Emploi-Formation-Prospective en production

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Emploi-Formation-Prospective en production
Prospective emploi formation en production agricole
Observatoire emploi formation de l’agriculture – CRAB
L’agriculture : un secteur vital pour l’économie et l’activité de la région
Avec 70 000 actifs, la production agricole occupe 5 % des actifs de la région, soit deux fois plus
qu’au niveau national. Au-delà des emplois dans les exploitations, le secteur agricole génère de
nombreux emplois dans les industries agro-alimentaires et les activités liées aux exploitations
(services de remplacement, groupements de producteurs, centres de gestion, instituts
techniques…).
La main d’œuvre disponible et qualifiée est un facteur essentiel pour la production des biens
agricoles. Une analyse prospective permettant d’anticiper les évolutions à venir de l’emploi
agricole a donc été conduite pour donner à la profession agricole un outil d’aide à la réflexion
et à la décision en matière d’actions à impulser en faveur de l’emploi. Au vu des
perspectives d’évolution envisagées aux niveaux démographique, économique, foncier,
réglementaire…, cette étude a permis d’estimer les besoins à venir de la profession en
termes d’installations de jeunes agriculteurs et de recrutements de salariés permanents.
Ces besoins ont été construits pour trois scénarios d’évolution de l’agriculture bretonne
(scénarios tendanciel, libéralisation et végétalisation) à l’horizon 2015 et 2020.
Face aux besoins en emplois agricoles, un dispositif de formation à adapter
L’offre de formation doit être adaptée en termes de volumes de formation, de spécialités et de
niveau de formation, aux besoins en emplois du secteur. Cette étude a donc rapproché emploi
et formation en comparant les scénarios emplois avec le potentiel de personnes formées aux
métiers agricoles et disponibles sur le marché du travail. Cette analyse vise à apporter aux
acteurs en charge des dispositifs de formation des éléments d’aide à la décision en matière
de programmation de l’offre de formation.
Une démarche prospective : en tant que travail de prospective, cette étude ne prétend pas définir de
manière précise quels seront les besoins réels en emplois dans les années à venir. Les scénarios
construits sont basés sur des hypothèses dont on ne peut dire si elles se réaliseront ou non. Les valeurs
chiffrées présentées ne doivent donc être considérées que comme des tendances.
Champ de l’étude et sources statistiques utilisées
Besoins en recrutements d’actifs agricoles :
 Jeunes agriculteurs s’installant jusqu’à l’âge de 40 ans, avec ou sans la DJA (calculs à partir des
données Agreste – Recensement Agricole – grandes et moyennes exploitations, MSA, EDT)
 Salariés agricoles permanents (calculs à partir des données Agreste – RA – grandes et moyennes
exploitations, MSA, EDT, FRCUMA)
Secteurs de production :
 Légumes, fruits, horticulture ornementale (fleurs, pépinière)
 Grandes cultures (céréales et oléo protéagineux)
 Machinisme agricole (ETA et CUMA)
 Elevage : lait, polyculture élevage, porc, aviculture…
Niveaux de formation : niveau II (licence professionnelle), niveau III (BTSA, CS), niveau IV (Bac Pro,
BP, CS), niveau V (CAPA, BPA, CS), sans formation agricole
Effectifs en année terminale (année d’obtention du diplôme) de formation diplômante en 2011/2012 :
scolaires, apprentis, stagiaires de la formation professionnelle continue (données DRAAF-SRFD)
Champ géographique : Bretagne
Horizon des scénarios : 2015 et 2020 (seuls les scénarios 2015 sont présentés dans cette synthèse)
1
CONTEXTE : L’EMPLOI EN PRODUCTION AGRICOLE EN BRETAGNE
En 2010, les actifs agricoles permanents ayant le statut de chef d’exploitation ou de salarié
sont plus de 53 000 en Bretagne.
Les chefs d’exploitation représentent 73 % de ces actifs. Leur nombre a diminué de 2 % par
an en moyenne entre 2000 et 2010. La production laitière domine avec 40 % des agriculteurs.
Le salariat permanent occupe 14 350 personnes. Le nombre de salariés non familiaux a
augmenté de 1 % par an en moyenne depuis 2000, tandis que celui des salariés familiaux a
diminué de 1 % par an. Les salariés permanents sont surtout présents en porc (3 013), dans le
machinisme agricole (2 034 dans les ETA et CUMA) et en production légumière (1 842).
Répartition des actifs agricoles permanents en 2010 par statut et par OTEX (orientation de
production principale) et taux de variation annuel moyen (TVAM) 2000/2010 - Bretagne
Chefs d'exploitation Salariés non familiaux Salariés familiaux1
TVAM
TVAM
TVAM
OTEX
2010
2010
2010
2000/2010
2000/2010
2000/2010
Céréales et oléprotéagineux
1 125
+7%
107
+2%
24
+12%
Cultures générales
1 975
-2%
658
+3%
97
-2%
Légumes et champignons
526
+1%
1 765
+5%
77
+2%
Fleurs et horticulture diverse
588
-1%
1 196
-2%
60
-4%
Fruits et autres cultures permanentes
100
+1%
42
-3%
5
+2%
Bovins lait
15 420
-2%
1 152
+5%
286
0%
Bovins viande
1 230
-1%
126
-2%
20
-3%
Bovins mixte
1 073
-5%
78
-1%
21
-4%
Ovins et caprins
192
+5%
37
+7%
8
+23%
Autres herbivores
302
+5%
270
+3%
18
+6%
Elevages porcins
4 652
-1%
2 666
+1%
347
-2%
Elevages avicoles
3 788
-3%
1 538
0%
219
0%
Autres élevages hors sol
2 920
-3%
561
+1%
118
-3%
Polyculture, polyélevage, autres
4 004
-1%
702
+2%
121
-1%
Total
37 895
-2%
10 898
+1%
1 421
-1%
ETA / ETA, CUMA2
Total
1 000
38 895
2 034
12 932
+1%
+1%
1 421
-1%
1 Salariés familiaux = conjoints non coexploitants salariés et autres actifs familiaux salariés
2 Chefs d’entreprise d’ETA et salariés permanents des ETA et CUMA
Sources : Agreste - RA 2000 et 2010, exploitations grandes et moyennes, MSA, EDT, FRCUMA
Les chefs d’exploitation sont relativement âgés : 41 % ont plus de 50 ans. Cette part atteint
61 % chez les salariés familiaux. A l’inverse, les salariés non familiaux sont beaucoup plus
jeunes puisque seulement 20 % ont plus de 50 ans.
Estimation du nombre d'actifs agricoles permanents par statut et par classe d'âge - Bretagne 2010
Chefs d'exploitation
Salariés non familiaux
Salariés familiaux
Classe d’âge
Nb
% / total
Nb
% / total
Nb
% / total
Moins de 40 ans
7 742
20%
7 161
55%
252
18%
Plus de 50 ans
15 955
41%
2 526
20%
869
61%
De 50 à 54 ans
7 793
20%
1 389
11%
296
21%
De 55 à 59 ans
6 343
16%
937
7%
216
15%
Total
38 895
100%
12 932
100%
1 421
100%
Estimations CRAB d'après Agreste - RA 2010 - exploitations grandes et moyennes et MSA – y compris ETA CUMA
En 2010, 1 585 chefs d’exploitation ont cessé leur activité. Parmi eux, 1 058 avaient plus de
55 ans (départs à la retraite) et 527 moins de 55 ans (départs anticipés). Toujours en 2010, 649
jeunes de moins de 40 ans se sont installés comme chef d’exploitation (hors ETA). Le taux
de renouvellement des chefs d’exploitation en agriculture était donc de 41 %.
Toutes ces données vont servir de valeurs de référence pour la construction des scénarios sur
les besoins en recrutements du secteur.
2
TROIS SCENARIOS D’EVOLUTION POUR L’AGRICULTURE EN BRETAGNE
Ces scénarios décrivent plusieurs situations possibles pour l’avenir de l’agriculture en Bretagne
(période 2010/2020). Ils ont été construits à partir d’une analyse du contexte et des perspectives
dans les différents domaines de production présents en Bretagne. C’est au travers de ces
scénarios que sont posées les hypothèses nécessaires au chiffrage des besoins en
recrutements du secteur (scénarios quantitatifs installations et salariés permanents).
Scénario tendanciel
Dans ce scénario, les tendances passées se poursuivent, avec néanmoins quelques inflexions.
La croissance économique est modérée. La demande mondiale en produits agricoles est
importante (demande soutenue des pays émergents) ; par contre, la consommation est stable
au niveau européen (pas de progression du pouvoir d’achat). Les prix des produits agricoles
sont bons en moyenne, mais connaissent d’importantes fluctuations. La production agricole
bretonne est globalement stable, mais avec des différences selon les productions :

La production de lait augmente de 7 à 10 % entre 2010 et 2020 : avec la fin des quotas
en 2015, le grand ouest profite de ses atouts concurrentiels.

La production porcine subit une légère baisse (-5 %) en raison de prix des matières
premières élevés, de problèmes d’adaptation de certains éleveurs aux règles
environnementales et bien-être, et d’une baisse de la demande liée à une hausse du prix
de la viande de porc.

En œufs, la production est stable, avec une concentration des élevages et une
orientation d’une partie des élevages conventionnels vers la production en système
alternatif,

La production en volaille de chair diminue de 15 %. Pour le poulet export, cette baisse
est due à la suppression des restitutions à l’exportation et à la forte concurrence
étrangère. La filière arrive néanmoins à reconquérir des parts de marché en France
grâce à une adaptation de l’offre à la demande.

L’accroissement de la production en grandes cultures se poursuit de manière modérée.

En légumes industriels, la production stagne voire augmente légèrement. Les fortes
contraintes liées à la mise en place des systèmes d’irrigation et aux rotations de cultures
visent à garantir volumes, productivité et qualité. Mais l’activité se maintient grâce au
pouvoir de marché de cette filière et au nombre limité d’opérateurs.

L’activité des ETA et CUMA se développe légèrement, notamment grâce à la délégation
de travaux des éleveurs pour gagner du temps, améliorer l’efficacité du travail, et
contourner les difficultés pour trouver de la main d’œuvre.

La production est stable en légumes frais de plein champ et elle progresse légèrement
en serres. L’introduction de produits nouveaux et la segmentation des produits
permettent de se différencier et de gagner en valeur ajoutée.

La production baisse en fleurs (à cause de la concurrence) et se développe un peu en
pépinière (grâce à la demande des collectivités pour l’aménagement paysager).
Par ailleurs, les installations avec des activités en nouveaux marchés – nouvelles filières
poursuivent leur développement mais finissent par se stabiliser, le marché arrivant à saturation.
Pour être compétitives, les exploitations continuent de s’agrandir ; cela passe notamment par le
développement des formes sociétaires. Quant à la SAU (Surface Agricole Utilisée) moyenne à
l’installation, elle augmente de 1 % par an.
Le niveau d’attractivité de l’activité agricole se maintient. En conséquence, les départs
précoces de chefs d’exploitation sont stables en part relative (1,8 % des agriculteurs de moins
de 55 ans).
3
Les pertes de terres agricoles sont plus limitées que par le passé (évolutions réglementaires,
densification urbaine plutôt qu’étalement urbain, moyens financiers publics en baisse, moins de
besoins pour le réseau routier en grande partie déjà construit) : la perte de SAU au profit de
l’urbanisation est réduite de 50 % par rapport à la période 2000/2010.
La concurrence entre agriculteurs est forte pour l’accès au foncier (besoin d’agrandissement
des exploitations pour gagner en compétitivité et faire face aux contraintes environnementales).
Dans ce contexte, le prix du foncier est en hausse. Et parmi les surfaces libérées (par les
départs à la retraite et les départs anticipés) à répartir, 33 % vont à l’installation et 67 % à
l’agrandissement, ce qui correspond à la répartition des années passées.
Dans ce scénario, le niveau de formation des chefs d’exploitation poursuit sa progression : en
2015, 4 % des jeunes agriculteurs ont le niveau II, 38 % le niveau III et 58 % le niveau IV.
Du côté du salariat permanent, les créations d’emplois nouveaux sont modérées. L’emploi
augmente de 1 % par an en moyenne entre 2010 et 2020, toutes productions confondues. Les
évolutions sont différentes selon les productions :

En lait, avec la restructuration des exploitations laitières, le salariat continue d’augmenter
sensiblement (+3 % par an). La conjoncture étant plus favorable, le recours au salariat
est facilité. Mais en même temps, les prix agricoles (prix du lait et des intrants) étant très
volatiles, les éleveurs préfèrent ne pas embaucher directement mais recourir à du
salariat en groupements d’employeurs ou via les ETA, CUMA et services de
remplacement. Les formations demandées sont majoritairement de niveau IV (60 %). Les
autres postes se répartissent entre le niveau V (20 %) et III (20 %).

En porc, l’emploi salarié est stable. La moitié des postes nécessitent un Bac Pro et 30 %
un BTSA. Le niveau V est de moins en moins fréquent (20 %) car les tâches confiées à
ces personnels (ex. nettoyage) sont de plus en plus externalisées. Quelques chefs
d’élevage en capacité de manager une équipe sont recrutés au niveau II (2 %),
notamment dans les maternités collectives.

En œufs, le salariat n’évolue pas, à part quelques créations dans les élevages faisant de
la vente directe. En volaille de chair, la situation est très délicate avec la suppression
progressive des restitutions et le niveau élevé des importations. Néanmoins, les éleveurs
se spécialisent et augmentent la taille de leurs ateliers, ce qui crée quelques besoins
complémentaires en salariés. Au total, l’emploi en aviculture progresse de 0,5 % par an.
Ce salariat se trouve majoritairement en œufs. Dans ces élevages, les tâches comme le
lavage étant externalisées, les offres d’emploi pour des personnes sans formation
disparaissent. Les postes sont proposés aux niveaux V (40 %), IV (39 %) et III (20 %).
Dans les structures de grande dimension, quelques postes avec de l’encadrement
d’équipe sont proposés au niveau licence pro (1 %).

Dans le machinisme agricole, les besoins évoluent modérément. Dans les CUMA, le
salariat se développe légèrement grâce aux exploitations plus en plus demandeuses de
services « clé en main » (avec matériel et main d’œuvre). Dans les ETA, il n’y a pas de
création d’emplois mais des CDD sont transformés en CDI. Globalement, l’emploi dans
le machinisme évolue de +1 % par an. La majorité des postes sont pour des chauffeurs,
avec des profils de plus en plus qualifiés (polyvalence en conduite, mécanique et
agronomie). Une petite partie des emplois concerne des mécaniciens. La taille des
structures augmentant, certains salariés prennent des fonctions de chef d’équipe, avec
des compétences en gestion des ressources humaines. Le niveau de formation
demandé est essentiellement le Bac Pro (70 % des recrutements), mais le niveau BTSA
est de plus en plus souvent requis, en particulier pour les chefs d’équipe (10 %). Enfin,
20 % des emplois sont proposés à des salariés de niveau V.

En légumes frais, l’augmentation annuelle de l’emploi est de 1,5 % pour le plein champ
et de 2,5 % en serres, soit en ralentissement par rapport à la décennie précédente. Les
emplois permanents qui peuvent être confiés à des personnes sans formation agricole
sont de moins en moins nombreux (20 %). La moitié des postes concerne des niveaux V
et 20 % des niveaux IV. Pour les chefs de cultures, le BTSA est nécessaire (10 %). Ces
postes d’encadrement se créent en légumes sous serres.
4

En production de fleurs, l’activité étant en récession, l’emploi salarié ne progresse pas. Il
se développe de manière modérée en pépinières. Dans les structures faisant de la
vente directe, quelques postes sont créés avec des fonctions nouvelles et plus variées
(activité commerciale…). Mais globalement, l’emploi diminue légèrement. En
horticulture ornementale, 45 % des salariés permanents peuvent ne pas avoir de
formation agricole. Le niveau V est requis pour 40 % des postes, le niveau IV pour 10 %
et le niveau III pour 5 %.
Par ailleurs, tous les salariés partant en retraite sont remplacés, sauf en horticulture
ornementale où seulement un départ sur deux est renouvelé. Enfin, les besoins en recrutements
pour remplacer les salariés qui quittent la production agricole pour aller travailler dans un autre
secteur d’activité (turn over externe) sont estimés à 2,5 % des salariés permanents.
Scénario libéralisation
Dans ce scénario, les politiques agricoles disparaissent progressivement. L’Union
Européenne (PAC) et l’OMC suppriment les dispositifs de régulation des marchés agricoles pour
laisser jouer la concurrence. L’agriculture devient un secteur d’activité régit par la loi de l’offre
et de la demande, intervenant sur des marchés pour la plupart européens et mondiaux.
Le niveau d’incertitude des agriculteurs s’accentue car les marchés agricoles ne sont pas
toujours porteurs. Les exploitations doivent considérablement augmenter leur compétitivité
pour se maintenir. Ainsi, quand les prix agricoles sont bas, les agriculteurs cherchent à
compenser ces prix faibles par des volumes importants. Pour gagner en compétitivité, les
exploitations s’agrandissent. Et, à volume de production global constant, leur nombre diminue
sensiblement. Avec l’agrandissement des exploitations, les sociétés agricoles se développent
plus vites, et des outils d’aide à la reprise sont mis en place pour faciliter l’installation des
jeunes. L’augmentation de la taille des outils de production nécessite également des
qualifications plus poussées, pour les agriculteurs comme les salariés ; avec l’augmentation
de la taille des équipes, des compétences en management sont demandées à davantage de
salariés.
Dans ce contexte de libéralisation, une partie des hypothèses sont modifiées par rapport au
scénario tendanciel.
Concernant l’installation :

le taux de départs anticipés augmente à 2,5 % des agriculteurs de moins de 55 ans,

seulement 25 % des terres libérées et disponibles pour l’agriculture vont à l’installation,

la SAU moyenne à l’installation augmente plus vite : +1,5 % par an,

le niveau de formation requis est plus élevé : en 2015, le niveau IV concerne 50 % des
installations, le niveau III 42 % et le niveau II 8 %.
Concernant les salariés permanents :

les créations d’emplois nouveaux sont plus importantes que dans le scénario
tendanciel (+40 %). Ceci est lié à l’agrandissement de la taille des exploitations et aux
remplacements générés par les nombreuses cessations d’activité anticipées
d’exploitants,

le turn over externe est plus limité (2,2 %). Les salariés sont plus hésitants à changer
d’emploi dans un contexte libéral où le marché de l’emploi est plus difficile pour eux. En
outre, les emplois sont plus qualifiés, donc plus intéressants, ce qui permet une meilleure
fidélisation du personnel,

le niveau de formation requis augmente, surtout sur les postes en élevage. Le niveau III
prend plus d’importance par rapport au niveau IV. Par contre, en légumes et horticulture
ornementale, les besoins par niveau sont les mêmes que dans le scénario tendanciel car
les structures sont de grande dimension quel que soit le scénario.
5
Scénario végétalisation
Dans un contexte de prix des céréales et oléoprotéagineux (COP) très élevé, une partie des
éleveurs arrêtent leur production animale pour produire à la place des COP destinés à la
vente. En plus d’être mieux rémunérée, la production de COP a l’avantage de ne pas être
soumise aux contraintes de travail qui existent en élevage.
En parallèle, les productions animales sont en baisse en Bretagne. Ces activités deviennent
de plus en plus difficiles à cause des charges en alimentation du bétail qui pèsent fortement sur
les coûts de revient. Et avec un pouvoir d’achat des consommateurs européens en tension, la
consommation se rétracte. Par ailleurs, les contraintes environnementales et de bien-être sont
renforcées pour les élevages.
Le phénomène de végétalisation est apparu avec la hausse du prix des céréales de 2007.
En 2010, les COP occupent 590 000 ha, soit 38 % de la SAU (source : Agreste – RA 2010,
exploitations grandes et moyennes). Mais les 955 exploitations spécialisées en COP ne cultivent
qu’environ 53 000 ha de COP. Ainsi, 91 % des surfaces de COP (près de 540 000 ha) sont donc
cultivées dans plus de 20 000 exploitations spécialisées dans d’autres productions.
L’orientation vers les cultures végétales se poursuit après 2010, mais pas de manière massive
car des facteurs limitants existent : les conditions pédo-climatiques ne sont pas très
favorables en Bretagne. Les agriculteurs doivent maintenir des surfaces en prairies pour ne
pas perdre une partie de leurs aides PAC.
L’opportunité de s’installer en COP dépend du revenu prévisionnel de l’exploitation. Dans un
contexte où les charges continuent à augmenter, la taille moyenne d’une exploitation spécialisée
en COP atteint 120 ha en 2020 (contre 67 ha en 2010). La production de COP étant très
dépendante de l’accès aux terres, la pression foncière devient très forte et le prix des terres
tend à augmenter.
Dans les élevages, les coûts sont optimisés pour faire face au prix élevé des intrants
(céréales). La taille des élevages augmente, notamment les plus petits. Par ailleurs, la baisse du
montant des DPU est compensée par une hausse du prix des produits agricoles (animaux et
autres). Cette hausse est nécessaire pour maintenir des volumes de productions et ainsi
répondre aux besoins de l’industrie agroalimentaire.
La répartition des exploitations par spécialité de production évolue peu. La végétalisation se
traduit par davantage d’installations en COP, mais également par des agrandissements de
structures, notamment d’élevages, qui augmentent aussi leurs surfaces en COP.
Les ETA et les CUMA perdent une partie de leur potentiel d’activité car une partie de leurs
clients ou adhérents, majoritairement des éleveurs, disparaissent. Mais cette baisse est
compensée par la demande venant des élevages qui ont augmenté leur surface de COP et qui
externalisent leurs travaux des champs. En même temps, si le nombre des structures (ETA et
CUMA) diminue, celles-ci s’agrandissent.
Pour ceux qui produisent des COP, le niveau de formation requis augmente. Ces chefs
d’exploitation doivent à la fois avoir des compétences très poussées au niveau technique, mais
également au niveau économique pour leur permettre de gérer la vente de leurs COP. Même si
une partie des agriculteurs continuent à passer par la coopérative, certains assurent eux-mêmes
la commercialisation de leurs produits sur les marchés à terme et ils doivent donc être en
capacité de décider quand vendre, comment et à qui.
Dans ce contexte, le scénario végétalisation retient les hypothèses suivantes sur l’installation :

les départs (retraites et départs précoces) sont donc au même niveau que dans le
scénario tendanciel. Leur nombre n’augmente pas, même en élevage,

seulement 20 % des terres libérées et disponibles pour l’agriculture vont à l’installation.
Les 80 % restants vont à l’agrandissement des agriculteurs déjà en place qui ont des
capacités financières plus importantes que les candidats à l’installation,
6

la SAU moyenne à l’installation augmente fortement (+2 % par an). Les installations en
COP demandent des surfaces importantes. La taille des élevages augmente également
pour gagner en productivité et orienter une partie de leur production en COP,

le niveau de formation requis augmente comme dans le scénario libéralisation : en
2015, 50 % des installations se font au niveau IV, 42 % au niveau III et 8 % au niveau II.
La végétalisation accentue la tendance à l’agrandissement des exploitations (taille plus
élevée des exploitations en COP, besoins en SAU pour conforter les exploitations existantes),
ce qui laisse moins de place pour les installations. Cette évolution entraîne également une
augmentation du salariat. Mais celle-ci est moins forte que l’augmentation de la surface en
COP car des gains de productivité sont réalisés.
Des postes sont créés dans les exploitations en élevage et polyculture-élevage qui, avant
2010, n’embauchaient pas malgré un besoin de main d’œuvre complémentaire (car ce besoin
ne correspondait pas à un emploi à temps plein et/ou par manque de moyen financier). Avec la
végétalisation, les surfaces en COP augmentent dans les élevages. Le travail augmente en
conséquence et une partie des exploitations passent le cap de l’embauche d’un nouveau
salarié. Des emplois sont également créés dans les ETA et les CUMA pour répondre aux
besoins des exploitations dont les hectares de terres cultivées augmentent, mais pas assez pour
embaucher un salarié supplémentaire au sein même de l’exploitation.
L’accélération de l’agrandissement des exploitations se traduit donc par une augmentation des
besoins en salariat permanent. Les hypothèses retenues pour le calcul des créations
d’emplois salariés sont les mêmes que dans le scénario tendanciel avec une majoration de
30 %. Les exceptions à cette hypothèse sont les suivantes :

la majoration est fixée à +50 % dans les ETA et les CUMA,

en productions légumières, les hypothèses de créations d’emplois salariés sont les
mêmes que dans le scénario tendanciel : elles ne sont donc pas majorées.
Le renouvellement des départs à la retraite se fait dans les mêmes conditions que pour le
scénario tendanciel (renouvellement à 100 % dans toutes les productions sauf en horticulture
ornementales où le taux est de 50 %).
Comme dans le scénario libéralisation, le scénario végétalisation se situe dans un contexte où le
marché du travail est plus difficile pour les salariés. Ces derniers sont moins enclins à
changer d’emploi, et encore moins de secteur d’activité. Aussi, le taux de turn over externe est
de 2,2 %, comme dans le scénario libéralisation.
Enfin, les hypothèses sur les niveaux de formation requis pour les salariés agricoles
reprennent celles du scénario libéralisation. Avec l’agrandissement important des
exploitations, le niveau de qualification demandé aux salariés s’élève plus vite que dans le
scénario tendanciel.
7
SCENARIOS EMPLOIS : INSTALLATIONS ET SALARIES PERMANENTS
A partir des scénarios d’évolution de l’agriculture bretonne, trois scénarios ont été construits à
l’horizon 2015 et 2020 sur les besoins en recrutements du secteur (par production et niveau
de formation requis) pour :
 l’installation de jeunes agriculteurs de moins de 40 ans (y compris en ETA),
 les salariés agricoles permanents.
Pour l’installation, les variables quantitatives prises en compte sont :
 les facteurs démographiques : départs en retraite (hors transferts entre époux),
cessations d’activité anticipées,
 des moyens de production disponibles pour l’installation, traduits en SAU.
Pour le salariat permanent, ces variables sont :
 le remplacement des départs en retraite de salariés,
 les créations nettes d’emplois salariés,
 le remplacement des salariés qui quittent le secteur agricole pour aller travailler dans
d’autres secteurs d’activité (turn over externe).
Pour 2015, les scénarios aboutissent aux résultats suivants :
Scénario TENDANCIEL par secteur et niveau de formation en 2015
Installations de JA
Salariés permanents
Secteurs
L pro Niv III Niv IV Total L pro Niv III Niv IV Niv V Sans f Total
93
214
Légumes, horti pépi, fruits
4
35
54
0
19
39
103
53
618
388
Elevage, polyculture élevage
25
235
358
3
86
200
99
0
32
106
Machinisme et COP
1
12
18
0
10
75
21
0
Total
30
282
431
742
3
115
314
223
53
708
L pro = licence professionnelle, Niv = niveau, Sans f = sans formation agricole
Scénario LIBERALISATION par secteur et niveau de formation en 2015
Installations de JA
Salariés permanents
Secteurs
L pro Niv III Niv IV Total L pro Niv III Niv IV Niv V Sans f Total
78
232
6
33
39
0
21
43
112
56
Légumes, horti pépi, fruits
521
397
42
219
260
6
97
192
101
0
Elevage, polyculture élevage
31
111
1
12
18
5
16
67
22
0
Machinisme et COP
49
263
317
630
11
135
302
235
56
739
Total
Scénario VEGETALISATION par secteur et niveau de formation en 2015
Installations de JA
Salariés permanents
Secteurs
L pro Niv III Niv IV Total L pro Niv III Niv IV Niv V Sans f Total
53
202
4
22
27
0
18
37
98
50
Légumes, horti pépi, fruits
357
389
29
150
178
6
96
188
99
0
Elevage, polyculture élevage
30
113
1
12
18
5
17
68
23
0
Machinisme et COP
34
184
223
440
11
131
293
219
50
704
Total
Comparaison des résultats des trois scénarios 2015
Scénario tendanciel Scénario libéralisation Scénario végétalisation
Secteurs
JA
Sal
Total
JA
Sal
Total
JA
Sal
Total
Légumes, horti pépi, fruits
93
214
307
78
232
310
53
202
256
Elevage, polyculture élevage
618
388 1 006
521
397
917
357
389
745
Machinisme et COP
32
106
138
31
111
142
30
113
143
Total
742
708 1 451
630
739 1 369
440
704 1 144
JA = installations de jeunes agriculteurs, Sal = besoins en recrutements de salariés permanents
8
Scénario tendanciel : un potentiel d’installations élevé…
… mais en même temps, un risque d’accélération de la baisse du nombre d’agriculteurs
En 2015, le nombre d’installations est de 742 (dont 29 en ETA) dans le scénario tendanciel.
Ce nombre relativement élevé (par rapport aux 649 installations en 2010, source MSA, hors
ETA) s’explique par des départs à la retraite nombreux dans les années à venir, et donc des
possibilités importantes de reprises. Mais ces installations ne pourront se concrétiser que si les
candidats sont suffisamment confiants dans l’avenir de l’agriculture bretonne, et s’ils
disposent de moyens (accompagnement, garanties financières, assurances risques…) pour
pouvoir investir dans leur projet. Ces éléments sont des facteurs limitants pour l’installation.
Le nombre d’installations est moindre dans les scénarios libéralisation et surtout
végétalisation (respectivement 630 et 440 en 2015). Par rapport au scénario tendanciel, la
SAU libérée va plus à l'agrandissement et la SAU moyenne à l'installation augmente plus
vite. Néanmoins, la baisse des installations est freinée dans le scénario libéralisation par des
départs anticipés plus importants que dans les autres scénarios, ce qui augmente les
possibilités de reprises.
Dans tous les scénarios, le rythme de diminution du nombre de chefs d’exploitation (hors
ETA) s’accélère. Entre 2000 et 2010, le nombre d’agriculteurs avait baissé en moyenne de
1,8 % par an. Entre 2010 et 2020, cette baisse atteint respectivement -3,3 %, -4,6 % et -4,5 %
par an dans les scénarios tendanciel, libéralisation et végétalisation. Cette évolution traduit une
augmentation plus rapide des départs que des installations.
Des scénarios assez proches en termes de besoins en recrutements de salariés
permanents…
… avec un léger ralentissement de la progression du nombre de ces salariés dans le
scénario tendanciel
Quant aux besoins en salariés, les trois scénarios aboutissent à des résultats assez proches :
en 2015, ils vont de 704 à 739 selon les scénarios. Dans le scénario tendanciel, les besoins se
répartissent entre 222 recrutements pour le remplacement des départs en retraite (31 %), 146
pour les créations d’emplois (21 %) et 341 pour le remplacement des personnes qui
quittent le secteur agricole (48 %). Les besoins sont légèrement supérieurs dans le scénario
libéralisation car les créations d'emplois y sont un peu plus élevées.
Selon les scénarios, la tendance d’évolution du nombre de salariés varie par rapport à la
période 2000/2010 où cette évolution a été en moyenne de +1,3 % par an. Dans le scénario
tendanciel, le rythme ralentit (+1 % par an en moyenne entre 2010 et 2020), il accélère dans le
scénario libéralisation (+1,5 %) et il est stable dans le scénario végétalisation (+1,3 %).
Au total, 1 451 emplois à pourvoir en 2015 dans le scénario tendanciel…
… scénario le plus pourvoyeur d’emplois grâce au niveau des installations
Dans le scénario tendanciel, la globalisation des besoins pour l’installation et le salariat
permanent estime donc à 1 451 le nombre de personnes à intégrer dans le secteur agricole en
2015 (dont 1 398 qualifiées professionnellement). C’est dans ce scénario que les besoins en
emplois sont les plus importants.
Par domaine de production, ces besoins concernent à 69 % l’élevage et la polyculture-élevage,
21 % les productions légumières et horticoles et 10 % le machinisme et les céréales.
Par niveau de formation, les besoins sont de 2 % au niveau II (licence pro), 27 % au niveau III
(BTSA), 51 % au niveau IV (Bac Pro, BP), 15 % au niveau V (CAPA, BPA) et 4 % sans formation
agricole.
Ces répartitions, par secteur de production et par niveau de formation, sont assez proches quel
que soit le scénario.
9
RAPPROCHEMENT EMPLOI FORMATION
Afin de mesurer les écarts entre les besoins en emplois qualifiés du secteur agricole et l’offre du
dispositif de formation agricole en Bretagne, les résultats du scénario tendanciel 2015 ont été
rapprochés du potentiel de personnes formées aux métiers de la production et
disponibles sur le marché de l’emploi agricole.
Ce potentiel de candidats pour les emplois agricoles a été calculé à partir :

des effectifs en fin de cycle de formations initiales et continues diplômantes préparant
aux métiers de la production (année scolaire 2011/2012), soit 2 364 apprenants,

d’hypothèses sur les taux d’échecs aux examens, les taux de redoublements et les
taux de poursuites d’études de ces apprenants, ce qui amène à avoir 1 632
personnes entrant sur le marché du travail,

et d’hypothèses sur les taux d’insertion professionnelle dans le secteur agricole :
soit au final, un potentiel de 1 099 personnes en emploi en production agricole.
Les résultats du rapprochement emploi formation sont alors les suivants :
Rapprochement emploi formation : scénario tendanciel 2015
Besoins en emplois qualifiés
II
III
IV
V
Total
Secteurs
254
Légumes, horti pépi, fruits
4
55
92
103
Elevage, polyculture élevage
28
320
558
99 1 006
138
Machinisme et COP
1
22
94
21
Total
33
397
744
223 1 398
II
Potentiel de candidats
III
IV
V
Total
139
0
13
62
64
823
18
142
607
56
137
14
9
68
45
32
165
737
165 1 099
(suite du tableau)
Ecart formation – emploi
%*
II
III
IV
V
Total
Secteurs
-115 45 %
Légumes, horti pépi, fruits
-4
-41
-31
-39
-183 18 %
Elevage, polyculture élevage
-10
-179
+49
-43
1%
-1
Machinisme et COP
+13
-12
-25
+24
Total
0
-232
-7
-59
-298 21 %
* Déficit relatif : rapport « écart formation–emploi » / « besoins en emplois qualifiés »
Un déficit de 298 candidats formés…
… qui correspond à un déficit de 450 personnes en formation agricole
Dans le scénario tendanciel, le total des besoins en actifs qualifiés étant estimé à 1 398, le
déficit de candidats pour les emplois agricoles est de 298. Autrement dit, le nombre de
candidats aux emplois agricoles n’est pas suffisant pour répondre aux besoins en
recrutements de la profession.
Ce déficit de 298 candidats signifie en outre qu’il manque environ 450 personnes
supplémentaires en formation pour tenir compte des orientations professionnelles hors de la
production agricole. En effet, parmi les personnes qui se forment dans les spécialités agricoles,
un tiers en moyenne trouve un emploi dans les activités para agricoles (ex. : groupements de
producteurs, centres de gestion, organisations professionnelles…) ou les secteurs connexes à
l’agriculture (ex. pour les formations horticoles : jardineries, services espaces verts des
collectivités territoriales…). Ces formations répondent donc à des besoins de compétences qui
vont bien au-delà des seules exploitations agricoles.
10
En valeur, le déficit est important en élevage et polyculture-élevage (-183)…
… mais relativement aux besoins en emplois, le déficit est surtout élevé en productions
légumière et horticole
Le déficit de candidats est de 183 pour les métiers de l’élevage et de la polyculture-élevage,
soit 18 % des besoins en recrutements dans ces activités (1 006).
Le déficit est moins élevé en productions légumière et horticole (-115) ; par contre, il
représente 45 % des besoins en emplois (254). Le déficit relatif est donc plus élevé en
productions légumière et horticole qu’en élevage et polyculture-élevage.
Le secteur du machinisme et des grandes cultures est à l’équilibre, avec néanmoins de
légers déficits aux niveaux III et IV, compensés par de légers excédents aux niveaux II et V.
Un équilibre au niveau IV, mais qui n’est sans doute que ponctuel
Au niveau IV (Bac Pro, BP REA), le rapprochement emploi formation est quasiment à l’équilibre
(-7). Celui-ci est obtenu grâce au nombre important de candidats issus des diplômés de Bac Pro
de juin 2012. Ces derniers étaient nombreux puisque composés à la fois des jeunes ayant suivi
le cursus de formation en trois ans et en quatre ans (« double flux » lié à la réforme du Bac Pro).
Aussi, le potentiel de candidats issus des diplômés de Bac Pro devrait diminuer en 2013.
L’équilibre au niveau IV ne devrait donc être que temporaire, et se transformer en déficit.
Une offre de formation à développer au niveau III
L’essentiel du déficit s’explique par un manque de candidats de niveau III (BTSA) (-232).
Ce déficit devrait être plus limité en juin 2014 grâce à une augmentation du nombre de diplômés
de BTSA. Les effectifs de cette cohorte devraient en effet augmenter après à la hausse, en juin
2012, du nombre de diplômés de Bac Pro (« double flux » lié à la réforme du Bac Pro).
Néanmoins, cet effet ne sera que ponctuel.
Il faudrait donc développer l’offre de formation au niveau III pour répondre aux besoins de
la profession.
Le niveau V légèrement déficitaire
Le niveau V (CAPA, BPA) présente un léger déficit de candidats (-59). Ce déficit s’explique
encore une fois par la réforme du Bac Pro qui a supprimé les BEPA des statistiques de sortants
au niveau V.
Mais si le déficit est limité, c’est parce que ce niveau correspond de moins en moins au
niveau attendu pour les postes de salariés permanents en agriculture.
Des jeunes issus de CAPA difficilement employables
Par ailleurs, toujours au niveau V, les jeunes issus de CAPA sont difficilement employables du
fait de leur jeune âge et de leur niveau (le CAPA n’apportant pas le même type de compétences
que le BEPA).
Il serait donc important de favoriser pour eux une poursuite d’études, en particulier vers un
BP REA en alternance.
Au-delà des analyses relatives au rapprochement emploi formation, des préconisations sont
proposées concernant l’offre de formation.
11
PRECONISATIONS POUR LA FORMATION AGRICOLE
Une offre de formation qui n’a pas assez suivi la complexification des métiers de la
production, ni l’évolution des nouveaux profils non issus du milieu agricole

Les métiers sont de plus en plus complexes. La diversité et la technicité des systèmes et
des moyens de production, l'instabilité de la conjoncture économique, l'évolution des
normes…, exigent des futurs actifs de la production agricole d'acquérir des compétences
professionnelles variées (en fonction du statut des actifs, des compétences en stratégie,
management, communication, gestion, informatique, nouvelles technologies, observation…)
et de l’ouverture d’esprit (pour des actifs autonomes, en capacité de se former par euxmêmes, d'être en veille sur les évolutions et les opportunités, en capacité de comprendre
leur environnement dans un monde de plus en plus complexe).

Le vivier traditionnel des actifs agricoles, les enfants d’agriculteurs, s’est considérablement
réduit. De plus en plus de personnes qui s’orientent vers les métiers de l’agriculture, ne sont
pas issues du milieu agricole. Ces personnes n’ont pas certains pré-requis, certaines
« bases » qu’avaient généralement les enfants d’agriculteurs. Pour elles, la marche à
franchir pour acquérir les compétences nécessaires à l’exercice des métiers agricoles, est
plus importante, et ce d’autant plus que les métiers agricoles se complexifient.
 Ces évolutions devraient être mieux prises en compte dans les formations
proposées aux jeunes.

Les formations se sont enrichies d’enseignements sur des thèmes connexes
(développement local, communication, techniques de recherches d’emploi…),
enseignements qui ont tout leur intérêt. Mais en conséquence, le nombre d’heures
consacrées aux enseignements techniques et pratiques a été réduit.

Avec la réforme du Bac Pro, les jeunes ne peuvent pas acquérir en trois ans toutes les
connaissances et l’expérience acquise auparavant en quatre ans. Les heures consacrées
aux matières générales ont diminué.

Le BTSA et le Bac Pro sont des formations aux contenus intéressants, mais qui ne
peuvent pas développer suffisamment l’ensemble des enseignements nécessaires à un
futur chef d’exploitation. De plus, à la sortie de formation, un jeune manque souvent de
maturité et d’expérience professionnelle. Aussi, il risque de se retrouver en difficulté s’il
s’installe directement après la formation, surtout s’il s’installe seul.
Pour les jeunes souhaitant s’installer :
 Une formation complémentaire mériterait souvent d’être suivie pour permettre
aux futurs chefs d’exploitation de se spécialiser et/ou d’avoir une vision plus large
de leur futur métier.
 Il faudrait inciter les jeunes diplômés à compléter leur formation (ex. par un CS
PA ou PV si le Bac Pro ou BTSA est orienté gestion ou par un CS gestion si le Bac
Pro ou BTSA est orienté production). La licence pro est également un diplôme
répondant à ce besoin de formation complémentaire.
 Il faudrait conseiller aux jeunes qui ont un niveau IV mais qui n’ont pas la
possibilité d’aller vers un BTSA, de compléter leur formation par une certification
(CS, titre, CQP…) de niveau IV. Ce niveau intermédiaire, entre un niveau IV
« seul » et un BTSA est un bon compromis qui répond aux besoins de la
profession.
12
Pour tous les actifs :
 Il faudrait mettre en place de modules de formation continue sur les thématiques
nécessitant des approfondissements.
Un manque de pratique professionnelle pour les apprenants

Les stages pratiques proposés ne semblent pas suffisants. Ce besoin de mise en
application sur le terrain devient d’autant plus fort que la part des apprenants non issus du
milieu agricole progresse, et que les exigences d’autonomie et de prise d’initiative
demandées aux salariés agricoles deviennent des critères importants à l’embauche.

Le manque d’agriculteurs accueillant des stagiaires pose problème. D’un côté, les
agriculteurs sont réticents pour accueillir des jeunes n’ayant aucune connaissance agricole ;
d’un autre côté, il est difficile de satisfaire des stagiaires dont les attentes sont de plus en
plus diversifiées.
 Il est nécessaire de favoriser l’acquisition des pratiques professionnelles, la
mise en situation professionnelle, à la fois au travers des ateliers pédagogiques
des centres de formation (fermes écoles) et des stages en exploitation (incitation
des agriculteurs à faire du tutorat).
Adapter l’offre de formation aux besoins en compétences à venir
de la profession agricole
Les écarts constatés entre les besoins en actifs et en compétences à
venir de la profession agricole avec l’offre de formation nécessitent
certaines adaptations au niveau du dispositif de formation.
Ces écarts se traduisent dans les éléments chiffrés que cette étude a
permis de construire. Ils se traduisent également dans les contenus de
formation et dans les modalités de formation.
C’est en donnant à la profession agricole la capacité de disposer des
compétences dont elle a besoin que l’agriculture pourra rester un
secteur performant, en capacité de s’adapter aux évolutions, de
saisir les opportunités de développement et de répondre aux enjeux
auxquels elle doit faire face.
13
Retour sur l’étude prospective emploi formation de 2005 (scénario 2007) et comparaison des
résultats des scénarios 2007 et 2015
Les résultats présentés dans ce document correspondent à l’actualisation d’une précédente étude
réalisée en 2005. Celle-ci concluait, dans une approche tendancielle, à un besoin en recrutements d’un
peu plus de 2 200 actifs agricoles en 2007.
Par comparaison, le besoin estimé à 1 451 emplois en 2015 dans le scénario tendanciel de cette étude,
peut paraître un résultat beaucoup plus faible. Mais une différence méthodologique ne permet pas de
comparer directement ces deux résultats. En effet, dans le scénario 2007, le champ des salariés pris en
compte était celui des salariés permanents et des salariés intermittents (au sens des indicateurs de la
MSA), soit respectivement 736 et 969 recrutements en 2007. Or, dans cette étude, seuls les besoins en
salariés permanents (au sens du Recensement Agricole) ont été comptabilisés dans le scénario 2015. Par
ailleurs, du côté des actifs non salariés, les installations d’entrepreneurs en ETA n’avaient pas été pris
en compte dans le scénario 2007, mais l’ont été dans le scénario 2015 (soit 29 installations).
C’est pourquoi la comparaison entre les scénarios 2007 et 2015 a plus de sens si elle est faite
uniquement sur les besoins en emplois salariés permanents et les installations hors ETA. Ces
besoins étaient de 1 256 dans le scénario 2007, répartis entre 520 installations et 736 salariés. Le
scénario tendanciel 2015 table sur 1 422 recrutements qualifiés, dont 714 installations (hors ETA) et 708
salariés. Là, le scénario 2015 aboutit à 166 actifs à recruter de plus que le scénario 2007.
Il faut également noter que, du côté des installations, le scénario 2007 avait été sous-estimé : ce sont
en réalité 781 installations qui ont été comptabilisés par la MSA en 2007, et non pas 520. Cet écart
s’explique notamment par deux phénomènes qui n’avaient pas été anticipés : le développement des
installations en nouveaux marchés – nouvelles filières, ni les installations de conjoints réalisées grâce aux
attributions laitières complémentaires. Aussi, les 714 installations du scénario tendanciel 2015 (hors ETA)
apparaissent comme un résultat plus réaliste.
Comparaison des résultats des besoins en recrutements d’actifs agricoles entre le scénario 2007
(étude 2005) et le scénario 2015 (étude 2013)
Scénario 2007
Scénario 2015
Scénario 2015
Total recrutements d’actifs agricoles
dont installations de JA
dont salariés :
dont salariés permanents(1)
dont salariés intermittents(2)
hors installations en ETA
dont installations en ETA
1 422
714
1 451
742
2 225
520
1 705
736
969
(1) au sens de la MSA en 2007 et au sens du RA en 2015
(2) au sens de la MSA en 2007
Travail réalisé par l’Observatoire Emploi Formation de
l’Agriculture de la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne
Maison de l’Agriculture – CS 74 223 – 35042 RENNES Cedex
Site internet : www.chambre-agriculture-bretagne.fr
Avec le concours des organisations professionnelles agricoles
du CREF : Chambres d’Agriculture de Bretagne, CPRE, AEF,
FRSEA, JA Bretagne
Bibliographie (pour la construction de l’environnement général
des scénarios d’évolution de l’agriculture bretonne) :
Rémi ESPINASSE et Col., Juin 2013. Produire du lait en Bretagne en
2025 : 5 scénarios prospectifs. Chambres d’Agriculture de Bretagne
La filière laitière du bassin Grand Ouest à l’horizon 2020 –
Observatoire des IAA – CRAB
Avec le soutien financier de l’Etat (DIRECCTE), du Conseil
Régional de Bretagne et du Casdar
Publication 2013
14
708
708
Hors champ