qu’au palier communautaire. De plus, des pairs-intervenants qui font l’échange de seringues peuvent aider les PÉS à faire en sorte que les membres de groupes sociaux aient accès à du matériel d’injection stérile. Au Canada et dans d’autres pays, des organismes de personnes qui font usage de drogue, comme le Vancouver Area Network of Drug Users (le VANDU), jouent un rôle crucial pour élargir la portée des services de prévention et de réduction des méfaits au sein de leurs propres réseaux, souvent à des UDI à risque. Le fait d’impliquer ces organismes dans les initiatives peut contribuer à des améliorations. Les pairs-intervenants qui font l’échange de seringues peuvent jouer un rôle important dans la modification de comportements d’injection à risque, au profit de pratiques plus sécuritaires. Bon nombre des premiers PÉS qui ont vu le jour, au Canada, fournissaient à leurs clients des trousses d’eau de Javel pour la désinfection du matériel d’injection. Cependant, l’efficacité de l’eau de Javel pour cette désinfection a été remise en question. Les PÉS ontariens ne fournissent plus de telles trousses. L’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2004) et l’Agence de santé publique du Canada (2005) ne recommandent pas l’utilisation de trousses d’eau de Javel pour réduire le risque de transmission du VIH ou du VHC. 59 Promotion du sécurisexe et fourniture d’éléments pour sa pratique Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour réduire la transmission sexuelle du VIH, du VHC et d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS): u Éduquer les clients sur le risque de transmission du VIH, du VHC et des autres ITS par les rapports sexuels oraux, vaginaux et anaux, y compris le cunnilingus et l’anilingus u Donner de l’éducation sur la prévention de la transmission sexuelle du VIH, du VHC et des autres ITS u Éduquer les femmes qui ont des rapports sexuels avec des femmes (FRSF) sur leur potentiel de contracter des ITS, y compris le VIH u Distribuer les éléments nécessaires à la pratique du sécurisexe, selon la quantité demandée par les clients, sans limite de nombre, notamment: u des condoms masculins lubrifiés et non lubrifiés u des condoms féminins u des sachets de lubrifiant u des digues dentaires u des gants de latex et des couvre-doigt [ou doigtiers] u Référer à des fournisseurs de soins en santé sexuelle les clients qui ont des préoccupations liées à la contraception ou aux ITS, et faire en sorte que ceux qui n’ont pas les moyens de payer des médicaments ou des instruments reçoivent de l’aide pour les obtenir u Les condoms sont le premier choix pour prévenir la transmission sexuelle de maladies. L’utilisation de barrières cervicales, insérées dans le col utérin, peut être une mesure additionnelle valable Les UDI sont vulnérables à contracter l’infection à VIH lors de rapports sexuels non protégés avec une personne séropositive. Une grande proportion de femmes UDI ont des partenaires sexuels qui sont aussi des UDI et qui ont un risque accru d’infection. Par ailleurs, des hommes UDI ont souvent des partenaires sexuels qui ne sont pas UDI, et qui pourraient aussi être exposés au risque de contracter l’infection. Les utilisateurs de drogues par d’autres voies que l’injection ont aussi un risque accru devant la transmission du VIH et d’autres ITS comme la syphilis. Par conséquent, la prévention de la transmission sexuelle du VIH et des autres ITS est une facette importante des services de réduction des méfaits pour les utilisateurs de drogue. Les clients de PÉS peuvent être moins conscients des risques de transmission sexuelle que des risques associés au partage de seringue, et ils peuvent avoir besoin d’être éduqués au sujet des risques sexuels. Les femmes qui ont des rapports sexuels avec des femmes (FRSF) peuvent manquer particulièrement de sensibilisation quant à la possibilité de transmission du VIH et d’autres ITS par leurs rapports sexuels, et au sujet des bienfaits de l’utilisation de barrières de protection. Cela revêt une pertinence particulière au regard du fait que l’épidémiologie porte à croire qu’une proportion relativement élevée (environ 20 à 30 % dans plusieurs études) des femmes UDI se déclarent lesbiennes ou bisexuelles. Une discussion plus approfondie des considérations particulières relatives aux divers instruments de sécurisexe qui existent est présentée dans la version « en détail » de ces recommandations. 60 Éducation sur la prévention de surdose Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour réduire les surdoses mortelles et non mortelles chez les UDI : u Éduquer les clients sur les risques et les signes de surdose u Éduquer les clients sur les techniques de prévention des surdoses u Donner aux clients une formation en premiers soins et en ressuscitation cardio-pulmonaire (RCP) u Encourager les clients à demander une assistance médicale en cas de surdose ou de détresse u Éduquer les clients au sujet de l’information à donner au téléphone lorsque l’on appelle le 911 La surdose est la principale cause de décès parmi les UDI. Plusieurs facteurs contribuent au risque accru de surdose chez les UDI, notamment des surdoses antérieures non mortelles, l’injection de drogue obtenue auprès d’une source inconnue ou nouvelle, la concentration inconnue de la drogue, le fait d’être seul lors de l’injection, le fait que l’injection soit administrée par une autre personne que soi (p. ex. un hit doctor), et le délai dans le recours à l’assistance médicale. L’éducation et la formation des UDI sur les moyens de prévenir et de reconnaître les situations de surdose, et d’y réagir, sont nécessaires pour réduire le nombre de décès par surdose. Le manque de connaissances sur les signes et symptômes de surdose, et sur le délai entre le moment de la consommation et celui de l’apparition de symptômes de surdose, peut faire en sorte qu’ils n’interviennent pas ou ne demandent pas d’assistance. De plus, les UDI ont généralement des connaissances inexactes au sujet des techniques susceptibles d’être utiles à une personne en situation de surdose, ce qui peut avoir des conséquences néfastes. L’éducation à la prévention de surdose inclut souvent des volets d’information et de perfectionnement des compétences, pour reconnaître les signes de surdose. Les symptômes de surdose varient selon la drogue utilisée. Par exemple, les opiacés peuvent entraîner des symptômes comme de forts ronflements, un rythme cardiaque ralenti ou irrégulier, ou l’évanouissement. Une surdose de stimulant (p. ex., cocaïne, méthamphétamine) peut entraîner des symptômes comme la respiration rapide, la fièvre élevée, la crise de convulsions, le délire, la confusion, la transpiration ou une augmentation rapide de la pression sanguine. La formation en premiers soins [ou secourisme] fait aussi partie des programmes d’éducation en matière de surdose, pour les UDI, leurs familles et autres personnes susceptibles d’être présentes en situation de surdose. Il peut être bénéfique d’enseigner aux clients la position latérale de sécurité, la ressuscitation bouche-à-bouche et la RCP, ainsi que les techniques élémentaires de réanimation/soutien vital. La formation devrait être donnée par un personnel qualifié. Il a été observé que le versement d’une compensation aux clients, pour assister à de telles séances de formation, augmente la participation. Plusieurs UDI craignent les conséquences de toute intervention policière, ce qui les pousse à retarder le recours à de l’assistance en situation de surdose. Cependant, des données montrent qu’une intervention précoce d’un intervenant d’urgence augmente grandement le taux de survie à la surdose. Certains UDI 61 peuvent avoir besoin de conseils sur les renseignements à donner lorsque l’on appelle le service 911, et ce qu’il faut dire au téléphoniste de même qu’aux secouristes à leur arrivée sur les lieux d’une surdose. Des partenariats entre les PÉS, la police et le personnel d’urgence peuvent servir à développer et à mettre en œuvre des procédures qui feraient en sorte que les UDI soient moins réticents à avoir recours à de l’assistance médicale lorsque cela est nécessaire. La provision de l’accès à du naloxone (Narcan®), aux clients de PÉS, peut présenter un potentiel de réduction des décès liés à la surdose d’opiacé. Le naloxone réduit les arrêts respiratoires mortels que cause la surdose d’opiacé. Il fut un temps où les professionnels de la santé étaient les seuls à pouvoir l’administrer. Cependant, des études sur l’efficacité, les effets secondaires et d’autres événements indésirables liés à l’administration de naloxone par des personnes qui ne sont pas des professionnels de la santé (p. ex. des clients de PÉS) sont en cours. Lorsque les résultats de ces recherches seront connus, la mise en œuvre de ce type d’intervention pourrait être indiquée ou non, pour les PÉS. Plusieurs facteurs dont on a constaté qu’ils augmentent la possibilité de décès par surdose chez les UDI peuvent servir à identifier les clients particulièrement vulnérables et à adapter des programmes d’éducation en conséquence. Outre les facteurs susmentionnés, les éléments qui augmentent le risque de décès par surdose sont notamment : de longs antécédents d’injection, un taux élevé d’usage de drogue ou d’intoxication, la faible tolérance/accoutumance, la situation de sans-abri, la dépression, la récente libération de prison, et l’habitude d’utiliser diverses drogues à la fois. Le Tableau 3 résume des exemples de pratiques recommandées pour la prévention des surdoses. 62 Tableau 3: : Exemples de pratiques recommandées pour la prévention de surdose Recommandations Explications Éviter de mélanger des drogues qui ont des effets semblables La combinaison de drogues qui ont des effets semblables peut augmenter le risque de surdose Lorsque la tolérance est faible (p. ex. après un traitement de la toxicomanie, ou à la sortie de prison): u prendre une plus petite quantité qu’avant u fumer ou renifler la drogue, pour une absorption plus lente par le corps u utiliser en présence d’une autre personne, ou révenir une personne pour qu’elle soit à l’affût Une tolérance plus faible peut augmenter le risque de surdose Être prudent, à l’usage de drogue obtenue d’une source nouvelle et/ou inconnue : u s’injecter une petite dose d’essai, pour vérifier la force u demander à d’autres quelle en est la force L’utilisation d’une drogue de concentration inconnue peut augmenter le risque de surdose Acheter la drogue auprès d’une source régulière et fiable Savoir reconnaître les symptômes de la surdose, pour soi-même et chez les autres Une intervention rapide, en cas de surdose, peut réduire le risque de décès Savoir quoi faire et quoi éviter, si vous ou une autre personne a des symptômes de surdose Demander de l’assistance, si vous ou une autre personne a une surdose Ne pas laisser seule une personne qui a une surdose Une intervention rapide, en cas de surdose, peut réduire le risque de décès et de victimisation 63 Références et counselling Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour accroître l’accès aux services communautaires et autres formes d’assistance pour les UDI : u Donner des références pour le traitement de la toxicomanie, le test et le counselling pour le VIH et le VHC, les services sociaux et de santé mentale, l’aide juridique et les soins de santé primaires u Établir et maintenir des relations de référence (aiguillage, orientation) avec des organismes qui fournissent ces services u S’impliquer directement dans le plaidoyer pour faire en sorte que les clients aient accès à des services appropriés u Fournir aux clients de l’information au sujet du traitement de la toxicomanie, des soins médicaux, du test et du counselling pour le VIH et le VHC, et d’autres services sociaux et de santé Plusieurs UDI n’ont pas régulièrement accès aux systèmes de services sociaux et de santé – et les PÉS sont souvent leur seule source d’aide pour des problèmes à ce chapitre. Par conséquent, les PÉS sont une importante source de référence au traitement de la toxicomanie et aux services pour répondre à leurs besoins médicaux, sociaux, émotionnels et financiers. Certains UDI échouent peut-être à voir à leurs besoins parce qu’ils manquent de connaissances sur les ressources communautaires qui existent et sur les moyens d’y avoir accès. Les employés de PÉS peuvent aider les clients à identifier leurs besoins et à avoir accès à des services. On a constaté que le fait de suivre un traitement de la toxicomanie réduit le partage de seringue et la fréquence d’injection. Référer un client à un programme de traitement de la toxicomanie peut contribuer à réduire ou à éliminer son usage de drogue, et à réduire son risque de contracter le VIH, le VHB, le VHC et d’autres infections. De plus, la référence à des services de test, de traitement et de counselling pour le VIH et le VHC est importante : des recherches auprès d’UDI séropositifs qui sont informés de leur état ont permis de constater une tendance à la réduction des comportements associés à la transmission du VIH et du VHC. Étant donné que la consommation de drogue peut accroître le risque qu’un individu soit aux prises avec des problèmes financiers, ou devienne itinérant, il est important que les UDI soient informés des services communautaires disponibles pour répondre à leurs besoins. De plus, les PÉS peuvent aider à améliorer les connaissances de leurs clients au sujet des services de santé mentale; de fait, on a constaté parmi la population d’UDI des taux élevés de dépression, et certains clients de PÉS déclarent avoir besoin de services de santé mentale. Afin de fournir des références, les PÉS doivent collecter de l’information sur les types de services dont leurs clients ont besoin, puis établir des relations fructueuses avec d’autres fournisseurs de services. Cependant, un plaidoyer en faveur des UDI peut être nécessaire dans d’autres domaines de service. Les intervenants d’autres établissements pourraient gagner à recevoir une formation fournie par un PÉS, au sujet d’enjeux comme la santé et les réalités de la vie des UDI, des manières d’interagir avec des personnes 64 de cette population, et des buts visés par les PÉS. Référer leurs clients à des services de santé et d’autres domaines est un rôle important des PÉS; selon leur situation financière et leur stade de développement, des PÉS peuvent toutefois être incapables de fournir une gamme de tels services dans leurs propres locaux. Plusieurs PÉS fournissent des références à des services de counselling et de test volontaire pour le VIH et le VHC ainsi qu’à des programmes de traitement de la toxicomanie. Si les ressources nécessaires sont disponibles, il peut être approprié que les PÉS fournissent des services sur place. Lorsque possible, ils devraient impliquer des clients dans la conception et la mise en œuvre de leurs programmes et services. Cela peut les aider à fournir des services mieux adaptés aux besoins de leur clientèle. 65 Traitement d’entretien à la méthadone Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour réduire la transmission du VIH et d’autres méfaits associés à l’usage de drogue : u Donner accès à des services de traitement d’entretien à la méthadone axés sur la réduction des méfaits, sur les lieux de PÉS lorsque les ressources le permettent, ou par le biais de références appropriées, pour les utilisateurs dépendants de drogues opiacées qui n’ont pas recours à l’entretien à la méthadone dans le cadre de programmes à seuil élevé (i.e. à conditions strictes) u Faire valoir le bien-fondé de services de traitement d’entretien à la méthadone axés sur la réduction des méfaits, dans la gamme d’options de traitement de la toxicomanie disponibles dans la communauté Le traitement de l’usage problématique de drogue offre un potentiel de réduire la transmission du VIH ainsi que d’autres méfaits associés à la drogue, en aidant à atteindre l’abstinence de drogue ou en réduisant les pratiques d’utilisation de seringues qui sont liées à la transmission de pathogènes hématogènes. Un vaste corpus de données fait foi des bienfaits du traitement d’entretien à la méthadone (TEM) au chapitre de la prévention de l’infection par le VIH parmi les UDI qui continuent de suivre ce traitement. Toutefois, ces résultats concernent le traitement “à seuil élevé” (i.e. à critères stricts) d’entretien à la méthadone, qui exige l’abstinence de drogues autres que la méthadone, et qui a généralement un taux élevé d’abandon. Des résultats positifs sont généralement signalés pour les individus qui continuent le traitement. Des données émergent par ailleurs à l’effet que, pour les personnes qui ne sont pas disposées à s’inscrire à des programmes à seuil élevé, le TEM axé sur la réduction des méfaits, à critères plus souples n’exigeant pas l’abstinence d’autres drogues, peut lui aussi réduire le risque de VIH. La recherche suggère que le fait d’obtenir une dose adéquate de méthadone est un élément crucial à un entretien efficace. Les PÉS peuvent considérer la possibilité d’offrir eux-mêmes de tels programmes, s’ils ont les ressources nécessaires, notamment un médecin autorisé à prescrire la méthadone et disposé à travailler dans une optique de réduction des méfaits. Autrement, ils peuvent se limiter à offrir des références aux médecins et programmes de TEM dans la communauté, en cherchant et en faisant valoir le bien-fondé de programmes à critères souples, pour leurs clients qui ne sont pas disposés à cesser l’usage de toutes les drogues illicites. Si des clients sont référés à un TEM, en particulier à critères stricts, le PÉS doit être conscient de la possibilité d’abandon du traitement, et inviter les clients à revenir pour des services d’échange de seringues s’ils venaient à en avoir besoin. La disponibilité d’une gamme d’options pour l’entretien à la méthadone, en fonction des buts et des besoins particuliers des clients, est conforme aux principes de la réduction des méfaits. Cela peut aller de programmes à critères stricts pour des clients dont le but est l’abstinence de drogues illicites, jusqu’à des programmes à critères souples (ou à seuil peu élevé) dont le but est d’aider les clients à réduire leurs risques de préjudice à la santé mais sans exiger nécessairement qu’ils réduisent leur usage d’autres drogues illicites. Il est important que les programmes de TEM intègrent des services de counselling et de soutien afin d’assister leurs clients sur d’autres plans (p. ex., préoccupations de santé mentale et physique, besoin de logement, emploi, etc.), si nécessaire. 66 Soins primaires Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour améliorer l’accès des UDI à des soins primaires: u Identifier, dans la communauté, les sources de soins primaires qui sont disposées à travailler avec des UDI u Fournir les services au PÉS en fonction des besoins des clients et en continuité avec les ressources alternatives qui existent dans la communauté; notamment : u Premiers soins – limités à la fourniture d’instruments de premiers soins et d’assistance non professionnelle, à moins que le PÉS ait accès à des fournisseurs de soins de santé professionnels u Vaccination – fournie par des professionnels, et offerte sur les lieux du PÉS afin d’inciter les clients à y avoir recours u Tests – à offrir sur les lieux du PÉS afin d’inciter les clients à les passer, et de donner l’occasion d’une éducation et d’un counselling de suivi pour ceux qui ont un résultat positif à un test u Les PÉS qui entretiennent des relations avec une unité de santé publique ou un centre de santé communautaire devraient aider leurs clients à avoir accès à la gamme complète des services disponibles u Lorsque possible, négocier la fourniture de services de soins primaires sur les lieux du PÉS, afin de faciliter l’accès pour les clients u Mener des initiatives d’éducation, de proximité et de plaidoyer auprès de fournisseurs de services de santé, afin d’améliorer leurs connaissances au sujet des UDI et de rehausser leur disposition à leur fournir des services u Lorsque possible, accompagner et assister le client à sa visite initiale à des services de santé dans un autre endroit, jusqu’à ce qu’une relation fructueuse puisse être établie avec les intervenants; développer une communication continue, pour résoudre les problèmes, au besoin Les UDI qui n’ont pas de logis ou qui sont marginalisés ont généralement de multiples problèmes de santé et ont besoin d’accès à des soins primaires auprès d’intervenants qui sont disposés à les soigner. Plusieurs UDI qui fréquentent des PÉS n’ont pas d’accès à de tels services. La meilleure pratique pour les programmes de réduction des méfaits est d’intégrer de tels services (l’idéal des “soins en un seul lieu”) ou d’assister les clients dans la quête d’accès à ces services ailleurs dans la communauté. Plusieurs PÉS sont capables de fournir sur place certains des soins préventifs particulièrement nécessaires aux UDI, par des ententes de coopération avec des employés de santé publique ou d’autres fournisseurs de soins de santé dans leur communauté. Les services offerts le plus souvent sont les tests pour le VIH, le VHC et le VHB, et parfois d’infections transmissibles sexuellement, en particulier la syphilis; le test de la tuberculose; la vaccination contre les hépatites A et B, contre l’influenza, et parfois d’autres maladies; ainsi que les premiers soins. (Voir les recommandations de pratiques exemplaires pour chacun de ces éléments.) Quelques PÉS ontariens ont aussi commencé à fournir le traitement d’entretien à la méthadone (voir la section Traitement d’entretien à la méthadone). 67 Outre les services préventifs fournis sur les lieux, les PÉS devraient développer des contacts avec des fournisseurs de soins primaires auxquels ils peuvent référer des clients pour des soins cliniques continus. Les PÉS peuvent améliorer l’accès de leurs clients à ces soins en éduquant les intervenants en soins de santé au sujet des UDI et des pratiques adéquates dans les services à cette population, ainsi que sur la réduction des méfaits et les données quant à ses bienfaits. Ils peuvent aussi aider leurs clients à recevoir des soins adéquats et à établir des relations avec des intervenants, en les accompagnant lors des visites initiales ou d’urgence, afin de faire valoir leurs intérêts et de faciliter la communication entre eux et le personnel des soins de santé. 68 Premiers soins pour les abcès et les problèmes cutanés Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour prévenir les abcès et les infections de la peau : u Éduquer les clients sur les pratiques plus sûres d’injection et fournir du matériel d’injection stérile ainsi que d’hygiène (p. ex. tampons alcoolisés, filtres, eau stérile, aiguilles, seringues, chauffoirs et garrots) u Fournir des services de premiers soins pour les abcès et les problèmes cutanés dans le cadre du PÉS, si possible, y compris l’assistance pour des problèmes aux pieds comme les ampoules u Les premiers soins décrits ici se limitent aux services qui peuvent être fournis par un intervenant non professionnel sans formation en premier soins; des problèmes plus complexes requièrent des traitements d’un médecin ou d’un praticien en soins infirmiers Les UDI ont un risque d’abcès et d’infections cutanées pouvant nuire à leur santé et à leur bien-être. Les PÉS peuvent aborder la prévention des abcès et des infections cutanées en enseignant la technique adéquate d’injection ainsi que les pratiques d’hygiène qui s’y rattachent, en plus de fournir une quantité adéquate de matériel d’injection et une éducation sur l’importance d’une technique stérile pour la préparation de la drogue (voir la section Éducation sur l’injection plus sécuritaire). En cas d’échec de la prévention, les PÉS peuvent aider au contrôle d’infections cutanées mineures, de même que de problèmes comme les ampoules aux pieds, en particulier pour les UDI sans-abri, en offrant des occasions de nettoyage des plaies et des régions cutanées infectées, et en fournissant des antibiotiques topiques et des pansements. Pour des infections plus graves, comme des abcès devant être percés, une assistance professionnelle est nécessaire – et à moins qu’un médecin ou une infirmière soit sur les lieux du PÉS, il faut référer le client à un médecin généraliste ou à un établissement de soins d’urgence (voir la section Soins primaires). 69 Vaccination Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour réduire l’infection par les virus de l’hépatite A, de l’hépatite B, de la grippe ainsi que de la maladie à pneumocoque : u Éduquer les clients sur les hépatites A, B et C ainsi que leur prévention, y compris sur la disponibilité de vaccins contre les hépatites A et B u Fournir des services de tests pour les hépatites A, B et C, au besoin (voir la section Services de tests diagnostiques) u Encourager la vaccination contre l’hépatite B pour tous les employés et clients du PÉS u Fournir la vaccination contre les hépatites A et B aux personnes qui n’ont pas déjà développé une immunité ou, dans le cas de l’hépatite B, qui ne sont pas porteuses – y compris un système pour assurer autant que possible que les clients reçoivent deux doses du vaccin anti-VHA et trois doses du vaccin anti-VHB (tel que prescrit pour le vaccin qui est utilisé en Ontario) u Fournir la vaccination contre l’influenza ou des références à un point d’accès à ce vaccin, à tous les clients qui n’ont pas de médecin de soins primaires u Fournir la vaccination contre le pneumocoque ou une référence pour cette vaccination, à tous les clients qui sont ou pourraient être séropositifs au VIH ou qui ont une maladie pulmonaire chronique, et qui n’ont pas de médecin de soins primaires u Déterminer la situation des clients quant à la vaccination antitétanique et offrir cette immunisation à ceux qui sont admissibles, ou les référer à un fournisseur de soins primaires u Les PÉS qui fournissent des services de vaccination devraient disposer de directives médicales et de politiques écrites claires Les UDI ont un risque de contracter le VHB et le VHC s’ils partagent des seringues ou tout autre instrument utilisé en lien avec l’injection (voir les sections L’échange de seringues et d’aiguilles et Distribution d’autres instruments liés à l’infection). Les utilisateurs de drogues par voie orale ainsi que par injection ont aussi un risque plus élevé de contracter le VHA [virus de l’hépatite A] que la population générale du Canada. Les UDI qui n’ont pas contracté le VHB devraient se voir offrir le vaccin pour prévenir cette infection. Pour une information détaillée sur l’utilisation des vaccins, consulter le “Guide canadien d’immunisation ”. En Ontario, la vaccination [contre le VHB] consiste en trois injections, en raison du produit qui est utilisé, et l’on porte attention à ce que les intervalles entre les doses soient au moins de la durée recommandée par le fabricant. En cas d’intervalle plus long, il n’est pas nécessaire de recommencer au début ou d’administrer des doses additionnelles. Les personnes dont le système immunitaire est affaibli peuvent avoir besoin de doses plus fortes ou d’injections additionnelles, et l’avis d’un expert devrait être demandé dans de tels cas. Les vaccins contre le VHA et contre le VHB sont fournis gratuitement par les unités de santé publique aux adultes à risque élevé, en Ontario, y compris les UDI. De plus, le vaccin anti-VHB est fourni universellement depuis 1994 aux élèves de 7e année, en Ontario, donc les personnes qui ont entre 13 et 23 ans et qui ont 70 grandi en Ontario ont généralement déjà reçu ce vaccin. Il faut toutefois noter que les personnes qui ont quitté l’école ou qui ne la fréquentaient pas régulièrement ne l’ont peut-être pas reçu. Le vaccin anti-VHA devrait être offert à tous les UDI qui n’ont pas déjà d’anticorps à ce virus; il consiste en deux injections séparées d’au moins 6 mois. Étant donné que les vaccins anti-VHA et anti-VHB nécessitent tous deux l’administration de plus d’une injection, en plusieurs mois, les PÉS devraient tenir en dossier l’information sur la vaccination des clients et établir un mécanisme de rappel aux clients pour lesquels une nouvelle injection est due; ils doivent aussi veiller à ce que tous les dossiers soient confidentiels. Des données montrent parmi les UDI des taux élevés de pneumonie bactérienne, possiblement liés à l’infection à VIH. Les UDI connus comme ayant une maladie pulmonaire chronique ou un système immunitaire affaibli, en raison du VIH ou pour d’autres motifs, devraient se voir offrir le vaccin anti-pneumocoque et le vaccin anti-influenza. En Ontario, ce dernier est disponible sans frais pour tous les adultes, donc il devrait être offert à tous les clients s’il est disponible au PÉS. Cependant, comme une seule dose par année est indiquée, il ne devrait pas être administré aux clients qui l’ont déjà reçu d’un fournisseur de soins primaires ou en milieu clinique. Il est recommandé, dans le “Guide canadien d’immunisation”, que les adultes qui ont reçu une immunisation primaire de trois doses antitétaniques reçoivent une dose de rappel à tous les dix ans. Les UDI qui n’ont pas d’indication d’avoir reçu une immunisation antitétanique devraient recevoir la série complète de ce vaccin, en trois injections. 71 Services de tests diagnostiques Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Afin d’améliorer chez les clients la connaissance de leur état sérologique au VIH, au VHB, au VHC et à la tuberculose: u Fournir des services de counselling et de tests volontaires pour le VIH, le VHB, le VHC et la tuberculose, dans le cadre du PÉS, et/ou assurer la capacité d’accès à ces tests dans d’autres points de services de santé u Informer les clients des options disponibles pour le test du VIH (anonyme et nominatif) afin qu’ils puissent prendre une décision éclairée à cet égard u Assurer la confidentialité de tout résultat de test u Veiller à ce que les UDI qui reçoivent un résultat positif à un de ces tests aient accès aux services nécessaires de counselling, de soins et de traitement u Considérer d’offrir le test pour la syphilis ou de donner une référence à cet effet, dans le cadre de services de santé sexuelle Les UDI peuvent être exposés à des risques de contracter le VIH, le VHB et/ou le VHC, ce qui peut résulter en des infections chroniques et favoriser également la tuberculose. La tuberculose latente, les premiers stades de l’infection à VIH ainsi que des hépatites B et C chroniques peuvent être tout à fait asymptomatiques et n’être décelables que par les tests diagnostiques appropriés. Plusieurs UDI n’ont pas de source régulière de soins de santé ou peuvent ne pas révéler à leur médecin leur situation de risque. Les PÉS ont donc une occasion d’offrir les tests adéquats à leurs clients qui ne les reçoivent pas ailleurs, ou d’assister leurs clients dans l’accès à ces tests auprès d’autres fournisseurs Counselling et test volontaires pour le VIH Le fait de connaître son état sérologique au VIH peut contribuer à inciter une personne (séronégative ou séropositive) à des comportements plus sécuritaires. Pour celles qui sont séropositives, cela comporte notamment des efforts pour éviter de transmettre l’infection à d’autres personnes; mais aussi, le fait de se savoir séropositif peut inciter également à mieux prendre soin de soi, à faire surveiller l’état de sa santé et à suivre un traitement anti-VIH si cela est indiqué. Pour les personnes qui reçoivent un résultat négatif au test du VIH, le counselling qui précède et qui suit le test peut offrir une occasion d’examiner les comportements à risque et de recevoir des conseils pour réduire leurs risques. Pour cela, il faut un counselling pré-test et post-test de grande qualité, pour tous les UDI qui passent le test du VIH et un soutien adéquat à ceux dont le résultat est positif. Le personnel doit recevoir une excellente formation en counselling et avoir accès aux références nécessaires en matière de soins et de soutien. En Ontario, des sites spécialement conçus peuvent fournir des tests anonymes pour le VIH. Dans ce mode de test, des éléments comme la notification de partenaire(s) et l’aiguillage vers un traitement ne peuvent être abordés que dans le cadre du counselling pré- et post-test, à moins que le client voie lui-même au suivi. À l’exception des sites de test anonyme, les établissements qui administrent le test du VIH sont tenus de déclarer tout résultat positif aux autorités de santé publique, qui communiqueront avec le fournisseur du test pour ce qui a trait à la notification de partenaire(s) et au besoin du client d’être référé à des services. 72 Te s t s d u V H B e t d u V H C Les UDI ont un risque élevé de devenir porteurs chroniques du VHB et du VHC. Environ 10 % des personnes qui contractent le VHB ont une infection chronique qui les rend contagieuses et leur état peut évoluer en une cirrhose ou un cancer du foie. Les tests peuvent permettre aux personnes qui ont ce(s) virus de connaître leur état, d’éviter les comportements susceptibles de transmettre l’infection à d’autres personnes, de bénéficier d’un suivi médical et de considérer la possibilité de suivre un traitement. Les UDI qui passent le test du VHB et dont le résultat montre qu’ils n’ont jamais été exposés à ce virus peuvent se voir offrir la vaccination afin d’éviter l’infection future. La majorité des personnes qui ont contracté le VHC demeureront porteuses chroniques et auront un risque de voir leur état évoluer en une cirrhose du foie, et plus rarement en cancer du foie. Les personnes qui reçoivent un résultat positif au test du VHC peuvent connaître leur état et éviter des comportements qui pourraient transmettre l’infection à d’autres personnes, avoir un suivi médical comme des tests de la fonction du foie, réduire l’exposition à l’alcool et à d’autres substances toxiques pour le foie, et considérer la possibilité de suivre un traitement. Le traitement pour le VHC est long (plusieurs mois) et difficile (il implique des injections, et des effets indésirables comme des symptômes de grippe et de dépression); son taux de succès est généralement inférieur à 50 %, mais s’il est fructueux il est possible d’éliminer complètement le VHC du corps, pour autant qu’il n’y a pas réinfection. En ce qui concerne le VIH, un counselling approprié et de l’information sur le VHB et le VHC devraient être fournis aux UDI qui considèrent de passer le test. Cela nécessite une formation initiale du personnel ainsi que la possibilité de demeurer au fait de l’évolution médicale. L’état sérologique positif au VIH, au VHB et au VHC est déclaré aux autorités de santé publique. L’option de test anonyme n’existe que pour le VIH. Cela peut être source d’anxiété pour les UDI désireux de passer des tests, mais une collaboration efficace entre les PÉS et les autorités de santé publique peut contribuer à mitiger ces craintes et à faire en sorte que les questions de santé publique soient abordées comme il se doit. Après qu’un UDI a reçu un diagnostic positif à un test, il peut être difficile, à plusieurs endroits, d’avoir accès à un suivi médical et à des traitements. Il y a pénurie de services spécialisés pour la gestion de l’hépatite, et des fournisseurs de tels services peuvent ne pas être disposés à fournir ces ressources limitées à des personnes dont ils ont l’impression qu’elles sont peu susceptibles d’être fidèles aux traitements. Dépistage de la tuberculose La tuberculose est une infection généralement limitée aux poumons, sauf chez des personnes dont l’immunité est réduite (p. ex. par l’infection à VIH). Plusieurs personnes infectées par la tuberculose l’ont dans une forme latente, qui ne cause pas de symptômes et qui n’est pas contagieuse. Cependant, il est toujours possible que ces infections latentes soient éventuellement activées, et que la personne développe une infection pulmonaire active qui devient alors contagieuse. On observe parmi les UDI des taux plus élevés des deux formes de tuberculose (active et latente), en particulier parmi les personnes d’origine autochtone et les personnes de pays où les taux de tuberculose sont élevés. L’infection à tuberculose latente peut être détectée, dans la plupart des cas, au moyen un test cutané. L’administration de ce test ainsi que l’interprétation du résultat (lors d’une seconde visite dans les 48 à 72 73 heures suivantes) nécessitent une formation professionnelle. Ce test peut être difficile à fournir dans les conditions d’un PÉS mobile, lorsque l’éclairage ou d’autres circonstances peuvent compliquer les choses; une considération importante est la possibilité de retrouver le client pour le diagnostic dans le laps de temps voulu. Si un test de dépistage de ce type donne un résultat positif, il est nécessaire de référer le client pour une radiographie pulmonaire, avant qu’un traitement puisse être amorcé, puisque le traitement diffère selon que la tuberculose est active ou latente. Pour veiller à un suivi adéquat, il peut être nécessaire d’accompagner le client à ces services. La tuberculose est une maladie à déclaration obligatoire, et les personnes qui ont une tuberculose active peuvent être contraintes de suivre un traitement afin de prévenir la transmission de l’infection à d’autres. Des données montrent que l’offre d’incitatifs à revenir pour la deuxième visite liée au test cutané, et d’autres mesures de soutien, y compris la thérapie sous observation directe, augmente le taux de succès du dépistage et du traitement. Il est spécialement important que les personnes séropositives au VIH passent un test de tuberculose, car elles ont un risque élevé de développer la forme active si elles ne reçoivent pas de traitement pour la forme latente. Les PÉS devraient éduquer leurs clients et leur personnel à ce sujet. Te s t d e l a s y p h i l i s Des données montrent qu’il peut y avoir des taux élevés de syphilis parmi les UDI ainsi que les utilisateurs de drogues par d’autres voies que l’injection (p. ex. les fumeurs de crack), en particulier en cas d’échange de services sexuels pour obtenir de la drogue. Le test sanguin pour la syphilis peut être offert par les PÉS, comme les autres tests. L’interprétation du test de syphilis nécessite une expertise médicale, tout comme son traitement. Les UDI qui obtiennent un résultat positif à ce test peuvent être référés à une clinique pour les infections transmises sexuellement, ou à une autre source de soins spécialisés. 74 Relations avec les intervenants d’application de la loi Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Afin de développer et d’instaurer une relation de collaboration avec le secteur de l’application de la loi : u Tôt dans le processus d’élaboration d’un PÉS, développer une relation avec les agents de l’application locale de la loi. u Donner une formation en milieu de travail, aux agents d’application de la loi, relativement aux : u buts et objectifs des PÉS u données sur l’efficacité des PÉS u données sur l’impact des PÉS sur l’usage de drogue par injection u enjeux sociaux et de santé des UDI u mesures de prévention des blessures sur des aiguilles u Négocier des ententes avec les agents d’application de la loi, afin que: u les clients ne soient pas la cible de harcèlement lorsqu’ils entrent dans un site ou un véhicule de PÉS, ou en ressortent; u l’équipement fourni par le PÉS à ses clients ne soit pas détruit ou confisqué; u les sites de PÉS, qu’ils soient fixes, mobiles ou autres, ne soient pas exploités à des fins de surveillance policière; u le personnel du PÉS ne fasse pas obstruction aux activités d’application de la loi u Établir un protocole pour la résolution d’éventuels conflits entre le PÉS et des intervenants d’application de la loi Les efforts des PÉS pour réduire la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes peuvent subir des répercussions d’actions des agents d’application de la loi. La littérature indique que des pratiques dans l’application de la loi entrent parfois en conflit avec des activités de PÉS; et les relations entre ces derniers et des instances d’application de la loi peuvent devenir problématiques, notamment en présence de conceptions erronées relativement aux buts, objectifs et pratiques des PÉS. Au Canada, la possession de seringues et aiguilles stériles et non utilisées n’est pas illégale. Les agents de la loi qui ne sont pas familiarisés avec la raison d’être et le corpus de données concernant les PÉS peuvent ne pas être en faveur des efforts du personnel du programme, ainsi que des clients, pour réduire la transmission de pathogènes hématogènes. Par conséquent, les forces policières se servent parfois des PÉS à des fins de surveillance, et peuvent harceler les clients qui en sortent, ou confisquer les instruments stériles qui leur ont été remis. Les interventions et descentes de police ainsi que la recrudescence des arrestations, dans les secteurs où des drogues sont communément vendues et achetées, peuvent contribuer à une réduction de l’usage de drogue, à courte échéance, mais elles incitent aussi les clients à éviter le recours aux services de PÉS. Des données récentes ont révélé que l’augmentation du nombre d’agents de police dans une communauté et des sommes d’argent dépensé pour l’incarcération, ne réduit pas le nombre de personnes qui s’injectent des drogues. Cependant, cette intensification de la présence policière, des arrestations et des incarcérations est associée à une forte prévalence du VIH parmi ces personnes. 75 La crainte d’être arrêté alors qu’ils sont en possession de drogue et/ou de matériel d’injection peut pousser des UDI à se dépêcher lorsqu’ils s’injectent, à escamoter les techniques plus sûres pour l’injection (p. ex. le nettoyage des mains et de la peau), et à être si nerveux qu’ils n’arrivent pas à se faire l’injection avec la précision requise. Toutes ces conséquences peuvent augmenter le risque de problèmes découlant de l’injection, comme des infections et des dommages à la peau et aux tissus mous (voir la section Éducation sur l’injection plus sécuritaire). D’après l’expérience d’intervenants de PÉS, la coopération, la négociation et l’éducation peuvent aider à atténuer l’impression que les PÉS et les agences d’application de la loi travaillent dans des directions qui s’opposent. L’établissement d’une relation avec les agences locales d’application de la loi, avant l’inauguration d’un PÉS, est une importante étape du développement du programme. La perspective des employés de PÉS suggère aussi que les activités suivantes peuvent contribuer à alléger ou à éliminer des tensions entre les deux domaines. Demandez au médecin hygiéniste local et/ou au directeur général d’un organisme communautaire de rencontrer le chef de police afin de lui parler du PÉS, de ses buts et procédures, et des manières dont le PÉS et les agents d’application de la loi seront appelés à interagir (ou pas). Établissez un contact avec l’agent de liaison communautaire du service de police. Le but de telles relations est de faire en sorte que les activités du PÉS et des agences locales d’application de la loi n’entrent pas en conflit et ne causent pas de tensions et de difficultés. Il est important d’établir des politiques et procédures relativement aux relations entre le PÉS et les intervenants d’application de la loi; notamment : u u u u une procédure pour que les deux parties puissent discuter de conflits et les résoudre une entente à l’effet que les sites et véhicules du PÉS ne seront pas exploités à des fins de surveillance policière une entente à l’effet que la police n’entrera pas dans les locaux et véhicules du PÉS sans un mandat officiel ou sans avoir été invitée à le faire une entente à l’effet que les employés du PÉS ne feront pas interférence aux activités de la police. Des ateliers avec les agents d’application de la loi peuvent aussi être utiles; ils devraient porter notamment sur: u u u u u u u 76 le PÉS, ses buts et procédures les idées erronées au sujet des buts et objectifs des PÉS les données sur l’efficacité des PÉS les facteurs sous-jacents de l’usage de drogues illicites ou qui y contribuent (p. ex. la pauvreté, le chômage) ainsi que les conséquences sur le plan de la santé les données à l’effet que les PÉS ne contribuent pas à une augmentation du taux de criminalité et n’encouragent pas à commencer ou à continuer à consommer de la drogue par injection le but des PÉS de faire en sorte que les UDI aient accès à du matériel d’injection stérile et qu’ils soient moins portés à partager des seringues et d’autres instruments d’injection, afin de réduire la transmission de pathogènes hématogènes les conséquences de la confiscation ou de la destruction du matériel de réduction des méfaits. Des ateliers peuvent aussi faire partie d’une formation en milieu de travail pour la prévention des blessures impliquant des aiguilles. Ces dernières sont une préoccupation pour la police, et le fait d’enseigner les techniques pour les prévenir peut être utile à créer ou à améliorer des relations de collaboration entre les PÉS et la police. Le fait de travailler de manière collaborative avec la police peut contribuer à améliorer les stratégies pour la réduction des conséquences néfastes de l’injection de drogue sur la santé, tout en laissant les agents de police faire leur travail d’application de la loi. 77 Évaluation de programme Recommandations de pratiques exemplaires – en bref Pour favoriser l’efficacité des PÉS : u Effectuer une évaluation continue du programme, pour déterminer à quel degré il satisfait les besoins des clients u Donner une formation au personnel afin que le but de l’évaluation et les activités qui s’y rattachent soient compris et acceptés u Impliquer des UDI dans la conception de la réalisation des évaluations u Développer un plan de programme, pour l’examen des résultats d’évaluation et l’adaptation du programme si nécessaire L’évaluation continue est une importante composante des tâches à réaliser par les PÉS; elle peut aider ses responsables et intervenants à déterminer le degré de succès du programme à satisfaire les besoins de sa clientèle, et leur permettre d’observer si des améliorations sont nécessaires. Les résultats d’évaluation peuvent aussi servir à démontrer l’efficacité du programme pour les membres de la communauté. L’OMS (WHO, 2005) signale que l’évaluation de programme est une activité cruciale et qu’elle “doit être prise en considération, planifiée, acceptée, et soutenue par des fonds, dès le début du programme” (p. 73) [trad.]. Les activités d’évaluation peuvent varier en complexité; l’évaluation peut être ajustée selon les besoins et les ressources de chaque programme. Diverses méthodes peuvent servir à collecter des renseignements pour l’évaluation – questionnaires, entrevues, dossiers de fréquentation, groupes de discussion, etc. Comme on le signale dans la section Tâches pour le démarrage d’un PÉS, les personnes qui s’occupent de la planification du programme doivent comprendre la communauté à laquelle s’adressera le programme, avant de procéder à la conception de ce dernier. Toutefois, les populations d’UDI et les communautés avoisinantes se transforment, au fil du temps, et une collecte périodique d’information (p. ex., annuelle, ou aux deux ans) est nécessaire à faire en sorte que le programme en place corresponde aux besoins des clients et de la communauté. Voici des thèmes pertinents à la collecte de données périodiques : u combien d’UDI vivent dans la communauté et/ou la zone de rayonnement du PÉS u les lieux où les clients vivent, acquièrent et utilisent des drogues, et les secteurs qu’ils fréquentent u la situation des UDI sur les plans social, économique et sanitaire u les types de drogues utilisées et les modes de consommation u le degré de connaissance des risques et des comportements préventifs u les tendances en matière de risque et de prévention u les ressources disponibles pour les UDI et leur taux d’utilisation. L’évaluation des processus implique une collecte structurée d’information sur le mode de fonctionnement du programme; cette évaluation peut servir à déterminer s’il fonctionne comme on l’avait prévu. En particulier, les programmes peuvent recueillir de l’information sur le nombre de services fournis aux clients et leur fréquence; cette information aide à calculer le nombre de clients desservis et à déterminer quels types de programmes sont le plus utilisés (p. ex. fourniture de matériel, counselling, références). Ces 78 statistiques peuvent aider les programmes à établir: u le besoin de ressources (p. ex. équipement) u le besoin de mettre en œuvre de nouveaux modèles de fourniture de services u les exigences en termes de personnel, quant au nombre ainsi qu’aux types de compétences utiles L’évaluation du degré de satisfaction de la clientèle peut prendre diverses formes, des sondages continus aux groupes de discussion, en passant par les forums pour les clients. Dans l’évaluation de cette satisfaction, il est important d’obtenir le feed-back de tous les types de clients (p. ex. les utilisateurs fréquents et occasionnels, les jeunes et les moins jeunes, les hommes et les femmes, etc.). Une enquête distincte pour examiner les divers enjeux auprès de non-utilisateurs est aussi nécessaire. La compréhension des facteurs qui motivent des clients à fréquenter régulièrement le PÉS, ou à ne pas le visiter, peut donner d’importantes informations sur la manière dont le programme est fourni, sur les choses qui fonctionnent bien et sur celles qui méritent des améliorations. La compréhension des raisons pour lesquelles certains UDI n’ont pas recours au PÉS est très importante pour le développement et l’efficacité du programme. L’évaluation de l’impact du programme est très importante et elle nécessite des types particuliers d’évaluation et de méthodes de recherche. Les indicateurs de succès pouvant être évalués incluent la séroconversion au VIH et au VHC ainsi que la modification comportementale. I-Track, le système de “surveillance améliorée des comportements à risque chez les utilisateurs de drogues injectables au Canada ”, est une enquête transversale et répétée que finance l’Agence de santé publique du Canada (2004). Des renseignements démographiques ainsi que sur l’usage de drogue et les comportements à risque sont recueillis, et des tests anonymes pour le VIH et le VHC sont effectués au moyen d’échantillons sanguins prélevés au bout du doigt, ou de prélèvements de salive. Cette surveillance continue est effectuée dans des PÉS sélectionnés, aux quatre coins du Canada; cependant, l’utilisation de méthodes et de procédures de collecte de données semblables, par d’autres PÉS, livrerait une information importante qui serait comparable d’un programme à l’autre. Pour les intervenants de PÉS, la fourniture de services et la réalisation d’évaluations continues et/ou périodiques sont exigeantes aussi en termes de temps. Si les données d’évaluation ne sont pas utilisées, le personnel risque de mettre en question l’utilité de telles activités, et de ne pas accorder le temps ou l’effort voulu à leurs tâches évaluatives. Par ailleurs, des clients peuvent craindre des conséquences d’une participation à l’évaluation (p. ex. la perte de services) et de leur expression de satisfaction ou d’insatisfaction à l’égard du programme. L’implication des employés et des clients est importante pour assurer que les activités d’évaluation soient pertinentes au travail effectué par le personnel et aux services reçus par les clients. De plus, il est important de partager les résultats d’évaluation avec le personnel et la clientèle, pour faire savoir que leurs points de vue sont pris au sérieux et pour favoriser d’autres occasions de contribution au développement de programme. 79 80 L’échange de seringues et d’aiguilles – en détail 81 82 L’échange de seringues et d’aiguilles – en détail 6 Pour prévenir la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes, due à l’injection au moyen de seringues et aiguilles non stériles: u Fournir aux clients le nombre de seringues/aiguilles stériles qu’ils demandent, u sans exiger qu’ils rapportent des seringues/aiguilles usagées u sans limiter le nombre de seringues/aiguilles fournies u en les encourageant à rapporter leurs seringues/aiguilles usagées u Éduquer les clients sur les risques de l’utilisation de seringues/aiguilles non stériles Introduction L’injection au moyen d’une seringue qui a déjà été utilisée expose les UDI à un risque élevé de contracter des infections transmissibles par le sang. Des études canadiennes ont démontré que le partage de seringues/ aiguilles est prévalent parmi les UDI. En Ontario, le partage d’aiguille a généralement diminué depuis le début des années 1990, mais le nombre d’UDI qui déclarent avoir partagé des seringues ou d’autres instruments d’injection varie d’une communauté à l’autre. Les seringues et aiguilles usagées (ci-après, nous utilisons le mot “seringues” pour désigner à la fois seringues et aiguilles) peuvent être des véhicules pour la transmission de pathogènes hématogènes. Dans des conditions de laboratoire (i.e. des conditions ambiantes et une température strictement contrôlées), le VIH peut survivre dans une seringue usagée jusqu’à six semaines, mais cette durée de survie varie selon la quantité de sang résiduel et les conditions d’entreposage et de manutention de la seringue. La présence de VHC a également été détectée dans des seringues usagées, et le partage d’instruments pour l’injection est un facteur de première importance pour la transmission du VHC au Canada. En effet, le VHC est plus résilient que le VIH et il se transmet entre quatre et cinq fois plus facilement que le VIH, par une seringue contaminée. Le VHB est lui aussi un virus résilient et virulent. Des virus viables peuvent survivre dans du sang séché, à la température de la pièce, pendant au moins une semaine. Le VHB se transmet facilement par le partage de seringue, mais sa transmission n’est une préoccupation que pour les UDI qui n’ont pas développé d’immunité à ce virus par voie d’immunisation ou d’exposition antérieure. Le partage de la drogue comporte aussi un risque de transmission de pathogènes hématogènes. Lorsque de la drogue est partagée, par des pratiques de backloading ou de frontloading, une seringue est utilisée pour la préparation de la drogue. Une quantité mesurée est ensuite transférée dans une autre seringue. Le transfèrement est fait en détachant l’aiguille (frontloading) ou en retirant le tourniquet (backloading) de la seringue. Si la seringue servant à préparer puis transférer la drogue a déjà été utilisée, il se peut que du sang ou d’autres résidus soient transférés en même temps que la drogue partagée. Le VIH et le VHC peuvent aussi se transmettre lors du partage d’autre matériel. Par exemple, une aiguille trempée dans un contenant d’eau ou dans un chauffoir, rincée avec de l’eau usagée ou utilisée avec un filtre usagé, peut être contaminée par le VIH et/ou le VHC (voir les sections Distribution de fioles d’eau stérile; Distribution de 6 ”Échange “signifie, dans ce document, à la fois le remplacement, la distribution et la mise au rebut de seringues et d’aiguilles. 83 chauffoirs et Distribution de filtres). La transmission du VIH, du VHB et du VHC n’est pas la seule préoccupation. Toute injection au moyen d’une seringue usagée expose la personne qui s’injecte à des risques d’infection et de problèmes de peau et de veines. Cela inclut la réutilisation de sa propre seringue. L’injection avec un instrument contaminé par des bactéries ou des débris peut causer des infections comme la septicémie et l’endocardite. L’injection au moyen d’une aiguille usée qui n’est plus assez pointue peut causer un traumatisme à la peau, à la veine ainsi qu’aux tissus mous, et entraîner des abcès, une cellulite et un affaissement de la veine. Une seringue stérile, neuve, devrait être utilisée pour chaque injection. Néanmoins, les estimés démontrent que les PÉS au Canada et aux États-Unis ne distribuent qu’une petite proportion du nombre de seringues requis pour assurer que chaque injection soit faite au moyen d’une seringue stérile. La distribution de seringues en nombre suffisant pour permettre l’usage unique d’une seringue, pour chaque injection, est une meilleure méthode pour éliminer le risque de transmission de pathogènes hématogènes par voie de seringues réutilisées ou non stériles, et pour prévenir des dommages aux veines que peuvent causer des aiguilles épointées ou cassées. Les PÉS doivent fournir des seringues selon la quantité, la taille, le calibre et les marques que demandent les clients, sans exiger en échange des seringues usagées, ni limiter le nombre de seringues données. De plus, les clients des PÉS devraient être éduqués sur : u l’importance d’utiliser une nouvelle seringue stérile pour chaque injection; u les risques du partage de seringue, y compris pour le frontloading et le backloading; u les méthodes pour reconnaître et manipuler des seringues stériles (voir la section L’éducation sur l’injection plus sécuritaire); et u les techniques pour l’injection sécuritaire (voir la section L’éducation sur l’injection plus sécuritaire). Co n s i d é r a t i o n s Distribuer suffisamment de seringues Il fut un temps où les PÉS appliquaient une politique de strict échange unitaire. En effet, certains programmes donnent encore aux clients une seringue neuve et stérile pour chaque seringue usagée qu’ils rapportent. Cette pratique désuète limite l’accès d’UDI à des seringues stériles. Parmi les personnes qui peuvent être particulièrement affectées par cette pratique, citons les UDI sans-abri, qui n’ont peut-être pas de seringue usagée à remettre en échange d’une nouvelle, ainsi que ceux qui ont jeté leur seringue à un autre endroit, et ceux qui sont incapables de ranger une seringue jusqu’au moment où ils pourront retourner visiter l’échange de seringue. En fournissant aux clients le nombre de seringues qu’ils demandent, on est plus susceptible d’atteindre le but de réduire la transmission de pathogènes hématogènes, et de respecter la recommandation d’utilisation d’une seringue neuve et stérile pour chaque injection. Cela peut impliquer une distribution en vrac, puisque certains clients préfèrent en emmagasiner une certaine quantité afin d’être sûrs d’en avoir suffisamment à portée de main (Strike et al., 2005). Ceux qui en emmagasinent 84 peuvent aussi faire l’échange entre pairs – une importante stratégie de distribution secondaire pour joindre des UDI qui peuvent ne pas fréquenter de PÉS. Respecter les préférences du client quant au type d’aiguille Les UDI ont des préférences individuelles, quant à la taille des seringues et aiguilles, à leur calibre et à leur marque; il se peut qu’ils n’aient pas recours aux services d’échange, s’ils ne peuvent pas y obtenir leur type préféré de matériel. Par exemple, les demandes fréquentes de clients en Ontario incluent : ½ cc, 1cc, 3 cc, 10 cc; calibres 12-21 pour le piercing; calibres 21-25 (aiguille 1-1½”) pour utilisateurs de stéroïdes; et calibres 25-29 pour l’injection intraveineuse. Les PÉS qui fournissent diverses options peuvent parvenir à attirer et à conserver une vaste gamme de clients et à réduire la propagation de pathogènes hématogènes. Être disponible au moment et au lieu où les gens ont besoin de seringues Des données d’une étude réalisée à Toronto (Strike et al., 2005) démontrent que les clients ont diverses tendances, quant à l’acquisition de seringues. Certains d’entre eux en accumulent un grand nombre, d’autres veillent à en avoir une quantité suffisante pour une ou deux semaines, et d’autres encore vont se procurer des seringues à chaque jour. L’accès quotidien de ces derniers est le plus problématique, puisque ce groupe est le plus susceptible de réutiliser, de partager ou d’emprunter des seringues. Les PÉS peuvent faciliter l’accès à des seringues stériles, par des types diversifiés de fourniture de programmes, comme les sites fixes et à heures d’ouverture élargies, la distribution par des pairs et la livraison à domicile (voir la section Modèles de fourniture de programmes d’échange de seringues). Calculer les quantités de seringues nécessaires Le calcul de la quantité de seringues nécessaires à une couverture à 100 % est un défi, puisque ce nombre dépend de plusieurs variables, notamment les estimés du nombre d’UDI dans la communauté (qui sont et qui ne sont pas clients de PÉS), les types de drogues utilisées et la fréquence d’injection. Lurie et ses collègues ont estimé qu’environ 1 000 seringues par UDI par année sont nécessaires. Seringues difficiles à réutiliser (SDR) Les seringues difficiles à réutiliser (SDR, aussi appelées “seringues à usage unique”) sont conçues de telle sorte qu’une fois le piston enfoncé, il ne peut pas être rétracté. Dans certains modèles (p. ex. les seringues sûres), l’aiguille se rétracte dans la seringue lorsque l’injection est terminée. Les avantages des SDR sont de pouvoir empêcher une réutilisation par mégarde, de prévenir les blessures accidentelles sur les aiguilles, et par conséquent d’aider à prévenir la transmission de pathogènes hématogènes. En contrepartie, des études sur l’utilisation de SDR par des UDI ont mis en relief certaines préoccupations. Dans une étude examinant l’acceptabilité de SDR parmi 50 clients de PÉS dans la ville d’Ottawa (clients n’utilisant pas de SDR), 54 % ont exprimé des difficultés d’utilisation/manutention (Flett Consulting Group Inc./Social Data Research Ltd., 2002). Ils ont affirmé que le piston était “trop raide”, que l’instrument rétractable était difficile à manipuler, et que l’absence d’un rebord rendait difficile de l’utiliser avec une seule main. Dans le même sens, Des Jarlais (1998, 2000) a examiné le mince corpus de littérature sur l’usage de SDR parmi les 85 UDI, et a signalé les préoccupations suivantes: u u u u Toute aiguille, quelle que soit sa conception, peut être réutilisée. Les SDR sont difficiles à désinfecter. Un mécanisme défectueux peut occasionner un raté, causant la perte de drogue. Le mécanisme empêche l’utilisateur d’aspirer du sang dans la seringue ”registering” pour s’assurer d’avoir trouvé une veine utilisable, avant de poursuivre l’injection. u Les SDR empêchent l’utilisateur de faire un “booting”, ou un “flagging” – une pratique qui consiste à s’injecter une partie de la drogue, puis à retirer le piston légèrement pour aspirer du sang qui se mélangera à la drogue, pour ensuite continuer l’injection. Des rapports anecdotiques portent à croire que ces pratiques peuvent être associées à un risque d’embolie. Les SDR contribueraient à réduire ce risque. Cependant, le booting et le flagging servent à prolonger l’effet agréable de l’injection, et des UDI peuvent souhaiter le faire à quelques reprises. u L’utilisateur ne peut pas récupérer la drogue si quelque chose ne fonctionne pas dans l’injection, p. ex. si la veine s’affaisse. Plusieurs organismes ont formulé des mises en garde au sujet de l’utilisation de SDR parmi les UDI. Par exemple, consulter www.exchangesupplies.org/publications.html. L’ u t i l i s a t i o n d e c o d e s - c l i e n t s e t d e n u m é r o s d ’ i d e n t i f i c a t i o n Certains PÉS ont recours à des cartes d’identité, afin de certifier la participation des clients à leur programme. Des numéros d’identification (ou de client) sont aussi utilisés pour procéder au suivi des services fournis, par exemple dans l’évaluation des programmes. L’utilisation de cartes et de codes-clients présentent à la fois des avantages et des inconvénients, qui sont résumés dans le Tableau 4. Tableau 4: Avantages et inconvénients de l’utilisation de numéros d’identification de clients Avantages Inconvénients u Les PÉS peuvent collecter des données pour u Les clients peuvent oublier leur numéro l’évaluation des programmes, p. ex. combien d’UDI par année ont recours aux services u Le recours au PÉS peut être examiné pour chaque client, et les données peuvent être utiles à des interventions ciblées. Par exemple, les clients qui échangent en grande quantité peuvent être détectés en tant qu’agents potentiels d’échange entre pairs 86 ’identification, ce qui entraîne des problèmes dans le suivi u Le suivi des numéros de clients peut exiger un temps administratif considérable. Des procédures doivent être en place pour collecter les données en temps opportun et de manière adéquate u Les PÉS peuvent collecter des données sur l’objet, le moment, le lieu et les récipiendaires des services fournis; cela les aidera à ajuster le programme en fonction des besoins de la communauté u Les PÉS peuvent effectuer un suivi sur les taux de retour par les clients. Cependant, cela n’est pas recommandé puisque les taux de retour sur le plan individuel (i.e. par client) ont une utilité limitée dans la compréhension des taux de retour sécuritaire (voir la section Sécurité accrue de la manipulation et de la mise au rebut de matériel d’injection usagé) u Le suivi des numéros de clients peut être un défi, dans un milieu occupé, comme une camionnette de PÉS u Le manque de confidentialité (réel ou perçu) peut conduire des personnes à ne pas avoir recours au PÉS L’ u t i l i s a t i o n d ’e a u d e J a v e l p o u r d é s i n f e c t e r l e m a t é r i e l d ’ i n j e c t i o n En 2004, l’OMS a passé en revue les données scientifiques au sujet du degré d’efficacité de l’eau de Javel pour la désinfection de matériel d’injection : elle a conclu que l’eau de Javel et d’autres moyens n’étaient pas appuyés par des données fiables, quant à la réduction du risque de transmission du VIH. En 2005, l’Agence de santé publique du Canada a examiné les données sur l’usage d’eau de Javel pour prévenir la transmission du VHC, et a conclu que ce moyen n’offrait pas grand utilité pour désinfecter le matériel d’injection. Do n n é e s Des études canadiennes démontrent des taux variables de partage de seringues, parmi les UDI; des diminutions ont été observées à certains endroits. Santé Canada (2004) a signalé que près du quart des 794 participants à l’étude I-Track s’étaient fait une injection au moyen d’une seringue usagée, dans les 6 mois précédents, à des taux allant de 16,5 % (à Regina) à 30,7 % (à Victoria). En Ontario, les données sur les tendances révèlent que le partage d’aiguilles a diminué depuis le début des années 1990. À Toronto, le pourcentage d’UDI ayant déclaré avoir partagé des seringues a décliné, de 42 % en 1991 à 24 % en 2003 (Millson et al., 2005). Des données récentes de Sudbury (n=169; 2002/2003) indiquent un taux de partage comparable : 26,6 % s’étaient fait une injection au moyen d’une seringue usagée, dans les 6 mois précédents (Santé Canada, 2004). À Ottawa, les données (n=968) de l’étude SurvIDU (1996-2000) montrent que, parmi les participants qui ont été interviewés plus d’une fois, environ un tiers avaient utilisé une seringue empruntée, dans les 6 mois précédents (Hankins, 2002). Parmi les UDI (85 femmes et 418 hommes) interviewés pour le projet POINT, à Ottawa, entre octobre 2002 et janvier 2003, 62 % des femmes et 57 % des hommes avaient déjà utilisé une aiguille usagée à un moment ou l’autre. De ce groupe, 43 % des femmes et 34 % des hommes l’avaient fait dans les 6 mois précédant l’entrevue de début d’enquête. Et de ceux-ci, 68 % des femmes et 67 % des hommes ont signalé avoir utilisé une seringue usagée, lors de l’entrevue initiale (Leonard et al., 2005). Des tests en laboratoire ont prouvé la présence de VIH dans des seringues usagées. Parmi les seringues recueillies auprès de piqueries en Floride, entre 20 % et 94 % des seringues visiblement usagées se sont révélé contenir le VIH (i.e. des anticorps au VIH-1, des protéines du VIH ou encore de l’ARN ou de l’ADN viral; 87 Chitwood et al., 1990; Shah et al., 1996; Shapshak et al., 2000). À New Haven, Connecticut, des seringues prélevées au hasard ont été soumises à des tests : on y a décelé divers taux d’ARN proviral du VIH, variant selon la source : des seringues “de la rue“ (n=160) – 67,5 %; des seringues d’« échange illégal » (n=180) – 62,8 %; des seringues de “piquerie” (n=48) – 91,7 % (Heimer et al., 1993). Parmi les seringues de PÉS, le taux de VIH était de 63,9 % à l’ouverture (novembre 1990; Heimer et al., 1993) et il avait décliné à 41,1 % en mai 1992 (Kaplan and Heimer, 1994; Kaplan and Heimer, 1995). La présence d’anticorps au VIH porte à croire qu’un utilisateur précédent était séropositif au VIH. Il convient de noter que la présence d’ARN ou d’ADN du VIH, ainsi que d’ADN proviral, indique la présence de particules du virus dans la seringue, mais il se peut que le virus y soit viable (infectieux) ou pas. Néanmoins, ces constats indiquent un potentiel que les seringues usagées entraînent la transmission du VIH. Adbala et ses collègues ont découvert que, dans des conditions de laboratoire, le VIH peut survivre jusqu’à 30 jours ou plus dans une seringue. Leurs études démontrent que la subsistance de VIH viable est affectée par divers facteurs, notamment le volume de sang, la température et la durée d’entreposage (Heimer and Abdala, 2000; Abdala et al., 2000; Abdala et al., 1999). Entre 4oC et 22oC, on a décelé le VIH à la suite d’un entreposage de jusqu’à 42 jours (Abdala et al., 2000; Heimer and Abdala 2000). Le partage de seringue ainsi que le partage de drogue par le biais d’une seringue (i.e. backloading et frontloading) sont associés à la transmission du VIH. Des données torontoises de l’étude WHO (1991-1994) ont démontré que le partage de seringue dans les 6 mois précédents était associé à une prévalence plus élevée du VIH (RC = 2,0 p<0,01; Millson et al., 2005). À Ottawa, les données de deux études indiquent que l’injection au moyen d’une seringue usagée était un prédicteur d’infection à VIH au moment de l’entrevue initiale. Dans le projet POINT, à Ottawa, les participants ayant des antécédents d’injection avec une seringue usagée avaient un risque trois fois plus élevé d’infection à VIH (RCA = 2,8; 95%IC : 1,3-6,1). Dans l’étude SurvIDU (1996-2003), on a constaté un risque trois fois plus élevé pour les femmes (RCA = 3,0; 95%IC : 1,3-7,1) et légèrement moins élevé chez les hommes (RCA = 2,5; 95%IC : 1,6-3,7; Millson et al., 2005). La séroprévalence au VIH a été associée au backloading dans une étude auprès de 660 UDI dans la ville de New York City (RC = 2,2; 95%IC : 1,5-3,1; Jose et al., 1993). Le VHC utilise la même voie de transmission par injection que le VIH, mais il se transmet de quatre à cinq fois plus facilement de cette manière que le VIH (Leonard et al., 2004). Le VHC a également été détecté dans les seringues usagées. Dans une étude australienne, Crofts et ses collègues (2000) ont détecté la présente d’ARN du VHC dans le résidu de rinçage de 70 % (14 sur 20) des seringues recueillies dans 10 lieux d’injection. Des données épidémiologiques fournissent également des preuves de risque de transmission du VIH, associé au partage de seringues. Au Canada, l’usage de drogue par injection est associé à au moins la moitié des cas d’infection à VHC, et au moins la moitié des UDI actifs l’ont contractée (Millson et al., 2005; Gully and Tepper, 1997). Des données d’une étude transversale auprès de 437 “jeunes de la rue” (14 à 25 ans; 200 UDI) à Montréal (1995-1996) ont démontré que l’injection de drogue était un facteur indépendant de risque d’infection au VHC (AOR =28,4; 95 % IC : 6,6-121,4; Roy et al., 2001). À Seattle, le partage de seringue au sein d’une cohorte de 317 UDI a été associé à un risque trois fois plus élevé de séroconversion au VHC au moment du suivi après un an (RR 2,94; 95 % IC : 1,6-5,3; Hagan et al., 2001). De manière similaire, une étude transversale auprès de 308 jeunes UDI à San Francisco a constaté que les facteurs de risque de séroprévalence de 88 l’anti-VHC (anticorps au VHC) incluaient d’avoir déjà emprunté une seringue (RC = 2,56; 95%IC : 1,18-5,53) et l’injection quotidienne (RC = 3,85; 95 % IC : 2,07-7,17; Hahn et al., 2001). Cependant, les preuves d’association entre le partage de seringue et la transmission du VHC ont été étudiées moins à fond pour ce virus que pour le VIH. Des risques accrus de transmission du VIH et du VHC sont également associés au backloading (Hagan et al., 2001), à des antécédents plus longs d’injection (Hahn et al., 2001), à l’usage de crack ou de cocaïne (Millson et al., 2005; Roy et al., 2001; Monterroso et al., 2000) ainsi qu’à l’injection fréquente ou aux épisodes intenses d’injection (Millson et al., 2005; Thorpe et al., 2002; Hahn et al., 2001). De fait, parmi les participants à l’étude de Seattle (Hagan et al., 2001) qui ont signalé s’être fait une injection au moyen d’une seringue usagée au cours de la période de suivi d’une année, le backloading était associé à un risque non significatif deux fois plus élevé de séroconversion au VHC (RR 2,1, 95 % IC : 0,9-4,5). De plus, au sein d’une cohorte de 353 jeunes UDI à Chicago qui avaient reçu un résultat négatif au test de VHC lors de l’entrevue d’admission, le partage réceptif de seringue et le backloading ont été associés à des risques non significatifs mais élevés de séroconversion (Thorpe et al., 2002). Le VHB peut pour sa part survivre dans du sang séché, à la température de la pièce, pendant au moins une semaine; et il se transmet facilement par le partage de seringue (Thompson, Boughton and Dore, 2003). Dans une étude transversale auprès de 437 “jeunes de la rue” à Montréal (1995-1996), les participants qui avaient des antécédents d’injection de drogue (n=200) présentaient un taux d’infection à VHB de 3,5 fois supérieur aux non-utilisateurs de drogue par injection (RCA = 3,5, 95 % IC : 1,5-8,3; Roy et al., 1999). Toutefois, la transmission du VHB n’est une préoccupation que pour les UDI qui n’ont pas été vaccinés contre cette infection ou qui ne sont pas immunisés par suite d’une exposition au virus. Le vaccin antiVHB est fourni universellement depuis 1994-1995 aux élèves de 7e année, en Ontario; donc la majorité des personnes qui ont fréquenté l’école ontarienne en 7e année, depuis, ont généralement déjà reçu ce vaccin. Il faut toutefois noter que les personnes qui ont quitté l’école ou qui ne la fréquentaient pas régulièrement ne l’ont peut-être pas reçu (Santé Canada, 2002; voir la section sur la Vaccination.) La transmission du VIH, du VHB et du VHC n’est pas la seule préoccupation. Toute injection au moyen d’une seringue usagée (même si on a été le seul à l’utiliser) expose la personne à des risques d’infection et de problèmes de peau et de veines. L’injection avec un instrument contaminé par des bactéries ou des débris peut causer des infections comme la septicémie et l’endocardite. L’injection au moyen d’une aiguille usée qui n’est plus assez pointue peut causer des blessures et entraîner des infections. À chaque utilisation d’une aiguille, la pointe devient plus usée. (Pour des photographies de pointes d’aiguilles après plus d’un usage, voir “What does your needle look like?” www.metrokc.gov/health/apu/ et cliquer sur “Harm Reduction and Drug Use”.) Les dommages à la peau, aux veines et aux tissus mous, dus à l’injection avec une aiguille à la pointe usée, peuvent conduire à des abcès, à la cellulite et à l’affaissement de veines. Les politiques qui limitent le nombre de seringues distribuées limitent du même coup l’efficacité des PÉS à prévenir la transmission du VIH et du VHC (Heimer et al., 2002). Idéalement, les PÉS devraient distribuer un nombre de seringues suffisant pour permettre l’utilisation d’une seringue neuve et stérile pour chaque injection (i.e. une couverture de 100 %; Brahmbhatt, Bigg & Strathdee 2000). Bien qu’une couverture à 100 % puisse ne pas être toujours possible ni nécessaire (Heimer, 1998), les PÉS ne distribuent actuellement qu’une mince portion du nombre de seringues stériles nécessaires. Le calcul de la quantité de seringues 89 nécessaires à une couverture à 100 % est un défi. Cependant, des chercheurs états-uniens ont estimé qu’environ 1 000 seringues par UDI par année sont nécessaires (Lurie et al., 1998; Holtgrave et al., 1998). En Ontario, il existe de grandes disparités dans le degré de couverture des PÉS. En 2002 par exemple, les PÉS ont déclaré avoir distribué entre 1 et 474 seringues par UDI par année (Millson et al., 2005). En moyenne, en Ontario, on estime que 53 seringues par années sont distribuées, par personne qui s’injecte (Millson et al., 2005). À Montréal, Remis, Bruneau et Hankins (1998) ont estimé que les PÉS distribuaient environ 5 % du nombre de seringues stériles nécessaires aux UDI. De manière semblable, à Ottawa, Leonard et al. (2004) ont calculé que les PÉS distribuent aussi 5 % du nombre de seringues stériles nécessaires aux UDI de cette communauté. Des différences de contexte entre le Canada et les États-Unis (p. ex. la drogue de choix, la disponibilité de seringues auprès d’autres sources, de même que des différences juridiques) rendent difficile de faire des comparaisons de la couverture des PÉS. Néanmoins, les PÉS états-uniens distribuent eux aussi une mince part du nombre de seringues nécessaires. Un total d’environ 154 PÉS existaient aux États-Unis en 2000 (Des Jarlais et al., dans Riehman et al., 2004). Dans une enquête auprès de 84 PÉS, Paone et al. (1999) ont constaté que seulement 10 d’entre eux échangeaient 500 000 seringues ou plus, par année; et que le plus grand nombre de seringues échangées annuellement était d’environ 1,5 million par année. Or, la disponibilité d’une seringue neuve et stérile pour chaque injection nécessiterait qu’environ 1,25 et 1,6 milliard de seringues soient distribuées annuellement (Drucker et al., in Brahmbatt, Bigg and Strathdee 2000; Heimer 1998). Références Agence de santé publique du Canada, L’efficacité de l’eau de Javel pour la prévention de la transmission de l’hépatite C - Rapport final, 2005. Téléchargeable à www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatitis_c/library/ bleach/index_e.html Santé Canada, I-Track - Surveillance améliorée des comportements à risque chez les utilisateurs de drogues injectables au Canada, 2004. Téléchargeable à www.phac-aspc.gc.ca/ Santé Canada, Guide canadien d’immunisation – Sixième édition – 2002. Téléchargeable à www.phac-aspc. gc.ca/ Abdala N, Reyes R, Carney JM, Heimer R. Survival of HIV-1 in syringes: effects of temperature during storage. Substance Use & Misuse, 2000; 35: 1369-1383. Abdala N, Stephens PC, Griffith BP, Heimer R. Survival of HIV-1 in syringes. 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Accessed June 2005 from: www.wpro.who.int/health_topics/harm_reduction/ 92 Matériel d’injection 93 94 Sécurité acrue de la manipulation et de la mise au rebut de matériel d’injection usagé Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour prévenir la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes ainsi que d’infections bactériennes, due à du matériel d’injection mis au rebut de manière inadéquate: u Éduquer le personnel et la clientèle sur la sécurité dans la manipulation et la mise au rebut du matériel d’injection usagé u Offrir de multiples options et endroits, pour la mise au rebut sécuritaire du matériel d’injection usagé u Ne pas pénaliser les clients qui ne rapportent pas de seringues usagées u Estimer le nombre de seringues rapportées par des clients. Ni les clients ni le personnel ne devrait compter les seringues “à la main” u Éliminer le matériel d’injection usagé, les objets tranchants7 et les contenants à objets tranchants8 en conformité avec la réglementation locale sur les déchets biomédicaux u Encourager la vaccination contre le VHB, pour les employés et les clients de PÉS Introduction La mise au rebut sécuritaire du matériel d’injection et des objets tranchants est une importante stratégie pour réduire la quantité de matériel d’injection usagé qui est jeté dans des lieux publics de la communauté, et donc pour réduire la transmission de pathogènes hématogènes parmi les UDI, les employés de PÉS et la communauté. Le fait d’éliminer le matériel usagé de la circulation contribue à réduire les risques de blessures accidentelles sur des aiguilles ainsi que la probabilité que du matériel usagé soit réutilisé. Une blessure sur une aiguille est une lésion causée lorsqu’une aiguille perce accidentellement la peau. Il s’agit d’une préoccupation pour les employés et clients de PÉS qui entrent en contact avec des aiguilles usagées. Les principales préoccupations sont la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes, de même que du tétanos. Parmi les travailleurs de la santé, les blessures sur des aiguilles sont les plus fréquentes lors d’actions comme le “re-capuchonnage” de seringue et la mise au rebut de matériel. Cependant, toute aiguille ou autre instrument tranchant présente un risque de telle blessure. Le matériel d’injection usagé qui est jeté dans des lieux publics de la communauté représente un risque de blessure pour le grand public. Le risque d’infection par des pathogènes hématogènes, lors d’une blessure sur une aiguille jetée dans la communauté, est faible, mais toute blessure de ce type peut causer à la victime un stress émotionnel et devenir une source d’opposition potentielle aux PÉS. L’opposition aux PÉS se concentre fréquemment sur la crainte de seringues abandonnées dans la rue ou les lieux publics; toutefois, des données résultant de recherches ont démontré que l’ouverture de PÉS a plutôt l’effet de réduire le phénomène de la mise au rebut inadéquate de seringues usagées, et n’est pas associée à une “Matériel d’injection” désigne tout objet entourant l’injection; « objet tranchant » désigne les seringues, aiguilles, tubes de verre et tout autre objet qui peut causer une coupure ou une piqûre 8 Aussi appelés contenants à déchets biomédicaux 7 95 augmentation de seringues jetées de manière inadéquate. Les défis à la mise au rebut sécuritaire de matériel d’injection usagé sont notamment l’usage de drogue “en cachette“, le fait de ne pas avoir un lieu où ranger le matériel, et les craintes d’être surpris par la police. Des heures d’ouverture peu pratiques et des politiques strictes d’échange peuvent aussi conduire des UDI à ne pas rapporter leur matériel usagé au PÉS. Te c h n i q u e s p o u r l a m a n i p u l a t i o n e t l a m i s e a u r e b u t d ’o b j e t s tranchants Les clients devraient être encouragés à rapporter au PÉS leur matériel d’injection usagé, et être sensibilisés aux risques pour les autres personnes dans la communauté, et pour le PÉS, si ce matériel est jeté inadéquatement. Par exemple, jeter des aiguilles usagées, sans contenant protecteur, directement dans les ordures ménagères ou les poubelles publiques, les toilettes ou les bouches d’égouts, pose un risque de blessure pour les employés qui s’occupent de tels services. Une seringue jetée dans un système d’égout qui se déverse dans une rivière ou un lac pourrait s’échouer sur une plage. Le Tableau 5 (à la fin de la présente section) donne des exemples de recommandations pour une sécurité dans la manipulation et la mise au rebut. Le fait de replacer le capuchon sur une aiguille utilisée par autrui pose un risque de blessure et de transmission de pathogènes hématogènes. On peut réduire ce risque en encourageant les clients et les travailleurs à jeter immédiatement les instruments d’injection usagés, dans des contenants à objets tranchants. Si des clients utilisent de manière collective ou s’ils échangent des seringues pour d’autres UDI, il est recommandé de placer un contenant à objets tranchants, à proximité, afin que chacun puisse jeter lui-même son matériel. On ne devrait jamais plier ou casser une aiguille. Parfois, on casse l’aiguille de son barillet, pour prévenir la réutilisation; cependant, les aiguilles cassées peuvent contenir des pathogènes hématogènes. De plus, elles sont difficiles à voir, elles se perdent facilement, et elles entraînent un risque de blessure. Si une aiguille est cassée, inciter le client à jeter toutes les pièces adéquatement, y compris l’aiguille, la seringue, le piston et tout autre morceau. Les UDI ne devraient pas ramasser et mettre au rebut les aiguilles cassées utilisées par d’autres. Fournir aux clients des contenants à objets tranchants peut conduire à une augmentation du retour de matériel usagé et réduire les chances de réutilisation ainsi que de blessures sur des aiguilles. Le fait d’offrir aux clients de multiples lieux et horaires, pour le retour du matériel usagé, peut aussi contribuer à l’atteinte de ces objectifs. De plus, les clients pourraient être encouragés à jeter leurs seringues immédiatement après usage, directement dans des contenants à objets tranchants, placés aussi près que possible des lieux où ils s’injectent. Au retour du matériel usagé, au PÉS, les techniques appropriées pour sa mise au rebut peuvent réduire les risques de blessure accidentelle sur une aiguille. En particulier, les clients et les employés ne devraient pas remettre les capuchons sur les aiguilles, ni compter à la main le nombre de seringues rapportées. 96 L’estimation visuelle du nombre de seringues rapportées est suffisante, pour la reddition de comptes et l’évaluation de programme. Les lignes directrices du ministère ontarien de l’Environnement (2004) stipulent que les objets tranchants devraient être placés dans des contenants résistants aux perforations et aux fuites, munis d’un couvercle qui ne peut être enlevé après une fermeture permanente. Les contenants à objets tranchants devraient être de couleur jaune (s’ils ne sont pas destinés à l’incinération), porter le symbole universel des déchets organiques dangereux, et être étiquetés “Biomedical Waste/Déchets Biomédicaux”. Les contenants devraient aussi avoir la capacité de supporter le poids des déchets sans se rompre ni craquer. Si l’on transporte des objets tranchants (p. ex. dans la camionnette du PÉS, du domicile de clients, de piqueries ou du site fixe d’échange), les directives du ministère ontarien de l’Environnement stipulent que tout contenant doit être scellé, barré ou fermé, avant le transport, de manière à ce que les déchets ne se renversent pas pendant le transport. Si l’on transporte plus de 5 kg de déchets, des directives plus strictes peuvent s’appliquer (voir Ministry Guidelines, sections 4.3 et 4.4). Certains PÉS confient les tâches de la collecte, du transport et de l’élimination des déchets, par contrat, à une entreprise certifiée en gestion des déchets biomédicaux. Une telle compagnie peut fournir les contenants à objets tranchants, collecter les contenants remplis et éliminer ces déchets. Certaines peuvent accommoder une petite quantité de ces déchets, aussi bien qu’un grand volume. Dans l’alternative, les PÉS peuvent aussi s’entendre avec les autorités municipales afin qu’elle accepte les seringues usagées (dans des contenants appropriés) au site prévu pour les déchets dangereux. Offrir des options pour la mise au rebut sécuritaire du matériel usagé En offrant de multiples options pour le retour et la mise au rebut du matériel d’injection usagé, les PÉS peuvent parvenir à accroître les taux de retour de ce matériel, et à réduire la transmission d’infections. Par exemple, les PÉS peuvent collecter les seringues usagées dans le site fixe, dans les sites mobiles, dans les activités-terrain ainsi que dans des sites “satellites”. On peut fournir aux clients, partenaires et membres de la communauté des contenants à objets tranchants, et les inviter à les rapporter au PÉS pour une élimination sécuritaire. Les intervenants sur le terrain peuvent répondre aux appels de clients ou d’autres personnes de la communauté qui signalent que des objets tranchants ou des contenants ont besoin d’être ramassés. Les PÉS peuvent s’entendre avec d’autres organismes qui pourraient accepter le retour de seringues, et les clients pourraient être encouragés à disposer de leur matériel d’injection à d’autres endroits appropriés, comme les hôpitaux, les unités de santé publique et d’autres PÉS. On peut aussi fournir aux clients une liste de sites de rechange pour cette mise au rebut (p. ex. hôpitaux, pharmacies, sites satellites, services mobiles) qui acceptent le retour d’équipement usagé. Élimination du matériel d’injection jeté dans les lieux publics Les données des intervenants-terrain montrent que les PÉS s’occupent de diverses manière de la 97 problématique du matériel jeté dans des lieux publics. Dans certaines communautés, des employés de PÉS sont dépêchés sur les lieux pour collecter et éliminer les seringues trouvées sur le sol. Dans d’autres endroits, des employés municipaux et/ou des entreprises de gestion des déchets répondent aux appels de membres de la communauté, concernant la collecte et l’élimination de seringues jetées (p. ex. la ville de London). Certains PÉS ont mis en œuvre des initiatives proactives, comme des campagnes de nettoyage communautaire, et organisé des groupes de bénévoles ou autres qui s’occupent de collecter et d’éliminer régulièrement les seringues jetées inadéquatement (J. Smit, AIDS Committee of London, entretien personnel, 2005). Pour ramasser des seringues jetées dans la communauté, il est nécessaire de porter des gants à l’épreuve des perforations. Les recommandations au sujet de l’utilisation de pinces sont mitigées. Les préoccupations quant à la capacité de contrôler et de maintenir la seringue, en utilisant des pinces, ont conduit des organismes à déconseiller leur utilisation et à inciter à l’utilisation de gants à l’épreuve des perforations (p. ex. AIDS Vancouver Island). Cependant, d’autres intervenants recommandent l’utilisation de pinces pour prévenir les blessures sur des aiguilles (p. ex., le service de Santé publique de la Ville d’Ottawa). Collaboration avec d’autres agences Les services d’urgence des hôpitaux sont bien placés pour accepter le matériel d’injection usagé. Ils sont ouverts 24 heures par jour, 7 jours par semaine, et ils sont équipés pour l’élimination de ces déchets. Les pharmacies sont également des lieux où les seringues pourraient être éliminées, mais certaines n’acceptent pas le matériel d’injection usagé. Les PÉS devraient encourager les urgences d’hôpitaux et les pharmacies à fournir des services de mise au rebut du matériel usagé, pour les UDI. Les départements de santé publique sont aussi des endroits où les UDI peuvent avoir la possibilité de rapporter leur matériel usagé. Et les PÉS peuvent arriver à travailler avec ces départements, afin de partager la responsabilité de l’élimination du matériel usagé ainsi que du suivi en la matière. Éducation et formation La formation aux employés, bénévoles et clients de PÉS, quant à la méthode pour la mise au rebut de matériel d’injection usagé, peut aider à réduire la possibilité de blessure et de transmission de pathogènes hématogènes. Les clients peuvent aussi être encouragés à éduquer leurs pairs au sujet de la mise au rebut sécuritaire de ce matériel. En cas de blessure sur une aiguille, il est important que le personnel et les bénévoles connaissent la procédure à suivre afin que la personne blessée reçoive sans délai des soins adéquats. Certains PÉS sont munis de politiques et de procédures qui établissent les mesures à suivre en cas de telle blessure. Idéalement, ces lignes directrices seront mises en œuvre et, avant qu’une blessure se produise, les employés auront reçu une formation pour les appliquer. Les unités de santé publique sont pour leur part dotées de tels protocoles, et elles peuvent fournir des conseils aux PÉS afin de les aider à élaborer leurs propres politiques et procédures. Un sommaire de lignes directrices contenues dans des protocoles postexposition est fournie au Tableau 6 (à la fin de la présente section). 98 Co n s i d é r a t i o n s Politiques sur l’échange Les politiques d’échange unitaire strict (“un contre un”) pénalisent les clients qui échouent à rapporter le matériel usagé, et elles peuvent conduire des UDI à ne pas avoir recours aux services de PÉS. Les clients sans abri ou ceux qui vivent dans des refuges pour itinérants peuvent être dans l’impossibilité de ranger du matériel pour le rapporter au PÉS. Le fait d’imposer des pénalités, comme le refus de donner des seringues stériles aux clients, réduit l’occasion de ces derniers de bénéficier des services offerts par les programmes. Les clients qui ne peuvent pas rapporter leurs objets tranchants au PÉS peuvent recevoir de l’éducation sur les méthodes de rechange pour la mise au rebut adéquate de ces objets. Calcul des taux de retour Bien que les chiffres sur le taux de retour de matériel usagé n’offrent qu’un portrait incomplet de l’efficacité d’un PÉS et de ses pratiques de mise au rebut, ils peuvent être utiles à l’évaluation de programme. Comme nous l’avons mentionné, une estimation visuelle du nombre de seringues rapportées est suffisante. Les seringues et autres objets usagés ne devraient pas être rassemblés en paquets, ni comptés à la main, vu le potentiel de blessure.. Directives pour mettre au rebut d’autres objets que les seringues et aiguilles Le VIH, le VHB, le VHC et d’autres pathogènes hématogènes peuvent être transmis par la réutilisation d’instruments usagés comme les chauffoirs, filtres et tubes de verre (voir la section Distribution d’autres instruments liés à l’injection), mais il n’existe pas de lignes directrices pour la mise au rebut de ces objets. Les PÉS peuvent inviter les clients à placer tous les objets, y compris les chauffoirs, les filtres, les tubes de verre, les coton-ouate et les résidus d’eau, dans les contenants à objets tranchants immédiatement après usage. Manque de recherche au sujet des blessures sur aiguilles dans la communauté Le survol réalisé pour la préparation du présent document a décelé très peu de littérature au sujet de blessures sur des aiguilles dans la communauté, et aucune à propos de blessures professionnelles sur des aiguilles chez des employés de PÉS ou des blessures accidentelles parmi les UDI. Les recommandations présentées dans notre document sont tirées principalement des écrits relatifs au milieu des soins de la santé. Cependant, il est raisonnable d’assumer que ces recommandations peuvent être appliquées aux expositions professionnelles et non professionnelles, dans le contexte des activités d’échange de seringues. Initiatives pour élargir les services de mise au rebut sécuritaire p o u r l e s UD I Les PÉS peuvent souhaiter encourager des partenaires et membres de la communauté (p. ex., sites de PÉS 99 satellites, refuges, centres de jour, propriétaires de maisons de chambres) à fournir un service de mise au rebut sécuritaire du matériel d’injection usagé. Si les PÉS choisissent d’élargir ainsi ce service, des ressources seront nécessaires pour fournir des contenants à objets tranchants (et en faire la livraison et la collecte), pour fournir une formation aux membres de la communauté sur la manipulation et l’élimination du matériel usagé, ainsi que sur les procédures post-exposition en cas de blessure. Do n n é e s Les PÉS constituent une importante voie d’élimination du matériel d’injection usagé (Kaplan and Heimer, 1994). Le fait d’éliminer le matériel usagé de la circulation contribue à réduire le risque de transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes associé aux blessures accidentelles sur des aiguilles ainsi qu’à la réutilisation de matériel usagé (Ksobiech 2004; Heimer and Abdala, 2000). Dans des conditions de laboratoire, certains virus peuvent survivre plusieurs semaines (Abdala et al., 1999). Cependant, ils sont moins stables lorsque exposés à d’autres conditions (Leeds, Grenville and Lanark District Health Unit, 2002). Le VIH est le plus fragile des trois virus susmentionnés; il survit quelques heures après que le sang qui le contient ait séché sur une surface. Le VHC se transmet le plus facilement que le VIH par une aiguille contaminée. Cependant, sa capacité de survie sur une surface exposée à l’air libre est relativement faible. L’exposition au VHB comporte un risque élevé d’infection pour les personnes qui n’y ont jamais été exposées et/ou n’ont pas été vaccinées contre cette infection (May and Brewer, 2001). Le virus est relativement stable hors du corps humain et sa concentration est élevée dans le sang des personnes qui ont contracté cette infection et qui ne sont pas traitées (Thompson, Boughton and Dore, 2003). La vaccination est efficace à 90 % - 95 % et il est recommandé que les employés et clients de PÉS soient vaccinés s’ils n’ont pas développé une immunité (Santé Canada, 2002a). Le vaccin anti-VHB est fourni universellement depuis 1994-1995 aux élèves de 7e année, en Ontario; donc la majorité des personnes qui ont fréquenté l’école ontarienne en 7e année, depuis, ont généralement déjà reçu ce vaccin. Il faut toutefois noter que les personnes qui ont quitté l’école ou qui ne la fréquentaient pas régulièrement ne l’ont peut-être pas reçu (Santé Canada, 2002; voir la section sur la Vaccination). Les récents estimés canadiens du risque d’infection par suite d’une blessure sur une aiguille sont les suivants : pour le VHB, 1-40 % (parmi des travailleurs de la santé susceptibles); pour le VHC, 1-7 %; pour le VIH, 0,3 % (Canadian Centre for Occupational Health and Safety, 2005; Agence de santé publique du Canada, 1997). Ces estimations ont été faites à l’examen des cas signalés de blessures sur aiguille parmi les professionnels de la santé exposés en lien avec un patient infectieux. La probabilité qu’une blessure sur une aiguille cause l’infection dépend de plusieurs facteurs; notamment la prévalence des pathogènes dans la communauté d’UDI; et à quel point l’utilisation de l’aiguille est récente (Thompson, Boughton and Dore, 2003). Parmi les travailleurs de la santé, les facteurs suivants sont associés à un risque accru d’infection par le VIH à la suite d’une blessure sur une aiguille : profondeur de la blessure, quantité de virus dans le sang de la personne source, volume de sang dans l’aiguille, taille de l’aiguille (CDC, 2003; NIOSH, 1999; Macalino et al., 1998). Le risque est également accru par certaines procédures. Les 100 blessures les plus fréquentes ont lieu lorsque l’on replace le capuchon sur l’aiguille, lorsque l’on met le matériel au rebut et lorsque des aiguilles ou d’autres instruments sont placés dans un lieu inapproprié ou jetés dans un contenant qui n’est pas résistant à la perforation (WHO, 2003; Santé Canada, 2002). Le matériel d’injection usagé qui est jeté de manière inappropriée dans la communauté pose un risque de blessure pour le grand public et risque également d’engendrer une opposition à l’égard du PÉS. Les personnes à risque de blessure sur une aiguille dans la communauté sont notamment les personnes qui utilisent les parcs et autres lieux publics, les personnes qui ramassent une seringue jetée par une autre personne, et les travailleurs sanitaires qui peuvent se blesser avec des aiguilles jetées dans les ordures, les égouts ou les toilettes (Macalino et al., 1998). Le risque d’infection dû à une blessure sur une aiguille jetée, dans la communauté, est plus faible que dans le contexte des soins de santé (Macalino et al., 1998). L’exposition professionnelle à du sang d’un patient connu comme infectieux peut se produire dans les secondes ou minutes suivant le retrait de l’aiguille, et le volume de sang transféré peut être substantiel. Dans le cas d’une blessure dans la communauté, l’état sérologique de la personne qui a utilisé l’aiguille est inconnu, mais l’objet a pu être exposé aux conditions environnementales pendant un certain temps, ce qui réduit la viabilité des pathogènes hématogènes (Canadian Paediatric Society, 1999). Dans la communauté comme en situation professionnelle, le risque d’infection lié à une blessure sur une aiguille est beaucoup plus faible que celui associé au partage de seringue. Néanmoins, toute blessure de ce type peut causer à la victime un stress émotionnel, sur une période assez longue (Macalino et al., 1998). Obstacles au retour et à la mise au rebut sécuritaires de matériel usagé Un certain nombre de facteurs peuvent entraver la mise au rebut sécuritaire du matériel d’injection usagé. Il se peut que des UDI ne soient pas informés des pratiques adéquates de mise au rebut. Par exemple, lors d’entrevues qualitatives avec des clients de PÉS à Halifax (N.-É.), des participants ont signalé qu’ils cassent le bout de l’aiguille afin d’empêcher qu’elle ne soit réutilisée (Jackson et al., 2002). La question du rangement du matériel usagé jusqu’au moment de pouvoir l’apporter dans un site de mise au rebut sécuritaire peut également être un obstacle. Les UDI sans abri ou logés dans des conditions précaires peuvent être incapables de conserver le matériel jusqu’au moment de pouvoir le rapporter au PÉS. Les UDI qui cachent leur situation peuvent préférer éviter de conserver du matériel, de peur que l’on découvre qu’ils utilisent de la drogue. De plus, les UDI peuvent être réticents à conserver ou à porter sur eux du matériel d’injection, de peur que la police le découvre, et le confisque ou l’utilise comme preuve d’une activité illégale (Riley and Oscapella, 1996). L’état d’intoxication constitue aussi un obstacle à une mise au rebut sécuritaire. Elle peut conduire la personne à égarer ses instruments ou à les oublier. Des politiques des PÉS peuvent aussi faire obstacle à une mise au rebut adéquate. Les politiques strictes sur l’échange, notamment l’échange unitaire, ne sont pas nécessaires, ni souhaitables, pour assurer des taux de retour élevés (Grund et al., 1992). Les heures d’ouverture du PÉS peuvent être peu accessibles pour certains UDI, et il se peut que des clients ne soient pas capables de rapporter leurs aiguilles à un moment précis. Certains PÉS utilisent des codes-clients pour obtenir des données sur l’utilisation des services et 101 les taux de retour du matériel par les clients. Le manque de confidentialité, réel ou perçu, qui est associé à l’usage de codes d’identification peut inciter des clients à ne pas avoir recours au PÉS et aux services de mise au rebut sécuritaire du matériel usagé (Loue, Lurie and Lloyd, 1995; voir la section sur L’échange de seringues). De plus, les taux de retour sur le plan individuel (i.e. par client) ont une utilité limitée dans la compréhension des taux de retour sécuritaire (Ksobiech, 2004). Les estimations générales suffisent, pour calculer les taux de retour. Les PÉS et les seringues jetées de manière inadéquate La recherche indique que les PÉS ne causent pas d’augmentation du nombre de seringues jetées de manière inadéquate dans la communauté. Un rapport (non daté) de l’Université de Californie a conclu que les PÉS étudiés (dans 10 villes états-uniennes ainsi qu’à Toronto) n’étaient pas associés à une augmentation du nombre total de seringues jetées. À l’inverse, les auteurs signalent que l’ouverture de PÉS est susceptible de réduire ce nombre. Khoshnood et al. (2000) ont constaté que les UDI ayant recours à un PÉS à New Haven, comme unique source de seringues, avaient la plus faible fréquence de mise au rebut inadéquate de seringues, en comparaison avec ceux qui se rendaient dans des pharmacies. De 373 UDI, 98 % de ceux qui s’approvisionnaient en seringues uniquement dans des pharmacies, et 84 % de ceux qui utilisaient à la fois le PÉS et des pharmacies ont signalé qu’ils avaient “quelques fois ou toujours“ jeté librement leurs seringues, dans les 6 derniers mois, alors que le taux n’était que de 65 % parmi ceux dont la source de seringues était uniquement le PÉS. À Baltimore (Doherty et al., 2000; 1997), l’ouverture d’un PÉS a été associée à une diminution du nombre de seringues jetées de manière inadéquate. Les taux de retour (aussi appelés « taux d’échange ») fournissent également de l’information sur les pratiques de mise au rebut. En 2002, parmi les PÉS de l’Ontario, le taux général de retour était de 83,6 %, avec des taux allant de 44 % à 140 % (Ontario Ministry of Health and Long-Term Care, 2003). Dans une métaanalyse de données de 26 études internationales, Ksobiech (2004) a signalé un taux de retour général de 90 %, avec des taux allant de 15 % (Sicile) à 112 % (Royaume-Uni). Quatre études ont signalé des taux de retour de 100 % ou plus. Les seringues peuvent avoir été mises au rebut de manière sécuritaire même si elles ne sont pas rapportées au programme où elles ont été obtenues. Ksobiech (2004) a fait remarquer que, dans les études qu’elle a examinées, les seringues rapportées n’étaient pas nécessairement celles qui avaient été distribuées. De la même manière, une évaluation du PÉS Prevention Point (à San Francisco) a permis de constater que 13 % des seringues étaient retournées à d’autres sites (Guydish et al., 1990 in Grund et al., 1992). Cependant, compte tenu du grand volume de seringues distribuées par des PÉS, même une petite fraction qui est jetée de manière inadéquate peut se traduire par un nombre considérable (Thompson, Boughton and Dore, 2003). 102 Stratégies pour accroître les taux de retour et inciter à une mise au rebut sécuritaire “Les gens ont recours aux échanges de seringues tout comme à n’importe quelle boutique“ (Grund et al., 1992 : 46). Strike et al. (2005) ainsi que Grund et al. (1992) ont décrit divers besoins, préférences et motivations parmi les UDI, qui ont un impact sur le lieu, le moment et la manière dont ils ont recours aux services de PÉS. Pour certains, le recours à un PÉS est lié à des besoins immédiats, alors que pour d’autres il s’agit d’une activité planifiée (p. ex. pour ceux qui entreposent du matériel à l’avance, ou ceux qui en distribuent à des pairs). Les PÉS qui offrent de multiples options pour le retour et la mise au rebut de matériel usagé peuvent parvenir à accroître les taux de retour et à réduire la transmission de pathogènes hématogènes. Les options incluent la fourniture de services de mise au rebut dans des sites de PÉS fixes, mobiles, satellites, ou sur le terrain, la fourniture d’une boîte désignée pour le retour de matériel, et/ou inciter les clients à aller porter leur matériel usagé dans une pharmacie qui accepte ce matériel (voir les sections L’échange de seringues et d’aiguilles et Modèles pour la fourniture de programmes d’échange de seringues). Hankins (1998) a rapporté qu’au Québec, des travailleurs de rue transportaient des contenants à objets tranchants dans des sacs à dos, afin de fournir des services d’échange et de mise au rebut aux UDI dans la rue. En Australie, par ailleurs, les FitPaksTM (des trousses de poche, contenant 3, 5 ou 10 seringues) servent aussi de contenants à objets tranchants, pour les seringues usagées; un FitPakTM rempli de seringues usagées peut être échangé contre un neuf en pharmacie, ou dans les PÉS et les unités de santé (Macalino et al., 1998). Dans certaines villes d’Europe, les seringues usagées peuvent être mises au rebut dans des machines distributrices qui fournissent une seringue stérile en échange. Dans une étude examinant ce mécanisme à Marseille (Obadia et al., 1999), l’une des principales raisons du recours à ces machines était le fait qu’elles fonctionnent 24 heures par jour. Leurs principaux utilisateurs étaient plus jeunes, et moins susceptibles de vivre dans un logis dont ils étaient propriétaires ou locataires, en comparaison avec les clients d’autres programmes, ce qui porte à croire que ces machines puissent être une stratégie utile de mise au rebut pour certains groupes d’UDI. Les PÉS peuvent encourager les clients à rapporter leur matériel d’injection usagé, sans pour autant les pénaliser s’ils ne le font pas. Les clients peuvent être encouragés également à retourner leur matériel lors d’une autre visite, à un autre site ou dans un autre PÉS. Certains peuvent souhaiter faire rapporter le matériel par un pair, ou rapporter celui d’autres personnes (Grund et al., 1992). Les PÉS devraient permettre aux clients de le faire, mais en les incitant à ne pas manipuler d’aiguilles utilisées par d’autres et en les éduquant sur la manipulation sécuritaire du matériel usagé. Les PÉS peuvent fournir aux clients des contenants à objets tranchants, pour la collecte et le retour de matériel à éliminer. La protection de l’anonymat des clients peut également inciter certains UDI à rapporter leur matériel usagé (Macalino et al., 1998). Dans le cas de clients qui sont incapables ou réticents à rapporter le matériel usagé à un PÉS, le personnel peut répondre aux appels de demande de collecte à domicile, dans des piqueries ou dans d’autres lieux déterminés (Hankins, 1998). 103 Tableau 5. Exemples de recommandations pour une sécurité accrue dans la manipulation et la mise au rebut Élimination du matériel d’injection usagé, des objets tranchants et des contenants à objets tranchants u Les objets tranchants doivent être jetés dans un contenant rigide avec un couvercle qui ne s’enlève pas, et une étiquette ”Déchets biomédicaux/Biomedical Waste“. Le contenant doit avoir la capacité de contenir le poids des déchets biomédicaux sans se déchirer, se craquer ni se casser. u Aux clients qui échangent des seringues pour des pairs, fournissez des contenants à objets tranchants u Encouragez les clients à acheter et/ou à demander des contenants à objets tranchants, à la pharmacie. u Certaines pharmacies pourraient fournir des contenants à objets tranchants aux clients qui ont l’habitude d’acheter leurs seringues sur place. Certaines pharmacies pourraient accepter qu’on leur apporte des contenants scellés, pour fins d’élimination. u En l’absence de contenants à objets tranchants, encouragez les clients à placer le matériel dans un contenant de plastique rigide muni d’un couvercle étanche, comme une bouteille à eau de Javel ou à assouplisseur de tissus, ou encore une bouteille de plastique comme celles pour les boissons gazeuses. u Encouragez les clients à inscrire “OBJETS TRANCHANTS, NE PAS RECYCLER”, sur les contenants qui ne sont pas déjà identifiés de la sorte. u Encouragez les clients à rapporter au PÉS les contenants à objets tranchants lorsqu’ils sont remplis aux deux tiers. u Si possible, allez collecter les contenants à objets tranchants chez les clients ou dans les endroits où ils s’injectent et rangent du matériel d’injection. Manipulation de matériel d’injection usagé : recommandations aux clients de PÉS u Placez les contenants à objets tranchants à proximité du lieu d’utilisation. u Éliminez immédiatement le matériel d’injection usagé. u Ne jamais replacer le capuchon sur une aiguille. Cela pourrait causer une blessure sur la pointe de l’aiguille et l’infection (ou la réinfection) par le VIH, le VHB, le VHC ou d’autres pathogènes hématogènes. u Si vous récupérez des seringues d’autres personnes pour aller les échanger pour elles, demandez-leur de les déposer elles-mêmes dans un contenant à objets tranchants. u Ne jamais plier ou casser une aiguille. Manipulation d’objets tranchants : recommandations aux employés de PÉS u Soyez conscient que les clients qui viennent échanger des seringues peuvent porter des seringues sur eux (p. ex. dans les poches ou dans les manches), ou dans des contenants non sécuritaires (comme des sacs de plastique ou de papier). u Ne touchez pas les seringues qui vous sont rapportées u Le client doit jeter lui-même ses seringues. u S’il faut estimer le nombre de seringues qui vous est rapporté, cela peut être fait ”à vue d’œil“ et/ou en demandant au client combien il en rapporte. u Lorsque vous administrez un vaccin ou un test : u Repérez les contenants à objets tranchants à proximité du lieu d’utilisation. u Jetez-y la seringue immédiatement après utilisation. 104 Collecte de matériel d’injection jeté dans des lieux publics u Portez toujours des gants à l’épreuve des perforations. u Ayez à la main un contenant à objets tranchants, pour y placer immédiatement les objets ramassés. Sources : Wilburn and Eijkemans (2004); Santé publique Ottawa (2004); WHO (2003); American Nurses Association (2002); International Council of Nurses (2000); NIOSH (1999); Harm Reduction Coalition (1998); AIDS Vancouver Island; Public Health Agency of Canada (1997); Arnott (1986). Tableau 6. Exemples de lignes directrices post-exposition en cas de blessure avec une aiguille Premiers soins u Laisser la blessure saigner librement. u Nettoyer la blessure soigneusement, avec du savon et de l’eau. u Si la blessure ou le contact du sang concerne des membranes muqueuses (p. ex. dans un œil, le nez ou la bouche), rincer abondamment avec de l’eau. u Appliquer un bandage stérile et résistant à l’eau. Soins médicaux et prophylaxie post-exposition Demander une attention médicale immédiate (dans les premières heures), à une urgence d’hôpital, dans une clinique ou un cabinet de médecin. La blessure sera examinée à ce moment. Des tests confidentiels du VIH, du VHB et du VHC peuvent être recommandés. Une prophylaxie post-exposition (p. ex. traitement à l’immunoglobuline, traitement antirétroviral pour le VHB et le VIH) peut être recommandée. Plusieurs hôpitaux sont dotés de politiques et de procédures en cas d’exposition due à une blessure sur une aiguille; il existe cependant des variantes d’une région à une autre. Les unités de santé publique ont elles aussi des protocoles en place, et elles peuvent conseiller et informer les PÉS sur les choses à faire, et dans certains cas sur la manière d’évaluer le risque d’exposition. Un retard dans les soins médicaux, ou l’absence de soins, peut compromettre l’efficacité du traitement post-exposition. Suivi, counselling et évaluation Des tests périodiques de l’anticorps anti-VHC, des niveaux d’enzymes du foie, ainsi que de l’anticorps anti-VIH sont recommandés. Un counselling pour le stress émotionnel lié à la blessure et à la possibilité du développement d’une infection peut être approprié. Un counselling sur la prévention de la transmission, p. ex. par contact sexuel ou le don de sang et d’organe, est également recommandé. Documentation et surveillance Signaler toute blessure sur une aiguille à la personne responsable du PÉS. Documenter toutes les blessures dans un registre à cet effet. Ce registre sert à consigner des renseignements comme la date de l’accident, le matériel en cause, une description de la blessure ainsi qu’une explication de la manière dont s’est produit l’incident. Cette information peut être utile pour aider le PÉS à développer des stratégies de prévention des accidents. Sources : CDC (2005); The Works (2005); ONA (2004); Wilburn and Eijkemans (2004); Manitoba Public Health, Communicable Disease Control Unit (2003); Agence de santé publique du Canada (1997). 105 Un protocole détaillé sur la post-exposition, publié par l’Unité de contrôle des maladies transmissibles, de Santé publique Manitoba, est accessible à : www.gov.mb.ca/health/publichealth/cdc/fs/ipep.pdf. Un aperçu des éléments d’un programme post-exposition est présenté dans L’administration de tests aux personnes que l’on croit être la source d’une exposition professionnelle au VHB, au VHC ou au VIH – Étude générale, accessible via : www.aidslaw.ca/Maincontent/issues/testing/e-compulsorytesting/ improvedprevention.htm 106 Références Agence de santé publique du Canada, La prévention des infections transmissibles par le sang dans les établissements de santé et les services publics, 1997. Consulté en juin 2005 à : www.phac-aspc.gc.ca/ Santé Canada, Guide canadien d’immunisation – Sixième édition – 2002. Téléchargeable à www.phac-aspc. gc.ca/ Santé Canada, Infections nosocomiales et professionnelles : résumé et bilan du projet, numéro 4, octobre 2002b, consulté en juillet 2005 à : www.phac-aspc.gc.ca/publicat/noib-inpb/no4-1002_e.html Santé publique Ottawa, Que faire de vos aiguilles, seringues et tubes de verre usagés?, consulté en août 2005 à : ottawa.ca/gc/needles_en.shtml Abdala N, Stephens PC, Griffith BP, Heimer R. Survival of HIV-1 in syringes. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes and Human Retrovirology, 1999; 20: 73-80. AIDS Vancouver Island. Safe Recovery: Handling Abandoned Needles More Safely. Victoria BC: AIDS Vancouver Island. American Nurses Association. Needlestick Prevention Guide. ANA, 2002. Accessed July 2005 from: www. ana.org Arnott NM. Prevention of needle sticking injuries in hospital wards. 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The Works. Needle exchange policy and procedure manual. 2005. Unpublished 109 Thompson SC, Boughton CR, Dore GJ. Bloodborne viruses and their survival in the environment: Is public concern about community needlestick exposures justified? Australian and New Zealand Journal of Public Health, 2003; 27(6): 602-607. University of California Berkeley. School of Public Health. The public health impact of needle exchange programs in the United States and abroad. Summary, conclusions and recommendations. CDC. Accessed March 2005 from: www.nasen.org. WHO. Healthcare worker safety. 2003. Accessed from: www.who.int/injection_safety/toolbox/docs/en/AM_ HCW_Safety.pdf Wilburn SQ, Eijkemans G. Preventing needlestick injuries among healthcare workers: A WHO-ICN collaboration. International Journal of Occupational and Environmental Health, 2004; 10:451-456 110 Distrib u tio n d ’ a u tres i n str u m e n ts liés à l ’ i n jectio n Bien que la pratique d’injection la plus susceptible d’entraîner une transmission du VIH et du VHC soit l’utilisation d’une seringue et d’une aiguille qui ont déjà été utilisées par un UDI qui vit avec ces infections, des études ont révélé que les autres instruments utilisés pour préparer la drogue en vue de l’injection posent eux aussi un risque de transmission de ces infections. Les outils utilisés pour préparer une injection de drogue sont notamment : u Chauffoir ou cuillère – dans lesquels la drogue est mélangée à de l’eau et dissoute en un liquide injectable u Filtre ou coton-ouate – utilisés pour retenir des particules non dissoutes de drogue, ou d’autres débris, lorsque la drogue à infecter est aspirée du chauffoir u Acidifiants – servant à convertir des drogues insolubles, comme l’héroïne brune ou le crack, en une forme soluble dans l’eau, vu l’ajout d’un acide pour produire un sel u Eau – utilisée pour dissoudre la drogue, en une solution, et pour rincer les seringues avant l’injection et entre les usages L’utilisation simultanée de ces instruments, par plusieurs personnes, et l’utilisation de ces instruments par un UDI qui ne sait pas s’ils ont déjà été utilisés par un autre, sont souvent appelées “partage indirect “, dans la littérature, afin de les distinguer du partage “direct” de seringues et aiguilles. (Koester and Hoffer, 1994). Bien que le risque de transmission du VIH ou du VHC par l’usage d’instruments autres que les seringues et aiguilles soit plus faible, des études ont démontré que les UDI partagent les autres instruments plus souvent que les seringues. Plusieurs des études réalisées à ce jour ne faisaient pas de distinction entre les divers instruments, dans leurs questions aux participants au sujet des comportements à risque. Par exemple, plusieurs études posent la question à savoir si le participant a déjà partagé un chauffoir, un filtre ou de l’eau. En conséquence, il est difficile de déterminer, à partir de ce corpus, si un instrument en particulier est plus susceptible que d’autres d’être partagé et de comporter un risque de transmission de ces virus. Dans la présente introduction, nous examinons les recherches qui n’établissent pas de distinction entre les comportements et risques associés aux divers instruments. Do n n é e s Réutilisation d’autres instruments liés à l’injection Au Canada, des données pilotes de l’étude I-Track, portant sur les comportements à risque parmi les UDI, indiquent que 43 % des 794 participants à l’étude ont déjà utilisé des instruments usagés (p. ex. coton-ouate, filtre, chauffoir et eau). Cette proportion variait entre 32 % et 54 %, dans les divers sites de recrutement au pays (Santé Canada, 2004). Quant aux études ontariennes, Millson et ses collègues ont documenté, dans une étude auprès de 551 UDI actifs recrutés dans neuf PÉS de la province, que la majorité des participants (62 %) avaient partagé un 111 chauffoir, un coton-ouate ou de l’eau, dans les six mois précédant l’entrevue; les proportions allaient de 55 % à 80 %, selon la région (p<0,001; Millson et al., 2003). Leonard et ses collègues ont documenté des taux pareillement élevés parmi 418 hommes et 85 femmes à Ottawa, inscrits au POINT Project, entre octobre 2002 et janvier 2003. La majorité des hommes (59 %) et des femmes (68 %) UDI avaient utilisé du matériel usagé à un moment ou l’autre de leur vie; de ceux-ci, 41 % des hommes et 50 % des femmes l’avaient fait dans les six mois précédant leur entrevue initiale (Leonard et al., 2005). La réutilisation d’instruments liés à l’injection semble très répandue, ailleurs dans le monde (Power et al., 1994; Siushansian et al., 1998; Wang et al., 1998; Thorpe et al., 2001). Par exemple, Hunter et ses collègues ont étudié les comportements à risque associés à l’injection, parmi 2 062 UDI de la grande région de Londres, de 1990 à 1993. En 1992 et 1993, plus de 50 % des répondants ont indiqué avoir partagé des filtres et/ou chauffoirs dans les six mois précédant l’entrevue (Hunter et al., 1995). Dans une étude ethnographique réalisée en 1993 par Needle et son équipe, qui ont examiné l’obtention de drogue et le partage de matériel lié à l’injection, parmi 54 « réseaux » d’UDI sélectionnés dans six villes états-uniennes et à Puerto Rico, les auteurs ont constaté que le partage de matériel par plusieurs personnes avait lieu dans 94 % des cas (Needle et al., 1998). Fa c t e u r s a s s o c i é s à l a r é u t i l i s a t i o n d ’a u t r e s i n s t r u m e n t s l i é s à l’injection Des études comparant les pratiques d’injection chez les UDI de sexe féminin et celles d’UDI de sexe masculin ont signalé que les femmes sont relativement plus susceptibles que les hommes d’utiliser du matériel d’injection déjà utilisé par une autre personne (Bennett et al., 2000; Evans et al., 2003; Archibald et al., 2001). Dans le contexte ontarien, le POINT Project, dirigé par Leonard et ses collègues, à Ottawa, dont nous avons parlé plus tôt, les femmes UDI étaient plus susceptibles que les hommes d’avoir utilisé le chauffoir ou la cuillère d’une autre personne, et considérablement plus susceptibles également d’avoir partagé le filtre ou le coton-ouate d’une autre personne (p<0,001)9 ou le résidu de rinçage d’autrui (p<0,001). Ces constats portent à croire que les femmes pourraient avoir un plus grand risque de contracter le VIH et le VHC par cette pratique d’injection. Ce risque accru documenté chez les femmes UDI doit être pris en considération dans les programmes de prévention et les messages sur la réduction des risques. On a également constaté que le fait d’être plus jeune présente une association importante avec le partage d’instruments pour la préparation de l’injection. Les UDI ayant moins d’expérience dans l’injection étaient plus susceptibles de déclarer avoir partagé du matériel d’injection, en comparaison avec des UDI plus âgés ou plus expérimentés (Hunter et al., 1995). Ce risque accru, documenté chez des UDI plus jeunes, doit être pris en considération dans les programmes de prévention et les messages sur la réduction du risque. De manière semblable, les UDI qui se font faire des injections par d’autres (i.e. des “récepteurs d’injection“) ainsi que les UDI qui font des injections à d’autres (“injecteurs”, “hit doctors”, “street doctors”) se sont révélé plus susceptibles de déclarer des cas d’injection impliquant l’utilisation de chauffoirs, de filtres ou d’eau de rinçage qui ont déjà été utilisés. Parmi 1 166 UDI actifs de la région de la Baie de San Francisco, en Californie, Kral et ses collègues ont observé que les “récepteurs d’injection” étaient environ trois fois plus 9 112 Une solution de drogue fabriquée en ajoutant de l’eau au résidu de drogue dans un filtre usagé, un chauffoir ou une seringue. susceptibles que les UDI n’étant ni récepteurs d’injection ni injecteurs, de déclarer le partage de seringues, de chauffoirs, d’eau de rinçage ou de filtre, et étaient environ une fois et demie plus susceptibles que les injecteurs de le faire. Les injecteurs étaient pour leur part environ deux fois plus susceptibles que les UDI non-injecteurs et non-récepteurs d’injection, de déclarer faire le partage de seringues, de chauffoirs, d’eau de rinçage et de filtres, et de pratiquer le backloading avec des seringues usagées (Kral et al., 1999). De plus, dans une récente étude auprès de plus de 1 500 UDI à Vancouver, les résultats ont démontré que ceux qui ont besoin d’aide pour l’injection avaient un risque accru de séroconversion au VIH en comparaison avec ceux n’ayant pas besoin d’aide (O’Connell et al., 2005). Les programmes de prévention et les messages sur la réduction des risques doivent mettre l’accent sur les risques de VIH et de VHC associés au fait d’être récepteur d’injection ou injecteur. Les messages actuels sur la réduction des risques tendent à prendre pour acquis que chacun s’injecte toujours soi-même. Les UDI ayant des antécédents de problèmes de santé mentale semblent aussi être plus susceptibles de s’injecter au moyen de matériel usagé ou partagé. Archibald et son équipe ont constaté, dans une étude auprès de 255 UDI à Regina, que ceux ayant des antécédents de tentatives de suicide étaient plus susceptibles d’emprunter du matériel (52 % vs 37 %) que ceux n’ayant pas de d’idées suicidaires (Archibald et al., 2001). Parmi une cohorte de 2 198 UDI de 19 à 30 ans, de cinq villes états-uniennes, Morse et ses collègues ont constaté que ceux ayant des antécédents d’hospitalisation pour des problèmes de santé mentale étaient plus susceptibles de déclarer avoir partagé des seringues (RC = 1,6; 95 % IC : 1,3-1,9), des chauffoirs (RC = 1,5; 95 % IC : 1,2-1,8), des coton-ouate (RC = 1,4; 95 % IC : 1,1-1,7) et de l’eau de rinçage (RC = 1,5; 95 % IC : 1,2-1,8). De manière similaire, les UDI avec des idées suicidaires étaient plus susceptibles de décarer avoir partagé des seringues (RC = 1,8; 95 % IC : 1,5-2,2), des chauffoirs (RC = 1,6; 95 % IC : 1,3, 1,9), des coton-ouate (RC = 1,6; 95 % IC : 1,4-2,0) et de l’eau de rinçage (RC = 1,7; 95 % IC : 1,4-2,1; Morse et al., 2001). Chez les UDI ayant une dépendance plus prononcée, on a également observé une tendance à partager plus fréquemment du matériel usagé lié à l’injection, possiblement à cause de l’urgence de leur besoin de drogue lorsqu’ils éprouvent des symptômes de sevrage. Gossop et ses collègues ont réalisé une étude sur la dépendance à l’héroïne et le partage de matériel d’injection, parmi un groupe de 408 utilisateurs d’héroïne à Londres. Ceux qui ont déclaré partager de l’équipement avaient une possibilité significativement supérieure d’être des utilisateurs de drogues multiples (p<0,01), d’être plus âgés (30 ans vs 26 ans, p<0,001) et de s’injecter de l’héroïne depuis plus longtemps (12 années vs 8, p<0,001), en comparaison avec ceux ne partageant pas d’instruments (Gossop et al., 1993). En outre, une association a également été constatée entre la perception du risque, par les UDI, et le partage de chauffoirs. Robles et ses collègues ont constaté qu’une impression de risque élevé de développer le VIH/sida était liée à des comportements d’injection à risque, tel que mis en relief dans leur étude auprès de 1 740 UDI portoricains, entre 1989-1991. En comparant le comportement déclaré à l’entrevue initiale, puis à l’entrevue de suivi après six mois, on a constaté qu’une forte impression de vulnérabilité au VIH/sida, exprimée à l’entrevue initiale, indiquait une plus forte probabilité de déclarer par la suite avoir partagé des chauffoirs. Robles a posé l’hypothèse que ceci pourrait être dû au fait que des UDI avaient le sentiment de ne pas pouvoir faire grand-chose pour renverser les conséquences de leurs actions risquées (Robles et al., 1995). 113 Réutilisation d’autres instruments liés à l’injection vs de seringues Des études ont démontré que le partage d’autres instruments liés à l’injection est plus fréquent chez les UDI que le partage de seringues (Bennett et al., 2000; Gossop et al., 1997; Vlahov et al., 1997; Power et al., 1994; Wang et al., 1998; Thorpe et al., 2001; Green et al., 2001; Huo et al., 2005; Koester, Booth and Zhang, 1996; Archibald et al., 2001; Hunter et al., 1995). De plus, un certain nombre d’études ont documenté que plusieurs UDI qui s’injectent avec leur propre seringue stérile – i.e. ne partagent pas de seringue –, partagent en effet d’autres instruments comme les chauffoirs, fioles d’eau et filtres (McCoy et al., 1998; Gossop et al., 1997; Hagan et al., 2001; Power et al., 1994). Notamment, dans l’étude susmentionnée de Hunter, plus de 33 % des UDI ayant déclaré ne pas avoir partagé de seringue dans les six mois précédant l’entrevue ont toutefois déclaré avoir partagé des filtres et chauffoirs pendant cette même période (Hunter et al., 1995). Ces constats portent à croire que le risque de contracter le VIH et le VHC en partageant des seringues est relativement bien compris, alors que des efforts sont nécessaires pour faire voir les mêmes risques qui s’associent au partage d’autres instruments d’injection. Dans une étude réalisée par McCoy et son équipe, auprès de 12 323 UDI actifs recrutés dans 19 sites aux États-Unis, la préparation de l’injection au moyen de chauffoirs, de coton-ouate ou d’eau ayant déjà été utilisés était deux fois plus répandue que l’injection avec une seringue usagée (McCoy et al., 1998). La fréquence plus élevée de réutilisation de ces éléments porte à croire que les risques potentiels liés au VIH et au VHC, qui sont associés au partage de matériel, sont possiblement aussi préoccupants. (Bennett et al., 2000). Réutilisation de matériel lié à l’injection, et transmission du VIH et du VHC La préparation de l’injection en utilisant du matériel usagé, autre que la seringue et l’aiguille, a été documentée comme un facteur associé à un degré significatif aux taux actuels d’infection par le VIH et le VHC, et comme un prédicteur de séroconversion au VHC parmi les femmes et hommes qui s’injectent des drogues. Par exemple, parmi 834 UDI actifs à East Harlem, dans la ville de New York, Beardsley et ses collègues ont rapporté que les UDI ayant reçu un résultat positif au test du VIH, et inscrits à leur étude, avaient une probabilité significativement supérieure de s’injecter en ayant utilisé un chauffoir, un cotonouate et/ou de l’eau de rinçage ayant déjà été utilisés, en comparaison avec les participants séronégatifs (p<0,002; Beardsley et al., 1999). Hagan et ses collègues ont mesuré la séroconversion parmi une cohorte de 317 UDI actifs de Seattle qui avaient reçu un résultat négatif au test des anticorps du VHC lors de leur recrutement à l’étude. Parmi ceux qui n’avaient pas partagé de seringue, le partage de chauffoir et de coton-ouate comme filtre augmentait de six fois le risque de séroconversion au VHC (risque relatif ajusté (RRA)=5,9; 95 % IC : 1,1-31,7); et 54 % des infections par le VHC parmi ce groupe étaient attribuables au partage de chauffoir ou de coton-ouate (Hagan et al., 2001). Hahn et ses collègues ont réalisé une étude de cohorte auprès de 195 UDI séronégatifs, dont ils ont examiné leurs facteurs de risque de séroconversion au VHC. Dans l’intervalle de 21 mois, on a constaté que le risque d’infection par le VHC augmentait considérablement pour les participants qui 114 avaient partagé du matériel d’injection non stérile (rapport de risque (RR)=2.5; 95%IC : 1.3-5.1; Hahn et al., 2002). De plus, Thorpe et son équipe ot mesuré l’incidence de l’infection par le VHC parmi une cohorte d’UDI de 18 à 30 ans, à Chicago, entre 1997 et 1999. Le risque relatif ajusté (RRA) de séroconverion au VHC était le plus élevé chez les UDI ayant partagé un chauffoir (RRA = 3,5; 95 % IC : 1,4- 8,5), suivi de ceux ayant partagé de l’eau de rinçage (RRA = 2,2; 95 % IC : 1,1-4,6), des seringues n’ayant pas été désinfectées à l’eau de Javel (RRA = 2,0; 95 % IC : 1,0-4,0), et des coton-ouate (RRA = 1,96; 95 % IC : 1,0-3,8; Thorpe et al., 2000). Prévention de la transmission due aux instruments liés à l’injection Il existe des preuves à l’effet que les PÉS sont bien placés pour étendre leurs activités afin de réduire les méfaits associés au partage de matériel d’injection autre que les seringues. Dans une étude récente (2004), Ouellet et ses collègues ont comparé des UDI ayant déclaré le PÉS de Chicago comme étant leur source pour au moins la moitié des seringues qu’ils avaient utilisées pendant les six mois précédant l’entrevue initiale (i.e. des utilisateurs réguliers de PÉS), et des UDI qui ont signalé que pendant la même période ils n’avaient pas eu recours au PÉS et n’avaient pas eu recours à une personne y allant pour eux (non-utilisateurs de PÉS). Toutes les pratiques d’injection à risque pour le VIH et le VHC étaient considérablement moins probables parmi les utilisateurs réguliers de PÉS que parmi les non-utilisateurs. En particulier, les premiers avaient une probabilité réduite de 61 % de partage de chauffoir (rapport de cotes ajusté (RCA) = 0,4; 95 % IC : 0,3-0,6), une probabilité réduite de 52 % de partage de coton-ouate (RCA = 0,5; 95 % IC : 0,3-0,7), et une probabilité réduite de 59 % de partage d’eau (RCA = 0,4; 95 % IC : 0,1-0,3; (Ouellet, DeZheng and Bailey et al., 2004). Ces constats confirment que les PÉS sont bien positionnés pour mettre en œuvre ou élargir leurs interventions de réduction des méfaits afin de réduire ceux qui sont associés au partage d’instruments usagés liés à l’injection. Cependant, en dépit de ces observations, il subsiste d’importants obstacles à l’initiation ou au maintien de ce service. Ces obstacles touchent le coût des équipements et les contraintes financières. Le coût réel de ces outils additionnels de réduction des méfaits est minimal. Au moment d’écrire ce document (juin 2005), une boîte de 100 chauffoirs coûtait 7 $, une boîte de 2 550 filtres coûtait 7,65 $, une boîte de 1 000 acidifiants coûtait 12 $, une boîte de 100 fioles d’eau coûtait 20 $, une boîte de 200 tampons alcoolisés coûtait 1,40 $ et un millier de garrots coûtaient 141,24 $. Malgré ces prix bien modestes, plusieurs PÉS et organismes de lutte contre le sida n’arrivent pas à acheter ces items. Par exemple, en 2004, la Société canadienne du sida a procédé à une enquête auprès de ses membres, au sujet des trousses de réduction des méfaits (Société canadienne du sida, 2004). Plusieurs de ces organismes ont répondu qu’ils n’étaient pas en position pour acheter et distribuer ces items, qu’ils savaient tout de même essentiels à réduire les méfaits associés à l’injection de drogue Sections connexes portant sur les autres instruments liés à l’injection Dans cette introduction, nous avons présenté un aperçu des études qui n’avaient pas établi de distinction entre les comportements et risques associés à chacun des instruments concernés. Dans les sections 115 suivantes, nous présentons les pratiques exemplaires recommandées pour le matériel lié à l’injection et nous examinons les études qui ont porté sur des comportements et risques associés aux instruments de manière distincte : u u u u u u chauffoirs filtres acidifiants fioles d’eau stérile tampons stériles alcoolisés garrots References Archibald CP, Williamson NJ, Hay K, Rendall S, Siushansian J, Findlater R. 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Son nom vient du fait qu’il permet de chauffer la drogue pour la dissoudre davantage et obtenir un liquide de la consistance désirée. Des cuillères sont souvent utilisées à cette fin, et dans une moindre mesure, des bouchons de bouteille. Il existe des rapports anecdotiques de PÉS qui distribuent des cuillères au lieu de chauffoirs – mais nous sommes d’avis que les cuillères sont plus faciles à réutiliser. À titre de pratique exemplaire, nous recommandons l’utilisation de chauffoirs à usage unique. L’UDI utilise sa seringue pour aspirer de l’eau – souvent à partir d’un contenant partagé – puis la transférer dans un chauffoir pour y mélanger la drogue en poudre. Plusieurs seringues peuvent être placées dans le chauffoir pour aspirer des doses individuelles de solution. Cette pratique est particulièrement courante lorsque la drogue est achetée collectivement puis partagée par un groupe d’utilisateurs. Une seringue usagée peut contenir une quantité de liquide résiduel estimée à 0,01 ml ou plus – qui peut se déverser dans le chauffoir commun au moment de la préparation et du partage de la drogue (Loimer, Werner and Presslich, 1991). Des études internationales ont documenté un taux élevé de réutilisation ou de partage de chauffoir parmi les UDI. Ces derniers tendent à conserver et réutiliser les chauffoirs plus longtemps que les filtres ou l’eau de rinçage; à partager des chauffoirs plus fréquemment que d’autres instruments de préparation de la drogue; et à partager des chauffoirs même lorsqu’une seringue stérile est utilisée pour l’injection. Par conséquent, les chauffoirs pourraient être plus susceptibles d’être contaminés par le VIH ou le VHC que d’autres instruments liés à l’injection. Des études virologiques ont détecté la présence du VIH et du VHC dans des cuillères et des chauffoirs trouvés dans des sites d’injection de drogue, ce qui illustre le potentiel d’infection à VIH et à VHC associé à la réutilisation de chauffoirs. Par ailleurs, des études épidémiologiques ont démontré que le partage de chauffoir est un prédicteur indépendant de la séroconversion au VHC; et documenté une association entre 119 le partage de chauffoir et la prévalence du VIH. La distribution de chauffoirs aux clients est la meilleure façon pour les PÉS de réduire les risques associés à leur réutilisation et à leur partage parmi les UDI. Do n n é e s p r o b a n t e s Le partage de chauffoir est répandu parmi les UDI. Leonard et al. ont examiné le partage de chauffoir parmi 418 hommes et 85 femmes UDI participant au POINT Project, à Ottawa, entre octobre 2002 et janvier 2003. La majorité des hommes (59 %) et des femmes (68 %) s’étaient déjà injecté avec du matériel usagé. La plupart des hommes (82 %) et des femmes (76 %) qui s’étaient injecté avec du matériel usagé dans les six mois précédant leur entrevue initiale avaient utilisé un chauffoir ou une cuillère appartenant à quelqu’un d’autre (Leonard et al., 2005). Needle et al. ont examiné l’acquisition de drogue et le partage d’instruments liés à l’injection parmi 54 “réseaux” d’UDI dans six villes sélectionnées aux États-Unis et à Porto Rico. Ils ont constaté que des chauffoirs étaient partagés dans 84 % des cas (Needle et al., 1998). Similairement, dans une étude examinant le partage d’instruments liés à l’injection parmi 794 UDI recrutés dans les rues de Chicago, Huo et al. ont observé que 65 % des participants partageaient des chauffoirs avec d’autres UDI au moment de leur entrevue initiale. Lors du suivi, la participation des UDI à un PÉS était associée à une diminution du partage de seringue, mais pas du partage de chauffoir. Cela porte à croire qu’en dépit d’efforts de sensibilisation, le risque de partage indirect parmi les UDI est sous-reconnu, ou difficile à prévenir (Huo et al., 2005). Diverses études ont démontré que les UDI partagent des chauffoirs plus fréquemment que d’autres instruments de préparation de la drogue (Gossop et al., 1997; Beardsley et al., 1999; Koester, Booth and Zhang, 1996; Thorpe et al., 2002; Koester, Booth and Wiebel, 1990; Archibald et al., 2001; Scottish Drugs Forum and Glasgow Involvement Group, 2004). Dans leurs observations directes d’épisodes d’injection, Clatts et al. ont constaté que les UDI ont tendance à conserver et à réutiliser les chauffoirs plus longtemps que les filtres ou l’eau de rinçage. Soixante-dix-huit p. cent des chauffoirs examinés présentaient des traces d’usage antérieur, et 90 % étaient conservés pour un usage futur (Clatts, Heimer and Abdala, 1999). Il semble donc que les chauffoirs pourraient être plus susceptibles d’être contaminés par le VIH ou le VHC que d’autres instruments liés à l’injection. Des UDI qui utilisent des seringues stériles pour l’injection pourraient partager un chauffoir lors de la préparation de la drogue. Par exemple, Hunter et al. ont examiné les comportements à risque liés à l’injection parmi 2 062 UDI de la grande région de Londres (Royaume-Uni), de 1990 à 1993. En 1992 et 1993, plus de 50 % des répondants ont déclaré avoir partagé des chauffoirs et/ou des filtres dans les six mois précédant l’entrevue. Plus de 33 % de ceux qui ont déclaré ne pas avoir partagé de seringues pendant cette période avaient toutefois partagé des chauffoirs et des filtres (Hunter et al., 1995). On a également établi une association entre la perception du risque chez l’UDI et le partage de chauffoir. 120 Robles et al. ont constaté que la perception d’un risque élevé de VIH/sida était associée à des comportements à risque liés à l’injection, parmi un groupe de 1 740 UDI de Porto Rico, entre 1989 et 1991. En comparant les comportements au moment de l’entrevue initiale et lors du suivi (six mois plus tard), les chercheurs ont noté que la perception d’une vulnérabilité individuelle élevée au VIH/sida, à l’entrevue initiale, laissait présager une plus grande possibilité de déclaration de partage de chauffoir lors du suivi. Robles a émis l’hypothèse que cela pourrait être dû au fait que les UDI croient ne pas pouvoir faire grand-chose pour renverser les conséquences de leurs comportements à risque (Robles et al., 1995). Les UDI qui ont des antécédents de problèmes de santé mentale semblent plus susceptibles d’utiliser des chauffoirs usagés. Morse et al. ont observé que parmi une cohorte de 2 198 UDI âgés de 18 à 30 ans, dans cinq villes des États-Unis, ceux qui avaient des antécédents d’hospitalisation pour des problèmes de santé mentale (RC = 1,5; 95 % IC : 1,2-1,8) ou qui présentaient une idéation suicidaire (RC = 1,6; 95 % IC : 1,3-1,9) étaient plus susceptibles de déclarer avoir partagé un chauffoir (Morse et al., 2001). La transmission du VIH et le partage de chauffoir Le VIH peut se transmettre d’un UDI à un autre par le partage de chauffoir. Dans une étude de 1996, Shah et al. ont examiné du matériel d’injection usagé dans des piqueries de Miami, en Floride, à la recherche de traces du VIH-1. Des anticorps au VIH-1 ont été détectés dans trois (14 %) des 21 résidus de rinçage de chauffoirs. De l’ADN de gènes gag et enveloppe a été détecté respectivement dans six (46 %) et sept (54 %) des 13 chauffoirs examinés (Shah et al., 1996). Outre cette étude virologique, des recherches épidémiologiques ont aussi documenté un risque accru de VIH lié à l’utilisation d’un chauffoir usagé. Parmi les 355 UDI ayant complété l’entrevue initiale et l’entrevue de suivi (après deux semaines) à titre de participants à l’évaluation du PÉS de Baltimore, entre août 1994 et août 1995, d’importantes différences ont été observées dans les comportements de partage de chauffoir en lien avec la séropositivité au VIH. Les UDI qui avaient obtenu un résultat positif au test du VIH à l’entrevue initiale étaient plus susceptibles de déclarer avoir partagé des chauffoirs (71 %) que ceux qui avaient obtenu un résultat négatif (56 %; Vlahov et al., 1997). La transmission du VHC et le partage de chauffoir Le VHC peut se transmettre d’un UDI à un autre par le partage de chauffoir. Dans une étude de 2000, Crofts et al. ont examiné du matériel d’injection usagé dans dix sites d’injection australiens, à la recherche de traces d’ARN du VHC. Ils ont détecté de l’ARN du VHC dans 25 % (1/4) des cuillères examinées (Crofts et al., 2000). Outre cette étude virologique, des recherches épidémiologiques ont aussi documenté un risque accru de VHC lié au fait d’utiliser un chauffoir en même temps que d’autres personnes, ou après celles-ci. Dans une étude de cohorte auprès de 353 jeunes UDI séronégatifs au VHC, âgés de 18 à 30 ans et recrutés dans la grande région de Chicago (Illinois), Thorpe et al. ont conclu que le partage de chauffoir est un prédicteur statistiquement significatif de séroconversion au VHC. Le fait d’avoir partagé un chauffoir dans les six 121 mois précédant l’entrevue de suivi augmentait de quatre fois le risque de séroconversion au VHC parmi ce groupe de jeunes UDI (risque relatif ajusté RRA = 4,1; 95 % IC : 1,4-11,8). Après ajustement des données sur le partage de seringue, le partage de chauffoir était le plus important prédicteur de séroconversion au VHC, triplant le risque (RRA = 3,5; 95 % IC 1,3-9,9; Thorpe et al., 2002). Similairement, Hagan et al. ont mesuré la séroconversion au VHC parmi une cohorte de 317 UDI actifs de Seattle qui avaient reçu un résultat négatif au test de dépistage des anticorps au VHC lors de leur recrutement. Parmi les 123 UDI qui n’avaient pas partagé de seringue, le partage de chauffoir et de filtre de coton (combiné) augmentait de six fois le risque de séroconversion au VHC (risque relatif ajusté RRA = 5,9; 95 % IC : 1,1-31,7; Hagan et al., 2001). Références Archibald CP, Williamson NJ, Hay K, Rendall S, Siushansian J, Findlater R. Needle sharing behavior among injecting drug users in Regina: An indicator of risk and a guide for prevention. Canadian Journal of Infectious Diseases, 2001; 12(SupplB): 348P. Beardsley M, Deren S, Tortu S, Goldstein MF, Ziek K, Hamid R. 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Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes & Human Retrovirology, 1997; 16(5): 400-406. 123 Distribution de filtres Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes ainsi que la thrombose veineuse profonde (TVP) associées à la réutilisation de filtres : u Distribuer des filtres à pores de 0,22 µm, selon les quantités demandées par les clients et sans limite maximale u Offrir un filtre 0,22 µm avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques de VIH et de VHC associés au partage de filtre et à la préparation d’un produit dilué (washes)10 en utilisant un filtre usagé u Éduquer les clients au sujet du risque de contamination bactérienne lié à l’utilisation d’un filtre usagé ou d’un filtre de cigarette u Éduquer les clients au sujet du risque de TVP associé à la non-utilisation d’un nouveau filtre à petits pores pour chaque injection u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel des filtres u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des filtres usagés Introduction Avant l’injection, la drogue sous forme de poudre, de solide ou de comprimé doit être mélangée avec de l’eau pour former une solution injectable. Une seringue est insérée dans le contenant, pour aspirer la solution. Le filtre est placé au bout de l’aiguille pour empêcher toute particule de drogue non dissoute, d’autres débris et/ou bactéries de pénétrer dans la seringue puis les veines. Un morceau de coton ou un coton ouate est souvent utilisé comme filtre. Des rapports anecdotiques révèlent également que certains UDI utilisent des tampons hygiéniques, du papier à cigarette ou des cotons-tiges. Des filtres de cigarette sont aussi régulièrement utilisés. Ces filtres peuvent empêcher les grosses particules de pénétrer dans la seringue, mais ils ne sont pas toujours propres et ne préviennent pas l’intrusion de petits organismes comme les bactéries. Des études internationales ont documenté des taux élevés de réutilisation ou de partage de filtre, parmi les UDI, ainsi que d’injection de produits dilués préparés au moyen de filtres préalablement utilisés par d’autres UDI dont l’état sérologique au VIH et au VHC pourrait être inconnu. La distribution de filtres à petits pores et à haute efficacité est la meilleure façon pour les PÉS de : u Réduire les risques associés au partage de filtre parmi les UDI u Aider les clients à réduire leur usage de filtres inefficaces à plus gros pores, comme les filtres de cigarette, qui sont associés au développement de bactéries responsables de la formation d’abcès u Aider les clients à prévenir l’entrée de particules étrangères dans leur corps par l’utilisation de filtres inefficaces comme les filtres de cigarette – un facteur de risque pour la TVP u Prévenir le partage de produits dilués préparés en utilisant des filtres usagés 10 124 Solution produite en ajoutant de l’eau aux résidus de drogue dans une seringue, un filtre ou un chauffoir usagé. Co n s i d é r a t i o n s Les UDI sont souvent aux prises avec une affection appelée ”cotton fever“ [“fièvre du coton”], dont la cause, encore indéterminée, a été associée à l’injection de drogue et à l’utilisation de filtres de coton (Harrison and Walls, 1990). Il est connu que le coton provoque une réaction inflammatoire et pyrogène entraînant des symptômes comme des maux de tête, des frissonnements et des tremblements, la dyspnée, des palpitations, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales et d’autres symptômes de fièvre qui peuvent même ressembler à la sepsie (Harrison and Walls, 1990). Des études animales confirment aussi l’effet inflammatoire et pyrogène du coton ouate (Bogdan, Cristea and Coman, 1981). Shragg a examiné deux consommateurs d’héroïne qui présentaient des symptômes fébriles après avoir fait bouillir un filtre de coton usagé pour en extraire les résidus de drogue et se les injecter. Aucune autre cause de fièvre n’a pu être identifiée, si ce n’est le filtre lui-même (Shragg, 1978). Ferguson et al. ont signalé un cas de “cotton fever” chez un UDI qui avait utilisé du coton pour filtrer de l’héroïne; ils ont conclu que l’organisme bactérien Enterobacter agglomerans serait l’agent causal le plus probable (Ferguson, Feeney and Chirurgi, 1993). On craint toutefois que les UDI qui présentent ces symptômes puissent être atteints d’une maladie plus grave comme la pneumonie, l’endocardite ou l’hépatite; il est donc recommandé d’hospitaliser les UDI fébriles, par mesure de précaution – ce qui entraîne un important fardeau pour le système de soins de santé (Harrison and Walls, 1990). Do n n é e s p r o b a n t e s L e p a r t a g e d e f i l t r e p a r m i l e s UD I Les UDI partagent fréquemment des filtres. Par exemple, dans une étude ethnographique examinant l’acquisition de drogue et le partage d’instruments liés à l’injection parmi 54 « réseaux » d’UDI dans six villes sélectionnées aux États-Unis et à Porto Rico, Needle et al. (1993) ont constaté que des filtres étaient partagés dans 77 % des cas. De plus, lorsque les drogues étaient achetées par un groupe à risque élevé, les filtres de coton étaient toujours partagés (Needle et al., 1998). Similairement, Hunter et al. ont examiné les comportements à risque liés à l’injection parmi 2 062 UDI du Grand Londres (Royaume-Uni), de 1990 à 1993. En 1992 et 1993, plus de 50 % des répondants ont déclaré avoir partagé des chauffoirs et/ou des filtres dans les six mois précédant l’entrevue. Plus de 33 % de ceux qui ont déclaré ne pas avoir partagé de seringue pendant cette période avaient toutefois partagé des filtres et des cuillères (Hunter et al., 1995). Le partage de filtre parmi les UDI canadiens est largement documenté. Leonard et al. ont examiné le partage de filtre ou de coton parmi 418 hommes et 85 femmes UDI participant au POINT Project, à Ottawa, entre octobre 2002 et janvier 2003. La majorité des hommes (59 %) et des femmes (68 %) s’étaient déjà injecté avec du matériel usagé. Parmi ce groupe, la plupart des hommes (82 %) et des femmes (76 %) qui s’étaient injecté avec du matériel usagé au cours des six mois précédant leur entrevue initiale avaient utilisé le filtre ou le coton d’une autre personne (Leonard et al., 2005). Archibald et al. ont examiné les comportements de partage de matériel d’injection parmi 1 430 UDI à Regina. L’emprunt de coton se produisait dans 65 % des cas – une proportion surpassée uniquement par les chauffoirs (86 %) et les aiguilles/seringues (69 %; Archibald et al., 2001). 125 Les UDI qui ont des antécédents de problèmes de santé mentale semblent plus susceptibles d’utiliser des filtres de coton usagés. Par exemple, Morse et al. ont observé que parmi une cohorte de 2 198 UDI âgés de 18 à 30 ans, dans cinq villes des États-Unis, ceux qui avaient des antécédents d’hospitalisation pour des problèmes de santé mentale (RC = 1,38; 95 % IC : 1,12-1,68) ou qui présentaient une idéation suicidaire (RC = 1,62; 95 % IC : 1,36-1,94) étaient plus susceptibles de signaler le partage de filtre de coton (Morse et al., 2001). Les filtres, particulièrement ceux de cigarette, peuvent absorber une partie de la solution à injecter. Ces filtres imbibés de solution sont souvent donnés à d’autres UDI, qui peuvent les collecter auprès de nombreux pairs. Ils font tremper ces filtres dans l’eau puis s’injectent le produit dilué qui en résulte. Cette pratique a été observée par Bourgois et Pearson dans une étude observatoire sur les comportements à risque pour le VIH, en lien avec l’injection de drogue, parmi un réseau de 46 consommateurs d’héroïne à San Francisco. Parmi ce groupe, les individus au bas de l’échelle hiérarchique recherchaient des “cotton shots” – ce qui fait référence à l’utilisation d’un filtre de coton ayant déjà servi à une injection (et contenant du sang et des résidus d’héroïne), pour préparer une solution injectable (Bourgois and Pearson, 1998). Il existe un potentiel de transmission du VHC et du VIH par l’injection de produits dilués préparés à partir de filtres préalablement Prévention des infections bactériennes Des examens microbiologiques du matériel d’injection de consommateurs d’héroïne ont détecté des bactéries dans des seringues – notamment des variétés des bactéries Streptococcus et Staphylococcus, responsables de la formation d’abcès (Caflisch, Wang and Zbinden, 1999). Dans une étude menée en 1997, Caflisch et al. ont étudié les croissances bactériennes dans des seringues stériles ayant servi à des injections avec trois types de filtres. Une contamination bactérienne a été détectée dans 23 des 24 seringues utilisées avec un filtre de cigarette; dans 20 des 24 seringues utilisées avec un filtre à pores de 20 μm; et dans seulement 6 des 24 seringues utilisées avec un filtre à pores de 0,22 μm. Les auteurs ont conclu qu’un filtre à pores de 0,22 μm est significativement plus efficace à prévenir la contamination bactérienne des seringues que le filtre de cigarette (risque relatif (RR) = 18,0) et le filtre à pores de 20 μm (RR = 4,5; Caflisch, Wang and Zbinden, 1999). P r é ve n t i o n d e l ’e n t r é e d e p a r t i cu l es d a n s l e co r ps L’entrée de particules étrangères dans le corps, par l’injection de drogue, peut entraîner une thrombose veineuse profonde (TVP). Dans une étude de 2001 examinant les causes de la maladie thromboembolique veineuse chez 322 femmes de 16 à 70 ans ayant reçu des soins hospitaliers pour une thrombose veineuse à Glasgow, McColl et al. ont observé que l’injection de drogue était un facteur de risque courant de TVP. Elle était associée à 21 % des cas de TVP parmi le groupe étudié. Chez les femmes de moins de 40 ans, le risque de TVP associé à l’injection de drogue était encore plus élevé. Parmi ce groupe de femmes plus jeunes, l’injection de drogue était associée à 52 % des cas de TVP, ce qui a mené les auteurs à la conclusion que cela pourrait être le plus important facteur de risque de TVP dans la région (McColl et al., 2001). 126 La transmission du VIH et le partage de filtre Le VIH peut se transmettre d’un UDI à un autre par le partage de filtre. Dans une étude de 1996, Shah et al. ont examiné du matériel d’injection usagé dans des piqueries de Miami, en Floride, à la recherche de traces du VIH-1. Des anticorps au VIH-1 ont été détectés dans trois (18 %) des 17 rinçages de filtres (coton). De l’ADN de gènes gag et enveloppe a été détecté dans respectivement trois (27 %) et quatre (36 %) des 11 filtres examinés (Shah et al., 1996). Outre cette étude virologique, des recherches épidémiologiques ont aussi documenté un risque accru de VIH lié à l’utilisation de filtres usagés. Parmi les 355 UDI ayant complété l’entrevue initiale et l’entrevue de suivi (après deux semaines) à titre de participants à l’évaluation du PÉS de Baltimore, entre août 1994 et août 1995, d’importantes différences ont été observées dans les comportements de partage de chauffoir en lien avec la séropositivité au VIH. Les UDI qui avaient obtenu un résultat positif au test du VIH à l’entrevue initiale étaient plus susceptibles de déclarer avoir partagé des filtres (52 %) que ceux qui avaient obtenu un résultat négatif (43 %; Vlahov et al., 1997). La transmission du VHC et le partage de filtre Le VHC peut se transmettre d’un UDI à un autre par le partage de filtre. Dans une étude de 2000, Crofts et al. ont examiné du matériel d’injection usagé dans dix sites d’injection australiens, à la recherche de traces d’ARN du VHC. Ils ont détecté de l’ARN du VHC dans 40 % (2/5) des filtres examinés (Crofts et al., 2000). Outre cette étude virologique, des recherches épidémiologiques ont aussi documenté un risque accru de VHC lié au partage de filtre. Dans une étude menée de mars 1999 à juillet 2000, Lucidarme et al. ont examiné les facteurs associés à la séroconversion au VHC parmi 165 UDI séronégatifs au VHC fréquentant des centres de soins dans le Nord et l’Est de la France. L’injection de drogue en utilisant un filtre (coton) usagé s’est avérée un prédicteur indépendant significatif de la séroconversion au VHC. Elle augmentait de plus de 16 fois le risque d’infection par le VHC (risque relatif ajusté (RRA) = 16,4; 95 % IC : 1,4-190,6; Lucidarme et al., 2004). Le partage de filtre de coton était aussi un prédicteur indépendant significatif de la séroconversion au VHC dans une étude états-unienne antérieure de Thorpe et al., réalisée de 1997 à 1999 auprès de 353 UDI séronégatifs au VHC, âgés de 18 à 30 ans et recrutés dans la grande région de Chicago (Illinois). Le fait d’avoir partagé un filtre de coton dans les six mois précédant l’entrevue de suivi doublait le risque de séroconversion au VHC parmi ce groupe (risque relatif ajusté RRA = 2,4; 95 % IC : 1,1-5,0; Thorpe et al., 2002). Similairement, Hagan et al. ont mesuré la séroconversion au VHC parmi une cohorte de 317 UDI actifs de Seattle qui avaient reçu un résultat négatif au test de dépistage des anticorps au VHC lors de leur recrutement. Parmi les 123 UDI qui n’avaient pas partagé de seringue, le partage de chauffoir et de filtre de coton (combiné) augmentait de six fois le risque de séroconversion au VHC (RRA =5,9; 95 % IC : 1,1-31,7; Hagan et al., 2001). 127 La transmission du VIH par le partage de produit dilué extrait de filtres usagés Après usage, le filtre reste imprégné d’un résidu de la solution injectée. À l’aide de plusieurs filtres usagés et d’eau, il est possible de préparer un produit dilué qui pourra être injecté. Power et al. ont noté qu’il est pratique courante parmi les UDI de laisser des filtres usagés en gage de reconnaissance à la personne qui les a hébergées lors d’épisodes d’injection (Power et al., 1994). Un filtre à pores de 0,22 μm n’absorbe environ qu’une goutte de liquide (≤ 50 μL). Par conséquent, l’utilisation de ce type de filtre pourrait réduire le partage de filtre et de produit dilué (Caflisch, Wang and Zbinden, 1999). 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Reductions in high-risk drug use behaviours among participants in the Baltimore needle exchange program. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes, 1997; 16(5): 400-406. 129 Distribution d’acidifiants Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour réduire la transmission du VIH et du VHC ainsi que les risques d’infection bactérienne ou fongique associés à l’utilisation de jus de citron et de vinaigre comme acidifiants : u Distribuer des sachets hermétiques, imperméables et à usage unique de 100 mg d’acide citrique ou de 300 mg d’acide ascorbique, selon les quantités demandées par les clients et sans limite maximale u Offrir un sachet à usage unique avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques potentiels de VIH et de VHC associés au partage d’acidifiant u Éduquer les clients au sujet du risque d’infection fongique lié à l’utilisation de jus de citron, de vinaigre et d’autres acides (comme l’acide acétique) contaminés par des spores u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel des acidifiants u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des acidifiants usagés Introduction Pour s’injecter une drogue insoluble comme l’héroïne brune ou le crack, on doit d’abord la rendre soluble à l’eau en y ajoutant de l’acide, ce qui produira un sel. Les acidifiants d’usage répandu incluent l’acide ascorbique, citrique et acétique. Des études internationales ont documenté des taux élevés d’utilisation et de partage d’acidifiant parmi les UDI – un facteur de risque pour la transmission du VIH et du VHC. Des acidifiants relativement sûrs, comme l’acide ascorbique, citrique ou acétique sans impuretés, ne sont pas toujours à portée de la main; les UDI peuvent utiliser des acides plus répandus et accessibles comme du jus de citron, du vinaigre ou des produits pour éliminer les dépôts calcaires dans les bouilloires. Toutefois, ces liquides sont généralement propices au développement de champignons et de bactéries – qui peuvent causer une inflammation au cœur (endocardite), ou une infection des yeux (endophtalmie à candida) pouvant entraîner la cécité. La distribution de sachets d’acide citrique ou ascorbique à usage unique est la meilleure façon pour les PÉS de réduire le risque d’infection par le VIH et le VHC associé au partage d’acidifiant et de prévenir les infections bactériennes et fongiques liées à l’utilisation de jus de citron ou de vinaigre contaminé par des spores. Co n s i d é r a t i o n s L’acide ascorbique (aussi appelé vitamine C) est souvent recommandé par les professionnels de la réduction des méfaits car il est moins caustique que l’acide citrique, moins irritant pour les veines et doté d’une grande marge de sécurité qui laisse place à l’ “erreur“ (un petit surplus d’acide ascorbique est peu susceptible de causer des dommages aux veines). Des données d’hôpitaux ont documenté un lien entre l’infusion abondante de vitamine C et la formation de calculs rénaux, ce qui soulève des préoccupations pour les utilisateurs d’acide ascorbique. Toutefois, cela n’est habituellement pas problématique car la quantité de produit utilisée à chaque injection est relativement faible (Anonymous, 2005; Garden et al., 130 2004). Des rapports anecdotiques sur l’utilisation de préparations commerciales de vitamine C en comprimé ont signalé des risques accrus liés à l’injection d’aromatisants, de diluants et de colorants (Anonymous, 2005). L’acide citrique est souvent l’acidifiant de prédilection des UDI, en dépit d’une marge de sécurité plus mince (vu sa capacité de dissoudre rapidement la drogue). L’acide citrique est largement accessible sous forme pure (i.e., autre qu’en comprimé) et en concentration constante, ce qui le rend relativement facile d’utilisation (Garden et al., 2004; Anonymous, 2005). Les UDI ne s’inquiètent habituellement pas de la surutilisation accidentelle d’acide citrique (qu’ils choisissent souvent au lieu de l’acide ascorbique) : ils apprennent avec le temps quelle quantité suffit à dissoudre la drogue tout en évitant la sensation de brûlure. Les UDI doivent savoir que, étant donné l’acidité plus faible de la vitamine C, elle est fournie en sachets trois fois plus gros que l’acide citrique. Par conséquent, tout individu qui délaisse la vitamine C pour l’acide citrique doit être conscient de la différence de concentration et réduire ses quantités d’acidifiant, afin d’éviter la douleur et les dommages aux veines. Do n n é e s p r o b a n t e s L’usage d’acidifiant, dans la préparation de drogue à injecter, est courant. Par exemple, Garden et al. ont évalué la provision de sachets d’acide citrique à usage unique parmi un groupe de 360 UDI (280 hommes et 80 femmes de 17 à 52 ans) à Glasgow, Écosse; 94 % des participants ont déclaré utiliser un acidifiant pour dissoudre leur drogue avant de se l’injecter, et tous les participants avaient déjà utilisé des sachets d’acide citrique à usage unique à un moment donné. Les deux tiers du groupe avaient essayé le jus de citron comme acidifiant, et 44 % avaient essayé le vinaigre. Les hommes UDI étaient significativement plus susceptibles que les femmes d’utiliser du jus de citron et du vinaigre (p = 0,05) – tout comme les UDI qui s’injectaient plus fréquemment (p = 0,05) et depuis plus longtemps (p = 0,001) (Garden et al., 2004). Le partage d’acidifiant semble répandu. Par exemple, en 2004, le Scottish Drugs Forum (SDF) et le Glasgow Involvement Group (GIG) ont mené une enquête auprès de 76 UDI de Glasgow, pour obtenir du feed-back sur les services actuels d’échange de seringues. Quatre-vingt-onze p. cent des répondants partageaient le plus souvent des cuillères et des acidifiants (combinés) – ce qui entraîne un risque de transmission du VIH ou du VHC par partage indirect. Les auteurs ont aussi noté que 41 % des répondants avaient inclus les acidifiants parmi leurs cinq demandes de matériel les plus prioritaires (Scottish Drugs Forum and Glasgow Involvement Group, 2004). Tout acide injecté dans le système sanguin peut causer une irritation des vaisseaux et des dommages locaux aux veines. Il est donc important d’utiliser le moins possible d’acide pour dissoudre la drogue, afin d’éviter les dommages vasculaires (Anonymous, 2005; Scott et al., 2000). Pour cette raison et pour d’autres motifs d’hygiène expliqués ci-après, l’acide citrique et l’acide ascorbique sont parfois emballés en sachets hermétiques, imperméables et à usage unique de 100 mg et 300 mg respectivement, et distribués aux UDI par le biais de PÉS et de pharmacies (Anonymous, 2005). 131 Infections bactériennes et fongiques Le jus de citron, le vinaigre et les acides liquides en général sont propices au développement de certains champignons et bactéries (Anonymous, 2005; Gallo et al., 1985). Ces organismes peuvent causer une inflammation au cœur (endocardite) ou une infection des yeux (endophtalmie à candida) pouvant entraîner la cécité (Gallo et al., 1985; Garden et al., 2004; Anonymous, 2005). Le botulisme est un autre problème lié à l’utilisation d’acide contaminé (Anonymous, 2005). Shankland et Richardson ont examiné l’épidémiologie d’une vague d’endophtalmie à candida parmi des consommateurs d’héroïne au Royaume-Uni. Des isolats de l’organisme Candida albicans ont été détectés dans le jus de citron utilisé par les individus affectés. Similairement, dans une étude susmentionnée, Garden et al. ont constaté que 38 % des UDI qui utilisaient des acidifiants avaient déjà éprouvé un problème aux yeux; et que ceux qui s’injectaient plus fréquemment étaient significativement plus susceptibles d’avoir des problèmes aux yeux (p < 0,001; Garden et al., 2004). McGuigan et al. ont examiné la présence du Clostridium novyi de type A et d’autres organismes sporulés parmi un groupe de 60 UDI écossais, au cours d’une épidémie entre avril et août 2000. Le Clostridium novyi est une souche bactérienne qui peut causer la fasciite nécrosante (« bactérie mangeuse de chair »), une affection potentiellement mortelle (Anonymous, 2005). Dans cette étude, 31 cas touchaient des femmes, dont la majorité avaient consommé de l’héroïne et de l’acide citrique par injection extravasculaire. Les symptômes prédominants incluaient une infection des tissus mous, la fasciite nécrosante et de multiples défaillances d’organes ayant entraîné la mort. Vingt-trois UDI sont décédés, probablement à cause d’un organisme générateur de toxines. Les auteurs ont émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’une infection opportuniste due à l’injection extravasculaire d’héroïne et d’acide citrique contenant des spores du C. novyi de type A. La solution acide a endommagé les tissus mous et la toxine a provoqué une inflammation localisée aiguë (McGuigan, 2002). Le partage d’acidifiant et la transmission du VIH et du VHC Le VHC et le VIH peuvent se transmettre d’un UDI à un autre par le partage de matériel d’injection contaminé (Thorpe et al., 2002; Thorpe et al., 2000; Hagan et al., 2001; Shah et al., 1996; Vlahov et al., 1997). Par conséquent, une source d’acidifiant utilisée par de multiples UDI pourrait être considéree comme un potentiel réservoir à organismes infectieux. Si un UDI vivant avec le VIH ou le VHC trempait sa seringue usagée dans une source commune d’acidifiant, les membres non infectés du groupe d’injection seraient alors exposés au pathogène hématogène en aspirant du liquide contaminé. Comme nous l’avons déjà souligné, 91 % des participants à l’étude du Scottish Drugs Forum et du Glasgow Involvement Group ont déclaré faire le partage de cuillères et d’acidifiants (Scottish Drugs Forum and Glasgow Involvement Group, 2004). Les sachets de 100 mg et de 300 mg distribués par certains PÉS et pharmacies sont conçus pour fournir aux UDI suffisamment d’acide pour une injection, ce qui réduit le risque d’infection par le VIH et le VHC en décourageant l’utilisation d’une source d’acidifiant par plusieurs personnes (Anonymous, 2005). Les sachets à usage unique contribuent également à favoriser la fréquentation de pharmacies et de PÉS, permettant un contact fréquent entre les UDI et les intervenants. 132 Références Anonymous. Citric acid sachets. 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Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes & Human Retrovirology, 1997; 16(5): 400-406. 133 Distribution de fioles d’eau stérile Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes par le partage d’eau de mélange et de rinçage, ainsi que les infections bactériennes causées par l’utilisation d’eau et d’autres liquides non stériles : u Distribuer des fioles à usage unique de 2 ml d’eau stérile, selon les quantités demandées par les clients et sans limite maximale u Offrir une fiole à usage unique de 2 ml d’eau stérile avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques de VIH et de VHC associés au partage d’eau de mélange et de rinçage u Éduquer les clients au sujet des risques associés à l’utilisation d’eau non stérile (eau courante ou embouteillée, eau de pluie, flaque d’eau, eau contenant de l’urine) et de liquides comme la salive et l’urine u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel de l’eau de mélange et de rinçage u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate de l’eau de mélange et de rinçage Introduction Avant l’injection, la drogue sous forme de poudre, de solide ou de comprimé doit être mélangée avec de l’eau pour former une solution injectable. L’eau d’un contenant est aspirée dans une seringue, puis tranférée dans un autre contenant – habituellement une cuillère ou un chauffoir – où elle est mélangée avec la drogue. Entre chaque injection, certains UDI nettoient leur seringue en la rinçant avec de l’eau pour enlever toute trace de sang d’une injection précédente et prévenir ainsi les caillots sanguins ou les problèmes vasculaires. D’autres instruments liés à l’injection, comme les chauffoirs sont aussi rincés après usage. Il pourrait donc arriver que plusieurs UDI placent leurs seringues dans le même contenant de mélange ou de rinçage. Des études ont démontré que l’eau utilisée pour rincer du matériel d’injection (i.e., seringues, chauffoirs et filtres) et pour transformer la drogue en solution injectable peut poser des risques pour la santé des UDI (p. ex., infection à VIH, à VHC, infection bactérienne). Pourtant, les risques de santé publique associés à la réutilisation ou au partage d’eau sont souvent omis. Ces risques sont liés à l’utilisation par plus d’une personne d’un contenant et/ou d’eau non traitée (p. ex., eau de pluie) pour la préparation du matériel d’injection (p. ex., aiguille, seringue, cuillère/chauffoir et filtre) et/ou la transformation d’une drogue en liquide injectable. Lorsqu’un contenant d’eau est partagé ou utilisé par plus d’une personne, il est possible qu’une petite quantité de sang d’un utilisateur préalable soit présente dans l’eau et entraîne un risque d’infection par le VIH, le VHC ou une bactérie. De plus, l’eau non stérile ou partagée peut être contaminée par des bactéries et causer d’autres problèmes de santé comme des abcès ou d’autres infections (p. ex., endocardite). Ces infections peuvent avoir de graves conséquences, voire être mortelles. 134 La distribution de fioles d’eau stérile à usage unique est la meilleure façon d’éliminer le risque de VIH et de VHC associé au partage d’eau de mélange et de rinçage, et de prévenir les infections bactériennes causées par l’utilisation d’eau non stérile. Une fiole contient suffisamment d’eau stérile pour dissoudre la drogue et préparer une solution injectable. Les fioles d’eau stérile ne sont efficaces que si elles sont fournies en quantité suffisante pour que chaque injection soit préparée avec de l’eau stérile. Co n s i d é r a t i o n s Il n’existe aucune donnée sur le lien potentiel entre le volume de la fiole et le partage d’eau. Toutefois, des intervenants de première ligne ont souligné qu’une fiole de 10 ml pourrait être partagée. La distribution de fioles plus petites, par exemple de 2 ml, est donc recommandée. Les fioles d’eau comportent un avantage par rapport aux bouteilles d’eau : une fois ouvertes, elles ne peuvent être refermées, ce qui élimine toute possibilité de contamination et de réutilisation. Au Canada, des fioles de 2 ml d’eau stérile pour distribution aux PÉS canadiens devraient être fabriquées de janvier à juin 2006. Ce nouveau produit respectera l’ensemble des exigences réglementaires et des normes d’assurance-qualité de Santé Canada et possédera un numéro d’identification de médicament (DIN) (Paul Lavigne, entretien personnel, décembre 2005). Pour prévenir les risques associés à la réutilisation de l’eau, les UDI peuvent acheter de l’eau stérile dans une pharmacie locale ou s’en préparer eux-mêmes en faisant bouillir de l’eau courante pendant au moins 10 minutes puis en l’entreposant dans des contenants stériles et scellés (Sorge and Kershnar, 1998). Toutefois, certains UDI n’ont pas les moyens d’acheter de l’eau stérile, ou n’ont pas accès à un four pour la préparer eux-mêmes; ils se tournent donc vers des sources d’eau non stérile comme l’eau courante ou embouteillée, l’eau de pluie, les flaques d’eau ou l’eau contenant de l’urine. L’eau non stérile peut être contaminée par des bactéries pouvant causer des problèmes de santé comme des abcès et des infections (p. ex., endocardite). Do n n é e s p r o b a n t e s Le p a r ta g e d ’ea u d e m é l a n g e et d e r i n ç a g e Le partage d’eau de mélange et de rinçage est pratique courante parmi les UDI ontariens. Le POINT Project de Leonard et coll. a examiné, d’octobre 2002 à janvier 2003, les comportements à risques liés à l’injection de drogue parmi 418 hommes et 85 femmes UDI, à Ottawa. Dix-sept p. cent des participants ont déclaré avoir utilisé de l’eau d’un contenant où un autre UDI avait placé sa seringue usagée, au cours des six mois précédant l’entrevue initiale; et les femmes UDI étaient significativement plus susceptibles que les hommes d’avoir partagé de l’eau de rinçage avec une autre personne (p < 0,001). Le partage d’eau persiste même parmi les UDI qui ne partagent pas de seringue. Des 402 participants qui ne s’étaient pas injecté avec une seringue usagée pendant les six mois précédant l’entrevue initiale, 15 % ont déclaré avoir utilisé de l’eau d’un contenant où une autre personne avait placé une seringue usagée, au cours de la même période, et 9 % ont déclaré l’avoir fait dans le mois précédant l’entrevue initiale (Leonard et al., 2005). 135 Dans d’autres études, près de la moitié des participants partageaient de l’eau de rinçage (Thorpe et al., 2001; Huo et al., 2005; Hunter et al., 2005). Koester et al. ont examiné la transmission du VIH par le partage de matériel d’injection parmi 280 UDI actifs dans trois quartiers d’ethnicité distincte, à Denver (Colorado). Des 75 % de participants qui avaient partagé de l’eau de rinçage, 47% ont déclaré le faire au moins la moitié du temps (Koester, Booth and Wiebel, 1990). Similairement, Wang et al. ont analysé les résultats de deux études de 1997 auprès de consommateurs d’opiacés à Zurich, en Suisse. Cinquante p. cent des UDI avaient utilisé de l’eau d’un contenant commun; et les UDI mesuraient l’eau à l’aide de seringues qui étaient usagées dans 83 % des cas (Wang et al., 1998). Dans une étude ethnographique examinant l’acquisition de drogue et le partage d’instruments liés à l’injection parmi 54 « réseaux » d’UDI dans six villes sélectionnées aux États-Unis et à Porto Rico, Needle et al. (1993) ont constaté que l’eau de rinçage était partagée dans 77 % des cas. Par ailleurs, cette pratique était plus fréquente parmi les groupes à moindre risque. Un « réseau à moindre risque » était défini comme une association qui impliquait au moins un individu utilisant du matériel d’injection usagé, mais où les solutions de drogue et les seringues n’étaient pas partagées au sein du groupe. Lorsque la drogue était achetée par un groupe à moindre risque, l’eau de rinçage était partagée cinq fois sur six (Needle et al., 1998). Les UDI qui ont des antécédents de problèmes de santé mentale semblent plus susceptibles de partager de l’eau de rinçage. Par exemple, en examinant la relation entre les antécédents de problèmes de santé mentale et les comportements à risque pour le VIH et le VHC parmi une cohorte de 2 198 UDI âgés de 18 à 30 ans, dans cinq villes des États-Unis, Morse et al. ont constaté que ceux qui avaient des antécédents d’hospitalisation pour des problèmes de santé mentale (RC = 1,48; 95 % IC : 1,21-1,81) ou qui présentaient une idéation suicidaire (RC = 1,72; 95 % IC : 1,44-2,05) étaient plus susceptibles de déclarer avoir partagé de l’eau de rinçage (Morse et al., 2001). Ces pratiques sont préoccupantes : une source d’eau commune peut être contaminée si un individu vivant avec le VIH ou le VHC y trempe sa seringue usagée – ce qui pourrait exposer les autres membres du groupe à l’infection. L’ u t i l i s a t i o n d ’e a u s t é r i l e Des UDI ont manifesté de l’intérêt à utiliser de l’eau stérile fournie par leur PÉS local. Parmi les participants au POINT Project d’Ottawa, 338 UDI (67 %) avaient eu recours au PÉS d’Ottawa dans les six mois précédant leur entrevue initiale et 79 % d’entre eux s’étaient procuré de l’eau stérile pendant cette même période (Leonard et al., 2005). Le Scottish Drugs Forum et le Glasgow Involvement Group ont mené une enquête auprès de 76 UDI de Glasgow, en 2004, pour obtenir du feed-back sur les services actuels d’échange de seringues. Les auteurs ont noté que 26 % des répondants avaient inclus l’eau stérile parmi leurs cinq demandes de matériel les plus prioritaires (Scottish Drugs Forum and Glasgow Involvement Group, 2004). L’ u t i l i s a t i o n d e l i q u i d e s n o n s t é r i l e s e t l ’ i n f e c t i o n b a c t é r i e n n e L’utilisation de liquides non stériles comme l’urine ou la salive, l’eau courante ou embouteillée, l’eau de pluie, les flaques d’eau ou l’eau contenant de l’urine peut exposer les UDI à des bactéries et à d’autres organismes causant des infections et d’autres maladies. Le Pseudomonas aeruginosa est un organisme qui vit dans des sources d’eau non stérile comme les réservoirs de toilette; il est à l’origine de 10 % des 136 180 cas d’arthrite septique sternoclaviculaire examinés par Ross et Shamsuddin. Les auteurs ont conclu que l’injection de drogue était le principal facteur de risque pour cette affection (Ross and Shamsuddin, 2004). D’autres études ont révélé une prévalence relativement élevée de flore bactérienne orale dans les abcès de tissus mous liés à l’injection de drogue, résultant de l’utilisation de salive pour préparer une solution injectable (Calder and Severyn, 2003; Henriksen et al., 1994; Gonzalez et al., 1993; Murphy et al., 2001). Par exemple, Gonzalez et al. ont procédé à une étude rétrospective sur quatre ans auprès de 59 UDI ayant des abcès liés à l’injection de drogue, et constaté que la plupart des organismes en développement étaient des flores orales ou cutanées (Gonzalez et al., 1993). La transmission du VHC Même une petite quantité de sang dans l’eau de rinçage peut suffire à contracter le VHC (Anonymous, 2005). Dans une étude de 2000, Crofts et al. ont examiné du matériel d’injection usagé dans dix sites d’injection australiens, à la recherche de traces d’ARN du VHC. Ils ont détecté de l’ARN du VHC dans 33 % (1/3) des échantillons d’eau testés (Crofts, Aitken and Kaldor, 1999). Outre cette étude virologique, des recherches épidémiologiques ont aussi documenté un risque accru de VHC lié à l’injection de drogue par l’utilisation d’eau usagée. Des études de cohorte ont documenté un risque élevé de séroconversion au VHC attribuable au partage d’eau de rinçage. Hagan et al. ont mesuré la séroconversion au VHC parmi une cohorte de 317 UDI actifs de Seattle qui avaient reçu un résultat négatif au test de dépistage des anticorps au VHC lors de leur recrutement. Le risque de séroconversion au VHC était élevé – quoique non significatif – parmi les UDI qui partageaient de l’eau de rinçage (Hagan et al., 2001). Similairement, Thorpe et al. ont mesuré l’incidence du VHC parmi une cohorte de 700 UDI âgés de 18 à 30 ans, à Chicago, de 1997 à 1999. Le fait de partager de l’eau de rinçage doublait le risque de séroconversion au VHC. Le risque relatif ajusté (RRA) de séroconversion au VHC était plus important pour le partage de chauffoir (RRA = 3,48; 95 % IC : 1,43-8,48), suivi immédiatement du partage d’eau de rinçage (RRA = 2,21; 95 % IC : 1,06-4,63; Thorpe et al., 2000). La transmission du VIH L’eau de mélange et de rinçage peut aussi être contaminée par le VIH si un individu séropositif y a trempé sa seringue usagée. Ce risque a été évalué en 1996 par Shah et al. Les auteurs ont examiné du matériel d’injection usagé dans des piqueries de Miami, en Floride, à la recherche de traces du VIH-1. Des anticorps au VIH-1 ont été détectés dans un (6 %) des 17 échantillons d’eau de rinçage. De l’ADN de gènes gag et enveloppe a été détecté dans respectivement 38 % (5/13) et 67 % (10/15) des échantillons d’eau de rinçage examinés (Shah et al., 1996). 137 Références Anonymous. Information: FactSheets. Drug use and HIV. California: AIDS.org. 2005; Accessed August 2005 from: www.aids.org/factSheets/154-Drug-Use-and-HIV.html/ Calder KK, Severyn FA. Surgical emergencies in the intravenous drug user. Emergency Medicine Clinics of North America 2003; 21(4): 1089-1116. Crofts N, Aitken CK, Kaldor JM. The force of numbers: Why hepatitis C is spreading among Australian injection drug users while HIV is not. The Medical Journal of Australia 1999; 170(5): 220-221. Gonzalez MH, Garst J, Nourbash P, Pulvirenti J, Hall RF. Abscesses of the upper extremity from drug abuse by injection. Journal of Hand Surgery 1993; 18(5): 868-870. Hagan H, Thiede H, Weiss NS, Hopkins SG, Duchin JS, Alexander ER. Sharing of drug preparation equipment a risk factor for hepatitis C. American Journal of Public Health 2001; 91(1): 42-46. Henriksen BM, Albrektsen SB, Simper LB, Gutschik E. Soft tissue infections from drug abuse: a clinical and microbiological review of 145 cases. Acta orthopaedica Scandinavica 1994; 65(6): 625-628. 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Looking beyond needle sharing: “Indirect” sharing and viral infections among injecting drug users in Zurich, Switzerland. International Conference on AIDS 1998; 12:412 Abstract 23352. 139 Distribution de tampons d’alcool stériles Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes ainsi que les infections bactériennes causées par la réutilisation ou la non-utilisation de tampons d’alcool : u Distribuer des tampons d’alcool stériles, selon les quantités demandées par les clients et sans limite maximale u Offrir un tampon d’alcool stérile avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques de VIH et de VHC associés au partage de tampon d’alcool u Éduquer les clients au sujet des risques d’infection bactérienne dans les cas où le site d’injection n’est pas nettoyé avec un tampon d’alcool stérile avant l’injection u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel de tampons d’alcool stériles u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des tampons d’alcool stériles Introduction Les tampons d’alcool sont utilisés par les UDI pour désinfecter leur peau avant l’injection et pour enlever tout résidu de sang sur leurs doigts et d’autres surfaces. De plus, les UDI qui font des injections à leurs pairs utilisent un tampon avant et après l’injection, pour désinfecter leur pouce qui sert à prévenir le saignement après le retrait de l’aiguille. En l’absence d’un tampon d’alcool stérile, certains utilisent de l’alcool à friction, de la lotion après-rasage ou du savon et de l’eau. La distribution de tampons d’alcool stériles aux clients est la meilleure façon pour les PÉS de réduire les risques d’infection à VHC (et potentiellement d’infection à VIH) associés à la réutilisation ou au partage de tampon d’alcool parmi les UDI. Par ailleurs, les données examinées montrent clairement que le nettoyage de la peau avec de l’alcool avant l’injection procure une protection significative contre les abcès et les infections bactériennes comme l’endocardite. Les PÉS sont bien placés pour distribuer des tampons d’alcool stériles. Les UDI ont recours à cette mesure lorsqu’elle est offerte par des PÉS; mais les clients moins réguliers sont moins susceptibles de désinfecter leur peau avant chaque injection. Co n s i d é r a t i o n s L’importance de la distribution de tampons d’alcool stériles par les PÉS a été mise en relief par une étude de Longshore et al. sur la fréquentation d’un PÉS du Rhode Island et les pratiques d’injection à risque parmi 248 UDI. Les UDI qui fréquentaient moins souvent le PÉS étaient moins susceptibles de désinfecter leur peau avant de s’injecter (rapport de cotes ajusté (RCA) = 0,33; 95 % IC : 0,1-1,1, p = 0,07). Les auteurs ont toutefois précisé que le seuil de signification était légèrement inférieur à la norme conventionnelle de signification statistique, probablement en raison de la petite taille de l’échantillon (Longshore, Bluthenthal and Stein, 2001). 140 Do n n é e s p r o b a n t e s Le partage de tampons d’alcool Le partage de tampons d’alcool est fréquent, parmi les UDI. Par exemple, en 2004, le Scottish Drugs Forum (SDF) et le Glasgow Involvement Group (GIG) ont mené une enquête auprès de 76 UDI de Glasgow, pour obtenir du feed-back sur les services actuels d’échange de seringues. Vingt-trois p. cent des participants avaient déjà partagé des tampons d’alcool – ce qui implique un risque potentiel de transmission du VIH ou du VHC par partage indirect (Scottish Drugs Forum and Glasgow Involvement Group, 2004). Plusieurs UDI sont conscients de l’importance de désinfecter leur peau avec un tampon d’alcool stérile utilisé seulement par eux, comme l’illustre la demande auprès des PÉS. En 1999, une étude canadienne de Schechter et al. a examiné l’association entre la fréquentation d’un PÉS et la propagation du VIH parmi 694 UDI de Vancouver : 50 % des répondants ont déclaré se procurer des tampons d’alcool stériles auprès du PÉS (Schechter et al., 1999). Dans l’étude écossaise susmentionnée, 21 % des participants ont inclus les tampons d’alcool stériles parmi leurs cinq demandes de matériel les plus prioritaires (Scottish Drugs Forum and Glasgow Involvement Group, 2004). La prévention des infections bactériennes Il a été démontré que l’utilisation d’un tampon d’alcool stérile pour désinfecter la peau avant l’injection réduit le risque d’infection bactérienne associée à l’injection de drogue. Dans une étude auprès de 1 057 UDI actifs à Baltimore (Maryland), Vlahov et al. ont recensé moins de cas d’abcès sous-cutané et d’endocardite parmi les UDI qui affirmaient désinfecter leur peau avant chaque injection (Vlahov et al., 1992). Par ailleurs, Murphy et al. ont examiné les facteurs de risque d’abcès de la peau et des tissus mous parmi 418 UDI de San Francisco; ils ont conclu que la désinfection de la peau avec de l’alcool était la seule variable indépendante qui procurait une protection significative contre les abcès (RC = 0,48; 95 % IC : 0,3-0,74, p<0,05; Murphy et al., 2001). La prévention de l’infection à VHC Les tampons peuvent être contaminés par des pathogènes microbiens; le VHC peut donc se transmettre d’un UDI à un autre par le partage de ces instruments. Dans une étude de 1999, Crofts et al. ont examiné du matériel d’injection usagé dans dix sites d’injection australiens, à la recherche de traces d’ARN du VHC. Ils ont détecté de l’ARN du VHC dans 67 % (6/9) des tampons d’alcool examinés (Crofts, Aitken and Kaldor, 1999). 141 Références Crofts N, Aitken CK, Kaldor JM. The force of numbers: Why hepatitis C is spreading among Australian injecting drug users while HIV is not. The Medical Journal of Australia 1999; 170(5): 220-221. Longshore D, Bluthenthal RN, Stein MD. Needle exchange program attendance and injection risk in Providence, Rhode Island. AIDS Education and Prevention 2001; 13(1): 78-90. Murphy EL, DeVita D, Liu H, Vittinghoff E, Leung P, Ciccarone DH, Edlin BR. Risk factors for skin and softtissue abscesses among injection drug users: A case-control study. Journal of Infectious Diseases 2001; 33(1): 35-40. Schechter MT, Strathdee SA, Cornelisse PG, Currie SL, Patrick D, Rekart ML, O’Shaughnessy MV. Do needle exchange programmes increase the spread of HIV among injection drug users? An investigation of the Vancouver outbreak. AIDS 1999; 13(6): F45-51. Scottish Drugs Forum, Glasgow Involvement Group. Views from the street: Needle exchange users in Glasgow. 2004. Vlahov D, Sullivan M, Astemborski J, Nelson KE. Bacterial infections and skin cleaning prior to injection among intravenous drug users. Public Health Reports 1992; 107(5): 595-598. 142 Distribution de garrots [tourniquets] Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes par le partage de garrot, le potentiel de contamination des garrots par des bactéries causant des abcès, ainsi que les blessures aux veines et les troubles circulatoires pouvant conduire à la perte de membres : u Distribuer des garrots minces, flexibles, à retrait facile et à surface non poreuse, sans limite aux quantités pouvant être fournies u Offrir un garrot neuf à retrait rapide avec chaque seringue neuve u Éduquer les clients au sujet des risques de contamination bactérienne et d’infection par le VIH et le VHC associés à l’utilisation de garrots usagés u Éduquer les clients au sujet des risques de dommages aux tissus et aux veines et de troubles circulatoires associés à la non-utilisation d’un garrot neuf à retrait rapide u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel de garrot u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des garrots Introduction Les garrots (tourniquets) sont utilisés par les UDI pour « serrer » une veine – i. e. créer de la pression pour accroître le flux sanguin dans la veine choisie et faciliter l’injection. En l’absence d’un garrot mince, flexible, à retrait facile et à surface non poreuse, les UDI utilisent parfois un bout de corde, un condom, une ceinture de cuir ou de tissu, ou souvent un bandana. Ces objets ont pour inconvénient de ne pas être assez élastiques pour s’enlever rapidement et facilement, ce qui peut causer des dommages à la peau ou aux veines, de même qu’une infiltration de sang ou de fluides dans les tissus environnants. De plus, ils sont difficiles à laver lorsque tachés de sang. La distribution de garrots minces, flexibles, à retrait facile et à surface non poreuse selon les quantités demandées par les clients est la meilleure façon pour les PÉS de réduire: u u u u les risques pour le VIH et le VHC associés au partage de garrot le potentiel de contamination des garrots par des bactéries causant des abcès les dommages aux veines qui facilitent la transmission de pathogènes hématogènes le risque de trouble circulatoire pouvant conduire à la perte de membres. Co n s i d é r a t i o n s Puisque certains clients de PÉS pourraient être allergiques au latex, des garrots sans latex devraient aussi être disponibles pour distribution. 143 Do n n é e s p r o b a n t e s Le partage de garrot Des études observatoires auprès d’UDI en Australie (Crofts, Aitken and Kaldor, 1999) et en Écosse (Taylor et al., 2004) ont démontré que les garrots sont une source potentielle d’exposition à des pathogènes hématogènes. Par exemple, un UDI pourrait utiliser un garrot pour arrêter un saignement après s’être injecté. Puis il pourrait fixer ce garrot au bras d’un partenaire d’injection – laissant une trace de sang sur la région qui sera percée par l’aiguille. Le contact du garrot avec le site d’injection crée un risque que le sang d’un individu vivant avec le VIH ou le VHC se mélange au sang d’une autre personne. D’autres études ont démontré que le partage de garrot est fréquent parmi les UDI. En 2004, le Scottish Drugs Forum et le Glasgow Involvement Group ont mené une enquête auprès de 76 UDI de Glasgow, pour obtenir du feed-back sur les services actuels d’échange de seringues. Soixante p. cent des participants avaient déjà partagé des garrots – ce qui implique un risque potentiel de transmission du VIH et du VHC par partage indirect (Scottish Drugs Forum and Glasgow Involvement Group, 2004). En avril 2000, ces constats préliminaires ont incité le Australian National Council on AIDS, Hepatitis C and Related Diseases à informer le Gouvernement de l’Australie que les garrots ainsi que d’autres instruments, vêtements et surfaces servant à l’injection de drogue pourraient contribuer à la propagation du VHC parmi les UDI : Il est très important pour les personnes qui s’injectent des drogues d’être vigilantes, lorsqu’elles se font des injections, car il pourrait facilement se répandre du sang sur leur garrot, une table, leurs vêtements ou leurs mains. Plusieurs d’entre elles partagent du matériel d’injection comme des garrots sans être au courant du potentiel de transmission du virus. Même si un utilisateur de drogue ne laisse qu’une fine trace de sang sur son garrot en l’enlevant, nous estimons que cette quantité de sang suffirait à transmettre le virus de l’hépatite C, si un autre individu utilisait le même garrot (Australian National Council on AIDS, Hepatitis C and Related Diseases, 2000) [trad.]. En septembre 2001, la Division de la santé de la population du ministère australien de la Santé et du Vieillissement a publié le National Hepatitis C Resource Manual, une ressource exhaustive développée en consultation avec des chercheurs universitaires, des professionnels de la santé et des conseils sur la santé de partout au pays, dans le but de « fournir à un vaste éventail de professionnels de la santé une information uniformisée, exacte et à jour sur le VHC et des enjeux connexes ». On y indique que tout individu qui a partagé du matériel d’injection (y compris un garrot) a été exposé à un risque d’infection par le VHC. À titre de procédure d’injection plus sûre, on suggère aux UDI d’utiliser : une seringue et une aiguille neuves et stériles ainsi que du matériel d’injection propre ou stérile, de l’eau propre (l’eau courante est convenable), des tampons d’alcool stériles (un pour la cuillère et un pour le site d’injection), un garrot qui n’a pas été utilisé par d’autres personnes, un filtre neuf, et un contenant adéquat pour la mise au rebut (Emphase ajoutée; La Trobe University, 2004). 144 Les garrots et les infections bactériennes Une étude microbiologique menée par Rourke et al. a examiné la contamination bactérienne de 200 garrots collectés en juin 2000, sur une période de deux semaines, auprès d’un échantillon de professionnels de la santé travaillant dans un hôpital d’enseignement de 1 200 lits à Sheffield, Royaume-Uni. Les chercheurs ont identifié dix garrots (5 %) contaminés par la bactérie Staphylococcus, qui est responsable de la formation d’abcès (Rourke, Bates and Reade, 2001). Similairement, Golder et al. ont examiné 77 garrots d’un hôpital d’enseignement à Londres, pour déterminer si les garrots usagés entraînaient un risque de propagation d’infection parmi les patients. Cinquante garrots ont été examinés sur plaque de gélose, à la recherche de taches de sang et de cultures bactériennes. On a détecté des taches de sang visibles sur la moitié des échantillons; une abondante flore cutanée sur tous les échantillons; et des organismes bactériens sur 17 d’entre eux. Les chercheurs ont conclu que les garrots constituent un réservoir potentiel de bactéries pathogéniques, et qu’ils posent donc un risque de transmission d’infection pour les patients (Golder et al., 2000). Conroy a appuyé cet argument dans une lettre au British Medical Journal, signalant que le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline pourrait se transmettre d’un patient à un autre par la réutilisation de garrots. Des garrots jetables sont recommandés pour éliminer ce risque (Conroy, 2004). Les garrots et l’infection par le VIH ou le VHC Le VIH et le VHC peuvent se transmettre d’un UDI à un autre par le partage de garrot. Dans l’étude microbiologique susmentionnée de Rourke et al., 75 des 200 garrots examinés (36 %) présentaient des taches de sang visibles (Rourke, Bates and Reade, 2001). Références Australian National Council on AIDS, Hepatitis C and Related Diseases. Media Release: Hepatitis C threat from blood on clothing, tables, tourniquets, as well as needles. April 20, 2000. Accessed March 26, 2004 from: www.ancahrd.org/media_releases/00/20_04_00.htm. Conroy FJ. Letter: preventing the spread of MRSA and the role of practices such as phlebotomy is worth considering. 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Taylor A, Fleming A, Rutherford J, Goldberg D. Examining the injecting practices of injecting drug users in Scotland. Edinburgh: Effective Interventions Unit, Scottish Executive Drug Misuse Research Programme, University of Paisley. 2004. 146 Distribution de tubes de verre Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour prévenir la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes par le partage de matériel pour fumer du crack ou d’autres drogues : u Distribuer des tubes de verre individuels selon les quantités demandées par les clients, et sans limite maximale u Distribuer des embouts individuels, selon le nombre de tubes de verre fournis ou selon les quantités demandées par les clients, et sans limite maximale u Distribuer des grilles de cuivre individuelles, selon le nombre de tubes de verre distribué ou selon les quantités demandées par les clients, et sans limite maximale u Éduquer les clients au sujet des risques de VIH et de VHC associés au partage de tube de verre et d’autres instruments pour inhaler ou fumer des droguess u Éduquer les clients au sujet des risques de santé liés à l’utilisation d’autres objets en guise de grilles u Éduquer les clients au sujet de l’usage adéquat et individuel d’un tube de verre u Éduquer les clients au sujet de la mise au rebut adéquate des tubes de verre, des grilles et des embouts usagés Introduction Le crack est une forme de cocaïne en cristal que l’on chauffe pour obtenir une vapeur à inhaler. Une pipe ou un tube de verre est utilisé pour chauffer la drogue solide (ou « roche ») et diriger la vapeur vers la bouche. Une grille est placée à l’extrémité de la pipe ou du tube pour tenir la roche en place. Étant donné que le verre est conducteur de chaleur, un embout protecteur est fixé à l’autre extrémité du tube pour protéger les lèvres contre toute brûlure. On chauffe la roche à l’aide d’une flamme, pour la faire fondre et inhaler ses vapeurs à l’autre bout de la pipe ou du tube. Les pipes sont souvent grossièrement fabriquées à partir de morceaux de métal (p. ex., des canettes) et de verre qui peuvent causer des coupures (bouts tranchants) et des brûlures aux lèvres (Haydon and Fischer, 2005). Des bouteilles de plastique et des inhalateurs sont aussi utilisés (Queen’s West CHC Harm Reduction Team, 2005). En l’absence de grille de cuivre, les consommateurs utilisent souvent des tampons à récurer en cuivre. Toutefois, cette matière a tendance à se désagréger; et les particules inhalées peuvent entraîner des dommages aux poumons. On a posé l’hypothèse que du sang contaminé pourrait être partagé entre utilisateurs, compte tenu du fait qu’ils peuvent avoir des plaies ouvertes sur leurs mains et à la bouche et qu’ils ont une présence documentée dans des endroits propices au partage de matériel pour la consommation de drogue. Cela signifie que le VIH et le VHC pourraient être transmis d’un utilisateur de crack à un autre par le partage d’instruments pour fumer du crack ou d’autres drogues. La distribution de tubes de verre et d’embouts est la meilleure façon pour les PÉS de réduire les risques de 147 transmission du VIH et du VHC associés au partage d’instruments pour fumer du crack ou d’autres drogues. La distribution de grilles de cuivre est la meilleure façon pour les PÉS de réduire les problèmes de santé associés à l’utilisation de grilles fabriquées à partir d’autres métaux. Do n n é e s p r o b a n t e s Les effets néfastes de l’inhalation de crack sur la santé Il a été démontré que l’inhalation de crack est néfaste pour le système immunitaire (The Safer Crack Use Coalition of Toronto, 2003); les problèmes respiratoires sont répandus et les blessures causées par des instruments d’inhalation sont souvent lentes à guérir, chez les consommateurs de crack (Porter, Bonilla and Drucker, 1997). En l’absence d’une grille adéquate, les consommateurs utilisent souvent des tampons à récurer en cuivre. Toutefois, cette matière a tendance à se désagréger; et les particules inhalées peuvent entraîner des dommages aux poumons et d’autres saignements (The Safer Crack Use Coalition of Toronto, 2003; Porter, Bonilla and Drucker,1997). Diverses études ont documenté chez des fumeurs de crack la présence de brûlures et d’ulcérations à la langue, aux lèvres ou dans la cavité buccale (Faruque et al., 1996; Porter and Bonilla, 1993; Porter, Bonilla and Drucker, 1997). Porter et al. (1997) ont aussi détecté, sur des instruments d’inhalation usagés, des traces de sang laissées par des blessures aux mains et à la bouche. Ces constats démontrent que les consommateurs de crack ont souvent des plaies ouvertes aux mains et à la bouche qui peuvent laisser du sang sur des instruments liés à la consommation de drogue. Le partage de matériel d’inhalation Haydon et Fischer ont souligné que la dynamique sociale des consommateurs de crack favorise le partage de drogue et d’instruments pour sa consommation (Haydon and Fischer, 2005). Ces normes sociales peuvent inciter des fumeurs de crack à utiliser du matériel usagé (et potentiellement contaminé) qui pourrait les exposer à des pathogènes hématogènes. Similairement, Porter et al. ont constaté que les deux tiers des 250 participants à leur étude avaient déjà partagé des instruments d’inhalation, et que près de la moitié d’entre eux en partageaient pratiquement en tout temps (Porter, Bonilla and Drucker, 1997). Les fumeurs de crack semblent plus susceptibles d’avoir des comportements sexuels à risque pour le VIH et le VHC. Porter et al. ont noté que seulement 33 % des grands consommateurs de crack utilisent un condom lorsqu’ils donnent une relation sexuelle orale (fellation); et que ceux qui ont des blessures fréquentes aux lèvres sont moins susceptibles d’utiliser un condom pour cette activité. Cela est préoccupant, car les fumeurs de crack ont souvent des plaies à la bouche et aux lèvres qui pourraient favoriser la transmission du VIH par relations sexuelles orales (Porter, Bonilla and Drucker, 1997). Le partage de tubes de verre et la transmission potentielle du VIH Le VIH peut se transmettre d’un consommateur de crack à un autre par le partage d’instruments pour le fumer. Porter et al. ont noté que 10 % des fumeurs de crack avaient déjà vu quelqu’un partager un tube qui présentait des traces de sang. L’un d’eux a raconté : « La personne avait une main qui saignait et l’autre 148 gars s’en foutait. Il le savait et il a quand même pris le tube [ensanglanté] » (Porter, Bonilla and Drucker, 1997). Les auteurs ont aussi signalé que les participants qui s’identifiaient comme étant séropositifs au VIH étaient plus susceptibles d’être fumeurs de crack (67 % des individus séropositifs vs 48 % des autres), de partager des tubes de verre (80 % vs 66 %), de se blesser aux lèvres en fumant (80 % vs 53 % p = 0,04) et de donner fréquemment des relations sexuelles orales (39 % vs 17 %) (Porter, Bonilla and Drucker, 1997). Faruque et al. ont examiné la présence de plaies buccales chez des fumeurs de crack dans des quartiers de consommation connus à New York, Miami et San Francisco. Ils ont constaté que les individus qui fumaient du crack (10 %) étaient plus susceptibles que ceux qui n’en fumaient pas (5 %) de déclarer avoir eu des plaies buccales dans le mois précédant leur entrevue. Ils ont également remarqué que parmi les 2 323 participants, les plaies buccales étaient plus prévalentes chez les consommateurs de crack séropositifs au VIH (14 %) que chez ceux qui étaient séronégatifs (8 %) (Faruque et al., 1996). Theall et al. ont aussi documenté une association entre la séropositivité au VIH et la présence de plaies buccales. Ils ont interviewé des consommatrices de crack afro-américaines et hétérosexuelles, entre juin 1998 et juin 2000. Après contrôle de la fréquence des relations sexuelles orales, les participantes qui avaient des antécédents de plaies buccales (comme des coupures ou des brûlures aux lèvres dues à l’inhalation de crack) étaient plus susceptibles de présenter des anticorps anti-VIH (Theall et al., 2003). Le partage de tube de verre et la transmission potentielle du VHC Le VHC peut se transmettre d’un consommateur de crack à un autre par le partage d’instruments pour fumer de la drogue. Il se transmet principalement par le contact avec le sang d’une personne qui a le VHC (McMahon and Tortu, 2003). Tortu et al. ont recensé parmi les non-UDI des taux de prévalence du VHC variant de 5 à 29 % – ce qui montre que le VHC peut se transmettre par d’autres voies que l’injection (Tortu et al., 2001). Ward et al. ont aussi observé une association entre l’infection par le VHC et l’inhalation de crack; dans une étude auprès de 193 consommatrices de crack, cinq ont été trouvées séropositives au VHC (Ward et al., 2000). Dans une étude auprès de 884 femmes sans-abri et/ou partenaires ou amies de sans-abri, Nyamathi et al. ont constaté que les nouvelles fumeuses quotidiennes de crack étaient plus susceptibles que les fumeuses moins fréquentes d’avoir le VHC (Nyamathi et al., 2002). D’autres études ont fourni des données épidémiologiques et virologiques à l’appui de la transmission orale du VHC (McMahon and Tortu, 2003; Tortu et al., 2004; Nyamathi et al., 2002). Ces résultats suggèrent que des lésions buccales découlant de l’usage de crack pourraient favoriser la transmission du VHC d’un consommateur de crack à un autre. Dans une étude subséquente de Tortu et al., on a constaté que l’association entre le partage de matériel pour la consommation de drogue (autre que par injection) et l’infection par le VHC était plus courante parmi les individus séropositifs au VIH – ce qui met en relief le lien étroit entre le VIH et le VHC (Tortu et al., 2004). Haydon et al. ont réitéré que, puisque la transmission du VIH et du VHC peut être similaire, il pourrait exister un lien entre les plaies buccales et la transmission du VHC parmi les fumeurs de crack (Haydon et al., 2001). 149 Références Faruque S, Edlin BR, McCoy CB, Word CO, Larsen SA, Schmid DS, Von Bargen JC, Serrano Y. Crack cocaine smoking and oral sores in three inner-city neighborhoods. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes and Human Retroviology 1996; 13(1): 87-92. 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Sexually Transmitted Infections. 2000; 76(4): 292-293. 150 Modèles pour la fourniture de programmes 151 152 Modèles pour la fourniture de programmes d’échange de seringues Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour réduire la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes, et pour prévenir d’autres méfaits liés à l’usage de drogue : u Fournir les services d’échange de seringues selon un ou des modèles qui optimisent leur accessibilité u Adapter les services de PÉS selon les besoins spécifiques de sous-populations d’UDI (p. ex. les jeunes, les femmes, les groupes ethnoculturels) u Impliquer des UDI dans la conception et la fourniture des services u Mener des « interventions terrain » dans la communauté et auprès d’autres organismes ou agences au service d’UDI u Collaborer avec des organismes locaux qui fournissent des services à des UDI, afin d’offrir l’échange de seringues dans un plus grand nombre de lieux u Collaborer avec des pharmacies locales pour que les UDI puissent y acheter des seringues stériles Introduction Afin de réduire la transmission de pathogènes hématogènes, les PÉS accroissent l’accès des UDI à des seringues stériles, retirent des seringues usagées de la circulation, éduquent les clients sur les pratiques plus sûres d’injection et fournissent des services d’éducation, de référence et autres. En Ontario, les PÉS sont des programmes sanitaires obligatoires dans les communautés où l’injection de drogue est reconnue comme un problème (Ontario Ministry of Health and Long Term Care, 1997). Tel que nous l’avons décrit (voir la section L’efficacité des PÉS), l’efficacité des programmes d’échange de seringues, au chapitre de la prévention du VIH parmi les UDI, dépend du nombre de seringues qu’ils distribuent. Elle est influencée également par leur capacité d’attirer des clients, de les conserver, d’encourager et de favoriser des changements comportementaux. Les fournisseurs de services et les chercheurs ont souligné l’importance du mode de prestation de service, de l’emplacement et des horaires, comme étant des facteurs qui influencent directement l’accessibilité et l’efficacité des PÉS. Les PÉS conçus pour optimiser l’accessibilité, en termes de lieu et d’horaire, sont plus susceptibles de prévenir la transmission du VIH, du VHC, du VHB et d’autres pathogènes hématogènes liée à des seringues et aiguilles non stériles. Des études ont mis en relief la vaste diversité des UDI en termes d’âge, de genre sexuel, de nombre d’années d’injection ainsi que de type de drogue utilisé, de culture, de langue, d’appartenance ethnique, de santé mentale et d’autres facteurs. En conséquence, les UDI ont des besoins divers en services; des études ont démontré que divers modèles attirent divers types de clientèle. Les préférences personnelles et un quotidien parfois chaotique influencent également le recours aux programmes. C’est pourquoi les PÉS devraient adapter leur prestation de services selon les besoins divers au sein de la population des UDI. Depuis deux décennies, divers modèles de services de PÉS ont été développés et mis en œuvre pour 153 accroître l’accessibilité pour la clientèle. Afin d’optimiser les avantages et d’atténuer les inconvénients de différents modèles, plusieurs programmes au Canada et à l’étranger offrent des services selon plus d’un modèle à la fois. Comme l’ont signalé Henman et ses collègues (1998), la combinaison de divers modèles de fourniture de services permet aux PÉS d’atteindre une efficacité maximale. Bien qu’une approche combinant plus d’un modèle soit plus susceptible d’optimiser l’efficacité, les ressorts n’ont pas tous les ressources ou l’expertise nécessaires à offrir des services de cette manière. Plusieurs programmes commencent avec un ou deux modèles de prestation, puis en ajoutent avec le temps, selon leurs moyens financiers, leur connaissance accrue de la communauté des UDI, les demandes des clients, les partenariats avec d’autres agences et le développement de l’expertise du personnel. De plus, plusieurs PÉS de l’Ontario et d’autres ressorts mettent à l’essai divers modèles de prestation en réponse à des demandes de clients. Dans la présente section des pratiques exemplaires, nous passons en revue des données portant sur les modèles de fourniture de services les plus répandus : site fixe, quatre types d’interventions sur le terrain (service mobile, sites satellites, échange secondaire ou entre pairs, livraison à domicile), pharmacies, modèle mixte et à services multiples. Ces modèles ont d’ailleurs été les plus examinés et évalués. Malheureusement, plusieurs études ne font pas état du modèle de prestation appliqué par les PÉS sur lesquels elles portent. En conséquence, les données sur l’efficacité de chaque type sont moins bien développées. Les données nécessaires à évaluer l’efficacité relative d’un type en comparaison avec un autre sont souvent inexistantes. Nous n’avons recensé aucune étude contrôlée et randomisée portant sur l’efficacité relative. Cependant, la littérature abordée en ces pages démontre que divers modèles attirent divers types d’UDI, ce qui porte à croire qu’il n’existe pas UN seul meilleur modèle de fourniture de services. Pour une comparaison des avantages et des inconvénients de chaque modèle, prière de consulter le Tableau 7. 154 Tableau 7: Comparaison des forces et limites de divers modèles de PÉS Type de modèle PÉS fixe Forces Limites u Gratuité des services pour les UDI u Heures d’ouverture u Accessible et convivial u Emplacement – limité et/ou en vue u Éducation et autres services sur place u Achalandage aux moments de pointe u Élimination du matériel usagé u Clients réticents à l’égard des sites considérés trop gouvernementaux, trop cliniques ou orientés sur les gais et/ou le VIH PÉS mobile1 u Gratuité des services pour les UDI u Manque possible d’espace pour des u Accessible et convivial séances de counselling, des rencontres pour des références, l’administration de tests pour le VIH ou autres, l’aide aux clients pour remplir des formulaires et communiquer avec d’autres agences u Coût et entretien du véhicule u Accessibilité accrue (en allant où les clients se trouvent) u Joint des UDI difficiles à joindre Visites à domicile2 u Gratuité des services pour les UDI u Sécurité des employés u Joint des UDI difficiles à joindre u Possiblement intrusif pour des clients u Développe la crédibilité auprès de la communauté d’UDI PÉS satellite3 u Gratuité des services pour les UDI u Difficulté d’appliquer des politiques du u Peut attirer divers groupes d’UDI PÉS parent aux sites satellites u Le roulement du personnel au site satellite peut nécessiter des formations fréquentes par le PÉS parent u Accroît l’accessibilité en termes de lieu, oraire, culture et groupe d’âge u Peut détourner des coûts d’opération et de main d’œuvre, du PÉS parent au site satellite u Accroît la complémentarité des services de l’agence satellite, sans occasionner de dépenses en équipement/élimination pour le PÉS 155 Type de modèle Pharmacie Forces Limites u Heures d’ouverture u Coût pour l’achat de seringues u Endroits multiples u Pas de collecte du matériel usagé u Moins stigmatisant, plus anonyme u Pas de services de réduction des méfaits u Réticence à vendre à des UDI u Réticence à vendre des seringues en petite quantité u Heures/jours d’ouverture PÉS fondé sur les pairs Distributeurs automatiques u Connaissances des pairs sur la drogue, l’utilisation, le milieu u Formation/supervision des pairs peut être coûteuse u Connaissances et empathie des pairs u Conflit d’identité entre celle quant à la situation et aux conditions de vie u Permet au PÉS de joindre des UDI qui ne peuvent ou ne veulent pas fréquenter le site de PÉS u Peut apporter des compétences utiles à l’emploi, et un revenu, aux pairs qui sont intervenants u Rehausse l’estime de soi et le sentiment de valeur propre u Pas de frais pour le PÉS si les pairs sont bénévoles u Plus pratique/accessible pour les clients u Les pairs ont l’avantage de la “crédibilité” et peuvent être d’importants modèles de rôles pour la réduction des risques d’intervenant auprès des pairs, et celle de membre de la communauté des UDI u L’identité d’intervenant peut être exploitée pour continuer/accroître des activités dans le commerce de la rue u Peut enfreindre les limites intervenant/ client u Emplacement; disponibilité 24h/24 u Pas d’offre de service de réduction des u Pratique méfaits par le contact individuel u Difficile de garder l’anonymat si le lieu est public u Facile d’usage u Peu de personnel nécessaire Excluant les visites à domicile Visites à domicile par le PÉS mobile 3 Aussi appelés coalitions communautaires, ou organismes partenaires, les sites de PÉS satellites sont des organismes qui offrent d’autres services à des UDI, et qui, dans le cadre d’une relation de collaboration, fournissent des services de PÉS dans leur propre local au nom du PÉS parent. 1 2 156 S ites f i x es Les PÉS à site fixe peuvent être situés dans un simple bureau ou dans une suite de locaux qui offrent de l’espace pour les services d’échange, de counselling, de référence téléphonique, l’entreposage des instruments, etc. En Ontario, les PÉS à site fixe sont situés dans des unités de santé publique, des locaux d’organismes de lutte contre le sida, d’autres agences de services sociaux ou de santé, ou bien dans leur propre espace loué. Les intervenants ont constaté que les sites fixes ayant les caractéristiques suivantes satisfont mieux les besoins de la clientèle et du programme : Accessibilité u Entrée sans obstruction, laissant les clients entrer et sortir librement u Ambiance accueillante et amicale lorsqu’un client entre u Équipement et information placés dans un lieu facile d’accès Ta i l l e u Espace suffisant pour que plusieurs clients puissent entrer, sortir, interagir avec le personnel et entre eux u Espace suffisant pour avoir des bureaux fermables et un lieu pour entreposer les fournitures Confort u Espace où les clients et le personnel peuvent s’asseoir, relaxer, jaser Intimité u Disponibilité de bureaux fermés et d’espaces pour le counselling, des tests médicaux et d’autres services confidentiels u Disponibilité de bureaux fermés où les clients peuvent s’entretenir de préoccupations personnelles, avec des employés, et/ou recevoir les résultats de leurs tests diagnostiques du VIH, du VHC ou autres Il est crucial, pour l’efficacité d’un PÉS, de déterminer les meilleurs emplacements pour des sites fixes. Le lieu d’un PÉS fixe détermine en grande partie la probabilité que des UDI aient recours à ses services. Plusieurs études états-uniennes ont démontré que les PÉS situés à distance de marche ont plus de chance d’être utilisés que des PÉS plus éloignés. De plus, ces études démontrent l’importance de multiples PÉS situés à divers endroits, afin d’assurer que les UDI dispersés dans une communauté aient accès aux services des programmes (WHO, 2004). Une fois en activité, plusieurs programmes modifient et/ou diversifient leurs emplacements, avec le temps, à mesure qu’ils comprennent mieux les besoins de la clientèle et l’évolution de la communauté des UDI, découvrent de nouvelles occasions de partenariat avec d’autres agences, constatent de l’opposition dans le voisinage, reçoivent d’autres fonds, ou réagissent à d’autres facteurs. Des considérations touchant le choix d’un lieu sont aussi examinées dans la section Tâches pour le démarrage d’un PÉS. 157 Considérations pour les sites fixes Satisfaire la diversité des besoins des UDI peut être un défi considérable pour les PÉS, qui fonctionnent souvent avec un budget très modeste. Par exemple, l’optimisation des horaires d’ouverture peut être difficile pour des programmes n’ayant qu’une petite équipe. De plus, les PÉS dont l’horaire de fonctionnement est contraint par celui d’un organisme parrain (p. ex. de 9 à 17h dans les unités de santé publique) peuvent avoir de la difficulté à satisfaire les besoins de la clientèle. Les PÉS peuvent aussi avoir du mal à attirer des clients dans un site fixe, si l’usage de drogue est étalé géographiquement et/ou que la zone à desservir est vaste. En contrepartie, les sites fixes à fréquentation élevée peuvent être aux prises par moments avec un trop grand volume de clients et devenir inconfortables pour ces derniers et le personnel. Outre les contraintes de lieu et de temps, la difficulté d’acceptation d’un PÉS par le personnel d’un organisme parrain plus grand (p. ex. une unité de santé publique) peut être un enjeu pour le personnel du PÉS et pour ses clients. En particulier, la peur à l’égard des clients de PÉS et la réticence à collaborer avec le programme peuvent rendre l’environnement hostile, et avoir des répercussions négatives sur la participation. Les sites fixes peuvent aussi devenir un point de mire de l’opposition de résidants du quartier. Certains PÉS ont déménagé afin de réduire l’opposition et d’améliorer l’accessibilité. Des clients peuvent être réticents à avoir recours à des sites fixes, s’ils craignent que la police tienne les lieux sous surveillance. Bien que le phénomène n’ait pas souvent été signalé en Ontario, il arrive que des sites fixes soient exploités par la police à des fins de surveillance. Il est déjà arrivé que des PÉS aux prises avec des activités de surveillance policière aient négocié (ou renégocié) une entente de non-surveillance (voir la section Relations avec les intervenants de l’application de la loi). Données au sujet des PÉS à site fixe Au moyen de données qualitatives collectées en Ontario, Strike et ses collègues (2002a) ont observé qu’un lieu, un espace ainsi qu’un horaire adéquats sont perçus comme des facteurs qui influencent le développement et la rétention de la clientèle des sites fixes. Des travailleurs de PÉS signalent que des clients sont parfois réticents à fréquenter des sites fixes dans des unités de santé publique ou dans des locaux d’organismes de lutte contre le sida, parce qu’ils considèrent ces lieux comme trop cliniques, trop gouvernementaux, ou trop axés sur les gais ou le VIH. La crainte à l’égard des clients (p. ex. la peur de se faire voler ou agresser), parmi les employés autres que du PÉS, dans un même édifice, peut rendre l’environnement peu accueillant pour la clientèle du PÉS, et avoir des répercussions négatives sur la participation (Strike et al., 2002a). Compte tenu de l’importance du choix de l’emplacement, certains PÉS ontariens ont signalé avoir déménagé pour se rapprocher de zones où l’usage de drogue est le plus répandu, ou avoir réaménagé leur espace afin de réduire le contact entre leurs clients et le personnel d’organismes voisins (Strike et al., 2002a). Une étude auprès de 1 020 UDI à Vancouver a démontré que 75 % utilisaient le site fixe comme principale source de seringues (Miller et al., 2002). Une analyse comparant les UDI qui utilisaient principalement le site fixe et ceux ayant principalement recours à une pharmacie ou à une camionnette de PÉS a démontré que ces derniers tendaient à avoir les profils de risque les plus élevés. Une étude à New Haven, 158 Connecticut, par Khoshnood et coll. (2000) auprès de 268 UDI, a démontré que, lorsque les deux possibilités sont disponibles, les UDI (n=268) utiliseront le site fixe et les pharmacies pour se procurer leur matériel d’injection. Cependant, les préférences pour la « source habituelle de seringues » ont été recensées : 41 % n’utilisaient que des pharmacies, 34 % utilisaient pharmacies et PÉS, 15 % n’utilisaient que les PÉS, alors que 10 % n’avaient recours à aucune de ces deux options. L’évaluation du taux de rétention d’un modèle à site fixe, au Connecticut, a permis d’observer que 34 % (n=466) des UDI n’avaient visité le programme qu’une fois (Khoshnood et al., 1995). Cependant, parmi ceux qui y étaient allés plus d’une fois (n=922) pendant la durée de l’étude, 29 % y avaient fait des visites dans quatre trimestres consécutifs d’une année, et le nombre médian de jours d’utilisation par année était de 333. Les UDI qui s’injectaient depuis 10 ans ou plus et qui étaient des hommes de race autre que blanche présentaient les taux de rétention les plus élevés; les jeunes avaient le taux de rétention le plus faible. Bailey et ses collègues (2003) ont constaté que parmi 700 jeunes UDI (de 18 à 30 ans), seulement 35 % avaient eu recours à un des plus de 20 PÉS de Chicago au cours des 6 mois précédents. Les clients fréquents des PÉS (i.e. ayant fait plus de 7 visites dans une période de 6 mois) étaient moins susceptibles que les non-clients de partager des seringues (OR = 0,32), d’autres instruments d’injection (OR = 0,51), ou de réutiliser leurs propres seringues (OR = 0,25). Bailey et al. (2003) affirment que, compte tenu des bienfaits connus pour les UDI plus âgés, les PÉS devraient développer des modèles de fourniture qui rencontrent les besoins des jeunes UDI également. I n terve n tio n s s u r le terrai n L’intervention-terrain est une forme de fourniture de services d’échange de seringues destinée à des clients qui ont l’habitude d’éviter les fournisseurs de services sociaux et de santé. La crainte d’être signalé à la police, arrêté ou traité de manière irrespectueuse incite certains UDI à éviter de visiter les PÉS. Par l’intervention-terrain, des travailleurs fournissent plusieurs services de PÉS, notamment l’éducation, l’information, les références et la distribution de matériel dans des endroits de la communauté comme les rues et ruelles, les parcs, les bars et clubs, les piqueries et maisons où l’on fume du crack, certaines agences de services sociaux et de santé, des résidences privées, des prisons et centres de détention, et d’autres lieux où des UDI vivent, utilisent des drogues ou se réunissent. L’Organisation mondiale de la santé (WHO, 2004) a récemment procédé à un examen de programmes d’intervention-terrain pour UDI, et a affirmé: Les données appuient la position à l’effet que l’intervention sur le terrain et le contact en personne, entre les intervenants et les personnes du groupe cible, sont associés à une réduction des comportements à risque et de l’exposition au VIH. (WHO, 2004) En particulier, l’OMS (WHO, 2004) a signalé que l’intervention-terrain est associée à une diminution de l’usage de drogue, de l’injection de drogue et du partage de matériel d’injection, ainsi qu’à une augmentation de l’usage de condoms et de l’amorce de traitement de la toxicomanie. 159 Le milieu de la drogue connaît des changements, avec le temps, en ce qui a trait aux individus, à l’emplacement, aux moments et aux comportements. Des changements aux chapitres des vendeurs de drogue, des types de drogues disponibles ou recherchés, du logement, de la surveillance policière, des arrestations, ou d’autre nature, peuvent avoir un impact sur le milieu. De plus, le milieu est diversifié et il se limite rarement à un seul secteur d’une ville. En conséquence, les PÉS doivent pouvoir s’adapter aux changements et aux variations. L’un des nombreux avantages de la prestation de services par l’interventionterrain réside dans la capacité de réorienter les efforts lorsque nécessaire. L’intervention-terrain n’est efficace que dans la mesure où les intervenants savent où et comment joindre les UDI et établir avec eux une relation de confiance et de crédibilité. Chez les intervenants, les habiletés personnelles suivantes ont été remarquées pour leur influence sur l’efficacité du travail d’intervention: u u u u u u u u u empathie respect d’autrui intégrité et communication concrète parler de questions d’auto-divulgation s’occuper du caractère immédiat des sentiments des UDI compétence fiabilité respect des lignes directrices du programme dévouement et engagement à l’égard du travail auprès des UDI (WHO 2004). Dans les sections qui suivent, nous examinons quatre types d’interventions-terrain : mobile, satellite, à domicile et par des pairs. Un aperçu détaillé de la littérature traitant de l’intervention-terrain est présenté dans le document de l’OMS intitulé Effectiveness of community-based outreach in preventing HIV/AIDS among injecting drug users (2004). I n terve n tio n m obile D’après l’OMS (2004), l’intervention-terrain est importante pour les UDI qui évitent les situations formelles de la prestation de services, mais qui pourraient bénéficier grandement de services de PÉS s’ils étaient fournis sur les lieux où ils vivent et utilisent des drogues (i.e. rues, bars, piqueries, maisons de crack, marchés, etc.). Des services mobiles de PÉS peuvent être fournis dans des lieux accessibles et à des horaires qui conviennent aux clients qui préfèrent échanger leur matériel en soirée, qui n’ont pas de véhicule ou d’argent pour se déplacer et/ou qui sont en ébriété trop avancée pour conduire un véhicule pour se rendre à un site fixe. L’intervention mobile d’un PÉS peut fournir des services liés à la santé des clients, comme la fourniture de matériel d’injection stérile, l’éducation et des références. On a constaté que le test du VIH et le counselling offerts par des intervenants mobiles augmentaient grandement le recours à ces mesures parmi les UDI. L’intervention mobile peut se faire au moyen d’automobiles, de camionnettes, de roulottes ou d’autobus; la taille du véhicule détermine la gamme de services qui pourra être offerte. Des intervenants ont constaté que les caractéristiques suivantes des véhicules sont plus appropriées aux besoins des programmes et de la clientèle: 160 Accessibilité u fenêtre/porte sans obstacle, où les clients peuvent recevoir ou rapporter le matériel u personnel amical et accueillant u équipement et information fournis sans complication u service mobile régulier et fréquent Ta i l l e u espace suffisant pour qu’un/des client(s) puisse(nt) entrer, sortir, interagir avec les intervenants u espace pour entreposer et échanger le matériel, dans le véhicule ou par une fenêtre ouverte Confort u Espace où les clients et le personnel peuvent s’asseoir, relaxer, jaser Intimité u Traits distinctifs sur le véhicule, pour le rendre visible pour les clients, mais moins facile à remarquer pour les autres membres de la communauté Considérations pour les interventions mobiles de PÉS Bien que les interventions-terrain puissent satisfaire les besoins de la clientèle en termes de services élémentaires de PÉS, il se peut qu’elles ne conviennent pas pour de longues séances de counselling, pour organiser des références, pour administrer le test du VIH ou d’autres tests, pour aider les clients à remplir des formulaires ou contacter d’autres agences. Des employés de programmes qui ne fournissent que des services d’intervention-terrain ont observé qu’une approche combinant un site fixe et des interventions mobiles serait préférable pour leurs clients. Dans l’incapacité d’acheter un véhicule pour le programme, certains PÉS offrent des services par des intervenants qui utilisent leurs propres véhicules. Les travailleurs sont alors dédommagés pour leur kilométrage et les autres dépenses; cependant, d’aucuns ont remarqué que les remboursements ne sont pas toujours à la hauteur de leurs dépenses. De plus, des questions de malaise ou de sécurité peuvent enter en ligne de compte pour les proches des intervenants qui utilisent le même véhicule à d’autres moments. Les clients peuvent être réticents à avoir recours à des interventions mobiles de PÉS s’ils craignent la surveillance de la police. Bien que le phénomène n’ait pas souvent été signalé en Ontario, il arrive que des sites fixes soient exploités par la police à des fins de surveillance. De plus, des cas de harcèlement policier à l’égard d’employés et de clients de PÉS ont déjà été signalés. Il est déjà arrivé que des PÉS aux prises avec des activités de surveillance policière aient négocié (ou renégocié) une entente de non-surveillance (voir la section Relations avec les intervenants de l’application de la loi). Données au sujet de l’intervention mobile Au moyen de données qualitatives collectées en Ontario, Strike et ses collègues (2002a) ont observé qu’un lieu, un espace ainsi qu’un horaire adéquats sont perçus comme des facteurs qui influencent le 161 développement et la rétention de la clientèle, aux sites fixes. L’intervention mobile donne aux travailleurs l’occasion de rencontrer des clients dans des lieux qui conviennent à ces derniers. De plus, les intervenants signalent que l’intervention mobile offre une meilleure occasion de joindre et de recruter de nouveaux clients. Cependant, ils ont affirmé qu’ils préfèrent avoir à la fois des sites mobiles et des sites fixes, en raison de la difficulté de fournir du counselling et des tests diagnostiques dans un véhicule, en particulier lorsque plusieurs clients à la fois veulent du matériel et d’autres services. Selon les inscriptions sur le véhicule, l’intervention mobile peut être moins visible pour les autres membres de la communauté. Les véhicules portant des marques très visibles ou qui empruntent des rues à proximité d’écoles ou de parcs peuvent devenir la cible d’opposition de la communauté et de surveillance policière (Strike, 2004). Une étude auprès de 1 020 UDI à Vancouver a révélé que la camionnette de PÉS était la principale source de seringues stériles pour 19 % des répondants (Miller et al., 2002). Une comparaison entre les UDI ayant recours aux services de la camionnette et ceux utilisant le site fixe ou des pharmacies a démontré que les premiers tendaient à avoir un profil de risque plus élevé. Les prédicteurs indépendants du recours à la camionnette étaient notamment : un moindre nombre d’années d’expérience d’injection, la difficulté à se procurer des seringues, l’ethnie autochtone, l’incarcération dans les six mois précédents et l’injection quotidienne de cocaïne. Une étude réalisée à Baltimore (Riley et al., 2000) a comparé des clients utilisant pour la première fois une camionnette de PÉS (n=124) et des clients de PÉS en pharmacie; elle a permis de constater que la camionnette était moins susceptible d’attirer des personnes de race noire (RC = 0,21) mais plus susceptible d’attirer des utilisateurs de cocaïne par injection (RC = 2,82) ou des personnes s’étant injecté quatre fois ou plus par jour dans les deux récentes semaines (RC = 2,0). Une autre étude à Baltimore (Latkin and Forman, 2001) a constaté que la plupart des UDI (90 % de n = 741) se procuraient des seringues auprès de revendeurs dans la rue. Interrogés sur leur source la plus fréquente de seringues, 45 % ont nommé les revendeurs de la rue et 27 % ont nommé une des huit camionnettes de PÉS. La camionnette attirait des UDI qui se faisaient des injections quotidiennes, qui étaient séropositifs avant l’entrée en activité de la camionnette, et qui fréquentaient des piqueries. Seulement 4 % des participants utilisaient le PÉS (i.e. huit camionnettes et deux pharmacies) uniquement pour se procurer des seringues. Les horaires restreints du PÉS sont considérés comme un facteur d’accès réduit, pour les UDI de Baltimore. L’analyse des données de 12 projets de démonstration en matière d’intervention sur le VIH, aux États-Unis (Tinsman et al., 2001) a démontré que les clients recevant l’offre d’un test et de counselling pour le VIH directement dans un service mobile étaient 86 fois (95 % IC : 6,4-1 156) plus susceptibles de passer un test du VIH que ceux d’autres projets d’intervention-terrain. S ites satellites Parfois nommés coalitions communautaires ou organismes partenaires, les sites satellites relèvent d’organismes communautaires qui fournissent d’autres types de services (p. ex. sociaux, refuges, jeunesse) et qui fournissent aussi dans leurs locaux des services pour le compte d’un PÉS parrain. Comme nous l’avons mentionné, des modèles et sites de services variés peuvent aider les PÉS à étendre l’accessibilité 162 de leurs services à un plus grand nombre d’UDI (WHO, 2004). Les sites satellites en sont un exemple. Les organismes qui servent un autre type de clientèle (en termes d’âge, d’appartenance ethnique ou de sexe, par exemple), qui sont ouverts à des heures différentes et/ou situés dans d’autres lieux peuvent être bénéfiques au PÉS parrain ainsi qu’à la clientèle; ils peuvent réduire les besoins en ressources humaines et en espace de travail, et améliorer l’accessibilité par leur diversité d’emplacement et d’horaires. En général, les fournitures et la formation du personnel dans les sites-satelllites relèvent du PÉS parrain. Considérations pour les sites satellites Un site satellite peut être une source de difficultés pour les PÉS, si son personnel ne respecte pas les directives du PÉS pour les services. On signale parfois des préoccupations à l’égard de conséquences possibles, pour le PÉS parrain, de la conduite d’employés de sites satellites. Cependant, les gestionnaires de PÉS peuvent hésiter à imposer des directives si cela risque de nuire à la relation entre les deux organismes, et possiblement à la fourniture des services. Données au sujet des sites satellites Les données sur l’efficacité et le fonctionnement de sites satellites sont rares dans la littérature. Néanmoins, des PÉS soulignent l’importance de tels partenariats, pour le bien de leurs clients. En 2002, 14 des 25 PÉS de l’Ontario avaient des partenariats avec d’autres programmes ou organismes, pour la fourniture de services de PÉS dans 59 sites satellites, à l’échelle de la province (Public Health Branch, Ministry of Health and Long Term Care, 2003). Les types d’organismes abritant un site satellite étaient notamment des centres de jour, des centres pour jeunes, des chapitres de la Société Elizabeth Fry, des pharmacies, des organismes de lutte au VIH/sida, des cliniques pour les infections transmissibles sexuellement, des centres de santé communautaire, des refuges, des centres de santé autochtone et des centres de traitement de la toxicomanie. À partir de données d’une étude qualitative auprès de PÉS en Ontario, Strike et son équipe (2002a) ont signalé que les PÉS tentent d’améliorer l’accessibilité de leurs services, pour leurs clients, en négociant la création de sites satellites avec d’autres agences. Les sites satellites ont pour objet de fournir des services sur une région plus vaste, à des heures plus variées, à une diversité de clients, et de satisfaire les choix des clients quant au lieu. D’après des intervenants de PÉS, les sites satellites permettent aux PÉS qui ne font pas d’intervention mobile de fournir des services à une clientèle plus étalée géographiquement, ou dans des endroits plus pratiques. Généralement, les fournitures et la formation sont données au site satellite par le PÉS parrain. Cependant, certains PÉS parrains délèguent leurs propres employés sur les lieux des sites satellites également. Les agences identifiées comme des sites satellites potentiels ne voient pas toutes cette idée d’un bon œil. Un petit nombre de coordonnateurs de PÉS signalent que certains organismes ne sont pas disposés à accueillir un site satellite, malgré leur mandat d’être au service des personnes marginalisées (p. ex. des centres de jour, des cuisines communautaires ou des refuges temporaires). Dans la pratique, plusieurs PÉS de l’Ontario ont des ententes écrites formelles, ou semi-formelles, entre le PÉS parrain et les agences accueillant un PÉS satellite. Par exemple, à Ottawa, une entente écrite sert 163 à guider la relation entre le site parrain (The SITE, Santé publique Ottawa) et les agences qui opèrent un site satellite de PÉS (M. Paul Lavigne, entretien personnel). Cette entente traite de tous les aspects des services de PÉS, notamment les politiques régissant l’échange, l’approvisionnement en fournitures, l’élimination du matériel usagé, l’immunisation contre le VHB pour les employés de sites satellites, ainsi que l’assurance responsabilité. De plus, les PÉS d’Ottawa et d’autres villes ontariennes exigent que les sites satellites tiennent des registres de données sur leurs services, comme le nombre de seringues S ervices à d o m icile Dans ce modèle d’intervention, des travailleurs sont envoyés au domicile de clients, en réponse aux demandes téléphoniques ou transmises par téléavertisseur par ces clients. De plus, l’intervention à domicile est utilisée pour fournir aux pairs échangeurs (voir Intervention fondée sur les pairs, dans la section sur les Modèles de fourniture de services d’échange de seringues) une quantité importante de fournitures sur une base régulière (p. ex., une fois par semaine). La prestation de services de PÉS au domicile de clients est une question épineuse; ce type d’intervention n’est pas aussi répandu que les autres, au Canada. Les comptes-rendus et les études sur les PÉS fondés sur l’intervention à domicile sont rares. Les visites à domicile sont une forme d’intervention reconnue par l’OMS (WHO, 2004) comme un élément important des programmes de prévention du VIH pour les UDI qui évitent les situations formelles de la prestation de services, mais qui pourraient bénéficier grandement de services de PÉS s’ils étaient fournis sur les lieux où ils vivent et utilisent des drogues (i.e. rues, bars, piqueries, maisons de crack, marchés, etc.). L’intervention à domicile peut aider les clients en leur fournissant divers services liés à la santé, comme l’accès à du matériel stérile, à de l’éducation et à des références. Les personnes en faveur de l’intervention à domicile affirment que ce mode de prestation accroît l’accès pour les UDI qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se rendre à un site fixe ou une autre forme de PÉS. Les visites à domicile sont perçues comme un signe d’acceptation des clients par les intervenants, et de dévouement à leur égard. De plus, on affirme que l’intervention à domicile offre l’occasion de joindre d’autres UDI présents sur les lieux, et qui n’ont jamais eu recours à un PÉS. En outre, on fait valoir que l’intervention à domicile atténue les contraintes d’espace dans les PÉS mobiles. Considérations pour les services à domicile Par ailleurs, l’intervention à domicile par des PÉS est également considérée comme une source de danger potentiel, en particulier par des intervenants qui ne sont pas très familiers avec le milieu de la drogue et sa culture. Pour les intervenants à domicile, il est difficile de contrôler qui est au domicile du client et quels événements peuvent se produire au même moment que l’intervention. De plus, des préoccupations ont été exprimées quant aux conséquences possibles de placer des intervenants qui sont des ex-utilisateurs de drogue, en contact si étroit avec l’utilisation de drogue. Certains PÉS fournissent encore des services à domicile, mais la consigne pour les intervenants est de donner le matériel et les autres services sur le seuil de la demeure du client, sans entrer. 164 Données au sujet du modèle de la visite à domicile En Ontario, un PÉS avait été conçu initialement d’après un modèle de livraison à domicile, comme suite au constat que peu d’UDI locaux étaient disposés à se rendre sur les lieux d’un site fixe (Hankins, 1998). On n’a pas jugé que les préoccupations relatives à la sécurité étaient justifiées. Cependant, certains intervenants ont recommencé à faire usage de drogue (Hankins, 1998). Strike et ses collègues (2002a) ont recensé qu’un tiers des PÉS ontariens fournissaient des services aux domiciles de clients. Les intervenants à domicile considéraient que ce mode de prestation accroît l’accessibilité et la crédibilité du PÉS. Cependant, les intervenants qui étaient des ex-utilisateurs de drogue (soit environ un quart des employés de première ligne) étaient plus confortables que les autres, dans le cadre de ces visites. Les opinions au sujet de la fourniture de services à domicile étaient partagées, parmi les intervenants et responsables de PÉS qui ont été interrogés, en raison de points de vue différents au sujet de la sécurité et de l’impression d’intrusion du domicile. Cependant, les intervenants à domicile ont exprimé l’avis que le risque de préjudice est faible, puisque les visites sont faites chez des clients réguliers et en qui l’on a confiance. Cinq incidents violents, lors de visites, ont été signalés pour l’ensemble de 15 sites et de près de 10 ans d’activité pour certains de ces programmes (Strike et al., 2002a). I n terve n tio n - terrai n f o n d ée s u r les pairs Les programmes de PÉS fondés sur l’intervention par des pairs portent plusieurs noms – échange secondaire, échange par les pairs, aidants naturels, échange satellite, etc. –, mais ils ne devraient pas être confondus avec les sites satellites d’intervention situés dans des locaux d’organismes partenaires, dont nous avons discuté quelques pages plus tôt. L’intervention par les pairs mise sur les réseaux sociaux existants ainsi que les normes communautaires de la réciprocité. L’intervention entre pairs fonctionne en grande partie comme d’autres formes de fourniture de services de PÉS; cependant, les clients fournissent des services directs à d’autres UDI. Certains programmes d’intervention fondés sur les pairs sont autogérés, intégrés à un PÉS plus grand, réalisés à la maison ou dans la rue. D’autres programmes fondés sur les pairs fonctionnent aux domiciles de ces derniers, ou sous forme d’intervention de rue. Avec ou sans l’appellation officielle de « pair intervenant », nombre d’UDI aident d’autres UDI de la communauté à échanger leurs seringues ou à avoir accès à d’autres services. L’intervention fondée sur les pairs semble bénéfique pour joindre divers groupes d’UDI, notamment parmi les plus vulnérables au VIH. Par exemple, l’intervention par des pairs qui est destinée aux jeunes est associée à une réduction de la réutilisation et du partage de seringues. Au Canada, un petit nombre PÉS gérés par les pairs sont en activité (p. ex. CounterFIT, à Toronto, et le VANDU à Vancouver), mais plusieurs PÉS sont dotés de composantes formelles ou informelles qui consistent en des interventions par des pairs. Les PÉS gérés par les pairs, en revanche, jouent un rôle important dans la prévention du VIH aux Pays-Bas, en Australie et aux ÉtatsUnis. L’OMS (WHO, 2004) recommande l’intervention comme un aspect important des programmes de prévention du VIH visant à joindre des UDI qui évitent les situations formelles de la prestation de services mais qui 165 bénéficieraient grandement de services de PÉS fournis là où ils vivent et utilisent des drogues (rue, bars, piqueries, maisons de crack, marchés, etc.). Les services d’intervention par les pairs peuvent fournir divers services liés à la santé, comme l’accès à du matériel stérile, à l’éducation et à des références. Dans un récent examen bibliographique, l’OMS (WHO, 2004) a observé que l’intervention fondée sur les pairs et celle de professionnels dans les PÉS sont toutes deux associées à des réductions des comportements à risque pour le VIH. Cependant, elle souligne des données révélant que l’intervention par les pairs peut être associée à une réduction plus importante des comportements à risque, en comparaison avec l’intervention d’autres personnes. La recherche démontre que des pairs peuvent recruter des groupes d’UDI plus diversifiés et susciter des changements comportementaux à plus grande échelle. Les interventions faisant appel à des réseaux sociaux d’UDI démontrent que la formation donnée à un membre d’un réseau fournit une éducation sur la réduction du risque qui peut se répercuter dans tout le réseau. Il arrive souvent que les pairs échangeurs parviennent à joindre des UDI qui peuvent être méfiants à l’égard des PÉS et/ou réticents à laisser tomber leur relative invisibilité en tant qu’UDI afin d’avoir recours aux services de PÉS. Les pairs échangeurs ont été reconnus comme un moyen important pour la modification de normes au sein de réseaux sociaux. En particulier, en conjonction avec l’éducation de la part des PÉS, ils peuvent contribuer à la modification de normes d’injection non sécuritaires au profit de normes et comportements plus sécuritaires au sein de leurs réseaux sociaux. De plus, les pairs échangeurs, en tant que groupe, développent du matériel d’éducation et servent de représentants des intérêts de la communauté des UDI. Les pairs échangeurs qui sont recrutés directement par un PÉS sont souvent des UDI bien connus et respectés, dans la communauté des UDI, et il arrive qu’ils fournissent déjà des services d’échange de seringues de manière informelle. Ces pairs échangeurs sont formés par le PÉS, en matière de provision d’éducation à la réduction des méfaits à d’autres UDI. Habituellement, ils distribuent et/ou échangent du matériel d’injection stérile, parmi leurs amis, connaissances, et autres, gratuitement; il peut arriver qu’une minorité d’entre eux vendent ou échangent le matériel contre de l’argent, des biens ou d’autres choses. Il a été noté que ceux qui font le troc ou la vente de seringues obtenues de PÉS en tirent un mince profit. L’échange fondé sur les pairs repose sur la notion que les clients de PÉS peuvent être incités à transmettre à leurs pairs des instruments obtenus auprès de PÉS ainsi que des messages de réduction des méfaits. Cependant, ils ne peuvent remettre du matériel à d’autres que s’ils en ont suffisamment pour satisfaire leurs propres besoins ainsi que ceux d’autres personnes. Ainsi, les programmes qui entravent l’échange en vrac et/ou la distribution de matériel risquent de limiter, consciemment ou non, la distribution de matériel stérile à leurs clients directs (voir la section sur L’échange de seringues et aiguilles). Considérations pour l’intervention-terrain fondée sur les pairs Il fut un temps où l’intervention-terrain fondée sur les pairs était déconseillée, dans certaines régions de l’Ontario et du Canada. Des comptes-rendus portent à croire que certains PÉS préfèrent un échange individuel, fourni par des employés rémunérés par le PÉS, pour assurer que les clients reçoivent des 166 messages d’éducation et d’autres types, en même temps que des seringues stériles. Cette pratique a cours même si elle contribue à empêcher des clients de fournir des seringues à leurs amis et connaissances. La préoccupation de fournir les services directement aux UDI, plutôt que par l’entremise d’autres UDI, peut être utile. Certains rapports ont été signalés, aux États-Unis, à l’effet que certains UDI, en particulier des femmes, qui font l’échange de seringues peuvent être plus susceptibles de s’adonner à des comportements d’injection à risque, et de contracter le VIH. Toutefois, d’autres études font état de conclusions contraires à celles-ci, tout en indiquant le besoin de former les UDI qui ont recours aux PÉS pour le compte d’autres UDI, afin d’insister sur l’importance des pratiques d’injection et comportements sexuels sécuritaires. En dépit des avantages potentiels de l’intervention fondée sur les pairs, des données portent à croire que ce modèle de fourniture de services peut devenir problématique. Par exemple, des conflits qui existaient déjà entre des pairs échangeurs et des clients de PÉS peuvent nuire à la fourniture et à la réception des services. Il arrive souvent que des UDI soient incarcérés, et les clients qui comptent précisément sur un pair intervenant, pour leur approvisionnement en matériel d’injection, peuvent être en difficulté si ce dernier est arrêté ou incarcéré. De plus, les pairs échangeurs ont besoin d’une formation continue afin que les types d’éducation qu’ils fournissent à d’autres soient adéquats et conformes à celle que donne le PÉS. Les pairs échangeurs peuvent aussi avoir besoin de soutien émotionnel et d’autres types, ce qui peut demander un temps considérable à des PÉS dont l’équipe est limitée. Quant aux revendeurs de seringues dans la rue, on a constaté qu’ils sont une importante source de seringues pour les UDI de plusieurs villes états-uniennes. Dans la littérature, on recense des rapports au sujet de seringues usagées qui ont été désinfectées (ou pas) et qui sont présentées comme « neuves » aux acheteurs (voir, p. ex. Stopka et al., 2003; Latkin and Forman, 2001). La fréquence de ce comportement semble varier d’un endroit à un autre, mais le phénomène n’en est pas moins préoccupant. On ne sait pas l’ampleur à laquelle des seringues (stériles ou pas) sont vendues dans les rues de villes canadiennes; la pratique pourrait être moins répandue, compte tenu du nombre de PÉS et de la possibilité d’acheter des seringues en pharmacie. Néanmoins, dans un certain nombre d’études réalisées au Canada, des UDI ont déjà répondu par l’affirmative à des questions à savoir s’ils avaient déjà « donné, prêté ou vendu » du matériel d’injection usagé. En veillant à ce que les UDI puissent obtenir d’amples quantités de seringues stériles et d’autre matériel, auprès des PÉS – i.e. en saturant le marché d’instruments gratuits, on est susceptible de réduire la vente de matériel usagé dans la rue (voir, p. ex., Coffin, 2000). Données au sujet des interventions-terrain fondées sur les pairs Au moyen de données issues d’une étude qualitative sur un grand échantillon (n=120) à Toronto, Strike et son équipe (2005) ont examiné les tendances dans l’obtention de seringues; ils ont noté que certains UDI emmagasinent un grand stock de seringues, pour leur usage personnel. Ces derniers ont affirmé qu’ils se procurent délibérément une grande quantité de seringues dans l’intention de les distribuer à d’autres UDI. Ce réseau de distribution entre pairs a été signalé comme une importante source de seringues pour les UDI qui se les procurent sur une base quotidienne et/ou qui sont des travailleuses ou travailleurs sexuels, qui sont en période de libération conditionnelle ou en probation, qui sont sans abri ou dans des circonstances d’habitation précaire, ou encore qui gardent secret leur usage de drogue par injection. Les UDI qui sont les plus marginalisés et les plus désorganisés, sur le plan des comportements d’usage de drogue, étaient 167 les plus susceptibles d’avoir de la difficulté à s’approvisionner en matériel d’injection stérile. Strike et son équipe (2005) ont signalé que la disposition des « emmagasineurs » à fournir des seringues stériles à d’autres réduit le nombre d’incidents où des UDI se trouvent sans seringue et sont susceptibles d’être exploités, et/ou doivent partager des seringues. À Toronto, un PÉS satellite fonctionne par l’action de pairs, et tous les clients sont considérés comme des fournisseurs potentiels de services (Strike et al., 2005). Les buts de cette approche sont d’aider les clients à développer des compétences de travail, de rehausser leur estime de soi et leur contrôle sur leur vie, de fournir un milieu convivial aux clients, et de favoriser le développement communautaire parmi les utilisateurs de drogue par injection. En 2001, ce programme a distribué/échangé la quatrième plus importante quantité de seringues de tous les programmes ontariens d’échange de seringues. Ce programme a également intégré un petit nombre de vendeurs de drogue non violents, dans ses activités. D’après le personnel, cette approche aux points de vente permet de joindre des réseaux d’usage de drogue qui sont autrement inaccessibles. On ne sait pas clairement si les commerçants de drogue vendent les seringues que leur procure le PÉS satellite. Cependant, on considère que l’approvisionnement gratuit et accessible en matériel, au PÉS satellite, et par son vaste réseau de pairs échangeurs, couplés aux autres PÉS locaux et aux ventes sans ordonnance, réduisent les occasions des trafiquants de tirer des profits de la revente de seringues. De plus, des participants ont signalé qu’ils reçoivent des seringues gratuites, de leur trafiquants, ce qui porte à croire que ces derniers ne vendent pas les seringues reçus du PÉS, mais les donnent. Une comparaison de l’échange de seringues fondé sur les pairs à Vancouver et à Montréal (Tyndall et al., 2002) a démontré que 46 % des participants de Vancouver et 50 % de ceux de Montréal signalaient avoir fourni une seringue stérile à une autre personne, soit en la troquant, en la vendant, en la prêtant ou en la donnant. Les facteurs associés au fait d’avoir fourni des seringues à autrui dans les six mois précédant l’entrevue incluaient : l’emprunt de matériel d’injection usagé (RCA=2,4; 95 % IC : 1,85-3,71), l’acquisition de 20 seringues ou plus par visite au PÉS (RCA=2,0; 95 % IC : 1,34-2,54), et une fréquentation du PÉS supérieure à une fois par semaine (RCA=1,54; 95 % IC : 1,17-2,13). Tyndall et al. (2002) ont conclu que la distribution secondaire était un important moyen de joindre les UDI à risque élevé. À Edmonton, un groupe d’UDI identifiés comme des « aidants naturels » – des UDI aidant d’autres UDI dans la communauté, notamment en leur fournissant du matériel d’injection stérile – s’est impliqué dans un projet de développement communautaire du PÉS de cette ville, Streetworks (Taylor and Jasperson, 2001). Dans le cadre de ce projet, les aidants naturels ont développé du matériel d’éducation pour la communauté (p. ex. un manuel sur les soins des veines, de l’information sur les premiers soins dans la rue). Les aidants naturels ont participé au plaidoyer communautaire, par des exposés et par une présentation par affiche lors d’une conférence provinciale. Comme suite à cette participation, Taylor et Jasperson (2001) signalent que les membres qui fournissent du soutien mutuel ont raffiné leurs compétences d’intervention et de premiers soins, et que certains membres ont tenté de réduire ou de cesser l’usage de drogue, ont participé à des programmes d’éducation et ont réintégré le marché du travail. Un examen des études états-uniennes réalisées au sujet des services d’intervention-terrain pour les UDI fournis par des membres de communautés autochtones a conclu que l’intervention-terrrain pour la prévention du VIH est efficace parmi les UDI (Coyle et al., 1998). Au moyen de résultats de 36 études sur les comportements avant et après un test du VIH, Coyle et ses collègues (1998) ont constaté qu’une 168 importante proportion des UDI exposés à des interventions-terrain avaient modifié leur comportement dans la direction adéquate. En particulier, le contact avec des intervenants a été associé de manière constante avec la cessation de l’usage de drogue par injection, la réduction de la fréquence d’injection ainsi que de réutilisation de seringues et d’autres instruments liés à l’injection. Des résultats des études consultées signalaient également une désinfection plus fréquente des seringues, l’amorce de traitement de désintoxication ainsi que l’augmentation de l’usage de condoms. En outre, Coyle et al. (1998) ont mis en relief des données de ces études qui illustrent un effet sur la dose de drogue consommée – l’exposition plus longue à des interventions-terrain est associée à une diminution plus importante de la fréquence d’injection. Les résultats d’une intervention axée sur la dissémination d’information sur la réduction des risques de VIH et sur les comportements modèles d’injection plus sécuritaire, par des figures de premier plan dans la communauté des UDI, à Baltimore, a démontré que, s’ils reçoivent une formation à cet effet, des pairsleaders peuvent promouvoir efficacement la prévention du VIH au sein de leur propre réseau de contacts ainsi qu’auprès d’autres UDI (Latkin, 1998). Pour cette intervention, 36 pairs-leaders de la communauté d’UDI ont été formés (dans le cadre de 10 séances) pour la provision d’information sur la réduction des risques de VIH et sur le rôle de modèle comportemental auprès de membres de leurs réseaux personnels. Des données ont été collectées auprès des leaders et de 78 membres de leurs réseaux ainsi que d’autres individus [groupe contrôle], au sujet des comportements avant et après les interventions. À l’étape du suivi, les pairs-leaders qui avaient reçu une formation étaient plus susceptibles que les membres du groupe contrôle de déclarer une augmentation de la désinfection de seringues et de l’usage de condoms, de même qu’une diminution du partage de seringue. Les membres de réseaux dotés d’un pair-leader ont signalé moins de comportements à risque pour le VIH que ceux du groupe-contrôle; ils ont également signalé avoir reçu de leur pair de l’information sur les comportements à risque pour le VIH (Latkin, 1998). Au moyen de données tirées d’une étude à grande échelle sur les PÉS (n=5 369), Valente et al. (1998) ont signalé que 9,4 % des clients de PÉS de Baltimore étaient considérés comme des pairs-échangeurs, et que ces clients comptaient pour 64 % de l’ensemble des seringues distribuées par le PÉS. Les auteurs notent que les pairs-échangeurs avaient besoin d’une formation en matière de counselling et de techniques d’éducation, mais qu’ils augmentaient la disponibilité du matériel des PÉS à 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Sears et al. (2001) ont observé qu’un programme d’échange secondaire fondé sur les pairs, parmi des jeunes, combiné à des activités médiatiques et de développement communautaire ciblant directement les jeunes, était associé à une diminution de la réutilisation et du partage de seringues, ainsi qu’à une utilisation plus soutenue du condom lors de rapports sexuels avec des partenaires occasionnels. Les UDI qui n’avaient pas recours à l’échange secondaire par des pairs étaient plus susceptibles de partager des seringues (RCA 3,74) et d’en réutiliser (RCA 2,77). Stopka et al. (2003), au moyen de données d’une étude ethnographique réalisée à Hartford, Connecticut, ont signalé que les revendeurs de seringues (p. ex. les UDI en ayant un surplus, ceux qui souhaitent faire un peu d’argent, d’autres membres de la communauté, de même que des diabétiques) jouent un rôle important dans l’accès à des seringues lorsque les autres voies d’accès à ce matériel sont fermées, ou pour les UDI désireux d’éviter les lieux formels. Friedman et al., (2004) ont utilisé des données collectées auprès de 120 UDI de Brooklyn, New York, afin d’examiner le degré d’entraide parmi les UDI. Les résultats de cette étude démontrent que certains UDI participent à des initiatives de bénévolat et d’activisme communautaire, et encouragent leurs pairs à 169 réduire leur risque de contracter une infection transmissible par l’injection ou par les rapports sexuels. Les chercheurs ont signalé que les futures interventions comportementales doivent évaluer non seulement l’impact du comportement focal, mais aussi dans quelle mesure les messages sur la modification comportementale sont disséminés à d’autres dans la communauté, par les participants à l’intervention. Dans la littérature, on observe des constats diversifiés quant à la relation entre l’échange par des pairs, le genre sexuel, les comportements à risque et la transmission du VIH. Au moyen de données d’une étude réalisée parmi des UDI à Baltimore (de 1994 à 1997), Valente et al. (2001) ont observé que les femmes qui rapportaient des seringues qui avaient été obtenues par d’autres personnes étaient plus susceptibles de contracter le VIH que celles qui ne retournaient que leurs propres seringues. À l’époque où cette étude a été réalisée, le PÉS de Baltimore avait une politique d’échange unitaire. Les UDI qui utilisaient le PÉS plus fréquemment étaient plus susceptibles de rapporter leurs seringues et d’y revenir plus rapidement que les autres. Riehman et al. (2004) ont fait état d’une comparaison (n=531) entre les femmes et les hommes aux chapitres des comportements touchant l’accès à des seringues, leur utilisation ainsi que leur distribution, au moyen de données de 23 PÉS de la Californie. Les résultats de cette étude portent à croire que les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’aller échanger des seringues pour d’autres personnes, mais qu’elles sont aussi plus susceptibles que les hommes de donner des seringues usagées à d’autres personnes (RC = 4,1; 95 % IC : 1,28-13,35), tout en étant moins susceptibles d’accepter une seringue usagée (RC = 0,31; 95 % IC : 0,97-1,02). Parmi les femmes, celles qui faisaient des échanges pour d’autres personnes étaient moins susceptibles que les autres de réutiliser leurs propres seringues (RC = ,31; 95 % IC : 0,18-0,54). Les auteurs ont conclu que, bien que les femmes faisant des échanges de matériel d’injection pour autrui soient moins susceptibles d’avoir des comportements qui les exposent à des risques, elles exposent peutêtre leurs réseaux à des risques en donnant des seringues usagées. Au moyen de données tirées d’une étude ethnographique auprès d’échangeurs secondaires (i.e. des UDI qui donnent du matériel d’injection à d’autres; n=26) et de personnes desservies par eux (n=21), Snead et al. (2003) ont observé que la plupart des échangeurs secondaires fournissaient des seringues à des amis, des membres de la famille et des partenaires, mais qu’ils étaient moins enclins à en fournir à des étrangers. Il avait été signalé que le PÉS facilitait et encourageait ce type d’échange. La plupart des récipiendaires d’échange secondaire n’avaient recours qu’à un pair-échangeur, mais avaient aussi quelques échangeurs « de rechange ». Bien que la plupart des pairs-échangeurs ont signalé qu’ils fournissaient des seringues à d’autres pour des raisons d’affection ou d’altruisme, il a été affirmé par des échangeurs et par des récipiendaires qu’il y avait une certaine attente de réciprocité, dans la relation d’échange (p. ex., argent, drogue ou autre), et 50 % des échangeurs acceptaient de l’argent ou de la drogue, en échange de seringues. Les échangeurs secondaires avaient tendance à fournir des seringues à partir de leur domicile, mais certains en faisaient aussi la livraison. De plus, certains échangeurs secondaires ont affirmé qu’ils exigeaient un échange unitaire; toutefois, des récipiendaires ont dit que ce n’était habituellement pas nécessaire. Des récipiendaires avaient aussi recours directement au PÉS, mais ils avaient tendance à utiliser les services de pairs-échangeurs pour des raisons de proximité géographique et par manque d’un endroit pour l’entreposage de leur matériel. Bien que la réduction des risques était un thème de discussion avec les récipiendaires, plusieurs échangeurs ont manifesté un intérêt à recevoir une formation sur l’éducation aux pairs. 170 Au moyen de données d’observation pendant un an et demi, auprès de participants à San Francisco et New York, Broadhead et al. (1995) ont fait état d’UDI, anciens et actifs, qui ont été embauchés pour réaliser des interventions de rue auprès d’autres UDI. Divers problèmes se sont manifestés, dans les programmes; notamment, l’utilisation du statut d’intervenant pour continuer des activités illégales dans la rue, un manque de supervision permettant à certains de se dérober à leurs responsabilités, et la réticence de certains ex-UDI à retourner dans ces communautés ou leur difficulté à ne pas porter de jugement l’égard des UDI. La double identité d’intervenant et membre de la communauté a également été identifiée comme une source possible de problèmes pour les pairs-intervenants, dont on s’attendait parfois à ce qu’ils se comportent comme des membres de la communauté, plutôt que comme des intervenants (ou qui souhaitaient eux-mêmes se comporter ainsi). Néanmoins, plusieurs pairs-intervenants étaient dévoués à leur emploi et travaillaient avec le plus de professionnalisme possible. Broadhead et al. (1995) ont conclu qu’en dépit des problèmes, les programmes d’intervention fondée sur les pairs servaient de catalyseurs pour des modifications comportementales soutenues, dans leurs communautés. Au moyen de données et d’observations dans le milieu, Henman et al. (1998) ont constaté que les UDI qui échangent des seringues pour d’autres personnes le font dans le cadre de relations qui reposent sur la réciprocité et des faveurs mutuelles. Si certains vendent les seringues, les profits à en tirer sont plutôt minimes. A chat et écha n g e d e seri n g u es e n phar m acie En Ontario, l’achat de seringues en pharmacie est une importante source d’approvisionnement pour les UDI, Les seringues peuvent être achetées sans ordonnance de médecin, et en toute légalité, dans des pharmacies; les pharmaciens sont encouragés à vendre des seringues et aiguilles aux UDI (Ontario College of Pharmacists, 1992); toutefois, la vente de ces instruments est laissée à la discrétion de chaque pharmacien (Ontario College of Pharmacists, 1991). En Ontario, au Québec et au Royaume-Uni, certains pharmaciens travaillent directement avec les autorités sanitaires locales pour fournir des services de PÉS, y compris la mise au rebut. Des données de recherche démontrent que les pharmacies sont une importante source de seringues pour les UDI, car certains d’entre eux préfèrent les acheter en pharmacie plutôt que d’avoir recours à un PÉS. En particulier, plusieurs études états-uniennes ont démontré que des femmes UDI préfèrent l’achat en pharmacie. On considère que les pharmacies permettent un plus grand anonymat et qu’elles sont plus accessibles sur le plan du lieu ou des horaires. La vente de seringues sans ordonnance est à la discrétion de chaque pharmacien; ceux qui considèrent bénéfique d’en vendre à des UDI sont plus susceptibles de le faire. L’emplacement est un important facteur qui détermine la probabilité qu’un UDI se rende dans une pharmacie pour acheter des seringues. Celles qui sont les plus près des secteurs où l’on consomme des drogues sont plus susceptibles d’être visitées par des UDI, mais seulement si l’achat de seringue peut y être fait sans difficulté et sans que l’on se sente harcelé. 171 La faculté de Pharmacie et des Sciences pharmaceutiques de l’Université de l’Alberta offre un cours d’éducation permanente aux pharmaciens, par le biais d’Internet. Le cours s’intitule : 7021 Harm Reduction: Opportunities for Pharmacists to Prevent the Spread of Bloodborne Pathogens (http://www.pharmalearn. ualberta.ca/conted). Par ailleurs, la Royal Pharmaceutical Society of Great Britain a développé des lignes directrices sur la pratique, à l’intention des pharmaciens qui fournissent des services de PÉS (p. ex. sur la fourniture de services, les précautions de sécurité, l’évaluation, l’élimination du matériel usagé ainsi que la formation); le document est accessible à www.rpsgb.org.uk/members/practice/framePractGuid.htm. Co n s i d é ra t i o n s p o u r l ’a c h a t e t é c h a n g e d e s e r i n g u e s e n p h a r m a c i e Certains UDI peuvent préférer l’anonymat d’un achat sans ordonnance en pharmacie, mais ne pas avoir l’argent pour le faire, en petite ou en grande quantité. De plus, l’achat en pharmacie peut être une expérience difficile et stigmatisante. Certains pharmaciens peuvent toutefois être réticents à vendre des seringues à ces clients parce qu’ils n’appuient pas le concept d’échange de seringues, ou encore parce qu’ils craignent que les UDI commettent des vols à l’étalage, posent un risque à la sécurité du personnel, donnent lieu à des risques liés aux seringues usagées, ou que les autres clients soient mal à l’aise à leurs côtés. De plus, il se peut que des pharmaciens considèrent que la vente de petites quantités de seringues n’est pas rentable et refusent par conséquent d’en vendre en quantité inférieure à dix. D o n n é es a u s u j et d e l ’a c h a t et é c h a n g e d e se r i n g u es e n p h a r m a c i e Un examen des données, par l’OMS (WHO, 2004), concernant l’efficacité de la vente de seringues sans ordonnance a démontré que ce mode de fourniture était associé à une diminution des comportements à risque pour le VIH ainsi qu’à une moindre séroprévalence du VIH. Le re co u rs à u n e p h a r m a c i e p o u r l ’o bte n t i o n d e se r i n g u es ILes pharmacies sont une importante voie d’accès à des seringues stériles, pour les UDI, à nombre d’endroits à travers le monde. Une étude réalisée à Toronto a démontré que certains UDI préfèrent les pharmacies aux PÉS, pour se procurer des seringues (Strike et al., 2005). À Vancouver, une étude auprès de 1 020 UDI a démontré que les pharmacies étaient la principale source d’accès à des seringues pour 6 % des participants (Miller et al., 2002). La comparaison entre des UDI ayant principalement recours à des pharmacies et d’autres utilisant principalement un PÉS à site fixe ou par camionnette, a démontré que les utilisateurs de pharmacies tendaient à avoir des profils de risque moins élevé. À Ottawa, Leonard et ses collègues ont signalé des taux plus élevés [de recours à des pharmacies] que ceux observés parmi des UDI de Vancouver. À Ottawa, parmi 418 hommes et 85 femmes UDI participant au POINT Project entre octobre 2002 et janvier 2003, 20 % des hommes UDI et 14 % des femmes ont signalé être allés que la pharmacie avait été leur principale source de seringues neuves, dans les six mois précédant leur entrevue initiale à l’étude. Les raisons les plus fréquemment invoquées pour ce recours à des pharmacies étaient l’aspect plus pratique de ces dernières (pour 68 % des hommes et 58 % des femmes), les contraintes des PÉS 172 comme le fait qu’ils soient fermés au moment où l’on a besoin de seringues (pour 14 % des hommes et 32 % des femmes), et le fait que la camionnette du PÉS échoue à se rendre à eux à temps (pour 12 % des hommes et 26 % des femmes). Fait important, plus de femmes (37 %) que d’hommes (16 %) ont signalé que des pharmacies étaient leur principale source de seringues parce qu’elles étaient mal à l’aise de s’adresser au PÉS (p<0,05). Au moyen de données du United States National Household Survey on Drug Abuse, Anderson et al. (1998) ont signalé que les pharmacies étaient la source de seringues la plus fréquente pour 38 % des 379 UDI recrutés pour l’étude, en 1995 et 1996. Une étude réalisée à Baltimore (Riley et al., 2000) a comparé des clients fréquentant pour la première fois un échange dans une camionnette (n=124) et des clients d’échange en pharmacie (n=162); on a constaté que la pharmacie était plus susceptible d’attirer des personnes d’ascendance afro-américaine, mais moins susceptible d’attirer des utilisateurs de cocaïne par injection ou des UDI s’étant fait plus de quatre injections par jour au cours des deux semaines précédentes. En France, les pharmacies sont la principale source de seringues pour les UDI (Moatti et al., 2001). Les facteurs influençant la préférence pour l’achat de seringues sans ordonnance en pharmacie étaient notamment : les heures d’ouverture prolongées ainsi que l’emplacement pratique et plus anonyme/moins propice à la stigmatisation (Khoshnood et al., 2000; Strike et al., 2002a). Junge et al. (1999) ont demandé à des UDI de Baltimore quelle serait leur source préférée pour l’obtention de seringues si les lois étaient modifiées de manière à légaliser la vente sans ordonnance aux UDI. Les réponses étaient réparties de manière égale entre les PÉS et les pharmacies (49 % pour chacun). Cependant, les auteurs ont signalé que les femmes préféraient les pharmacies aux PÉS. À une question sur le prix qu’ils seraient disposés à payer pour acheter des seringues en pharmacie, le prix médian indiqué était de 0,80 $ US; les réponses oscillaient entre 0,10 $ US et 4,00 $ US (Junge et al., 1999). Des UDI ont indiqué par ailleurs que l’achat en pharmacie serait plus attrayant si ces dernières offraient une plus grande variété de seringues (en termes de marque et de calibre). Pharmaciens communautaires, vente libre et échange de seringues Alors que certains pharmaciens jouent un rôle crucial dans l’accessibilité des seringues, d’autres sont réticents à le faire en raison de préoccupations diverses – crainte d’encourager l’usage de drogue, seringues jetées de manière inadéquate, vol à l’étalage et/ou crainte d’indisposer d’autres clients (Myers et al., 1998; Gleghorn et al., 1998; Weinstein et al., 1998; Reich et al., 2002, Lewis et al., 2002). Un rapport indiquait la possibilité que les UDI qui ont une allure « classe moyenne » ont de meilleures chances que les autres UDI de pouvoir acheter des seringues (Pierce, 1999). En 1992-1993, Myers et al. (1998) ont réalisé une enquête postale parmi les pharmaciens de quartier (n=1 976), quant à leurs attitudes et pratiques concernant les interventions pour UDI. En général, 73 % étaient en faveur de l’échange de seringues pour les UDI; cependant, seulement 20 % ont répondu qu’ils vendraient des seringues à quiconque leur en demande. Seulement 12 % ont indiqué avoir des contenants à déchets biomédicaux dans leur commerce. Sur une échelle de 1 (non disposé) à 3 (très disposé), la disposition moyenne des pharmaciens de quartier à vendre des seringues à des UDI était de 2,02. Les facteurs signalés 173 comme ayant une influence sur la disposition à vendre des seringues à d’autres personnes que des diabétiques étaient notamment : les attitudes à l’égard des UDI, l’opinion au sujet de l’échange de seringue, l’impression de risque de vol et de menace à la sécurité publique. Les pharmaciens qui avaient obtenu leur licence après 1980, qui avaient eu un client séropositif au VIH et/ou qui travaillaient pour une succursale de chaîne de pharmacie étaient plus disposés à vendre des seringues à des personnes non diabétiques. Les pharmaciens à New York qui ont participé à une enquête téléphonique (n=130) de Coffin et ses collègues (2000) ont exprimé des préoccupations semblables, au sujet des ventes de seringues à des UDI sans ordonnance. Cette étude a été réalisée juste avant les amendements légaux permettant aux pharmaciens de vendre jusqu’à dix seringues sans ordonnance. Seulement 40 % de ces pharmaciens ont répondu qu’ils accepteraient de vendre des seringues à des UDI. Au Royaume-Uni, des PÉS en pharmacie sont organisés par les autorités sanitaires locales. Les pharmaciens sont approvisionnés et rémunérés pour fournir des services gratuits de PÉS (Sheridan et al., 2000). Une étude de Sheridan et al. (2000) a démontré que 83 % des pharmaciens fournissaient à leurs clients des trousses d’injection pré-emballées; 49 % limitaient le nombre de seringues fournies à une personne lors d’une visite (nombre maximal de seringues entre 6 et 125); de plus, les pharmacies examinées dans cette étude avaient un taux de retour du matériel estimé à 30 %. Cependant, les pharmaciens qui encourageaient le retour de matériel usagé arrivaient à des taux plus élevés; par ailleurs, des UDI participant à une autre étude réalisée par les même auteurs ont indiqué qu’ils rapportaient au PÉS local leurs seringues usagées obtenues en pharmacie. Les pharmacies de centres urbains faisaient plus de transactions avec des UDI que les PÉS situés dans d’autres endroits. Les problèmes signalés le plus souvent en lien avec les PÉS en pharmacie étaient, “quelques fois”, le vol à l’étalage et l’ébriété de clients. Les incidents de violence impliquant des clients de PÉS, dans la pharmacie, étaient rares; plus de 80 % des pharmaciens ont déclaré qu’ils n’en avaient eu aucun. En outre, 64 % des pharmaciens considéraient que les autres clients de leur pharmacie n’avaient pas connaissance de la fourniture de services de PÉS sur les lieux. Plusieurs pharmaciens ont signalé que leurs clients d’échange de seringues demandaient fréquemment d’autres éléments, comme des filtres, de l’eau stérile, de l’acide citrique ou de l’acide ascorbique. Afin d’améliorer l’accès [à des seringues stériles] dans des pharmacies au Connecticut, Weinstein et al. (1998) ont mené deux initiatives pilotes : une trousse pour UDI (deux seringues et deux condoms) payée par le département de santé mais distribuée dans des pharmacies; et une éducation par les pairs, aux pharmaciens, fournie par une équipe composée d’un pharmacien universitaire et de coordonnateurs sur le sida pour le département local de santé. Des 44 pharmacies visitées par l’équipe, 35 ont accepté de participer au programme pilote. Le suivi s’est révélé piètre, mais a démontré qu’il est possible d’encourager des pharmaciens à participer à des programmes de prévention du VIH. Une enquête de 1994 auprès de 329 pharmaciens du Connecticut a démontré que ceux qui étaient d’avis que la vente de seringues serait bénéfique à la santé des UDI et au bien-être général de la communauté, de même que les pharmaciens qui croyaient que leurs pairs vendaient eux aussi des seringues, étaient plus favorables à la vente de seringues sans ordonnance (Wright-De Agüero et al., 1998). Une autre étude, cellelà à Baltimore (Gleghorn et al., 1998), a démontré que malgré la légalité de la vente de seringues, plusieurs pharmaciens ont continué d’exiger une ordonnance ou une vérification de l’état diabétique. 174 P ro g ra m m es m u lti - m o d è les et m u lti - services La plupart des examens au sujet des modèles de programmes de PÉS soulignent l’intérêt à combiner des modèles multiples (p. ex., site fixe, intervention-terrain et sites satellites), pour améliorer l’accessibilité des services pour les clients (Brahmbhatt et al., 2000; Khoshnood et at., 2000; Strike et al., 2002a; Tyndall et al., 2002). Malheureusement, nous n’avons pu recenser d’études portant sur la comparaison entre des PÉS à modèles multiples et des PÉS à modèle unique. Lorsque possible, les PÉS de l’Ontario tentent de fournir divers modèles de services pour satisfaire des besoins divers et pour éviter les écueils des modèles individuels (Strike et al., 2002a). D’autres études ont démontré que divers types de lieux attirent divers types d’UDI (Schechter et al., 1999; McKegney et al., 1989; Barnard, 1993). Des approches à modèles mixtes pour la prestation de services peuvent répondre à des préoccupations d’accessibilité temporelle et géographique ainsi qu’à la préoccupation à l’effet qu’un seul site de services puisse conduire à la formation de nouveaux réseaux d’injection et entraîner ainsi une hausse du taux de transmission du VIH (Hankins, 1998). Vu la complexité des problématiques sociales et de santé qui se rencontrent parmi les UDI, un modèle à services multiples est souvent recommandé par les fournisseurs de services ainsi que par les chercheurs. Ces types de modèles sont souvent qualifiés de « guichets uniques » – les clients peuvent y recevoir des services de diverses disciplines (p. ex. santé publique, médecine générale, service social, santé mentale, etc.) dans un seul lieu. En soi, l’échange de seringues est un service parmi tant d’autres qui sont conçus pour satisfaire les besoins des UDI et/ou d’autres individus de la rue. Les modèles à services multiples sont considérés comme une nécessité, vu la résistance d’UDI à avoir recours aux services sociaux, sanitaires ou d’autres domaines, qui sont offerts. Cette réticence découle de la stigmatisation des UDI et du piètre traitement qui leur est réservé par des intervenants du domaine de la santé et d’autres services. Par exemple, Morrison et al. (1997) ont constaté qu’en raison d’expériences déplaisantes qu’ils ont vécues, des UDI éviteront de demander des traitements jusqu’au moment où ils sont en situation de crise. Dans les quatre semaines précédant l’enquête, 52 % des UDI n’avaient eu aucun contact avec un service de santé autre qu’un PÉS; pour 30 % des répondants, cette réponse s’appliquait aussi aux six mois précédents. Cependant, les problèmes liés à l’injection étaient fréquents parmi les UDI (n=147) : 21 % avaient un abcès (i.e. infection d’un point d’injection); 49 % avaient une thrombose (i.e. caillot dans un vaisseau sanguin); 84 % avaient un ou ecchymose à un point d’injection, ou plusieurs; 87 % avaient d’autres problèmes d’injection comme la fasciite (i.e. infection plus profonde, à un point d’injection), des dommages à un artère et/ou un accès limité aux veines. Seulement 27 % avaient récemment eu recours à de l’aide pour ces problèmes. Plusieurs organismes gouvernementaux et non gouvernementaux font valoir la nécessité d’approches complètes pour réduire la transmission de pathogènes hématogènes. Les éléments recommandés sont résumés dans le tableau ci-dessous. 175 Tableau 8: Composantes d’un programme complet pour prévenir la transmission de pathogènes hématogènes parmi les UDI 1 Intervention-terrain 2 Information, éducation et communication 3 Counselling sur la réduction des risques 4 Counselling et test de sérodiagnostic du VIH 5 Programmes d’échange de seringues 6 Programmes de désinfection* 7 Mise au rebut de matériel d’injection usagé 8 Services de traitement de la toxicomanie 9 Programme de pharmacothérapie antagoniste (i.e. substitution de la drogue) 10 Soins et traitements pour le VIH/sida 11 Soins de santé primaires 12 Éducation entre pairs 13 Interventions auprès du système de justice pénale (p. ex., éducation, counselling et test) 14 Prévention primaire de la toxicomanie 15 Modification des lois restreignant la vente ou la possession de seringues 16 Collaboration avec des pharmaciens et avec la police * Notez que, dans un document de 2004, l’OMS a affirmé que “les données à l’appui de l’efficacité de l’eau de Javel pour la décontamination de matériel d’injection, et d’autres formes de désinfection, sont piètres”. Sources: WHO 2005; Academy for Educational Development (2000); Association of State and Territorial Health Officials in the United States En plus de recommander des composantes, l’Academy for Educational Development (2004) a également recommandé quatre principes pour guider une approche exhaustive : • • • • coordination et collaboration entre tous les secteurs et programmes assurance de la couverture, de l’accès et de la qualité réduction de la stigmatisation des UDI adaptation des services en fonction des besoins de diverses populations d’UDI. A u tres m o d è les d e f o u r n it u re Jusqu’à présent, on n’a pas utilisé de machines distributrices de seringues, au Canada. En Europe et en Australie, toutefois, on en utilise à certains endroits pour la distribution de seringues stériles et le retour de seringues usagées. En général, elles fonctionnent comme des distributrices à boissons gazeuses; pour chaque seringue usagée qui est déposée dans la machine, une seringue stérile est délivrée gratuitement. L’échange est limité au nombre de seringues usagées que le client insère (et au maximum que la machine peut contenir). En Australie, elles délivrent également des coton-ouate, des tampons alcoolisés et un chauffoir. 176 Les données indiquent que ces dispositifs peuvent attirer une clientèle d’UDI différente de la clientèle d’autres modèles d’échange de seringues. En particulier, on a constaté qu’elles attirent des clients plus jeunes et moins susceptibles de vivre dans un logis dont ils sont propriétaires ou locataires, en comparaison avec les clients des PÉS ou de pharmacies. Une série d’études réalisées en France a examiné l’impact que divers modes de fourniture de seringues avaient, pour les UDI. En particulier, Moatti et al. (2001) ont comparé des UDI ayant recours à ces distributrices de seringues et des UDI fréquentant des PÉS et/ou des pharmacies. Un total de 343 UDI ont été recrutés; les résultats ont démontré que les utilisateurs de distributrices automatiques tendaient à avoir moins de 30 ans, à être utilisateurs d’héroïne et de buprénorphine, et moins susceptibles d’être séropositifs au VIH. En contrepartie, les utilisateurs de PÉS étaient plus âgés, utilisaient de l’héroïne et plusieurs étaient séropositifs au VIH. De plus, les UDI utilisant principalement des machines distributrices étaient en moins grande proportion propriétaires de leur logement et étaient moins susceptibles d’être en contact avec un service de traitement de la toxicomanie (Obadia et al., 1999). Les résultats de l’étude portent à conclure que les distributrices automatiques de seringues sont un mode de prestation complémentaire aux PÉS et à la vente en pharmacie. Un PÉS dans le cabinet d’un médecin (Reilly, 1990) a été en activité en Australie, mais n’a pas été évalué. L es pro g ra m m es d ’ écha n g e d e seri n g u es e n priso n La prévalence du VIH dans les prisons canadiennes est estimée à environ dix fois celle de la population générale (Service correctionnel du Canada, 2003). Bien qu’un comité établi en 1998 par le Service correctionnel du Canada (SCC) ait examiné la faisabilité de PÉS dans les prisons du Canada, et recommandé la mise en œuvre de PÉS pilotes dans des prisons, aucun système carcéral au Canada n’avait encore instauré de PÉS en 2004 (Réseau juridique canadien VIH/sida, 2004a). Les opposants à de tels programmes en prison avancent que le fait de rendre des seringues disponibles aux détenus serait un geste d’acceptation de l’usage de drogue, mais les données internationales sur le sujet ont démontré les bienfaits des PÉS en prison. Jacob et Stover (2000) ont évalué l’utilité et l’efficacité d’un projet pilote de PÉS de deux ans, initié en 1996 dans les prisons de Vechta et de Lingen, dans le nord de l’Allemagne. Des distributrices de seringues ont été installées à Vechta, alors qu’à Lingen les seringues étaient distribuées aux détenus par les employés de counselling et de santé. L’évaluation a démontré que le nombre de seringues usagées retournées était élevé dans les deux prisons. Les machines distributrices permettent un accès anonyme à des seringues stériles. Certaines personnes ont parfois saboté des distributrices; il est arrivé par ailleurs que ces dernières éprouvent des difficultés techniques, ce qui réduisait l’accessibilité à des seringues stériles. Plusieurs détenus de l’établissement de Lingen avaient exprimé des réticences à l’idée d’utiliser des machines, de peur de se faire connaître ainsi comme des utilisateurs de drogue aux employés de la prison. Par conséquent, certains détenus ont demandé à d’autres de se procurer des seringues pour eux. Avant le projet-pilote, 54 détenus de Lingen et de Vechta ont déclaré s’être injecté de la drogue au moyen d’une seringue usagée; après l’amorce des projets pilotes, aucune détenue de Vechta, et seulement quatre de Lingen ont déclaré cette pratique pour leur plus récente injection. De plus, les surdoses et les abcès ont 177 connu un recul, et le nombre d’UDI ayant recours à des traitements de suivi auprès des services de santé a augmenté après l’amorce du projet pilote. Le Réseau juridique canadien VIH/sida (2004b) a procédé à la littérature de six pays (Suisse, Allemagne, Espagne, Moldavie, Kirghizstan et Biélorussie) et a visité des prisons dans quatre de ces pays, afin d’évaluer des PÉS efficaces en prison et d’encourager les systèmes carcéraux aux prises avec des épidémies de VIH et de VHC à instaurer des PÉS dans leurs prisons. Plusieurs éléments de PÉS efficaces ont été mis en relief: u afin de mobiliser l’appui aux PÉS en prison, il convient de consulter et d’éduquer le personnel carcéral au sujet du but et des processus qu’impliquent des services de PÉS; u afin d’inciter les détenus à utiliser les services de PÉS en prison, la protection de la confidentialité des utilisateurs est cruciale; u pour être efficaces, les PÉS en prison doivent être accessibles; un moyen de les rendre accessibles est de mettre en place plusieurs sites d’accès dans un même établissement; un échange de main à main dans un endroit discret peut aussi être un élément d’accessibilité; u les PÉS en prison sont les plus efficaces lorsqu’ils font partie d’un programme complet de réduction des méfaits qui inclut de l’éducation sur le VIH et le VHC, de même que des traitements de substitution, notamment; les PÉS en prison contribuent à améliorer le recours aux services de santé; u l’évaluation des programmes, avant l’expansion, est importante afin d’assurer que le mode de prestation des services correspond aux besoins des détenus; de plus, des évaluations rigoureuses contribuent à l’expansion du corpus de données nécessaire au développement et à la dissémination de meilleures pratiques en la matière. 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Le fait d’éduquer les clients sur les pratiques plus sûres pour l’injection peut contribuer à réduire et/ou éliminer plusieurs de ces problèmes. L’éducation sur l’injection plus sécuritaire inclut de l’information sur des techniques et pratiques préventives que les clients peuvent adopter pour réduire leurs risques de problèmes liés à l’injection. Obstacles à l’injection plus sécuritaire Plusieurs facteurs individuels et sociaux contribuent à des pratiques d’injection peu sécuritaires. Par exemple, le coût du matériel d’injection stérile peut constituer un obstacle pour certains UDI. L’emplacement et/ou les heures d’ouverture des PÉS peuvent empêcher des UDI de s’injecter de façon plus sûre. Les normes et pratiques en vigueur parmi les pairs peuvent renforcer des pratiques non sécuritaires – mais elles peuvent aussi favoriser des pratiques plus sûres. La consommation de drogue avec des partenaires intimes peut occasionner des pratiques d’injection non sécuritaires. Le manque de connaissances est un autre obstacle. Les types de pratiques pouvant mener à des problèmes liés à l’injection sont décrits cidessous. Réutilisation de seringues et d’autres instruments liés à l’injection La réutilisation de seringues et d’autres instruments liés à l’injection peut entraîner la transmission du VIH, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes ainsi que des infections de la peau et des tissus mous (i.e. des abcès; voir les sections sur L’échange de seringues et d’aiguilles et sur la Distribution d’autres instruments liés à l’injection). De plus, la réutilisation d’une seringue peut faire en sorte que la pointe de 185 l’aiguille s’use ou se déforme, ce qui peut causer des dommages à la peau et aux veines. Dommages au point d’injection La région du corps où les UDI choisissent de s’injecter peut être plus ou moins vulnérable aux dommages, blessures ou infections. Les parties du corps qui servent couramment à l’injection de drogue incluent les bras, les jambes, le cou, l’aine, les doigts, les orteils et l’abdomen. Toutefois, certains points sont plus sûrs et moins vulnérables aux blessures et/ou infections. Pour aider les clients à choisir des points d’injection plus sûrs, la Harm Reduction Coalition de New York a dressé une liste hiérarchique, du moins risqué au plus risqué, qui va comme suit : bras, mains, jambes, pieds, aine et cou (Sorge and Kershnar, 1998). L’aspect pratique, la facilité d’accès, les compétences et d’autres facteurs influencent le choix du point d’injection. De plus, des dommages aux veines et des infections peuvent empêcher l’utilisation de certaines veines et mener des UDI à s’injecter dans d’autres parties du corps, y compris des points à risque élevé comme l’aine et le cou. La plupart des infections de la peau et des tissus mous se résorbent sans attention médicale formelle. Toutefois, il peut se produire de graves complications qui peuvent mener à la septicémie ou à l’amputation, voire au décès. Par conséquent, il est important d’inciter les UDI à demander des soins médicaux avant que des complications se développent, pour réduire les risques de problèmes graves et/ou de décès. Pratiques d’injection Plusieurs pratiques d’injection comme l’injection intramusculaire ou sous-cutanée, ou le fait de manquer la veine en tentant de se faire une injection intraveineuse, peuvent augmenter le risque d’abcès. L’injection avec du matériel non stérile et le non-nettoyage de la peau avant l’injection peuvent aussi accroître le risque d’infection. Des abcès antérieurs peuvent causer une colonisation bactérienne de la peau favorisant le développement d’autres abcès. Par ailleurs, les autres substances (“adultérants”) utilisées pour « couper » la drogue (i.e., en augmenter le volume) peuvent causer des infections de la peau et des tissus mous. Blessures sur des aiguilles Les blessures sur des aiguilles sont une préoccupation pour les employés et clients de PÉS qui sont en contact avec des aiguilles usagées. Parmi les travailleurs de la santé, les blessures sur des aiguilles sont les plus fréquentes lors d’actions comme le « re-capuchonnage » de seringue et la mise au rebut de matériel (WHO, 2003). Les UDI qui jettent des seringues utilisées par d’autres s’exposent à un risque de blessure sur une aiguille; ils gagneraient à recevoir une formation sur la prévention de ce type de blessure (voir la section Sécurité accrue de la manipulation et de la mise au rebut du matériel d’injection usagé). Éducation à l’injection plus sécuritaire L’éducation, le perfectionnement des compétences et la provision de matériel, par des PÉS, peuvent réduire les effets néfastes de pratiques d’injection de drogue sur la santé, comme la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes, des effets toxiques des drogues injectées, des effets 186 associés à des impuretés ou contaminants dans la drogue, la surdose, la thrombophlébite et la cellulite, des abcès qui conduisent parfois à la gangrène et à l’amputation, l’endocardite aiguë et chronique ainsi que la fièvre aiguë (i.e., la fièvre du coton; WHO, 2004). L’éducation sur les pratiques plus sûres d’injection se concentre sur le processus de l’injection, de la préparation jusqu’au nettoyage, et inclut de l’information sur les manières de reconnaître et de traiter des infections, des abcès et d’autres problèmes liés à l’injection de drogue. Souvent, elle aborde aussi des enjeux liés aux circonstances de l’injection (p. ex., à la maison, à l’intérieur/extérieur, avec un groupe d’amis, propreté). Bon nombre de documents éducatifs sur l’injection plus sécuritaire sont disponibles en-ligne et cités dans le présent rapport. Plusieurs sont rédigés en langage simple et seront faciles à comprendre pour les clients. La provision de matériel écrit permet aux clients de consulter l’information, s’ils sont incertains ou ne se rappellent plus des instructions, et/ou de prêter ou distribuer le matériel à leurs pairs. Des exemples de pratiques recommandées pour l’injection plus sécuritaire sont résumés dans le tableau ci-dessous. Tableau 9: Exemples de composantes de l’éducation sur l’injection plus sécuritaire Recommandations Justification Environnement d’injection plus sûr S’injecter dans un lieu physique (p. ex., un appartement) sûr et doté d’eau courante Réduit les risques de harcèlement par les pairs et d’injection précipitée Nettoyer les surfaces avec des tampons d’alcool avant d’y déposer le matériel d’injection Le VHB et le VHC peuvent survivre pendant des mois sur les surfaces, ce qui crée un risque potentiel de transmission de ces infections S’injecter en présence d’une autre personne (si possible) En cas de surdose, la présence d’un ami ou d’une autre personne de confiance augmente les chances que les services d’urgence soient contactés pour obtenir une assistance médicale (voir la section Éducation sur la prévention de surdose) Prévention des dommages aux veines ou à la peau et des infections bactériennes Exercer régulièrement les muscles des bras (p. ex., flexion, serrer une balle, fermer le poing ou lever des poids) Des muscles plus gros rendent les veines plus saillantes, ce qui peut aider à les repérer et à réduire les dommages aux veines ou à la peau Se laver les mains et la peau avec de l’eau chaude savonneuse avant de s’injecter Réduit le risque d’infection bactérienne et autres 187 Utiliser une nouvelle seringue et du matériel neuf pour chaque injection et chaque mélange de drogue Réduit le risque d’infection bactérienne et autres, ainsi que de dommages aux veines et à la peau. L’aiguisage d’une aiguille peut l’endommager en créant une pointe dentelée Boire beaucoup d’eau Accroît la taille des veines et réduit la chance de manquer une veine. Le fait de creuser pour trouver une veine peut causer des dommages aux veines, à la peau et aux tissus mous Se faire vacciner contre le tétanos et le VHB (voir la section Vaccination) La réutilisation d’un chauffoir entraîne un risque potentiel de transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes Préparation de la drogue avant l’injection 188 Utiliser de l’eau stérile pour mélanger la drogue (voir la section Distribution de fioles d’eau stérile) La réutilisation d’un chauffoir entraîne un risque potentiel de transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogénes nématogénes. Moudre les drogues solides en une fine poudre L’eau non stérile (p. ex., d’une flaque d’eau, d’une toilette ou d’un contenant utilisé par plusieurs UDI) entraîne un risque de transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes Utiliser de l’eau stérile pour mélanger la drogue (voir la section Distribution de fioles d’eau stérile) L’eau non stérile (p. ex., d’une flaque d’eau, d’une toilette ou d’un contenant utilisé par plusieurs UDI) entraîne un risque de transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes Utiliser de la poudre de vitamine C/d’acide ascorbique comme acidifiant pour dissoudre les drogues sous forme solide. L’utiliser en quantité adéquate pour éviter la douleur et les dommages vasculaires (voir la section Distribution d’acidifiants) La dissolution de drogues sous forme solide au moyen de vinaigre ou de jus de citron peut causer des dommages aux veines et/ou des infections des yeux dues au jus de citron Utiliser un filtre neuf conçu pour l’injection (voir la section Distribution de filtres) L’utilisation de filtres de cigarette, de coton ouate, de tampons, de cotons-tiges ou d’autre matériel pour filtrer la drogue peut entraîner l’introduction de petites particules et/ou de produits toxiques (contenus dans les filtres de cigarette) dans la solution à injecter, puis dans les veines, ce qui peut causer des irritations, des infections et/ou d’autres problèmes Diluer la drogue avec de l’eau stérile ou une solution saline La drogue diluée est moins susceptible d’irriter les veines Toujours utiliser une seringue stérile pour les pratiques de transfèrement par frontloading ou backloading Les pratiques de frontloading et de backloading impliquent le partage d’une solution de drogue entre deux personnes ou plus. Si l’une des seringues ou aiguilles est usagée, il y a un risque de transmission du VIH, du VHB, du VHC ou d’autres pathogènes hématogènes Préparation du matériel d’injection Utiliser une seringue neuve et stérile pour chaque injection (voir la section L’échange de seringues et d’aiguilles) La réutilisation de seringue entraîne un risque potentiel de transmission du VIH, du VHB, du VHC ou d’autres pathogènes hématogènes Utiliser des seringues de petit calibre (minces) Réduit la taille de la piqûre et le risque d’infection Inspecter l’emballage de la seringue pour s’assurer qu’il n’est pas ouvert ni endommagé Des seringues usagées sont parfois remballées et vendues dans la rue comme étant « neuves », ce qui entraîne un risque potentiel de transmission du VIH, du VHB, du VHC ou d’autres pathogènes hématogènes Préparation de la peau et des veines avant l’injection Nettoyer le point d’injection avec un tampon d’alcool stérile avant chaque injection (voir la section Distribution de tampons d’alcool steriles) Réduit le risque d’infection bactérienne et autres Utiliser un garrot neuf pour grossir les veines (voir la section Distribution de garrots) Accroît la taille des veines et réduit le risque de manquer une veine. L’utilisation régulière d’un garrot aide à préserver la souplesse des veines S’injecter adéquatement et éviter les dommages à la peau et aux veines Savoir comment s’injecter Réduit les chances de perdre le contrôle de la situation, d’être exploité par autrui et/ou d’être exposé par quelqu’un d’autre à un risque d’infection Voir à ce que le biseau de l’aiguille soit tourné vers le haut; faire l’injection intraveineuse à un angle de 30-45o et dans le sens de la circulation sanguine. Pour l’injection dans un muscle, placer la seringue à 90° Pour l’injection sous-cutanée, placer la seringue à 45° Cette technique aide au contrôle de la pointe de l’aiguille et peut réduire les dommages à la peau et aux veines 189 S’injecter dans des veines et non des artères L’injection dans une artère peut causer une perte de sang en quantité potentiellement mortelle S’injecter entre les valvules de la veine Facilite l’injection et réduit les risques de dommages aux veines Éviter de s’injecter dans: u les mains, les pieds et les jambes u le cou u le torse u l’aine Réduit les risques de: u thrombose veineuse profonde (i.e., caillots de sang), ulcère aux jambes et insuffisance vasculaire u infection grave au cerveau u dommage à des vaisseaux ou ganglions lymphatiques Après l’insertion de l’aiguille, retirer le garrot Réduit les risques d’ecchymose S’injecter lentement et calmement Réduit le risque de manquer une veine. Prendre une respiration profonde aide à garder les mains stables Alterner les points d’injection L’utilisation répétée d’une même veine peut causer des dommages et accroître le risque d’infection Pour l’injection dans un muscle, choisir le haut du bras ou la fesse Réduit le risque d’infection bactérienne et autres Ne pas s’injecter dans un abcès ou à proximité L’injection à proximité d’un abcès pourrait endommager davantage la veine et les tissus environnants Ne pas lécher l’aiguille avant de s’injecter Réduit le risque d’infection bactérienne et autres Une fois la solution injectée, retirer l’aiguille dans le même angle qu’au moment de son insertion Cette technique aide au contrôle de la pointe de l’aiguille et peut réduire les dommages à la peau et aux veines Nettoyage après l’injection 190 Une fois l’aiguille retirée, faire pression sur le point d’injection à l’aide d’un coton-ouate propre Réduit le saignement après l’injection Jeter la seringue et les autres instruments usagés dans un contenant résistant aux perforations (voir la section Sécurité accrue de la manipulation et de la mise au rebut du matériel d’injection usagé) Réduit les chances de réutilisation de matériel et de blessures sur une aiguille Utiliser un bandage ou un coton-ouate stérile en cas de saignement après l’injection L’utilisation d’autres matériaux peut accroître le risque d’infection bactérienne. L’utilisation de tampons d’alcool n’est pas recommandée pour cesser le saignement car l’alcool réduit la coagulation Reconnaître et traiter les problèmes de peau et de veines Savoir reconnaître les signes et symptômes d’infections mineures (p. ex., rougeur, sensation de chaleur, enflure et douleur au point d’injection) et graves (p. ex., douleur thoracique, malaise prolongé, pâleur grisâtre, mains ou pieds enflés, frissons, fièvre, bouffées de chaleur, maux de tête, nausée, vomissement, souffle court) liées à l’injection Une assistance médicale précoce peut permettre de traiter plusieurs infections (mais pas toutes) et réduire les risques de complications et de décès (voir la section Premiers soins en cas d’abcès et de problèmes de la peau) Demander de l’assistance pour les problèmes liés à l’injection Une assistance médicale précoce peut permettre de traiter plusieurs infections (mais pas toutes) et réduire les risques de complications et de décès Ne pas pincer ou percer un abcès Pincer ou percer un abcès peut faire pénétrer des bactéries dans le sang Autres Éviter les pratiques d’injection qui accroissent le risque de surdose Voir la section Éducation sur la prévention de surdose Sources : Harm Reduction Coalition, 2000; International Council of Nurses, 2001; WHO, 2004; Seattle and King County Public Health, 2004; Sexual health and bloodborne virus program, Department of Health, Government of Australia, 2004; Chicago Recovery Alliance, 2005. 191 Co n s i d é r a t i o n s La remise d’information par écrit, aux clients, peut aider à renforcer les conseils et indications, mais les clients ne sont pas tous capables de lire. Des intervenants ont signalé que les explications verbales et la démonstration des techniques sont tout aussi importantes. Lors de séances d’éducation à l’injection plus sécuritaire, on incite souvent les clients à alterner entre divers points d’injection pour réduire les risques de dommages aux veines associés à la surutilisation d’un point particulier. Toutefois, de récentes études indiquent que certains UDI n’alternent pas leurs points d’injection, par crainte de perdre une dose et/ou d’avoir de la difficulté à s’injecter avec leur main non dominante. Inciter et aider les clients à avoir accès à une source fiable de matériel d’injection stérile est crucial à la réduction des risques associés à l’injection. Cet accès est d’autant plus important que l’on a noté aux États-Unis la présence de vendeurs de rue qui distribuent des seringues usagées en les faisant passer pour des neuves. La fréquence de cette pratique au Canada est inconnue, mais elle soulève des préoccupations pour les UDI qui pourraient se procurer à leur insu des seringues non stériles. Il n’est pas recommandé de chercher à expliquer aux clients comment distinguer les seringues neuves et usagées (p. ex., s’assurer que l’emballage est intact), car il est difficile d’en être sûr à 100 %. Les clients qui se croient capables de faire la différence entre une seringue neuve et usagée pourraient développer un faux sentiment de sécurité et s’exposer à leur insu à des risques d’infections ou de blessures liées à l’injection. La plupart des problèmes associés à l’injection (p. ex., les abcès) sont faciles à traiter. Cependant, des UDI peuvent retarder le recours aux traitements afin d’éviter des difficultés liées aux préjugés de professionnels de la santé ou au risque d’être signalés à la police. Le fait d’appuyer la cause des clients, dans des hôpitaux et des cliniques, peut aider à atténuer les préjugés à leur égard et à augmenter les chances qu’ils demandent de l’aide lorsqu’ils en ont besoin. Les dépliants et autres documents disponibles s’adressent soit aux UDI qui font leurs propres injections, soit aux professionnels de la santé. Il n’existe pas de matériel à l’intention des UDI qui font des injections à d’autres. Souvent appelés « hit doctors » ou « street-docs », ces UDI aident des pairs qui sont incapables de s’injecter parce qu’ils n’ont pas les compétences ou sont en sevrage intense, ou pour toute autre raison. Les « hit doctors » s’exposent toutefois à un risque de contracter des pathogènes hématogènes par des blessures sur des aiguilles ou d’autres pratiques d’injection non sécuritaires. Le fait d’encourager les clients à apprendre à s’injecter adéquatement peut réduire les occasions de victimisation. L’élaboration de matériel à l’intention des « hit doctors » permettrait cependant de réduire les pratiques d’injection non sécuritaires. Les techniques d’injection sont généralement apprises au sein de groupes de pairs, et renforcées par eux. En conséquence, les PÉS qui tentent d’inculquer des modifications dans les techniques d’injection devront probablement avoir recours à des interventions individuelles ainsi qu’au palier communautaire. Les pairsintervenants qui font l’échange de seringues peuvent jouer un rôle important dans la modification de comportements d’injection à risque, au profit de pratiques plus sécuritaires (voir « Intervention-terrain fondée sur les pairs » dans la section Modèles pour la fourniture de programmes d’échange de seringues). 192 De plus, des pairs-intervenants peuvent aider les PÉS à faire en sorte que les membres de groupes sociaux aient accès à du matériel d’injection stérile. Dans le cadre d’une initiative d’éducation à l’injection plus sécuritaire en Australie, on a tenté de dissuader les UDI de s’injecter seuls. S’injecter en présence d’une autre personne peut accroître les chances de recevoir de l’assistance médicale en cas de surdose. Toutefois, ce genre de conseil doit aussi souligner la nécessité d’éviter le partage de matériel d’injection et de pratiquer le sécurisexe. Bon nombre des premiers PÉS qui ont vu le jour, au Canada, fournissaient à leurs clients des trousses d’eau de Javel pour la désinfection du matériel d’injection. Cependant, l’efficacité de l’eau de Javel pour cette désinfection a été remise en question. Les PÉS ontariens ne fournissent plus de telles trousses. L’Organisation mondiale de la santé (WHO, 2004) et l’Agence de santé publique du Canada (2005) ne recommandent pas l’utilisation de trousses d’eau de Javel pour réduire le risque de transmission du VIH ou du VHC. L’éducation à l’injection plus sécuritaire peut soulever la controverse si sa raison d’être n’est pas clairement identifiée. Elle pourrait donner l’impression de favoriser, de faciliter et/ou d’approuver l’injection de drogue, plutôt que de réduire les méfaits associés aux pratiques d’injection non sécuritaires ou inadéquates. Do n n é e s p r o b a n t e s Prévalence des problèmes liés à l’injection Une étude de Morrison et coll. (1997) a révélé que les problèmes liés à l’injection étaient répandus parmi des UDI recrutés dans des PÉS de Glasgow (n=147). Plus précisément, 21 % avaient des abcès (i.e., infection au point d’injection); 49 % avaient une thrombose (i.e., caillots); 84 % avaient des ecchymoses sur un ou plusieurs points d’injection; 87 % avaient d’autres problèmes liés à l’injection comme la fasciite (i.e., infection plus profonde au point d’injection), des dommages aux artères et/ou un accès veineux limité. Dans les quatre semaines précédant l’enquête, 52 % des UDI n’avaient fréquenté aucun autre service de santé que le PÉS; et 30 % n’avaient pas fréquenté de service de santé au cours des six mois précédents. Malgré la fréquence des problèmes liés à l’injection, seulement 27% avaient récemment demandé de l’assistance pour de tels problèmes, affirmant que ces derniers sont normaux (62 %) ou qu’ils étaient réticents à demander de l’assistance en raison de mauvaises expériences antérieures (28 %). Lorsque référés à d’autres services par un PÉS, 34 % des UDI n’y ont pas eu recours. Morrison et coll. (1997) ont conclu que des UDI évitent les traitements jusqu’à ce qu’ils soient en situation de crise; et que les PÉS devraient être plus proactifs en encourageant les clients à demander des soins médicaux. Parmi des UDI de Sydney (n=200), la quasi-totalité d’entre eux ont déclaré s’être déjà injecté dans le creux du bras. Au cours des six mois précédents, 86 % s’étaient injecté dans le creux du bras, 48 % dans l’avantbras, 26 % dans la main et 12 % dans la partie supérieure du bras (Darke, Ross and Kaye, 2001). De plus, les participants ont déclaré avoir utilisé en moyenne 3,1 points d’injection au cours des six derniers mois. Au total, 97 % des UDI ont signalé des antécédents de problèmes liés à l’injection, pour une moyenne de 2,3 problèmes au cours des six mois précédents, y compris des cicatrices/ecchymoses (84 %), des bosses/une 193 enflure (64 %), de la difficulté à s’injecter (49 %) et l’injection dans une artère (10 %). D’autres problèmes liés à l’injection ont été signalés, comme le botulisme des plaies (Passaro et al., 1998; Passaro et al., 2000), des complications vasculaires (Woodburn and Murie, 1996) et des infections des yeux (Shankland and Richardson, 1998). Pathogènes hématogènes retracés dans du matériel d’injection Une vaste gamme de pathogènes hématogènes (ou ADN viral) ont été retracés dans des échantillons de matériel d’injection (voir les sections sur L’échange de seringues et d’aiguilles et sur la Distribution d’autres instruments liés à l’injection), notamment le VIH, le VHB et le VHC (Lewis, 1974). U t i l i sa t i o n d ’ea u d e J ave l p o u r d é s i nfe c te r l e m a t é r i e l d ’ i n j e c t i o n En 2004, l’OMS a examiné les données scientifiques concernant l’efficacité de l’eau de Javel pour désinfecter du matériel d’injection usagé. La concentration de l’eau de Javel, la durée du contact avec la seringue/ aiguille et la présence d’autres éléments dans la seringue (p. ex., caillots de sang) influencent l’efficacité de la désinfection à l’eau de Javel. En dépit de données limitées, l’OMS (WHO, 2004) a conclu que “les données à l’appui de l’efficacité de l’eau de Javel pour la décontamination du matériel d’injection et pour d’autres formes de désinfection sont peu convaincantes”. De plus, l’OMS (WHO, 2004) a précisé qu’il n’existe pas de données probantes à l’effet que l’eau de Javel et d’autres méthodes de désinfection aident à réduire la transmission du VIH. En 2005, après examen des données sur l’utilisation de l’eau de Javel pour prévenir la transmission du VHC, l’Agence de santé publique du Canada a conclu que l’utilisation d’eau de Javel pour la désinfection du matériel d’injection est peu utile. Une étude auprès de 2 302 UDI dans six centres urbains des États-Unis (Monterroso et al., 2000) a signalé que les UDI qui déclaraient avoir déjà désinfecté une seringue avec de l’eau de Javel étaient 3,7 fois plus susceptibles de contracter l’infection à VIH (95 % IC : 1,34-10,0) que les autres UDI. Monterroso et coll. (2000) suggèrent que les UDI qui ont tenté de se protéger contre le VIH pourraient ne pas l’avoir fait de façon constante ou adéquate, ou les deux. Pratiques d’injection non sécuritaires À l’aide de données sur 92 UDI d’un PÉS de Bristol, au Royaume-Uni, Maliphant and Scott (2005) ont examiné la prévalence de l’injection dans la veine fémorale (i.e. dans l’aine). Parmi les participants interviewés, 51 % s’injectaient dans la veine fémorale. Le nombre moyen d’années écoulées depuis la première injection dans l’aine était de sept ans, mais un petit nombre d’UDI avaient adopté cette pratique peu après le début de leur consommation par injection. La facilité d’accès et le manque perçu d’autres points d’injection utilisables ou convenables favorisaient l’injection dans l’aine. Bien que des PÉS recommandent l’alternance des points d’injection, l’étude a montré que la crainte de perdre une dose ou d’avoir de la difficulté à s’injecter avec la main non dominante faisait entrave à cette pratique. Maliphant and Scott (2005) recommandent aussi d’encourager les clients à se faire leurs propres injections pour ne pas perdre le contrôle de leur drogue, de leur matériel ou d’autres circonstances. 194 Une étude menée par Tortu et coll. (2003) auprès de 185 femmes UDI de East Harlem a noté que des relations intimes étaient associées à des épisodes d’injection non sécuritaire. En particulier, l’injection avec un conjoint, un époux ou un partenaire hétérosexuel principal était un prédicteur de pratiques d’injection non sécuritaires. Tortu et coll. (2003) ont mis en relief le besoin d’interventions ciblant les couples. Utilisation d’acidifiants pour dissoudre la drogue Certaines drogues (p. ex., le crack et l’héroïne “black tar”) sont vendues sous forme solide et doivent être dissoutes à l’aide d’un acidifiant. Or le type d’acidifiant utilisé peut avoir un impact néfaste sur la santé. Par exemple, Shankland and Richardson (1988) ont identifié un lien entre l’utilisation de jus de citron pour dissoudre de l’héroïne brune et une vague d’infections des yeux (endophtalmie à candida) parmi des consommateurs d’héroïne à Glasgow (voir la section Distribution d’acidifiants). Interventions de modification comportementale Depuis les années 1990, plusieurs études ont démontré l’influence des normes établies par les pairs sur les comportements liés à l’injection (voir p. ex. Birkel, 1993; Zapka et coll., 1993; Paone et coll., 1997; Booth et coll., 1998; Broadhead, 1998; Madray and van Hulst 2000; Hawkins 1999; Marsch and Bickel, 2004). Par exemple, Paone et al. (1997) ont constaté qu’il peut être difficile de modifier des comportements individuels si les normes d’injection parmi les réseaux sociaux favorisent des comportements non sécuritaires. Par conséquent, des interventions axées sur les normes des réseaux sociaux et recrutant des pairs comme véhicules d’information et de modification des techniques ont été amorcées. En général, la recherche indique que ces interventions seraient le moyen le plus efficace de modifier les comportements individuels (voir p. ex. Birkel, 1993; Zapka et coll., 1993; Paone et coll., 1997; Booth et coll., 1998; Broadhead, 1998; Madray and van Hulst 2000; Hawkins, 1999; Marsch and Bickel, 2004). Paone et al. (1997) ont noté que les interventions auprès de réseaux sociaux, y compris le recours à des pairs-intervenants (voir “Intervention-terrain fondée sur les pairs” dans la section Modèles pour la fourniture de programmes d’échange de seringues) peuvent jouer un rôle important dans la modification de comportements d’injection à risque, au profit de pratiques plus sécuritaires. Ils peuvent aider à faire en sorte que tous les membres de groupes sociaux aient accès à du matériel d’injection stérile. Par ailleurs, Hawkins et coll. (1999) ont souligné l’importance de la démonstration de techniques plus sûres pour réduire les pratiques non sécuritaires. Néanmoins, une récente étude a révélé que l’éducation par des moyens informatiques pourrait contribuer à réduire les comportements non sécuritaires chez certains UDI (March and Bickel, 2004). Au Canada et ailleurs dans le monde, des regroupements d’utilisateurs de drogue comme le VANDU ont joué un rôle crucial dans l’expansion des services de prévention et de réduction des méfaits grâce à leurs réseaux, souvent au profit d’UDI très vulnérables (Jürgens, 2005). L’implication de ces groupes peut améliorer les interventions. Les pairs-intervenants peuvent jouer un rôle important dans la transformation des comportements à risque en pratiques plus sécuritaires. 195 Références Agence de santé publique du Canada, L’efficacité de l’eau de Javel pour la prévention de la transmission de l’hépatite C – Rapport final, Ottawa, Agence de santé publique du Canada, 2005. Téléchargeable à www. phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/library/bleach/index_f.html. Jürgens, R., Rien à notre sujet sans nous – L’implication accrue et significative des personnes qui utilisent des drogues illégales, Réseau juridique canadien VIH/sida, 2005. Téléchargeable à www.aidslaw.ca. Bamberger JD. 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L’utilisation de barrières cervicales, insérées dans le col utérin, peut être une mesure additionnelle valable Introduction Les UDI ont un risque de contracter l’infection à VIH s’ils ont des rapports sexuels avec une personne séropositive, tout comme s’ils partagent du matériel d’injection ayant été utilisé par une personne séropositive. Une grande proportion d’UDI ont des partenaires sexuels, parfois multiples, qui sont euxmêmes des UDI, ce qui accroît le risque qu’un partenaire soit séropositif au VIH. Par ailleurs, des UDI ont des partenaires sexuels qui ne sont pas eux-mêmes des UDI, et qui peuvent aussi être exposés au risque de contracter l’infection. Il a également été démontré que des utilisateurs de drogue par d’autres voies que l’injection peuvent aussi être exposés à un risque accru de contracter le VIH par voie sexuelle, de même que d’autres ITS comme la syphilis. Par conséquent, la prévention de la transmission sexuelle du VIH et d’autres ITS est un aspect important des services de réduction des méfaits pour les utilisateurs de drogue. Un manuel exhaustif sur l’évaluation du risque de transmission sexuelle du VIH a été publié par la Société canadienne du sida. « La transmission du VIH : guide d’évaluation du risque » est téléchargeable à http:// www.cdnaids.ca/web/repguide.nsf/pages/cas-rep-0307---Fre. Les clients de PÉS peuvent être moins informés des risques de transmission sexuelle que des risques liés au partage de seringue, et il se peut qu’ils aient besoin de renseignements sur ces risques. Les femmes 198 qui ont des rapports sexuels avec des femmes (FRSF), en particulier, peuvent manquer d’information sur la possibilité de transmission du VIH et d’autres ITS par leurs contacts sexuels, et d’information sur l’utilité de barrières de protection. Cela présente une pertinence particulière vu les données épidémiologiques à l’effet qu’une proportion relativement élevée (entre 20 et 30 % dans plusieurs études) des femmes UDI s’identifient comme lesbiennes ou bisexuelles. Une discussion plus étoffée des considérations spécifiques des divers instruments du sécurisexe est présentée dans les sections suivantes. Co n s i d é r a t i o n s Le point de mire principal des PÉS est généralement la réduction des risques liés à l’injection, pour les UDI. Certains PÉS ont élargi leur fourniture de matériel afin de réduire la transmission d’infections par le partage de matériel pour fumer certaines drogues, à l’intention de personnes qui ne s’injectent pas. En raison de ce point de mire sur les problématiques touchant la consommation de drogue, il est possible que les employés de PÉS ne soient pas tous suffisamment informés et expérimentés en ce qui a trait à la réponse aux comportements sexuels à risque, parmi leurs clients. Les clients de PÉS, qui y ont recours principalement pour des enjeux liés à l’injection, peuvent quant à eux être mal à l’aise de parler de comportements sexuels à risque, et il se peut qu’ils aient besoin de confiance et d’encouragement, de même que de circonstances propices à la confidentialité, afin d’être disposés à discuter des risques sexuels. Do n n é e s Les UDI ont un risque de contracter l’infection à VIH s’ils ont des rapports sexuels avec une personne séropositive, tout comme s’ils partagent du matériel d’injection ayant été utilisé par une personne séropositive. Une grande proportion d’UDI ont des partenaires sexuels, parfois multiples, qui sont euxmêmes des UDI, ce qui accroît le risque qu’un partenaire soit séropositif au VIH (Ross and Williams, 2001; Ross et al., 1993; Sasse et al., 1991). Il a également été démontré que des utilisateurs de drogue par d’autres voies que l’injection peuvent aussi être exposés à un risque accru de contracter le VIH par voie sexuelle, de même que d’autres ITS comme la syphilis (Marx et al., 1991; Martin and DiCarlo,1994). Par conséquent, la prévention de la transmission sexuelle du VIH et d’autres ITS est un aspect important des services de réduction des méfaits pour les utilisateurs de drogue. Une méta-analyse de Semaan et al. (2002) a examiné l’efficacité parmi 33 études états-uniennes sur des interventions portant sur le VIH, quant à la réduction des comportements sexuels à risque parmi des utilisateurs de drogue, par la réduction des rapports sexuels sans protection ou par l’augmentation de l’utilisation du condom masculin. Quatre-vingt-quatorze p. cent (94 %) des études examinées avaient recruté des UDI et 21 % avaient recruté des utilisateurs de crack. En comparaison avec l’absence d’intervention, on a constaté que les interventions avaient un effet prononcé et significatif (OR 0,60, 95% IC : 0,43-0,85). Les interventions, comparées à d’autres interventions en matière de VIH, se sont avéré présenter encore ici un avantage, quoique modeste (OR 0,91; 95% IC : 0,81-1,03). Les auteurs ont conclu que le potentiel de réduction du comportement sexuel à risque justifie la fourniture d’interventions axées sur la réduction des comportements sexuels à risque, pour les UDI; ils ont aussi conclu que le développement d’interventions à effet plus marqué, afin de réduire encore davantage les comportements sexuels à risque parmi les UDI, devrait demeurer hautement prioritaire. 199 Références Société canadienne du sida, La transmission du VIH : guide pour l’évaluation du risque, 5è édition, 2005. http://www.cdnaids.ca/web/repguide.nsf/pages/cas-rep-0307---Fre (consulté en septembre 2005) Martin DH, DiCarlo RP. 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Les activités sexuelles impliquant des substances qui contiennent ces agents infectieux, notamment le sperme, les liquides vaginaux, le sang des menstruations ainsi que l’urine, et qui impliquent un contact d’une telle substance avec une plaie ouverte ou une muqueuse, comportent un risque de transmission d’infections d’une personne à l’autre. Selon Fishman et Anderson, les situations qui sont les plus risquées en termes de transmission d’infection sont notamment celles d’être pénétré dans l’anus ou le vagin, en présence d’un déchirement de la couche muqueuse ou d’ulcérations génitales (Fishman and Anderson, 2003). Co n s i d é r a t i o n s Certains clients de PÉS peuvent être allergiques au latex. Étant donné que les condoms de polyuréthane ainsi que les condoms de latex sont tous deux des barrières de protection efficaces contre la transmission du VIH et d’autres ITS, les deux types devraient être offerts. Ces deux types de condoms sont soumis à divers tests, en vertu de la réglementation canadienne, notamment pour vérifier leur solidité et leur efficacité. Les produits synthétiques, comme les condoms de polyuréthane, sont plus solides mais également plus chers, que ceux de latex. Le polyuréthane ne s’étire pas autant que le latex, mais il est plus résistant à la dégradation due à l’exposition à la lumière et à la chaleur, donc les condoms de polyuréthane sont plus durables. Les condoms faits de membrane naturelle, comme la membrane de peau d’ovin (ou d’agneau), ne sont pas considérés comme des instruments efficaces pour prévenir la transmission d’infections, étant donné que le VIH peut s’infiltrer facilement à travers les pores de telles membranes (Société canadienne du sida, 2005). Le condom féminin est une gaine de polyuréthane destinée à recouvrir l’intérieur du vagin, et tenue en place par un anneau souple à chaque bout. À l’instar du condom masculin, le condom féminin s’avère une méthode barrière efficace contre la transmission d’ITS, y compris le VIH (Société canadienne du sida, 2005). 201 Do n n é e s Pratiques dans l’usage du condom masculin Un usage adéquat et constant du condom, lors de chaque pénétration sexuelle, est d’une efficacité qui a été démontrée, en termes de réduction de la transmission sexuelle d’ITS, y compris le VIH (Saracco et al., 1993; Anonymous, 1993; Anonymous, 2002; Weller and Davis, 2002; Guimaraes, Vlahov and Castilho, 1997; Ding et al., 2005; Anonymous, 2003; Centers for Disease Control and Prevention, 2004; Hanenberg et al., 1994; Paz-Bailey et al., 2005; Carey et al., 1994). Cependant, le taux d’usage correct et constant du condom est faible. Par exemple, MacDonald et son équipe ont interrogé 712 jeunes de la rue (391 de sexe masculin et 321 de sexe féminin) au Canada, en 1998, et constaté que 73 % des répondants de sexe masculin et 75 % des répondantes utilisaient le condom de manière inconsistante (MacDonald et al., 1994). Quant à l’usage du condom parmi les UDI ontariens, une étude parmi les clients de PÉS de la province, en 1997-1998, a observé que 59 % des participants, hommes et femmes, ne l’utilisaient pas toujours (Millson et al., 2003). À Ottawa, parmi 418 hommes et 85 femmes UDI participant au POINT Project, entre octobre 2002 et janvier 2003, Leonard et ses collègues ont observé des taux variables d’usage du condom, selon le degré d’intimité avec le ou la partenaire. Par exemple, parmi 60 femmes UDI ayant déclaré avoir des rapports sexuels avec un partenaire régulier de sexe masculin, la majorité (68 %) a déclaré ne jamais utiliser de condom. À l’inverse, l’usage de condom avec un partenaire sexuel occasionnel ou avec un client, de sexe masculin, était plus élevé. Parmi les douze femmes UDI qui ont déclaré avoir des rapports sexuels avec un partenaire occasionnel de sexe masculin, 67 % ont déclaré utiliser un condom pour tout rapport sexuel; et parmi les 24 femmes UDI qui ont déclaré des rapports sexuels avec un client de sexe masculin, 75 % ont déclaré utiliser toujours un condom. Cette tendance à une moindre utilisation du condom avec des partenaires sexuels réguliers du sexe opposé, observée parmi les femmes UDI, a été observée également parmi les UDI de sexe masculin. Parmi 205 hommes UDI ayant déclaré des rapports sexuels avec une partenaire régulière, 32 % ont déclaré utiliser toujours un condom, alors que parmi 184 hommes UDI ayant déclaré des rapports sexuels avec une partenaire occasionnelle, 58 % ont déclaré toujours faire usage d’un condom; et parmi les 44 hommes UDI qui ont déclaré des rapports sexuels avec une cliente, 52 % ont déclaré toujours faire usage d’un condom (Leonard et al., 2005). L’usage sporadique du condom est particulièrement répandu parmi les UDI et les femmes qui pratiquent le travail sexuel. Par exemple, dans une étude de White et son équipe, portant sur les comportements sexuels de 97 hommes UDI et de 44 femmes UDI, à Londres, 66 % des répondants ayant eu des rapports sexuels ont déclaré n’avoir jamais utilisé de condom (White et al., 1993). Au Canada, des données pilotes de l’étude I-Track, concernant les comportements à risque parmi les UDI canadiens, indiquent que 69 % des 209 participantes ont déclaré ne jamais utiliser de condom lors de pénétrations sexuelles avec un partenaire masculin régulier. Cette proportion oscillait entre 54 % et 82 %, dans les divers sites de recrutement à travers le pays (Health Canada, 2004). Utilisation et efficacité du condom féminin Minnis et Padian ont procédé à un examen de la littérature afin d’examiner l’efficacité des méthodes relevant de la femme, pour la prévention de la transmission sexuelle du VIH et d’autres ITS. Elles suggèrent 202 que l’utilisation du condom féminin offre autant de protection que le condom masculin, contre les ITS. Par exemple, dans un article de Fontanet, il est rapporté que les condoms féminins étaient aussi efficaces que les condoms masculins pour réduire la transmission sexuelle d’ITS (RR=0,8; 95% IC : 0,5-1,2) (Minnis and Padian, 2005). Le condom féminin peut aussi être utilisé lors de la pénétration anale, afin de fournir une certaine protection, bien qu’il n’ait pas été conçu ni approuvé pour cet usage (Société canadienne du sida, 2005). Gross et son équipe ont examiné 2 277 participants, dans une étude prospective auprès d’une cohorte, et constaté que 48 % des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HRSH) avaient entendu parler de l’usage du condom féminin pour les rapports anaux, et que 13 % de ce groupe l’avaient utilisé dans les six mois précédant l’entrevue. Cependant, 57 % de ces utilisateurs avaient signalé des problèmes comme le saignement rectal (Gross et al., 1999). Prévention de la transmission d’ITS autres que le VIH L’efficacité de l’usage adéquat du condom a été démontrée en ce qui touche également la réduction de la transmission d’ITS comme la chlamydia, la gonorrhée, les ulcères génitaux (p. ex., l’herpès) et l’inflammation pelvienne associée à la pénétration vaginale et anale (Anonymous, 1993; Anonymous, 2003). Par exemple, une étude de Paz-Bailez et coll. au sujet des effets d’un usage adéquat et constant du condom sur la transmission de la chlamydia et de la gonorrhée parmi 509 adolescentes à Atlanta, Georgia, a permis de constater qu’après ajustements relatifs aux facteurs parasites, l’usage adéquat et constant de condoms avait réduit la transmission de la chlamydia (RC = 0,4; 95% IC : 0,2-1,0) et fourni une forte protection contre la gonorrhée (RC = 0,1; 95% IC : 0,0- 0,7; Paz-Bailey et al., 2005). L’usage du condom réduit également la transmission sexuelle d’ITS, chez les travailleuses sexuelles. Ding et ses collègues (2005) ont examiné la situation du VIH et d’autres ITS parmi 621 travailleuses sexuelles en Chine. Le manque de constance dans l’utilisation du condom était associé de manière indépendante à la transmission d’ITS. Les travailleuses sexuelles qui ont déclaré avoir des rapports sexuels non protégés au moins deux fois par mois se sont révélé plus susceptibles d’avoir une ITS (rapport de cotes ajusté (RCA) = 5,2; 95% IC : 2,3-12,0). Celles qui ont déclaré entre un et deux rapports sexuels par mois avaient un risque légèrement inférieur d’avoir une ITS (RCA = 4.6; 95% IC : 2,0-10,4; Ding et al., 2005). Dans le même sens, Hanenberg et ses collègues ont examiné l’impact d’un programme de contrôle du VIH amorcé en Thaïlande en 1989, ciblant l’industrie du commerce sexuel. Parmi les travailleuses sexuelles interrogées, entre 1989 et 1993, l’usage du condom est passé de 14 % à 94 %, et le nombre de cas diagnostiqués de cinq ITS de premier plan a diminué de 79 % chez les hommes (Hanenberg et al., 1994). Ces études, entre autres, mettent en relief l’efficacité élevée des condoms pour la prévention de la transmission de nombreuses ITS. Prévention de la transmission du VIH Le risque de transmission du VIH dépend de plusieurs facteurs, comme la charge virale de la personne séropositive et l’immunité de la personne exposée. Le risque probable pour un épisode de pénétration du 203 pénis dans le vagin a été estimé à entre 0,1 et 0,2 %. La pénétration du pénis dans l’anus est associé à un risque plus élevé, entre 0,8 % et 3,2 % (Fishman and Anderson, 2003). Ces risques peuvent être accrus par d’autres facteurs, comme la présence d’ITS ulcéreuses (syphilis, herpès, etc.) et la non-circoncision chez l’homme (Røttingen, Cameron and Garnett, 2001; Société canadienne du sida, 2005). Une utilisation adéquate et constante du condom s’est démontrée efficace pour prévenir la transmission du VIH (Anonymous, 2003; Centers for Disease Control and Prevention, 2004). D’après les Centers for Disease Control and Prevention, la capacité des condoms à prévenir la transmission du VIH a été démontrée scientifiquement par diverses études observationnelles et expériences de laboratoire. Dans ces études, il a été démontré que le condom fournit un degré élevé de protection contre la transmission, chez des couples sérodiscordants, et qu’il constitue une barrière imperméable pour des virus même plus petits que le VIH (Centers for Disease Control and Prevention, 2004). L’une des expériences en laboratoire, réalisée par Carey et al., a examiné l’efficacité des condoms de latex comme barrière pour des virus semblables au VIH. Les auteurs ont constaté que même la situation présentant la barrière la plus faible, pour un condom, offrait tout de même une protection au moins dix fois plus élevée que l’absence de condom. La réduction du risque de transmission du VIH, par l’usage constant du condom, s’observe également dans des études comparant des individus qui utilisent toujours un condom et d’autres qui utilisent le condom de manière sporadique. Par exemple, Guimaraes et al. ont examiné le saignement vaginal post-coïtal et le risque de transmission du VIH au sein de couples de sérodiscordants, au Brésil. Parmi 418 femmes, les auteurs ont constaté que la réponse « parfois » (RC = 1,4) et la réponse « rarement ou jamais » (RC = 2,0) à la question sur l’usage du condom lors de pénétrations vaginales étaient associées de manière indépendante à l’infection à VIH, lorsque comparées à la réponse « toujours » (Guimaraes, Vlahov and Castilho, 1997). Dans un examen systématique de l’efficacité des condoms pour réduire le risque de transmission hétérosexuelle du VIH, Weller et Davis ont calculé une estimation d’incidence du VIH de 5,8 pour cent personnes/année (95% IC : 3,16-9,66) parmi dix cohortes dont les participants n’utilisaient « jamais » de condom lors de rapports hétérosexuels. En contrepartie, ils ont calculé une estimation de l’incidence de 1,1 par 100 personnes/année (95% IC : 0,56-2,04) parmi treize cohortes dont les participants utilisaient « toujours » des condoms. En conséquence, ils ont calculé que la réduction proportionnelle de la séroconversion au VIH, par l’usage constant de condoms, s’élevait à 80 % (Weller and Davis, 2002). Dans le même sens, Saracco et ses collègues ont examiné la transmission du VIH d’homme à femme parmi 343 couples. Un taux d’incidence de séroconversion au VIH de 7,2 par 100 personnes/année a été calculé, dans le cas des couples utilisant le condom de manière sporadique, ou jamais; alors qu’il a été établi à 1,1 par 100 personnes/année parmi ceux qui utilisaient toujours un condom pour la pénétration du pénis dans le vagin (Saracco et al., 1993). Les résultats de ces études, et de plusieurs autres, démontrent que le condom est un moyen efficace de prévenir la transmission sexuelle du VIH (Anonymous, 2002). 204 References Société canadienne du sida, La transmission du VIH : guide pour l’évaluation du risque, 5è édition, 2005. http://www.cdnaids.ca/web/repguide.nsf/pages/cas-rep-0307---Fre (consulté en septembre 2005) Santé Canada, ITrack – Surveillance améliorée des comportements à risque chez les utilisateurs de drogues injectables au Canada, rapport sur l’étude pilote, 2004. http://www.phac-aspc.gc.ca/i-track/index_f.html Anonymous. Efficacy of condoms in preventing STDs. HIV/AIDS program: STD program. Public Health, Seattle & King County. 2003. Anonymous. Update on sexual transmission of HIV. HIV information: Information update on HIV/AIDS and sexually transmitted diseases. Public Health, Seattle & King County. 2002. Anonymous. Update: Barrier protection against HIV infection and other sexually transmitted diseases. 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Il est recommandé, par conséquent, qu’une barrière soit placée entre la bouche et le vagin ou l’anus, afin de réduire le risque de transmission du VIH ou d’autres ITS lors de la pratique de rapports sexuels oraux (Société canadienne du sida, 2005; Sexual Health Info Center, 2005; Wikipédia, l’encyclopédie libre [dans la version anglaise], 2005; Barnard College Student Health Services, 2004; Centers for Disease Control and Prevention, 2000). À des fins de contrôle des infections, les digues dentaires ont été utilisées en premier lieu comme instruments de chirurgie dentaire, pour isoler une dent. Il s’agit d’un carré de 15 cm par 15 cm, en latex épais. On a récemment constaté qu’elles sont aussi des instruments pour le sécurisexe, car elles constituent une barrière qui prévient la transmission du VIH et d’autres ITS (Société canadienne du sida, 2005; Sexual Health Info Center, 2005; Wikipédia, l’encyclopédie libre [dans la version anglaise], 2005; Barnard College Student Health Services, 2004). À défaut d’une digue dentaire à proprement parler, on peut fabriquer un substitut en coupant un condom encore roulé, puis en le dépliant pour obtenir un rectangle de latex (Wikipédia, l’encyclopédie libre [dans la version anglaise], 2005; Barnard College Student Health Services, 2004). L’instrument est placé de manière à recouvrir le vagin ou l’anus, lors de rapports sexuels oraux. Certains éducateurs sur le sécurisexe recommandent aussi la pellicule plastique d’usage domestique. Ce matériau est peu dispendieux, accessible et facile à utiliser, mais il n’est pas aussi extensible que le latex (Société canadienne du sida, 2005). Seule la pellicule plastique de marque Glad® a été mise à l’épreuve en laboratoire, quant à l’efficacité comme barrière physique contre la transmission d’ITS. On a constaté qu’elle est efficace contre la transmission du virus de l’herpès simplex, mais on ne l’a pas encore étudiée pour la prévention de la transmission du VIH (Société canadienne du sida, 2005). 207 Co n s i d é r a t i o n s Un thème fréquemment répertorié parmi les études sur les relations sexuelles entre lesbiennes est l’idée d’une “immunité lesbienne” – un concept énoncé par Stevens et Hall dans leur étude sur le sécurisexe pour les femmes lesbiennes et bisexuelles à San Francisco. Après avoir interviewé 1 189 femmes lesbiennes et bisexuelles, les auteurs ont signalé que 56 % des répondantes avaient eu des rapports sexuels sans protection, avec des femmes, et que 20 % avaient eu des rapports sexuels sans protection, avec des hommes, des faits attribués en partie à la croyance voulant que les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes ne puissent pas contracter le VIH (Fishman and Anderson, 2003). De manière semblable, Morrow et Allsworth ont observé que 84 % des femmes lesbiennes et bisexuelles considéraient que, pendant l’année précédant l’entrevue, elles n’avaient pas eu de risque de contracter le VIH, et que 61 % croyaient qu’elles n’avaient eu aucun risque de toute leur vie. Cependant, en termes comportementaux concrets, 85 % de ces femmes ont déclaré avoir eu des rapports sexuels avec une autre femme à une fréquence mensuelle (Morrow and Allsworth, 2000; Fishman and Anderson, 2003). Étant donné que des cas de transmission du VIH entre femmes ont été documentés (Morrow et Allsworth, 2000), il est impératif que cette impression de faible risque de VIH entre femmes lesbiennes et bisexuelles soit abordée dans le cadre du counselling sur la réduction des méfaits, par les PÉS. Bien qu’il soit probable que le cunnilingus comporte un risque moindre que la pénétration du pénis dans le vagin, il semble raisonnable également de conseiller l’utilisation de digues dentaires comme barrière de protection, aux partenaires masculins de femmes séropositives au VIH, ou particulièrement vulnérables à contracter le VIH, lorsqu’ils donnent un cunnilingus. Do n n é e s U t i l i s a t i o n d e d i g u e d e n t a i re e t /o u d e p e l l i c u l e p l a s t i q u e Des études ont documenté le fait que la fréquence d’utilisation de digue dentaire et de pellicule plastique est faible. Morrow et Allsworth ont examiné les comportements sexuels à risque parmi 504 femmes canadiennes et états-uniennes s’identifiant comme lesbiennes ou bisexuelles; parmi les 436 lesbiennes, seulement 7 % avaient déjà utilisé une digue de latex, et 1 % de la pellicule plastique; parmi les 68 femmes bisexuelles, 4 % ont déclaré avoir déjà utilisé une digue de latex, et 9 % de la pellicule plastique (Morrow and Allsworth, 2000). Ce constat du manque de popularité des instruments de protection lors de rapports sexuels, entre femmes, est confirmé dans une étude de Fishman et Anderson. Parmi 78 lesbiennes, 2 % ont déclaré utiliser toujours une digue dentaire, 6 % ont déclaré en utiliser une à l’occasion, 91 % ont dit connaître cet objet mais ne jamais en avoir utilisé, et 2 % ne le connaissaient pas comme un instrument pour le sécurisexe. De manière semblable, 2 % des répondantes ont dit utiliser toujours de la pellicule plastique, 10 % ont dit en utiliser parfois, 78 % ont affirmé être au courant mais ne jamais en utiliser, et 11 % ne la connaissaient pas comme un instrument pour le sécurisexe (Fishman and Anderson, 2003). 208 Références Société canadienne du sida, La transmission du VIH : guide pour l’évaluation du risque, 5è édition, 2005. http://www.cdnaids.ca/web/repguide.nsf/pages/cas-rep-0307---Fre (consulté en septembre 2005) Barnard College Student Health Services. How to use dental dams. 2004. Accessed August 2005 from: www. barnard.edu/health/dentaldams.htm Centers for Disease Control and Prevention. Preventing the sexual transmission of HIV, the virus that causes AIDS. HIV/AIDS Update. 2000. Accessed August 2005 from: www.cdc.gov/hiv/pubs/Facts/oralsex.pdf Fishman SJ, Anderson EH. Perception of HIV and safer sexual behaviors among lesbians. 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Accessed August 2005 from: http://en.wikipedia.org/ wiki/dental_dam 209 Distribution de gants de latex et de couvre-doigt Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour réduire la transmission du VIH et du VHC ainsi que d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS): u Distribuer des gants de latex et des couvre-doigt, selon la quantité demandée par les clients, sans limite de nombre u Éduquer les clients, et en particulier les femmes lesbiennes et bisexuelles, sur le risque de transmission du VIH, du VHC et des autres ITS, en lien avec la non-utilisation de gants de latex u Éduquer les clients, et en particulier les femmes lesbiennes et bisexuelles, sur l’utilisation adéquate des gants de latex Introduction Un couvre-doigt est une enveloppe de latex que l’on enfile sur un doigt pour le recouvrir, alors qu’un gant protège la main en entier. Tout comme le condom de latex prévient la transmission d’ITS (y compris le VIH et le VHC) pendant la pénétration sexuelle, le gant de latex et le couvre-doigt préviennent cette possibilité de transmission à la main, ou par la main, lors d’une stimulation sexuelle manuelle (Société canadienne du sida, 2005). Pour cette raison, ils sont tous deux des instruments de sécurisexe et les programmes sur la réduction des risques sexuels d’ITS/VIH devraient leur accorder une plus grande attention, en particulier lorsqu’il s’agit d’une clientèle de lesbiennes ou de femmes bisexuelles. Co n s i d é r a t i o n s Les gants de vinyle ne sont pas aussi efficaces que les gants de latex pour prévenir la transmission du VIH et d’autres pathogènes, mais ils fournissent quand même une certaine protection et devraient être offerts aux personnes qui ont une allergie au latex. Voir la discussion plus détaillée ci-dessous. Do n n é e s Fr é q u e n ce d ’u t i l i s a t i o n d ’u n g a n t d e l a tex Des études ont démontré que les lesbiennes et femmes bisexuelles ont souvent des activités sexuelles impliquant une stimulation à l’aide d’un doigt, mais que l’utilisation de gants de latex demeure faible. Morrow et Allsworth ont examiné les comportements sexuels à risque parmi 504 femmes canadiennes et états-uniennes s’identifiant comme lesbiennes ou bisexuelles. La stimulation du vagin à l’aide d’un doigt ainsi que la stimulation de l’anus à l’aide d’un doigt ont été répertoriées comme des activités répandues parmi ce groupe : 89 % des répondantes ont déclaré stimuler à l’aide du doigt le vagin de leur partenaire, et 94 % ont déclaré la recevoir; quant à la stimulation de l’anus à l’aide d’un doigt, 35 % ont déclaré la donner et 35 % ont déclaré la recevoir. En dépit de la fréquence de ces activités sexuelles, seulement 6 % des 436 lesbiennes et 12 % des 68 femmes bisexuelles ont dit avoir déjà utilisé un gant de latex (Morrow and Allsworth, 2000). 210 De manière similaire, Fishman et Anderson ont examiné la perception du risque de VIH parmi 78 lesbiennes, et constaté que seulement 4 % utilisaient un gant de latex toujours, 11 % l’utilisaient parfois, 83 % connaissaient les gants de latex mais n’en utilisaient jamais, et 1 % ne connaissaient pas l’utilisation des gants de latex pour le sécurisexe (Fishman and Anderson, 2003). Prévention de la transmission du VIH Il a été prouvé que le latex prévient la transmission de pathogènes, y compris le VIH. Zbitnew et ses collègues ont comparé l’efficacité de gants de vinyle et de gants de latex, comme barrière pour la transmission du VIH-1 et du virus de l’herpès simplex de type 1. Les auteurs ont constaté que les gants intacts prévenaient aussi la transmission de particules virales (Zbitnew et al., 1989). De manière semblable, Neal et son équipe ont procédé à un examen de la littérature portant sur la pénétration des gants de latex par des pathogènes. Ils ont constaté que la conception du gant, sa composition, son fabricant ainsi que sa manipulation mécanique avaient une influence sur sa performance comme barrière contre des pathogènes. Ils ont conclu que les gants de latex semblaient être des barrières plus efficaces que ceux de vinyle, contre la pénétration virale (Neal et al., 1998). L’efficacité des gants de latex comme barrière contre la transmission du VIH peut aussi être déterminée à l’examen d’études portant sur la prévention des piqûres sur des aiguilles, en milieu de santé. Johnson et ses collègues ont étudié l’efficacité de diverses combinaisons de gants, contre la transmission du VIH, après que les gants aient été percés par une aiguille contenant du VIH-1. On a mis à l’épreuve une couche unique ainsi qu’une combinaison de deux et de trois épaisseurs du matériel dont était fabriqué le gant; dans certains cas, la couche du milieu a été remplacée par une couche de coton ou de Kevlar; on a également mis à l’épreuve une combinaison comprenant un composé virucide. Les taux d’infection par le VIH-1, dans des cultures cellulaires, étaient les suivants : plus de 90 % avec une couche simple de latex, et entre 23 % et 60 % avec une couche triple ou double de latex; les auteurs ont par ailleurs mesuré que le taux d’infection était de 6 % en présence d’une double couche de latex séparée par une couche intermédiaire de Kevlar; le taux d’infection était réduit à 0 % lorsqu’un spermicide était ajouté à cette dernière combinaison. Les deux constats précédents démontrent que l’utilisation de Kevlar, avec ou sans composé virucide, est la barrière la plus efficace contre la transmission du VIH par une piqûre d’aiguille (Johnson et al., 1991). Pour ces raisons, les gants de latex devraient être utilisée pour la protection des partenaires sexuels contre la transmission du VIH lors d’activités sexuelles impliquant une pénétration digitale ou manuelle dans le vagin ou l’anus. 211 Références Société canadienne du sida, La transmission du VIH : guide pour l’évaluation du risque, 5è édition, 2005. http://www.cdnaids.ca/web/repguide.nsf/pages/cas-rep-0307---Fre (consulté en septembre 2005) Fishman SJ, Anderson EH. Perception of HIV and safer sexual behaviors among lesbians. Journal of the Association of Nurses in AIDS Care 2003; 14(6): 48-55. Johnson GK, Nolan T, Wuh HC, Robinson WS. 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D’autres méthodes barrières peuvent être utilisées conjointement au condom u Éduquer les clientes au sujet des diaphragmes et des capes cervicales, de leurs bienfaits, utilisés avec condom si possible, pour réduire les risques de transmission d’ITS, et en particulier du VIH u Référer les clientes intéressées par le diaphragme, ou la cape cervicale, à un fournisseur de soins pour la santé sexuelle, ou le planning des naissances, pour que l’instrument soit prescrit et ajusté comme il se doit Introduction Les barrières cervicales, comme les diaphragmes et les capes cervicales, sont faites de latex et de silicone; elles sont utilisées pour la prévention de la grossesse. Elles sont placées de manière à recouvrir l’entrée du col utérin de la femme, avant qu’elle n’aie des rapports sexuels (Société canadienne du sida, 2005). De récentes études ont démontré également que les barrières cervicales peuvent aussi être utiles dans la prévention sexuelle d’ITS, y compris le VIH (Société canadienne du sida, 2005). Co n s i d é r a t i o n s Lorsqu’un diaphragme ou une cape cervicale est utilisée à des fins contraceptives, elle est souvent utilisée en conjonction avec un spermicide; la plupart des spermicides contiennent un ingrédient appelé nonoxynol 9. Plusieurs essais cliniques sur l’utilisation du nonoxynol-9, en soi, comme moyen de prévention du VIH (comme ingrédient actif contenu dans une éponge, une gelée ou une pellicule) ont démontré qu’il ne réduit cependant pas la transmission du VIH, et qu’il peut même augmenter cette transmission à cause d’inflammation et de dommages à l’intérieur du vagin et à l’épithélium du col utérin. D’autres recherches sont nécessaires afin de déterminer l’efficacité de barrières cervicales avec ou sans spermicide; il est particulièrement urgent d’identifier des spermicides qui seront efficaces comme contraceptifs et comme moyen de réduire la transmission du VIH. D’ici-là, il est probablement sage de recommander aux clients d’éviter l’utilisation de nonoxynol-9 dans les situations où il existe un risque de transmission du VIH. Do n n é e s Le col utérin et la transmission du VIH Les femmes sont plus vulnérables que les hommes, sur le plan physiologique, à contracter le VIH et d’autres ITS par voie sexuelle (Société canadienne du sida, 2005; Anonymous, 1993). Cette affirmation de désavantage biologique devant le VIH est rattachée à l’efficacité relative de la transmission du virus, d’homme à femme, dans un épisode unique de contact hétérosexuel sans protection, en comparaison avec celle de la transmission de femme à homme. Ensemble, la concentration plus élevée du VIH dans le sperme que dans les sécrétions vaginales, un volume plus important de transmission du sperme que de sécrétions 213 vaginales, de même qu’une surface d’exposition relativement plus grande de la muqueuse du vagin, par laquelle le liquide séminal est absorbé, font en sorte que les femmes ont une plus grande probabilité que les hommes de contracter le VIH lors d’une seule pénétration sans protection du pénis dans le vagin (Suffet and Lifshitz, 1991; Newell, 1999; Grubert et al., 1999). Cependant, la vulnérabilité de la femme à l’infection par le VIH est due en partie à la nature du col utérin (Société canadienne du sida, 2005). L’épithélium du col utérin est fragile. Il est formé d’une couche unique de cellules relativement fragiles, et qui sont plus facilement endommagées que les couches multiples de cellules plus solides qui forment l’épithélium du vagin (Société canadienne du sida 2005). Moench et ses collègues ont étudié les propriétés du vagin et du col, en ce qui concerne la prévention de maladie, et ont décrit le col comme une barrière facilement endommagée qui offre un site probable pour l’infection par des ITS et le VIH (Moench, Chipato and Padian, 2001). De plus, des récepteurs spécifiques au VIH (cellules CD-4 positives) se rencontrent couramment dans le col et rarement dans le lumen vaginal. Un autre récepteur, le CCR5, agit comme un corécepteur pour le VIH et il se rencontre plus fréquemment dans le col (Patterson et al., 1998). Ces propriétés contribuent à un risque plus élevé d’infection par le VIH dans le col qu’en lien avec l’épithélium vaginal (Moench, Chipato and Padian, 2001). Ces constats ont conduit des chercheurs à étudier le col utérin et sa susceptibilité aux maladies. Zhang et ses collègues ont examiné la transmission du virus d’immunodéficience simiesque (VIS) dans des cellules CD-4 positives chez des macaques rhésus (Zhang et al., 1999). Ils ont détecté des cellules endocervicales infectées après trois jours, alors que l’infection de la muqueuse vaginale a été observée après 12 jours. Ainsi, il semble que le col utérin puisse être un site initial d’infection; mais des données démontrent que le rôle du col n’est pas indispensable à ce que se produise l’infection (Moench, Chipato and Padian, 2001). Une étude de Hu et al. a démontré que l’ablation du col, dans le modèle macaque/VIS, n’avait pas réduit l’efficacité de la transmission à l’épithélium vaginal (Hu, Gardner and Miller, 2000). On ne devrait toutefois pas interpréter cette observation comme signifiant que le col n’est pas un site de vulnérabilité accrue à l’infection (Moench, Chipato and Padian, 2001). Prévention de la transmission d’ITS autres que le VIH Jusqu’à ce jour, aucune étude scientifique contrôlée n’a été réalisée pour confirmer l’effet protecteur des barrières cervicales contre la transmission d’ITS. Cependant, de nombreuses études fournissent des données observatoires et épidémiologiques, souvent en comparant des utilisatrices et des non-utilisatrices de diaphragme (Moench, Chipato and Padian, 2001; Minnis and Padian, 2005). Magder et ses collègues ont étudié les facteurs liés à la transmission de l’infection génitale à chlamydia parmi 2 320 personnes ayant visité la Denver Metro Health Clinic entre 1981 et 1983. Ils ont rapporté que 17 % des 1 031 femmes avaient eu une culture cervicale positive. Cependant, aucune infection n’a été détectée parmi les patientes qui portaient un diaphragme (Magder et al., 1988; Moench, Chipato and Padian, 2001). Rosenberg et ses collègues, pour leur part, ont réalisé une étude prospective comparant diverses méthodes barrières relevant de la femme, parmi 5 681 patientes d’une clinique de santé en milieu urbain. Les femmes utilisant une éponge cervicale ou un diaphragme présentaient des taux d’infection inférieurs de 68 % et 76 % pour la gonorrhée (RC = 0,3; 95% IC : 0,2-0,5) et la trichomoniase (RC = 0,2; 95% IC : 0,1-0,5), 214 respectivement, en comparaison avec celles n’utilisant pas de moyen de contraception ou qui avait eu une ligature des trompes. Dans cette étude, la protection contre les ITS offerte par l’éponge ou par le diaphragme a semblé être plus élevée que celle attribuée aux condoms (Rosenberg et al., 1992; Moench, Chipato and Padian, 2001). En outre, une étude cas-témoins réalisée par Austin et ses collègues a porté sur l’effet protecteur d’un spermicide, contre la transmission sexuelle de la gonorrhée parmi 735 femmes ayant la gonorrhée et 958 femmes non infectées ayant recours à une clinique d’ITS. Le risque relatif (RR) de gonorrhée pour les utilisatrices de spermicide et de diaphragme était de 0,45 (90% IC : 0,2-1,3). Parmi les femmes n’utilisant pas de contraceptif oral, ni de dispositif intra-utérin, et n’ayant pas eu de ligature des trompes, le RR de gonorrhée pour les utilisatrices de spermicide, comparé aux non-utilisatrices, était de 0,47 (90% IC : 0,30,9). Ainsi, l’usage d’un diaphragme en conjonction avec un spermicide peut aider à réduire de manière appréciable le risque de transmission sexuelle de la gonorrhée (Austin, Louv and Alexander, 1984). Prévention de la transmission du VIH La susceptibilité d’une femme à contracter le VIH dépend aussi de ses antécédents en matière d’ITS. Patterson et coll. ont examiné l’expression des récepteurs de la chémokine dans le conduit génital féminin ainsi que ses implications associées à la transmission du VIH. Ils ont rapporté que le nombre de récepteurs CCR5 était considérablement plus élevé chez les femmes ayant des ITS (p=0,02; Patterson et al., 1998). Puisque le col utérin semble être un site d’infection primaire (Moench, Chipato and Padian, 2001; Minnis and Padian, 2005), une barrière cervicale préviendrait, en théorie du moins, l’exposition de l’épithélium du col à divers agents infectieux. Avec un diaphragme, l’exposition des cellules CD4 positives et des récepteurs CCR5 serait réduite, limitant donc les occasions d’infection par le VIH. Les méthodes-barrières contrôlées par la femme peuvent protéger le col et elles sont efficaces contre le risque d’ITS et potentiellement aussi contre la transmission du VIH; en conséquence, elles devraient être considérées comme un outil efficace de prévention de la maladie. Les diaphragmes et les capes cervicales doivent être ajustés par un médecin ou une infirmier praticien. Les deux instruments sont plus efficaces lorsque utilisés de pair avec le condom (et non à la place d’un condom); il est possible qu’ils soient toutefois moins efficaces que le condom féminin, pour prévenir la transmission du VIH, bien qu’il n’y ait pas encore d’études à ce sujet. Ces moyens peuvent offrir un certain degré de protection si l’usage du condom, masculin ou féminin, ne peut être négocié, mais il faut des recherches plus poussées pour déterminer à quel point. Les PÉS peuvent fournir de l’information et de l’éducation sur l’usage de diaphragmes, capes cervicales et condoms, afin d’inciter leurs clientes à considérer ces options; et ils peuvent les référer à des cliniques de santé sexuelles, à des unités de santé publique ou à d’autres services de planning des naissances, ainsi qu’à un médecin généraliste ou à un gynécologiste, pour l’ajustement d’un diaphragme ou d’une cape cervicale. Des mesures de protection contre le VIH dont le contrôle relève des femmes sont nécessaires pour que les femmes puissent jouer un rôle actif dans la réduction de leur risque de contracter des ITS, y compris le VIH (Minnis and Padian, 2005). 215 Références Société canadienne du sida, La transmission du VIH : guide pour l’évaluation du risque, 5è édition, 2005. http://www.cdnaids.ca/web/repguide.nsf/pages/cas-rep-0307---Fre (consulté en septembre 2005) Anonymous. Update: Barrier protection against HIV infection and other sexually transmitted diseases. Morbidity & Mortality Weekly Report 1993; 42(30): 589-597. Austin H, Louv WC, Alexander WJ. A case-control study of spermicides and gonorrhea. Journal of the American Medical Association 1984; 25(21): 2822-2824. Grubert TA, Reindell D, Kastner R, Lutz-Friedrich R, Belohradsky BH, Dathe O. Complications after caesarean section in HIV-1 infected women not taking antiretroviral treatment. Lancet 1999; 354(9190): 1612-1613. Hu J, Gardner MB, Miller CJ. Simian immunodeficiency virus rapidly penetrates the cervicovaginal mucosa after intravaginal inoculation and infects intraepithelial dendritic cells. Journal of Virology 2000; 74(13): 6087-6095. Magder LS, Harrison HR, Ehret JM, Anderson TS, Judson FN. Factors related to genital Chlamydia trachomatis and its diagnosis by culture in a sexually transmitted disease clinic. American Journal of Epidemiology 1998; 128(2): 298-308. Minnis AM, Padian NS. Effectiveness of female controlled barrier methods in preventing sexually transmitted infections and HIV: Current evidence and future research directions. Sexually Transmitted Infections 2005; 81(3): 193-200. Moench TR, Chipato T, Padian NS. Preventing disease by protecting the cervix: The unexplored promise of internal vaginal barrier devices. AIDS 2001; 15(13): 1595-1602. Newell ML. Infant feeding and HIV-1 transmission. Lancet 1999; 354(9177): 442-443. 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Sexual transmission and propagation of SIV and HIV in resting and activated CD4+ T cells, Science 1999, 286(5448): 1353-1357. 217 Éducation sur la prévention de surdose Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour réduire les surdoses mortelles et non mortelles chez les UDI: u Éduquer les clients sur les risques et les signes de surdose u Éduquer les clients sur les techniques de prévention des surdoses u Donner aux clients une formation en premiers soins et en ressuscitation cardio-pulmonaire (RCP) u Encourager les clients à demander une assistance médicale en cas de surdose ou de détresse u Éduquer les clients au sujet de l’information à donner au téléphone lorsque l’on appelle le 911 Introduction Le taux de décès parmi les utilisateurs de drogue est de 3 à 14 fois plus élevé que chez les personnes du même âge qui n’utilisent pas de drogue (Joe et al., 1982); bon nombre des décès sont attribuables à des surdoses. La surdose est la principale cause de décès parmi les UDI (Powis, 1999; Commonwealth of Australia, 2001). Plusieurs facteurs contribuent au risque accru de surdose chez les UDI; notamment : u l’usage de drogues multiples (i.e. consommation de divers types de drogues et/ou d’alcool au même moment) u la perte d’accoutumance à la drogue (p. ex., à la suite d’une incarcération ou d’un traitement de la toxicomanie) u l’injection de drogue à la hâte u l’injection de drogue obtenue auprès d’une source inconnue ou nouvelle u la concentration inconnue de la drogue u l’injection de drogue depuis longtemps u des surdoses antérieures non mortelles u l’injection lorsque l’on est seul, ou par une autre personne que soi-même u le délai dans le recours à l’assistance médicale u la récente sortie de prison Toutefois, plusieurs surdoses peuvent être prévenues par une assistance médicale ou d’autres formes d’aide fournie sans délai. Il est rare qu’un décès par surdose se produise immédiatement après l’injection de drogue; des données portent à croire qu’une intervention rapide par du personnel d’urgence augmente grandement le taux de survie. L’éducation et la formation des UDI sur les moyens de prévenir et de reconnaître les situations de surdose, et d’y réagir, sont nécessaires pour réduire le nombre de décès par surdose ainsi que d’autres graves conséquences de santé comme les complications pulmonaires, cardiaques, musculaires et neurologiques. Manque de connaissance sur la surdose Les UDI ne sont pas tous informés des signes et symptômes de surdose, ou de l’intervalle de temps entre la 218 consommation et l’apparition de symptômes de surdose. En conséquence, des symptômes qui ne débutent pas immédiatement après une injection ne sont pas toujours interprétés comme des signes de surdose, et n’incitent pas toujours les UDI à intervenir ou à demander de l’aide. Il est important que les UDI reçoivent de l’attention non seulement en situation de surdose, mais aussi lorsqu’une personne qui s’est injecté de la drogue semble en état de détresse. Il est fréquent que les UDI sous-estiment leur risque personnel de surdose, tout en étant beaucoup plus conscients de ce risque chez autrui. Le fait de sous-estimer leur propre risque peut conduire certains UDI à continuer d’avoir des pratiques peu sécuritaires, comme la pratique de l’injection alors que l’on est seul, ou l’injection de quantités plus importantes qu’à l’habitude. De plus, plusieurs UDI ont des connaissances inexactes sur les techniques propices à l’assistance à une personne qui est en situation de surdose. Ils croient souvent qu’une personne qui a une surdose pourra se rétablir rapidement si elle est placée dans un bain d’eau froide, si on lui injecte plus de drogue ou de l’eau salée, ou si on lui inflige une douleur physique. Ces croyances répandues sont erronées; elles peuvent avoir des conséquences néfastes; elles mettent en relief la nécessité d’une éducation exacte au sujet de la prévention de surdose. Manque d’assistance médicale et autre Le manque de connaissances sur la surdose peut contribuer aux décès liés à cette cause, parmi les UDI, mais le manque d’assistance médicale ou d’autre nature, lorsque survient une surdose, contribue grandement aux décès. Les craintes d’être arrêté par la police, que ce soit fondé ou non, découragent plusieurs UDI d’avoir recours à de l’assistance, en situation de surdose. Souvent, des policiers sont dépêchés sur les lieux, ou leur présence est requise par les services d’ambulance lorsque la raison de l’appel à du personnel médical d’urgence est une surdose. Les données démontrent cependant qu’une intervention rapide peut réduire le risque de décès. Éléments de l’éducation sur la prévention de surdose L’éducation sur la prévention de surdose inclut souvent des volets d’information et de perfectionnement des compétences (voir le Tableau 10). En termes d’information, les programmes d’éducation incluent des explications pour déceler les signes de surdose et au sujet des risques de tolérance réduite. Les symptômes de surdose varient selon la drogue en cause. Par exemple, les opiacés peuvent entraîner des symptômes comme de forts ronflements, un rythme cardiaque ralenti ou irrégulier, ou l’évanouissement. Une surdose de stimulant (p. ex., cocaïne, méthamphétamine) peut entraîner des symptômes comme la respiration rapide, la fièvre élevée, la crise de convulsions, le délire, la confusion, la transpiration ou une augmentation rapide de la pression sanguine. L’éducation sur la surdose peut être fournie en personne et/ou au moyen d’une gamme complète de documents écrits sur le sujet, disponibles sur les lieux du PÉS et/ou distribués avec d’autres instruments par le programme. La formation en premiers soins [secourisme] fait aussi partie des programmes d’éducation en matière 219 de surdose, pour les UDI, leurs familles et autres personnes susceptibles d’être présentes en situation de surdose. Il est également recommandé d’enseigner aux clients la position latérale de sécurité, pour empêcher la victime de s’étouffer avec sa vomissure; la ressuscitation bouche-à-bouche et la ressuscitation cardiopulmonaire (RCP), ainsi que les techniques élémentaires de réanimation/soutien vital, qui peuvent être utiles dans l’attente de l’arrivée du personnel médical. La formation devrait être donnée par un personnel qualifié. Il a été observé que le versement d’une compensation aux clients, pour assister à de telles séances de formation, augmente la participation. Les organismes pouvant donner une telle formation sont notamment les services d’ambulance, l’Ambulance Saint-Jean et la Croix-Rouge. La formation donnée par du personnel ambulancier peut être propice au développement d’une compréhension et d’un lien de confiance entre les UDI et ce personnel. Puisqu’il est rare qu’un décès par surdose se produise immédiatement après l’injection de drogue, et qu’il y a habituellement un temps où l’intervention est pertinente, le fait d’inciter les clients qui voient une surdose à faire appel à l’assistance médicale en téléphonant au service 911 peut réduire le nombre de décès par surdose. Cependant, ils peuvent avoir besoin de formation sur ce qu’ils devraient dire lorsqu’ils composent le 911 pour assistanc. Par exemple, la littérature indique que les UDI n’ont pas besoin de dire au répondant téléphonique du 911 que quelqu’un a une surdose – il s’agirait plutôt de dire par exemple qu’une personne a arrêté de respirer, puis de donner l’adresse et le numéro de téléphone du lieu où elle se trouve (Sorge & Kershnar, 1998; Harm Reduction Coalition, 2000). Toutefois, afin de donner une assistance médicale efficace lorsqu’ils arrivent, les techniciens d’urgence ont besoin d’information sur le type de drogue qui a été consommé, et sur toute condition médicale de la personne. En plus d’encourager les clients à téléphoner au 911 en situation d’urgence, il est recommandé de les inciter à ne pas laisser seule la personne qui a une surdose. Tableau 10: Exemples de pratiques recommandées pour la prévention de surdose 220 Recommandations Explications Éviter de mélanger des drogues qui ont des effets semblables La combinaison de drogues qui ont des effets semblables peut augmenter le risque de surdose Lorsque la tolérance est faible (p. ex. après un traitement de la toxicomanie, ou à la sortie de prison): u prendre une plus petite quantité qu’avant u fumer ou renifler la drogue, pour une absorption plus lente par le corps u utiliser en présence d’une autre personne, ou prévenir une personne pour qu’elle soit à l’affût Une tolérance plus faible peut augmenter le risque de surdose Être prudent, à l’usage de drogue obtenue d’une source nouvelle et/ou inconnue : u s’injecter une petite dose d’essai, pour vérifier la force u demander à d’autres quelle en est la force L’utilisation d’une drogue de concentration inconnue peut augmenter le risque de surdose Acheter la drogue auprès d’une source régulière et fiable Savoir reconnaître les symptômes de la surdose, pour soi-même et chez les autres Une intervention rapide, en cas de surdose, peut réduire le risque de décès Savoir quoi faire et quoi éviter, si vous ou une qutre personne a dex symptômes de surdose Demander de l’assistance, si vous ou une autre personne a une surdose Ne pas laisser seule une personne qui a une surdose Une intervention rapide, en cas de surdose, peut réduire le risque de décès et de victimisation Éducation ciblée sur la prévention de surdose Plusieurs des facteurs dont on a constaté un effet qui accroît la probabilité de décès par surdose, parmi les UDI, peuvent être utiles à repérer les clients qui ont un risque accru en la matière, et à adapter les programmes d’éducation en conséquence. Les facteurs sont notamment : de longs antécédents d’injection, un degré élevé d’usage de drogue, ou d’ébriété, une faible accoutumance, des antécédents de surdose non mortelle, la situation de sans-abri, un diagnostic de dépression, la libération récente de prison, et des antécédents d’utilisation mélangée de drogues. Co n s i d é r a t i o n s Malgré les conséquences de la surdose, pour les UDI, plusieurs de ces derniers craignent les conséquences de contacts avec la police, et retardent l’appel à l’aide en situation de surdose. Plusieurs initiatives, en Australie, visent à limiter la présence policière sur les lieux de surdose; plusieurs ressorts ont développé des politiques officielles établissant les protocoles pour la police en situation de surdose. Ces initiatives peuvent augmenter la probabilité que les UDI demandent de l’assistance, tout en réduisant le nombre de décès par surdose. Des initiatives semblables, dans d’autres ressorts, pourraient conduire à des résultats semblables. En particulier, le développement de partenariats entre les PÉS, la police et le personnel d’urgence peut servir à l’élaboration et à la mise en œuvre de procédures pouvant rendre des UDI moins réticents à demander de l’assistance médicale lorsque nécessaire. Par exemple, de telles politiques pourraient inclure l’assurance que la police ne procédera pas à des arrestations, des fouilles ou des accusations, contre des UDI qui ont placé un appel d’urgence. 221 La buprénorphine, qui n’est pas encore largement utilisée au Canada, sert dans d’autres pays au traitement de remplacement d’opiacés. En France, la buprénorphine est le principal traitement de substitution aux opiacés. Cependant, des cas d’injection de buprénorphine ainsi que de surdose y ont été signalés (Moatti et al., 2001). Si cette substance devenait plus disponible au Canada, une éducation sera nécessaire au sujet du risque potentiel de surdose de buprénorphine, pour les clients et les personnes qui pourraient en acheter sur le marché noir. La provision de l’accès à du naloxone (Narcan®), aux clients de PÉS, peut présenter un potentiel de réduction des décès liés à la surdose d’opiacé. Le naloxone réduit les arrêts respiratoires mortels que cause la surdose d’opiacé. Un certain nombre d’essais cliniques dans la communauté sont en cours (i.e. en Alberta, aux États-Unis et en Australie) pour examiner l’efficacité d’une éducation à des UDI à administrer adéquatement du naloxone. Ce médicament est coûteux, et il reste encore à déterminer le rapport coûtefficacité de cette intervention. Si elle s’avérait efficace et sûre, les PÉS pourraient considérer la possibilité d’ajouter ce type de formation à la gamme de leurs efforts de prévention de la surdose. Dans le cadre de l’éducation à l’injection plus sécuritaire, en Australie, on tente d’inciter les UDI à ne pas se faire d’injection lorsqu’ils sont seuls. Le fait d’être en compagnie d’une autre personne, lorsque l’on se fait une injection, peut augmenter les chances d’un appel à l’aide en cas de surdose. Cependant, ce type de conseil doit aussi insister sur l’importance d’éviter de partager tout matériel pour l’injection, et sur l’importance du sécurisexe. Les lieux plus sécuritaires pour l’injection, comme les centres où les UDI peuvent s’injecter des drogues (qu’ils ont préalablement acquises), sous la supervision de personnel ayant une formation médicale, sont l’objet de données à l’effet d’une réduction des surdoses dans la communauté. Les évaluations de lieux plus sécuritaires pour l’injection en Allemagne et en Suisse, ont démontré des diminutions de la mortalité associée à l’usage de drogue (Warner-Smith et al., 2001; Degwitz et al., 2003; CCSA, 2004). Cependant, l’introduction d’autres interventions ainsi que la disponibilité du traitement à la méthadone peuvent aussi avoir contribué au déclin de mortalité qui a été observé. L’évaluation d’un centre d’injection à Francfort, Allemagne, a permis de révéler une baisse considérable du nombre de surdoses mortelles, pendant ses cinq premières années d’activité (Warner-Smith et al., 2001). Il a toutefois été avancé que ce déclin pouvait être dû également au programme de méthadone offert sur le site. Warner-Smith et al. (2001) affirment que d’autres données sont nécessaires pour déterminer l’effet des lieux plus sécuritaires pour l’injection, au chapitre de la réduction des surdoses parmi les UDI. Do n n é e s Prévalence et facteurs de risque de surdose Des études réalisées au Canada suggèrent que les décès par surdose sont un problème répandu, parmi les UDI. En 2001, la présence de cocaïne a été décelée dans 27 décès à Toronto, dont 22 étaient le résultat d’une surdose accidentelle, quatre ont été classifiés comme ayant une cause inconnue, et un était un suicide (Research Group on Drug Use, 2004). Par ailleurs, 25 décès liés à l’héroïne ont été signalés en 2001, à Toronto, dont 19 résultaient de surdose accidentelle, cinq étaient attribués à une cause inconnue, et un 222 était un suicide. Des 203 décès liés à la cocaïne, qui ont été signalés entre 1991 et 2001, dans la même ville, 250 (82,8 %) résultaient d’une surdose accidentelle. Pendant le même intervalle, on a signalé 468 décès liés à l’héroïne, dont 340 (72,6 %) étaient le résultat d’une surdose accidentelle. Fischer et al. (2004) ont étudié l’expérience d’utilisateurs d’opioïdes illicites (par injection et autres moyens) en matière de surdose non mortelle, et les caractéristiques s’y associant, à Vancouver, Edmonton, Montréal, Québec et Toronto. De leur échantillon, 17,2 % ont signalé avoir eu une surdose au cours des six mois précédant l’étude; de ces derniers, 27,8 % ont signalé plusieurs épisodes de surdose. Les facteurs présentant une association significative avec la surdose étaient notamment : le fait de vivre dans la rue (RCA = 1,96); avoir suivi un traitement de la toxicomanie dans les 12 mois précédents (RCA = 1,70); et la voie d’administration orale, nasale ou en fumant (RCA = 2,37). Fischer et al. (2004) ont affirmé que le constat lié à l’antécédent de traitement de la toxicomanie incite à ce que les programmes de traitement éduquent leurs clients au sujet du lien entre la plus faible accoutumance à la drogue après une période d’abstinence ou d’usage réduit de drogue, et un risque de surdose plus élevé. En Colombie-Britannique, on estimait en 1990 qu’il se produisait une surdose par jour (Wood et al., 2001). À Ottawa, parmi un corpus de 361 entrevues d’admission avec des UDI de moins de 30 ans, 17,2 % ont signalé avoir eu au moins une expérience de surdose non mortelle (Leonard et al., 2005). Par ailleurs, Poulin, Stein et Butt (2000) ont étudié tous les décès signalés comme étant dus à une surdose, de 1993 à 1995, à Halifax, Nouvelle-Écosse; ils ont constaté que le taux net moyen de mortalité due à la surdose de drogue illicite était de 0,2 décès par 100 000 personnes. Un peu plus du tiers des UDI interviewés par Powis et al. (n=312; 1999), à Londres, ont signalé avoir eu au moins une surdose non mortelle. Parmi ceux-ci, le nombre médian était de cinq surdoses, mais la plupart ont signalé une seule surdose non mortelle. Powis et al. (1999) ont estimé qu’il se produisait environ une surdose par tranche de six années d’injection, dans leur échantillon. En Australie, le nombre de décès par surdose liés à des opioïdes a triplé, pendant les années 1990 : il est passé de 250 cas en 1991, à 958 cas en 1999 (Commonwealth of Australia, 2001). Outre les décès, il a été estimé que 12 000 à 21 000 surdoses non mortelles par année se produisent parmi les utilisateurs d’héroïne, en Australie (Commonwealth of Australia, 2001). McGregor et al. (1998) ont observé que, parmi 218 utilisateurs d’héroïne qu’ils ont interviewés, en Australie, 48 % avaient déjà eu une surdose, et que 11 % en avaient eu une dans les six mois précédant l’entrevue. La plupart des surdoses (81 %) avaient eu lieu dans une résidence privée, et 88 % en présence d’une autre personne. Dans les six mois précédant l’entrevue, la crainte de surdose avait été rare ou nulle, chez 73 % des participants. Manque d’assistance médicale ou autre Dans l’étude de Fischer et al. (2004), près d’un quart des participants qui ont signalé avoir eu une surdose (24,1 %) ont affirmé n’avoir reçu aucune assistance médicale formelle. Par ailleurs, l’exposition à un traitement de la toxicomanie dans les douze mois précédents a été associée à la surdose. 223 Une étude de Davidson et al. (2002), à San Francisco, Californie, parmi 973 utilisateurs actifs de drogues par injection âgés de moins de 30 ans, a permis d’observer que 73 % des UDI avaient déjà été témoins d’au moins une surdose liés à l’héroïne, au cours de leur vie; 50 % ont répondu avoir été témoin d’une surdose dans les douze mois précédents. Des services d’urgence ont été reçus dans seulement un tiers de ces surdoses. En ce qui a trait aux deux tiers des autres cas, où l’on n’a pas fait appel à des services d’urgence, 67 % ont déclaré que ce n’était pas nécessaire parce que la victime avait repris conscience. Cependant, pour l’autre tiers des cas où l’on n’a pas fait appel au service 911, 56 % des témoins ont signalé la crainte de l’implication policière, comme raison pour n’avoir pas contacté les services d’urgence. Dans l’étude de Powis et al. (1999), seulement 56 % des UDI participants qui ont signalé une surdose s’étaient rendus à un hôpital dans cette situation. Interrogés au sujet de leur plus récente surdose, 81 % ont dit qu’ils étaient avec une autre personne lorsqu’elle s’était produite; 27 % ont déclaré qu’une ambulance avait été appelée; 43 % s’étaient rendus à l’hôpital; et 10 % ont déclaré que leur plus récente surdose avait été une tentative de suicide. Plus de la moitié (56 %) des participants avaient été témoins d’une surdose chez une autre personne. Parmi les participants à l’étude de McGregor et al. (1998), 70 % avaient déjà vu une autre personne avoir une surdose, et 41 % avaient été témoins d’une surdose au cours des six mois précédant l’entrevue, mais moins de la moitié avaient appelé une ambulance. De plus, 40 % de ceux qui avaient été témoins d’une surdose avaient retardé ou évité de demander de l’assistance médicale par crainte d’une implication policière. Références Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies, Centres d’injection supervisés (FAQ), Ottawa, 2004. Voir http://www.ccsa.ca/CCSA/FR/Publications/CCSAFAQs.htm Davidson PJ, Ochoa KC, Hahn JA, Evans JL, Moss AR. Witnessing heroin-related overdoses: The experiences of young injectors in San Francisco. Addiction 2002; 97: 1511-1516. Degwitz P, Haasen C, Berthein U, Zurhold H. Drug consumption rooms in Hamburg, Germany: Evaluation of the effects of harm reduction and the reduction of public nuisance. Journal of Drug Issues 2003; 33: 663688. Fischer B, Brissette S, Brochu S, Bruneau J, el-Guebaly N, Noel L, et al. Determinants of overdose incidents among illicit opioid users in 5 Canadian cities. Canadian Medical Association Journal 2004; 171: 235-239. Joe GW, Lehman W, Simpson D. Addict death rates during a four-year post-treatment follow-up. American Journal of Public Health 1982; 2: 703-709. Harm Reduction Coalition. Overdose: Prevention and survival. New, York: Harm Reduction Coalition. 2000. Accessed June 2005 from: www.harmreduction.org/pubs/od2000.html 224 Leonard L, Navarro C, Birkett N, Remis RS. The POINT Project. Department of Epidemiology and Community Medicine. Faculty of Medicine, University of Ottawa. 2005 (In press). McGregor C, Darke S, Ali R, Christie P. Experience of non-fatal overdose among heroin users in Adelaide, Australia: circumstances and risk perceptions. Addiction 1998; 93(5): 701-711. Moatti JP, Vlahov D, Feroni I, Perrin V, Obadia Y. 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The Lancet Infectious Diseases 2004; 4(5): 301-6. 225 226 Références et counselling Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour accroître l’accès aux services communautaires et autres formes d’assistance pour les UDI: u Donner des références pour le traitement de la toxicomanie, le test et le counselling pour le VIH et le VHC, les services sociaux et de santé mentale, l’aide juridique et les soins de santé primaires u Établir et maintenir des relations de référence (aiguillage, orientation) avec des organismes qui fournissent ces services u S’impliquer directement dans le plaidoyer pour faire en sorte que les clients aient accès à des services appropriés u Fournir aux clients de l’information au sujet du traitement de la toxicomanie, des soins médicaux, du test et du counselling pour le VIH et le VHC, et d’autres services sociaux et de santé Introduction Plusieurs UDI n’ont pas régulièrement accès aux systèmes de services sociaux et de santé – et les PÉS sont souvent leur seule source d’aide et de contact pour des problèmes à ce chapitre. Par conséquent, les PÉS sont une importante source de référence au traitement de la toxicomanie et aux services. La référence à des unités médicales et à des organismes communautaires est par ailleurs un moyen efficace de répondre aux besoins médicaux, sociaux, émotionnels et financiers des UDI. L’o f f r e d e r é f é r e n c e à d e s s e r v i c e s On a constaté que le fait de suivre un traitement de la toxicomanie réduit le partage de seringue et la fréquence d’injection. Référer un client à un programme de traitement de la toxicomanie peut contribuer à réduire ou à éliminer son usage de drogue, et à réduire son risque de contracter des pathogènes hématogènes. De plus, les références contribuent à atteindre le but d’accroître le nombre d’UDI qui participent à des programmes de traitement de la toxicomanie. Le partage de seringues ainsi que d’autres pratiques d’injection risquées rendent des UDI particulièrement vulnérables à contracter des pathogènes hématogènes. Des recherches ont démontré qu’une fois qu’un UDI séropositif est informé de son état, il y a une diminution des comportements associés à la transmission du VIH. Les PÉS peuvent fournir aux UDI le portail essentiel vers des services de test du VIH ainsi que de counselling, s’ils ne sont pas eux-mêmes capables d’offrir ces services sur place. Certains UDI ont un risque plus élevé que d’autres de contracter des pathogènes hématogènes. Des études ont démontré que les travailleuses sexuelles qui s’injectent des drogues ont un risque d’infection plus élevé, dû à des comportements plus risqués. Cette population marginalisée pourrait bénéficier particulièrement de services de référence capables de les aider à réduire leurs comportements à risque, et potentiellement aussi leurs taux d’infection. 227 Les relations avec des organismes communautaires et de santé Les PÉS doivent collecter de l’information sur les types de services dont leurs clients ont besoin, déterminer quels besoins sont laissés pour compte, puis établir des liens avec des organismes qui fournissent ces services. L’instauration et le maintien de relations avec des organismes communautaires et des agences de services de santé sont une étape importante pour assurer que les UDI aient accès à une gamme complète de services pouvant améliorer les circonstances de leur vie. Le plaidoyer Les UDI rencontrent de nombreux obstacles aux soins, en raison de la stigmatisation à leur égard, de la part d’intervenants en soins de santé et dans d’autres secteurs. Dans le développement de relations avec le personnel de divers organismes, il peut être bénéfique de procéder à une formation fournie par un PÉS, au sujet d’enjeux comme la santé et les réalités de la vie des UDI, des manières d’interagir avec des personnes de cette population, et des buts visés par les PÉS. La fourniture d’information et de counselling Certains UDI peuvent ne pas trouver réponse à leurs besoins, en raison d’un manque de connaissances sur les ressources communautaires qui sont disponibles, ou sur la manière d’y accéder. Par exemple, alors que certains clients peuvent se déclarer intéressés à suivre un traitement de la toxicomanie, d’autres peuvent ne pas être au courant de cette possibilité, croire qu’ils n’y sont pas admissibles, ou ignorer comment y avoir accès. Les PÉS ont un rôle à jouer pour aider les clients qui se disent intéressés par un traitement de la toxicomanie, et/ou qui semblent être prêts pour cela. Étant donné que la consommation de drogue peut accroître le risque qu’un individu soit aux prises avec des problèmes financiers, ou devienne itinérant, il est important que les UDI soient informés des services communautaires disponibles pour répondre à leurs besoins. De plus, les PÉS peuvent aider à améliorer les connaissances de leurs clients au sujet des services de santé mentale; de fait, on a constaté parmi la population d’UDI des taux élevés de dépression, et certains clients de PÉS déclarent avoir besoin de services de santé mentale. L’offre de services confidentiels et volontaires de test du VIH ainsi que de counselling est une méthode efficace pour faire en sorte que les clients soient au courant de leur état sérologique au VIH, et soient mis en contact avec des services médicaux et sociaux appropriés. Lors de la séance de counselling préalable au test du VIH, il est recommandé d’évaluer les comportements à risque, de discuter des voies de transmission du VIH et d’éduquer le client sur les approches pour la réduction des risques. La séance de counselling post-test implique l’annonce du résultat du test au client, la fourniture d’éducation sur les approches de réduction des risques ainsi que d’autres informations ou références à des services complémentaires, au besoin. 228 Co n s i d e r a t i o n s Référer leurs clients à des services de santé et d’autres domaines est un rôle important des PÉS; selon leur situation financière et leur stade de développement, des PÉS peuvent toutefois être incapables de fournir une gamme de tels services dans leurs propres locaux. La capacité de fournir des services au delà du simple échange de seringues dépend aussi de la formation et des qualifications du personnel du PÉS. En particulier, si les PÉS embauchent des employés qui ne sont pas diplômés en service social ou en soins infirmiers, par exemple, on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils assument des tâches qui requièrent de telles qualifications. Les employés peuvent se sentir sous pression, ou dépassés par la charge, s’ils n’ont pas l’impression de détenir les compétences nécessaires. Bien que le counselling fourni par les PÉS ne soit pas au centre d’une grande attention dans la littérature scientifique, il s’agit bel et bien d’une facette quotidienne du travail des PÉS. Encore ici, les employés devraient être qualifiés, s’ils sont appelés à fournir un counselling plus poussé que des conseils généraux et informels pour divers problèmes sociaux ou personnels que peuvent avoir des UDI. Plusieurs PÉS fournissent des références à des services de counselling et de test volontaire pour le VIH et le VHC ainsi qu’à des programmes de traitement de la toxicomanie. Si les ressources nécessaires sont disponibles, il peut être approprié que les PÉS fournissent des services sur place. Lorsque possible, ils devraient impliquer des clients dans la conception et la mise en œuvre de leurs programmes et services. Cela peut les aider à fournir des services mieux adaptés aux besoins de leur clientèle. De plus, des évaluations devraient être réalisées, de manière à vérifier si la fourniture de services sur place contribue à améliorer le recours aux services et à voir si elles n’éloignent pas des UDI qui ne souhaitent qu’un service d’échange de seringues. Un rapport des CDC états-uniens (Lurie & Reingold, 1993) met en garde contre une trop grande insistance sur les références au traitement de la toxicomanie. En particulier, les auteurs signalent que cela risquerait de brimer les clients et de les rendre réticents à revenir. Do n n é e s Tr a i t e m e n t d e l a t o x i c o m a n i e Dans son examen des approches au traitement de la toxicomanie (p. ex., programmes de pharmacothérapie et interventions comportementales) qui sont utilisées dans plusieurs pays, l’OMS (2005) a conclu que les efforts de contrôle de la propagation du VIH réussissent mieux dans les endroits où est disponible une diversité de services complets pour le traitement de la toxicomanie. De plus, il est recommandé à tous les pays qui ont une population d’utilisateurs d’héroïne de développer une grande diversité de traitements qui incluent le traitement d’entretien au moyen de substituts à la drogue. L’examen de l’OMS a permis de constater que plusieurs pays dépensent des sommes importantes pour incarcérer les utilisateurs de drogue malgré le fait que ce ne soit pas une solution efficace à la problématique de la drogue, parce que cette approche est associée à un taux élevé de rechute après la remise en liberté. Plusieurs études ont démontré que le rapport coûts/bienfaits liés au traitement est avantageux, et que des coûts sociaux et sanitaires considérables sont évités par le traitement adéquat de la toxicomanie (voir la section sur L’entretien à la méthadone). 229 En 1993, Monterroso et al. (2000) ont examiné l’état sérologique au VIH, la participation aux programmes ainsi que les comportements propices à une réduction des risques, parmi 2 306 UDI participant à la Collaborative IDU Study multicentrique (Baltimore, New York, Chicago, Los Angeles, San Jose). Les résultats ont démontré que la participation à des PÉS et à des programmes de traitement de la toxicomanie réduisait considérablement le risque pour des UDI de contracter le VIH, en réduisant la probabilité qu’ils se fassent une injection avec une seringue usagée. De plus, la réduction de la fréquence d’injection chez les participants a été fortement associée à la participation à un programme de traitement de la toxicomanie. Afin d’examiner le rôle des PÉS dans la référence de clients à des services de traitement de la toxicomanie, Brooner et al. (1998) ont étudié les résultats liés à ces traitements, parmi les nouveaux inscrits à un programme de traitement agoniste aux opioïdes, à Baltimore, Maryland. Les participants orientés vers le traitement par des méthodes régulières (i.e. par soi-même, des membres de la famille ou d’autres intervenants aux services sociaux ou de santé; n=243) ont été comparés à ceux qui y avaient été référés par des PÉS (n=82). Les résultats ont permis de constater que les clients venant de PÉS étaient significativement plus âgés et déclaraient un usage de drogue plus marqué, à l’admission, que les autres. De plus, 42 % des clients référés par des PÉS n’ont déclaré aucun antécédent de traitement agoniste aux opioïdes, alors que ce taux n’était que de 26 % parmi l’autre groupe, ce qui démontre le rôle vital que les PÉS peuvent jouer dans la mise en contact d’UDI avec des services de traitement de la toxicomanie. Dans une étude de cohorte rétrospective, Hallinan et al. (2004) ont examiné l’incidence du VHC parmi des UDI inscrits à un traitement de substitution aux opioïdes (TSO). Cinquante-quatre (54) UDI qui étaient séronégatifs au VHC à l’admission au traitement, après janvier 1996, ont passé à nouveau ce test avant juillet 1993. On n’a décelé qu’un cas de séroconversion parmi le groupe qui avait poursuivi le TSO (n=34), alors que quatre (4) cas de séroconversion ont été détectés parmi les patients du groupe qui avait interrompu le TSO (n=20); ces deux résultats représentent un faible taux d’incidence du VHC, dans cette population. Cette étude démontre l’impact positif du TSO en termes de prévention du VHC parmi les UDI (et en particulier d’un TSO continu). Kuo et al. (2004) ont évalué l’efficacité de la référence de participants du PÉS de Baltimore à un programme de traitement d’entretien au lévo-alpha-acétylméthadol (LAAM). De 163 UDI, 114 (70 %) ont consenti à être référé pour un traitement d’entretien au LAAM. Des 82 participants qui ont amorcé ce traitement au moins trois mois avant la fin de l’étude, 69 (84 %) y participaient encore au moment d’un suivi après 90 jours. De plus, le suivi après un mois a mis en relief une baisse significative de la sévérité de la dépendance, notamment une diminution de la consommation de cocaïne et d’héroïne. Bien que le LAAM soit à présent contre-indiqué, cette étude démontre la faisabilité et des résultats positifs de la référence de participants de PÉS au traitement de la toxicomanie. En 1992, Lurie et Reingold (1993) ont procédé à un examen de la littérature sur les PÉS; ils ont contacté des PÉS et visité plusieurs sites afin d’en déterminer l’impact sur la santé publique. Au PÉS de Vancouver, la majorité des références concernaient le test du VIH (63 %) et des services médicaux (10 %). Des 18 PÉS visités aux États-Unis et au Canada, un seul a déclaré ne référer aucun client au traitement de la toxicomanie. Seulement 9 % (3 des 33) des PÉS états-uniens fournissaient des traitements de la toxicomanie dans leurs locaux, huit fournissaient des soins médicaux et sept offraient le test du VIH accompagné de counselling. Les taux de référence par des PÉS à des traitements de la toxicomanie et à d’autres services 230 de santé publique se sont révélés très disparates. Les liens permettant de référer des clients à d’autres intervenants semblaient meilleurs dans le cas des PÉS mieux financés et de ceux qui étaient davantage intégrés dans le système de santé publique. Il a été avancé que la tendance à ne pas insister pour référer des clients à des traitements de la toxicomanie était due au constat que plusieurs UDI ne se montrent pas intéressés à amorcer de tels traitements. Par ailleurs, les auteurs ont signalé que la disponibilité limitée de ces traitements ainsi que la part limitée des ouvertures à l’intervention communautaire sont des éléments qui devraient être améliorés, afin que les références aux traitements de la toxicomanie soient plus utiles. Te s t d u V I H e t c o u n s e l l i n g Cohn (2002) a examiné les recherches au sujet des comportements liés à l’usage de drogue ainsi que des effets de ces comportements au chapitre de la prévention du VIH et des soins pour le VIH parmi les UDI. Cohn a proposé qu’afin de réduire la transmission parmi les UDI, les fournisseurs de services devraient augmenter la proportion de personnes informées de leur propre état sérologique au VIH, et les mettre en contact avec des services destinés à les aider à réduire les comportements propices à la transmission du VIH. Le but principal de la Serostatus Approach to Fighting the HIV Epidemic (SAFE) [Approche de l’état sérologique pour lutter contre l’épidémie du VIH], une initiative des Centers for Disease Control and Prevention, aux États-Unis, est d’augmenter le taux de test de sérodiagnostic du VIH et de mettre les UDI en contact avec des services appropriés en soins de santé et en prévention (Janssen et al., 2001). Certains éléments fondamentaux de ce programme incluent de rendre les sites de test faciles d’accès, d’améliorer l’accès aux soins pour le VIH par l’entremise d’organismes communautaires, et d’augmenter la part d’individus séropositifs qui adoptent et maintiennent des comportements qui réduisent les risques, en assurant que les services de prévention adéquats soient disponibles et accessibles. Les PÉS peuvent jouer un rôle crucial pour relier des UDI à des sites de test du VIH, conduisant ainsi à une diminution potentielle des comportements qui favorisent la propagation du VIH. À Baltimore, Maryland, entre 1988 et 1994, Celentano et al. (2001) ont examiné parmi 2 960 UDI les caractéristiques des facteurs comportementaux pertinents au risque de VIH. Au début de l’étude, les participants passaient un test du VIH, puis à 11 étapes au cours de l’étude, on évaluait leurs risques comportementaux associés au VIH (p. ex., partage de seringue, fréquentation de pîquerie). Les participants recevaient un counselling sur la réduction des risques, y compris des conseils sur l’ouverture à des changements et sur les besoins en matière de traitement de la toxicomanie, de même qu’une assistance pour la prise de décisions axées sur une meilleure sécurité. Les UDI séropositifs au VIH étaient plus susceptibles de réduire leurs comportements à risque, en comparaison avec ceux qui n’avaient pas contracté le VIH, si l’on en croit les taux plus faibles de partage de seringue. De plus, les participants séropositifs étaient plus susceptibles que les autres de cesser de consommer des drogues, pendant l’étude. Les résultats démontrent que la réduction des comportements pour réduire le risque de transmettre le VIH devient évidente, une fois qu’un UDI est au courant, le cas échéant, de son état séropositif au VIH. Watters, Kral et Bluthenthal (1995) ont étudié les taux de séroprévalence de 1 177 UDI recrutés dans les rues de la région de San Francisco. Les résultats ont démontré une forte corrélation entre le fait d’avoir déjà passé un test du VIH et reçu du counselling en la matière, et une séroprévalence plus faible de l’infection à VIH. 231 Otten et al. (1993) ont étudié l’impact du counselling qui précède et qui suit le test du VIH, parmi les clients d’une grande clinique pour les ITS, à Miami, de 1988 à 1989. Les taux d’ITS ont connu un déclin modéré après le counselling post-test, parmi les 331 clients ayant reçu un résultat positif au test du VIH. Dans leur enquête longitudinale auprès de 328 UDI de la ville de New York, entre 1991 et 1996, Marmor et al. (2000) ont étudié le taux d’infection à VIH parmi les UDI. Pendant toute la durée de l’étude, un counselling en réduction des risques était fourni; cela impliquait notamment la discussion de la possibilité d’amorcer un traitement de la toxicomanie, l’abstention de l’injection de drogue ainsi que la promotion de l’utilisation de seringues stériles. Les auteurs ont constaté que le taux moyen d’injection de drogue a décliné, parmi les utilisateurs constants et sporadiques des PÉS, et parmi les non-clients, au cours de l’étude. Bien que les clients réguliers de PÉS étaient moins susceptibles de réduire leur taux d’injection que les clients sporadiques et les non-clients, ils avaient un taux inférieur d’infection à VIH. Populations à risque élevé Dans leur étude comparant des clientes de PÉS exerçant le travail sexuel et d’autres clientes de PÉS n’étant pas travailleuses sexuelles, Paone et al. (1999) ont exploré la question de savoir si le risque de contracter le VIH se maintenait chez les travailleuses sexuelles ayant recours à un PÉS. De 1992 à 1996, 1 371 clientes de huit PÉS situés dans cinq villes états-uniennes (New York, Rochester, Buffalo, Los Angeles et Chicago) ont fourni de l’information au sujet de leurs comportements sexuels et en matière d’usage de drogue au cours des 30 jours précédant leur entrevue. Les résultats ont démontré qu’en dépit de leur recours à un PÉS, les travailleuses sexuelles s’engageaient quand même dans des pratiques d’injection comportant un plus grand risque que celles des clientes de PÉS n’exerçant pas le travail sexuel. Les clientes de PÉS impliquées dans le commerce sexuel avaient en général un risque de VIH plus élevé que les autres clientes de PÉS. Les travailleuses sexuelles étaient plus susceptibles que les autres clientes de PÉS de se faire des injections de drogues à tous les jours, de s’injecter avec une seringue déjà utilisée par une autre personne, et d’avoir des rapports sexuels non protégés. Elles ont aussi déclaré une consommation de drogue plus importante et plus diversifiée, ainsi qu’une plus grande fréquence d’injection, que les autres femmes. Par ailleurs, en comparaison avec les autres clientes de PÉS, les travailleuses sexuelles étaient plus susceptibles de déclarer avoir été sans abri au cours des six mois précédents, et moins susceptibles de déclarer avoir eu une source stable de revenu. Afin de réduire leurs comportements à risque, il a été suggéré que les PÉS tentent de mettre les personnes de cette population à risque élevé en contact avec des services pouvant satisfaire leurs besoins sociaux, émotionnels et économiques. À Providence, Rhode Island, la prévalence de dépression majeure au cours d’une période de six mois, parmi les UDI ayant recours à un PÉS (n=251) a été comparée à celle d’UDI inscrits à un programme de traitement d’entretien à la méthadone [TEM] (n=277; Brienza et al., 2000). Une plus grande proportion d’UDI de la « cohorte PÉS » (54 %) correspondait aux critères du trouble dépressif majeur (TDM) que parmi la « cohorte TEM » (42 %). Les femmes présentaient un taux significativement plus élevé de TDM que les hommes, dans les deux cohortes. En raison des taux élevés de dépression observés parmi les UDI utilisant les services du PÉS, les auteurs ont signalé l’importance que les PÉS fournissent des références à des services de santé mentale. 232 La participation à un PÉS et le contact avec les soins de santé Entre 1994 et 1998, Strathdee et al. (1999) ont interviewé 1 483 UDI qui avaient passé des tests du VIH dans les six mois précédant l’ouverture d’un PÉS ainsi qu’aux six mois par la suite; leur but était de déterminer le rôle du recours aux services de PÉS et à des soins de santé, en lien avec l’amorce d’une désintoxication. Le recours à des soins de santé et la participation à un PÉS ont été tous deux associés à l’amorce d’un programme de désintoxication pour les UDI séropositifs au VIH ainsi que les UDI séronégatifs. En particulier, les soins médicaux sans hospitalisation et l’admission à l’hôpital ont été associés de manière indépendante à l’amorce d’une désintoxication pour les UDI séropositifs. On a également constaté que ces derniers étaient deux fois plus susceptibles d’amorcer une désintoxication s’ils avaient eu récemment une consultation avec un médecin, en comparaison avec ceux qui n’en avaient pas eu; et ils étaient trois fois plus susceptibles d’amorcer un programme de traitement de la toxicomanie dans la première année après le début du recours à un PÉS, suite à quoi ce taux déclinait considérablement avec le temps. L e s b e s o i n s d e s UD I s u r l e p l a n d e l a s a n t é e t s u r l e p l a n s o c i a l Examinant la progression des PÉS au Canada, Hankins (1998) a décrit plusieurs défis aux efforts pour prévenir l’infection par le VIH parmi les UDI. Premièrement, de nombreux utilisateurs de drogue se sentent marginalisés et craignent d’être stigmatisés par des fournisseurs de soins de santé ou d’autres services, ce qui les rend réticents à avoir recours à des services. Deuxièmement, plusieurs travailleurs de la santé n’ont pas de formation ni d’expérience dans le travail auprès d’UDI, et cela peut avoir des répercussions néfastes sur leur manière d’interagir avec ces personnes. De plus, en dépit des ressources limitées qui leur sont allouées, les PÉS se voient chargés de la majeure partie des responsabilités liées à la prévention du VIH. Strike et al. (2004) ont examiné divers éléments du travail d’intervention à l’échange de seringues, qui font en sorte que les employés s’occupent de tâches qui se situent au delà des exigences officielles de leur emploi. En 1999, on a interviewé 59 employés de 15 PÉS ontariens, au sujet des politiques et procédures de l’organisme. Ces intervenants considéraient que leur rôle incluait d’éduquer et de soutenir les clients des PÉS, mais plusieurs allaient au delà du mandat du PÉS en effectuant diverses tâches informelles pour satisfaire des besoins de leurs clients. Ces activités additionnelles incluaient le soutien personnel et social (p. ex. visites à l’hôpital ou en prison) et l’aide dans les communications avec des structures bureaucratiques ou de services sociaux (p. ex. pour compléter des formulaires d’aide sociale). Certes, la provision de services additionnels aux clients peut contribuer à satisfaire une plus grande gamme de leurs besoins, mais un trop grand dévouement pour les clients peut aussi entraîner des conséquences négatives. En particulier, si le client vient à compter de manière excessive sur les intervenants, ou si l’on ne sait plus clairement ce que l’on peut demander au PÉS, il peut se développer une réticence à y avoir recours. De plus, l’expansion des limites de leur travail peut résulter en une surcharge ou un stress, pour les employés – et une pression supplémentaire alors que les ressources étaient déjà limitées. Plusieurs travailleurs de PÉS se sentent en quelque sorte obligés de satisfaire une diversité de besoins des clients parce que les autres organismes qui devraient aussi leur fournir des services négligent de le faire. Un autre rôle qu’épousent des travailleurs de PÉS est celui du plaidoyer pour leurs clients, qui peut impliquer le recours à leur statut professionnel pour négocier au nom d’un client, auprès d’autres fournisseurs de services, ou pour éduquer ces derniers au sujet de l’échange de seringue, des approches de réduction des méfaits ainsi que des 233 perceptions négatives qu’entretiennent des fournisseurs de services à l’égard des UDI. En 1998, à Providence, Rhode Island, Stein et Friedmann (2002) ont interviewé 251 participants à un PÉS qui n’étaient pas inscrits à un programme de traitement de la toxicomanie, et 312 clients d’un programme d’entretien à la méthadone, afin de déterminer les besoins auto-déclarés et non satisfaits (catégorisés comme suit : aide au revenu, aide au logement, soins médicaux, soins de santé mentale, traitement de l’alcoolisme et traitement de la toxicomanie) parmi des UDI séronégatifs au VIH. Dans les deux groupes, les besoins les plus souvent mentionnés étaient les services de santé mentale et l’aide au logement; 69 % des répondants ont affirmé que leurs besoins à ces chapitres n’étaient pas satisfaits. Parmi les clients du programme de méthadone, 62 % ont affirmé qu’au moins un de leurs besoins n’était pas satisfait, alors que 94 % des autres ont fait cette même réponse. Les services en matière de logement, de santé mentale et de traitement de l’alcoolisme ont été mentionnés bien davantage par les clients de PÉS que par les clients du programme de méthadone. Le fait que près de la moitié des clients de PÉS aient signalé avoir besoin d’aide en matière de logement, et que 80 % étaient d’avis qu’ils avaient besoin d’un traitement de la toxicomanie, met en relief le rôle important des PÉS dans la référence de leurs clients à des services communautaires qu’ils n’offrent pas dans leurs propres locaux. Le traitement du VIH Ware, Wyatt et Tugenberg (2005) ont fait une recherche sur les raisons liées à la sous-représentation des utilisateurs de drogue qui sont séropositifs au VIH, parmi les personnes séropositives admissibles à recevoir un traitement antirotréviral; et ils ont examiné les hypothèses voulant que les utilisateurs de drogue soient moins aptes que les autres personnes séropositives à être fidèles à ce traitement. Les résultats d’interviews répétés auprès de 52 utilisateurs de drogues séropositifs au VIH, à Boston, Massachussets, ont démontré qu’en dépit de circonstances de vie instables, plusieurs utilisateurs de drogue étaient très dévoués à leurs engagements touchant le travail, la famille et d’autres sphères. Bien que l’usage de drogue affecte parfois leur capacité de prendre des médicaments, des utilisateurs de drogue tentaient de réduire ou de cesser l’usage de drogue, afin de prendre leur traitement antirétroviral de manière adéquate. Les auteurs ont conclu que les utilisateurs de drogue séropositifs au VIH ne sont pas moins capables que les autres personnes séropositives d’être fidèles à leurs traitements pour le VIH, et que l’on devrait les traiter de la même manière. De plus, le fait de se concentrer sur la consommation de drogue comme principal obstacle à la fidélité au traitement du VIH amène des fournisseurs de soins de santé à négliger d’autres facteurs susceptibles d’affecter la capacité de fidélité au traitement. Orientations d’avenir pour les PÉS De brèves interventions peuvent être efficaces pour réduire le risque de transmission de pathogènes hématogènes. Tucker et al. (2004) ont réparti au hasard 145 UDI de Melbourne, Australie, en deux groupes recevant dans un cas une brève intervention comportementale (BIC) adaptée et individualisée, et dans l’autre cas (groupe témoin) une information éducative sous forme écrite, concernant le VHC, dans le but d’évaluer l’efficacité d’interventions axées sur la réduction du risque pour le VHC. Au suivi après un mois, les deux groupes avaient réduit significativement leurs comportements à risque pour le VHC. De plus, le 234 groupe BIC était significativement plus susceptible de faire mention de sa satisfaction et de son sentiment d’efficacité, à l’égard de l’intervention reçue, en comparaison avec le groupe témoin. Cette étude démontre la faisabilité, pour les PÉS, de fournir une éducation sur le VHC afin de réduire la transmission de pathogènes hématogènes au sein de la population des UDI. Il est également souhaitable que le personnel des PÉS fournissent du counselling comportant une discussion des comportements adéquats à réduire les risques, afin de susciter une diminution de tels comportements au sein de cette population. À Baltimore, Maryland, Kidorf et al. (2005) ont examiné la motivation à l’égard du traitement de la toxicomanie parmi 302 UDI nouvellement inscrits à un PÉS et qui étaient référés au traitement selon les résultats d’une entrevue motivationnelle, la disposition à un emploi (groupe témoin), ou des références conventionnelles. Une entrevue motivationnelle implique un counselling empreint d’empathie; cela peut consister en une seule séance. L’étude a démontré que les UDI de race blanche et ceux chez lesquels est diagnostiquée une dépression majeure étaient plus susceptibles de s’inscrire à un traitement. Elle a aussi démontré que, bien que des UDI référés par tous les types d’intervention présentaient un degré d’intérêt élevé à recevoir un traitement de la toxicomanie, seulement 11 % en avaient amorcé un pendant la période d’observation d’une année. Les clients référés au moyen d’une entrevue motivationnelle n’avaient pas un degré plus élevé d’intérêt à l’égard du traitement, ou de comportement axé sur le recours à un traitement, que ceux des deux autres groupes, ce qui a conduit les auteurs à conclure qu’il ne s’agit pas d’un mode de référence plus efficace. Références Brooner R, Kidorf M, King V, Beilenson P, Svikis D, Vlahov D. Drug abuse treatment success among needle exchange participants. 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Geneva, Switzerland: WHO. 2005. 237 Traitement d’entretien à la méthadone Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour réduire la transmission du VIH et d’autres méfaits associés à l’usage de drogue : u Donner accès à des services de traitement d’entretien à la méthadone axés sur la réduction des méfaits, sur les lieux de PÉS lorsque les ressources le permettent, ou par le biais de références appropriées, pour les utilisateurs dépendants de drogues opiacées qui n’ont pas recours à l’entretien à la méthadone dans le cadre de programmes à seuil élevé (i.e. à conditions strictes) u Faire valoir le bien-fondé de services de traitement d’entretien à la méthadone axés sur la réduction des méfaits, dans la gamme d’options de traitement de la toxicomanie disponibles dans la communauté Introduction Le traitement de l’usage problématique de drogue offre un potentiel de réduire la transmission du VIH ainsi que d’autres méfaits associés à la drogue, en aidant à atteindre l’abstinence de drogue ou en réduisant les pratiques d’utilisation de seringues qui sont liées à la transmission de pathogènes hématogènes (WHO, 2005). Le traitement d’entretien à la méthadone (TEM) a été introduit au Canada au début des années 1960 (Fischer, 2000). La méthadone est un opioïde antagoniste sur ordonnance, qui peut éliminer le manque d’opioïdes et les symptômes du sevrage de cette catégorie de drogue (NIH, 1998). Elle est parfois utilisée comme traitement de courte durée pour alléger les symptômes pendant la désintoxication, dans un but ultime d’abstinence de drogue. Elle est aussi utilisée pour un entretien de plus longue durée, chez des personnes dépendantes d’opiacés, comme mesure de rechange contre l’utilisation d’opiacés illicites; après une période de quelques mois ou années, ces personnes peuvent entreprendre un sevrage de la méthadone, afin de ne plus prendre d’opioïdes. Vu le risque de rechute vers l’usage d’opiacés illicites en cas d’interruption de la méthadone, plusieurs utilisateurs ont besoin d’un entretien à long terme, probablement à vie, ainsi que d’un accès à du matériel d’injection stérile s’ils recommencent à s’injecter des drogues. En 1996, des modifications au système provincial de fourniture de la méthadone, en Ontario (Brands, 2000) l’ont placée sous la supervision du Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario, et ont accordé une discrétion plus large aux médecins qui prescrivent de la méthadone, en ce qui touche le dosage, l’analyse d’urine et les conséquences d’un résultat positif au dépistage d’usage d’autres drogues, les exigences de counselling ainsi que la remise de doses pour emporter (Brands, 2000; CPSO, 2001). Ces changements aux politiques ont pavé la voie à des augmentations du nombre d’inscriptions de patients (Strike, 2005) et à l’introduction de programmes de TEM à conditions moins exigeantes [parfois nommés à seuil bas] (axés sur une réduction des méfaits). Les programmes de TEM à conditions moins exigeantes qui offrent un remplacement complet des opiacés visent à éliminer les obstacles au traitement de la dépendance aux opiacés illicites en réduisant les exigences des critères qui font obstacle à l’admission et à la rétention au traitement, et en acceptant les individus qui continuent de consommer des drogues, sans menace d’expulsion du programme (Finch, 1995; Ryrie, 1997; Hartgers, 1992; van Ameijden, 1999; Klingemann, 1996; Yancovitz, 1991; Torrens, 1996). 238 Contrairement aux programmes à critères plus stricts, ces programmes n’ont pas comme but principal de nécessairement éliminer l’usage de drogue illicite, mais d’établir et de maintenir le contact avec des utilisateurs d’opiacés, afin d’aider à les stabiliser et à réduire certains risques associés à l’usage de drogue. Avec certains participants, le but est de développer la confiance nécessaire à pouvoir s’occuper d’autres problèmes ou considérations de santé. Ces programmes s’adressent à une population d’utilisateurs d’opiacés qui ont le plus grand besoin d’un traitement de la toxicomanie et d’autres services sociaux et de santé. Ils sont centrés sur le client; les clients déterminent eux-mêmes leurs buts et, en consultation avec le médecin, déterminent la dose de méthadone (il s’agit généralement d’une dose de remplacement complet, qui ne sera réduite graduellement que si le client le désire). Par ailleurs, des médecins, du personnel infirmier et des intervenants en counselling fournissent des services sociaux et médicaux aux clients. La participation à ces programmes s’accompagne d’offres de counselling, d’assistance dans des enjeux comme le logement et les programmes de soutien social (p. ex., l’aide sociale), de tests du VIH et du VHC, et de références à d’autres services, comme les soins de santé primaires. Co n s i d é r a t i o n s La provision de services de méthadone à conditions moins exigeantes sur les lieux d’un PÉS nécessite la présence d’un médecin qui a reçu une formation et une exemption du Collège des médecins et des chirurgiens de l’Ontario pour la prescription de méthadone, et qui est disposé à travailler dans un cadre fondé sur la réduction des méfaits. Cela nécessite aussi du personnel qualifié en counselling et soutien de clients pouvant être fortement marginalisés et avoir besoin d’assistance pour de multiples problèmes, notamment en matière de logement, de soins de santé primaires, de santé mentale, de formation à l’emploi, de réinsertion, etc. Les PÉS doivent avoir des ressources suffisantes pour voir à ces services. Par ailleurs, les PÉS qui tentent de trouver des services pour ce type de clientèle sont susceptibles de rencontrer des difficultés, dans plusieurs communautés où les places en traitement sont insuffisantes, ou réservées au traitement à critères stricts. Il se peut que les PÉS aient besoin d’éduquer les fournisseurs et de plaider auprès d’eux, afin d’aider à améliorer la disponibilité de TEM à critères moins exigeants. Si les clients sont référés à un TEM à critères stricts, les PÉS doivent être conscients du taux d’abandon associé à ce traitement, et inviter les clients à revenir pour des services d’échange de seringues s’ils venaient à en avoir besoin. Do n n é e s D’après un récent document de position des Nations Unies, “il existe un corpus consistant de données de nombreux essais contrôlés, de vastes études longitudinales et d’évaluations de programmes, à l’effet que le traitement d’entretien à la méthadone pour le traitement de la dépendance aux opioïdes est associé à une réduction généralement substantielle d’usage d’opioïdes illicites, d’activité criminelle, de décès dus à la surdose, et de comportements à risque élevé de transmission du VIH” [trad.] (WHO/UNODC/UNAIDS, 2005). Nombre d’études ont documenté l’effet positif du TEM sur les comportements à risque pour le VIH. Des examens exhaustifs de cette recherche décrivent les effets positifs du TEM sur l’usage d’opioïdes illicites, 239 les comportements à risque pour le VIH et la séroconversion au VIH (Marsch, 1998; Gibson, 1999; Sorensen, 2000; Prendergast, 2001). Cependant, la majeure partie de la littérature porte sur des programmes de TEM à critères stricts, qui ne sont offerts, et ne bénéficient, qu’à ceux des utilisateurs de drogue qui sont désireux et capables de garder le cap sur un but d’abstinence de toute drogue illicite. Par conséquent, les constats de ces études ne sont pas facilement généralisables à des programmes de TEM à critères moins exigeants. Les évaluations portant sur l’impact du TEM à critères moins exigeants, en ce qui a trait aux comportements à risque pour le VIH qui sont liés à l’injection, ont produit des résultats mixtes (Finch, 1995; Grella, 1996; Ryrie, 1997; van Ameijden, 1992, 1994; Hartgers, 1992). Trois études ont signalé des réductions des comportements à risque pour le VIH qui sont liés à l’injection, lors de suivis effectués entre 2 à 12 mois, selon l’étude (Finch, 1995; Grella, 1996; Ryrie, 1997). Les trois autres études concernent des programmes de réduction des méfaits, caractérisés par une faible dose de méthadone ainsi qu’une fréquentation irrégulière, plutôt qu’un TEM à critères peu exigeants qui fournit un traitement complet; ces études n’ont pas documenté de réduction des risques, ni d’effet protecteur contre la séroconversion (van Ameijden, 1992, 1994; Hartgers, 1992). Deux programmes de TEM à critères peu exigeants qui sont offerts par des PÉS de l’Ontario (The Works à Toronto; Streethealth à Kingston) ont été évalués en profondeur, entre 2000 et 2004. Les résultats de cette évaluation indiquent des taux élevés de rétention au traitement d’entretien à la méthadone pendant la première année; des améliorations à la qualité de vie liées à la santé physique et mentale; et des réductions de l’usage de plusieurs drogues illicites (héroïne, autres opiacés et cocaïne), ainsi qu’une stabilité dans l’usage d’autres substances (alcool, crack et cannabis) mais sans augmentation. Les comportements à risque liés à l’injection ont aussi diminué considérablement. Les conclusions de ce rapport de recherche appuient les bienfaits des programmes de TEM à critères moins exigeants, pour les clients qui ne sont pas disposés à s’inscrire à des programmes de TEM à critères stricts dont le but est l’abstinence de toute drogue illicite (Millson, 2004; Villeneuve, 2005). Une recherche inédite sur l’évaluation du programme d’entretien à la méthadone pour réduire les méfaits, nommé Direction 180, à Halifax, appuie également la conclusion qu’il a stabilisé les clients, y compris ceux qui avaient déjà échoué à d’autres traitements, et qu’il a permis de réduire leurs comportements à risque pour le VIH et le VHC (Marshall, 2003, 2004). Pour de plus amples renseignements : Santé Canada, Traitement d’entretien à la méthadone, Ottawa, ministère des Travaux publics et Services gouvernementaux, 2000, consulté en mai 2005 via : www.hc-sc.gc.ca. WHO. Effectiveness of Drug Dependence Treatment in Preventing HIV Among Injecting Drug Users, Evidence for Action Technical Papers, 2005. Accessed May 2005 from: www.who.int. 240 References Brands J, Brands B, Marsh D. The expansion of methadone prescribing in Ontario, 1996-97. Addiction Research 2000; 8:485-96. College of Physicians and Surgeons of Ontario (CPSO). Methadone Maintenance Guidelines. (2001). 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American Journal of Public Health 1991; 81(9): 1185-1191. 242 Soin primaires 243 244 Soins primaires Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour améliorer l’accès des UDI à des soins primaires: u Identifier, dans la communauté, les sources de soins primaires qui sont disposées à travailler avec des UDI u Fournir les services au PÉS en fonction des besoins des clients et en continuité avec les ressources alternatives qui existent dans la communauté; notamment : u Premiers soins – limités à la fourniture d’instruments de premiers soins et d’assistance non professionnelle, à moins que le PÉS ait accès à des fournisseurs de soins de santé professionnels u Vaccination – fournie par des professionnels, et offerts sur les lieux du PÉS afin d’inciter les clients à y avoir recours u Tests – à offrir sur les lieux du PÉS afin d’inciter les clients à les passer, et de donner l’occasion d’une éducation et d’un counselling de suivi pour ceux qui ont un résultat positif à un test u Les PÉS qui entretiennent des relations avec une unité de santé publique ou un centre de santé communautaire devraient aider leurs clients à avoir accès à la gamme complète des services disponibles u Lorsque possible, négocier la fourniture de services de soins primaires sur les lieux du PÉS, afin de faciliter l’accès pour les clients u Mener des initiatives d’éducation, de proximité et de plaidoyer auprès de fournisseurs de services de santé, afin d’améliorer leurs connaissances au sujet des UDI et de rehausser leur disposition à leur fournir des services u Lorsque possible, accompagner et assister le client à sa visite initiale à des services de santé dans un autre endroit, jusqu’à ce qu’une relation fructueuse puisse être établie avec les intervenants; développer une communication continue, pour résoudre les problèmes, au besoin Introduction Les UDI sont vulnérables à plusieurs autres problèmes de santé, outre ceux qui sont liés aux pathogènes hématogènes. Mentionnons les abcès, la septicémie (infection généralisée, par voie sanguine, après l’entrée de bactéries dans une veine lors d’une injection), l’endocardite (infection d’une ou plusieurs valves du cœur lorsque des bactéries ou champignons sont apportés par le sang jusqu’au cœur) et une variété d’autres possibilités d’infections. Les UDI pauvres, sans abri ou n’ayant un abri que de façon marginale peuvent avoir un risque particulier de piètre nutrition et d’exposition à des maladies respiratoires, dans des lieux restreints et à forte occupation, comme les refuges, etc. Toutes ces préoccupations indiquent la nécessité d’un accès à des fournisseurs de soins de santé qui soient disposés et aptes à travailler auprès d’UDI afin d’y voir. Les PÉS doivent déterminer la meilleure manière de soutenir leurs clients dans la quête de réponses à ces besoins. Des services comme les premiers soins, la vaccination et les tests pour diverses maladies infectieuses sont fournis par certains programmes de réduction des méfaits. Cela se fonde généralement sur leur relation de confiance avec les clients, qui permet aux clients d’avoir recours à ces services nécessaires alors qu’ils ne le feraient peut-être pas à d’autres endroits. Cependant, la fourniture de la plupart des services de soins primaires nécessite une formation et une attestation professionnelle, et 245 elle s’accompagne de normes professionnelles de soins, et d’une responsabilité professionnelle; tous ces facteurs doivent être pris en considération dans la décision de fournir ces services élargis. Les PÉS qui sont logés par des unités de santé publique peuvent avoir accès aux services cliniques préventifs fournis par le département sanitaire. En plus de services comme l’immunisation et les tests diagnostics, des services spécifiques comme le diagnostic et le traitement d’ITS et la fourniture de services de planification familiale sont fournis par la plupart des départements sanitaires, dans le cadre de leur mandat, et ces services devraient être accessibles aux clients de PÉS. Afin d’améliorer l’accès pour les clients, il peut être possible d’arranger la visite de fournisseurs externes, pour ces services sur les lieux du PÉS. Inévitablement, les PÉS qui n’offrent pas une gamme complète de services de soins primaires dans leurs locaux seront aux prises avec le besoin de référer les clients ayant besoin de tels services. Il peut être plus approprié, dans certaines situations, de consacrer des ressources à chercher pour les clients des références fructueuses à des fournisseurs de soins primaires qui verront à ces services de manière continue. Cela peut inclure d’aider les clients à obtenir des pièces d’identité, afin d’obtenir ultérieurement une carte du Régime d’assurance-santé de l’Ontario (RASO/OHIP), s’ils n’en ont pas. Cela nécessite aussi une bonne connaissance des services de santé disponibles, et des fournisseurs dans la communauté, et peut impliquer certaines interventions-terrain pour établir des liens avec ces fournisseurs de services et évaluer leur disposition à prodiguer des soins à des UDI. Lorsqu’on n’en trouve pas, des employés de PÉS peuvent choisir d’accompagner des clients pour des soins requis d’urgence, afin de plaider en leur faveur, au besoin. Les sections qui suivent abordent la provision de services spécifiques de soins de santé primaires à des UDI. Il est toutefois important que les PÉS évaluent leur capacité de fournir de tels services, et déterminent les limites des services qu’ils peuvent fournir; il importe également d’atteindre un équilibre adéquat entre la fourniture de services directs et l’assistance/plaidoyer pour des clients en vue qu’ils obtiennent les services à d’autres endroits dans la communauté. 246 Premiers soins pour les abcès et les problèmes cutanés Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour prévenir les abcès et les infections de la peau: u Éduquer les clients sur les pratiques plus sûres d’injection et fournir du matériel d’injection stérile ainsi que d’hygiène (p. ex. tampons alcoolisés, filtres, eau stérile, aiguilles, seringues, chauffoirs et garrots) u Fournir des services de premiers soins pour les abcès et les problèmes cutanés dans le cadre du PÉS, si possible, y compris l’assistance pour des problèmes aux pieds comme les ampoules u Les premiers soins décrits ici se limitent aux services qui peuvent être fournis par un intervenant non professionnel sans formation en premier soins; des problèmes plus complexes requièrent des traitements d’un médecin ou d’un praticien en soins infirmiers Introduction Il est bien connu que les UDI ont un risque d’abcès et d’infections de la peau qui peuvent affecter leur santé et leur bien-être. Dans certaines situations, des infections cutanées spécifiques, comme la fasciite nécrosante, peuvent rapidement devenir dangereuses pour la vie, et afin de faire cesser la propagation de l’infection il peut être nécessaire d’enlever des parties de peau et de muscles, ce qui peut défigurer la personne. Bien qu’en général les abcès et autres infections de la peau ne risquent pas d’être mortels, ils peuvent être douloureux, nuire à la qualité de vie, et entraîner des séquelles comme la scarification. Ils peuvent aussi conduire à des conditions plus graves, comme la septicémie, si l’infection se répand dans le système sanguin. Plusieurs UDI marginalisés n’ont pas une source régulière de soins primaires où de tels problèmes peuvent être traités, et ils se rendent soit à l’urgence d’un hôpital pour un traitement, ou tentent de se soigner seuls. Très peu de données ont été publiées sur la provision de premiers soins par des PÉS; le document qui a été localisé sur ce sujet est décrit ici, de même que les principes à considérer en lien avec ce type de programme. Co n s i d é r a t i o n s Les PÉS sont bien placés pour s’occuper de prévention des abcès et des infections cutanées. Ces conditions sont susceptibles de se manifester en présence d’un nettoyage inadéquat du point d’injection, d’un usage de seringue contaminée par des bactéries, et/ou de l’utilisation de drogues non stériles dans un lieu où elles sont communément consommées ou disséminées. L’enseignement de la technique adéquate d’injection ainsi que des mesures d’hygiène qui s’y rattachent, de pair avec la provision suffisante de matériel d’injection stérile et d’éducation sur l’importance d’une technique stérile dans la préparation, peuvent tous contribuer à éviter les abcès et les infections cutanées ainsi que les pathogènes hématogènes, la septicémie bactérienne, l’endocardite et d’autres infections (voir la section Éducation sur l’injection plus sécuritaire). En cas d’échec de la prévention, ou dans le cas de personnes qui n’ont pas reçu de tels services, il est important qu’un traitement soit fourni. Les premiers soins peuvent impliquer de drainer les abcès qui se sont formés, ou la fourniture de traitements topiques, comme des onguents, pour des infections cutanées 247 superficielles qui n’ont pas formé d’abcès. De plus, les UDI qui sont sans abri ou qui vivent dans des conditions de logement marginales peuvent avoir besoin de traitements de premier recours pour des conditions relativement répandues, comme les problèmes de pieds ou des problèmes de peau comme la gale ou d’autres infestations. Le niveau de formation professionnelle et d’expérience en lien avec la fourniture de premiers soins peut varier, parmi les employés de PÉS. Bien que des traitements ne nécessitant pas d’ordonnance, comme les onguents antibiotiques, ainsi que l’assistance en lien avec des mesures d’hygiène nécessaires, comme des bains de pieds, puissent être prodigués par des personnes qui n’ont pas de formation professionnelle, le drainage d’abcès et la prescription d’antibiotiques oraux nécessitent une supervision médicale qui peut ne pas être disponible sur les lieux des PÉS. De plus, il faut de l’expérience et une formation, pour déterminer dans quelles conditions les premiers soins sont insuffisants et le client doit être référé à une urgence ou à un autre établissement médical. Afin de répondre adéquatement à ces problématiques, les PÉS doivent avoir accès à des fournisseurs de soins primaires, comme du personnel infirmier et/ou des médecins, qui peuvent fournir ces services sur place ou en collaboration avec le PÉS mais dans des cabinets de soins ou des cliniques. Do n n é e s Nous avons recensé une seule étude qui aborde directement cette question. Grau et al. (2002) ont décrit une clinique pour les plaies et abcès qui fonctionne de pair avec un PÉS, à Oakland, Californie. Cette clinique a traité en moyenne huit clients par session de deux heures; son personnel était formé de bénévoles, y compris des médecins, médecins adjoints, un technicien médical d’urgence, un infirmier et quelques bénévoles sans formation. Ces derniers aidaient le personnel professionnel (p. ex. dans le nettoyage de plaies et les bandages post-traitement) et s’occupaient des tâches administratives. Quarante-trois p. cent (43 %) des participants avaient eu une incision et un drainage; 46 % avaient reçu des soins pour un abcès; et 12 %, un traitement pour la cellulite (infection nécessitant des antibiotiques, mais pas de drainage). Cinquante-cinq p. cent (55 %) des clients avaient reçu des antibiotiques oraux alors que 47 % avaient reçu des antibiotiques topiques (certains ont reçu les deux). Trente-trois p. cent (33 %) n’ont pas eu besoin de références; 12 % ont reçu une référence; et 56 % ont reçu deux références ou plus. Cependant, seulement 5 % ont reçu une référence à un hôpital; la plupart des références semblaient concerner des soins primaires de suivi (post-soins, vérification de plaie liée à l’infection). La majorité des clients de la clinique en avaient entendu parler auprès de pairs, d’amis ou de parents; 46 % étaient du voisinage immédiat du PÉS, mais 13 % étaient venus d’une distance d’au moins 20 miles, pour ces services. Il est difficile de déterminer le degré auquel on peut généraliser ces données, étant donné qu’elles viennent des États-Unis, où les services de santé sont fournis selon un modèle différent, et aucune information n’est fournie dans l’étude sur le degré auquel les clients étaient assurés ou non. Par ailleurs, environ la moitié de la clientèle de la clinique était hispanique, et le personnel du PÉS s’occupait de traduire les échanges. Aucun commentaire n’est inclus sur le rôle que cela a pu jouer dans l’attraction de clients vers ce service. Références Grau LE, Arevalo S, Catchpool C, Heimer R. Expanding harm reduction services through a wound and abscess clinic. American Journal of Public Health 2002; 92(12): 1915-17. 248 Vaccination Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour réduire l’infection par les virus de l’hépatite A, de l’hépatite B, de la grippe ainsi que de la maladie à pneumocoque: u Éduquer les clients sur les hépatites A, B et C ainsi que leur prévention, y compris sur la disponibilité de vaccins contre les hépatites A et B u Fournir des services de tests pour les hépatites A, B et C, au besoin (voir la section Services de tests diagnostiques) u Encourager la vaccination contre l’hépatite B pour tous les employés et clients du PÉS u Fournir la vaccination contre les hépatites A et B aux personnes qui n’ont pas déjà développé une immunité ou, dans le cas de l’hépatite B, qui ne sont pas porteuses – y compris un système pour assurer autant que possible que les clients reçoivent deux doses du vaccin anti-VHA et trois doses du vaccin anti-VHB (tel que prescrit pour le vaccin qui est utilisé en Ontario) u Fournir la vaccination contre l’influenza ou des références à un point d’accès à ce vaccin, à tous les clients qui n’ont pas de médecin de soins primaires u Fournir la vaccination contre le pneumocoque ou une référence pour cette vaccination, à tous les clients qui sont ou pourraient être séropositifs au VIH ou qui ont une maladie pulmonaire chronique, et qui n’ont pas de médecin de soins primaires u Déterminer la situation des clients quant à la vaccination antitétanique et offrir cette immunisation à ceux qui sont admissibles, ou les référer à un fournisseur de soins primaires u Les PÉS qui fournissent des services de vaccination devraient disposer de directives médicales et de politiques écrites claires Introduction Les UDI ont un risque de contracter des infections virales hématogènes, dont le VHA [virus de l’hépatite A] et le VHB [virus de l’hépatite B] (CCNI, 2002); toutefois, les infections par le VHA et par le VHB peuvent toutes deux être prévenues par des vaccins. Les UDI qui sont sans abri, logés de manière marginale, ou qui ont des prédispositions médicales comme l’asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), le diabète, l’infection à VIH, etc., ont un risque élevé d’être gravement malades s’ils contractent une infection respiratoire. Deux infections respiratoires, l’influenza et la pneumonie à pneumocoque, peuvent être prévenues par des vaccins. L’influenza peut généralement être prévenue, ou du moins atténuée, par un seul vaccin annuel, idéalement administré pendant l’automne précédant la saison de la grippe. L’immunisation contre le pneumocoque procure une protection plus longue : une seule revaccination est recommandée après cinq ans pour les clients à risque élevé, âgés de plus de 10 ans et qui ont un système immunitaire compromis ou une maladie du foie. Les immunisations sont habituellement administrées dans le cadre des soins primaires. Cependant, comme plusieurs UDI n’ont pas de source régulière de soins primaires, il se peut qu’ils ne reçoivent pas les vaccins 249 dont ils ont besoin. Les PÉS peuvent fournir un point d’accès à ce service, puisqu’ils sont en contact avec des UDI marginalisés et aux prises avec des lacunes dans l’accès aux services. Toutefois, l’immunisation est un service professionnel qui requiert de l’expertise ainsi qu’un accès à une supervision médicale, y compris à des soins d’urgence en cas de réaction adverse. Les PÉS peuvent ne pas avoir d’employés détenant ces qualifications, et ils peuvent devoir demander de tels services, par des ententes de collaboration, pour le bien de leur clientèle. Ces ententes peuvent prévoir que des fournisseurs de services visitent le PÉS pour des cliniques spécifiques d’immunisation; dans l’alternative, les PÉS peuvent référer les clients à des cliniques d’immunisation dans des unités de santé publique ou des établissements de soins primaires. Il est essentiel de maintenir des dossiers adéquats sur la vaccination des patients, et d’y consigner tout effet secondaire indésirable. Pour que la référence de clients à des services cliniques soit fructueuse, il est nécessaire que ces services soient accessibles et accueillants pour les clients des PÉS. Dans certains cas, l’accompagnement d’un employé du PÉS peut faire en sorte que les clients reçoivent les soins appropriés, mais cela peut demander du temps et détourner des ressources humaines d’autres services nécessaires. Des services comme l’immunisation devraient normalement faire partie des soins primaires continus. La décision de fournir de tels services sur les lieux d’un PÉS devrait être prise en toute conscience des limites jusqu’auxquelles le PÉS est disposé et apte à le faire, et après l’examen des autres possibilités accessibles aux clients pour les soins primaires. Outre ces considérations générales, l’administration de chaque vaccin peut impliquer des considérations particulières, et des données distinctes, qui sont examinées ci-dessous. Pour plus de détails sur la vaccination, la source la plus fiable est le « Guide canadien d’immunisation » (CCNI, 2002). Les PÉS qui fournissent des services de vaccination devraient être dotés de lignes directrices médicales et de politiques écrites et claires. Va c c i n a t i o n c o n t re l e s h é p a t i t e s A e t B : c o n s i d é ra t i o n s Une raison de fournir les vaccins contre le VHA et contre le VHB dans le cadre des services de PÉS réside dans le fait qu’ils ne font pas partie des soins de routine pour adultes, mais ne sont offerts qu’aux adultes ayant un risque élevé, dont les UDI font partie pour ces deux infections. Il est important de déterminer si les clients ont déjà été vaccinés, car après la complétion de la série de trois vaccins l’immunité est supposée durer longtemps. Des vaccins distincts sont disponibles pour le VHA et pour le VHB. Il existe aussi un vaccin combiné qui procure une immunisation contre les deux virus en même temps. Le Guide canadien d’immunisation (2002) recommande ce produit combiné pour les adultes qui ont un risque élevé pour les deux infections, notamment les personnes qui consomment des drogues illicites par injection ou par voie orale. En Ontario, les vaccins séparés pour le VHA et pour le VHB sont fournis gratuitement aux personnes à risque élevé, y compris les UDI, mais le vaccin combiné ne l’est pas. C’est pourquoi nous n’aborderons pas le vaccin combiné (pour information à ce sujet, voir CCNI, 2002). L’information est présentée en sections distinctes pour le vaccin anti-VHA et l’anti-VHB. Seule la vaccination anti-VHB a été étudiée de manière formelle en 250 lien avec les PÉS. Le vaccin anti-VHA et l’anti-VHB peuvent être administrés lors d’une même visite, mais ils doivent être injectés séparément et à des endroits différents. En Ontario, le vaccin anti-VHB est à présent administré de manière systématique aux adolescents; ainsi, dans quelques années tous les adultes nés en Ontario devraient l’avoir reçu; les UDI susceptibles d’en avoir besoin ne seront principalement que ceux qui sont nés hors de l’Ontario. Il faut toutefois noter que les personnes qui ont quitté l’école tôt ou qui ne la fréquentaient pas régulièrement ne l’ont peut-être pas reçu; il faut donc vérifier le dossier de vaccination, lorsque possible. Le vaccin anti-VHA ne fait pas partie du programme systématique de vaccination infantile en Ontario, mais il est fourni aux personnes qui ont un risque accru, comme les UDI. L’hépatite (terme qui signifie simplement inflammation du foie) a plusieurs causes différentes. Une hépatite est habituellement accompagnée par une jaunisse (un jaunissement de la peau et du blanc des yeux), causée par l’incapacité du foie d’éliminer la bilirubine, un pigment issu de la décomposition normale des vieux globules rouges. Les causes d’hépatite les plus répandues sont l’infection par des virus désignés par les acronymes VHA, VHB et VHC. Les infections par le VHA et par le VHB peuvent être prévenues au moyen de vaccins; ce n’est pas le cas pour le VHC. Ces trois infections peuvent ne déclencher aucun symptôme, ou encore simplement de légers symptômes semblables à ceux de la grippe. Il n’est donc pas possible, sur la simple déclaration verbale d’un patient à l’effet qu’il a déjà eu une hépatite, de déterminer quel virus était en cause, le cas échéant; et une personne peut avoir déjà eu une hépatite virale mais ne pas le savoir. Le seul moyen de savoir avec certitude si une personne a déjà contracté une infection, et si elle a actuellement une immunité, est de procéder à des tests sanguins. Les personnes qui ont une affection chronique du foie (y compris les personnes ayant le VHB ou le VHC) ont un risque accru de dommages graves à cet organe si elles contractent une autre hépatite (p. ex., A). D’où l’importance que les personnes ayant le VHB et/ou le VHC reçoivent le vaccin contre l’hépatite A (et que les personnes ayant uniquement le VHC reçoivent le vaccin anti-VHB). Hépatite A : considérations Aux États-Unis, en 1990-2000, 6 % des cas de VHA étaient attribués à la population des UDI (CDC, 2005). Le VHA se transmet principalement par la voie orale-fécale, par contact direct avec des personnes infectées ou avec des aliments ou liquides contaminés. Le virus est également présent dans le sang, pour une brève période, et peut se transmettre par le contact avec du sang infecté, bien que cela soit probablement rare. L’infection aigue par le VHA s’accompagne de symptômes semblables aux autres formes d’hépatites, comme la fièvre, la nausée, la perte d’appétit, des douleurs abdominales, une teinte plus foncée dans l’urine, et la jaunisse. Les symptômes peuvent persister deux mois, parfois plus, et environ 25 % des personnes infectées peuvent avoir besoin d’être hospitalisées (CCNI, 2002). L’hépatite A est rarement mortelle, mais cela est plus répandu parmi les personnes plus âgées (environ 2 % des personnes infectées qui ont plus de 50 ans). Il n’existe pas de traitement spécifique; l’infection ne se transforme pas en maladie chronique, et n’est pas associée à un état chronique de porteur; de plus, une fois l’infection terminée, l’immunité développée par le corps dure à vie. À l’heure actuelle, au Canada, quatre vaccins anti-VHA sont autorisés. La vaccination des adultes nécessite 251 deux doses, séparées d’au moins six mois. Les effets secondaires se limitent habituellement à une douleur au point d’injection, mais certaines personnes ont des maux de tête, de la fièvre, de la fatigue et des symptômes gastro-intestinaux. Très rarement, une réaction allergique grave peut se manifester, probablement due à un ingrédient contenu dans le vaccin. Toute personne qui a eu une réaction allergique à une vaccination antérieure ne devrait pas recevoir le vaccin sans que son cas soit soigneusement évalué par un expert. Le vaccin anti-VHA est offert gratuitement dans les unités de santé publique de l’Ontario aux personnes qui ont un risque accru, comme les UDI. Étant donné que deux doses sont nécessaires, il est important de tenir l’information en dossier et de tenter de faire en sorte que la seconde dose du vaccin soit administrée six mois ou plus après la dose initiale. Données sur la vaccination anti-VHA dans des PÉS Des recherches ont été publiées au sujet de la fourniture du vaccin anti-VHB dans des PÉS, mais pas sur la vaccination anti-VHC. Des recommandations ont été formulées à l’effet que les UDI ont un risque accru et qu’ils devraient être immunisés contre le VHA (p. ex., CCNI, 2002). Hépatite B : considérations L’hépatite B est une maladie sérieuse. Environ 1 à 2 % des personnes qui contractent le VHB développeront une maladie grave (une hépatite « fulminante ») pour laquelle le taux de décès se situe entre 63 % et 93 % (CDC, 2005). Des adultes qui contractent l’infection à VHB, 6 à 10 % développent une infection chronique, demeurent porteurs de l’infection, et peuvent développer une hépatite chronique active. Certaines de ces personnes développeront ensuite une cirrhose du foie ou un carcinome hépatocellulaire (cancer du foie) – deux affections qui sont habituellement mortelles. C’est pourquoi la prévention du VHB est une mesure importante. Parmi les personnes qui ont déjà eu l’infection à VHB, les 10 % qui deviennent des porteurs chroniques ont des particules du virus dans leur sang; ces particules peuvent être transmises à d’autres personnes par le partage de seringue ou d’autres instruments contaminés de sang, y compris les pipes à crack. Le virus peut également être présent dans la salive, le sperme et les sécrétions vaginales des personnes qui sont porteuses, et peut se transmettre par voie sexuelle ainsi que par morsure. La transmission par d’autres contacts avec de la salive contaminée, par exemple lors d’un baiser, est considérée improbable. Les mères qui sont porteuses de l’infection peuvent la transmettre au nouveau-né, à moins que ce dernier ait reçu un traitement au moyen d’anticorps au VHB (immunoglobine au VHB, connue sous l’acronyme anglais HBIG), dès la naissance, ainsi qu’une vaccination. Les porteurs du VHB présentent des signes de la présence de l’antigène de surface au VHB (HbsAg), dans des tests sanguins, ce qui indique la présence du virus. Ils n’auront pas développé d’anticorps au virus, donc on n’en décèlera pas lors de tests sanguins, et l’immunisation ne leur sera pas bénéfique. Le vaccin anti-VHB utilisé en Ontario est administré en trois doses. Dans ce cas, les deux premières doses 252 sont administrées à moins d’un mois d’intervalle et la troisième est administrée après quatre à six mois. Si un ajustement est nécessaire à ce chapitre, la troisième dose peut être donnée dans les huit semaines suivant la deuxième dose, mais au moins 16 semaines après la première. Si des intervalles plus longs se produisent, il n’est pas considéré nécessaire de recommencer la série du début, ni d’ajouter des doses. Les personnes dont le système immunitaire est affaibli peuvent avoir besoin de doses vaccinales plus fortes, ou de doses additionnelles; pour de tels cas, il est préférable de recourir aux conseils d’un expert, si possible. Les personnes ayant des infections pulmonaires mineures peuvent quand même être vaccinées; celles qui ont des maladies plus graves devraient attendre d’en être guéries. Il est recommandé d’injecter le vaccin dans le muscle de la partie supérieure du bras (le deltoïde), chez l’adulte (CCIN, 2002). L’effet secondaire le plus fréquent est une douleur au point d’injection. Environ 11 à 17 % des adultes auront des maux de tête ou ressentiront de la fatigue ou une irritabilité après la vaccination; un pourcentage plus faible pourra avoir de la fièvre. Les réactions allergiques sérieuses sont plutôt rares, mais constituent une contre-indication pour d’autres vaccinations contre le VHB. Étant donné qu’ils peuvent être exposés à un risque accru de possibilité de blessure sur une aiguille, ou d’autres expositions à du sang, tous les employés de PÉS devraient être incités à recevoir le vaccin antiVHB, s’ils ne l’ont pas déjà reçu. Comme pour les autres vaccinations dans les PÉS, celle pour le VHB nécessite du personnel ayant l’expertise pertinente; sinon, des ententes de collaboration avec des professionnels externes sont nécessaires, si l’on souhaite tenir des cliniques de vaccination au PÉS; on peut aussi faire en sorte que le service soit offert aux clients du PÉS dans un autre lieu. Vu la nécessité de plusieurs doses vaccinales étalées sur quelques mois, il est nécessaire de tenir des dossiers adéquats et de consacrer des efforts administratifs pour déterminer qui a besoin d’une autre injection, et à quel moment. De plus, il sera nécessaire d’éduquer les clients sur l’importance d’un suivi aux intervalles prescrits. Le respect d’un échéancier adéquat pour les injections ultérieures peut être un défi, tant pour les clients que pour le personnel. Données sur la vaccination anti-VHB dans des PÉS Les données épidémiologiques abondent, quant aux faits que les UDI ont un risque accru de VHB, que ce risque est plus élevé lorsqu’ils commencent à s’injecter des drogues, et que la vaccination pourrait les protéger contre cette infection. Notre point de mire, ci-dessous, portera sur les données concernant les PÉS en tant que site pour la fourniture de ce service. Deux études ont été publiées au sujet de la fourniture du vaccin anti-VHB dans des PÉS. Des Jarlais et al. (2001) ont fait état d’une étude de cohorte auprès d’UDI en Alaska, dans le cadre de laquelle on a fourni du counselling et des tests diagnostiques pour le VHB, le VIH et le VHC, puis référé ceux qui étaient admissibles à la vaccination anti-VHB à deux cliniques locales, où à leur fournisseur de soins de santé assurés, pour une vaccination gratuite. Un transport gratuit était offert ainsi qu’un incitatif monétaire de jusqu’à 50 $, pour chaque vaccination; 31 % des personnes admissibles ont fini par recevoir les trois injections. Les auteurs ont comparé cette initiative à celle d’une vaccination sur les lieux d’un PÉS dans la ville de New York, où 76 253 % des 94 personnes invitées à participer à l’étude ont accepté, et où parmi 36 participants admissibles au vaccin anti-VHB, 30 (83 %) ont reçu les trois injections, d’un assistant-médecin ou d’un infirmier disponible sur les lieux du PÉS pendant quelques heures, un ou deux jours par semaine. Ces participants avaient reçu 5 $ pour les visites initiales aux fins de tests, et 10 $ pour chaque visite destinée à l’administration des deuxième et troisième doses du vaccin. Les auteurs ont conclu que les deux facteurs – soit l’emplacement pratique, et de modestes incitatifs monétaires – avaient contribué grandement au recours à la vaccination anti-VHB. Ils n’ont pas abordé directement l’à-propos d’un lieu qui soit non seulement pratique, mais aussi familier et qui ait acquis la confiance des clients, comme cela est probable dans le cas des PÉS, mais leur étude peut être considérée comme un élément confirmant l’importance de ce facteur. McGregor et al. (2003) ont examiné les facteurs qui influencent le recours à la vaccination anti-VHB parmi des clients d’un PÉS situé dans une grande région urbaine du Royaume-Uni. Quatre-vingt-sept p. cent (87 %) des clients ont reçu l’offre de vaccin, 59 % ont accepté au moins une dose, et 27 % ont reçu la série complète de trois doses. Les auteurs ont observé que les UDI qui partageaient des seringues et qui avaient l’infection à VHC, deux facteurs susceptibles de désigner ces personnes comme étant exposées à un risque accru d’infection par le VHB, étaient moins susceptibles d’avoir reçu l’offre de vaccination. Les UDI plus âgés, qui partageaient des seringues, de même que les UDI ayant recours depuis peu aux services du PÉS, ou qui l’avaient utilisé depuis relativement longtemps (plus de deux ans) étaient moins susceptibles d’accepter la vaccination. Le personnel du PÉS a identifié le manque de formation du personnel, les circonstances de vie perturbées des clients, ainsi que l’échec des services de traitement de la toxicomanie, des médecins généralistes ou des prisons quant à l’amorce ou à la complétion de la série de vaccins, comme étant des obstacles à l’administration réussie du vaccin. Va c c i n a t i o n c o n t re l e t é t a n o s Le Guide canadien d’immunisation indique que l’injection de drogue constitue un facteur de risque pour le tétanos; on y recommande que tous les adultes qui ont déjà reçu une immunisation antitétanique primaire en 3 doses (habituellement dans le cadre d’un programme de vaccination infantile) reçoivent un rappel à tous les dix ans, afin de préserver leur immunité. Les adultes qui n’ont jamais reçu cette immunisation primaire auront besoin d’une série de trois doses du vaccin, suivie de rappels à tous les dix ans. Va c c i n s c o n t re l ’ i n f l u e n z a e t l e p n e u m o c o q u e : c o n s i d é ra t i o n s La fourniture de vaccins anti-influenza (i.e. contre la grippe) et anti-pneumocoque, par les PÉS, peut être indiquée pour deux raisons. Premièrement, ces deux vaccins sont recommandés pour les personnes séropositives au VIH, et les PÉS sont susceptibles d’en compter parmi leurs clients, qu’elles aient été diagnostiquées ou non. Deuxièmement, des données révèlent que les UDI qui n’ont pas le VIH sont aussi particulièrement vulnérables à la pneumonie bactérienne (Hoge et al., 1994), et que ce risque peut être réduit par le vaccin anti-pneumocoque. La vaccination contre la grippe est recommandée dans plusieurs cas de personnes ayant des affections chroniques, notamment des maladies pulmonaires chroniques et le diabète; en Ontario, elle est également recommandée à tous les adultes, afin de réduire les maladies et le nombre de visites aux urgences d’hôpitaux, en relation avec l’influenza. Les PÉS peuvent considérer 254 d’offrir ces vaccins, étant donné qu’ils sont des points de soins pour des personnes qui n’ont pas accès à un médecin de famille ou à d’autres sources de soins de santé primaires. La fourniture de vaccins nécessite une formation et une expertise professionnelles qui peuvent ne pas être disponibles dans tous les PÉS. Des avenues de rechange peuvent être possibles, notamment des ententes de collaboration avec les fournisseurs de soins, pour assurer l’accès à des soins primaires pour les clients du PÉS; cela peut toutefois nécessiter des ressources humaines considérables. Étant donné que l’immunisation ne nécessite que des apports spécifiques de temps et d’argent, il peut s’agir de services plus attrayants et plus réalistes, à offrir dans un PÉS, en comparaison avec les soins primaires plus diversifiés et d’ampleur plus généralisée; cependant, il demeure nécessaire de considérer des moyens pour répondre à une plus grande gamme de besoins de santé qui ne sont pas satisfaits. Le vaccin anti-influenza est fourni gratuitement par la santé publique, dans le cadre du programme ontarien universel d’immunisation contre l’influenza. Le vaccin anti-pneumocoque n’est pas fourni par la santé publique, à l’heure actuelle, mais les médecins peuvent se le procurer gratuitement auprès des unités de santé publique, pour certains groupes à risque élevé. Étant donné que la vaccination anti-influenza n’implique qu’une dose, annuellement, et que le vaccin anti-pneumocoque n’est administré qu’une fois pour procurer une immunité de longue durée, l’on considère que ces deux vaccins sont moins susceptibles de nécessiter des efforts administratifs pour le suivi, que dans le cas de vaccins à doses multiples. Cependant, il est nécessaire de maintenir des dossiers exacts, afin d’éviter l’administration de doses superflues. Données sur les vaccinations anti-influenza et anti-pneumocoque dans des PÉS Une étude a été publiée au sujet de l’administration, dans un PÉS, du vaccin anti-pneumocoque et de celui contre l’influenza. Cette étude (Stancliff et al., 2000) a démontré que les UDI clients d’un PÉS à New York étaient beaucoup plus conscientisés sur le vaccin anti-influenza qu’au sujet de l’anti-pneumocoque, et qu’ils étaient plus susceptibles de l’accepter lorsqu’il leur était offert. Tout de même, 70 % des personnes auxquelles le vaccin anti-pneumocoque a été offert l’ont accepté, en comparaison avec 86 % dans le cas de l’anti-influenza. Plusieurs utilisateurs de PÉS pour lesquels ces vaccins étaient indiqués n’avaient pas de source régulière de soins médicaux, et étaient par conséquent considérés peu susceptibles de les avoir reçus sans une telle intervention. Références Santé Canada, Guide canadien d’immunisation – Sixième édition – 2002. Téléchargeable à www.phac-aspc. gc.ca/ Centres for Disease Control. Accessed Feb. 6, 2006 from: www.cdc.gov/ncidod/diseases/hepatitis/hep_a/ slide_18.htm Des Jarlais DC, Fisher DG, Clark Newman J, Trubatch BN, Yancovitz M, Paone D, Perlman D. Providing hepatitis B vaccination to injection drug users: Referral to health clinics vs. on-site vaccination at a syringe exchange 255 program. American Journal of Public Health 2001; 91(11): 1791-2. Hoge CW, Reichler MR, Dominguez EA, Bremer JC, Mastro TD, Hendricks KA, Musher DM, Elliott JA, Facklam RR, Breiman RF. An epidemic of pneumococcal disease in an overcrowded, inadequately ventilated jail. N Engl J.Med. 1994;331(10):643-8. McGregor J, Marks PJ, Hayward A, Bell Y, Slack RCB. Factors influencing hepatitis B vaccine uptake in injecting drug users. Journal of Public Health Medicine 2003; 25(2): 165-170. Stancliff S, Salomon N, Perlman DC, Russell PC. Provision of influenza and pneumococcal vaccines to injection drug users at a syringe exchange. Journal of Substance Abuse Treatment 2000; 18: 263-65. Yuan L, Robinson G. Hepatitis B vaccination and screening for markers at a sexually transmitted disease clinic for men. Canadian Jounal of Public Health 1994 Sep-Oct; 85(5):338-41. 256 Services de tests diagnostiques Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Afin d’améliorer chez les clients la connaissance de leur état sérologique au VIH, au VHB, au VHC et à la tuberculose: u Fournir des services de counselling et de tests volontaires pour le VIH, le VHB, le VHC et la tuberculose, dans le cadre du PÉS, et/ou assurer la capacité d’accès à ces tests dans d’autres points de services de santé u Informer les clients des options disponibles pour le test du VIH (anonyme et nominatif) afin qu’ils puissent prendre une décision éclairée à cet égard u Assurer la confidentialité de tout résultat de test u Veiller à ce que les UDI qui reçoivent un résultat positif à un de ces tests aient accès aux services nécessaires de counselling, de soins et de traitement u Considérer d’offrir le test pour la syphilis ou de donner une référence à cet effet, dans le cadre de services de santé sexuelle Introduction Les UDI ont un risque accru devant le VIH, le VHB et le VHC, ce qui peut résulter en des infections chroniques et favoriser également la tuberculose. La tuberculose latente, les premiers stades de l’infection à VIH ainsi que des hépatites B et C chroniques peuvent être tout à fait asymptomatiques et n’être décelables que par les tests diagnostiques appropriés. Plusieurs UDI n’ont pas de source régulière de soins de santé ou peuvent ne pas révéler à leur médecin leur situation de risque. Les PÉS ont donc une occasion d’offrir les tests adéquats à leurs clients qui ne les reçoivent pas ailleurs, ou d’assister leurs clients dans l’accès à ces tests auprès d’autres fournisseurs. Comme la syphilis peut elle aussi être détectée par des tests sanguins, on peut l’inclure dans la batterie de tests offerts par les PÉS, mais les tests nécessitent le recours à un expert pour l’interprétation, et un suivi si les résultats sont positifs. Te s t e t c o u n s e l l i n g v o l o n t a i r e s p o u r l e V I H Le fait de connaître son état sérologique au VIH peut contribuer à inciter un UDI (séronégatif ou séropositif) à des comportements plus sécuritaires. Pour ceux qui sont séropositifs, cela comporte notamment des efforts pour éviter de transmettre l’infection à d’autres personnes; mais aussi, le fait de se savoir séropositif peut inciter également à mieux prendre soin de soi, à faire surveiller l’état de sa santé et à suivre un traitement anti-VIH si cela est indiqué. Pour les personnes qui reçoivent un résultat négatif au test du VIH, le counselling qui précède et qui suit le test peut offrir une occasion d’examiner les comportements à risque et de recevoir des conseils pour réduire leurs risques. Considérations relatives au test et au counselling volontaires pour le VIH Une démarche efficace de test du VIH nécessite un counselling pré-test et post-test de grande qualité, pour toute personne qui passe le test du VIH, et un soutien adéquat aux personnes dont le résultat est positif. Le personnel doit recevoir une excellente formation en counselling et avoir accès aux références nécessaires 257 en matière de soins et de soutien. En Ontario, des sites spécialement conçus peuvent fournir des tests anonymes pour le VIH; cette option peut être la préférée pour certains UDI. Dans ce mode de test, on utilise un code unique que seul le client connaît, de sorte que le résultat ne peut être relié par quiconque à l’individu qui a passé le test. Par conséquent, des éléments comme la notification de partenaire(s) et l’aiguillage vers un traitement ne peuvent être abordés que dans le cadre du counselling pré- et posttest, à moins que le client fasse la demande d’un tel suivi. À l’exception des sites de test anonyme, les établissements qui administrent le test du VIH sont tenus de déclarer tout résultat positif aux autorités de santé publique, qui communiqueront avec le fournisseur du test pour ce qui a trait à la notification de partenaire(s) et au besoin du client d’être référé à des services. Données sur le test et le counselling volontaires pour le VIH, dans des PÉS Les données de recherche disponibles appuient la probabilité que des UDI séropositifs au VIH puissent utiliser la connaissance de leur état afin de réduire le risque de transmettre l’infection à d’autres personnes (Des Jarlais, 2004). Il importe également que les personnes séropositives au VIH reçoivent des services réguliers de surveillance clinique, pour faire en sorte qu’on puisse leur offrir un traitement antirétroviral en temps opportun, puisque les personnes qui n’ont recours à un traitement médical qu’au moment où elles présentent des maladies caractéristiques du sida, et un système immunitaire gravement détérioré, ont un risque élevé de décès ou de rétablissement inadéquat. Un suivi et un traitement adéquats ne peuvent être fournis que si la personne séropositive est consciente de son état et capable d’avoir accès aux soins dont elle a besoin. Les données appuient l’idée voulant que les tests diagnostics fournis par l’entremise de PÉS sont une mesure importante de parvenir à cette conscientisation. Te s t s d u V H B e t d u V H C L’injection de drogue est un facteur de risque associé à la possibilité de devenir porteur chronique du VHB et du VHC. Environ 10 % des personnes qui contractent le VHB ont une infection chronique qui les rend contagieuses et dont l’état peut évoluer en une cirrhose ou un cancer du foie. Les tests peuvent permettre aux personnes qui ont ce(s) virus de connaître leur état, d’éviter les comportements susceptibles de transmettre l’infection à d’autres personnes, de bénéficier d’un suivi médical et de considérer la possibilité de suivre un traitement. Les UDI qui passent le test du VHB et dont le résultat montre qu’ils n’ont pas cette infection et n’y ont pas développé d’immunité (i.e. qu’ils n’ont jamais été exposés à ce virus) peuvent se voir offrir la vaccination afin d’éviter l’infection future. Le vaccin contre le virus de l’hépatite A est aussi offert gratuitement aux UDI (voir la section sur la Vaccination). La majorité des personnes qui ont contracté le VHC demeureront porteuses chroniques et auront un risque de voir leur état évoluer en une cirrhose du foie, et plus rarement en cancer du foie. La réception d’un résultat positif peut rendre la personne consciente du risque de transmission à autrui, et également la motiver à demander un suivi médical comme des tests de la fonction du foie, à réduire l’exposition à l’alcool et à d’autres substances toxiques pour le foie, et à considérer la possibilité de suivre un traitement. Le traitement pour le VHC est long (plusieurs mois) et difficile (il implique des injections et des effets indésirables comme des symptômes de grippe et de dépression); son taux de succès est généralement inférieur à 50 %, mais s’il est fructueux il est possible d’éliminer complètement le VHC du corps. Cependant, si l’on s’adonne à des comportements à risque, on est susceptible de contracter à nouveau l’infection. 258 Considérations relatives aux tests du VHB et du VHC Comme pour le test du VIH, un counselling et des renseignements appropriés au sujet du VHB et du VHC devraient être fournis aux UDI qui considèrent de passer ces tests. Cela nécessite une formation initiale d’employés ainsi que des possibilités de se tenir au courant des informations à jour. La séropositivité au VHB, au VHC et au VIH sont toutes trois déclarées aux autorités sanitaires. L’option de passer un test de manière anonyme n’existe que pour le VIH. Cela peut être source d’anxiété pour les UDI désireux de passer des tests, mais une collaboration efficace entre les PÉS et les autorités de santé publique peut contribuer à mitiger ces craintes et à faire en sorte que les questions de santé publique soient abordées comme il se doit. Après qu’un UDI a reçu un diagnostic positif à un test, il peut être difficile, à plusieurs endroits, d’avoir accès à un suivi médical et à des traitements. Il y a pénurie de services spécialisés pour la gestion de l’hépatite, et des fournisseurs de tels services peuvent ne pas être disposés à fournir ces ressources limitées à des personnes dont ils ont l’impression qu’elles sont peu susceptibles d’être fidèles aux traitements. Données sur les tests d’hépatites dans des PÉS ous n’avons recensé aucune étude publiée au sujet des enjeux spécifiques des tests d’hépatites dans des PÉS; les questions liées aux tests et à la vaccination dans des PÉS sont abordées dans la section sur la Vaccination. Dépistage de la tuberculose La tuberculose (TB) est une infection qui se transmet généralement par des gouttelettes expulsées dans l’air par une personne infectée. La maladie est généralement limitée aux poumons, sauf chez des personnes dont l’immunité est réduite (p. ex. par l’infection à VIH). Plusieurs personnes infectées par la tuberculose l’ont dans une forme latente. En tel cas, l’infection est confinée à certaines zones dans les poumons, elle ne cause pas de symptômes et n’est pas contagieuse. Cependant, il est toujours possible que ces infections latentes soient éventuellement activées, et que la personne développe une infection pulmonaire active qui devient alors contagieuse. L’infection latente se développera en tuberculose active chez environ 10 % des personnes infectées; cela se produit généralement dans les deux à cinq ans après l’infection, mais parfois plus tard. Le risque de développer la tuberculose pourrait être 100 fois plus élevé parmi les personnes séropositives que dans l’ensemble de la population. C’est pourquoi il est essentiel que les personnes séropositives au VIH passent un test de dépistage de la tuberculose latente, et au besoin soient traitées pour prévenir la TB active. Même sans infection à VIH, les UDI présentent des taux élevés de TB, latente et active, en particulier parmi les personnes d’origine autochtone et les personnes de pays où les taux de tuberculose sont élevés (Fitzgerald et al., 1999). L’infection à tuberculose latente peut être détectée, dans la plupart des cas, au moyen un test cutané. L’administration de ce test ainsi que l’interprétation du résultat (lors d’une seconde visite dans les 48 à 72 heures suivantes) nécessitent une formation professionnelle. Si un test de dépistage de ce type donne 259 un résultat positif, il est nécessaire de référer le client pour une radiographie pulmonaire, avant qu’un traitement puisse être amorcé, puisque le traitement diffère selon que la tuberculose est active ou latente. Les médicaments pour les deux formes (active et latente) sont disponibles gratuitement auprès des unités de santé publique. La tuberculose est une maladie à déclaration obligatoire, et les personnes qui ont une tuberculose active peuvent être contraintes de suivre un traitement afin de prévenir la transmission de l’infection à d’autres. Considérations pour le dépistage de la tuberculose Le dépistage de la tuberculose dans un PÉS nécessite des employés ayant la formation et l’expérience professionnelles requises; il nécessite aussi la capacité de veiller à ce que les clients reviennent dans un intervalle de 48 à 72 heures pour l’interprétation du résultat de test cutané, ou qu’ils aillent dans un autre endroit pour que ce résultat soit observé et déclaré. Ce test peut être difficile à fournir dans les conditions d’un PÉS mobile; lorsque possible, il peut être préférable d’y procéder dans un site fixe. Si le résultat de dépistage est positif, il est alors nécessaire que le client soit disposé et apte à aller passer une radiographie pulmonaire; le traitement nécessaire dépendra du résultat de cette radiographie. Pour veiller à un suivi adéquat, il peut être nécessaire d’accompagner le client à ces services. Données au sujet du dépistage de la tuberculose dans des PÉS Quelques études ont examiné des approches de fourniture du dépistage de la TB à des UDI. Le taux de retour pour un suivi est généralement faible parmi les UDI, si l’on ne le promeut qu’au moyen d’éducation et d’encouragement. Les études qui ont mis à l’essai des mesures d’incitation, généralement monétaires ou non monétaires (p. ex. des bons d’échange, des billets de transport, etc.) ont atteint des taux de retour plus élevés pour l’interprétation du test de dépistage cutané. Une étude, qui a utilisé des mesures d’incitation à aller passer une radiographie pulmonaire et à se présenter pour une évaluation médicale, a permis de démontrer une amélioration des taux de présence pour ces étapes également. Ainsi, les données indiquent que l’obtention des taux de suivi adéquats, pour l’interprétation du test, et en particulier pour d’autres tests diagnostiques et des traitements, peut être un défi et que le recours à de modestes incitatifs (p. ex. 5 à 15 $) peut augmenter grandement la réussite. Une fois que le besoin de traitement est confirmé, et que l’on a déterminé si ce doit être pour la forme latente ou active, des approches comme la thérapie sous observation directe peuvent être utilisées afin d’assurer la fidélité nécessaire au traitement. Le traitement pour la tuberculose nécessite au moins six mois de traitement; l’infidélité au traitement conduira à l’échec thérapeutique, et possiblement aussi au développement d’une tuberculose résistante à des médicaments et qui est plus difficile à traiter par la suite. Afin d’assurer un suivi et un traitement adéquats, une alliance entre le personnel du PÉS et des employés de la santé publique impliqués dans les programmes de contrôle de la tuberculose sera nécessaire. Des données démontrent que la thérapie sous observation directe, administrée dans la communauté ou dans des établissements de services comme l’entretien à la méthadone ou d’autres traitements de la toxicomanie, peut favoriser une gestion réussie du traitement de cette infection. 260 Te s t d e l a s y p h i l i s Une vague de syphilis parmi des travailleuses et travailleurs sexuels ainsi que leurs clients, à Calgary, a été décrite; environ la moitié des personnes infectées étaient utilisatrices de crack par injection (Jayaraman, 2003). On trouve aussi aux États-Unis des données à l’effet que les taux de syphilis peuvent être élevés parmi les UDI et les utilisateurs de drogues par autre voie que l’injection (p. ex. les fumeurs de crack), en particulier si ces personnes font l’échange de services sexuels contre de la drogue (Lopez-Zetina J, 2000). Le test sanguin pour le diagnostic de la syphilis peut être fourni dans des PÉS, dans la gamme d’autres tests sanguins. L’interprétation du test de syphilis nécessite une expertise médicale, tout comme son traitement. Les UDI qui obtiennent un résultat positif à ce test peuvent être référés à une clinique pour les infections transmissibles sexuellement, ou à une autre source de soins spécialisés. Pour de plus amples renseignements : Au sujet des hépatites A et B : CCNI, Santé Canada, Guide canadien d’immunisation – Sixième édition – 2002. Téléchargeable à www.phacaspc.gc.ca/ Au sujet de l’hépatite C : National Institutes of Health. US government concensus statement on testing and treatment, 2002. Téléchargeable à http://consensus.nih.gov/2002/2002HepatitisC2002116html.htm Références Des Jarlais DC, Perlis T, Arasteh K, Hagan H, Milliken J, Braine N, Yancovitz S, Mildvan D, Perlman DC, Maslow C, Friedman SR. “Informed altruism” and “partner restriction” in the reduction of HIV infection in injecting drug users entering detoxification treatment in New York City, 1990-2001. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes 2004 Feb; 35(2): 158-66. Fitzgerald JM, Patrick DM, Strathdee S, Rekart M, Elwood RK, Schecter MT, Montaner J, O’Shaughnessy M. Use of incentives to increase compliance for TB screening in a population of intravenous drug users. Vancouver Injection Drug Use Study Group. International Journal of Tuberculosis & Lung Disease 1999; 3(2): 153-5. Jayaraman GC, Read RR, Singh A. Characteristics of individuals with male-to-male and heterosexually acquired infectious syphilis during an outbreak in Calgary, Alberta, Canada. Sex Transm Dis. Apr. 2003;30(4):315-9. Lopez-Zetina J, Ford W, Weber M, Barna S, Woerhle T, Kerndt P, Monterroso E. Predictors of syphilis seroreactivity and prevalence of HIV among street recruited injection drug users in Los Angeles County, 1994-6. Sex Transm Infect., Dec. 2000; 76(6):462-9. Nolan C. Community-wide implementation of targeted testing for and treatment of latent tuberculosis infection. Clinical Infectious Diseases 1999; 29: 880-87. 261 Perlman DC, Gourevitch MN, Trinh C, Salomon N, Horn L, DesJarlais D. Cost effectiveness of tuberculosis screening and observed preventive therapy for active drug injectors at a syringe-exchange program. Journal of Urban Health 2001: 78(3): 550-67. Perlman DC, Freidmann P, Horn L, Nugent A, Schoeb V, Carey J, Salomon N, Des Jarlais D. Impact of monetary incentives on adherence to referral for screening chest X-rays after syringe exchange-based tuberculin skin testing. Journal of Urban Health 2003; 80(3): 428-37. Poane D, Perlman DC, Perkins MP, Kochems LM, Salomon N, DesJarlais D. Organizational issues in conducting tuberculosis screening at a syringe exchange program. Journal of Substance Abuse Treatment 1998; 15(3): 229-34. Riley ED, Vlahov D, Huettner S, Beilenson P, Bonds M, Chaisson RE. Characteristics of injection drug users who utilize tuberculosis services at sites of the Baltimore city needle exchange program. 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Journal of Substance Abuse Treatment 1999; 16(3): 229-35. 262 Relations avec les Intervenants d’application de la Loi 263 264 Relations avec les intervenants d’application de la loi Recommandations de pratiques exemplaires — en détail Afin de développer et d’instaurer une relation de collaboration avec le secteur de l’application de la loi: u Tôt dans le processus d’élaboration d’un PÉS, développer une relation avec les agents de l’application locale de la loi. u Donner une formation en milieu de travail, aux agents d’application de la loi, relativement aux: u buts et objectifs des PÉS u données sur l’efficacité des PÉS u données sur l’impact des PÉS sur l’usage de drogue par injection u enjeux sociaux et de santé des UDI u mesures de prévention des blessures sur des aiguilles u Négocier des ententes avec les agents d’application de la loi, afin que: u les clients ne soient pas la cible de harcèlement lorsqu’ils entrent dans un site ou un véhicule de PÉS, ou en ressortent; u l’équipement fourni par le PÉS à ses clients ne soit pas détruit ou confisqué; u les sites de PÉS, qu’ils soient fixes, mobiles ou autres, ne soient pas exploités à des fins de surveillance policière; u le personnel du PÉS ne fasse pas obstruction aux activités d’application de la loi u Établir un protocole pour la résolution d’éventuels conflits entre le PÉS et des intervenants d’application de la loi Introduction Les efforts des PÉS pour réduire la transmission du VIH, du VHB, du VHC et d’autres pathogènes hématogènes peuvent subir des répercussions d’actions des agents d’application de la loi. La littérature indique que des pratiques dans l’application de la loi entrent parfois en conflit avec des activités de PÉS; et les relations entre ces derniers et des instances d’application de la loi peuvent devenir problématiques, notamment en présence d’une impression que la fourniture de seringues et d’autres services des PÉS constitue un appui à une activité illicite, et y incite. Les agents de la loi qui ne sont pas familiarisés avec la raison d’être et le corpus de données concernant les PÉS peuvent ne pas être en faveur des efforts du personnel du programme, ainsi que des clients, pour réduire la transmission de pathogènes hématogènes. Par conséquent, les forces policières se servent parfois des PÉS à des fins de surveillance, et peuvent harceler les clients qui en sortent, ou confisquer les instruments stériles qui leur ont été remis. Ainsi, des UDI peuvent être réticents à se rendre dans des PÉS. Au Canada, notons que la possession de seringues stériles, neuves, n’est pas illégale. Les interventions et descentes de police ainsi que la recrudescence des arrestations, dans les secteurs où des drogues sont communément vendues et achetées, peuvent contribuer à une réduction de l’usage de drogue, à courte échéance, mais elles incitent aussi les clients à éviter le recours aux services de PÉS. De plus, il a été observé que les interventions policières peuvent repousser les utilisateurs de drogue vers 265 d’autres secteurs, et/ou réduire momentanément l’usage de drogue qui revient ensuite à son niveau initial en peu de temps. Par ailleurs, des données récentes ont révélé que l’augmentation du nombre d’agents de police dans une communauté et des sommes d’argent dépensé pour l’incarcération, ne réduit pas le nombre de personnes qui s’injectent des drogues. Cependant, cette intensification de la présence policière, des arrestations et des incarcérations est associée à une forte prévalence du VIH parmi ces personnes. La crainte d’être arrêté alors qu’ils sont en possession de drogue et/ou de matériel d’injection peut pousser des UDI à se dépêcher lorsqu’ils s’injectent, à escamoter les techniques plus sûres pour l’injection (p. ex. le nettoyage des mains et de la peau), et à être si nerveux qu’ils n’arrivent pas à se faire l’injection avec la précision requise. Toutes ces conséquences peuvent augmenter le risque de problèmes découlant de l’injection, comme des infections et des dommages à la peau et aux tissus mous. D’après l’expérience d’intervenants de PÉS, la coopération, la négociation et l’éducation peuvent aider à atténuer l’impression que les PÉS et les agences d’application de la loi travaillent dans des directions qui s’opposent. L’établissement d’une relation avec les agences locales d’application de la loi, avant l’inauguration d’un PÉS, est une importante étape du développement du programme, et il peut réduire les chances de harcèlement policier à l’égard du personnel et de la clientèle du PÉS. D’après l’expérience d’intervenants de PÉS, les activités suivantes peuvent réduire ou éliminer les tensions entre les PÉS et les agences d’application de la loi. Demander au médecin hygiéniste local et/ou au directeur général d’un organisme communautaire de rencontrer le chef de police afin de lui parler du PÉS, de ses buts et procédures, et des manières dont le PÉS et les agents d’application de la loi seront appelés à interagir (ou pas). Établir un contact avec l’agent de liaison communautaire du service de police. Le but de telles relations est de faire en sorte que les activités du PÉS et des agences locales d’application de la loi n’entrent pas en conflit et ne causent pas de tensions et de difficultés. Il est important d’établir des politiques et procédures relativement aux relations entre le PÉS et les intervenants d’application de la loi; notamment : u une procédure pour que les deux parties puissent discuter de conflits et les résoudre u une entente à l’effet que les sites et véhicules du PÉS ne seront pas exploités à des fins de surveillance policière u une entente à l’effet que la police n’entrera pas dans les locaux et véhicules du PÉS sans un mandat officiel ou sans avoir été invitée à le faire u une entente à l’effet que les employés du PÉS ne feront pas interférence aux activités de la police. L’établissement d’une relation avec l’agent de liaison communautaire de la police locale peut fournir une voie d’accès propice à faire en sorte que les deux parties comprennent leurs buts et responsabilités respectifs. Une telle relation peut fournir des occasions où les PÉS ont la possibilité de réaliser des ateliers pour les agents d’application de la loi. De tels ateliers peuvent véhiculer de l’information sur : 266 u le PÉS, ses buts et procédures u les idées erronées au sujet des buts et objectifs des PÉS u les données sur l’efficacité des PÉS u les facteurs sous-jacents de l’usage de drogues illicites ou qui y contribuent (p. ex. la pauvreté, le chômage) ainsi que les conséquences sur le plan de la santé u les conséquences de l’usage de drogues illicites sur la santé u les données à l’effet que les PÉS ne contribuent pas à une augmentation du taux de criminalité et n’encouragent pas à commencer ou à continuer à consommer de la drogue par injection u les conséquences de la confiscation ou de la destruction du matériel de réduction des méfaits. Des ateliers peuvent aussi faire partie d’une formation en milieu de travail pour la prévention des blessures impliquant des aiguilles. Ces dernières sont une préoccupation pour la police, et le fait d’enseigner les techniques pour les prévenir peut être utile à créer ou à améliorer des relations de collaboration entre les PÉS et la police. Le fait de travailler de manière collaborative avec la police peut contribuer à rehausser la compréhension, par cette dernière, de la nécessité des services de PÉS ainsi que des bienfaits sanitaires de tels programmes. Cela permet aussi que les deux parties travaillent ensemble à rechercher des solutions qui correspondent aux besoins des deux parties, en intégrant des stratégies pour la réduction des conséquences néfastes de l’injection de drogue sur la santé, tout en laissant les agents de police faire leur travail d’application de la loi. Co n s i d é r a t i o n s La littérature est rare, au sujet des moyens de faire en sorte que les agences d’application de la loi n’interfèrent pas avec les buts des services de PÉS; toutefois, nous avons examiné les perspectives des sources disponibles, afin de formuler les meilleures stratégies possibles pour développer des relations entre les PÉS et les intervenants d’application de la loi. Certains PÉS remettent à leurs clients des cartes d’« identité » sur lesquelles il est affirmé que l’individu est un client du PÉS. Des PÉS négocient avec la police l’instauration d’une politique à l’effet que les agents ne confisquent pas les seringues ou autres instruments que possèdent les UDI munis d’une telle carte (Loue et al., 1995). Cependant, certains PÉS ont exprimé la crainte que, lorsqu’un UDI est arrêté par la police pour une situation n’ayant pas de lien avec l’usage de drogue, et que cette carte d’appartenance à la clientèle d’un PÉS est découverte en sa possession, il se peut que cette personne soit l’objet de vérifications et/ou de fouilles plus poussées que ce que requiert la situation en l’espèce. Do n n é e s Interventions policières En 2003, une vaste intervention policière pour réduire l’usage de drogue illicite dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver, a été observée afin de déterminer son impact sur les comportements liés à l’injection de drogue (Wood et al., 2004). Des renseignements sur l’usage de drogue, les comportements à risque, l’accès à des services de santé, et le degré d’efficacité que les efforts d’application de la loi ont pu avoir sur la fourniture de drogues, ont été collectés auprès de 244 UDI trois mois avant l’intervention policière, puis auprès de 142 UDI trois mois après son amorce. Il a été signalé par des UDI que la présence 267 policière avait conduit à d’importants changements quant aux lieux publics fréquentés pour l’usage de drogue (i.e. changement de quartier, ou de ruelle). De plus, les répondants ont déclaré un contact moindre avec des infirmières de rue, et se sont montré moins disposés à avoir recours à un lieu sécuritaire pour l’injection. Bien que le nombre de seringues usagées trouvées dans les rues du cœur du quartier ait été considérablement réduit, on a observé une augmentation considérable de ce nombre dans des secteurs connexes, ainsi qu’une importante diminution de l’utilisation des boîtes publiques destinées à recueillir de manière sécuritaire les seringues usagées. On a également observé une diminution significative du nombre de seringues usagées rapportées au plus grand PÉS de Vancouver. Il a été constaté que les interventions policières ont des répercussions néfastes sur la capacité des UDI d’appliquer des mesures de réduction des méfaits. Entre août et décembre 2000, Cooper et al. (2005) ont interviewé 40 UDI du Bronx, afin de déterminer comment une telle intervention affectait leurs comportements liés à l’usage de drogue. La surveillance policière accrue dans les espaces publics et les chances accrues d’être arrêté par la police étaient les deux principaux facteurs faisant obstacle à l’utilisation de méthodes plus sécuritaires pour l’injection, par des UDI. Diverses stratégies pour éviter la police ont rendu des UDI plus vulnérables à des problèmes de santé liés à l’injection. Certains qui s’injectaient dans des lieux publics ont déclaré qu’ils se dépêchaient davantage afin de ne pas être pris sur le fait. D’autres ont déclaré se sentir en situation de risque lorsqu’ils rentraient à leur domicile après avoir acheté de la drogue et devaient passer par des secteurs surveillés par la police, en conséquence de quoi ils avaient décidé de se faire l’injection dehors. Plusieurs UDI ont déclaré ne pas avoir nettoyé leur peau, afin de prendre moins de temps, ce qui augmente leurs risques d’abcès, de cellulite et d’endocardite. Certains ont déclaré cacher des drogues dans leur bouche, de sorte que s’ils étaient approchés par la police ils étaient prêts à avaler les drogues pour éviter d’être arrêtés. Cette action n’est pas seulement un facteur qui compromet l’hygiène du produit injecté, mais elle place aussi les UDI en situation de risque de surdose. Étant donné que les seringues ne pouvaient pas être cachées sur eux de manière sûre, des participants en ont caché dans des lieux publics du voisinage; cela comporte des risques pour la santé publique, pour la sécurité des enfants du quartier, ainsi que pour les UDI qui ont pu s’exposer à des infections si d’autres avaient emprunté ces seringues, ou s’ils se sont retrouvés sans seringue parce que quelqu’un les avaient volées. Dans une étude similaire, la fluctuation du recours à des PÉS a été examinée, sur une période de neuf mois et après l’amorce d’une intervention policière intense et de longue durée visant à contrer l’activité liée à la drogue, à Philadelphie (Davis et al., 2005). L’intervention policière impliquait des policiers vêtus en civil, postés à des intersections stratégiques dont plusieurs à proximité des sites de PÉS. Bien que l’intervention policière ait réduit la présence de trafic de drogue aux intersections ciblées, elle a également été associée à une diminution de l’utilisation du PÉS, en particulier parmi les clients de sexe masculin et ceux de race noire. La diminution du recours au PÉS porte à croire que les ex-clients de PÉS ont possiblement augmenté leur partage et leur réutilisation de seringues, augmentant ainsi le risque de contracter des infections transmissibles. Par ailleurs, de nombreux cas de harcèlement policier à l’égard de clients du PÉS ont été signalés; au moins un client a été arrêté parce qu’il était en possession de seringues obtenues au site du PÉS. Une intense opération policière anti-drogue, à Melbourne, Australie, a eu plusieurs conséquences néfastes sur la capacité des UDI d’appliquer les consignes d’injection plus sécuritaire. Aitken et al. (2002) ont réalisé une étude qualitative des répercussions de l’opération sur la vie des UDI et des trafiquants de drogue. 268 Les UDI ont signalé que même si l’opération avait rendu l’obtention de drogue plus difficile, son effet sur l’ensemble du marché avait été minime et temporaire. L’opération policière a provoqué le déplacement des vendeurs de drogue de la rue vers des lieux où la police était moins présente, comme des cafés. Certains UDI ont opté pour se faire des injections dans des ruelles, étant seuls, ce qui réduit les chances qu’une personne les découvre si une surdose se produisait. Un participant a déclaré avoir utilisé une vieille seringue d’un copain, parce qu’il ne se sentait pas à l’aise de passer devant les policiers qui se tenaient en face du local du PÉS. Dans leur étude du secteur Cabramatta, quartier de Sydney ayant la réputation de capitale australienne de l’héroïne, Maher et Dizon (1999) ont consulté 143 utilisateurs actifs d’héroïne, entre 1995 et 1997, afin de déterminer l’impact de quelques opérations policières intensives qui ont été déployées à cette époque. Pendant les opérations anti-drogues, les UDI se sont déclarés plus réticents à porter sur eux du matériel pour l’injection; certains ont déclaré utiliser des seringues usagées trouvées dans la rue ou empruntées à des copains. Plusieurs participants ont déclaré que, lorsque des policiers les attrapaient en possession de seringues, ils les détruisaient ou exigeaient que le propriétaire de ces instruments les détruisent. De plus, certains participants ont signalé avoir avalé de l’héroïne cachée dans leur bouche, afin d’éviter d’être attrapés, ce qui a donné lieu à quelques surdoses presque mortelles. La criminalité et les PÉS Marx et al. (2000) ont examiné les tendances, à Baltimore, dans les six mois précédant et suivant l’ouverture de deux sites de PÉS, en 1994. Bien qu’il y ait eu une augmentation du nombre d’arrestations pour possession de drogue dans les secteurs d’activité du programme, peu après l’ouverture des PÉS, les résultats indiquent que les arrestations liées à la drogue n’avaient pas augmenté de manière plus marquée dans les quartiers des PÉS que dans les autres secteurs de la ville, après l’entrée en activité du programme. On croit que l’augmentation des arrestations pour possession de drogue était associée à des blitz policiers peu après l’amorce du programme. Établir des relations avec les intervenants d’application de la loi Au moyen de données d’une étude qualitative auprès de 15 PÉS ontariens, Strike (2001) a signalé que la police et des PÉS font parfois entrave à leur travail respectif. Par exemple, des PÉS de l’Ontario sont parfois ciblés par une surveillance policière, ce qui décourage des clients d’aller aux sites fixes. Il est arrivé aussi que la police suive des véhicules de PÉS, dans la communauté. De plus, il est arrivé qu’elle détienne des clients qui sortaient d’un PÉS et qu’elle confisque tout instrument obtenu du programme. En revanche, bien que seulement quelques cas aient été signalés, il est arrivé que des PÉS fassent interférence dans des affaires policières (p. ex. des arrestations d’UDI sur les lieux). Toutefois, au moment où l’étude a été faite (fin des années 1990), la plupart des PÉS signalaient que leur relation avec la police locale était bonne; certains ont signalé un harcèlement continu à l’égard du personnel et des clients du PÉS. Des PÉS qui ont fait état de bonnes relations avec la police ont également signalé qu’un officier de police siégeait au comité consultatif du PÉS, et/ou que le médecin hygiéniste en chef ou le directeur général d’un organisme communautaire avait une relation soutenue avec la police, et qu’un ensemble de procédures et de politiques avait été adopté, relativement aux relations entre le PÉS et la police. Des participants ont signalé que le roulement au sein du personnel des PÉS et/ou de la police nécessite que les relations soient 269 régulièrement réexaminées. Somlai et al. (1999) ont mis en relief le fait que l’inclusion des intervenants locaux d’application de la loi, dans les phases de planification du PÉS Lifepoint, à Milwaukee, avait grandement allégé l’opposition des agents de la loi. Le personnel d’application de la loi a collecté des renseignements auprès d’homologues d’autres villes, afin de développer des lignes directrices et des politiques pour le travail avec le PÉS. Les forces de la loi ont adopté une position neutre à l’égard du PÉS et ont accepté de ne pas mener activement d’enquête particulière sur le programme et sa clientèle. Cependant, elles ont indiqué que les clients du PÉS seraient soumis aux mêmes activités d’application de la loi que les autres citoyens. Évaluation des pratiques d’application de la loi Dans une récente étude aux États-Unis, Freidman et al. (2006) ont examiné l’impact d’arrestations pour possession de cocaïne ou d’héroïne, du nombre d’employés de police par habitant ainsi que des dépenses correctionnelles par habitant, sur la prévalence de l’injection de drogue et la prévalence du VIH dans la population. Les résultats n’ont pas révélé de relation entre ces trois facteurs et la prévalence de l’injection de drogue. Freidman et al. (2006) ont avancé que les résultats démontrent que des dépenses accrues pour l’activité policière et l’incarcération ne conduisent pas nécessairement à une diminution de l’injection de drogue. Cependant, les résultats ont démontré que les trois facteurs étaient associés, en ce qui a trait à la prévalence du VIH. Freidman et al. (2006) ont conclu : “Ces résultats portent à croire que la répression légale peut ne pas avoir grand effet dissuasif à l’égard de l’injection de drogue, mais qu’elle peut avoir de lourdes conséquences au chapitre du VIH, et peut-être d’autres maladies parmi les utilisateurs de drogue par injection, leurs partenaires et la communauté de manière plus générale, et que des méthodes de rechange pour le maintien de l’ordre social méritent d’être examinées” (p. 97). Sutton et James (1996) ont examiné les travaux de diverses agences d’application de la loi en Australie, ils ont interviewé des employés de haut niveau dans les domaines des politiques, de la gestion et des opérations, ils ont évalué les données judiciaires pertinentes et ils ont élaboré des méthodes pour aider à faire en sorte que l’application de la loi en matière de drogue, en Australie, soit plus rationnelle et imputable. D’après leurs constats, il a été recommandé que les politiques sur l’application des lois en matière de drogue devraient refléter un engagement à l’égard de l’application de la loi – tout en fonctionnant sur la base des principes de la réduction des méfaits. Ceci implique le développement d’énoncés de politiques, et de pratiques afférentes qui précisent : comment les normes issues des principes de réduction des méfaits sont respectées; les résultats escomptés, comme les attentes en termes de réduction de l’approvisionnement de drogues illicites; et les stratégies pour la résolution de conflits entre le but de réduire l’approvisionnement en drogue et celui de réduire les méfaits associés à sa consommation. Pour mettre en œuvre ces objectifs etrehausser les capacités des agences d’application des lois en matière de drogue, il a été recommandé que ces dernières s’impliquent dans des collaborations multisectorielles afin de parvenir à une approche intégrée à la réduction de l’approvisionnement et à la réduction des méfaits; de développer une compréhension de la réduction des méfaits qui soit partagée par l’ensemble des agences; et de développer une stratégie intégrée pour la formation des agents de police et du personnel d’autres agences qui sont dépositaires d’enjeux. 270 Références Aitken C, Moore D, Higgs P, Kelsall J, Kerger M. The impact of a police crackdown on a street drug scene: evidence from the street. International Journal of Drug Policy 2002; 13: 193-202. Buning EC. Effects of Amsterdam needle and syringe exchange. The International Journal of the Addictions 1991; 26(12): 1303-1311. Cooper H, Moore L, Gruskin S, Krieger N. The impact of a police crackdown on drug injectors’ ability to practice harm reduction: A qualitative study. Social Science & Medicine 2005; 61(3): 673-684. Davis CS, Burris S, Kraut-Becher J, Lynch KG, Metzger D. Effects of an intensive street-level police intervention on syringe exchange program use in Philadelphia, Pa. American Journal of Public Health 2005; 95(2): 233236. Freidman SR, Cooper HLF, Tempalski B, Keem M, Freidman R, Flom PL, DesJarlais DC. Relationships of deterrence and law enforcement to drug-related harms among drug injectors in US metropolitan areas. AIDS 2006; 20:93-99. Loue S, Lurie P, Lloyd LS. Ethical issues raised by needle exchange programs. Journal of Law, Medicine, & Ethics 1995; 23: 382-388. Maher L, Dixon D. Policing and public health: Law enforcement and harm minimisation in a street-level drug market. British Journal of Criminology 1999; 39(4): 488-512. Marx MA, Crape B, Brookmeyer RS, Junge B, Latkin C, Vlahov D, Strathdee SA. Trends in crime and the introduction of a needle exchange program. American Journal of Public Health 2000; 90(12): 1933-1936. Somlai AM, Kelly JA, Otto-Salaj L, Nelson D. “Lifepoint”: a case study in using social science community identification data to guide the implementation of a needle exchange program. AIDS Education and Prevention 1999; 11(3): 187-202. Strike C. Organizational Responses to Illegitimacy: The Case of Needle Exchange Programs in Ontario. University of Toronto, Ph.D. Dissertation, 2001. Sutton A, James S. Evaluation of Australian drug anti-trafficking law enforcement. Payneham, Australia: National Police Research Unit. 1996. Wood E, Spittal PM, Small W, Kerr T, Li K, Hogg RS, Tyndall MW, Montaner, JSG, Schechter, MT. Displacement of Canada’s largest public illicit drug market in response to a police crackdown. Canadian Medical Association Journal 2004; 170 (10): 1551-1556. 271 272 Évaluation de programme 273 274 Évaluation de programme Recommandations de pratiques exemplaires – en détail Pour favoriser l’efficacité des PÉS: u Effectuer une évaluation continue du programme, pour déterminer à quel degré il satisfait les besoins des clients u Donner une formation au personnel afin que le but de l’évaluation et les activités qui s’y rattachent soient compris et acceptés u Impliquer des UDI dans la conception de la réalisation des évaluations u Développer un plan de programme, pour l’examen des résultats d’évaluation et l’adaptation du programme si nécessaire Introduction L’évaluation continue est une activité importante pour les PÉS; elle peut aider ses responsables et intervenants à déterminer le degré de succès du programme à satisfaire les besoins de sa clientèle, et leur permettre d’observer si des améliorations sont nécessaires. Les résultats d’évaluation peuvent aussi servir à démontrer l’efficacité du programme pour les membres de la communauté. L’OMS (WHO, 2005) signale que l’évaluation de programme est une activité cruciale et qu’elle “doit être prise en considération, planifiée, acceptée, et soutenue par des fonds, dès le début du programme” (p. 73) [trad.]. Les activités d’évaluation peuvent varier en complexité; les décisions quant aux types d’évaluation doivent tenir compte des besoins et des ressources de chaque programme. Diverses méthodes peuvent servir à collecter des renseignements pour l’évaluation – questionnaires, entrevues, dossiers de fréquentation, groupes de discussion, etc. Tout PÉS doit évaluer ses procédures (p. ex. son horaire d’ouverture et ses emplacements), la satisfaction de ses clients, le rayonnement des services (p. ex. le pourcentage d’UDI qui reçoivent les services). L’évaluation des retombées du programme est également importante; selon les compétences du personnel, il peut être nécessaire d’entrer en collaboration avec des évaluateurs ou chercheurs indépendants du PÉS. Comme on le signale dans la section Tâches pour le démarrage d’un PÉS, les personnes qui s’occupent de la planification du programme doivent comprendre la communauté à laquelle s’adressera le programme, avant de procéder à la conception de ce dernier. Toutefois, les populations d’UDI et les communautés avoisinantes se transforment, au fil du temps, et une collecte périodique d’information (p. ex., annuelle, ou aux deux ans) est nécessaire à faire en sorte que le programme en place corresponde aux besoins des clients et de la communauté. Voici des thèmes pertinents à la collecte de données périodiques : u combien d’UDI vivent dans la communauté et/ou la zone de rayonnement du PÉS u les lieux où les clients vivent, acquièrent et utilisent des drogues, et les secteurs qu’ils fréquentent u la situation des UDI sur les plans social, économique et sanitaire u les types de drogues utilisées et les modes de consommation u le degré de connaissance des risques et des comportements préventifs 275 u les tendances en matière de risque et de prévention u les ressources disponibles pour les UDI et leur taux d’utilisation. Des méthodes comme l’analyse de corpus de données existantes, les sondages, les groupes de discussion, les entrevues et les observations sur le terrain peuvent toutes servir à recueillir des données pertinentes. L’outil nommé “Rapid assessment and response guide on injecting drug use (IDU-RAR)”, disponible auprès de l’Organisation mondiale de la santé, offre des conseils pour le développement d’une stratégie de collecte d’information, la collecte proprement dite et l’interprétation des données, ainsi que le développement d’un plan d’action en conséquence. L’évaluation des processus implique une collecte structurée d’information sur le mode de fonctionnement du programme; cette évaluation peut servir à déterminer s’il fonctionne comme on l’avait prévu. En particulier, les programmes peuvent recueillir de l’information sur le nombre de services fournis aux clients et leur fréquence; cette information aide à calculer le nombre de clients desservis et à déterminer quels types de programmes sont le plus utilisés (p. ex. fourniture de matériel, counselling, références). Ces statistiques peuvent aider les programmes à établir : u le besoin de ressources (p. ex. équipement) u le besoin de mettre en œuvre de nouveaux modèles de fourniture de services u les exigences en termes de personnel, quant au nombre ainsi qu’aux types de compétences utiles L’évaluation du degré de satisfaction de la clientèle peut prendre diverses formes, des sondages continus aux groupes de discussion, en passant par les forums pour les clients. Dans l’évaluation de cette satisfaction, il est important d’obtenir le feed-back de tous les types de clients (p. ex. les utilisateurs fréquents et occasionnels, les jeunes et les moins jeunes, les hommes et les femmes, etc.). En soi, une enquête distincte afin d’examiner ces éléments parmi les non-clients est aussi nécessaire. Comprendre les facteurs qui motivent des clients à fréquenter régulièrement le PÉS, ou pas, peut fournir d’importants éléments de connaissance sur la manière dont le programme est fourni, et sur les éléments qui fonctionnent bien et ceux qui ont besoin d’améliorations. La compréhension des raisons pour lesquelles certains UDI n’utilisent pas le PÉS est aussi très importante pour le développement de programmes et leur efficacité. Comme nous en discutons dans la section sur L’échange de seringues et d’aiguilles, certains PÉS utilisent des numéros de clients pour confirmer la participation aux programmes et pour tenir un registre de la fourniture de services, au fil du temps, à des fins d’évaluation de programme. L’utilisation de tels codes présente à la fois des avantages et des inconvénients, dont un sommaire est présenté au Tableau 11. 276 Tableau 11: Avantages et inconvénients de l’utilisation de numéros d’identification de clients Avantages Inconvénients Les PÉS peuvent collecter des données pour l’évaluation des programmes, p. ex. combien d’UDI par année ont recours aux services Les clients peuvent oublier leur numéro d’identification, ce qui entraîne des problèmes dans le suivi Le recours au PÉS peut être examiné pour chaque client, et les données peuvent être utiles à des interventions ciblées. Par exemple, les clients qui échangent en grande quantité peuvent être détectés en tant qu’agents potentiels d’échange entre pairs Le suivi des numéros de clients peut exiger un temps administratif considérable. Des procédures doivent être en place pour collecter les données en temps opportun et de manière adéquate Les PÉS peuvent collecter des données sur l’objet, le moment, le lieu et les récipiendaires des services fournis; cela les aidera à ajuster le programme en fonction des besoins de la communauté Le suivi des numéros de clients peut être un défi, dans un milieu occupé, comme une camionnette de PÉS Les PÉS peuvent effectuer un suivi sur les taux de retour par les clients. Cependant, cela n’est pas recommandé puisque les taux de retour sur le plan individuel (i.e. par client) ont une utilité limitée dans la compréhension des taux de retour sécuritaire (voir la section Sécurité accrue de la manipulation et de la mise au rebut de matériel d’injection usagé) Le manque de confidentialité (réel ou perçu) peut conduire des personnes à ne pas avoir recours au PÉS L’évaluation de l’impact du programme est très importante et elle nécessite des types particuliers d’évaluation et de méthodes de recherche. Les indicateurs de succès pouvant être évalués incluent la séroconversion au VIH et au VHC ainsi que la modification comportementale. I-Track, le système de « surveillance améliorée des comportements à risque chez les utilisateurs de drogues injectables au Canada », est une enquête transversale et répétée que finance l’Agence de santé publique du Canada (2004). Des renseignements démographiques ainsi que sur l’usage de drogue et les comportements à risque sont recueillis, et des tests anonymes pour le VIH et le VHC sont effectués au moyen d’échantillons sanguins prélevés au bout du doigt, ou de prélèvements de salive. Cette surveillance continue est effectuée dans des PÉS sélectionnés, aux quatre coins du Canada; cependant, l’utilisation de méthodes et de procédures de collecte de données semblables, par d’autres PÉS, livrerait une information importante qui serait comparable d’un programme à l’autre. L’Organisation mondiale de la santé (www.who.int) offre une excellente série de ressources à télécharger gratuitement, qui sont utiles au développement de programme; notamment : u“Rapid assessment and response guide on injecting drug use” (IDU-RAR) u”Policy and programming guide for HIV/AIDS prevention and care among IDUs” u”Training guide for HIV prevention outreach to IDUs” 277 Co n s i d é r a t i o n s Pour les intervenants de PÉS, la fourniture de services et la réalisation d’évaluations continues et/ou périodiques sont exigeantes aussi en termes de temps. Si les données d’évaluation ne sont pas utilisées, le personnel risque de mettre en question l’utilité de telles activités, et de ne pas accorder le temps ou l’effort voulu à leurs tâches évaluatives. Par ailleurs, des clients peuvent craindre des conséquences d’une participation à l’évaluation (p. ex. la perte de services) et de leur expression de satisfaction ou d’insatisfaction à l’égard du programme. L’implication des employés et des clients est importante pour assurer que les activités d’évaluation soient pertinentes au travail effectué par le personnel et aux services reçus par les clients. De plus, il est important de partager les résultats d’évaluation avec le personnel et la clientèle, pour faire savoir que leurs points de vue sont pris au sérieux et pour favoriser d’autres occasions de contribution au développement de programme. Références Santé Canada, ITrack – Surveillance améliorée des comportements à risque chez les utilisateurs de drogues injectables au Canada, rapport sur l’étude pilote, 2004. http://www.phac-aspc.gc.ca/i-track/index_f.html WHO. Rapid assessment and response guide on injecting drug use (IDU-RAR). Geneva: World Health Organization. 2005. Accessed September 2005 from: www.who.int/hiv WHO. Policy and programming guide for HIV/AIDS prevention and care among injecting drug users. Geneva: World Health Organization. 2005. Accessed May 2005 from: www.who.int/hiv WHO. Training guide for HIV prevention outreach to injecting drug users. Accessed May 2005 from: www. who.int/hiv 278 Autres considérations pour les PÉS 279 280 A u tres co n si d ératio n s po u r les P É S Méthamphétamine Depuis peu, des préoccupations sont exprimées dans les médias et par plusieurs programmes-terrain, à l’égard d’une augmentation de popularité de la méthamphétamine. Pour les PÉS, la méthamphétamine peut être problématique si sa popularité entraîne une augmentation du nombre d’UDI dans la communauté. Bien que semblable à celle de la cocaïne, la pharmacologie de cette drogue est différente et peut donner lieu à de nouvelles préoccupations pour les clients de PÉS. Ces enjeux sont examinés de plus près ci-dessous. La méthamphétamine est une drogue de synthèse classifiée comme un stimulant de type amphétamine (parfois désigné par l’acronyme ATS, issu de l’expression anglaise « amphetamine-type stimulant »). Elle agit sur le système nerveux central. Elle stimule la libération excessive de dopamine, qui rehausse l’humeur et les mouvements corporels. Elle peut être fumée, reniflée, injectée ou consommée par voie orale, selon la forme; elle est communément appelée « meth », « speed », « crystal », « chalk » et « ice » (National Institute on Drug Abuse [NIDA], 2002). La méthamphétamine se fabrique assez facilement dans des laboratoires clandestins, au moyen d’ingrédients pharmaceutiques peu coûteux et vendus sans ordonnance, comme les comprimés contenant de l’éphédrine ou de la pseudoéphédrine (« comprimés amaigrissants » et médicaments contre les symptômes du rhume), combinés à des produits chimiques comme l’acétone, l’alcool à friction et le fréon (Gunter et al., 2004). En comparaison avec d’autres drogues illicites, le prix de la méthamphétamine est relativement bas; il est possible de maintenir une habitude de sa consommation pour aussi peu que 5 dollars par jour (Consensus Panel Report, 2005). Une poussée (rush) ou sensation intense est ressentie par l’utilisateur pendant quelques minutes, immédiatement après avoir fumé la drogue ou se l’être injectée. Lorsque cette dernière est reniflée ou avalée, l’effet se manifeste moins rapidement et il prend la forme d’une euphorie plutôt que d’une poussée. Après la phase d’euphorie, l’utilisateur se sent habituellement fatigué et déprimé, puisque la drogue supprime la production normale de dopamine (NIDA, 2002). La méthamphétamine est plus puissante que l’amphétamine (Degenhardt & Topp, 2003) et, bien qu’elle présente des ressemblances avec la cocaïne, elle est métabolisée par le corps à un rythme beaucoup plus lent, et ses effets peuvent durer jusqu’à 24 heures (Consensus Panel Report, 2005). L’usage de méthamphétamine a de nombreux effets à court et à long terme. À court terme, ces effets sont la hausse d’énergie, l’insomnie, l’irritabilité, l’assèchement de la bouche, la diminution d’appétit, la nausée, une accélération du rythme cardiaque et respiratoire, et une hausse de la température du corps. Un effet secondaire particulièrement problématique est le comportement violent et agressif d’utilisateurs, qui a entraîné une augmentation des incidents de violence domestique et d’admissions dans des salles d’urgence (Cretzmeyer et al., 2003). Dans une étude auprès de 1 016 patients extrahospitaliers dépendants de la méthamphétamine, inscrits au Methamphetamine Treatment Project, Zweben et al. (2004) ont constaté que les utilisateurs déclaraient, à des taux élevés, des symptômes psychiatriques comme la dépression, et avaient de la difficulté à contrôler des comportements violents et agressifs. Ce phénomène peut être problématique pour le personnel des urgences d’hôpitaux et d’autres fournisseurs de soins qui ont affaire à des personnes en telle situation. Lorsque la méthamphétamine est utilisée régulièrement, une tolérance se développe rapidement (CAMH, 281 2001) et peut conduire à la consommation de doses plus fortes et plus fréquentes. Les effets secondaires à long terme de la consommation de métamphétamine peuvent inclure des affections comme la paranoïa, la confusion, les troubles de l’humeur, l’anxiété, la perte de mémoire et la maladie périodontique (Consensus Panel Report, 2005). De plus, des dommages irréversibles à des vaisseaux sanguins dans le cerveau peuvent entraîner des accidents cérébrovasculaires (ACV), et des effets sur le système nerveux central, comme l’hyperthermie et des convulsions, peuvent conduire au décès s’ils ne sont pas traités immédiatement (NIDA, 2005). Les personnes qui s’injectent de la méthamphétamine ont un risque accru de dommages au cœur associés à cette drogue. Des vaisseaux sanguins endommagés, des abcès de la peau au point d’injection ou à proximité (Brands, Sproule, Marshman, 1998), l’endocardite et la septicémie sont répandus parmi les utilisateurs réguliers de stimulants comme la méthamphétamine (Consensus Panel Report, 2005). Dans le processus de fabrication, la drogue peut être contaminée par des substances connues comme des causes d’empoisonnement au plomb, chez des UDI, et il peut se produire un blocage de vaisseaux sanguins si la drogue renferme des particules insolubles qui iraient se loger dans de petits vaisseaux des mains, des pieds, des poumons ou du cerveau (Brands et al., 1998). L’injection est une méthode fréquente d’administration de la méthamphétamine (Cretzmeyer et al., 2003); les utilisateurs qui la consomment de cette manière ont également un risque de contracter le VIH, le VHC et d’autres pathogènes hématogènes s’ils partagent du matériel d’injection. Vu l’atténuation des inhibitions, l’usage de méthamphétamine conduit parfois l’utilisateur à des comportements sexuels à risque de transmission de pathogènes hématogènes (Consensus Panel Report, 2005). Dans leur étude auprès de 194 hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, à San Diego, Californie, Semple et al. (2004) ont constaté que ceux qui s’injectaient la méthamphétamine signalaient utiliser cette drogue depuis un plus grand nombre d’années et en faire usage avec une plus grande intensité; ils ont également décelé parmi ceux-ci une plus grande prévalence de problèmes sociaux et de santé, notamment quant à l’infection à VIH, aux ITS, et aux comportements sexuels à risque, en comparaison avec les utilisateurs de méthamphétamine par d’autres voies que l’injection. L’Enquête sur les toxicomanies au Canada (CCLAT, 2004) est une compilation de données sur l’usage d’alcool et d’autres drogues parmi les Canadien-nes de 15 ans et plus. Bien que l’on y aborde seulement les stimulants de type amphétamine dans leur ensemble (en les désignant par l’appellation speed, dans l’instrument), et non l’usage méthamphétamine en particulier, les chiffres semblent indiquer une faible prévalence, avec un taux de prévalence au cours de la vie établi à 6,4 %, pour le speed, et une prévalence de moins de 1 % de l’usage au cours des douze mois précédents. Cependant, cela pourrait ne pas être un portrait exact de l’usage de méthamphétamine, puisque l’enquête a été réalisée au téléphone et dans des écoles secondaires, et qu’elle n’a pas interrogé de populations difficiles à joindre, comme les jeunes de la rue, ni les résidants de régions rurales et éloignées. Par ailleurs, on observe des signes d’augmentation de la consommation de méthamphétamine, dans le nombre accru d’admissions à l’hôpital pour des motifs liés à cette drogue, mais aussi dans les contacts de la police et dans les statistiques sur le nombre de clients qui ont recours à des traitements dans la communauté (Consensus Panel Report, 2005). 282 OxyContin™ Pour les PÉS, l’OxyContin™ peut donner lieu à de nouveaux défis et préoccupations à l’égard des clients. D’après des rapports anecdotiques de travailleurs de certains PÉS, certains de leurs clients utilisent de l’OxyContin™. La consommation illicite d’OxyContin™ a grandement augmenté, depuis la mise en marché de ce médicament en 1995. OxyContin™ est la marque de commerce du chlorhydrate d’oxycodone – un opioïde semi-synthétique (narcotique). La hausse de la consommation d’OxyContin™ parmi les jeunes inquiète. Dans les provinces de l’Atlantique, des écoles et des services de police ont exprimé des préoccupations devant le nombre croissant de jeunes qui demandent un traitement pour la dépendance à l’OxyContin™ (OxyContin Task Force, 2004). Aux États-Unis, une enquête du National Institute on Drug Abuse (NIDA, 2004) a démontré que 1,7 % des élèves de 8e année, 3,5 % des élèves de 10e année et 5,0 % des élèves de 12e année avaient utilisé de l’OxyContin™ pendant l’année précédente. Des données sur la consommation d’OxyContin™ parmi les jeunes en Ontario sont présentement collectées (CAMH, 2005) et ne sont pas encore disponibles au moment d’imprimer le présent document. Bien que sa pharmacologie soit semblable à d’autres opiacés, cette drogue est différente et peut donner lieu à de nouvelles préoccupations pour les clients de PÉS (p. ex. en ce qui concerne la surdose). Ces questions sont examinées de plus près ci-dessous. Les premiers cas signalés de consommation illicite d’OxyContin™ concernaient des personnes de régions rurales des États-Unis (p. ex. des Appalaches), d’où son surnom d’« héroïne des hillbillies » [montagnards du Sud états-unien]. D’autres noms pour le désigner sont Oxy, OC, Oxycotton, Killer, Kicker et « héroïne du pauvre ». Il s’agit d’un médicament anti-douleur vendu sur ordonnance, qui procure un soulagement durable de la douleur chronique, forte ou modérée. L’oxycodone est également une composante des Percocet et des Percodan, mais ces anti-douleurs ont une action de courte durée et contiennent une dose plus faible d’oxycodone (2,5 à 5 mg par comprimé). L’OxyContin™ contient de 10 à 80 mg d’oxycodone, et son mécanisme de libération graduelle le fait durer 12 heures. Le fait de croquer ou d’écraser les comprimés contourne le mécanisme de libération graduelle et procure rapidement une forte dose d’oxycodone. Les comprimés écrasés peuvent être reniflés ou injectés; ils procurent alors une euphorie semblable à celle que donne l’héroïne. L’OxyContin™ entraîne une forte dépendance; sa qualité de médicament d’ordonnance assure une dose constante et un effet fiable. Dans une étude auprès d’utilisateurs d’OxyContin™ en instance de traitement, dans l’État du Kentucky, la dose quotidienne moyenne consommée était de 184 mg (Hays, 2004). Les effets secondaires de la consommation d’OxyContin™ incluent une atténuation du degré de conscience et de la sensibilité à la douleur, l’incapacité de se concentrer, la somnolence, la respiration plus lente et plus superficielle, ainsi qu’une diminution du rythme cardiaque et de la pression sanguine. Les effets du sevrage incluent un état de manque incontrôlable; ils sont semblables au sevrage de la morphine (p. ex., douleur musculaire, nausée, diarrhée, agitation et transpiration). Il a été affirmé qu’il est pire que le sevrage de l’héroïne et qu’il dure plus longtemps. Vu la forte dose d’oxycodone, la surdose accidentelle est facile. Aux États-Unis, quelques centaines de personnes sont décédées de surdoses liées à l’OxyContin™, au cours des récentes années (Cone et al., 283 2003). Cependant, ces statistiques de mortalité devraient être interprétées avec prudence. Dans plusieurs cas, l’usage de drogues multiples a empêché que la substance responsable du décès puisse être clairement identifiée. Comme d’autres opiacés, la surdose d’OxyContin™ est caractérisée par un sommeil profond qui peut progresser en stupeur ou en coma; une faible pression sanguine, un rythme cardiaque lent, la cyanose (coloration bleue ou violacée de la peau, due à un manque d’oxygène), une respiration lente, une basse température corporelle, une mollesse musculaire, une peau froide et moite, et le décès. Considérations relatives à l’OxyContin™ Étant donné que l’OxyContin™ est de qualité d’ordonnance, on s’inquiète moins d’effets négatifs sur la santé dus à des adultérants fréquents dans les drogues de la rue. Néanmoins, les comprimés sont conçus pour être avalés, et ils contiennent des substances non médicinales qui ne se prêtent pas à l’injection. Les jeunes qui s’injectent de l’OxyContin™ peuvent être difficiles à attirer vers des PÉS (voir, p. ex., Bailey et al., 2003; Normand, Vlahov, Moses, 1995), bien qu’ils aient des risques d’infections associées au partage de seringues et d’autres instruments. De plus, les services de traitement de la toxicomanie et les programmes de réduction des méfaits pourraient devoir ajuster leurs services en fonction des besoins des jeunes qui ont une dépendance à l’OxyContin™ – i.e., par injection ou par d’autres voies. L’Adolescent House, un programme ambulatoire de santé mentale à St. John’s, Terre-Neuve, a récemment signalé qu’une demande croissante venant de jeunes dépendants de l’OxyContin™ pesait lourd sur ses ressources (OxyContin Task Force 2004). En réaction à cette situation, le programme a cherché des ressources additionnelles, par le biais de partenariats communautaires ainsi que de références à des programmes résidentiels de traitement dans d’autres provinces. Aux États-Unis et au Canada, la dépendance à l’OxyContin™ a été associée à des augmentations du nombre de vols par effraction dans des résidences et des pharmacies. En Ontario, plusieurs pharmacies ont cessé ou restreint sa vente, en raison de préoccupations liées à la sécurité (voir, p. ex., www.medi-plus.ca/article/267. asp). Buprénorphine Le chlorhydrate de buprénorphine (marque de commerce : Subutex) a été approuvé au Canada pour le traitement de la dépendance aux opiacés, en février 2005. Cet opioïde semi-synthétique atténue le manque de drogue, réduit les symptômes de sevrage et bloque les effets d’une consommation subséquente d’un opiacé (Brands, Sproule, Marshman, 1998). Il est utilisé également pour traiter la douleur de modérée à grave; à titre d’analgésique, il est de 25 à 50 fois plus puissant que la morphine (Brands, Sproule, Marshman, 1998). La disponibilité du chlorhydrate de buprénorphine (ou buprénorphine) s’élargit, dans le monde; en France, c’est la substance la plus fréquemment prescrite pour le traitement de substitution aux opiacés. En comparaison avec la méthadone, la buprénorphine peut présenter plusieurs avantages. Son effet dure plus longtemps, le risque de surdose est moindre et ses symptômes de sevrage sont moins nombreux. 284 Les comprimés existent en dose de 2 mg et de 8 mg. Ils se dissolvent sous la langue (administration sublinguale); l’effet est moindre si on les croque ou si on les avale. Le traitement est amorcé avec 2 à 4 mg le premier jour; on augmente la dose à entre 12 et 16 mg le deuxième jour, et la dose stable pour la plupart des patients varie entre 2 mg et 32 mg par jour (The Medical Letter Inc., 2004; Brands, Sproule, Marshman, 1998). À la dose de 8 mg par jour en administration sublinguale, la buprénorphine supprime l’usage d’héroïne aussi bien (ou mieux) que la méthadone à 60 mg (Brands, Sproule, Marshman, 1998). Dans des essais cliniques aux États-Unis, Schottenfeld et al. (2000) et Marsh et al. (2005) ont observé que des doses administrées aux deux jours, et à raison de trois fois par semaine, étaient des thérapies efficaces pour la substitution aux opiacés. Après l’atteinte et la stabilisation à une dose suffisante, la buprénorphine est souvent prescrite comme médicament à apporter chez soi, le risque de diversion et de surdose étant considéré moindre que pour la méthadone. Les patients en traitement d’entretien à la méthadone peuvent être transférés à un traitement de buprénorphine, mais leurs doses de méthadone doivent être réduites avant le changement (Seattle and King County Public Health, 2004). À des doses plus élevées, l’effet de la buprénorphine plafonne (Brands, Sproule, Marshman, 1998). En conséquence, on craint moins la surdose (même lorsque la buprénorphine est consommée avec d’autres opioïdes), que dans le cas d’autres traitements, comme la méthadone (WHO, 2004). Les effets secondaires les plus souvent signalés, pour la buprénorphine, sont des symptômes semblables à ceux d’une grippe ou d’un rhume, des maux de tête, la transpiration, la difficulté à dormir, la nausée et les sautes d’humeur (Brands, Sproule, Marshman, 1998). À de fortes dose et lorsque combiné à d’autres opioïdes, la buprénorphine est associée à une dépression respiratoire (difficulté à respirer). Cependant, elle ne cause pas de dépression respiratoire mortelle même à raison de dix fois la dose analgésique, ou en combinaison avec d’autres opioïdes (U.S. Food and Drug Administration/Centre for Drug Evaluation and Research, 2002). Considérations relatives à la buprénorphine Étant donné que la buprénorphine n’est introduite que depuis peu de temps, il reste à établir plusieurs éléments à son sujet. Par exemple, le type de formation que devraient avoir les praticiens, comme les médecins, pharmaciens et infirmiers, n’a pas encore été établi (WHO, 2004). Dans chaque province et territoire canadien, des décisions devront être prises, à savoir si les médecins devront détenir une autorisation spéciale pour la prescrire (Garmaise, 2005). La buprénorphine est présentement plus onéreuse que la méthadone (WHO, 2004). Des sources étatsuniennes estiment son coût à entre 280 $ et 350 $ (en devise U.S.) par mois (Seattle and King County Public Health, 2004; Medical Letter Inc., 2003). On ne sait pas si la buprénorphine sera fournie en vertu du Régime de médicaments de l’Ontario, ou couverte par les compagnies d’assurance. Bien que l’on ait d’abord considéré qu’elle était moins sujette à la diversion, la consommation illicite a été documentée; de plus, les comprimés peuvent être écrasés en poudre puis reniflés ou injectés. Aux États-Unis, afin de décourager l’injection illicite, la buprénorphine est combinée à du naloxone (marque de commerce : Suboxone) afin de contrecarrer l’effet d’opioïde (U.S. Food and Drug Administration, 2002; 285 Brands, Sproule, Marshman, 1998). Substitution à l’héroïne (diacétylmorphine) Des recherches sur des programmes de substitution à l’héroïne, en Europe (p. ex. en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni) ont démontré que cette forme de traitement est associée à un risque réduit d’infection par le VIH, et à une amélioration générale de la qualité de vie (Millson et al., 2005). Les tenants de ces initiatives proposent que la substitution à l’héroïne soit offerte pour le traitement d’UDI qui ont déjà fait des essais et échoué dans d’autres traitements comme l’entretien à la méthadone et les programmes d’abstinence (Metrebian et al., dans CCBH 2002; Fischer and Rehm, 1997). Par exemple, Fischer et Rehm (1997) affirment que « bien que la méthadone soit un élément important d’une stratégie fondée sur la réduction des méfaits, pour le contrôle des opiacés, elle ne peut pas être considérée comme une solution suffisante ou parfaite. De fait, d’autres moyens efficaces de réduire les méfaits et les coûts associés aux opiacés doivent être examinés et évalués » (p. 369). Des études néerlandaises et suisses, en particulier, ont évalué l’impact de la prescription d’héroïne à des individus ayant une forte dépendance. Des résultats positifs, en termes de rétention au traitement, ont été observés. Cependant, des questions ont été soulevées à propos de la conception des études, et de la possibilité d’attribuer à la prescription d’héroïne des améliorations sanitaires et sociales (WHO, 2004). Néanmoins, un rapport de l’OMS (WHO, 1999) reconnaît que l’étude suisse avait démontré que : u l’héroïne injectable, en tant que modalité de traitement, est faisable; u les clients peuvent être maintenus à une dose stable d’héroïne; u avec certaines modifications, un programme de traitement à l’héroïne peut être fourni dans u un programme de traitement à l’héroïne peut atteindre des taux raisonnables de rétention; et u les améliorations ont été observées dans la santé physique et mentale des participants ainsi des centres de traitement qui fournissent l’entretien à la méthadone; que dans leur fonctionnement social, leur consommation déclarée de drogue, et la réduction des comportements criminels auto-déclarés. Au Canada, des plans sont en cours, pour étudier l’efficacité d’un programme de prescription d’héroïne, comme traitement pour la dépendance aux opiacés. La North American Opiate Medication Initiative (NAOMI) est un essai clinique qui examinera si l’héroïne prescrite médicalement peut réussir à attirer et à conserver des utilisateurs d’héroïne de la rue qui n’ont pas réussi des tentatives antérieures de traitement, y compris de méthadone. La NAOMI comptera 470 participants, répartis en deux groupes – prescription d’héroïne et entretien à la méthadone. L’étude se déroulera dans deux sites (Vancouver et Montréal); les participants du groupe qui se verra prescrire de l’héroïne seront traités ainsi pendant approximativement une année, puis transférés dans un autre programme de traitement. Lieux plus sécuritaires pour l’injection Les lieux plus sécuritaires pour l’injection (LSI) sont des établissements contrôlés de soins de santé où des UDI peuvent s’injecter, sous supervision médicale, des drogues qu’ils se sont préalablement procurées; ils 286 peuvent aussi y obtenir du matériel d’injection stérile, des soins de santé primaire, des soins d’urgence en cas de surdose, de l’éducation sur la santé ainsi que des références à d’autres services. Les LSI répondent à des méfaits de la drogue, sur le plan individuel et communautaire, qui ne peuvent être abordés par la simple expansion des programmes de prévention existants; ils réduisent l’incidence de surdoses et de transmission de maladies; ils réduisent la criminalité; réduisent le nombre de seringues jetées de manière inadéquate dans les lieux publics; réduisent l’usage de drogue en public; augmentent le recours approprié des UDI à des services sociaux et de santé; et réduisent les coûts sanitaires, sociaux, légaux et carcéraux qui s’associent à l’injection de drogue. Depuis la fin des années 1980, près de 60 LSI ont été ouverts et fonctionnent de manière réussie dans des villes d’Europe , et un LSI pilote a été évalué en Australie . Des résultats de recherche qui émanent de ces divers cas indiquent que les LSI offrent un moyen efficace de répondre à des méfaits liés à la drogue. En particulier, en date de 2003, aucun cas de surdose mortelle n’a été signalé dans les LSI (3). Les surdoses non mortelles ont été signalées comme moins nombreuses dans les LSI que dans les lieux où la drogue se consomme en public; et elles sont 10 fois moins susceptibles de conduire à l’hospitalisation . De plus, au LSI pilote en Australie, près de 1 400 références à des services sociaux et de santé ont été fournies, parmi 577 clients; 43 % de ces références concernaient le traitement de la toxicomanie; 32 % concernaient des établissements de soins de santé primaires; et 25 % concernaient des services d’assistance sociale . Devant ces constats, Santé Canada a affirmé en janvier 2002 son appui à l’évaluation scientifique d’essais de LSI au Canada. Vu les bienfaits possibles pour les UDI et la communauté plus générale, il est justifié d’examiner si les LSI peuvent être un ajout utile à la stratégie canadienne actuelle en matière de réduction des méfaits. Des données documentent les caractéristiques des UDI les plus susceptibles d’avoir recours à des LSI. Cette information sera importante pour les ressorts qui considèrent la possibilité d’ouvrir des LSI, ou d’évaluer l’utilité d’une telle intervention dans leur région. La majorité (de 75 à 89%) des UDI de Montréal et de Melbourne ont signalé qu’ils seraient disposés à utiliser un LSI, s’il en existait un dans leur ville, en comparaison avec seulement 37 % de ceux de Vancouver . La disposition à se faire ses injections dans un LSI semble donc être variable selon la région. Trois études ont porté sur les facteurs sociodémographiques et comportementaux liés à cette disposition : à Vancouver, les UDI qui ont signalé avoir besoin d’assistance à l’injection, ceux qui ont déclaré pratiquer le commerce sexuel, et ceux qui ont dit avoir de la difficulté à se procurer des seringues stériles étaient significativement plus susceptibles d’être disposés à utiliser un LSI ; le fait d’avoir déjà eu une surdose était un facteur important parmi les UDI à Melbourne (Fry, Fox and Rumbold, 1999). Dans les deux villes, le sexe masculin et l’injection fréquente d’héroïne étaient des facteurs d’importance de la disposition à utiliser un LSI (Fry, Fox and Rumbold, 1999; Wood et al., 2003). D’importance, les UDI qui se font des injections dans des endroits publics se sont révélés plus susceptibles (que ceux qui ont dit s’injecter principalement dans des lieux privés) d’être intéressés à utiliser un LSI . Ces constats suggèrent que les UDI à risque élevé de transmission de pathogènes hématogènes et à risque de surdose peuvent être ciblés et joints par cette intervention; l’information attire également l’attention sur certains groupes dont les besoins devraient être pris en considération de manière spécifique (p. ex. les femmes UDI). 287 Des UDI de Melbourne (Fry, Fox and Rumbold, 1999; Fry, 2002) et de Toronto (Green et al., 2002) ont formulé diverses autres raisons pour être disposé à utiliser un LSI; notamment, le désir d’être dans un lieu sécuritaire et privé, pour se faire une injection; le désir de ne pas s’injecter dans la rue ou dans des lieux publics; l’aspect pratique; le fait de ne pas être sous la pression d’un risque de surveillance policière; une meilleure capacité de mettre au rebut le matériel d’injection usagé de manière sécuritaire; la présence de personnel formé pour donner une assistance en cas de surdose; et la possibilité de se faire l’injection dans un environnement propre et hygiénique. En revanche, les obstacles signalés quant au recours à un LSI incluaient les limites possibles au degré d’intimité et de confidentialité dans un tel établissement; la possibilité de violence liée à la drogue, sur les lieux; et la présence policière dans le voisinage immédiat. Les règles entourant l’injection dans un LSI peuvent aussi avoir des répercussions sur la disposition d’UDI à y avoir recours. Par exemple, Kerr et ses collègues ont signalé une diminution de cette disposition parmi des UDI de Vancouver, advenant que trois règles formulées par Santé Canada seraient mises en œuvre au LSI : obligation d’inscription de tous les clients; interdiction de partage de la drogue; et interdiction d’assistance à l’injection (Kerr et al., 2003b). Des constats semblables ont été signalés dans une étude antérieure auprès d’UDI de Melbourne (Fry, 2002). Bien que ces lignes directrices soient importantes à des fins d’évaluation ainsi que pour la santé et la sécurité des clients de LSI, ces constats mettent en relief la nécessité de consultation étroite avec les utilisateurs potentiels du service, afin que l’intervention soit d’une acceptabilité optimale (Fry, 2003). En Ontario, une évaluation de besoins est en cours (août 2005), pour examiner la faisabilité d’établir un LSI à Ottawa, une ville qui est aux prises avec une crise de santé publique en relation avec les taux de prévalence du VIH et du VHC enregistrés parmi les UDI. Bien que des données internationales décrivent certaines des manières par lesquelles un LSI peut, en théorie, avoir un impact sur des méfaits de l’injection de drogue dans la ville, une consultation d’UDI d’Ottawa est nécessaire pour évaluer le potentiel d’acceptabilité d’un tel établissement. Par des entrevues en personne avec 250 UDI recrutés dans les rues, la recherche examine notamment ces questions : u Quelles sont les principales attitudes des UDI à l’égard de cette intervention? u Existe-t-il des obstacles perçus à y avoir recours, qui seraient particuliers à Ottawa? u Quelles caractéristiques particulières du milieu de la drogue à Ottawa sont pertinentes à la disposition des UDI d’avoir recours à un tel site et peuvent affecter leurs préférences en la matière? Il existe également plusieurs aspects juridiques et communautaires d’importance, en lien avec les LSI, qui sont particuliers à la situation d’Ottawa et qui nécessitent d’être étudiés de plus près; ces éléments seront examinés de manière spécifique, dans la recherche proposée, dans le cadre de groupes de discussion impliquant des professionnels de la santé, des responsables des politiques régionales et provinciales, ainsi que des représentants d’organismes communautaires et des forces d’application de la loi. Cette étude de faisabilité devrait être complétée à la fin de l’année; et ses constats, présentés à la communauté d’Ottawa au début du nouvel an, dans une série de forums communautaires. Bien que les conclusions seront spécifiques aux UDI d’Ottawa et à leur expérience des conditions à risque, le processus pour l’évaluation des besoins est généralisable à d’autres ressorts de l’Ontario. Les communautés 288 ontariennes qui considèrent la possibilité d’un LSI pour rehausser leurs PÉS et programmes de réduction des méfaits sont invitées à communiquer avec la Dre Lynne Leonard à l’Université d’Ottawa. Références Bailey S, Huo D, Garfein RS, Ouellet LJ. The use of needle exchange by young injection drug users. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes 2003; 34(1): 67-70. Brands B, Sproule B, Marshman J. (Eds.). Drugs & drug abuse. (3rd ed.). Toronto, ON: Addiction Research Foundation. 1998. Broadhead RS, Kerr TH, Grund JP, Altice FL. 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