Principe de subsidiarité

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Principe de subsidiarité
Principe de subsidiarité
Principe de subsidiarité
Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action
publique, lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème
d'elle-même. Il va de pair avec le principe de suppléance, qui veut que quand les problèmes excèdent les capacités
d'une petite entité, l'échelon supérieur a alors le devoir de la soutenir, dans les limites du principe de subsidiarité.
C'est donc le souci de veiller à ne pas faire à un niveau plus élevé ce qui peut l'être avec plus d'efficacité à une
échelle plus faible, c'est-à-dire la recherche du niveau pertinent d'action publique.
La signification du mot latin d'origine (subsidiarii : troupe de réserve, subsidium : réserve / recours / appuis) reflète
bien ce double mouvement, à la fois de non-intervention (subsidiarité) et de capacité d'intervention (suppléance).
Formes et domaines
La subsidiarité peut être :
• descendante : délégation ou attribution de pouvoirs vers un échelon plus petit, on parle alors de dévolution ou
décentralisation. Concrètement, lors d'une subsidiarité descendante, c'est l'échelon supérieur qui décide qui doit
connaître quelle question.
• ascendante : attribution de pouvoirs vers une entité plus vaste, on parle alors de fédération ou, entre pays, de
supranationalité. Concrètement, lors d'une subsidiarité ascendante, c'est l'échelon inférieur qui décide qui doit
connaître quelle question.
Trouvant son origine dans la doctrine sociale de l'Église catholique, la notion de subsidiarité est devenue l'un des
mots d'ordre de l'Union européenne.
Ce principe de subsidiarité est clairement inscrit tant dans le droit que dans le discours européen. La mise en
application et le contrôle de la mise en œuvre de ce principe de subsidiarité sont en revanche des questions légitimes,
mais ouvertes à ce jour.
Histoire
Apparition de l'idée
Le principe de subsidiarité a un dialogue très fécond avec la théologie de l'alliance dont les concepts fondateurs
trouvent leur origine dans les écrits des Pères de l'Église. On peut considérer le philosophe Johannes Althusius
comme à l'origine du principe de subsidiarité[1]. Dans son ouvrage de 1603, Politica. Methodice digesta et exemplis
sacris et profanis illustrata, cui in fine adjuncta est oratio panecyrica il souligne la nécessité d'autonomie des
collectivités de base, vis-à-vis des pouvoirs centraux. De foi réformée et "maïeur" d'Emden, il puisa le principe dans
les délibérations du Synode réformé d'Emden (1571), lequel se propagea en Allemagne à une époque où l'Église
allemande minoritaire devait composer avec l'État allemand et les autres communautés protestantes[2].
Ce principe se développe ensuite avec la pensée du magistère catholique au XXe siècle et certaines expériences de
l'époque moderne comme par exemple les Provinces de l'Union dans le Sud de la France du temps des guerres de
religion peuvent être qualifiées de tentative d'application du principe de subsidiarité.
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Principe de subsidiarité
Dans le droit canon
Le principe de subsidiarité a été repris du droit canonique. On trouve déjà cette notion dans la pensée de Thomas
d’Aquin mais il a été formulé pour la première fois par le pape Léon XIII, dans l'encyclique Rerum novarum,
première formalisation de la doctrine sociale de l'Église catholique. Celle-ci avait été rendue nécessaire par les abus
de la révolution industrielle et ses conséquences sur la société civile.
Ce principe, dit aussi « principe d'aide », énonce que c'est une erreur morale et de charité que de laisser faire par un
niveau social trop élevé ce qui peut être fait par le niveau social le plus bas, car on le priverait de tout ce qu'il peut
faire. À ce titre, et en conséquence de cela, le travail de chacun a droit au même respect quel que soit son niveau
social, car il est le seul à pouvoir le faire.
Autres influences
Le principe de subsidiarité a aussi été défendu par des penseurs socialistes comme Proudhon, des militants du
mouvement coopératif et des auteurs libéraux comme John Locke et John Stuart Mill[3].
En droit français, dans le domaine de la protection judiciaire
La loi n°2007-308 du 5 mars 2007 [4], portant réforme des mesures de protection juridique des majeurs, entrée en
vigueur le 1er janvier 2009, est venue rappeler que les mesures de protection (sauvegarde de justice, curatelle ou
tutelle) devaient être en adéquation avec trois grands principes : le principe de nécessité, de subsidiarité et de
proportionnalité.
Ainsi, s'agissant du principe de subsidiarité, les juges ne peuvent prononcer une mesure judiciaire de protection
juridique que lorsque des dispositifs moins contraignants ne peuvent être mis en œuvre (voir article 428 du Code
civil) [5]. Ils doivent examiner si les règles du droit commun de la représentation, notamment par le jeu de
procurations, ou si les règles des régimes matrimoniaux applicables entre conjoints ne suffisent pas à résoudre les
difficultés rencontrées par la personne vulnérable.
Concrètement, la protection judiciaire ne doit intervenir que si aucune autre solution juridique n'a pu être mise en
oeuvre.
En droit français, dans le domaine de la protection sociale
Le principe de subsidiarité s'applique en France à l'ouverture de droit à plusieurs prestations sociales, telles que
certains minima sociaux (RSA, API, AAH) ainsi qu'à l'ASF après quatre mois d'obligation alimentaire non remplie.
Autrement dit, le droit à ces prestations est subordonné à la condition que le bénéficiaire potentiel fasse
préalablement valoir ses droits aux autres prestations légales, réglementaires ou conventionnelles ou à créance
alimentaire[6]. Ce principe entraîne la subrogation des organismes payeurs des prestations sociales dans les droits du
bénéficiaire notamment pour les droits à la retraite de la personne handicapée (AAH) ou les droits à pension
alimentaire pour l'ASF.
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Principe de subsidiarité
Dans l'Union européenne
Article détaillé : Principe de subsidiarité en droit de l'Union européenne.
Le principe de subsidiarité a été introduit dans la législation communautaire par l'article 3 B du Traité de Maastricht,
il a pour objectif que les décisions prises dans l'Union européenne le soient au niveau le plus pertinent et le plus
proche possible des citoyens.
Principe
Le principe de subsidiarité au sens européen était ainsi défini aux paragraphes 1 et 2 de l'article 5 du Traité instituant
la Communauté européenne : « La Communauté agit dans les limites des compétences qui lui sont conférées et des
objectifs qui lui sont assignés par le présent traité. Dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence
exclusive, la Communauté n'intervient, conformément au principe de subsidiarité, que si et dans la mesure où les
objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les États membres et peuvent
donc, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire ».
C'est sous la pression des Länder allemands que ce principe a été inscrit au Traité[réf. souhaitée]. Dans le cadre des
compétences concurrentes entre l'Union européenne et les États membres, l'Union européenne est compétente
lorsqu'il est incontestable que l'action de la Communauté apparaît comme plus efficace qu'une action menée par une
instance plus locale.
Il s'agit alors de définir sur quels critères on déclarera quelque chose d'incontestable.
Le principe de subsidiarité se trouve désormais au paragraphe 3 de l'article 5 du Traité sur l'Union européenne : « En
vertu du principe de subsidiarité, dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, l'Union
intervient seulement si, et dans la mesure où, les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être atteints de
manière suffisante par les États membres, tant au niveau central qu'au niveau régional et local, mais peuvent l'être
mieux, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, au niveau de l'Union ».
Mise en œuvre
L'un des objectifs implicites était de réduire l'expansion du champ de l'action bureaucratique au sein de l'Union.
Cependant, sa mise en œuvre est complexe et subjective. C'est pourquoi, en réalité, les choix politiques pèsent autant
que la répartition optimale des compétences.
Sources
Références
[1] Jean-Sylvestre Mongrenier, Johannes Althusius et l’Europe subsidiaire (http:/ / institut-thomas-more. org/ showNews/ 338),
institut-thomas-more.org, le 25 mai 2009.
[2] Marc Luyckx, "Histoire philosophique du principe de subsidiarité", Commission européenne, Cellule de prospective, ML(92) 64/92, le 20
janvier 1992.
[3] La subsidiarité, principe de la démocratie délibérative, et la décentralisation (http:/ / www. raqp. fr/ IMG/ pdf/
La_subsidiarite_principe_de_la_democratie_deliberative_. pdf) Jean-Claude Boual et Philippe Brachet 2005
[4] http:/ / www. legifrance. gouv. fr/ affichTexte. do?cidTexte=JORFTEXT000000430707& dateTexte=& categorieLien=id
[5] http:/ / www. legifrance. gouv. fr/ WAspad/ UnArticleDeCode?code=CCIVILL0. rcv& art=428
[6] Questions-réponses (http:/ / www. guide-familial. fr/ question-61865-551-pouvez-vous-expliquer-le-caractere-subsidiaire-du-rsa-. html),
Guide-familial.fr
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Principe de subsidiarité
Bibliographie
• Encyclique "Rerum Novarum" (http://www.vatican.va/holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/
hf_l-xiii_enc_15051891_rerum-novarum_fr.html), par Sa Sainteté le Pape Léon XIII
• Nouvelles de Synergies européennes, N°17, janvier 1996, p. 21, 22, 23, Entre autorité et libertés: le principe de
subsidiarité, par Stéphane Gaudin.
• Chantal Delsol, Principe de subsidiarité, PUF, 1993.
Jean-Philippe Chenaux, "La subsidiarité et ses avatars", Lausanne, Centre Patronal, coll. Etudes & Enquêtes, No 16,
janvier 1993, 64 p. Pie XI, Encyclique Quadragesimo anno, par. 86-88, Rome, 1931
Compléments
Articles connexes
• Hiérarchie des normes
• Souveraineté
Liens externes
• Qu’est-ce que le principe de subsidiarité ? (http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/
union-europeenne/fonctionnement/france-ue/qu-est-ce-que-principe-subsidiarite.html) (site vie-publique.fr)
• La subsidiarité (http://europa.eu/scadplus/glossary/subsidiarity_fr.htm) sur le site de l'Union européenne
• Rapport d'information de l'Assemblée nationale sur le principe de subsidiarité (http://www.assemblee-nationale.
fr/12/dossiers/041919.asp) (site assemblee-nationale.fr)
• Le principe de subsidiarité dans l’Union européenne (http://www.europarl.europa.eu/ftu/pdf/fr/FTU_1.2.2.
pdf)
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Sources et contributeurs de l’article
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Principe de subsidiarité Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=100607803 Contributeurs: AntonyB, Badmood, Bob08, Boeb'is, Bombastus, BrightRaven, Bryantounet, CDupont,
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