Roman chorale 20

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Roman chorale 20
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Depuis plusieurs lunes, j’étais tapi au fond de ma hutte virtuelle à faire la marmotte. Ma retraite
spirituelle égrenée sur un chapelet de nuits blanches portait fruit. Mon esprit reprenait vie. Mes
sens renaissaient. Par enchantement, j’entendais les vibrations sonores des cordes du violon de ma
muse éternelle comme lettres d’amour susurrées à mon oreille. La vie des uns et des autres se
croise sur des trames d’espaces temporels. Le louche n’a rien à voir avec la vérité dans ces amourslà. Tout se joue au même moment sur tous les étages du temps. Ainsi parlait le Grand Manitou.
J’étais là dans mon silence bienheureux au creux de mon cercle quand soudain le chat, celui-là même
de la Marinette, posa ses pattes antérieures sur ma calotte de terre comme s’il s’apprêtait à souiller
ma chapelle. Tel un génie bondissant hors de sa bouteille, je sortis de mes entrailles et lui fit une
peur bleue. Il arrondit le dos en forme d’arc prêt à décocher ses griffes fléchées en me crachant
entre ses crocs : « Les nerfs, le chaman sauvage ! You’re not alone in this world. Cat People ce n’est
pas juste un film, tu sauras. Sors de là. On a du boulot et pas le temps de se faire la guerre surtout
sans équipement matériel. Rejoins-moi au grenier de la Livingstone House. »
Non mais ! Quel chat culotté sans cape ni bottes ce charlatan. Je suis là, à faire le guet depuis des
siècles et ce chameau fraîchement débarqué de la vieille France, se permet de me donner des
ordres. Sûrement du genre charançon. Il apprendra à ses dépens ! Qu’à cela ne tienne. Je me ruai à
la vitesse de l’éclair et par l’œil de bœuf, je me glissai tel un courant d’air s’élevant au grenier, pour
le devancer. Ce fut peine perdue. A real chariots of fire this cat!
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Devant moi, juché sur le dos d’une vieille bergère au coussin éventré, un nobody Bobcat au regard
de l’Eagle américain ronronnant, me lança à la figure un sourire malicieux, voire sulfureux
d’amusement diabolique. Ce petit malin à poil, croyait m’impressionner par ses mimes d’apprenti
sorcier à deux sous. Il méritait la douce leçon que je lui servis sans attendre. Je lui lançai sur les
planches du grenier craquant son bois sec, une poignée d’herbes folles. La bave aux babines, le
matou se précipita sur ce délice pour chat. Derrière moi, Pawata riait. Tous deux, piégés dans le
temps cristallisé, il nous fallait bien quelques menus plaisirs pour donner un sens heureux à notre
mauvais sort venu par le bâton de feu des Anglais. Ces pilleurs sans vergogne volaient nos peaux de
fourrures et nos lacs débordant de poissons des dieux. Trois siècles de sagesse apprise sous les pas
de mes mocassins silencieux me consacraient maître de ces lieux. J’avais perdu des plumes, mais pas
ma science de grand sorcier acquise auprès du Manitou.
Quand le chat fut calmé après sa crise hystérique de délires rassasiés, je lui dis tout the go : « Quelle
est ta quête Chapitre ? »
– Holà ! Descendez de vos grands chevaux visage pâle ! Si je suis venu jusqu’à votre hutte
virtuelle, c’est que j’avais de bonnes raisons de craindre le pire pour ma maîtresse Marinette.
Un de vos poulets étoilés l’a traînée de force dans la prison du canton et ce, menottes aux
poignets. Marinette est un peu barjot, mais juste un peu. Jamais elle ne ferait de mal à une
mouche. Le gros shérif l’accusait du meurtre de son ami Popaul. C’est une innocente ! Je le jure
sur mes quatre pattes et la queue en l’air !
– Ce poulet étoilé n’est pas des nôtres. Ménagez vos transports. Je n’ai rien à voir avec ces
barbares. Je connais Marinette bien au-delà de cent ans. Laissez-moi vous raconter. Quand la
famille Livingstone occupait cette maison, sa mère, une belle mulâtresse, en fuite de la Géorgie
s’était réfugiée ici. Le maître de la maison, William Livingstone eut un choc amoureux en
l’apercevant. C’est ainsi que Maïnette demeura jusqu’à sa mort dans ce palace d’époque
romantique. C’était écrit dans le ciel. Maïnette enceinte, Monsieur William père, voulut cacher
son péché de la chair. Il donna la petite en adoption en promettant de payer tous les frais de son
éducation bourgeoise. C’est le célèbre architecte Albert Kahn, son meilleur ami, qui la pris sous
son aile et la fit éduquer au sud de la France. Voilà presque les malheurs de Sophie en peinture
qui devint mère à son tour et donna naissance à ta maîtresse, Marinette. Celle-ci, marche sur la
route de ses racines sans le savoir. L’Esprit conduit l’âme à son berceau.
– Aye le chaman, tu me prends pour un chat-poire ? Je ne veux pas entendre tes contes à dormir
debout. Je te parle de ma maîtresse qui court dans le corridor de la mort si on ne la sort pas de
là !
– Ne te laisse pas emporter par tes vaines et mortelles passions chatouilleuses. Laisse le temps
venir à point. Observe Mrs. Child, il ne fait pas que dormir dans l’antichambre. Mrs. Bates n’est
pas l’oie blanche que l’on voit. Elle a des squelettes dans son placard. A toi, fin finaud de les
trouver. Va donc fouiller le jardin et la ruelle. Quelle idée aussi d’accueillir tous ces pseudos

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