Directeur juridique - Cercle Montesquieu

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Directeur juridique - Cercle Montesquieu
Directeur juridique : le statut de "general counsel" n’est
pas inaccessible !
01/10/2015
Rester expert en droit, mais parler le langage des opérationnels. Adhérer à la culture de son entreprise
pour la faire vivre. Telles sont les facettes que le directeur juridique doit cultiver.
Afin de se rapprocher au plus près de la direction générale, le directeur juridique développe une
compétence globale, tout en continuant à preserver son expertise dans différents droits locaux. Il peut
alors s’imposer comme un véritable créateur de richesses. Et il se transforme ainsi, petit à petit, en
general counsel, un statut hybride qui tendrait à se rapprocher de celui de secrétaire général et que l’on
retrouve, la plupart du temps, dans des sociétés anglo-saxonnes.
Pourtant, rares sont les directeurs juridiques français qui accèdent à ce titre de general counsel. Des
membres du Cercle Montesquieu et de l’Executive Master General Counsel de Sciences Po ont tenté d’en
comprendre les raisons lors de la conférence « De directeur juridique à general counsel : quelles
perspectives en France ? », du 24 septembre dernier.
Comprendre les opérationnels
Encore perçus comme inaccessibles, perchés dans leur tour d’ivoire, travaillant sur des dossiers
techniques, très éloignés des opérationnels de l’entreprise, les membres des directions juridiques doivent
faire preuve de pédagogie pour se faire comprendre.
L’une des premières étapes consiste, par exemple, à écrire en langage clair en faisant attention au
vocabulaire utilisé et à la longueur des phrases. Même si le juriste craint souvent que le sens de ce qu’il
écrit soit différent s’il ne développe pas assez son idée, il doit apprendre à être concis et précis. C’est au
juriste de démocratiser la transmission de l’information même si pour cela il doit bousculer la culture de
l’entreprise.
Pour Anne-Sophie Le Lay, general counsel de Renault, et administrateur du Cercle Montesquieu, le constat
va même plus loin : les directions juridiques manquent de curiosité. « Comprendre dans le détail les
activités de notre entreprise est essentiel pour prétendre à être un business partner », insiste-t-elle.
Connaître la culture de l’entreprise serait donc l’une des clés pour que le directeur juridique prenne part à
sa stratégie. « Le general counsel n’est pas recruté pour ses compétences techniques mais pour son
rapport au droit », observe le secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice, Antoine
Garapon. « Nous devons progresser sur la dimension culturelle du respect spontané de la règle de droit »,
continue le magistrat.
Aller au-delà de la règle de droit
La formation initiale des directeurs juridiques et plus largement des juristes ne leur enseigne pas à
appréhender le droit au-delà de la règle. Et l’expérience n’est parfois pas suffisante pour prétendre à un
statut semblable à celui de general counsel, car une telle fonction sous-entend d’être force de proposition
en terme de stratégie, de marketing ou bien encore de budget. « Il faut apprendre à parler chiffre et
budget comme n’importe quelle autre direction de département », confirme Béatrice Bihr. « Il faut avoir
les bons appuis en interne pour discuter. Le risque financier appartient au top management de
l’entreprise », poursuit Anne-Sophie Le Lay. La formation continue des directeurs juridiques a donc besoin
d’être renforcée.
C’est pourquoi Sciences Po et le Cercle Montesquieu leur proposent, à compter du 1er janvier prochain,
l’Executive Master General Counsel, un programme diplômant de management stratégique des affaires
juridiques (voir notre article). L’idée ? Permettre aux juristes d’assumer pleinement leur fonction et non
plus seulement leur statut.
Delphine Iweins
Source URL:
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