PRAIRIES HUMIDES DE MOYENNE MONTAGNE ET DE PIEMONT

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PRAIRIES HUMIDES DE MOYENNE MONTAGNE ET DE PIEMONT
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PRAIRIES HUMIDES DE MOYENNE
MONTAGNE ET DE PIEMONT
SDAGE Plaines alluviales, marais et
landes humides de plaine
Code CORINE biotopes : 37.1, 37.2, 37.31
et 37.32
Code Directive : 6410 et non visé
Intérêt communautaire : 37.31
Phytosociologie :
Filipendulion ulmariae :
Calthion palustris :
Molinion caeruleae :
Prairie humide de hautes herbes à Reine des Prés.
Prairie détrempée fertile à Populage des Marais.
Prairie humide maigre à Molinie bleutée ou Molinie élevée
(Eu-Molinion et Junco-Molinion)
Situation écologique :
Ces types de prairies humides se développent en périphérie des marais et zones palustres, au contact de
roselières, de magnocariçaie ou de bas marais. Elles apparaissent également sur des terrasses alluviales
humides, à proximité de cours d’eau lents, ou à l’occasion de replats détrempés parcourus ou non par des
ruisseaux.
Salinité, régime hydrique et type de sol :
Ces milieux sont adaptés à une humidité variable, qui peut être saisonnière avec fluctuation de la nappe à
faible profondeur (c’est typiquement le cas pour les secteurs occupés par la moliniaie) ou quasipermanente avec des sols fortement détrempés, en particulier à la fin de l’hiver et au printemps (secteurs
occupés par la prairie à Populage des marais). La prairie haute à Reine des prés est établie sur un sol
hydromorphe, mais ne subissant pas d’inondation prolongée. Les sols sont généralement compacts,
argileux et riches en matière organique, fertiles et neutro-alcalins (prairies à populage des marais et à
Reine des prés) ou plus maigres et neutro-alcalins (moliniaie neutro-basophile) à acides (moliniaie
acidiphile).
Physionomie :
Ces formations végétales sont denses, de hauteur moyenne (moliniaie, prairie à Populage des marais), à
assez haute (prairie à Reine des prés) et peuvent atteindre 1 m 50. Elles sont dominées par des graminées
sociales (moliniaie) ou des dicotylédones coloniales (Reine des prés, Angélique sylvestre...). Elles renferment
de nombreuses espèces de joncs vivaces d’assez grande taille. Ces caractéristiques permettent de les
distinguer des magnocariçaies et des bas marais, dont la végétation est dominée par des laîches (Carex).
Espèces guides caractéristiques :
Prairie humide à
Reine des prés
Prairie détrempée à
Populage des marais
Filipendula ulmaria
Caltha palustris
Angelica sylvestris
Dactylorhiza fistulosa
Prairie humide à
Reine des prés
Prairie détrempée à
Populage des marais
Moliniaie neutrobasophile
Molinia caerulea subsp.
caerulea
Stachys officinalis
Moliniaie neutrobasophile
Moliniaie acidiphile
Molinia caerulea subsp.
caerulea
Molinia caerulea subsp
altissima
Moliniaie acidiphile
Achillea ptarmica
Thalictrum flavum
Epilobium hirsutum
Cirsium palustre
Deschampsia cespitosa
Eupatorium cannabinum
Hypericum quadrangulum
Geum rivale
Polygonum bistorta
Ranunculus aconitifolius
Trollius europaeus
Sanguisorba officinalis
Valeriana dioica
Equisetum palustre
Juncus effusus
Cirsium tuberosum
Lotus maritimus
Carex tomentosa
Galium boreale
Carex flacca
Dactylorhiza maculata
Gentiana pneumonanthe
Serratula tinctoria
Juncus conglomeratus
Luzula multiflora
Potentilla erecta
Lotus pedunculatus
Carex pallescens
Ophioglossum vulgatum
Crepis paludosa
Polygala amarella
Exemples :
Prairies humides du Champsaur et du Bas Valgaudemar (05), marais de Manteyer / La Roche-des-Arnauds
(05).
Dynamique et variabilité
Les prairies humides sont situées en bordure d’habitats nettement plus humides. Exposés à des périodes de
sécheresse saisonnière, l’oxygénation et l’activité biologique des sols s’en trouvent favorisés.
Potentiellement ces milieux sont susceptibles de se reboiser, en cas d’abandon des activités de fauche ou
de pastoralisme, même si la dynamique forestière est limitée par la densité des herbacées (évolution dans
un premier temps vers la saulaie marécageuse ou la bétulaie, et parfois colonisation par le Pin sylvestre).
Types d’intérêts :
D’une manière générale, les prairies humides possèdent une diversité floristique et entomologique
exceptionnelle, dont de nombreuses espèces rares à très rares, en régression généralisée voire au bord de
l’extinction en Europe de l’Ouest. Les plantes à fleurs y sont beaucoup plus représentées que dans les
autres formations herbacées marécageuses plus uniformes (roselières, magnocariçaies et bas marais). De
ce fait, elles accueillent une quantité importante d’insectes et nourrissent de nombreux insectivores.
(libellules, passereaux, chauve-souris) et leurs prédateurs (rapaces, reptiles). Elles assurent d’autre part une
fonction hydrologique tampon considérable (stockage des eaux de crues et des excès de nutriments en
zone agricole intensive). En raison de leur productivité relativement élevée, elles ont également un rôle
pastoral non négligeable (pâturage d’appoint en période de sécheresse en particulier).
Menaces et vulnérabilité :
Ces milieux ont considérablement souffert de l’intensification des pratiques agricoles (drainages, labours et
maï siculture, eutrophisation et à l’opposé abandon de la fauche traditionnelle) ou forestière
(populiculture) et de la « mauvaise image » des zones humides (remblaiement, décharges). L’étendue des
moliniaies en particulier, a considérablement diminué, en raison de leur faible rapport économique
(fauche et pâturage extensif).
Gestion conservatoire :
La préservation de ces milieux est urgente et intervient dans un contexte défavorable (absence de
rentabilité dans un système agricole intensifié). La poursuite de la fauche ou du pastoralisme extensif sont
indispensables au maintien de ces milieux (notamment les moliniaies) et de leurs composantes biologiques
et ne pourront être réalisés qu’avec des financements complémentaires spécifiques ou par des prestations
d’entretien à but unique de conservation de la biodiversité. Le drainage, le remblaiement ou le
reboisement de ces milieux doit être très strictement prohibé.