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La Douleur IUD La Douleur N5 04:IUD 15/02/08 16:44 Page 1 n 5 des recommandations à la pratique Février 2008 Les troubles musculosquelettiques liés au travail > Dossier p. 1 à 5 Dr Jean-Baptiste Fassier /Institut Universitaire de Médecine du Travail de Lyon, Université Claude Bernard Lyon 1 > Brèves p.6 à 8 • Recommandations de l’EULAR pour la fibromyalgie • Céphalées liées à l’activité sexuelle : pronostic et traitement • Les dysménorrhées et leur traitement • Kétamine et douleur : quel avenir ? • Nouvelle parution “Douleur, inflammation et interactions système nerveux / système immunitaire” > Congrès p.7 Les troubles musculosquelettiques (TMS) regroupent un ensemble d'affections péri-articulaires touchant les tissus mous (muscles, tendons, nerfs, vaisseaux, cartilages) des membres et du dos et dont la caractéristique commune est la symptomatologie douloureuse. Cet exposé se limite aux TMS du membre supérieur d’origine professionnelle, qui constituent en France une priorité majeure dans le domaine de la santé au travail puisqu’ils représentent la première cause de maladie professionnelle reconnue et indemnisée. L’ensemble des pathologies considérées est récapitulé dans le tableau n° 57 des maladies professionnelles, aux alinéas A, B et C (cf. tableau n°1). I Les TMS d’origine I professionnelle : I une véritable épidémie Différents indicateurs concordent pour attester l’ampleur et la progression des TMS du membre supérieur. C’est ainsi près de 24 000 cas de TMS qui ont été indemnisés en 2003 au titre de ce tableau contre 2 602 (soit presque 10 fois moins) en 1992. Actuellement, les TMS du membre supérieur représentent deux tiers du total des maladies professionnelles indemnisées. Une enquête d’observation des TMS en entreprise a par ailleurs estimé que la prévalence des symptômes du membre supérieur ayant duré plus de 30 jours au cours de l’année écoulée était de 18 % dans la population salariée étudiée [1]. I L’origine multifactorielle I de ces pathologies Les TMS du membre supérieur sont des pathologies multifactorielles à composante professionnelle. C’est un ensemble de pathologies hétérogènes pour lesquelles on dispose de connaissances plus récentes et plus parcellaires que pour les lombalgies. L’augmentation continue de ces TMS leur confère encore le statut de « risque émergent » en santé au travail [2]. Bien qu’il n’existe pas de modèle explicatif univoque des TMS du membre supérieur, il est possible de regrouper leurs facteurs de risque en deux grandes catégories : ceux liés aux individus et ceux liés à l’environnement. Les facteurs liés aux individus peuvent être d’ordre génétique ou liés aux antécédents médicaux (grossesse, diabète, traumatismes, etc.) dans le cas du syndrome du canal carpien. Ce sont encore l’âge (pic de fréquence autour de 40 ans pour les localisations scapulaires), le genre (les femmes sont globalement plus atteintes que les hommes) ou la latéralité de la main dominante selon les tâches de travail effectuées. Ces facteurs de risque individuels ne sont pas modifiables et se prêtent mal aux actions de prévention. >>> IUD La Douleur N5 04:IUD 15/02/08 dossier 16:44 Page 2 Les troubles musculosquelettiques liés au travail Les facteurs de risque liés à l’environnement correspondent à trois types de contraintes : biomécaniques, psychosociales et organisationnelles. Les facteurs biomécaniques ont été les plus étudiés et correspondent aux exigences physiques des tâches de travail habituelles du patient (essentiellement la répétitivité, la force et certaines positions articulaires). Certains facteurs sont communs aux différents TMS du membre supérieur et d’autres sont spécifiques à certaines localisations anatomiques (cf. tableau n°2) [3, 4]. Les contraintes psychosociales et le stress font l’objet d’un grand nombre d’études actuellement. Enfin, les facteurs organisationnels touchent à l’organisation du travail dans l’entreprise : travail en flux tendu, « juste à temps », travail « fini-parti », rémunération au rendement, absence de pauses, etc. I La prise en charge I médicale doit viser I l’antalgie et la I récupération fonctionnelle Les deux buts essentiels de la prise en charge médicale, quelle que soit la localisation anatomique du TMS considéré, sont d’obtenir une antalgie efficace et d’améliorer le niveau fonctionnel de la région atteinte par une rééducation active. La Haute Autorité de Santé (HAS) a émis en 2005 des recommandations pour la pratique clinique (RPC) relatives aux modalités de prise en charge d’une épaule douloureuse chronique non instable chez l’adulte [5]. Le principe d’une prise en charge médicale de première intention est retenu quel que soit le type de tendinopathie. Ce traitement médical peut associer antalgiques, AINS et infiltrations cortisoniques sous-acromiales, ces dernières ayant la réputation d’être plus efficaces si elles sont faites de façon radio ou écho-guidée. Les traitements de seconde intention varient selon la nature de la tendinopathie. La lithotritie, les techniques de ponctionlavage-aspiration ainsi que les arthroscopies peuvent être utilisées pour les tendinopathies calcifiantes. Les indications de traitement chirurgical (à visée TABLEAU 1 Le tableau n°57 des maladies professionnelles du régime général de l’Assurance maladie : Affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail Désignation des maladies Délai de prise en charge Liste limitative des travaux susceptibles de provoquer ces maladies A. ÉPAULE • Épaule douloureuse simple > • Épaule enraidie B. COUDE • Épicondylite • Épitrochléite • Hygroma > • Syndrome de la gouttière épitrochléo-olécrânienne (compression du nerf cubital) (…) Le délai de prise en charge correspond au délai compris entre la fin de l'exposition au risque et la première constatation médicale des symptômes. C. POIGNET - MAIN - DOIGT • Tendinite • Ténosynovite > • Syndrome du canal carpien • Syndrome de la loge de Guyon D. GENOU • Syndrome de compression du nerf SPE > • Hygroma • Tendinite sous-quadricipitale ou rotulienne • Tendinite de la patte d'oie > Ce délai varie de 7 à 90 jours selon les maladies considérées dans le tableau n°57. E. CHEVILLE ET PIED • Tendinite achilléenne (…) Ces travaux correspondent à l’exposition du salarié aux risques professionnels liés à sa maladie. Le caractère limitatif de la liste précise que les expositions mentionnées (travaux effectués) sont une condition indispensable à la reconnaissance en maladie professionnelle. Dans le cas où le salarié ne remplit pas toutes les conditions nécessaires, une demande de reconnaissance reste possible auprès du CRRMP* (art. L461-1 alinéas 3 et 4 du Code de la sécurité sociale). * Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles Le tableau complet est consultable sur le site www.inrs.fr (bases de données) Les procédures complètes de déclaration en maladie professionnelle sont sur le site www.ameli.fr 2 La Douleur, des recommandations à la pratique - n°5 - Février 2008 IUD La Douleur N5 04:IUD 15/02/08 16:45 Page 3 TABLEAU 2 Facteurs de risque de TMS du membre supérieur (d’après [3] et [4]) Facteurs de risque généraux de TMS du membre supérieur 1. Répétitivité Mouvements très répétitifs du membre supérieur plus de 4 heures par jour (Répétition des mêmes actions toutes les 2 à 4 minutes ou temps de cycle < 30 secondes) 2. Force Manipulation de charges de plus de 4 kg plus de 4 heures par jour 3. Absence de récupération Pauses < 10 minutes par heure si les gestes sont très répétitifs (facteur 1 présent) 4. Demande psychologique élevée Score ≥ 75 % du maximum 5. Soutien social faible Score ≤ 25 % du maximum Facteurs de risque posturaux spécifiques de TMS du membre supérieur Cou 1. Mouvements de flexion du cou plus de 4 heures par jour 2. Mouvements d’extension du cou plus de 4 heures par jour 3. Travail bras éloignés du corps plus de 4 heures par jour 4. Travail sur écran ou binoculaire plus de 4 heures par jour Épaule et bras 1. Travail mains au-dessus des épaules plus de 2 heures par jour 2. Extension du ou des bras en arrière plus de 2 heures par jour 3. Travail bras éloignés du corps plus de 2 heures par jour Coude et avant-bras 1. Mouvement de flexion/extension du coude plus de 2 heures par jour 2. Mouvement de prono-supination plus de 2 heures par jour Poignet et main 1. Mouvement de torsion du poignet plus de 2 heures par jour 2. Utilisation de la pince pouce-index plus de 4 heures par jour 3. Utilisation d’un outil vibrant plus de 1 heure par jour 4. Utilisation d’un clavier informatique plus de 4 heures par jour réparatrice ou antalgique) ne sont pas systématiques pour les tendinopathies avec rupture et ne devraient pas être portées avant un traitement médical de première intention. Ces indications doivent tenir compte du niveau fonctionnel requis par les activités professionnelles du patient. Les modalités de prise en charge des tendinopathies du coude et du syndrome du canal carpien n’ont pas fait l’objet de RPC de la part de la HAS. Certaines modalités thérapeutiques particulières ont été évaluées comme la ténodèse et/ou résection par arthroscopie de la portion articulaire du muscle long biceps brachial, le traitement arthroscopique de l’épicondylite ou la chirurgie du canal carpien. I La prise en charge sociale I et professionnelle doit viser I le maintien dans l’emploi Le but essentiel de la prise en charge sociale et professionnelle est d’identifier et prévenir le risque de licenciement pour inaptitude médicale au travail suite aux douleurs du patient. Les TMS du membre supérieur, comme les lombalgies, présentent des risques pour le pronostic socioprofessionnel des patients. En France, plusieurs études portant sur le risque d’inaptitude médicale au poste de travail ont mis en évidence la part des TMS du membre supérieur dans le pourvoi de ces inaptitudes [6, 7]. Au regard de cette situation, l’objectif du maintien dans l’emploi des sala- riés atteints doit faire partie intégrante de la prise en charge. Le champ du maintien dans l’emploi se situe au carrefour du monde du travail, du monde de la santé et de la protection sociale. Il concerne toute personne qui présente des difficultés à « tenir » son travail habituel du fait de problèmes de santé, ces difficultés se manifestant le plus souvent par des arrêts de travail répétés précédant un arrêt prolongé. Les trois premiers acteurs du maintien dans l’emploi sont le patient lui-même, son médecin traitant et son médecin du travail. Les autres acteurs le plus souvent impliqués sont le médecin conseil de l’assurance maladie, l’assistante sociale (de secteur, de l’assurance maladie, de l’entreprise ou autre), les structures La Douleur, des recommandations à la pratique - n°5 - Février 2008 3 IUD La Douleur N5 04:IUD 15/02/08 dossier 16:45 Page 4 Les troubles musculosquelettiques liés au travail spécialisées (Maison départementale des personnes handicapées, axes ou cellules départementales de « Maintien dans l’emploi, etc.). La dispersion géographique de ces acteurs et la complexité des différentes notions réglementaires (cf. tableau n°3) contribuent à la difficulté du maintien dans l’emploi. En pratique, plusieurs outils sont mobilisables dès qu’il existe un risque d’évolution vers l’inaptitude : • La visite de pré-reprise : tout patient qui est en arrêt de travail a la possibilité de consulter à sa demande son médecin du travail. La visite de préreprise peut être demandée par le patient lui-même, son médecin traitant ou un autre spécialiste, ou encore le médecin conseil. Elle ne donne pas lieu à un avis d’aptitude (à la différence de la visite de reprise). Le but de cette visite cements de l’AGEFIPH pour aménager le poste de travail du patient (sous condition d’acceptation) et bénéfice de l’obligation d’emploi qui peut inciter l’employeur à conserver le salarié dans son personnel s’il ne répond pas encore à l’obligation d’emploi de 6 % de travailleurs handicapés. est d’anticiper les difficultés à reprendre le poste de travail antérieur : il s’agit d’élaborer une véritable stratégie de maintien dans l’emploi en identifiant les besoins et les différents outils mobilisables. Pour être mise à profit, la visite de pré-reprise doit intervenir suffisamment en amont (plusieurs semaines) de la date prévisible de reprise du travail. Le médecin du travail aura la possibilité avant la reprise du travail de faire une étude du poste du salarié pour évaluer ses possibilités d’aménagement ainsi que l’attitude de l’employeur à cet égard. • Le temps partiel thérapeutique : il peut être proposé après une période d’arrêt complet par le médecin traitant ou un autre spécialiste après avis favorable du médecin du travail. Son but est de permettre au salarié de reprendre le travail progressivement si cela peut favoriser le processus de guérison. La proposition de reprise du travail à temps partiel doit obtenir l’accord de l’employeur et l’accord du médecin conseil de l’assurance maladie (pour le versement du complément de salaire pendant les périodes de temps non travaillées). • La demande de reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH): elle est faite par le patient auprès de la CDAPH (exCOTOREP) qui siège dans chaque maison départementale des personnes handicapées (MDPH). La RQTH procure deux avantages importants pour le maintien dans l’emploi : droit à certains finan- TABLEAU 3 Notions clés du maintien dans l’emploi Invalidité Incapacité (IPP) Handicap (RQTH) Aptitude (au travail) Arrêt de travail Qui ? Médecin conseil Médecin conseil CDAPH Médecin du travail Médecin traitant ou autre spécialiste Quand ? Après un accident ou une maladie restreignant les capacités d’un individu. À la consolidation des accidents du travail et des maladies professionnelles. À tout moment, dès lors que le patient / salarié présente des problèmes de santé qui le restreignent dans son travail. À l’embauche, en visite systématique ou après certains motifs et durée d’absence. À tout moment dès lors que l’état de santé du patient le justifie. Quoi ? Détermine la capacité de gains d’un assuré social, sans considération pour le travail effectué. Détermine le niveau de réparation financière (capital ou rente) selon le taux d’IPP. Ouvre droit à certains financements (AGEFIPH) et au bénéfice de l’obligation d’emploi (quotas). Détermine l’aptitude médicale du salarié à occuper sans risque un poste de travail donné. Suspend le contrat de travail pendant toute la durée de l’arrêt. Catégorie 1, 2 ou 3. En pourcentage. Abolition des anciennes catégories A, B et C. Notion de handicap lourd. Aptitude sans restrictions ou avec restrictions ; inaptitude temporaire ou définitive. AGEFIPH : Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées CDAPH : Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (ex-COTOREP) IPP : Incapacité permanente partielle RQTH : Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé 4 La Douleur, des recommandations à la pratique - n°5 - Février 2008 IUD La Douleur N5 04:IUD 15/02/08 16:45 La demande de reconnaissance en maladie professionnelle : elle doit être faite par le patient lui-même auprès de sa caisse d’assurance maladie, sur un formulaire spécial et accompagnée du certificat médical initial. Les avantages pour le patient de la reconnaissance en maladie professionnelle sont de plusieurs ordres (cf. tableau n°4), et les médecins traitants sont en première ligne avec les médecins du travail pour appuyer cette demande de reconnaissance en rédigeant au mieux le CMI. I En conclusion Les TMS du membre supérieur liés au travail regroupent un ensemble de pathologies dont la physiopathologie et la prise en charge sont complexes. Les buts essentiels de la prise en charge qui sont à concilier sont les suivants : une antalgie efficace, une récupération fonctionnelle et la prévention du licenciement pour inaptitude médicale au travail. La prise en charge de ces pathologies impose souvent de sortir du champ médical strict pour intégrer les dimensions sociales et professionnelles du patient. Une démarche concertée associant au premier chef le médecin > Pour Page 5 TABLEAU 4 Les avantages de la reconnaissance en maladie professionnelle pour le patient > Prise en charge à 100 % des soins et traitements relatifs à la maladie > Indemnités journalières majorées en cas d’arrêt de travail consécutif à la maladie professionnelle > Protection sociale vis-à-vis du licenciement pour absences répétées (si les arrêts de travail sont en rapport avec la maladie professionnelle) > Si le salarié est licencié pour inaptitude (impossibilité de reclassement prouvée par l’employeur), les indemnités légales de licenciement sont doublées > Si le taux d’IPP (incapacité permanente partielle) fixé par le médecin conseil à la consolidation est > 10 %, le salarié est systématiquement reconnu comme travailleur handicapé traitant et le médecin du travail du patient doit être mise en œuvre en requérant le consentement éclairé du patient pour respecter ses intérêts et sa volonté. Il existe tout un ensemble d’outils de maintien dans l’emploi mobilisables autour du patient : ces outils gagnent en efficacité s’ils sont coordonnés de façon précoce et cohérente autour d’un projet partagé par le patient, l’employeur, les professionnels de santé et l’organisme d’assurance maladie. en savoir plus > HAS (2005). Modalités de prise en charge d'une épaule douloureuse chronique non instable de l'adulte. Haute Autorité de Santé. www.has-sante.fr > INRS (2005). Les troubles musculosquelettiques du membre supérieur (TMS-MS). Guide pour les préventeurs. www.inrs.fr/htm/les_troubles_musculosquelettiques_membre_superieur.html > Sur les notions clés, les acteurs et les outils du maintien dans l’emploi : www.handipole-maintien.org > Références bibliographiques 1. 2. 3. 4. Roquelaure Y. et al., Surveillance des principaux troubles musculosquelettiques et de l'exposition au risque dans les entreprises en 2002 et 2003. BEH, 2005(44-45): p. 224-226. Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail, Prévisions des experts sur les risques physiques émergents liés à la sécurité et à la santé au travail. 2005. Meyer J.-P. et al., Troubles musculosquelettiques du membre supérieur liés au travail. Consensus clinique pour le repérage des formes précoces de TMS. Archives des maladies professionnelles et de médecine du travail, 2002. 63(1): p. 32-45. Ha C. and Roquelaure Y., Réseau expérimental de surveillance épidémiologique des troubles musculosquelettiques dans les 5. 6. 7. Pays de la Loire : Protocole de la surveillance dans les entreprises (2002-2004). 2007, Institut de Veille Sanitaire : Saint Maurice. HAS, Modalités de prise en charge d'une épaule douloureuse chronique non instable de l'adulte. 2005, Haute Autorité de Santé. Gournay M., Raoult M., and Le Retif S., Enquête Inadéquation Santé-Travail. 2004, Inspection Médicale du Travail et de la Main d'Œuvre de Basse-Normandie. Jacques C., Étude CASIM : Caractéristiques des situations menant à l’inaptitude médicale à tout poste dans l'entreprise. 2007, Direction régionale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle de Haute-Normandie. La Douleur, des recommandations à la pratique - n°5 - Février 2008 5 IUD La Douleur N5 04:IUD 15/02/08 16:45 Page 6 Brê§eè-ves Recommandations de l’EULAR pour la fibromyalgie a ligue européenne contre le rhumatisme (EULAR) a travaillé à la production de recommandations de bonnes pratiques pour la prise en charge de la fibromyalgie. Basées sur une analyse critique de la littérature, ces recommandations s’inscrivent dans le cadre de l’evidence-based medicine : des niveaux de preuves accompagnent chacun des neuf items, répartis en trois catégories : L > Données générales • Une évaluation globale de la situation est nécessaire, compte tenu de la complexité et de l’hétérogénéité des problématiques rencontrées (niveau IV). • La prise en charge de la fibromyalgie nécessite une approche globale, associant médicaments et techniques non médicamenteuses. Les cibles de traitement sont la douleur, l’incapacité, la dépression, l’asthénie et le trouble du sommeil (niveau IV). > Prise en charge non pharmacologique • La thermothérapie chaude, associée ou non à la rééducation, est efficace (niveau IIa). • Pour certains patients, un programme personnalisé d’activité physique peut être bénéfique (niveau IIb). • Pour certains patients, une thérapie cognitive et comportementale peut être bénéfique (niveau IV). • En fonction des besoins du patient, la relaxation, la rééducation, la physiothérapie et le soutien psychologique peuvent être indiqués (niveau IIb). > Prise en charge médicamenteuse • Le tramadol est recommandé pour le traitement de la douleur (niveau Ib). Les corticoïdes et les opioïdes forts ne sont pas recommandés (niveau IV). • Les antidépresseurs suivants sont recommandés car ils diminuent la douleur et les incapacités (niveau Ib) : amitriptyline (tricyclique), fluoxétine (IRS), doluxétine (IRSN pas encore commercialisé en France), milnacipran (IRSN), la moclobemide (IMAO) et le pirlindole (IMAO). • Le tropisetron (anti-5HT3 indiqué dans les vomissements post-chimiothérapie), le pramipaxole (agoniste dopaminergique utilisé dans la maladie de Parkinson) et la pregabaline (anti-épileptique indiqué pour les douleurs neuropathiques) sont recommandés pour leur action sur l’intensité douloureuse (niveau Ib). Résumé par le Docteur Florentin Clère Niveaux de preuve en evidence-based medicine > Ia Revue systématique de plusieurs études randomisées en double-aveugle > Ib IIa IIb IIIc Une ou plusieurs grandes études randomisées en double-aveugle III IV Études descriptives, avis de comités d’experts, opinion de leaders de la spécialité > > > > > Une ou plusieurs études de cohortes bien conduites Une ou plusieurs études cas témoins bien conduites Étude non expérimentale aux résultats flagrants Expérience personnelle “Douleur, inflammation et interactions système nerveux / système immunitaire” Cet ouvrage est disponible en libre téléchargement sur le site internet de l’Institut : www.institut-upsa-douleur.org 6 La Douleur, des recommandations à la pratique - n°5 - Février 2008 IUD La Douleur N5 04:IUD 15/02/08 16:45 Page 7 Céphalées liées à l’activité sexuelle: Les dysménorrhées et leur traitement pronostic et traitement Marjoribanks J., Proctor ML., Farquar C. : Nonsteroidals Extrait de cephalees-on-line (www.sf-neuro.org) Headache associated with sexual activity : prognosis and treatment options - Freese and al cephalalgia 2007 27:1265-1270 l existe des céphalées pré-orgasmiques plutôt liées à une contracture musculaire cervicale excessive de type 1 et des céphalées d’allure vasculaire de traduction plus bruyante et per-orgasmique, de type 2. La fréquence exacte de ces céphalées est inconnue en population générale. Les auteurs rapportent une étude ouverte et rétrospective portant sur 60 patients (47 hommes, 13 femmes) réalisée entre 1996 et 2004. 11 patients présentaient le type 1 et 49 le type 2. Un antécédent d’hypertension artérielle est retrouvé dans 25 % des cas. La céphalée associée retrouvée est la céphalée d’effort bénigne. L’évolution se fait sur un mode épisodique dans 3/4 des cas et chronique dans 1/4 des cas. 10 patients utilisaient l’indométhacine en préventif avec un résultat correct pour 9 d’entre eux. 18 utilisaient des béta-bloquants avec un résultat positif pour 15 d’entre eux (molécules et doses comparables à celles utilisées dans la migraine). Cette étude confirme la sensibilité de ce genre de céphalées à l’indométhacine et aux béta-bloquants. I anti inflammatory drugs for primary dysmenorrheas, Cochrane database of systematic review 2003 a dysménorrhée est une plainte gynécologique douloureuse qui se traduit par des crampes abdominales douloureuses lors des périodes de règles. Il n’y a pas d’anomalies sous jacentes. Ces patientes présentent un haut niveau de prostaglandines, hormones connues pour engendrer des crampes abdominales douloureuses. Les anti-inflammatoires non stéroidiens (AINS ) sont des molécules qui agissent en bloquant la production de prostaglandines. Le but de cette revue est de comparer les AINS entre eux, avec le paracétamol et avec un placebo. Toutes les études retenues ont été randomisées en double aveugle versus paracétamol et versus placebo. Les principaux résultats ont montré que, chez ces patientes porteuses de dysménorrhée primaire, les AINS ont été significativement plus efficaces que le paracétamol et le placebo, en sachant que les AINS ne sont pas dépourvus d’effets secondaires connus. Il n’y a pas de différence significative de la supériorité d’un AINS par rapport à un autre. Les doses antalgiques suffisantes ont été obtenues par titration. Ont été testés : aspirine, diclofénac, naproxène et ibuprofène. L Résumé par le Docteur Francine Hirszowski Résumé par le Docteur Francine Hirszowski > Quelques dates à retenir pour 2008 • 13 et 14 mars – Brest : XXVes Journées internationales CNO : appareil manducateur, stress, douleurs et dysfonctionnements e • 14 et 15 mars – Lyon : 6 Congrès de l’association nationale pour la promotion des soins somatiques en santé mentale : interrogations cliniques : confrontation des pratiques en psychiatrie e • 8, 9 et 10 avril – Nancy : 5 Journée de soin de support en oncologie : soins de support et cancer du sein • 4-6 juin – Paris : Urgences 2008 - Symposium IUD le 4 juin 14h30-16h00 : Douleur et Syndrome Coronarien Aigu : l'analgésie est-elle une urgence ? e • 18-20 juin – Luxembourg : 57 Congrès de la Société Nationale Française de Médecine Interne e • 17-22 août – Glasgow : 12 Congrès mondial de la douleur organisé par l’International Association for the Study of Pain • 24-27 septembre – Paris : 50e Congrès de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation • 2 octobre – Aulnay-sous-Bois : 3e Journée de l'hôpital Robert Ballanger - Prise en charge de la douleur chez le patient atteint d'une affection psychiatrique • 25 octobre – Metz : 6e Journée Lorraine de Soins Palliatifs • 19-22 novembre – Strasbourg : 8e Congrès de la Société Française d'Étude et de Traitement de la Douleur • 10 décembre – Paris : 3e Congrès de la Douleur en Santé Mentale • 14-17 décembre – Paris : 21e Congrès de la Société Française de Rhumatologie La Douleur, des recommandations à la pratique - n°5 - Février 2008 7 IUD La Douleur N5 04:IUD 15/02/08 16:45 Page 8 Brê§eè-ves Kétamine et douleur: quel avenir? Hocking G., Visser EJ., Schug SA., Cousins MJ. Ketamine : does life begin at 40 ? Pain Clinical Updates, IASP June 2007. ynthétisée en 1963 avec l’espoir d’avoir trouvé l’anesthésique idéal, la kétamine a donc 45 ans. Un âge de transition selon les auteurs de la lettre d’actualité clinique de l’IASP datée de juin 2007: transition entre de longues années d’utilisation pratique et une possible mise à la retraite à terme? Il est certain que l’intérêt de la kétamine pour la prise en charge de la douleur ne s’est pas dégagé d’emblée. Encore aujourd’hui sa place reste difficile à préciser. Son intérêt principal reste la période post-opératoire, pendant laquelle la kétamine agit en tant qu’épargneur morphinique, en prévention de la tolérance aux opioïdes, en inhibiteur de la S sensibilisation du système nerveux, mais pas comme antalgique en tant que tel. Cependant son action contribue alors à réduire l’incidence des douleurs après thoracotomie, mastectomie ou laparotomie. Et les niveaux de preuves sont élevés puisqu’il existe des méta analyses dans la littérature. Par contre, il apparaît plus difficile de préciser la place de la kétamine pour la prise en charge des douleurs chroniques, d’origine cancéreuse ou non. En effet l’usage de la molécule est limité par ses effets secondaires psychodysleptiques, notamment sur le long terme, et par la grande variabilité inter-individuelle des doses à utiliser. Erratum : Un oubli malencontreux nous a fait passer sous silence l'auteur de la brève traitant des comorbidités psychiatriques des douleurs diffuses chroniques parues dans notre numéro 4 de « La Douleur, des Recommandations à la Pratique ». Nos lecteurs ont peut-être reconnu la plume du Docteur Florentin Clère (consultation douleur de l'hôpital de Chateauroux) qui avait rédigé cet article pour la revue Douleurs vol 7, Déc 2006. Voici les références bibliographiques s'y rapportant : • Raphael KG, Janal MN, Nayak S, Schwartz JE, Gallagher RM. Psychiatric comorbidities in a community sample of women with fibromyalgia. Pain - 2006;124:117-25. • Arguelles LM, Afari N, Buchwald DS, Clauw DJ, Furner S, Goldberg J. A twin study of postraumatic disorder symptoms and chronic widespread pain. Pain 2006;124:150-7. ✁ La douleur cancéreuse et les douleurs neuropathiques dites réfractaires constituent alors les cibles de choix. Les auteurs de cette lettre de l’IASP concluent leur propos sur la nécessité d’accroître les connaissances sur cette molécule pour pouvoir l’utiliser de manière plus rationnelle. Pour cela la réalisation d’études de bonne qualité méthodologique réalisées sur le long terme s’impose pour permettre à la kétamine de démarrer un nouveau cycle. Car, comme le demande le titre de cette lettre, la vie ne commencet-elle pas à 40 ans? Résumé par le Docteur Florentin Clère Enquête Les Lettres de l'Institut UPSA de la Douleur font l'objet de publications régulières. Afin de mieux répondre à vos attentes dans le domaine de la prise en charge de la douleur, nous aimerions savoir comment vous appréciez ces Lettres et quels sont vos besoins. Nous vous remercions par avance des quelques minutes que vous consacrerez à compléter ce questionnaire électronique sur le site www.institut-upsa-douleur.org La Douleur Je désire recevoir gratuitement la Lettre des recommandations à la pratique Nom : - - - - - - - - - - - - - - - - Prénom : - - - - - - - - - - - - Titre : - - - - - - - - - - - - - - - Adresse professionnelle : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - E-mail : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Tél. : - - - - - - - - - - - - - - - - À renvoyer à l’Institut UPSA de la Douleur : 3 rue Joseph Monier, BP325 92506 Rueil-Malmaison Cedex Les informations ci-dessus sont nécessaires pour votre abonnement. Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 modifiée par la loi du 6 août 2004, vous disposez d'un droit d'accès et de rectification des informations vous concernant auprès du directeur de l'IUD. 8 La Douleur, des recommandations à la pratique - n°5 - Février 2008 Directeur de la publication : Eric Boccard • Rédacteur en Chef Francine Hirzowski • Coordonnateur/Rédacteur Adjoint : Françoise Beroud • Comité de Rédaction : Nadine Attal, Françoise Beroud, Jean-Marie Besson, Eric Boccard, Bernard Calvino, François Chast, Florentin Clère, Alain Eschalier, Dominique Fletcher, Ivan Krakowski, Bernard Laurent, Yves Lazorthes, Nadine Memran, Jacques Meynadier, Éric Serra, Richard Trèves, Jacques Wrobel Conception – Réalisation : A CONSEIL Paris – www.aconseil.fr – Tél. 01 42 40 23 00 • N° ISSN 1950-1145 – Dépôt légal 1er trimestre 2008 Institut UPSA de la Douleur • Association loi 1901 à but non lucratif 3 rue Joseph Monier - BP325 - 92506 Rueil-Malmaison Cedex Tél : 01 58 83 89 94 - Fax : 01 58 83 89 01 E-mail : [email protected] Site : www.institut-upsa-douleur.org 279010801 Établissement : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Service : - - - - - - - - - - - - -