TELUS Santé - Bulletin Regard Santé Telus Nouvelle

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TELUS Santé - Bulletin Regard Santé Telus Nouvelle
Regard santé TELUS
Mai 2016
Nouvelle génération d’aînés :
leviers pour un Canada en santé
Helene Chartier,
vice-présidente,
Mise en marché, stratégie
et mise en œuvre
Richard Osborn,
vice-président,
TELUS Capital de risque
À l’instar de nombreux octogénaires, la mobilité de la Dre June Fisher
l’empêchait de se rendre au marché et d’effectuer d’autres activités
quotidiennes que les adultes dans la fleur de l’âge tiennent pour acquises. À
la retraite, Mme Fisher dirige le groupe de consultation des aînés d’Aging2.0,
un fond de capital de risque basé à San Francisco dont les investissements
visent à améliorer la qualité de vie des gens âgés partout dans le monde.
Participant au défi tenu par le Stanford Center on Longevity sur le thème de la
mobilité, Mme Fisher a souhaité s’impliquer directement avec les étudiants :
« Inventez avec moi, pas pour moi ! » À la fois une marchette et un panier
à provisions, l’ambulateur urbain mis au point a remporté les honneurs
lors de la compétition internationale. Il permet aux personnes éprouvant
un problème de mobilité de se
déplacer, de faire les boutiques
« Inventez avec moi,
et de rentrer chez eux sans aide.
pas pour moi ! »
Dre June Fisher,
chef de la direction des aînés,
Aging2.0
Voilà un bel exemple de l’importance d’une approche axée sur les besoins spécifiques de
nos aînés, plutôt que sur l’implantation de technologies existantes qui ne répondent pas
nécessairement à leurs besoins spécifiques. Et ses besoins sont multiples : les défis de la
mobilité ne sont qu’un obstacle parmi tous ceux que doivent surmonter les personnes gagnant en âge. La démence, la maladie
d’Alzheimer et les affections chroniques figurent en tête de liste des problèmes créant une pression sur nos aînés, sur leurs proches
ainsi que sur notre système de soins de santé. Et comme l’âge moyen de la population canadienne continue d’augmenter rapidement,
la pression poursuivra inévitablement sa montée dans les années à venir.
Dans cet article, les coauteurs Hélène Chartier et Richard Osborn de TELUS Santé ont scruté le portrait économique de notre population
vieillissante à la loupe. Ils ont examiné l’urgente nécessité de développer des solutions globales qui répondront aux enjeux économiques
liés à ces changements démographiques. Pour enrichir leurs réflexions, les auteurs se sont entretenus avec trois collègues partageant
des points de vue différents : Marianne Le Roux, vice-présidente, Développement de projets chez Groupe Santé Sedna ; Stephen
Johnston, cofondateur d’Aging2.0, établie à San Francisco ; et Joanne Castonguay, vice-présidente adjointe chez CIRANO et économiste
canadienne portant un intérêt particulier au secteur de la santé.
L’information pour la vie.
Le portrait économique de notre
population vieillissante
> Aux prises avec une véritable épidémie d’affections cérébrales
associées au vieillissement, les soignants et les systèmes de
soins de santé auront désespérément besoin d’outils et de
technologies leur permettant de mieux soigner les personnes
atteintes de déclins cognitifs, tel que ceux entrainés par la
maladie d’Alzheimer.
Dans 30 ans, on prévoit que le nombre de personnes âgées de
65 ans et plus aura triplé, passant de 524 millions à 1,5 milliard
d’aînés sur la planètei. Chaque jour, au Canada et aux États-Unis,
environ 10 000 sexagénaires fêtent leur 65e anniversaire. D’ici
2020, 40 % de la population totale des deux pays dépasseront
la cinquantaineii.
Les enjeux sont sans équivoque et indéniables. Heureusement,
l’environnement et les conditions pour y faire face permettent
d’être optimiste, notamment :
Malgré leur vulnérabilité, ou peut-être en raison de celle-ci, les
patients réclament une plus grande implication dans la gestion de
leur santé.
Alors que les gouvernements et les systèmes de soins de santé
du monde entier sont déjà aux prises avec les conséquences
d’une population vieillissante, des enjeux encore plus importants
se dessinent :
De nouvelles technologies et innovations font leur apparition sur
le marché.
> En raison des restrictions budgétaires largement médiatisées,
Depuis la seconde moitié du siècle dernier, le système de
soins de santé mesurait principalement son efficacité par
rapport à sa capacité à offrir des soins de courte durée
rapidement et efficacement dans des institutions de soins
aigus. À l’heure actuelle, il n’a d’autre choix que de s’adapter et
de se concentrer davantage sur la prise en charge à domicile
et sur les soins communautaires.
les gouvernements auront peine à financer l’espérance de vie
prolongée de notre population à travers le système de santé
public tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Grâce aux progrès de la
technologie médicale, les affections autrefois aiguës telles que
l’insuffisance cardiaque et le cancer sont désormais traitables
au même titre que les maladies chroniques. Ainsi, les gens
vivent en moyenne plus longtemps et représentent un plus long
risque économique pour nos dépenses publiques en santé.
Recherché : un marché unifié
pour un vieillissement en santé
En fait, selon les projections de Pierre-Carl Michaud, viceprésident, Politiques publiques chez CIRANO, si le système
de santé ne change pas d’approche, les coûts liés aux
établissements de soins de longue durée risquent d’atteindre
les 87,5 milliards de dollars en 2050. Quant aux coûts des
soins à domicile, ils pourraient s’élever à 59 milliards de
dollars, soit la totalité des dépenses publiques à la valeur
actuelle de notre unité monétaireiii.
La pierre angulaire de notre changement d’approche existe déjà.
Les innovations dans les secteurs de la consommation et des
soins cliniques permettent de redéfinir la notion de vieillissement
en santé. De plus, les gouvernements et les fonds de capital
de risque offrent du financement afin de stimuler davantage
l’innovation.
> Souvent qualifiés d’aidants naturels, la famille et les amis des
personnes malades seront de plus en plus appelés à prodiguer
des soins et à assurer les services d’appui connexes à leurs
proches qui avancent en âge.
« On ne peut pas morceler la vie des
gens en segments. On doit considérer leurs
besoins de façon holistique. »
Au Canada et aux États-Unis, on estime que 50 millions
d’aidants consacrent en moyenne au moins 20 heures par
semaine à offrir des soins à des proches malades, tandis
qu’un autre 20 millions en passent plus de 40. Ces aidants
naturels assurent 85 % de l’aide apportée à la santé des
aînés, ce qui représente une valeur estimée de 460 milliards
de dollars en travail non rémunéré, uniquement au Canada et
chez son voisin du Sudiv.
Marianne Le Roux, vice-présidente,
Développement de projets chez Groupe Santé Sedna
Une approche globale et unifiée est nécessaire afin de répondre
aux besoins de la population vieillissante. Comme le déclare
Marianne Le Roux, vice-présidente, Développement de projets chez
Groupe Santé Sedna : « On ne peut pas morceler la vie des gens
en segments. On doit considérer leurs besoins de façon holistique.
Des services sociaux, des soins de santé ainsi qu’une alimentation
et une prise de médicament saines : voilà autant de nécessités
inter-reliées toutes aussi importantes les unes que les autres. »
> Les gens souhaitent vieillir dans la grâce et la dignité tout en
entretenant des liens sociaux et en conservant le soutien de
leur entourage. Pour la plupart, tout cela doit se faire dans le
confort du foyer, aussi longtemps que possible.
2
L’intégration de solutions pour vieillir chez soi
Actuellement, il n’y a pas d’offre de service désignée qui, au
moyen d’une approche globale, tente de satisfaire les besoins
des aînés en offrant des services intégrés de bout en bout.
Les innovations émergent grâce aux évolutions technologiques,
mais leur mise en marché se fait de façon ponctuelle et en
général peinent à être déployées auprès des consommateurs à
grande échelle.
Les technologies intégrées qui encouragent la sécurité et la
sûreté en plus de favoriser des services complets de prise en
charge à domicile sont fort prometteuses. Quelques chiffres qui
en disent long :
En Amérique du Nord, 41,4 millions de personnes âgées de
plus de 65 ans vivent à la maison.
« Il faut saisir l’occasion qui se présente pour créer des ponts
entre les acteurs des diverses industries, ainsi qu’avec les
professionnels de la santé et les gestionnaires du système de
soins de santé lui-même. L’objectif : une réduction des coûts
des soins de santé et l’avènement d’une culture favorisant
le
vieillissement en santé. », affirme Stephen Johnston,
cofondateur d’Aging2.0.
Parmi les gens de plus de 55 ans, 85 % souhaitent rester dans
leur domicile actuel aussi longtemps que possible, même si
leur état de santé changev.
67 % des baby-boomers seraient disposés à dépenser de 25
à 500 $ par mois en technologie, dans la mesure où elle leur
permettrait de rester à la maison pour y passer leurs vieux
jours plutôt que d’emménager dans un établissement de
soins de santé. À cela s’ajoutent les 13 % qui seraient prêts à
débourser plus de 500 $vi.
Une technologie conviviale pour permettre
aux aînés de rester connectés
Un foyer sûr et sécuritaire
Le marché de consommation met l’accent sur les produits
offrant un meilleur soutien aux personnes âgées dans leur
quotidien et leur permettant de rester connectées à leur réseau
social et d’aidants naturels. Entre autres, des applications et des
services mobiles montrant aux personnes du troisième âge à se
servir de la technologie, ou bien qui la rendent facile à utiliser,
font surface.
La sécurité à la maison est la principale préoccupation devant
être abordée afin de vieillir chez soi. Des capteurs d’activités
passifs qui assurent la surveillance des endroits critiques de la
maison, comme le réfrigérateur ou la porte d’entrée, offrent aux
personnes âgées la possibilité de vivre en toute sécurité dans
leur domicile. De plus, ces dispositifs suivent les déplacements
et envoient une alerte en cas de chute ou d’urgence médicale.
Parmi ceux qui se distinguent, on compte Techboomers.com,
un site Web qui propose des tutoriels en ligne sur l’utilisation de
sites Internet populaires comme Facebook. On y trouve aussi
Breezie, une solution logicielle offrant aux personnes du troisième
âge une expérience simple, intuitive et aérée de l’Internet.
Des applications mobiles comme Zalio servent à la fois d’aidemémoire, de journal numérique et d’application collaborative
permettant à tous les membres de la famille d’apporter du
soutien, de recevoir des notifications, de partager de l’information
et de coordonner des activités à distance.
Grâce au suivi des patients à distance, les personnes du
troisième âge peuvent bénéficier d’une plus grande autonomie
en ce qui a trait à leur santé et au suivi de la médication. Sans
compter que des interventions efficaces en soins à domicile
permettent de freiner la progression d’affections chroniques
Voici des exemples de solutions :
Utiliser des détecteurs sans fil dans la maison afin de recueillir de
l’information au sujet des activités quotidiennes. Ces données
peuvent être analysées et utilisées pour comparer les activités
actuelles aux tendances antérieures et ainsi fournir aux aidants
une information pertinente en temps opportun afin d’agir de
façon proactive à tout besoin relatif à la santé ou à la sécurité.
Un bon nombre de personnes âgées ont le temps et le désir de
devenir des amateurs de technologie. Toutefois, des appareils et
des interfaces peu ergonomiques pour les aînés risquent de les
décourager. De grandes icônes, une meilleure luminosité et de
gros boutons figurent parmi les détails auxquels les concepteurs
prêtent une attention particulière.
Surveiller à distance l’utilisation des appareils ménagers et
de l’équipement médical à domicile afin de mesurer le niveau
d’activité, de prévenir les événements indésirables et d’offrir un
soutien global aux personnes vivant en autonomie.
Des applications servant de pilulier virtuel qui facilitent le suivi
de la médication et rappellent aux personnes âgées de prendre
leurs médicaments au bon moment.
Se connecter avec les équipes de soins
En tant que consommateurs, les personnes âgées actives sont
en mesure de faire un choix parmi les solutions qui correspondent
à leurs besoins. Mais les aînés aux prises avec une ou plusieurs
affections chroniques ou encore avec un déclin cognitif plus
important requièrent une connectivité intégrale.
telussante.com
3
Des outils en ligne permettent aux patients l’auto-gestion en matière
de santé mentale, du diabète et même de maladie pulmonaire. De
plus, ils peuvent se connecter avec un accompagnateur ou une
équipe de soins qui les aidera à obtenir le soutien et l’accès aux
ressources nécessaires au sein du système de soins de santé.
Vieillir chez soi, c’est aussi bénéficier d’un accès sûr et efficace
aux réseaux et aux ressources qui facilitent les activités de la vie
quotidienne comme la préparation des repas, les modifications
à apporter au domicile, l’entretien de la maison, le transport et
d’autres services qui vont au-delà de la santé proprement dite.
Au-delà des applications et des plateformes numériques, une
connectivité clinique intégrale est accessible au moyen des
télésoins à domicile ou de soins virtuels. Les patients sont
connectés directement avec les équipes de soins, lesquelles
assurent un suivi à distance des mesures de la santé et
interviennent avant que leur état ne s’aggrave.
Comme l’affirme Stephen Johnston : « Il ne s’agit pas d’isoler les
gens et de les laisser vivre en solitaire dans de grandes maisons.
Il est question de bâtir une communauté où tous et toutes
peuvent se connecter les uns aux autres. C’est aussi une
question d’accès à un vaste éventail de services que l’on n’a
jamais vraiment offert collectivement auparavant. Il ne s’agit pas
seulement de technologie et de soins cliniques, mais également
de services de transport, de livraison de produits alimentaires,
de vie sociale et d’entretien ménager : tout le nécessaire pour
assurer le bonheur des gens dans leur logis et maintenir les liens
avec leur collectivité. »
« Nous concevons des produits et des
services novateurs sans les intégrer
activement et adéquatement au système
de soins de santé. Ce faisant, nous déprécions
la valeur de nos investissements. »
Joanne Castonguay,
vice-présidente adjointe chez CIRANO
Un nouveau modèle pour
un avenir en santé
Découvrir et soutenir les innovations permettant de répondre
aux enjeux liés aux populations vieillissantes s’avère un urgent
besoin. Lorsque le système canadien de soins de santé a été
mis au point, ces enjeux ne faisaient pas partie de l’équation.
Comme celui d’autres pays développés, le système canadien a
été conçu pour prodiguer des soins occasionnels à une population
relativement jeune, et non pour assurer des soins de longue durée
à des personnes aux prises avec des conditions chroniques.
Toutefois, dans le contexte du vieillissement à domicile, il reste
du travail à accomplir afin d’intégrer ces innovations au système
de soins de santé. Économiste et vice-présidente adjointe chez
CIRANO, Joanne Castonguay fait remarquer que : « Nous concevons
des produits et des services novateurs sans les intégrer activement
et adéquatement au système de soins de santé. Ce faisant, nous
déprécions la valeur de nos investissements. »
Briser l’isolement
Un des bienfaits souvent négligés des solutions permettant le
vieillissement à domicile est d’atténuer l’incidence de l’isolement
social. L’isolement est synonyme de dépression, d’anxiété, de
mobilité réduite, d’hypertension artérielle et de mortalité accruevii.
L’isolement est l’un des facteurs les plus déterminants sur la santé
d’un individu, il est donc essentiel que les solutions contribuent
à réduire l’isolement.
Le système de soins de santé, et bien entendu l’approche avec
laquelle notre société fait face au vieillissement, doivent être
entièrement repensés. Pour ce faire, il faut opérer une transition
vers un modèle axé sur les soins de base et communautaires,
les bienfaits de vieillir chez soi ainsi que le renforcement
des comportements sains et de la prévention. Les appareils
technologiques, les applications et la connectivité que propose
l’Internet des objets joueront un rôle crucial tant sur le plan de la
vie sociale que sur celui de la santé.
« C’est une question d’accès à un vaste
éventail de services que l’on n’a jamais
vraiment offert collectivement auparavant.
Tous les éléments nécessaires pour
assurer le bonheur des gens dans leur logis et
maintenir les liens avec leur collectivité. »
Intégrer des solutions et des services essentiels destinés à notre
population vieillissante pourrait fort bien s’avérer un levier pour
la santé et le bonheur des Canadiennes et des Canadiens d’un
océan à l’autre, quel que soit leur âge. « Si nous ne nous attelons
pas à la tâche, nous ne serons pas en mesure de supporter
le fardeau financier que représentent les risques à long terme
associés à la prévalence des affections chroniques au sein de
notre économie », conclut Marianne Le Roux.
Stephen Johnston,
cofondateur d’Aging2.0
4
Références
Organisation mondiale de la santé et Institut national du vieillissement. « Global Health and Aging », octobre 2011.
i
Extrait de : Hanley, William. « Welcome to Old Age, Boomers », Financial Post, jeudi 30 décembre 2010.
ii
Laliberté-Auger, François, Aurélie Côté-Sergent, Yann Décarie, Jean-Yves Duclos, Pierre-Carl Michaud. Utilisation et coût de l’hébergement avec soins de longue durée au Québec, 2010 à
2050, Série Scientifique, Montréal, juillet 2015.
iii
AARP Public Policy Institute. « Valuing the Invaluable: The Economic Value of Family Caregiving », novembre 2012.
iv
Kirkey, Sharon. « Canada Census 2011: Aging population a potential health-care time bomb », National Post, 29 mai 2012.
v
Phillips et l’Université de Georgetown, dans le cadre de l’initiative globale d’entreprise sociale. « Aging Well Working Session Series: Family Matters in Caregiving and Technology Adoption »,
rapport sommaire contenant les points saillants du sondage « Is Technology the Key to Aging Well? », avril 2015.
vi
Phillips, op. cit.
AST1286-05-2016
vii
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L’infolettre Regard santé TELUS. Des avis éclairants. Des idées audacieuses.
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