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GUIDE D’ACHAT RENAULT 4 Renault 4 1961-1993 Pour lutter contre l’envahissante 2 CV, la Régie Renault a imaginé, à l’aube des années soixante, une auto à tout faire. Rustique, solide, dure au mal, réparable en un clin d’œil et pas chère. Résultat : plus de huit millions d’exemplaires en 32 ans de production ! Et elle aurait pu durer encore plus longtemps si le pot catalytique n’avait précipité sa fin. La rustique de la Régie 37 ■ GAZOLINE ■ JANVIER 1999 GUIDE D’ACHAT RENAULT 4 Le haut de gamme en 1961 : la R4L. “L” pour Luxe. Des chromes à profusion (y compris du plastique imitation chrome sur les feux AR). Cette version est postérieure au mois de novembre 1961, comme en témoigne le positionnement de l’orifice de remplissage d’essence, à l’aplomb du feu AR. 1961-1962De la R3 à la 4L La R4, tout comme la R3, a une finition pour le moins légère. Pas de chromes, pas de vitre de custode et pas de caoutchouc sur les butoirs de pare-chocs. Pour concurrencer directement la 2 CV, Renault étudie une auto rustique de quatre places dont les premiers prototypes sont soumis à d’intensifs essais dès le début de 1958. Mais il faudra attendre avril 1961 pour voir, officiellement, les deux premiers modèles et le 6 juillet pour que la première R4 tombe des chaînes de Billancourt. Trois modèles sont, en fait, au catalogue. Une R3 (moteur 3 CV fiscaux, 603 cm3), une R4 (moteur 4 CV fiscaux, 747 cm3) et une R4L (version Luxe de la R4). Ces trois premières voitures arborent un monogramme (3, 4 ou 4L) sur le hayon AR relevable. La R3 et la R4 sont dotées d’une calandre, d’entourages de phares, de pare-chocs et de balais d’essuieglaces peints, d’un volant de direction à trois branches, d’un contact au tableau de bord par touche basculante, d’une jauge à essence (à main) dans le réservoir, d’un chauffage sans ventilation, d’un seul pare-soleil et de portes sans garnitures intérieures. A contrario, le modèle Luxe reçoit une finition nettement améliorée : pare-chocs chromés, crosses de pare-chocs avec butoirs en caoutchouc, enjoliveurs de calandre, d’entourage de plaque de police, de bas de caisse, de ceinture de parebrise, de lunette AR... Les enjoliveurs de roues sont chromés tout comme les balais d’essuie-glaces et les entourages de phares. Les poignées de portes et les feux AR sont en plastique, imitation chrome. Le volant de direction est à deux branches, le contact se fait par clé-antivol, l’indicateur de niveau d’essence est au tableau et lumineux, le chauffage est couplé à un ventilateur. Enfin, ce modèle reçoit deux pare-soleil, un lave-glace, des couvre-pédales, un cendrier, des garnitures de portes intérieures, un pavillon avec garniture tendue par des arceaux. En octobre, la version Fourgonnette R4 fait son apparition : finitions aussi sommaires que celles de la R3 et de la R4, mais avec siège conducteur unique, porte AR battante, toit relevable (contre supplément), barres de torsion AR renforcées et pneumatiques de 145 x 330 (au lieu de 135 x 330). En novembre, tous les modèles reçoivent un levier de commande des vitesses avec bague repère en caoutchouc blanc et un nouveau réservoir de carburant (l’orifice de remplissage est déplacé à l’aplomb du feu AR droit). En décembre, le rétroviseur intérieur est rectangulaire avec coins arrondis et la R4L La 4L dans sa première version, en juillet 1961. 38 ■ GAZOLINE ■ JANVIER 1999 La R4 Super qui apparaît en mars 1962 est dotée d’une étrange porte AR qui se rabat vers le sol pour “faciliter le chargement”. reçoit de nouveaux butoirs de pare-chocs de forme rectangulaire (et non plus arrondie). En janvier 1962, une serrure fait son apparition sur la porte AR de la fourgonnette. Il faut attendre le mois de mars pour voir un nouveau modèle au catalogue : la R4 Super qui possède le même moteur que la R4 mais dont la puissance a été portée à 32 ch SAE (au lieu de 26,5). La carrosserie est empruntée à la R4L mais avec hayon rabattable doté d’une glace mobile. A l’AV comme à l’AR, adoption de double pare-chocs. A l’intérieur, banquettes avec caoutchouc mousse et revêtement enveloppant, banquette AR repliable et rabattable, tableau de bord avec indicateur d’essence gradué et grille de retenue des bagages fixée derrière le dossier de la banquette AR. Enfin, sur les R4L et Super, glissières de banquette AV fixées sur les longerons et non plus sur la traverse du milieu. ■ ▼ Numéros de fabrication R3 (type R1121) : du n° 1 au n° 2.526 - R4-R4L (type R1120) : du n° 1 au n° 134.758 - R4 Super (type R1122) : du n° 1 au n° 7.216 - R4 fourgonnette (type R2102) : du n° 1 au n° 14.247. GUIDE D’ACHAT RENAULT 4 1963Finitions améliorées En septembre 1962, le modèle R3 est supprimé du catalogue, victime de son insuccès. Sur tous les modèles, nouvelle boîte de vitesses avec première synchro, nouvelle traverse AV, nouveaux aérateurs de planche de bord, contact démarreur sur la colonne de direction, lampe témoin de pression d’huile au tableau, compteur de vitesse gradué jusqu’à 120 km/h (avant : 110 km/h), balais d’essuie-glaces à retour automatique, nou- velle commande intérieure d’ouverture des portes (tringlerie modifiée) et montage en série de pneus à arceaux droits. Le modèle R4 reçoit le moteur 4 CV de la R4 Super, des patins de caoutchouc sur les pédales et une ouverture du hayon AR par poignée tournante. Le modèle R4L reçoit, lui aussi, le moteur de la R4 Super, une ouverture du hayon par poignée tournante, un starter automatique électrique, de nouveaux enjoliveurs de roues lisses, des pare-chocs chromés à lames avec de nouveaux butoirs de parechocs. Par ailleurs, l’enjoliveur de la plaque de police AR et l’imitation chrome sur les côtés de feux AR est supprimée. La R4 Super reçoit un nouveau moteur de 5 CV fiscaux (845 cm3, 32 ch SAE), et les mêmes modifications que la R4L, à l’exception des pare-chocs qui conservent leurs caractéristiques. En décembre 1962, tous les modèles reçoivent de En septembre 1963, montage d’un pare-chocs à lames peint à l’AV sur la fourgonnette. En décembre, apparition d’un nou- 1964L’arrivée de la Parisienne La planche de bord dépouillée de la R4 de base. Plus zen, tu meurs ! nouveaux monogrammes en plastique gris (au lieu de métalliques et dorés). Enfin, en janvier 1963, les charnières de hayon AR sont renforcées avec un sytème à ouverture compensée. ■ veau modèle baptisé “La Parisienne”. Dérivé de la R4 Super, il ne s’en distingue que par sa carrosserie de couleur noire avec panneaux de caisse à façonnage “Cannage” jaune ou “genre écossais” vert ou rouge. Sur tous les modèles, glaces de portes AR en deux parties avec glace AR coulissante, suppression de la glace de custode mobile, remplacée par une vitre fixe, retour à la commande de starter manuelle et habillage de la partie inférieure La déco façon cannage de la Parisienne sera plus appréciée que le style écossais. 1965Export En septembre 1964, le modèle R4 Super disparaît à son tour. Un nouveau modèle fait son apparition : la R4 L Export Super (moteur 5 CV) ou R4L Export (moteur 4 CV). Sur toute la gamme, nouveau carbu à commande d’accélérateur par câble et nouvelle pédale d’accélérateur, appareil de chauffage à encombrement réduit (boîtier en plastique teinté en gris dans la masse), garnitures sur passages de roues AR en caoutchouc noir. Sur la R4 et la fourgonnette, lames de pare-chocs AV et AR zinguées et peintes couleur aluminium. Sur la R4L Export et Parisienne, butoirs de pare-chocs avec fixation centrale (auparavant, fixation par deux équerres). En novembre, tuyau d’échapLa R4 de base reçoit des parechocs peints couleur alu. pement retenu sous le plancher par deux fixations au lieu de quatre. En décembre, nouvelle distribution entraînée par chaîne double (avant : pignon intermédiaire en acier qui s’avérait souvent bruyant) et modification du carter. En janvier 1965, le réservoir de liquide de freins est monté directement sur le maître-cylindre et non plus fixé sur la joue d’aile. En mars, tous les modèles reçoivent un antivol de direction monté de série. ■ ▼ Numéros de fabrication R4-R4L-R4L Export : du n° 377.242 au n° 505.486 R4L Export Super-R4 La Parisienne : du n° 158.640 au n° 240.251 - R4 fourgonnette : du n° 59.413 au n° 79.152. ▼ Numéros de fabrication R4-R4L : du n° 134.759 au n° 243.916 - R4 Super (type R1124) : du n° 1 au n° 26.561 - R4 fourgonnette : du n° 14.248 au n° 38.389. de la planche de bord par une plaque “gris clair”. En février 1964, la gamme fourgonnette s’enrichit d’une version avec glaces latérales coulissantes, banquette AR et siège passager AV repliables, et feutre d’insonorisation sous le pavillon. En avril, les jantes sont à bords roulés pour fêter le cap des 500.000 exemplaires produits. ■ ▼ Numéros de fabrication R4-R4L : du n° 243.917 au n° 377.241 - R4L Super-R4 La Parisienne (type R1123) : du n° 75.093 au n° 158.639 R4 fourgonnette : du n° 38.390 au n° 59.412. 1966-1968Que de changements ! Refonte de la planche de bord pour 1967. Alors que la production vient de dépasser le million d’exemplaires, l’appellation R4 s’efface pour laisser la place à celle de Renault 4. Cette modification intervient au salon d’octobre 1965 et s’accompagne d’un nouveau monogramme sur le hayon AR (“RENAULT 4”). Tous les modèles reçoivent, par ailleurs, une manivelle fixée sur le côté d’auvent en arrière du cric (au lieu d’être fixée en avant du cric), un vase d’expansion en tôle (au lieu de verre) et un système de recyclage des vapeurs d’huile supprimant le reniflard. La Renault 4 Luxe reçoit des panneaux de custode vitrés, des pare-chocs chromés sans butoirs et des enjoliveurs de roues chromés. L’ancienne R4L devient Renault 4 Export sans changement et l’équipement de La Parisienne est uniquement disponible en version moteur 5 CV. Enfin, la fourgonnette reçoit une barre stabilisatrice à l’AV. En février 1966, la chaîne de distribution est désormais à maillons simples. En septembre 1966, la Renault 4 Luxe devient simplement Renault 4. Tous les modèles reçoivent une nouvelle planche de bord beige foncé et un volant mar- 39 ■ GAZOLINE ■ JANVIER 1999 ron avec un moyeu rectangulaire, un climatiseur et une tablette de vide-poches noirs, une poignée de frein à main à rappel automatique, des charnières en zamak boulonnées sur le hayon et non plus soudées (pour une meilleure solidité de l’ensemble, nombre de charnières se dessoudant), une suspension AR avec barres de torsion réglables par cames (comme sur les fourgonnettes 350 kg) et des tambours AV au diamètre passé à 200 mm. Les modèles Export et Parisienne reçoivent, eux, des sièges avec garniture à piqûres parallèles et des garnitures de portes avec empreintes rectangulaires. Les modifications s’accélèrent en septembre 1967 avec l’adoption d’une boîte quatre vitesses, d’une calandre incorporant les projecteurs (sauf pour la fourgonnette), de pare-chocs AV et AR profilés et plus gros (sauf pour la fourgonnette), d’une tige de levier de vitesses chromée et non plus peinte, d’un pommeau de levier avec empreintes de doigts remplaçant la boule, et un cric de roue de secours de forme parallélogramme. La Renault 4, de son côté, reçoit les mêmes garnitures de portes que la version Export du millésime 1967. ■ ▼ Numéros de fabrication Type R1120 : du n° 505.487 au n° 638.808 (1966), du n° 680.809 au n° 798.838 (1967) et du n° 798.839 au n° 940.220 (1968) - Type R1123 : du n° 240.252 au n° 338.580 (1966), du n° 338.581 au n° 471.376 (1967) et du n° 471.377 au n° 620.610 (1968). Charnières de hayon boulonnées et nouveau logo “Renault”. GUIDE D’ACHAT RENAULT 4 1969-1971Vive le plein air ! Cheveux au vent avec la version Plein Air sans portières. Au salon d’octobre 1968, la gamme subit une nouvelle mutation. La Parisienne disparaît du catalogue, les moteurs 5 CV sont réservés aux fourgonnettes et au nouveau modèle qui fait son apparition : la Renault 4 Plein Air (type R1123). Ce modèle est, en fait, une limousine traitée en décapotable sans portes. Tous les modèles reçoivent des barres de torsion à l’AV réglables par cames comme les fourgonnettes, un embrayage à diaphragme et des glissières des sièges AV à billes. Les fourgonnettes reçoivent, de leur côté, les mêmes capot moteur, pare-chocs AV et planche de bord que les limousines dans un souci d’uniformisation de la production (mais les pare-chocs sont peints en gris au lieu d’être chromés. En septembre 1969, tous les modèles reçoivent un contacteur à droite du volant, interdisant le lancement du démarreur deux fois consécutives sans couper le contact dans l’intervalle (sauf Plein Air) et une grille des vitesses gravée sur le pommeau du levier. Sur la limousine, équilibreur de hayon permettant la fermeture d’une seule main. Sur la Renault 4 de base, ban- quette AR repliable et rabattable. En avril 1970, comme la loi l’y oblige, Renault monte des ceintures de sécurité aux places AV. La Renault Plein Air n’aura vécu qu’un seul été, ou presque, puisqu’elle disparaît du catalogue en septembre 1970. Peu de changements pour le millésime 1971, à l’exception du très attendu passage en douze volts et de l’adjonction d’une serrure à clé sur la porte AV droite. ■ 1978-1982 Sacrée Jogging La version GTL apparaît en juillet 1978, avec ses pare-chocs gris. En juillet 1977, la Renault 4L redevient la Renault 4. Mais, dans l’esprit du public, le symbole sera plus fort que ces changements de dénomination et la Renault 4 restera définitivement la 4L. Tous les modèles reçoivent une nouvelle entrée d’air sous la baie de pare-brise, remplaçant la trappe extérieure (désormais, commande par l’habitacle), des essuie-glace à deux vitesses avec position de repos des balais côté passager (avant : côté conducteur) pour une meilleure visibilité du conducteur, une lunette AR chauffante (sauf breaks), un nouveau bouton de commande du hayon AR et, sur la planche de bord, le contacteur “brake” passe à gauche, à la place du contacteur de lunette AR qui, lui, vient prendre place sous la planche de bord. De ▼ Numéros de fabrication Type R1120 : du n° 940.221 au n° 1.067.650 (1969) et à partir du n° 1.067.651 (1970) - Type R1123 : du n° 620.611 au n° 784.310 (1969) et à partir du n° 784.311 (1970). ▼ Numéros de série Type R1120 : à partir du n° 5.956.001 (1971) Type R1123 : du n° 4.741.001 au n° 4.929.000 (1971). La calandre a changé en 1968 et ne sera modifiée qu’en 1975. plus, le rétro extérieur est désormais noir au lieu de chromé et les fourgonnettes reçoivent des ceintures à enrouleur. Les versions allongées prennent l’appellation F6. En juillet 1978, présentation de la version GTL équipée du moteur cinq paliers “Cléon” de 1.108 cm3 déjà utilisé sur les F6. La GTL se distingue des autres modèles par sa calandre grise, ses parechocs gris, sa plaque de police sur le pare-chocs AV entourée par deux crosses de protection, ses roues ajourées, ses larges protections latérales, ses sièges AV séparés, sa planche de bord à deux compartiments à objets et ses bacs de rangement dans les portes AV. Peu de modifications pour le millésime 1979 : les modèles Safari et break F6 disparaissent et une version pick-up fait son apparition, sur base de la fourgonnette F6. En novembre 1978, les feux avant sont bicolores, des ceintures de sécurité sont montées en série à l’AR et le totalisateur kilométrique est à six chiffres. Pour 1980, adoption des pneumatiques Tubeless, la Renault 4 recevant les roues de la R5 de base, la GTL celles de la 5TL avec macaron central. Par ailleurs, la TL adopte une calandre sans liseré peint comme la R4 de 1972-1974Sécurité et d La pollution commence à préoccuper le législateur qui impose des moteurs “dépollués”. Ça fait sourire. En attendant, la Régie accroît la cylindrée de son moteur 4 CV de base qui passe de 747 cm3 à 782 cm3 en septembre 1971, sans changer sa puissance. Du coup, les numéros de types sont modifiés (la R1120 devient la R1126 et la fourgonnette R2105 devient R2109). Dans le même temps, les feux de stationnement latéraux sont supprimés, tout comme la noix de lancement du moteur (et donc le trou de passage de manivelle dans le pare-chocs AV) et la colonne de direction est à cardan. La Renault 4 Luxe perd ses butoirs de pare-chocs et la version Export reçoit une nouvelle moulure de bas de caisse plus discrète. Apparition de la fourgonnette R2108 à toit surélevé en plastique (charge utile : 400 kg). En septembre 1972, les moteurs dépollués arrivent donc. Ce changement s’accompagne d’une modification du losange de capot (stylisé) et de l’adjonction base. En juillet 1980, nouvelle implantation des interrupteurs sur la planche de bord, appareil de chauffage à deux vitesses, freins AV et AR avec système de rattrapage automatique d’usure des garnitures. La Renault 4 reçoit un pare-chocs gris, la TL des roues ajourées à fixations apparentes (anciennes roues de la R6 TL). En mai 1981, version en tirage limité de la Renault 4 Jogging sur base de la GTL avec, en plus, toit ouvrant, carrosserie blanche, parechocs et protections latérales bleues, armature des sièges tubes (5.000 exemplaires seront produits). Pour 1982, Renault adopte de nouvelles typographies pour ses monogrammes. Les charnières de portes sont encastrées (depuis mai 1981), les écrous de roues reçoivent un capuchon de couleur noire, et les garnitures sont d’une butée anti-recul sur le tube de commande des vitesses (pour éviter l’intrusion de la colonne de direction dans l’habitacle en cas de choc). Parallèlement, des points d’ancrage pour ceintures de sécurité aux places AR sont installés de série, le bandeau central de planche de bord est grené au lieu de lisse et le réglage en hauteur des sièges AV se fait par cales plastiques (au lieu de cales bois). En septembre 1973, nouveaux changements en profondeur avec l’adoption de la boîte de vitesses de la Renault 6 (sauf fourgonnette surélevée), d’une planche de bord de couleur noire, tout comme le volant, le rétroviseur et les boutons de commande. Le monogramme sur l’aile AV droite est supprimé et un nouveau monogramme “RENAULT 4” dans un cartouche fait son apparition sur le hayon AR. La version Luxe reçoit des butoirs de pare-chocs. Les fourgonnettes vitrées changent d’appellation (R2392 en version 4 CV et R2391 en version 5 CV) et, Pour 1982, écrous de roues avec améliorées (drap imprimé diagonal pour les 4 et TL, drap chiné pour GTL). ■ La vogue des séries limitées pousse à la création de cette version Jogging. ▼ Numéros de série Type R1126 : à partir du n° 0.793.001 (1978), à partir du n° 0.870.001 (1979), à partir du n° 0.921.001 (1980) - Type 112.800 (Renault 4 GTL) : à partir du n° 8.000.001 (1978), à partir du n° 90.000.001 (1979), à partir du n° A 0.000.001 (1980). A compter du millésime 1981, les types sont modifiés : 40 ■ GAZOLINE ■ JANVIER 1999 la R1126 devient ainsi le type 112.600. Les numéros de série commencent par une lettre qui identifie le millésime. Type 112.600 : à partir du n° B 0.000.001 (1981) et à partir du n° C 0.100.001 (1982) - Type 112.800 : à partir du n° B 0.000.001 (1981) et à partir du n° C 0.200.001 (1982). GUIDE D’ACHAT RENAULT 4 t dépollution 1975-1977Le retour de la 4L défunte Export). Dans le même temps, le modèle Safari fait son apparition : toutes désormais considérées comme des breaks, reçoivent des points d’ancrage pour ceintures de sécurité à l’AR. ■ ▼ Numéros de série Type R1126 : du n° 0.200.001 au n° 0.315.000 (1972), à partir du n° 0.315.001 (1973) et du n° 0.410.001 au n° 0.502.000 (1974) - Type R1123 : du n° 4.929.001 au n° 5.090.000 (1972) et à partir du n° 5.090.001 (1973). Série limitée “Love” en 1974. Le nouveau volant de la 4L 1977 est emprunté à la R5 TL. La Safari arbore la nouvelle calandre apparue en septembre 1974. En septembre 1974, une nouvelle calandre en plastique ABS sans enjoliveur central fait son apparition. Les ceintures de sécurité sont avec accrochage central sur brins séparés, adjonction d’un signal de détresse et d’un essuie-glace à retour automatique. Par ailleurs, la capacité du réservoir d’essence est portée de 26 à 34 litres (sauf fourgonnette 400 kg). La Luxe perd ses enjoliveurs de roues et reçoit une banquette AR repliable. L’Export reçoit des sièges AV séparés et une tablette AR rabattable. En juin 1975, apparition de la fourgonnette longue (R2370) qui remplace la fourgonnette surélevée R2108, et du break long (R2430) avec moteur 6 CV de 34 ch DIN. Mini révolution en septembre 1975 avec le changement d’appellation. Les termes Luxe et Export disparaissent et on voit, de nouveau, revenir le symbole 4L (pour la Renault 4 Luxe) auquel vient s’ajouter le nouveau 4TL (pour la les parties chromées de la 4L sont peintes en noir, des bandeaux de protection en plastique noir bordent les flancs de caisse, les sièges tubes sont équipés d’appuie-têtes, le volant de direction est emprunté à la R5 TS, la planche de bord possède, en son centre, une pince porte-documents et deux compartiments de rangement et les portes AV sont équipées de bacs de rangement. Parallèlement, tous les modèles reçoivent un alternateur en remplacement de la dynamo. En juillet 1976, les feux de clignotants AV deviennent rectangulaires, le volant est Les sièges de la 4TL sont bien rembourrés, eux ! désormais emprunté à la R5TL (sauf Safari), le tableau de bord est modifié et on note l’apparition d’un indicateur de chute de pression de freinage, suite à l’adoption d’un double circuit de freinage. Par ailleurs, carburateur indéréglable, ceintures à enrouleurs (sauf fourgonnette tôlée). ■ ▼ Numéros de série Type R1126 : du n° 0.502.001 au n° 0.598.000 (1975), du n° 0.598.001 au n° 0.696.000 (1976) et à partir du n° 0.696.001 (1977). 1983-1986Bienvenue dans le Clan Dès juillet 1982, dernières grosses modifications avant le baisser de rideau. Les versions de base et TL abandonnent ainsi l’antique moteur 782 cm3 pour le 845 cm3 (34 ch DIN), adoptent un rapport de pont rallongé, une nouvelle planche de bord couleur beige ou cendre, des commandes simplifiées sous le volant empruntées à la R5. Par ailleurs, le rétroviseur intérieur est désormais collé sur le pare-brise (en haut), les rétros extérieurs adoptant la forme dite “drapeau”. Les sièges et les panneaux de portes s’offrent un habillage mixte tissu et simili (sauf modèle de base). De même, toutes les versions équipées du moteur 1.108 cm3 (GTL et GPL) reçoivent des freins à “Bye, Bye”. La 4L tire sa révérénce avec cette série limitée à 1.000 exemplaires. Version “4 Sixties”. disques à l’AV, le levier de frein à main se retrouvant alors entre les deux sièges. La nouvelle GPL est, en fait, une TL avec moteur 1.108 cm3 bridé à 31 ch DIN. Pour 1984, peu de changements si l’on excepte le pare-brise feuilleté monté en série et l’allumeur avec correcteur d’avance à dépression monté sur les versions 845 cm3 qui, de plus, reçoivent un carbu de 32 au lieu de 28. En mars 1985, version à tirage limité baptisée “4 La Renault 4TL s’appelle Savane à partir de mai 1986. Sixties” sur base de la GTL avec deux toits ouvrants, des roues styles, peinture noire pour la calandre, les parechocs, les bas de caisse... (2.200 exemplaires). Mai 1986 : la 4TL devient la Savane, la GTL s’appelant “Clan”. La Savane abandonne cependant le 845 cm3 pour s’offrir le “Cléon” et reçoit des disques à l’AV et des roues à voile ajouté empruntées à la R5 GTL. Le modèle Clan est directement dérivé de la GTL mais avec des roues “styles” bicolores avec enjoliveur central et écrous chromés, une montre à affichage digital, une sellerie spécifique et une finition noire des entourages de glaces. ■ ▼ Numéros de série Type 112.302 (Renault 4 et 4 TL) : à partir du n° D 0.050.001 (1983), à partir du n° E 0.050.001 (1984), à partir du n° F 0.050.001 (1985) et à partir du n° 0.083.011 (1986) - Type 112.890 (Renault 4 TLGPL) : à partir du n° D 0.050.001 (1983), à partir du n° E 0.050.001 (1984) et à partir du n° F 060.001 (1985) - Type 112.800 (Renault 4 GTL) : à partir du n° D 0.050.001 (1983), à partir du n° E 0.000.001 (1984), à partir du n° F 0.000.001 (1985) et à partir du n° 0.047.125 (1986). 41 ■ GAZOLINE ■ JANVIER 1999 1987-1993 Séries limitées Pas de modification pour le millésime 1987 si l’on excepte la suppression du break F4. Encore moins pour 1988. En juillet 1988, très légère retouche des jantes qui sont à voile ajouré et reprennent le modèle 1986, et largeur des ceintures de sécurité diminuée à 50 mm. En juillet 1989, les Savane et Clan reçoivent un rétroviseur extérieur droit et un feu AR anti-brouillard. A l’été 1991, sortie d’une nouvelle version en série limitée, “Carte Jeunes” sur la base de la Savane et proposée en quatre teintes : pamplemousse, blanc glacier, rouge et séquoïa, sièges à motif vert sur fond bleu avec simili côtelé noir. Il faut attendre décembre 1992 pour voir apparaître une ultime version limitée, réalisée sur la base de la GTL Clan. Baptisée “Bye Bye”, elle ne sera produite qu’à 1.000 exemplaires, tous numérotés. Quelques semaines plus tard, la belle cessera d’être produite, Renault renonçant à l’équiper du désormais obligatoire pot catalytique. Plus de huit millions d’exemplaires auront été produits en un peu moins de 30 ans. Un record absolu pour la Régie qui n’escomptait pas un tel succès au début de sa carrière. ■ ▼ Numéros de série Type 112 C00 (Savane) : à partir du n° 0.671.016 (1987) et à partir du n° 0.680.103 (1988) Type 112.800 (Clan) : à partir du n° 0.508.969 (1987) et à partir du n° 0.683.904 (1988). C’est dans sa finition “Clan” que la Renault 4 achève sa carrière. GUIDE D’ACHAT RENAULT 4 our comprendre l’engouement suscité par la Renault 4, il faut remonter au milieu des années cinquante. Le paysage automobile français est alors partagé en deux grandes familles. Les autos d’entrée de gamme, pas chères, rustiques, à la limite de l’ascétisme, emmenées par la fulgurante 2 CV Citroën qui entraîne, dans son sillage, toute une série de petites voitures (le plus souvent, d’ailleurs, des micro-cars) destinées à permettre au plus grand nombre d’effectuer de petits parcours citadins, voire ruraux. A l’opposé, la bataille est beaucoup plus sévère entre les constructeurs. Là, on joue carrément le confort en oubliant volontiers la puissance. Ces modèles de 6 ou 7 CV fiscaux représentent l’essentiel des ventes. Situation qui s’explique par l’engouement d’un public sevré d’automobiles après-guerre et qui préfère patienter un an, voire deux, pour s’offrir un engin digne de ce nom. Simca avec son Aronde, Renault avec sa Dauphine, Peugeot avec sa 203 puis sa 403 se battent sur un marché juteux qui représente près de 60 % des immatriculations. Dans ce contexte, Citroën est étrangement isolé qui pratique une politique du tout ou rien. Avec, d’un côté, les déhanchements voluptueux de sa Deuche carrément sous-équipée et, de l’autre, la conduite Pullman d’une DS qui regroupe, à elle seule, les avancées technologiques les plus pointues. Et la préparation d’un milieu de gamme (la série des Ami) est plus destinée à fidéliser une clientèle qui se montre de plus en plus exigeante et ne s’avoue pas ten- P tement les orientations du projet 350 en imposant une nouvelle idée : concevoir une auto polyvalente, aussi à l’aise en ville qu’à la campagne et qui doit dégager son utilisateur de toutes les servitudes entraînées par l’entretien. Il fixe, par ailleurs, un objectif encore plus ambitieux en matière de prix, la nouvelle auto devant coûter 50.000 francs de moins que la 2 CV. Pour ceux qui en douteraient encore, toutes les études menées à Rueil se font en référence à la vedette de Citroën. Les ingénieurs iront même jusqu’à imaginer de propulser leur auto avec un bi-cylindre à air ! Et, sur les pistes d’essais de Lardy, les prototypes de la future Renault 4 sont suivis, comme leur ombre, par une... armada de 2 CV qui servent de maître-étalon. sont protégés par un brevet déposé, en 1936, par... Louis Renault ! Tel est pris qui croyait prendre... De fait, la nouvelle fille de Billancourt, constitue une révolution culturelle pour la Régie. Avec, tout d’abord, l’abandon du tout-àl’arrière défendu avec acharnement par Fernand Picard. La Renault 4 est une traction AV, la première de l’histoire de la marque. Pour la première fois, également, ce n’est plus une structure monocoque autoporteuse, mais une auto construite autour d’un châssis rectangulaire sur lequel vient se boulonner la carrosserie Deuche améliorée ? A bien regarder, d’ailleurs, l’auto qui sort pour la première fois des chaînes de Billancourt en juillet 1961, la nouvelle Renault affiche une filiation évidente avec la Deuche. Si évidente que Pierre Bercot, le président de Citroën, menacera même la Régie d’un procès pour concurrence déloyale, démontrant dans une lettre adressée à Pierre Dreyfus et à Jean-Marcel Jeanneney, le ministre de l’Industrie, que la Renault 4 a outrageusement copié la 2 CV en onze points bien précis. Les tentatives de conciliation dureront plus de deux ans et, si Bercot renoncera finalement à traîner la Régie Renault en justice, c’est sur l’insistance de Jeanneney qui lui fera comprendre qu’on « ne fait pas un procès à l’Etat ». Personne n’est Destinée à concurrencer la Deuche, la 4L a été conçue pour limiter l’entret tée par le passage brutal de la spartiate 2 CV à la luxueuse DS. Renault, lui, n’a pas ce souci. Sa gamme de véhicules est alors étendue et va de la 4 CV vieillissante à la Frégate à la mise au point délicate, en passant par la rustique Dauphinoise, toujours en activité, la délicate Dauphine aux allures de petite bourgeoise, ou la rugueuse Colorale. Mais la première crise de Suez a montré les limites d’un marché qui, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, s’essouffle. A l’évidence, le salut des constructeurs passe par l’entrée de gamme, économique à l’achat et à l’entretien. Qui plus est, le succès phénoménal de la 2 CV a surpris tout le monde (y compris, d’ailleurs, Citroën) et Renault n’entend pas laisser son grand rival jouer tout seul sur ce terrain. Dès septembre 1952, les grandes lignes de la contre-attaque sont donc définies par la Régie Renault. L’idée est simple et forte : concevoir une voiture économique, dépouillée, dont l’ensemble mécanique doit être démontable et interchangeable «ce qui conduit à l’adoption de la formule traction avant». Et elle ne doit pas dépasser le prix psychologique de 300.000 francs. Mais il faudra attendre la mi-56 pour que Pierre Dreyfus, le nouveau P.d.g., influe net- dupe. Citroën est alors considéré comme le constructeur à abattre, l’empêcheur de rouler en rond et Pierre Dreyfus n’a pas caché, face à son ministre de tutelle, que son intention « est de porter un coup considérable à Citroën ». Cela dit, Renault a joué finement le coup, évitant de détourner des brevets Citroën et rappelant, au passage, que les sièges à lanières utilisés par Citroën (encore une technique Citroën). C’est, enfin, une cinq portes avec un véritable hayon relevable, solution alors inusitée sur un véhicule d’entrée de gamme. Par contre, la mécanique n’engendre pas l’enthousiasme. Huit projets avaient pourtant été menés de front qui auraient pu aboutir à la création d’un nouvel ensemble moto-propulseur, plus novateur. Mais, par souci d’économie et de fiabilité, Pierre Dreyfus a imposé le bon vieux bloc de la 4 CV, mais retourné. Il est alors disponible dans deux versions, les commerçants ayant fait pression sur le réseau pour obtenir une auto encore plus dépouillée : 747 cm3 (4 CV fiscaux et 26,5 ch SAE à 4.500 tr/mn) et 603 cm3 (3 CV fiscaux, 20 ch SAE à 4.500 tr/mn). Ce dernier bloc équipera les très rares R3 dont Les premiers protos préfigurent ce que sera la future Renault 4, même si la ligne est encore hésitante. 42 ■ GAZOLINE ■ JANVIER 1999 la carrière, éphémère, souffrira d’un manque de performances notoires et d’un prix de vente trop élevé. Dans les deux cas, le bloc est à chemises amovibles (solution plus économique que le chemisage du bloc), la culasse en alliage léger et les soupapes en tête sont actionnées par culbuteurs. Par ailleurs, le collecteur d’admission est en fonte (sur la 4 CV, il est en alliage léger) par souci d’économie. Tout au long de sa carrière, ce moteur subira peu de modifications, voyant sa cylindrée augmenter très légèrement, tout autant que sa puissance puisqu’il montera jusqu’à 34 ch DIN. Réputé increvable, facile à réparer et simple d’entretien, il participera, pour beaucoup, au succès d’une auto à tout faire. Car, et c’est un des points essentiels qui explique l’engouement suscité par la Renault 4, cette voiture sait se faufiler partout et se transformer, à la demande, en petite utilitaire ou en citadine agile. Surtout lorsqu’elle aura abandonné sa ridicule boîte trois vitesses (première non syncho) dont l’étagement frise l’indigence (trou énorme entre la seconde et la troisième) pour une boîte trois vitesses synchronisées puis pour une quatre vitesses particulièrement réussie. Avant de s’offrir cette amélioration ô combien attendue, les GUIDE D’ACHAT RENAULT 4 Rat des villes ou rat des champs ? La simplicité de sa conception et son incroyable robustesse ont vite fait de convaincre ruraux et citadins que la Renault 4 était l’auto la mieux adaptée à leurs besoins. Bonne à tout faire, facile à restaurer ien au maximum avec, notamment, la suppression de tous les graisseurs. utilisateurs devront apprendre à vivre avec le maniement d’un levier dur (au tableau) ou huiler régulièrement et abondamment la tringlerie des vitesses jusqu’à la sortie de boîte pour pallier ce défaut notoire. Plus de graisseurs Dans son souci de simplifier la tâche des utilisateurs, Renault a également pensé à limiter l’entretien au strict maximum en supprimant, notamment, tous les graisseurs d’articulation ! Plus besoin de passer chez son garagiste, en dehors des vidanges (tous les 5.000 km, ce qui, à l’époque, constitue une exception de taille) ou des révisions classiques. De plus, le circuit de refroidissement est de type scellé, évitant les continuelles vérifications de niveaux et appoints réguliers. Un système nouveau chez Renault et qui fonctionne très bien, d’autant que la capacité du circuit a été augmentée, le radiateur étant plus grand de 10 cm par rapport à celui qui équipait la 4 CV et la Dauphine. Peu d’innovations techniques, on le voit. A l’exception des suspensions. Quatre roues indépendantes (à l’AV parallélogrammes transversaux, à l’AR bras tirés), articulations par l’intermédiaire de rotules pour les fusées AV, amortisseurs télescopiques (montés horizontalement à l’AR), bagues en nylon spécial qui étaient (selon Renault) inusables et incassables... Renault a incontestablement innové, toujours dans le souci de simplifier l’entretien au maximum. Ce qui n’empêchera pas le changement fréquent de rotules, surtout sur les premiers exemplaires, la gaine caoutchouc censée les protéger se crevant fréquemment. Il faut également préciser que, juste avant la mise en production, Renault a décidé de changer de fournisseur de rotules, histoire de réaliser quelques économies de bouts de chandelle. De même, il faudra attendre plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires avant que la barre de torsion AR ne soit renforcée (y compris au niveau de ses attaches, pas toujours très sûres), évitant les désagréables effets de lévitation du train AR (on a carrément l’impression qu’il ne cesse de rebondir) sur mauvais revêtement. Cela dit, la tenue de route est royale, grâce à l’adoption de petits pneus. Certes, la Renault 4 se penche sévèrement en virages et peut même aller jusqu’à lever la patte AR. On notera son caractère franchement sous-vireur sans jamais inquiéter son conducteur pour autant qu’on ne lui demande pas... l’impossible. Sinon, c’est tonneau garanti. On qualifiera d’honnête le freinage, sans plus, la taille des tambours n’incitant pas à se prendre pour un Prost en grande forme. D’ailleurs, on notera avec satisfaction que c’est ce point qui aura suscité le plus d’améliorations au cours de la carrière de la 4L, qui finira même avec des disques à l’AV.. Un succès phénoménal Parmi toutes les études de motorisation, la Régie Renault a imaginé ce bloc transversal, toujours emprunté à la 4CV. Mais les problèmes de transmission devaient jeter ce projet aux oubliettes. 43 ■ GAZOLINE ■ JANVIER 1999 Tous ces atouts (et inconvénients) ne seraient rien sans un zeste de mythe. Et, il faut bien l’avouer, malgré son caractère spartiate (mais tout de même moins que la... 2 CV), la Renault 4 a su séduire. Pas tellement par sa ligne, franchement banale et même parfois ridicule lorsqu’à vide son arrière-train se soulève. Mais parce qu’elle a, dès le départ, su jouer de ses déhanchements et de son côté un poil rustique. Car c’est une rigolote, une auto marrante à conduire dans laquelle on respire autre chose que de l’aseptisé. L’aération est quasi nulle, le désembuage symbolique. On y crève de chaud en été, on se pèle en hiver. Mais Dieu que cette bagnole a du tempérament. Elle démarre par tous temps, s’enfonce dans tous les types de chemins, jouant les brinquebaleuses avec une constance qui a vite fait de rassurer les plus inquiets. Surtout, elle est increvable. Reine à la ville comme à la campagne. On peut y charrier son fumier (bon, d’accord, l’odeur c’est pas terrible) ou sa petite famille sans craindre la panne intempestive. Et si elle survient, on se dépanne souvent avec trois fois rien. Renault en a d’ailleurs joué avec bonhommie, la présentant dans les situations les plus décalées (en caddy, en auto tout-terrain,...). Ou carrément volante. Sans doute pour rendre un ultime hommage à la “quatre ailes”, surnom qui lui a été vite affublé et que, malgré tous ses efforts, Renault n’a pu ôter des esprits (rappelons que, au départ, la 4L n’est qu’une version Luxe de la R4 de base et que cette appellation n’a été employée par Renault qu’au tout début de sa carrière). Bref, cette auto ludique a marqué son temps. Et on peut même parier que si la législation n’avait pas obligé la Régie à stopper sa production (le pot catalytique imposait une injection et donc des GUIDE D’ACHAT RENAULT 4 Les clubs ■ 4L que j’aime Club 3 avenue Jean Materne, B-5100 Jambes (Belgique). T. 00.32.81.30.80.33. ■ 4L/R6 Club de France 2 rue Bouvreuils, 93330 Neuilly-surMarne. ■ Et, bien évidemment, le Club des Anciennes Renault (liste des délégations régionales au 01.47.77.48.55 ou dans notre Annuaire de la voiture ancienne). Disponibilité pièces Pour les derniers modèles, direction votre concessionnaire Renault habituel. Près de 80 % des pièces figurent encore au catalogue et, s’il vous affirme péremptoirement que ce n’est pas le cas, faites-lui votre plus beau sourire et précisez-lui, tout aussi fermement, qu’il lui suffit de consulter son catalogue PR900 (édition 22.2, de fin 1996) pour vous satisfaire. Il y découvrira, à sa grande surprise, qu’il peut vous fournir tout ou presque. Y compris des blocs moteurs 680-702 (pour la R1120), des ensembles chemises-pistons, des calandres (mais uniquement pour le dernier modèle), des ensembles optiques AR... Mais aussi des éléments de carrosserie et tout ce qu’il faut pour garantir une conduite en toute sécurité. Malheureusement, ça ne devrait pas durer et, déjà, beaucoup de pièces spécifiques aux premiers modèles ou aux séries limitées commencent à manquer. Il est donc plus que temps de stocker. La documentation ■ Revue technique automobile : Renault 4 (4 et 5 CV), 1961-1986, N° 288 et Renault 4 TL (1987-1993) et fourgonnette F6 (1975-1993), N° 388. Tous deux encore disponibles (éd. ETAI). Gazonet Sites Internet consacrés à la 4L. ■ http://www.ucad.fr/pub/virt/mp/ renault/renault4/index_r4.html. L’histoire de la pub pour les Renault 4 en images. Très chouette. ■ http://www.myprovider.com/site/ r4/. Club R4 aux Pays-Bas. ■ http://geocities.com/MotorCity/ Track/5579. Egalement aux Pays-Bas, le “Wonderful world of Renault 4” de Marco Van der Steeg. ■ http://www.iijnet.or.jp/kn-photo/ hobby/club_r4jp.html. Club R4 au Japon. Seul passage en français : «défilé sur les Champs-Elysées» ! ■ http://www.asahi-net.or.jp/~ye7rsnhr/CAR/RENAULT4.HTML. Encore un site japonais. ■ http://www.his.co.jp/okada/r4-e/ index.htm. Franchement hilarant et ludique, ce site vous permet de visiter la 4L de Norio Okada par devant, par derrière, sur le côté... ■ http://users.cybercity.dk/~dko9328/ r4/R4.thm. Club R4 au Danemark. ■ http://friko6.onet.pl/wr/renault4/. Un amateur de 4L en Pologne, Grzegorz Chyta. Retrouvez les adresses citées et les liens pour vous connecter sur notre site : http://altern.org/gazonet investissements supplémentaires), la Renault 4 poursuivrait, encore aujourd’hui, sa route. En attendant, on ne compte plus les 4L qui continuent à rouler, “dans leur jus” comme on dit ou dans des... courses de stock-cars, plusieurs dizaines de milliers de ces autos ayant ainsi fini leur vie. Affirmer qu’il s’agit d’un objet de collection digne d’être vénéré est sans doute un peu exagéré. Cela dit, les premiers modèles sont devenus rares (vous connaissez beaucoup de R3, vous ?), tout comme la célèbre “La Parisienne” et certains commencent sérieusement à se pencher sur son cas. Il faut dire qu’il est plus que temps. Les primes Balladur et Juppé ont, en effet, singulièrement clairsemé ce parc. Et il faut s’armer de patience pour espérer dénicher un modèle antérieur à 1968. Sans parler de son ennemie numéro un (en dehors de kilométrages et de traces d’usures impressionnantes) : la corrosion. au-dessus des feux AR, entourage de lunette AR, points d’attaches des amortisseurs AR (sur les modèles équipés de points d’ancrage en tôle), passages de roues AR, bas de caisse... Dans une moindre mesure, si l’auto est très fatiguée, la corrosion peut s’être attaquée à l’ensemble de la carrosserie et on ne compte plus les mastiquages et autres réparations au polyester qui leur ont permis d’aligner encore quelques milliers de kilomètres. Car il ne faut pas se le cacher, la plupart des Renault 4 encore en circulation sont bien fatiguées et il faut beaucoup de chance et de ténacité pour trouver un exemplaire complet, d’origine et non maquillé. En l’occurrence, il faut d’ailleurs privilégier la piste du premier propriétaire, beaucoup de ces autos n’ayant pas changé de main depuis leur achat. Ce sont bien souvent celles-là qui, bien entretenues et parfois bichonnées à l’excès, constituent les plus intéressantes cylindres ! Bref, au moindre doute sur la manière dont les propriétaires ont entretenu leur auto, il vaut mieux déposer le moteur et la boîte et procéder à un examen minutieux de toutes les pièces. On évitera ainsi les mauvaises surprises, quelques réparations valant mieux qu’un moteur cassé. Pour autant, tout n’est pas rose pour qui cherche un modèle antérieur à 1968. D’abord pour les pièces des boîtes trois vitesses (y compris les deux demi-coquilles de carter de boîte). Quasiment introuvables. Tout comme les biellettes de direction, les rotules, les joints de transmission côté roue avec leurs quatre billes, la dynamo pour les modèles six volts (le passage au douze volts est largement recommandé par nos lecteurs, entre autres à cause de ce problème)... Pour les autres, pas de souci majeur, la plupart des pièces se retrouvant sans grand problème dans le réseau Renault qui continue vendre ou d’acheter. Résultat, des prix au ras des pâquerettes. Grosso modo, les propositions de vente se situent dans une fourchette comprise entre 2.000 et 8.000 F suivant les états. Avec une très légère surcote pour les séries spéciales (La Parisienne en tête) et, carrément, une embellie pour la rarissime Plein Air qui peut atteindre les 20-25.000 F en très bel état. A condition que ce soit une... vraie, tellement il y en a eu de fausses. Bref, ça ne vaut, à l’heure actuelle, pas grand chose. Et on se demande bien pourquoi. Verdict Il devient urgent de sauvegarder les derniers exemplaires d’une auto qui a marqué deux générations. Réhabiliter serait, d’ailleurs, le terme plus approprié. Car, considérée par beaucoup comme une voiture d’occasion, on a tendance à oublier qu’elle va bientôt fêter ses quarante ans ! D’accord, elle n’a pas l’aura d’une 2 Ô joie, la grande majorité des pièces est distribuée par Renault ! Tristes états D’abord, l’étanchéité est une vue de l’esprit. A peine sortie de chaîne, la Renault 4 montrait déjà des signes de faiblesse côté joints. Ça fuit de partout et, à moins de refaire ses joints et d’assurer l’étanchéité au mastic (style Rubson), on peut être sûr que l’eau va s’infiltrer insidieusement et végéter sous les tapis. Première précaution, d’ailleurs, lorsque vous allez voir une 4L : soulevez ces tapis. Le plancher est donc un souci (mais Renault diffuse un kit qui se rivette sur les côtés). Mais ce n’est pas le plus grave. Car, si le châssis est robuste et peut encaisser beaucoup (ce qui explique que René Bonnet l’ait utilisé pour son “Missile”), les longerons sont sensibles à la corrosion. Essentiellement à l’AR, au niveau des points d’ancrage de bras de suspension. Le reste est déjà plus classique : ailes AV, entourages de phares, de calandre (sur certains modèles seulement), de clignotants, bases de restauration. Un de nos lecteurs a, ainsi, découvert une “Parisienne” à 500 mètres de chez lui, détenue par une dame d’un certain âge qui n’osait plus la sortir, de peur qu’on lui raye sa peinture comme cela lui était arrivé en... 1975 ! 18.000 km au compteur, toujours couchée au chaud, sièges protégés par des plaids, la brave dame se contentait de la faire tourner une fois par semaine pour aller voir sa fille à 10 km de là. L’occase comme on en rencontre peu. Hélas. Pour le reste, pas d’inquiétudes majeures. Certes, les mécaniques ont souvent été maltraitées, victimes de leur légendaire robustesse et il n’est pas rare de tomber sur des autos qui roulaient encore avec un embrayage tellement usé qu’il avait rayé le volant moteur. Ou si peu souvent vidangées que le liquide de refroidissement (de l’eau bien calcaire s’il vous plaît) avait quasiment bouché les chambres d’eau des troisième et quatrième encore à proposer même, dans certains cas, des échanges standard. Cela dit, ça ne devrait pas durer. D’où l’urgence de constituer des stocks en prévision des pénuries à venir. Dans l’ensemble, remettre en état une Renault 4 est une promenade de santé, tant sa conception facilite le travail. Et son seul défaut c’est, sans aucun doute, sa robustesse qui a entraîné, de la part de ses propriétaires, un laxisme coupable. On ne compte plus les tambours de freins marqués par les rivets, tant les garnitures étaient usées, ou les pignonneries de boîte de vitesses marquées profondément à cause de... l’absence d’huile. A croire que, à force d’enfoncer le clou dans ses publicités, Renault a fini par faire croire aux propriétaires de 4L qu’il n’y avait plus d’entretien du tout à faire ! Un comble. CV (quoique) ou d’une 4 CV. D’accord, elle a été produite à plus de huit millions d’exemplaires ce qui, à en croire certains ras du bulbe, lui ôte tout intérêt (ce qui ne les empêche pas de collectionner des Ford T ou des Coccinelle, allez comprendre comment fonctionne leur cerveau !). Mais c’est oublier un peu vite que cette dame se fait de plus en plus rare. Ce qui devrait réveiller l’âme de sauveteur qui sommeille en chacun d’entre nous et entreprendre, de toute urgence, une opération de salut public. Pour que nos enfants puissent encore voir rouler cette 4L aux allures de tank civilisé. Et qu’ils puissent toucher du doigt cet étrange engin qui vous réapprend le plaisir de la conduite. En toute simplicité et pour un budget qui frise le ridicule. Allez, au boulot ! ■ JEAN-PATRICK BARAILLÉ A quel prix ? Il n’y a pas foule. Qu’il s’agisse de Quand on vous dit que la 4L est une bonne à tout faire ! Jean-Marie Albertini a ainsi transformé la sienne en... bétonnière. Fallait oser... 44 ■ GAZOLINE ■ JANVIER 1999