Extrait - Le Souffle d`Or
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Extrait - Le Souffle d`Or
Préface Il y a encore un an, je ne connaissais Hervé que de nom et de réputation pour son expérience confirmée des coopératives et des modes d’expertise et d’organisation des entreprises très novatrices. J’ai rencontré une personne très droite, c’est-à-dire désintéressée, mais motivée par l’avenir de notre vivre ensemble. Nous avons souvent participé à des réunions publiques orchestrées par la MAIF afin de répandre la bonne parole sur une économie plus juste. L’intitulé exact émettait une réserve de façon à créer le débat. L’un comme l’autre, nous étions convaincus qu’elle est possible puisqu’elle est déjà en route depuis plusieurs années. Il est vrai que cette économie plus juste, qui replace l’homme au centre des décisions et des responsabilités, trouve sur le terrain comme on dit communément des expressions multiples, valeureuses et valorisantes. Qu’elles soient associatives, coopératives ou mutualistes, les applications du savoirfaire humain, qui apportent des solutions concrètes à une économie de marché prédatrice depuis ses origines, ne font plus aucun doute, sauf aux esprits mal éclairés. C’est justement cet éclairage qu’Hervé apporte par cet essai revigorant et surtout d’une teneur inédite. Nous avons pris à cœur, dans le cadre de ces réunions mutualistes qui nous ont fait traverser quelques régions depuis un an, de partir des actions concrètes émanant de chaque territoire. Hervé s’est chargé de l’observation et des déductions qui s’ensuivaient. Il n’empêche qu’il manquait deux réponses à deux questions essentielles : de quelle histoire économique 11 Titanic, Avatar et Le Hobbit nous racontent la crise financière moderne sommes-nous issus et comment en sommesnous arrivés à ce constat d’échec de relations sociales par la faillite des grandes entreprises commerciales ? J’avoue sincèrement que le choix explicatif proposé par Hervé est le plus inattendu : le cinéma. Oui, la fiction qui est une traduction métaphorique des relations que l’humanité peut produire. L’image du Titanic, dont la dernière version a établi des scores olympiques de fréquentation des salles dans le monde entier, était toute trouvée, sauf que le naufrage d’un grand rêve industriel et commercial ne suffisait pas à expliquer l’effondrement d’un pouvoir politique et économique insolent. Le film devient, sous sa plume très ironique et pédagogique, une incarnation directe du fiasco bancaire qui a décidé de la crise économique mondialisée. Avatar est une autre illustration de deux mondes qui s’affrontent dans un état de guerre et de colonisation qui enlise des peuples dans le joug des dominants. Le Hobbit révèle la force d’une sagesse démocratique qui représente le troisième moment de l’évolution des rapports humains guidés par le schéma des dominants et des dominés. C’est étonnant de la part d’un économiste comme Hervé Gouil de découvrir que l’amour, autrement dit la relation à l’autre, a toujours été bafoué et corrompu par les intérêts que des leaders ou des sociétés conquérantes sans état d’âme ont engendrés. C’est pourtant bien l’histoire de notre société contemporaine. Absence de dialogue, fracture entre une société d’acteurs et d’agissants et une éternelle cohorte de décideurs de plus en plus éloignés des appels de leurs compatriotes. Nous en sommes à cette étape aujourd’hui, étape charnière où la base ne fléchira jamais et où le sommet se doit d’être à l’écoute de ce fond d’humanité inventive et généreuse. Je ne sais pas quel quatrième scénario hérité du patrimoine cinématographique peut traduire ce que nous vivons actuellement, mais force est de constater que nous sommes sur la voie d’un changement progressif et radical. Normalement, 12 Préface je devrais dire que le livre d’Hervé apporte un « coup de projecteur » sur notre histoire. Ici, il nous projette sur grand écran et plus personne ne pourra ignorer après cette projection-lecture les situations que nous avons subies et les raisons qui nous ont poussés à un tel désordre. Philippe Bertrand 13 Il était une fois… Il y a fort longtemps… Il y a fort longtemps (trop longtemps) que les économistes, financiers et banquiers nous racontent des histoires. Il est temps maintenant de leur dire un conte. Un conte comme rappel d’une sagesse populaire, constante, dernier rempart à l’abandon de parents désemparés, garde-fou ultime lorsque la loi est bafouée. Un conte, grille de lecture symbolique quand les plus grands esprits cherchent vainement à expliquer ou à reconstruire a posteriori les ressorts d’une crise dramatique, dont ils furent bien souvent des acteurs centraux. Nous aurons peut-être besoin de comptables pour tenter de juguler le dérèglement fou de l’argent que l’on nomme krach financier, puis désordre économique, mais nous avons, je crois, besoin de conteurs pour en comprendre le sens et tenter de prévenir une répétition de catastrophes humaines. Or, la technologie et la finance n’ont pas seulement fait émerger la figure du trader. Elles ont permis une expression de plus en plus spectaculaire de récits qui réinvestissent ainsi la culture dite populaire. N’est-il pas surprenant que le même cinéaste James Cameron réalise les deux plus grands succès commerciaux de l’histoire du cinéma ? N’est-il pas étonnant de voir l’imaginaire de Tolkien s’étendre au-delà du monde anglo-saxon avec le succès des films de Peter Jackson ? 15 Titanic, Avatar et Le Hobbit nous racontent la crise financière L’idée saugrenue de ce court ouvrage consiste à sortir de l’inaccessible discours des experts pour partager, en s’appuyant sur trois œuvres des plus populaires, une lecture simple de la crise dont on nous parle tant et qui semble apparemment d’une incroyable complexité. Regardons de plus près ce que ces contes nous disent de la crise. Voyons ce qu’ils peuvent à l’instar des grands mythes contenir d’antique sagesse. Voyons en quoi ils peuvent nous inspirer, pour sortir de l’abattement et de la sidération. 16