Différentiation des motivations à la consommation de produits
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Différentiation des motivations à la consommation de produits
Différentiation des motivations à la consommation de produits engagés et circuits de distribution utilisés, Application à la consommation de produits issus du commerce équitable Florence de FERRAN Doctorante - Allocataire de recherche en Sciences de Gestion CEROG - IAE Aix en Provence Clos Guiot - Chemin de la Quille 13540 Puyricard [email protected] Différentiation des motivations à la consommation de produits engagés et circuits de distribution utilisés, Application à la consommation de produits issus du commerce équitable Résumé La consommation de produits engagés, et notamment de produits issus du commerce équitable, apparaît comme une nouvelle tendance dont certains prédisent la forte croissance. Le consommateur serait donc de plus en plus sensible au caractère "engagé" d'un produit. Cet article a pour objectif de mettre en évidence les attributs déterminants, ainsi que les valeurs sous-jacentes, à l’achat de produits issus du commerce équitable dans son ensemble et en fonction du circuit de distribution utilisé : grande surface (GMS) ou magasin spécialisé (MS). Une étude exploratoire s’appuyant sur les chaînages cognitifs a été menée auprès d’acheteurs de café équitable. Une analyse canonique non linéaire et une typologie ont permis de déterminer différents groupes de motivations. De plus, l’établissement de cartes hiérarchiques montre que les motivations sont différentes selon le circuit de distribution utilisé. Mots-clés : commerce équitable, produits engagés, circuit de distribution, attributs, valeurs, processus de choix, motivations Abstract “Committed” products consumption and more particularly fair trade products consumption is growing. Thus, some consumer seems more and more sensitive to the "committed" characteristic of a product. The purpose of this article is to find out the determinant nature of the fair trade product attributes, as well as the values linked to that consumption as a whole and according to the retailing store chosen : supermarket (GMS) or single line store (MS). An exploratory study based on means-end chains has been implemented among fair trade coffee consumers. A nonlinear canonical analysis and a typology allow to identify groups of motives. Moreover, the hierarchical value maps change according to the distribution networks used, hinting that motives to purchase fair trade product might be heterogeneous. Keywords : fair trade, « committed » product, distribution networks, attributes, values, consumer choice, motives Différentiation des motivations à la consommation de produits engagés et circuits de distribution utilisés, Application à la consommation de produits issus du commerce équitable L’importance croissante de la valeur d’éthique 1 au sein de la société a conduit bon nombre d'entreprises à adopter une « nouvelle logique » de management (Crozier 1994) à travers l'acceptation d'une responsabilité sociale. Celle-ci s'applique à différents niveaux : économique, léga l, éthique et philanthropique (Caroll 1999), et peut être appréhendée par le degré d’engagement de l'entreprise défini, par Thiery (2000), selon deux axes : le degré d’engagement en faveur d’une cause, et son incidence sur le mix produit. Le véhicule de cet engagement se traduit alors à travers différents produits que sont : les produits issus du commerce équitable 2 , les produits éthiques, les produits respectueux de l’environnement, les produits made in, et les produits-partage, qui suivent à la fois une démarche éthique et marchande (Thiery 2003). Ils répondent à une certaine responsabilité humanitaire, sociale ou environnementale des entreprises, et apparaissent comme une réponse marchande à l’idéal moral de certains consommateurs. A ces produits, est associé un comportement d’achat socialement responsable c’est à dire un acte d’achat doublé d’un acte volontaire de contribution à une cause ayant un sens moral. Dans ce cadre, bon nombre de recherches ont déjà exploré le consommateur socialement responsable (Berkowitz et Lutterman 1968 ; Anderson et Cunningham 1972 ; Anderson et al. 1974 ; Webster 1975 ; Antil 1984 ; Leigh et al. 1988) ou le consommateur écologiquement responsable (Kinnear et al. 1974 ; Jackson et al. 1993 ; Shamdasani et al. 1993 ; Roberts 1996 ; Thiery 1996 ; Kréziak 1998 ; Giannelloni 1998 ; Straughan et Roberts 1999). Peu d’études se sont cependant intéressées aux autres formes de consommation de produits engagés. Le commerce équitable qui rend compte de pratiques socio-économiques alternatives au commerce international, basées sur l’équité, le partenariat et l’intérêt partagé (Bouquet et Hénault 1998), en fait partie. Compte tenu de son essor important associé à la démocratisation de sa distribution, de sa clientèle et par le développement de différentes marques et gammes de produits, il est dès lors nécessaire de comprendre les comportements associés à cette nouvelle consommation. Pour se faire, il est utile de revenir sur les origines du commerce équitable. Elles remontent à la première moitié du 19ème siècle quand les opposants à l’esclavage avaient fondé des magasins qui vendaient uniquement des produits « libres » 3 (Glickman 2004). Ainsi, on considérait que chaque acte de consommation était lié à chaque acte de production, tout consommateur étant responsable du bien être des producteurs par ses choix de consommation. Ce sont en fait des organisations d’acheteurs 4 qui furent à l’origine de ce mouvement. Par là même, les produits équitables tels que définis par Bouquet et Hénault (1998) ont longtemps été commercialisés dans des magasins spécialisés (MS), considérés comme des réseaux de ventes alternatifs (Bucolo 2003), de nature militante, engagés dans la responsabilisation des actes de consommation et dans des formes de commerce alternatives à celles envisagées par l’économie de marché. Leur nature est alors très différente des supermarchés ou 1 Règle sociale jugeant de la justesse des actions (Piquet 1995) Pour faciliter la lecture du document, nous préférerons « produit équitable » à « produit issu du commerce équitable ». 3 On appelait les produits libres : les produits fabriqués par des hommes libres, qui n’étaient plus esclaves. 4 Les ligues sociales d’acheteurs en France, les « Consumers’leagues » aux Etats-Unis, le « Käuferbund » en Allemagne (Chessel 2004). 2 hypermarchés (GMS), symboles de la société de consommation et d’une économie de marché à son paroxysme. Il existe donc à priori un conflit entre GMS et MS ; les circuits de distribution spécialisés trouvant illégitime que les GMS puissent vendre des produits équitables, leur image perçue étant en désaccord avec l’image du produit. En effet, le commerce équitable est considéré comme « un mouvement critique vis à vis de l’économie capitaliste » (Lachèze 2003), caractérisée par le libre échange et les accords du GATT, qui ont eu pour conséquence d’approfondir les inégalités Nord-Sud. Les GMS étant un symbole de cette économie, les MS estiment qu’ils sont en désaccord avec les valeurs du commerce équitable qui, jusque dans les années 1990, n’étaient représentées que par des points de vente associatifs (MS). Une étude exploratoire permettrait donc de déterminer les raisons propres à cet achat en fonction des circuits de distribution utilisés, ces circuits étant porteur d’un sens qui semble opposé. Ainsi, l’objectif de notre recherche est double : - Premièrement, comprendre les mécanismes qui sous-tendent l’achat de produits équitables par la détermination des motivations et, plus précisément, des valeurs sous-jacentes à cet achat, ainsi que des bénéfices et critères de choix, qui permettront la formalisation de groupes de motivations; - Deuxièmement, définir ces mêmes mécanismes en fonction du circuit de distribution emprunté par les acheteurs. Cet article se présente en quatre parties : la première est consacrée à la revue de la littérature ; la deuxième expose les objectifs et la méthodologie de la recherche ; et la troisième partie présente les résultats qui seront discutés dans une dernière partie, où seront également soulignés les apports et limites de l'étude. 1. Revue de la littérature Tout d’abord, nous présenterons la place des motivations, des valeurs et des attributs du produit dans le processus de choix du consommateur, puis, dans le cadre de l’achat de produits engagés que sont les produits respectueux de l’environnement ; et, enfin, nous tenterons de comprendre si ce processus de choix est différent selon le circuit de distribution emprunté. 1.1. Quelle place pour les motivations, valeurs et attributs du produit dans le processus de choix ? Les motivations sont définies comme un état de l’individu qui conditionne les activités de consommation dans un but spécifique (Jolibert et Baumgartner 1997). Il existe deux types d’approche à son étude : l’approche motivationnelle qui s’appuie sur une mesure liée au contexte ayant une influence sur la structure cognitive, et une approche cognitive orientée vers la compréhension des processus de décision et de traitement de l’information. Notre étude s’intéressant à déterminer le « pourquoi » du comportement, nous nous placerons dans une approche motivationnelle. Dans le cadre de la recherche en marketing, les motivations ont généralement été étudiées par rapport au choix ou à la préférence pour une marque. Ce n’est qu’à partir d’une littérature traitant de la personnalité et des valeurs qu’une autre approche s’est développée (Rokeach 1968, 1973). Les valeurs apparaissent alors comme les motivations ultimes des comportements du consommateur (Reynolds et Gutman 1988). Elles peuvent être définies comme « l’expression des états existentiels souhaités », ou comme une « ligne de conduite » ; elles sont donc considérées comme un « déclencheur central du comportement » 5 (Griel et Stumpp 1999). Ce sont « des idéals abstraits » qui représentent « la conception du désirable pour une personne ». Ils correspondent alors aux besoins psychologiques essentiels et universels (Kahle 1983 ; Kamakura et Novak 1992 ; Schwartz et Bilsky 1987). Ainsi, les valeurs supportées par un individu permettent d’avoir une connaissance approfondie des motivations qui conditionnent ses croyances, attitudes et comportements. Il existe différentes typologies de valeurs. La plus largement acceptée est celle de Rokeach (1973) qui définit deux types de valeurs : les valeurs instrumentales qui sont des manières d’être ou de se comporter, et qui permettent de réaliser des valeurs terminales qui sont les buts poursuivis par l’individu que ce soit pour lui- même ou pour la société. Nous utiliserons cette typologie car elle prend en compte des valeurs liées à la gratification personnelle (ValetteFlorence 1988) et laisse ainsi un place plus grande aux valeurs de nature sociale. De plus, elle a servi de base à l’ensemble des typologies développées ultérieurement (Sirieix 1999). Cependant, la mesure des valeurs n’est pas le seul témoin des motivations. En effet, la construction de l’identité de chacun est formée, pour une part, par les choix de consommation. L’expression des valeurs d’un individu peut donc être associée aux attributs d’un produit, notamment ses attributs symboliques. Un produit est donc composé d'un panier spécifique d’attributs qui remplit non seulement les fonctions que doit remplir le produit, mais aussi des fonctions secondaires qui sont des éléments distinctifs susceptibles d’influencer les préférences des acheteurs. Ainsi, le produit éthique est défini par Smith (1990 dans Crane 2001) comme un « augmented product » c’est à dire un produit qui offrirait des bénéfices ou des services en plus, de manière à inciter à l’achat. Les attributs d’un produit sont donc plus ou moins tangibles. L’association d’une cause à un produit par le biais d’un attribut symbolique permet au consommateur d’exprimer ses valeurs (Thiery, 1996). La dimension équitable d’un produit peut donc être considérée comme une dimension symbolique. Les attributs peuvent également se distinguer selon leur influence sur le processus de choix du consommateur (Myers et Alpert 1976). Dans notre étude, nous nous intéresserons à la plus forte influence sur ce processus de choix c'est à dire aux attributs déterminants. Un attribut est déterminant s’il est important, distinct et saillant (Dubois 1980) ; c’est un critère de choix (Vernette 1987) c’est à dire une caractéristique d’un produit ou d’une marque pris en compte au moment du choix (Pras et Tarondeau 1981 dans Vernette 1987). La mesure des valeurs et critères de choix s’avèrent donc nécessaire à la compréhension des motivations sous-jacentes à l’achat de produits équitables. 1.2. Quelles sont les motivations à la consommation d’autres produits engagés ? Les valeurs peuvent diriger l’attention des consommateurs vers des produits qui ont des significations, des symboliques identiques (Allen et Ng 1999). Ainsi, l’étude des motivations à la consommation de produits engagés nous permettra de dégager des tendances à la consommation de produits équitables. Parmi l’ensemble de ces produits, ceux qui ont donné lieu au plus grand nombre de recherches sont les produits respectueux de l’environnement qui regroupent les produits verts et les produits issus de l’agriculture biologique 6 . 5 Gierl H., Stumpp S. (1999), L’influence des convictions de contrôle et des attitudes globales sur le comportement écologique du consommateur, Recherche et Applications en Marketing, 14, 2, p.72. 6 Afin de faciliter la lecture du document, nous préférerons « produit bio » à « produit issu de l’agriculture biologique » Une analyse approfondie de ces motivations nous amène à considérer qu’elles sont autant de nature individuelle (hédonisme, esthétique, santé) que collective (souci des générations futures, préservation de l’environnement). Selon la classification de Schwartz et Bilsky (1990), elles rendent compte des mêmes orientations des domaines de valeurs : - la Transcendance de soi (Bienveillance envers autrui, Universalisme, Spiritualité), - la Valorisation de soi (Hédonisme, Réalisation de soi), - et le Conservatisme (Sécurité). A travers la consommation de produits bio et verts, le consommateur est désireux de préserver sa santé (Sylvander 1998 ; Sirieix et Schaer 1999 ; Kovarski 2000) et l’environnement (Wandel et Bugge 1997 ; Sylvander 1998 ; Kréziak 1998 ; Follows et Jobber 2000 ; Young et al. 2000), mais aussi de se faire plaisir (Kréziak 1998). La consommation de ces deux catégories de produits se différencient sur les qualités organoleptiques des aliments recherchées par le consommateur de produits bio (Sylvander 1998 ; Sirieix et Schaer 1999 ; Browne et al. 2000 ; Sylvander 2000 ; Young et al. 2000 ; Rémy 2004), et sur le caractère responsable et la contribution durable associés à la consommation de produits verts (Kréziak 1998). La consommation équitable se rapprocheraient alors davantage de la consommation bio de par leur naissance conjointe dans les années 70 en réaction au modèle dominant (Codron et al. 2002), et notamment à la société de consommation. La commercialisation de produits bio s’est faite dans un premier temps par le biais de marchés et de réseaux de vente spécialisés de nature militante, avant de s’étendre à la grande distribution. Les produits équitables semblent alors connaître la même évolution. Dans les années 90, cette consommation était surtout liée à des bénéfices en matière de santé et de diététique, tout en restant critique à l’égard du système industriel actuel qui proposait une alimentation sans goût, ni plaisir (Rémy 2004). Bien qu’ayant connu une relative démocratisation, elle reste, pour une part, militante et opposée à la société de consommation, et ces produits sont toujours vendus dans des circuits très différents : GMS, MS et marché, porteur d’un sens distinct. Ainsi, MS et GMS ne toucheraient pas le même type de clientèle. Quelques rares études ont alors mis en évidence un processus d’achat des produits bio différent selon le point de vente choisi. Par exemple, les différences de prix entre produit conventionnel et produit bio expliquent l’achat bio dans les supermarchés spécialisés, mais pas dans les coopératives (Thompson et Kidwell 1998). Par ailleurs, le nombre et la nature des produits achetés varient en fonction du point de vente (François 2002). Alors que 14% des acheteurs en GMS n’ont qu’un ou deux produits bio dans leur panier, les consommateurs en MS ou sur des marchés en ont trois ou quatre. Par ailleurs, les produits achetés en MS par un même consommateur sont différents de ceux achetés en GMS et beaucoup plus diversifiés. Le profil des acheteurs est également différent selon les réseaux empruntés : par exemple, les variables démographiques expliqueraient le choix de MS (Byrne, Bacon et Toensmeyer 1991 dans Thompson 1998). De plus, les nouveaux acheteurs utiliseraient un seul canal de vente : les GMS, alors que les anciens passeraient par différents circuits de distribution selon leurs besoins, tout en privilégiant les MS (Sylvander 1998) qui proposent une offre plus large. D’ailleurs, selon Thompson (1998), le circuit de distribution restera un critère différenciant auprès des consommateurs tant que l’offre entre MS et GMS sera différente. Le choix d’un point de vente détermine donc partiellement le comportement d’achat et notamment le choix de produits et la réactivité aux leviers marketing (Volle 2000). Ces conclusions liées à l’achat de produits bio devraient se retrouver au niveau des produits équitables de par une structuration de ce marché comparable. Par ailleurs, la dimension du commerce équitable inclut un nombre croissant de critères bio (café, thé, coton) (Browne et al. 2000) et la proximité entre ces deux mouvements entraînent bien souvent la vente de ces deux types de produits dans les mêmes réseaux de ventes spécialisés. Par ailleurs, peu d’études liées aux produits engagés considèrent la nature du point de vente comme un facteur discriminant au processus de choix du consommateur. Qu’en est- il des études liées aux circuits de distribution ? 1.3. Le comportement de l’acheteur est- il différent selon le circuit de distribution choisi ? Afin d’essayer de comprendre pourquoi le comportement de l’acheteur serait différent d’un point de vente à l’autre, nous nous intéresserons tout d’abord aux facteurs qui expliquent le choix d’un magasin, puis à ceux qui expliquent le comportement de magasinage. Le choix d’un magasin est lié à un très grand nombre de variables : caractéristiques de l’acheteur et du point de vente, critères de choix de ce point de vente (Kalika 1984). Plus précisément, selon Guignard (1980), la fréquentation des circuits de distribution est fonction du système de valeurs de l’individu, des mobiles de l’achat, et des avantages perçus associés à chaque circuit. Par exemple, l’hypermarché est davantage associé au prix alors que le commerce spécialisé est associé au choix, à la qualité et au conseil. Ainsi, selon Samli (1989), des styles de vie différents amènent à des orientations différentes en terme de préférence et de choix d’un point de vente. Les individus qui fréquentent des MS ont donc à priori des styles de vie différents de ceux qui achètent en GMS. Cette différence pourrait alors être à l’origine de motivations distinctes à l’achat d’un produit. Ainsi, différentes typologies d’acheteurs ont été définies (Westbrook et Black 1985). Une des plus anciennes, celle de Nystrom (1929), reprise par Stone (1954) fut une des plus utilisées (Samli 1989). Il définit quatre types d’acheteurs selon les orientations à l’égard des magasins et selon la manière d’envisager l’activité de magasinage : l’économique, le social, l’indifférent et le moral7 . Cette dernière catégorie nous intéresse plus particulièrement car elle renvoie à une obligation morale par la fréquentation des MS. Ce type d’acheteurs privilégie les petits commerçants indépendants, perçus comme menacés par la grande distribution ; il n’est pas très sensible au prix et à la diversité du choix des magasins fréquentés. A cette catégorie s'opposent les « indifférent s » qui privilégient la commodité au dépend du prix, et les « économiques » qui veulent maximiser leur magasinage (meilleur prix, meilleure qualité, variété…). Les typologies développées à posteriori renommèrent la catégorie « morale » en « consommateurs supportant les petits commerces » (Darden et Reynolds 1971) ou en « antiGMS » (Guignard 1980). Cette catégorie est donc associée à un soutien de l’économie locale et des commerces de proximité. Il convient alors de considérer le comportement de magasinage dans son ensemble. Celui-ci connaît également une multitude de variables explicatives. Nous nous limiterons à l’explicitation des facteurs principaux définis comme le type de produits acheté, la longueur du processus d’achat mis en œuvre, les différents risques encourus lors de l’achat, et la 7 Traduction issue de Jallais et al. 1987 situation d’achat telle qu’elle est perçue par l’acheteur. Nous nous attacherons plus particulièrement au type de produits acheté de par la particularité des produits engagés et leur impact potentiel sur le processus de décision. La classification américaine développée par Copeland en 1925 et discutée dans de nombreuses études (Holton 1958 ; Luck 1959 ; Holton 1959 ; Bucklin 1963…) distinguent trois catégories de produits : - les produits de commodité (convenience goods) que le consommateur souhaite acheter fréquemment, rapidement et sans effort. Ils sont bien connus du consommateur ; - les produits de concurrence (shopping goods) qui sont ceux pour lesquels le consommateur fréquente différents points de vente afin d’effectuer des comparaisons ; - et les produits de spécialité (speciality goods) qui sont généralement associés aux produits de luxe. Ils sont distribués par des canaux spécialisés, voir exclusifs, à des prix souvent élevés. (Jallais et al. 1987) Holton (1958) dépasse cette classification en définissant ces trois catégories selon le volume de l’offre et de la demande et du rapport entre le coût et le gain à la démarche d’achat. Par exemple, plus le gain de magasiner sera grand (gains présumés associés au prix et à la qualité et coûts de magasinage faibles) et plus l’objet recherché et acheté sera un bien de concurrence. Ainsi, les produits équitables sont considérés comme des produits de spécialité car ils se différencient par un attribut spécifique (Luck 1959). Par la suite, Bucklin (1963) a adapté la classification de Copeland à une typologie de magasins : les magasins de commodité, de concurrence, et spécialisés. Il superpose alors les typologies de magasins et de produits afin de définir un mix de distribution optimal. Les produits engagés peuvent alors être considérés comme des produits de spécialité vendus dans des magasins spécialisés (le consommateur a une préférence pour un magasin et une marque) ou dans des magasins de commodité (le consommateur achète son produit ou sa marque favori dans l’assortiment du magasin le plus accessible). Néanmoins, dans le cas de la consommation engagé, l’acheteur peut considérer les produits équitables comme des produits de concurrence et se référer à un magasin spécialisé où il aura la liberté d’effectuer son choix. Selon Holton (1958, 1959), le caractère de spécialité est fonction d’une distribution limitée qui nécessite de la part du consommateur un effort particulier. Ainsi, les produits équitables sont des biens de concurrence spécialisés, qui sont plus proches des biens spécialisés que de concurrence. Cependant, selon Tauber (1972), les motivations liées au magasinage sont fonction des motivations d’achat. Ainsi, l’adoption d’un circuit de distribution peut être considérée comme fonction des motivations d’achat du produit et de la concordance entre les motivations d’achat et l’ensemble des attributs liés au circuit de distribution choisi. Les motivations au magasinage sont donc importantes car elles conduisent les consommateurs à ne considérer que certains types de circuits de distribution (Samli 1989). Les recherches appliquées à la distribution présentent donc un comportement de l’acheteur différent selon le circuit de distribution choisi (Bucklin 1963) pour certains types de produits et notamment les produits de conviction. Selon Filser (1989), ce type de produits a vocation à être commercialisé dans des points de vente dont l’image perçue par la clientèle est conforme à l’image du produit. Exceptée la situation de non congruence entre ces deux images, l’image des GMS et des MS étant distinctes, celle du produit le sera forcément. Les critères de choix de ces produits et les motivations sous-jacentes à son achat pourront alors être différents. Il est donc intéressant de pouvoir évaluer si le processus de décision à l’achat de produits engagés est distinct selon le circuit emprunté. 2. Objectifs et Méthodologie L’essor de la consommation de produits engagés - croissance de 10 à 25% par an du chiffre d’affaire de produits équitables dans les pays européens (Sterns 2000) - est lié à une valorisation de ces produits de par la valeur symbolique qu’ils véhiculent, et les valeurs de nature sociale qu’ils supportent. Cet attribut symbolique qu’est l’attribut engagé peut constituer une expression des valeurs du consommateur. Les valeurs étant des construits centraux à la prise de décision, leur connaissance nous permettra de mettre en œuvre des stratégies marketing adapté au développement de ce marché. Par ailleurs, la multiplicité des canaux de vente, ainsi que leur spécificité en terme d’image et de valeurs véhiculées nous amène à étudier les motivations d’achat de café équitable dans le cadre de deux canaux : les MS et les GMS, qui sont les deux circuits de distribution les plus importants en volume de vente. Cette recherche vise à répondre à deux questions : Ø Quels sont les critères de choix et les valeurs sous-jacentes à l’achat de produits équitables ? Ø Quels sont les critères et valeurs associés à l’achat en MS par rapport à l’achat en GMS ? Ces questions répondant à un objectif exploratoire, nous mettrons en œuvre une étude qualitative. 2.1. Méthode exploratoire utilisée Les motivations peuvent être étudiées selon des récits de vie ou des entretiens projectifs ; cependant, nous avons préféré les chaînages cognitifs plus précis et mieux adaptés à un objectif de segmentation. Cette méthode, issue des « chaînages de bénéfices latents » (« grey benefit chains ») de Young et Feigin de 1975 et développée par Reynolds et Gutman (1984), a pour objectif de rendre compte des structures cognitives du consommateur c’est à dire des relations entre les attributs du produit, les bénéfices qu’en retire le consommateur, et les liens éventuels avec ses valeurs personnelles. Elle témoigne des sensibilités principales du consommateur et permet de relier l’acte de consommation aux chaînages qui le conditionnent. Ainsi, elle permet de mieux connaître la frontière entre ce qui est liée à la connaissance du produit ou à l’expression de soi. Les chaînages cognitifs peuvent être mesurés par différentes méthodes (Valette-Florence 1994) : - la méthode originelle (Reynolds et Gutman 1988) qui procède par entretiens semidirectifs classiques, - la méthode des protocoles écrits (Walker et Olson 1991), - et la méthode des cartes (Valette-Florence et Rapacchi 1991). La méthode des chaînages cognitifs par cartes effectuée par le biais d’entretiens individuels semi-directifs avec comme support des cartes pré codées où sont notées les attributs, conséquences et valeurs, est celle qui connaît le moins d’inconvénients (Valette-Florence 1994). Nous utiliserons donc cette méthode qui comprend deux phases : 1 - une phase de génération des items et de formalisation des cartes sous forme d’entretiens individuels semidirectifs sans support, et, 2 - une phase de génération des chaînages qui a lieu sous une même forme d’entretiens mais avec les cartes comme support. 2.2. Choix du produit et de la marque Le commerce équitable se limite à une vingtaine de biens alimentaires et de l’artisanat. Dans ce cadre, nous nous sommes intéressés au produit équitable qui connaissait la plus forte part de marché : le café. Ce produit peut être considéré comme un produit impliquant (Kapferer et Laurent 1985), ce qui est un pré requis à la mise en œuvre de notre étude. En effet, un individu impliqué dans la catégorie de produits aura un degré d’expertise du produit plus important qu’un individu non impliqué dans cette même catégorie, et son processus de choix se fera davantage en connaissance des attributs du produit. Par ailleurs, il convient de choisir une marque unique de café équitable de manière à ce que cette variable n’introduise pas de biais dans les résultats de notre étude. La principale difficulté liée à son choix est celle de la marginalité de ce type de consommation. Ainsi, afin de pouvoir interroger un grand nombre de personnes, nous avons choisi le café le plus largement consommé : le café issu du commerce équitable Malongo. En 2003, il représentait près de la moitié des ventes du café labellisé équitable en France 8 , et était la seule marque à être distribuée dans plusieurs grandes surfaces et circuits de distribution au moment de l’expérimentation, contrairement aux autres marques existantes qui l’étaient dans une seule enseigne : Alter Eco pour Monoprix, et quelques marques chez Artisans du Monde. 2.3. Echantillon et Collecte des données Le caractère exploratoire de notre recherche n’exige pas l’utilisation d’un échantillon représentatif ; étant davantage préoccupée par un souci d’exhaustivité de l’information, nous avons utilisé un échantillon de convenance composé d’acheteurs de café équitable en GMS 9 et en MS 10 . Afin de recruter les acheteurs en MS, nous avons contacté deux associations ayant pour but la vente ou la labellisation de produits équitables : Artisans du Monde, le plus ancien réseau de ventes de produits équitables, et Max Havelaar, la seule structure française de labellisation de produits équitables. Ces deux associations nous ont communiqué les coordonnées de consommateurs dans quatre villes de France : Marseille, Aix-en-Provence, Vaison- laRomaine et Paris. Dans le cadre de la 1ère étape de notre analyse, dix consommateurs de produits équitables résidant à Marseille ont été interrogés afin de formaliser les cartes. Dans la 2ème phase de notre étude, vingt-deux consommateurs utilisant les MS Artisans du Monde d’Aix-en-Provence, de Vaison- la-Romaine, et de Paris ont été interrogés. Afin de recruter les acheteurs en GMS, un enquêteur s’est placé dans le rayo n de vente du café équitable du supermarché Carrefour d’Aix-en-Provence, et a demandé à toutes personnes achetant ce produit de participer à un entretien en dehors du magasin. Vingt-deux consommateurs ont accepté. La procédure de collecte des données s’est effectuée selon la méthode proposée par ValetteFlorence et Rapacchi (1991). Cette méthode consiste, dans un premier temps, à générer l’ensemble des attributs, conséquences et valeurs selon la méthode originelle des chaînages cognitifs telle que développée par Reynolds et Gutman (1988). L’ensemble des items générés est alors supposé décrire les chaînages cognitifs relatifs à la consommation de café équitable. Dix entretiens individuels semi-directifs ont donc été menés, une saturation des données étant apparue à ce stade. Une analyse de contenu à fonction heuristique (Bardin 1986) a alors été 8 Source : Polit is, HS n°39, Mai-Juin 2004, p.22 Carrefour et Monoprix. 10 Artisans du Monde. 9 réalisée afin d’établir une liste exhaustive des attributs, conséquences et valeurs propres à l’achat de café équitable. Seules les valeurs ont connu une analyse supplémentaire : elles ont été regroupées selon les valeurs énoncées par Rokeach (1973). Cette analyse a permis de formaliser des cartes qui serviront à la mise en œuvre de la deuxième partie de notre étude. Elle aboutit à 8 attributs, 9 conséquences et 13 valeurs (6 instrumentales et 7 terminales), qui sont présentés dans le tableau 1 suivant : Tableau 1 : Tableau récapitulatif des cartes d’attributs, de conséquences et de valeurs Attributs § Biologique § Commerce équitable § Goût § Label § Qualité § Petits producteurs § Précieux § Prix Conséquences § Action sociale à caractère économique § Bon § Consommation moins importante § Participe à une économie alternative § Egalité des échanges § Image de soi § Respect des droits de l’homme § Respect de l’environnement § Traçabilité Valeurs § Intellectuel (intelligent, réfléchi) § Ouvert d’esprit § Rationnel § Respectueux § Responsable § Serviable § Egalité entre les hommes § Harmonie intérieure (pour son bien être personnel) § Prendre soin de ceux qu’on aime § Un monde de beauté (respect de la nature) § Sagesse § Satisfaction § Pour une contribution durable (un sentiment d’accomplissement) Une fois cette phase de génération des items accomplie, ils furent soumis aux répondants de la deuxième étape afin de générer des chaînages cognitifs. La deuxième étape de notre analyse qualitative permet de connaître les motivations sousjacentes à l’achat de café équitable, ainsi que les sensibilités des consommateurs étudiés, par la génération et la hiérarchisation des chaînes cognitives par la méthode des cartes (ValetteFlorence et Rapacchi 1991). Cette méthode est analogue à celle présentée par Reynolds et Gutman (1988) dans la constitution des chaînes cognitives, à l’exception du fait que les attributs, conséquences et valeurs sont proposés au répondant sous forme de cartes. Il n’a alors plus à les formuler par lui- même ; il ne doit que les classer et les ordonner selon ses préférences. De plus, des cartes vierges sont laissées à sa disposition de manière à ce qu’il puisse mentionner des éléments qui n’auraient pas été générés dans la première étape de l’analyse qualitative. A l’issue de cette étape, nous avons collectés 134 chaînes auprès de 44 répondants, soit une moyenne de 3 chaînes par répondant. 69 chaînes ont été générées par des acheteurs en MS et 62 par des acheteurs en GMS. Aucun élément n’a été ajouté à la liste d’attributs, conséquences et valeurs lors de la deuxième phase de la collecte des données. 3. Analyse des données et Résultats Nous présenterons tout d’abord les orientations dominantes et les groupes de motivations à l’achat de produits équitables quel que soit le circuit de distribution emprunté par l’utilisation d’une analyse canonique non linéaire (Overals sous SPSS) complétée par une analyse typologique. En effet, l’analyse canonique non linéaire définit un espace perceptuel représentant les chaînages cognitifs. Leurs coordonnées ainsi définies permettent de déterminer les chaînes dominantes via une analyse typologique, et ainsi de définir des groupes de motivations (Roehrich et Valette-Florence 1992). Dans un deuxième temps, nous présenterons les orientations dominantes selon les circuits de distribution empruntés : MS ou GMS, par le biais de cartes hiérarchiques qui sont des représentations agrégées de l’ensemble des chaînes évoquées, basées sur la théorie des graphes utilisée par Reynolds et Gutman (1988). Les cartes sont moins performantes qu’une analyse causale ou qu’une analyse quantitative, telle qu’une typologie contrainte ; mais ce choix a été fonction de l’effectif limité de notre échantillon sur chacun des circuits de distribution considérés. 3.1. Orientations dominantes et Groupes de motivations à l’achat de café équitable Avant d'étudier les orientations dominantes, il est intéressant de connaître les attributs, conséquences et valeurs les plus citées afin d'avoir une première compréhension des éléments qui sous-tendent le processus de choix. Ainsi, la fréquence de citation des attributs présente l'acheteur de café équitable comme un ache teur sensible au « commerce équitable » (cité par 42 répondants) et, dans une proportion plus faible, aux « petits producteurs » (n=25), au « goût » et à la « qualité » du produit (n=22). Le caractère déterminant de l'attribut engagé est indéniable. De plus, on peut remarquer que le café équitable est acheté non seulement parce qu'il est « bon » (n=28), mais aussi parce qu'il est associé à une « action sociale à caractère économique » (n=17), et qu'il s'inscrit dans « le respect des droits de l'homme » (n=18). Pour ce qui est des valeurs qui sous-tendent cet achat, « la satisfaction » (n=33) et « l'égalité entre les hommes » (n=26) sont les plus citées. L’analyse canonique non linéaire permet, ensuite, de définir un espace perceptuel tenant compte de l’ensemble des chaînages cognitifs, nécessaire à l’obtention d’une typologie des chaînes. Le tableau 2 suivant présente les indices de perte 11 et d’ajustement dans l’espace perceptuel défini et pour chacune des trois dimensions spécifiées. Tableau 2 : Indice de perte par ensemble de variables et par dimensions Indice de perte Attributs Conséquences Valeurs Moyenne Indice d’adéquation Valeur propre 11 Somme 0.456 0.485 0.694 0.545 2.455 1 0.040 0.044 0.084 0.056 Dimensions 2 0.125 0.152 0.095 0.124 3 0.291 0.289 0.515 0.365 0.944 0.876 0.635 L’indice de perte correspond à la différence entre l’ajustement maximum et l’ajustement actuel. On observe que plus de 80% de la variance totale du phénomène est restituée par les 3 axes ce qui témoigne d’une forte cohérence des chaînes. Ce sont les attributs qui sont les mieux représentés car ils ont les ind ices de perte les plus faibles sur l’ensemble des dimensions, contrairement aux valeurs qui apparaissent comme les moins bien représentées. Par ailleurs, cette analyse nous renseigne sur le pouvoir discriminant des variables sur les 3 axes et dans l’espace sémantique défini. Le tableau des scores d’ajustement multiple présenté en annexe 1 atteste des orientations perceptuelles dominantes. Le tableau 3 suivant en présente une synthèse faisant apparaître les items les plus discriminants sur chacun des axes. Tableau 3 : Orientations dominantes à l’issue de l’analyse canonique non linéaire Attributs Conséquences Valeurs 1 § Commerce Equitable § Goût § Bon § Respect des droits de l’homme § Satisfaction Dimensions 2 § Biologique 3 § Commerce Equitable § Label § Qualité § Respect de § Consommation moins l’environnement importante § Bon § Traçabilité § Bon § Un monde de beauté § Satisfaction § Egalité entre les hommes Ce tableau rend compte de la dominance de 5 attributs : le « commerce équitable », le caractère « biologique », le « goût », le « label » et la « qualité ». Pour ce qui est des conséquences, on peut observer que « bon » est l’item dominant, représenté sur chacun des axes. Quant aux valeurs, elles semblent effectivement moins bien représentées que les attributs ou les conséquences. La « satisfaction » est largement citée, ainsi qu’« un monde de beauté » et « l’égalité entre les hommes ». La consommation de café équitable apparaît donc comme une consommation de plaisir, orientée vers soi, ainsi qu’une consommation orientée socialement, soucieuse du respect de l’environnement et privilégiant des comportements responsables afin de tendre vers une égalité entre les hommes. Cette mixité des orientations est en accord avec la consommation d’autres produits engagés comme nous l’avons vu dans la première partie de cette recherche. Dans un deuxième temps, l’analyse typologique sur les coordonnées des chaînes dans l’espace multidimensionnel obtenu permet d’identifier les différents groupes de motivations c’est à dire les différents styles de consommation des acheteurs de café équitable. La méthode de Ward sur les distances euclidiennes apparaît comme la plus adaptée. Les critères de validité interne des partitions les plus performantes obtenus par Evalu-P sont présentés en annexe 2. Nous avons ainsi obtenu 4 classes expliquant 72.5% de la variance. Le tableau 4 ci-après présente les dimensions centrales des différents groupes de motivations. Le groupe le plus important qui représente 68 chaînes cognitives, soit environ la moitié de l’ensemble des chaînes, est celui de l’égalité entre les hommes. Ce groupe connaît une forte sensibilité au « commerce équitable » avec 66% des chaînes de ce groupe qui prennent en compte cet attribut, et des valeurs telles que « l’égalité entre les hommes » et « une contribution durable ». Le commerce équitable est ainsi assimilé à une économie alternative qui permet d’aller vers une égalité entre les hommes de par le caractère responsable des individus. De plus, ce désir d’égalité entre les hommes peut relever d’une démarche respectueuse de par l’achat de produits fabriqués par des petits producteurs. D’autre part, les produits équitables doivent également être « bons » afin de satisfaire le consommateur, ce que l’on retrouve dans le deuxième groupe qui représente 22% de l’ensemble des chaînes. Ces produits sont alors achetés pour leur valeur hédonique et non plus sociale. D’autres motivations plus marginales font référence à la « traçabilité » du produit de par son « label » ou sa « qualité » (15% de l’ensemble des chaînes). Cette relation doit certainement être liée aux différentes crises alimentaires - vache folle, grippe aviaire - qui ont modifié les bénéfices associés à un produit de qualité (Cazès-Valette 2001). Pour certains, la « qualité » des produits permet aussi une « consommation moins importante ». Enfin, l’achat de produit équitable peut être motivé par une volonté de protection de l’environnement (12% de l’ensemble des chaînes). Ce groupe rend compte d’une forte sensibilité à l’attribut « biologique » du produit, ce qui peut paraître étonnant car le produit étudié ne l’est pas explicitement. Ce groupe de motivation est particulier dans le sens où il n’est constitué que d’acheteurs en MS. Tableau 4 : Dimensions principales des 4 groupes de motivations Valeur terminale Importance du groupe (nombre de chaînes) Egalité entre les hommes 68 (66%) Bon Satisfaction 30 (22%) Traçabilité Satisfaction 20 (15%) Respect de l’environnement Un monde de beauté 16 (12%) Dimension centrale au groupe de motivation Groupes de motivations Attribut Conséquence Valeur instrumentale Egalité entre les hommes Commerce équitable Participe à une économie alternative Responsable Hédonisme Traçabilité des produits Protection de l’environ-nement Goût Qualité Label Biologique Ainsi, il apparaît que le réseau de vente emprunté (GMS ou MS) est lié aux groupes de motivations (Khi-2=13,86 ; sig.=0,003) avec une force relative (coefficient de contingence=0,309 ; sig.=0,003). Il semble donc intéressant de pouvoir distinguer les attributs déterminants du choix, ainsi que les valeurs sous-jacentes, à l’achat en GMS et en MS car elles paraîtraient distinctes, et entraîneraient donc la mise en place d’une stratégie marketing différente selon le circuit de distribution considéré. 3.2. Orientations dominantes en fonction du circuit de distribution utilisé Nous avons tout d’abord déterminé quels étaient les items qui étaient significativement différents d’un groupe à l’autre par un test du Khi-2 et l’examen du coefficient de phi. Il s’agit, à un seuil de confiance de 99%, de l’attribut «biologique » (ö = 0,283), de la conséquence « respect de l’environnement » (ö = 0,304) et de la valeur « un monde de beauté » (ö = 0,283). On retrouve donc les éléments caractérisant le chaînage dominant du dernier groupe de motivations, dont on savait l’effectif uniqueme nt constitué d’acheteurs en MS. Si l’on considère un seuil de confiance plus large de 90% s’ajoute alors d’autres items tels que l’attribut « petits producteurs » (ö = 0,148 (sig. = 0.084)) et la conséquence « bon » (ö = 0.157 (sig. = 0.069)). Un portait rapide des items concourants le plus fortement aux deux groupes peut être dressé en considérant les attributs, conséquences et valeurs qui contribuent le plus au Khi-2. Le tableau 5 suivant présente les résidus standardisés ajustés des items ayant des résidus supérieurs à 1. L’annexe 3 présente les résidus standardisés de l’ensemble des items de l’étude. Tableau 5 : Résidus standardisés ajustés des items concourants au Khi-2 par des associations supérieures à 1 Résidus standardisés Circuit de distribution MS GMS Biologique 2.09 -2.19 Attribut Petits Producteurs -1.13 1.19 Bon -1.17 1.22 Conséquences Respect des droits de l’homme -1.08 1.13 Respect de l’environnement 1.99 -2.08 Valeurs terminales Un monde de beauté 2.09 -2.19 Ainsi, les items concourants le plus fortement au Khi-2 et associés à l’achat en MS sont : « biologique », « respect de l’environnement », et « un monde de beauté ». Quant aux acheteurs en GMS, ils sont caractérisés, dans une moindre mesure, par l’attribut « petits producteurs », et les bénéfices « bon » et « respect des droits de l’homme ». Afin d’avoir une connaissance plus précise des attributs déterminants du choix ainsi que des valeurs sous-jacentes à l’achat en MS et en GMS, nous avons réalisé des cartes hiérarchiques à partir de matrices d’implication considérant les relations directes et indirectes de l’ensemble des items de chaque chaînage pour chacun des groupes. Cette formalisation permet de faire apparaître les orientations dominantes des acheteurs de café équitable. Ø Motivations à l’achat en MS L’acheteur de café équitable en MS est sensible à un certain nombre d’attributs du produit, et notamment au « commerce équitable », au caractère « biologique » et à la « qualité » du produit selon la fréquence de citation des attributs sur l’ensemble des chaînes (respectivement 32%, 19% et 16% des chaînes citées). Les bénéfices les plus fréquemment cités sont « respect de l’environnement » (17%), « bon » (17%) et « traçabilité » (16%). De même, les variables instrumentales les plus citées sont « responsable » (22%) et « respectueux » (17%), et pour les variables terminales, « égalité entre les hommes » (26%), « satisfaction » (25%) et « un monde de beauté » (19%). Cette analyse des fréquences des items témoigne de motivations multiples et hétérogènes. Le « commerce équitable » est donc un attribut déterminant du choix avec 100% des acheteurs en MS qui le citent, mais il n’est pas le seul élément déterminant du choix puisqu’il représente un tiers des chaînages. Par ailleurs, les valeurs sous-jacentes à cet achat sont autant de nature individuelle que collective. Afin d’avoir une représentation plus précise des chaînages cognitifs associés à l’achat de café équitable, nous allons effectuer une représentation des chaînages sous forme d’une carte hiérarchique. Le graphe 1 suivant représente l’analyse des chaînages individuels à l’achat de café équitable en MS. Toutes relations directes supérieures ou égales à 3 ont été formalisées ; les orientations dominantes qui sont les chaînages caractérisés par le plus grand nombre de relations directes et indirectes entre les items sont représentés en gras. Graphe 1 : Analyse des chaînages individuels à l’achat de café équitable en MS (Seuil égal à 3) Satisfaction Un monde de beauté Egalité entre les hommes Contribution durable Respectueux Consommation moins importante Respect de l’environnement Responsable Economie alternative Egalité des échanges Traçabilité Respect des droits de l’homme Bon Action sociale à caractère éco. Goût Qualité Label Biologique Commerce équitable Petits producteurs Une multiplicité d’items est donc mobilisée à l’achat de café équitable en MS. Les attributs déterminants du choix sont variés, au point de représenter l’ensemble des attributs utilisés dans l’analyse, à l’exception du prix. Les plus cités sont de nature engagé avec le « commerce équitable » et l’aspect « biologique », mais aussi de nature hédoniste avec le « goût ». Au niveau des valeurs, les consommateurs font appel à un comportement « responsable » ou « respectueux », pour tendre vers des valeurs de nature collective. Par ailleurs, la « satisfaction » liée à la consommation du produit est importante. Les orientations dominantes (en gras sur Graphe 1) font état de motivations mixtes c’est à dire autant orientées individuellement avec la satisfaction recherchée par la consommation d’un bon produit, qui a bon goût (21,09) 12 ; que collectivement, avec la volonté de contribuer durablement à la Société, de par un comportement responsable, lié au soutien d’une économie alternative, en achetant des produits équitables (19,20). Une troisième orientation, légèrement moins importante, est propre à la consommation de produits bio associée à une préservation de l’environnement (17,14). Comme nous l’avons signalé plus haut, ce résultat est étonnant 12 Nombre de relations directes et indirectes attestant de la dominance des orientations (nombre de relations directes, nombre de relations indirectes) car le produit étudié n’a pas cette propriété. Néanmoins, les MS considérés vendent des produits biologiques et des produits équitables ; les consommateurs assimileraient peut être ces MS à la vente de produits d’une même nature ou peut être s’agit il d’une confusion liée à l’apparition de nouveaux produits équitables labellisés bio ? Ø Motivations à l’achat en GMS L’acheteur de café équitable en GMS est surtout sensible au « commerce équitable » (32%) et aux « petits producteurs » (26%). Ils le sont plus légèrement au « goût » (21%) et à la « qualité » (16%). Les bénéfices les plus fréquemment cités sont « bon » (32%), « respect des droits de l'homme » (21%) et « action sociale à caractère économique » (18%). Quant aux valeurs, il s'agit d'être « respectueux » (19%) et « responsable » (18%), afin « d'être satisfait » (39%) et d'aller vers « une égalité entre les hommes » (27%). Comme dans le cadre des MS, les valeurs sous-jacentes à l'achat sont de nature individuelle et collective. Le graphe 2 suivant représente l’analyse des chaînages individuels à l’achat de café équitable en GMS. La formalisation de ce graphe est identique à celle présentée ci-dessus. Graphe 2 : Analyse des chaînages individuels à l’achat de café équitable en GMS (Seuil égal à 3) Satisfaction Egalité entre les hommes Contribution durable Respectueux Responsable Bon Traçabilité Action sociale à caractère éco. Egalité des échanges Goût Qualité Respect des droits de l’homme Economie alternative Commerce équitable Petits producteurs L'achat de café en GMS est déterminé par deux attributs de nature engagée et deux autres de nature hédonistes, qui conduisent à deux types de chaînages bien distincts : un de nature individuelle et hédoniste, et un de nature collective avec une volonté d’égalité entre les hommes et de contribution durable. Les orientations dominantes sont davantage de nature hédoniste avec une satisfaction liée au bon goût du produit (29, 15), ainsi qu’à sa qualité (21,08), et, dans une plus faible mesure, de nature sociale avec une volonté d’égalité entre les hommes, qui passe par un comportement respectueux, notamment vis à vis des droits de l’homme, en privilégiant les produits fabriqués par des petits producteurs (22,21). Ces deux axes dominants rappellent la communication grand public effectuée autour du commerce équitable qui met en avant la qualité du produit de par une production effectuée par des petits producteurs. Les acheteurs en GMS privilégient largement des motivations hédonistes à l’achat de café équitable. Ø Quelles différences entre les motivations d’achat du café équitable en MS et GMS ? Les motivations à l'achat de café équitable en MS sont plus hétérogènes qu'en GMS, la variété des chaînages en atteste. Il est possible que cette diversité s'explique par différentes variables, telles que l'implication vis à vis du commerce équitable et/ou dans la catégorie de produits, ou le niveau d’expertise. Les MS ayant été les premiers réseaux commercialisant ces produits, les acheteurs utilisant ces points de vente doivent avoir une plus grande expertise que les acheteurs empruntant des réseaux de vente généralistes. Il aurait cependant fallu mesurer l’ancienneté d’usage du circuit de distribution afin d’en être sûr. Pour ce qui est des orientations dominantes, on observe une particularité des acheteurs de café équitable en MS, qui se différencient des acheteurs en GMS, de par l'importance accordée au respect de l'environnement. Ils ont tendance à préférer les produits à caractère bio. Néanmoins, ces acheteurs ont des motivations communes quel que soit le réseau emprunté. Elles rendent compte d'un achat socialement responsable, que Thierry (1996) nomme achatgeste, et qui est conduit par des motivations d'ordre individuel et collectif. L'orientation individuelle apparaît plus forte chez les acheteurs en GMS, avec des achats de café équitable davantage conduits par l'hédonisme que par une participation à la collectivité. Parallèlement, les acheteurs en MS sont autant conduits par des valeurs de Valorisation de soi que de Transcendance de soi, mais cette dernière dimension est plus prégnante. 4. Discussion et Conclusion Les résultats de cette étude ont permis de mettre à jour les valeurs sous-jacentes à l’achat de produits équitables, motivations assez hétérogènes que l’on peut classer en 3 catégories : - un désir d’égalité entre les hommes et dans leurs rapports, - un désir d’hédonisme, - et un désir de préservation de l’environnement. La consommation de produits équitables apparaît donc comme une consommation de plaisir, soucieuse du respect de l’environnement, et privilégiant des comportements responsables pour tendre vers une équité dans les échanges marchands. C’est une consommation qui se veut « active » dans ses répercussions sur l’Environnement. Ces résultats rendent compte de la similitude de la consommation de produits équitables avec la consommation d’autres produits engagés. En effet, nous avons montré dans la première partie de notre étude que le consommateur de produits bio ou de produits verts est caractérisé par des motivations hétérogènes et donc des valeurs qui sont autant de nature individuelle que collective. C’est ainsi que ces produits engagés traduisent aussi bien un achat de bien être qu’un achat militant. Nos résultats montrent qu’il en est de même pour les produits équitable s. L’analyse des déterminants en fonction de la nature du circuit de distribution emprunté rend compte de motivations parfois distinctes. Les achats « bien être », relevant principalement de motivations hédonistes, sont plutôt effectués en GMS, alors que les achats « bien être et militant », relevant de motivations hédonistes et sociales, sont davantage réalisés en MS. Bien que n'ayant pas pu déterminer de différences significatives entre les motivations d’achat du produit et le choix du point de vente comme le montre Guignard (1980) et Samli (1989), nos résultats rendent compte de tendances différentes : - les motivations de Valorisation de soi sont plus importantes dans les GMS que dans les MS; - les acheteurs en MS accordent autant d'importance à des motivations de Valorisation de soi que de Transcendance de soi; - certains acheteurs en MS achètent du café équitable pour son caractère bio afin de préserver l'environnement. Ce point reste étonnant compte tenu de la nature du produit qui n'est pas explicitement bio. Cependant, notre étude présente un certains nombre de limites. D’un point de vue méthodologique, elle ne peut prétendre à une validité externe de par sa nature exploratoire. Il conviendrait alors de l’étendre à un échantillon représentatif. Il serait également pertinent de l’étendre à un échantillon plus important afin de pouvoir caractériser les groupes de manière plus précise et de pouvoir effectuer une classification plus complète, notamment sur chacun des réseaux considérés. De plus, nous nous sommes uniquement intéressés à des personnes qui consommaient dans un sens canal de distribution. Il aurait pu être intéressant d'étudier les acheteurs multi canaux. Par ailleurs, afin d’expliciter les différences entre les motivations sous-jacentes à l’achat en MS vs. GMS, qui restent à définir dans une étude ultérieure, nous aurions pu mesurer un ensemble de variables relatives au circuit de distribution ou à l’acheteur de produits équitables. Ainsi, les attributs propres au choix du circuit de distribution auraient pu révéler des attributs déterminants de ce choix (Lusch 1982 dans Jallais et al. 1987) tels que la localisation, les prix, l’assortiment, le personnel, les services proposés ou l’image du point de vente (Bucklin 1967 ; Malhotra 1983 ; Kalika 1984 ; Jallais et al. 1987 ; Shim et Eastlick 1998 ; Thompson et Chen 1998). La mesure de variables attitudinales, telles que la volonté de préserver les commerces de proximité ou le degré de risque perçu associé à l’utilisation des différentes formes de distribution, aurait également pu nous renseigner quant aux déterminants de ces motivations et de ce choix. Pour ce qui est de la méthode d’analyse des données employée, elle ne rend pas compte de la nature causale des chaînes cognitives. Il aurait alors été préférable d’utiliser des équations structurelles, et notamment PLS, qui restitue l’analyse dans le cadre habituel de la théorie du comportement du consommateur, à savoir : valeurs è conséquences è attribut. D’un point de vue opérationnel, cette étude a permis de montrer qu’il est important de considérer les acheteurs de produits engagés selon le circuit de distribution utilisé. Leur processus de choix semble être différent : les attributs déterminants du choix, ainsi que les valeurs sous-jacentes à cet achat, sont, pour une part, beaucoup plus hétérogènes dans les MS et davantage orientées socialement par rapport aux acheteurs en GMS. Ceci est important dans la définition du mix par les gestionnaires des circuits de distribution : il est nécessaire de l’adapter à chaque clientèle et à chaque point de vente dans un objectif de fidélisation des acheteurs. Ainsi, les MS devront se positionner sur des valeurs de Transcendance de soi, de responsabilité sociale, et les GMS devront assurer une disponibilité constante de ces produits. Dans une optique de segmentation, le caractère discriminant du circuit de distribution utilisé est pertinent. Néanmoins, dans ce cadre, il sera nécessaire de s’interroger sur la stabilité de ces critères comportementaux et situationnels avec le développement de ce marché. Références bibliographiques Allen M.W., Ng S.H. (1999), "The direct and indirect influences of human values on product ownership", Journal of Economic Psychology, Vol.20, n°1, pp.5-39. Anderson Jr W.T., Henion K.E., Cox E.P. (1974), "Socially vs. Ecologically Responsible Consumers", AMA Combined Proceedings, Ronald C. Curhan Ed., Vol.36, pp.304-311. Anderson Jr W.T., Cunningham W.H. (1972), "The socially conscious consumer", Journal of Marketing, Vol.36, July, pp.23-31. Antil J. H. 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Annexes Annexe 1 : Analyse canonique non linéaire : Tableau d’ajustement multiple Biologique Commerce équitable Goût Label Qualité Petits producteurs Prix Action sociale à caractère économique Bon Consommation moins importante Economie alternative Egalité des échanges Image de soi Respect des droits de l’homme Respect de l’environnement Traçabilité Intellectuel Ouvert d’esprit Rationnel Respectueux Responsable Egalité entre les hommes Harmonie Prendre soin de ceux qu’on aime Un monde de beauté Sagesse Satisfaction Contribution durable Somme 0.867 0.276 0.494 0.186 0.242 0.185 0.006 0.088 0.730 0.215 0.096 0.124 0.053 0.200 0.538 0.253 0.012 0.030 0.041 0.019 0.025 0.584 0.063 0.074 1.007 0.040 0.927 0.168 Ajustement des dimensions 1 2 3 0.059 0.763 0.044 0.254 0.017 0.005 0.181 0.076 0.237 0.008 0.001 0.176 0.111 0.001 0.131 0.141 0.006 0.038 0.002 0.000 0.004 0.061 0.025 0.003 0.265 0.311 0.154 0.023 0.010 0.182 0.075 0.019 0.002 0.093 0.020 0.010 0.017 0.003 0.032 0.125 0.029 0.045 0.070 0.422 0.045 0.075 0.003 0.175 0.006 0.000 0.006 0.018 0.012 0.000 0.001 0.001 0.040 0.002 0.000 0.017 0.014 0.001 0.010 0.142 0.000 0.442 0.009 0.000 0.054 0.032 0.002 0.040 0.083 0.646 0.278 0.003 0.031 0.006 0.272 0.118 0.538 0.062 0.000 0.106 Annexe 2 : Critères de validité interne obtenu par Evalu-P Présentation des partitions ayant les critères les plus performants Méthode Distance utilisée Nombre de classes Indice de Klastorin Corrélation bisérielle Pourcentage de variation expliquée C de DalrympleAlford Ward Moyenne Moyenne Ward Moyenne Médiane Médiane Distance Distance Distance Distance Distance Distance Distance euclidienne euclidienne euclidienne euclidienne euclidienne euclidienne euclidienne au carré au carré au carré au carré 4 classes 5 classes 4 classes 4 classes 4 classes 5 classes 6 classes 2.18 2.18 2.17 8.03 7.97 7.91 7.97 0.852 0.845 0.845 0.739 0.731 0.726 0.723 72.50% 71.40% 71.40% 54.60% 53.50% 52.70% 52.30% 0.005 0.007 0.007 0.005 0.007 0.01 0.004 Annexe 3 : Résidus standardisés ajustés des attributs, conséquences et valeurs, concourants au Khi-2, en fonction du circuit de distribution emprunté (MS ou GMS) Attributs Conséquences Valeurs instrumentales Valeurs terminales Circuit de distribution MS GMS Biologique 2.1 -2.2 Commerce équitable 0 0 Goût -0.7 0.8 Label 0.4 -0.4 Qualité 0 0 Petits producteurs -1.1 1.2 Prix -0.5 0.5 Action sociale à caractère éco. -1.0 1.0 Bon -1.2 1.2 Conso. moins importante 0.6 -0.7 Economie alternative -0.1 0.1 Egalité des échanges 0.5 -0.5 Image de soi 0 0 Respect des droits de l’homme -1.1 1.1 Respect de l’environnement 2.0 -2.1 Traçabilité 0.9 -0.9 Intellectuel 0 0 Ouvert d’esprit 0.2 -0.2 Rationnel -0.3 0.4 Respectueux -0.2 0.2 Responsable 0.4 -0.4 Egalité entre les hommes -0.1 0.1 Harmonie intérieure 0 0 Prendre soin de ceux qu’on aime 0.3 -0.4 Un monde de beauté 2.1 -2.2 Sagesse 0.5 -0.5 Satisfaction -0.9 0.9 Contribution durable -0.1 0.1