pourquoidevient-on écrivainde polar?
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pourquoidevient-on écrivainde polar?
Date : 30/03/2012 Pays : FRANCE Page(s) : 134-135 Rubrique : Livres Périodicité : Hebdomadaire r ^^SS^S^Ï POURQUOI DEVIENT-ON ÉCRIVAINDE POLAR? D'OÙ VIENT CETTEÉTRANGE MANIEDE VOULOIR NOUS FAIREPEURî À L'OCCASION DU FESTIVALLYONNAIS«QUAI DU POLAR»,CINQ STARSDU ROMAN NOIR NOUS DÉVOILENTLESSECRETSDE LEURVOCATION CRIMINELLE. Par Marguerite Baux 1 PARCE QUE LE QUOTIDIEN -L NOUS EMMERDE BelindaBauer: «Stephen King m'a beaucoup marquée, avec ses héros ordinaires à qui il arrive des choses terribles. Comme ma vie n'avait rien d'extraordinaire, je me suis mise à inventer des histoires. En lait, il nous arrive à tous des choses intéressantes : on ne s'en rend simplement pas compte. » Craig Johnson: «J'ai un ranch dans le Wyoming et j'écris au moins un livre par an, donc je dois me tenir à une routine. D'abord, je nourris les chevaux et je nettoie la grange, ensuite je m'installe pour écrire. Et je dors très bien la nuit, merci. Avec un flingue. . . Je plaisante. » Deon Meyer: «Vaut Le Pic du diable, j'ai fait des recherches sur la vie et les mœurs des travailleurs du sexe. Ce fui une expérience fascinante, étrange, merveilleuse, dont je suis sorti transformé. » Tim Willocks: «Si un jour vous me voyez écrire des livres "normaux", je vous invite à venir me couper les pouces. » I&V POUR FAIRE 2 L'INTÉRESSANT(E) Deon Meyer: «Ma femme est ma première fan. Mais ma mère désapprouve les gros mots et les scènes de sexe, mes deux frères se fichent complètement de mes livres, et mes enfants me trouvent ennuyeux. » BelindaBauer: « Pour mon prochain livre, j'ai touché un cadavre à l'école de médecine. Il m'a fallu du courage rien que pour entrer dans la salle de dissection. » PaulCleave: «Si j'avais écrit Autant en emportele vent, Rhett Butler serait un sériai killer. Et si j'avais écrit Les Dents de la nier. le requin enverrait par la poste des bouts de cadavres aux parents de ses victimes. » Tous droits de reproduction réservés Date : 30/03/2012 Pays : FRANCE Page(s) : 134-135 Rubrique : Livres Périodicité : Hebdomadaire Tim Willocks: «Je ne vois rien de bizarre à imaginer des meurtres, mais je m'étonne toujours qu'on me paie pour le faire. » 3 eon Meyer. PARCE QU'ON EST COMPLÈTEMENT AZIMUTÉ(E) Craig Johnson: «Je ne suis pas sûr de pouvoir défendre la santé mentale de gens qui liassent leurs journées à écrire les aventures de leurs amis imaginaires. . . Quand ma petite-fille, qui a 5 ans, me présente, cela donne : "C'est papy Craig. Il tue des gens. " » Belinda Bauer: «Je fais de terribles cauchemars, mais je les attends avec impatience car ils stimulent mon imagination. J'ai déjà rêvé la fin de mon cinquième livre, même si je n'ai pas commencé à l'écrire. » Tim Willocks: «L'écriture est un rêve de puissance, et le roman noir un rêve plus convaincant que les autres. Certains trouveront tordu ce qui me paraît à moi très sensé, voire admirable, comme enfermer son mari dans une cage pendant des années, parce qu'il a tué votre amant et que la mort serait trop douce. » Deon Meyer: «Oui, je suis un sadique, un voyeur et un masochiste. Tous les écrivains le sont. Mais je le cache, pour ne pas faire peur. » PaulCleave: «J'adore susciter l'effroi et créer des personnages hors norme que le lecteur va finir par apprécier. Mais suis-je sadique ?Je ne sais pas, demandez aux 25 petits chats enterrés dans mon jardin. » POUR SÉDUIRE LES FILLES Tim Willocks: « Malgré la promesse 4 de Freud, ce métier ne m'a pas rendu plus séduisant aux yeux des femmes. Mais le bon docteur n'a jamais promis de miracle. » PaulCleave: «Il y a quelques semaines, une fille m'a envoyé des photos d'elle à moitié nue avec mon livre. Pourquoi n'y a-t-il pas plus de filles à moitié nues qui m'envoient leurs photos ? » PARCE QU'ON 5 S'INTERROGE SUR LE BIEN ET LE MAL Deon Meyer: « Ce n'est pas parce qu'on écrit des romans noirs qu'on voit le mal partout. Je suis trop humaniste, optimiste et romantique pour ça. Je fais même tout pour montrer que les méchants, eux aussi, ont une part de bonté. » Craig Johnson: «Ce qui m'intéresse, c'est de montrer l'ambiguïté du monde où l'on vit. Ni noir ni blanc, mais gris. BelindaBauer: «J'ai censuré Sous les bruyères, qui abordait un sujet sensible (les crimes pédophiles). Pourtant, des lecteurs se sont plaints des scènes de viol, qui n'étaient pas dans le livre. Mais après tout, c'est leur problème. » PaulCleave: «Je suis tombé sur des histoires vraies signées par un profiler, et j'ai compris que la vraie horreur, ce sont les gens ». KNFAMTS DE POUSS1EIU MEYER À latrace BELIHDA BAuEÇ L'APPEL Deon DES OMBRES CHAIG Meyer JOHNSON CRAIG JOHNSON Avec son shérif Walt Longmire, Craig Johnson tient le héros le plus attachant du moment. Dialogues vachards, culture indienne, tendresse humaine: depuis cinq épisodes, il réenchante le western moderne. ENFANTS DE POUSSIÈRE (Gallmeister. 336 pages). TIM WILLOCKS Chirurgien, psychiatre, karatéka, ex de Madonna: l'Anglais Tim Willocks est un cas. De GreenRiverà La Religion, il se réinvente à chaque roman, dans un cocktail détonant de férocité et de romantisme. DOGLANDS (Syios. 348 pages, à partir de 13 ans). FESTIVAL «OUAI DU POLAR», à Lyon, jusqu'au BELINDA BAUER Un coin paumé d'Angleterre, des crimes à répétition, des souffrances enfouies: Belinda Bauer fait classique, mais en finesse, avec des personnages vrais et un humour certain. L'APPELDES OMBRES (Fleuve noir. 407 pages). PAUL CLEAVE Avec Un employé modèle puis Un père idéal, Paul Cleave a donné une bonne claque aux vieux clichés du sériai killer. Un régal de pessimisme et d'humour gore. UN PÈREIDÉAL (Sonatine, 405 pages). DEON MEYER A travers ses thrillers précis et massifs, le Néo-Zélandais explore l'Afrique du Sud post-apartheid. Racisme, corruption, trafic d'armes et d'animaux: l'efficacité anglo-saxonne, le chaos africain. À LA TRACE (Seuil. 724 pages). 1eravril. Rencontres,dédicaces,conférences,projections,jeu d'enquêtedansla ville... Programmesur www.quaisdupolar.com Tous droits de reproduction réservés