Manifestif - Secrétariat à la politique linguistique
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Manifestif - Secrétariat à la politique linguistique
Manifestif Mémoire rappé à la Commission des États généraux sur la langue française Par Loco Locass 11 décembre 2000 Messieurs dames les commissaires, concitoyens, bonsoir. D'abord, merci à la commission d'avoir eu l'audace de nous recevoir en audience pour présenter notre mémoire intitulé Manifestif. Précisons d'emblée que nous sommes ici à titre de citoyens préoccupés par l'avenir du français au Québec. C'est pourquoi, nous avons mis l'artillerie lourde de côté, privilégiant une configuration instrumentale minimaliste. Nous arrivons sans tambour ni trompette (quoique...) afin de donner toute la place au discours. À ce sujet, à tous ceux dont les tympans qui ne seraient pas familiers à la rythmie du rap, nous mettons à votre disposition tous les textes de notre plaidoyer. Celui-ci sera orchestré en 5 temps. En premier lieu, dans la chanson Malamalangue, nous faisons le triste constat de l'érosion du français au Québec. Le diagnostic est sévère mais lucide. II s'adresse à tous Québécois, ce peuple à la mer... MALAMALANGUE En fait, si le français se dégrade au Québec, nous n'avons que nous-mêmes à blâmer. Les Loco Locass s'élèvent contre l'à-plat-ventrisme des éternels colonisés que nous sommes. Comment affirmer une langue que nous évacuons systématiquement de la conversation au premier accent anglophone venu ? Comment être fier d'une langue que nous balbutions à peine à voix basse ? À cette apathie linguistique, nous proposons comme solution le langagement, c'est-à-dire l'articulation du langage dans l'action, haut et fort, sur la place publique. LANGAGE-TOI Si les Québécois se désintéressent de la langue française, c'est peut-être qu'elle leur est souvent présentée de façon rébarbative et impérative. À côté de nous, une langue dominante, puissante parce que simple, charriée par une culture hédoniste basée sur le divertissement. Comment se surprendre que les jeunes préfèrent l'anglais, tellement plus cool à côté de notre langue empêtrée dans une syntaxe inextricable et des exceptions qui sont la norme ? À nos yeux, il est inconcevable d'extraire le plaisir des notions d'engagement, de rigueur et de réflexion. D'où le titre de notre album Manifestif. MANIFESTIF Bien sûr, le sort de la langue française au Québec ne concerne pas uniquement les Québécois. Au Canada, on s'abreuve encore à l'utopie trudeauiste d'un pays bilingue a mari usque ad mare. Dans ce contexte, le Canada a toujours vu d'un très mauvais oeil la promulgation du français comme langue officielle du Québec et sa pierre d'assise, l'indispensable loi 101. Dans une perspective canadian, obliger les gens à utiliser une langue dans l'espace public relève de l'extrémisme totalitaire. Puissamment soutenue par le ROC, la communauté anglophone québécoise opère un long et systématique démantèlement de la loi 101 à coup d'éreintantes joutes judiciaires. II faut les comprendre. Vainqueurs des plaines d'Abraham, longtemps seuls maîtres du commerce et de la politique, ils n'ont jamais admis la réappropriation du Québec par les francophones. Pour nous, la langue relève de la culture et du droit collectif. Pour notre minorité de luxe, le français et l'anglais sont des droits individuels équivalents, sacrés par la Constitution, qui ne doivent faire l'objet d'aucune coercition. Devant un tel abysse entre les deux conceptions, la réconciliation est vaine. Loco Locass estime que le Québec doit se doter de l'autonomie politique que lui commande son statut d'épicentre francophone en Amérique. SHEILA CH’US LÀ Qui mieux que René Lévesque a façonné le projet d'indépendance au Québec ? Avec ouverture et générosité, ce grand démocrate parlait avec la voix du coeur d'un Québec à naître. En cela, il était plus stimulant que les comptables d'aujourd'hui qui haranguent les troupes à coup de statistiques. En terminant, permettez-nous de vous citer un extrait d'un discours qu'il avait prononcé à Paris, pour expliquer aux Français, avec dignité et simplicité, le projet de la souveraineté du Québec. VULGUS vs SANCTUS Le Manifestif des Loco Locass a été rédigé et présenté à la Commission des États généraux sur la langue française par Biz, Batlam et Chafiik accompagnés des musiciens Bilbo André, Charles Imbeau, Jean-Sébastien Nicol et Jean-Philippe Pelletier 11 décembre 2000 47 Biz,.BatLam,Chafiik Peuple à la mer À la merci des courants Qui n'est pas au courant Dont la langue à vau-l'eau Navigue entre deux eaux Dont la culture dérive au large des rives D'un incontinent mercantile Quand il S'agit de s'agiter sache Que les Loco Locass occupent la place Jacassent avec audace et cassent la glace En dénonçant la menace Qui sévit sur la masse C'est assez sérieux Plutôt pernicieux On croirait au complot tacite de la nation Car aucun ne s'indigne de la situation Dans la symphonie multiculturelle de Trudeau (son rêve était beau> La voix francoaphone est noyée sous le son du sax Anglo-saxon -Tabarnak 'sont 300 millions « Pendant qu'un Néo-Québécois de souche se tire une bûche Un autre Anglo Klaxon sac' son camp » Notre syntaxe est en voie d'extinction Minée Contaminée Déterminée Par Shakespeare et ses sbires Y' a pas d'quoi rire Car j ' ai malamalangue 49 À court de discours Je me dis cours toujours Tour et nuit aucune dichotomie C'est la grande noirceur qui sévit C'est vite dit Précis Concis Bref : mon pays est loin de la Laconie Honnie, bannie, c'est comme chercher Charlie Où est ma langue ? Où est mon esprit ? Où suis-je ? Qui suis-je ? Où vais-je ? Où vis-je ? L'insidieuse érosion du langage et ses suites me terrifient Je Suis l'homme calcaire en beau calvaire Devant les assauts séculaires d'une mer qui me sape les pieds Y' m' pogne des fois des envies d'hermétisme à l' extrême Une néo-nipponnerie Une genre de juiverie Mais j'vivrais mal d'être jugé lepéniste N'empêche qu'au bouche-à-bouche Ma langue mal embouchée couche Avec le butcher J'en embrasse large mais je couche Mes mots pour 7 millions de cocus sans colonne verbale Avale mon venin mollusque, suce jusqu' À ce que t' en tire un antidote Qui dotera ta glotte Pour le french universel J'ai rien contre l'orgie romaine, man Mais j'ramonne personne en franglais C' est pas vrai ou faux Je m' en fous Mon parti est pris Tu l'auras compris Ma rage contre la machine est une mutinerie contre le mutisme Ce séisme tranquille 51 Je m'infiltre, effronté Forcé de fitter dans la foulée de ces fous paroliers Qui mettent flamberge au vent À tout moment Pour défendre leur langue Avant qu'exagérément exsangue Elle pende Comme une sorte De langue morte (Langue d' Oc) OK Je te l'concède On est un peu cons et on cède Nous aussi à la tentation De parsemer not' tchatche locass Du langage des fat ass Un p’tit cool par-ci, beat par là Whatever man, we speak like we... « Speak white » Wouanh ! J'ai la voix blanche à trop m' être tu é au silence Blanches négresses et nègres blancs Nos mots sont des balles à blanc Pan ! Beaucoup de bruit pour rien car le lendemain JE ME SOUVIENS de rien Aphasie, avachi Chie dans son froc de french frog Vagissant piternellement Le Québec de lièvre n' en finit pas de naître... pas Ceux qui tracèrent la trachée d'une voix Qui n'a pas la portée d'un crachat J' mâche pas mes mots C'est pas d' la mash potato Sache que les Loco Locass Sont des koubraüss qui causent et qui haranguent Ce qui leur cause des mots sur le bout de la langue 53 Tous et toutes, professeurs, citoyens Animateurs de Musique Plus et politiciens Je nous accuse au tribunal de la conscience D'avoir immolé le français sur l'autel de l'indifférence Malgré que le combat soit perdu d'avance Même en France Nous défendons notre patrie contre l'anglosphyxie Tel que le firent les Phrygiens face à l'Empire Romain Nous avons pris le maquis linguistique Et opposons à l'Amérique une résistance lyrique Notre tactique est unique et consiste en la verbalistique Nous faisons flèche de tout mot Nos arbalettres envoient des carreaux lexicaux Au macrophone, les Loco détonnent Et proposent, entre autres choses Une prose qui ose et qui désankylose Si texturé soit-il Ton texte doit expliquer le contexte de ton cortex car Sans sens le son n'est que sensation Mais sans son le sens est sans action 55 Le verbe faire Est un verbe qui se perd L'inaction est une aire De repos Où plus d'un se perd Oublie père et mère et monde et tout propos À propos De propos J'essaie d'être pro-propos Mais c'est dur d'hurler sur les mots D'une société rongée par le pire des maux Ce fléau qu'est la perte de mots Je hausse le topo sémantique Dans un but typiquement didactique Ma dactylo buccale fait Tic ! Tac ! C'est une tactique phonétique pour faire contact Titiller tes synapses Snap ! Mets tes verres de contact Mon frère, langage-toi et constate Que le verbe faire Est un verbe qui se perd LANGAGE-TOI 31 Le décompte goûte Amer Quand au compte-goutte Tu tombes et devient goutte D'eau dans l'amère Amérique La clepsydre sonne moins cinq C' est l'heure de se mettre à la .5 Coincé entre deux cultures Au fur à mesure à l'usure sois-en sûr C' est la plus FAT ASS des deux qui perdure La cure C'est de ne pas s'enmurmurer vivant Tant et tant de gens se terrent et se taisent de mon [vivant Tant et tant d'argent te v' la coi Quoi ? À terre, à l'aise et content Sûr d'être vivant survivant sursis Je te susurre ceci : contemple le montant de ton bâillon C'est comme signer son bail-bye Pour l'autoextermiNATION Crois-en ma parole, la parole est un geste Mieux une action Si tu parles, n' aie crainte L'on t'entend longtemps... temps... temps... L'Écho des mots lointains ne s'éteint pas si au relais, tu es là 33 J'entends du fin fond des temps Les rebonds de mon nom Taper mes tympans Ça sonne comme l'homme qui nomme Se nomme lui-même autonome Autochtone de sa propre personne Il se somme de donner aux mots la somme De sa propre donne toi Comme loi sir De mettre au repos l'oisiveté Ce rouage de la fuite du langage toi Contre le tangage d'une langue qui ne s'arrime à rien Et mène à un genre d'espèce de Moyen-Âge... Tsé qu'ess j 'veux dire... Euh... Le politically correctness, ça m'agresse Ça fait de tout de rien Un Loch Ness pas là que le bât blesse ? À trop vouloir louvoyer, voyez-vous, le verbe est vérolé Pour répondre au besoin de l'éthique ethnique Pour pallier la panique de la fuite du fric Hystérique crise de nerf de l'Amérique Le politique 2 ♠ se pique de poétique Incivique suicide inique ta mère, ton père Par en avant, par arrière En vers libres, mon frère Je me fraye un chemin dans la terre de ta tête Et prêche cette prière Langage-toi et fais du verbe faire Un verbe qui s'OPÈRE LANGAGE-TOI 35 Mon rap est pas trop pro-gansta Test pas trop pro-ganja C't'un topo pro-langage À quel point tu catch quand j'tchatche du Loc Locass ? Bel et bien biaisé tu t'butes Parce' Belzébuth chahute dans la cahute Parle-moi pas de West coast, d' East coast 'stie pis d'Copacabana J'ai ma cabane au Granada De nada J'reste sur la rue l'Esplanade à Montréal dans un 8½ x 11 Mon manifeste fesse festivement Spling ! Din dents, en dents de scie Simonack ! Ma bouche s'abouche à ta bouche Pis t' french en français Smack ! J' jac asse, t'as l'air de penser que j'parle La langue des fat ass F'at’tention C'est que j'vas fast ueusement vite Faut qu' ça lévite Pour que t'entres dans le mantra J'évite ceux qui m'disent d'éviter quoi que ce soit 13 J' prends la place Parce que j'veux pas qu' mon peuple se fasse Enculer au pied du murmure J' prends la place Parce que j'veux pas qu'mon peuple se fasse Dissoudre dans la saumure mur à mur J' prends la place Parce que j 'veux faire à toute la populace Des grimaces loquaces avec ma langue Celle avec laquelle j'mange des mangues Celle avec laquelle j' me sors d' la gangue Hé Marianne ! C'est ton gars qui t' dit qu'y diphtongue Yes, it's a different tongue Une langue de banquise, conquise, soumise oubliée Une langue de tsé, moé pis toé Un restant de langue de roy Rouée par l'opprobre De tous les francophobes Pis les snobs du globe J'fais ma trace, transgresse Dans la lente allégresse C'est crissement risqué pour qui cherche sa race Sache que c'est pour mieux t'embrasser Ch' pas Mallarmé, pas d'raisons d'm'alarmer Cinq sens, une langue qui m'élance Au-dessus des guéguerres langagières politiques Si j’en suis tributaire, l'esprit grégaire C' pas trop mon trip C' qui m'empêche pas d'être. Pa tri o tique Ô contraires Tu penses que j' fais l' split j' m' explique : j'milite Pour une poésie elliptique Où bruit le silence (sic) Sourdent les accents de ma sainte accidentelle mystique La vigielance : « Allez Gorique, mets ta force euphorique À dire ce monde métaphorique » À grand renfort d'aphorismes, de sémaphores C' est ma force phosphorescente qui m' fait signe C' est singulier mais j'adviens pluriel J ' serai plus qu' une kyrielle d' yeux Dieu qui s'dit heureux d' zieuter 2 (2x2x2x2)2 endroits à la fois Qui font flèche de toute foi Dieu qui euphorise À l'idée de courber autant d'espace-temps C'est épatant mais c'est pas tant que j'attends ce moment Ça m'tente mais j' m' étends pas dans l'temps parce que Pour l'instant Ch'us rien que Chafiik artiste à tics anti-statiques Architecte à l'attaque, à l'éthique intacte et tactique J' m' inquiète des étiquettes étriquées Tout est truqué, trop tronqué T' es comme traqué pis la track est tracée C' est triste et j'insiste pour faire la mienne Ma trace Qu'on s'souvienne de ma race et De ma chienne de vi sion musicale Enchâssées dans ma constitution vitale Pendant qu'tu fixes l'oeil musical Le propos subliminal s'insinue, séminal T'es comme sur les gardénals C't'une bacchanale, une orgie d'analogies D'signes qui clignent De symboles qui résonnent comme des cymbales J' grimpe à l' assaut d'ton cerveau Par la parole, l'oral ourlé Y paraît qu't'en as ras l'bol Qu'tes pas pour les paraboles « À bas l' pas clair, l'obscur fait toute la lumière sur la vérité Vide la mer si y faut que j' puisse enfin me r' poser » J'fais ma trace, le p'tit mox M'accroche à c' qui m' harasse: le paradoxe Pour me défaire de tout, t'sais faut qu'tout m'appartienne Tu m'trouves saff ? Qu'à cela ne tienne J' m' approprie pour mon chant, ma prière, L'univers Et ça, ça tient tout entier dans un vers: Le rap est un rapt de l'humanité tu m' entends-tu ? Ça fait 27 000 ans que j'te parle avec mon sang Trompe-toi pas sur ma forme, c'est celle du moment J'reviendrai demain din aut' costume de bain Méconnaissable à coup sûr, ça c'est certain Te parler du plus haut amour sur un aut' refrain 17 Pour la première fois SHEILA, Ch’us LÀ Les interminables palabres Autour de la feuille d'érable Me rendent malade Moi j'avais voté Bloc Pour que ça débloque Mais c'était sans compter le choc De la ligne dure Qui dure Et qu'on endure Depuis cette époque C'est-tu moi qui capote Hystérique Pour quelques badlucks Historiques ? Mais dans ta terre anglaise sur fond de R.O.C. Mes racines latines déshydratent et suffoquent Dès lors Faut-il encore clore Le débat ? Et débarrasser les prairies du Canada De toute urgence D'une résurgence : L'odyssée du lys assoiffé d'indépendance ? 23 Passons sur l'impasse de la Constitution Et pensons plutôt qu'une nation fat ass Me gerbe son Mc Do dans le dos, mec Plus grosse que la mère Ubu Ch’us pu capable Me revient le propos d'Albert Camus L'eusses-tu lu tu l'eus cru lustucru « Le préalable de l'indépendance Est le refus de toute négociation » Station Citation La culture te garde de toute castration J'ai ma ration De séquestration Sans l'ignorance crasse on Crisserait not' camp Non ? Oui, oui, disent les béni-oui-oui Jouant de leur vie comme on joue au Jéopardy Pardi, passant outre l'ironie de la P'tite vie Dans un 4 et demi Ci-gira bientôt les cendres froides D'une dignité qui fût roide Mais quand vient le temps des partis pris indivis J'entends déjà la question d'ici « Who the fuck were we ? » Jamais de mon vivant je ne veux voir endiguer Le fleuve de ma nation dans un bassin folklorique Qu'on a chloré, coloré rouge et bilinguisé J'ouvre les vannes en amont, gare à l'inondation lyrique J'active ma salive, je me LOCOmotive Mon discours d'eau prend sa source dans ma bouche Et termine sa course en douce À l'estuaire de tes deux hémisphères Coûte que coûte mes mots dégouttent Sur ton tympan goutte à goutte Écoute et goûte Mon babil habile hydrodynamique Qui coule cool le long de la rive rythmique Alimenté par l'affluent verbeux de Snou Le débit débile de Biz éclabousse de ses remous Augmente de volume et dynamise le tempo Dévale en aval à vau-l'eau par monts et par vaux L'oasis de notre langage n'est pas un mirage Car il fait Beausoleil sur Desjardins qui ont Ducharme Et du haut Dumont nous nous Miron dans le vacarme D'un peuple à l'accent circonflexe Qui ne veut pas être en annexe Dans le vortex connexe qui a de quoi laisser perplexe Réflexe majeur face à la mise à l'index 25 (Sheila pouquoi non ? C' est quoi cette situation ? Les droits sont bafoués Où est l'humanité ? Sheila pourquoi non ? C'est quoi ce désarroi ? Les peuples sont opprimés Donnez leur la liberté Pourquoi la vérité prend-elle plus de temps à se faire voir ?) Vulgus vs Sanctus BatLam, Chafiik, Biz 117 Calcule, spécule sur le pécule culturel Le PQ pogne le cul de la culture Qui jouit au bon moment Oui moman JE ME SOUVIENS mais je pense à demain Car quand la contrainte m'éreinte, j' l' étreins C'est qu'j'sais qu'la fin sanctifie les moyens Depuis 1760 la guigne nous hante Nous suit, nous swing sa suie Mais j'essuierai ces cendres de glace de la face de ma race À n'importe quel prix parce que comme dit le doyen : « La fin sanctifie les moyens » Heille Réveille ! On t'offre de faire sortir le bateau d' la bouteille Mais quand on largue les amarres tu restes au port Mort à l'instar d'un vieux Lazarre Malgré l'histoire, j'ose croire en la croisée des chemins Car je sais que la fin sanctifie les moyens J' fais des appels, des appels à la pelle Pêle-mêle j'hèle, j'bêle À ma tribu tributaire du naguère (Qui s'est trop laissée taire) De discuter, de pas s'buter pis d'excuser ses aïeux Pour le peu d'efficience Dans la longue marche vers l'in dépendance Sincèrement j' pense que la fin sanctifie les moyens 119 T'avales de travers quand sur un reel de Mary Travers Tu m' dis que l' démagogue gigue de guingois Sur son gigot d'bois J'appelle ça les travers Du real politik Oui Montréal J 'subordonne mon salut bonhomme à l'autonomie-figue, [mi-raisin J'dirais même à mon autochtonie plus, ni moins Car la fin sanctifie les moyens PQ parti véhicule qui me mène à la Mecque, mec J'oppose le vulgaire, versus une utopie deux fois séculaire C' est tu clair ? Les deux pieds dans' matière stercoraire J 'sniffe l'éther et éternue ce chant révolutionnaire « Aux urnes citoyens ! » Car la fin sanctifie les moyens Poète, pas prophète À genoux, je nous projette un projet pro-progrès Proposé comme un prologue prometteur En dépit de la peur, de la torpeur et des pleurs malsains Je regarde plus loin que ma main Car la fin sanctifie les moyens C'est en chat échaudé d'avoir vu chums choker Que j ' vous chante de Continuer, Ti-culs, et Situez Si vous êtes pour L'affranchissement, le défrichage et le changement Ou Le marchandage achalant, le léchage, la lâcheté achetée J' sais qu' t' ai jeté des choix un brin béotiens Mais la fin sanctifie les moyens J'touche pas Dubois le déseR. D. D.érives dérelictives Des désillusions politico-affectives C'trop pas pour moi : ici y s' agit pas d' l' Algérie Quand vient le jour J, j' agis Je r' mets pas à demain Parce que la fin sanctifie les moyens Laisse faire le fric, le vote ethnique C'est toi que je nique au mic, mec Je rappelle à ta mémoire un certain soir Où seul dans le noir de l'isoloir Je te soupçonne mon homme D'avoir eu peur du bonhomme Référendum Rome ne s'est pas construite en jour j'en conviens Mais tout vient à point à qui se souvient Que la fin sanctifie les moyens 121 Lulu, Ch’us pas un fana du profane Affine ta flamme, ton fanal analeptique Ton plan sceptiquement économique Ments-nous pas : Si y' a maldonne on pardonne Parce que la fin sanctifie les moyens Loco Locass Cacule c'est laisse spécule en faire sur chat le le échaudé fric pécule d'avoir le culturel vu vote le chums ethnique PQ choker c'est pogne que toi le j'vous que cul chante je de de nique la continuer au culture ti-culs mic qui et mec jouit situez je au si rappelle bon vous à moment êtes ta oui pour mémoire moman l'affranchissement un je le certain me défrichage soir souvient et où mais le seul je changement dans pense ou le à le noir demain marchandage de car achalant l'isoloir quand le je la léchage te contrainte la soupçonne m'éreinte lâcheté mon j'l'étreins achetée homme c'est j'sais d'avoir qu'j'sais qu'j't'ai eu qu'la jeté peur fin des du sanctifie choix bonhomme les un référendum moyens brin Rome béotien ne mais c'est la pas fin contruite sanctifie en les jour moyens j'en conviens mais tout vient à point à qui se souvient que la fin sanctifie les moyens 123 MANIFESTIF Direction de production : Patrice Duchesne Conception et réalisation graphique : Jeffrey Wraight Photographies: Biz, Batlam, Chafiik, P.A.T, Charles Richer, Daniel Cianfarra Alain Bernard, Michel Pettigrew Révision des textes : Biz. Batlam. Chafiik Tout droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés Dépôt légal : 4e trimestre 2000 Bibliothèque nationale du Québec (BNQ) ISBN 2-9806833-1-0 © 2000 coronet liv 355 ste-Catherine ouest, bureau 600 montréal (québec) H3B 1A5 [email protected]