Solvabilité II - OFI Asset Management

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Solvabilité II - OFI Asset Management
Dossier
Solvabilité II
La dernière ligne droite
Publi-dossier distribué avec l’édition du 22 mai 2014 de L’AGEFI HEBDO
Dossier
Solvabilité II
Les assureurs sur le chemin
de Solvabilité II
Stéphane Dorlencourt
............................................................................ page 3
L’organisation des placements
à l’épreuve de Solvabilité II
............................................................................ page 4
Un suivi du risque davantage
formalisé
............................................................................ page 6
Reporting :
un défi à relever
............................................................................ page 7
OFI Asset Management – Groupe OFI
Société anonyme au capital de 3 257 163 €
22, rue Vernier – 75017 Paris
RCS Paris 384 940 342
Responsable publication : Stéphane Dorlencourt
Rédaction : Édit 360°
Couverture et mise en page : David Sautreau - creaphage.com
Crédits photographiques : Hervé Thouroude, Fotolia.
Achevé de rédiger le 14/05/2014. Le présent document est réservé
exclusivement à desclients professionnels au sens du code monétaire
et financier. Il n’est pas contractuel et n’a qu’une vocation informative.
OFI Asset Management décline toute responsabilité quant à l’utilisation
qui pourra être faite des informations figurant dans ce document. Les
chiffres et performances citées sont valables au jour de la réalisation de ce
document et ne sont pas un indicateur fiable des chiffres et performances
futures. Les données chiffrées, commentaires et analyses figurant dans
cette présentation reflètent le sentiment d’OFI Asset Management sur les
marchés, leur évolution, leur réglementation et leur fiscalité, compte tenu de
son expertise, des analyses économiques et des informations possédées à
ce jour. Ils ne sauraient toutefois constituer un quelconque engagement ou
garantie de la part d’OFI Asset Management. Il est enfin rappelé que tout
investisseur potentiel doit se rapprocher de son prestataire ou conseiller
afin de se forger sa propre opinion sur les risques inhérents à chaque
investissement et sur leur adéquation avec sa situation patrimoniale et
personnelle indépendamment d’OFI Asset Management.
Directeur Pôle Services et Solutions du Groupe OFI
Place à l’organisation
A
u fil des exercices préparatoires à Solvabilité II (QIS et autres
LTGA), les travaux de décryptage des attentes du régulateur se sont
poursuivis. Les principales exigences concernant le reporting sont
désormais connues et ont donné lieu à d’importants développements
en matière d’infrastructure informatique, afin de maîtriser la chaîne
de données destinée à les satisfaire. Les réflexions relatives aux
procédures à mettre en place dans le cadre du pilier 2 se précisent
autour de la réalisation d’un premier exercice ORSA cette année.
Avec l’adoption d’Omnibus II, le 11 mars 2014, la réforme a franchi
une nouvelle étape. Le focus semble s’être déplacé des aspects
calculatoires vers un chantier plus global sur l’organisation des
structures avec comme date cible définitive de mise en conformité,
le 1er janvier 2016. Même si leur importance est déjà avérée, cette
nouvelle phase englobe de facto l’ensemble des sous-traitants, pour
lesquels le challenge sera parfois d’évoluer du statut de prestataire
vers celui de partenaire.
Les enjeux et impacts spécifiques à la gestion d’actifs étant
désormais connus des différentes parties prenantes, notre démarche
d’analyse, initiée il y a trois ans au travers d’un baromètre réalisé
en partenariat avec L’AGEFI, se devait de changer de méthode. Le
groupe Ofi a souhaité la poursuivre dans le cadre d’une enquête
qualitative réalisée par le biais d’entretiens avec des investisseurs
institutionnels, avec en toile de fonds les conclusions présentées
par l’ACPR sur les retours de l’exercice mené en 2013.
page 2
Les assureurs
sur le chemin de Solvabilité II
Si le cap du pilier 1 semble déjà bien franchi, les organismes concernés par cette directive
européenne doivent encore relever le défi du suivi du risque et du reporting.
Août 2014
adoption par
la Commission
Européenne du projet 2
et début de la période
d’objection de 3 mois
(prolongeable de 3
mois) dont bénéficient
le Parlement Européen
et le Conseil
2014
Printemps 2014
publication de la
directive Omnibus II
au journal officiel
LE CALENDRIER D’APPLICATION DE SOLVABILITE 2
Février 2015
fin de la période
d’objection du
niveau 2 (au plus
tard)
1er avril 2015
Début de certaines
procédures
d’approbation
(modèles internes, ...)
2015
Fin octobre 2014
1ère séquence
d’adoption par
la commission
des projets
d’Implementing
Technical Standards
réalisés par EIOPA
L
a directive Solvabilité II vise à renforcer
la capacité des assureurs, mutuelles et
institutions de prévoyance à respecter
les engagements pris auprès de leurs
clients. Essentielle pour les deux parties,
elle a pour objectif d’adapter le niveau
de capitaux propres aux risques de toute
nature auxquels les institutionnels sont
exposés et ce, au niveau européen. Pour
cela, cette directive repose sur trois piliers :
le pilier 1 porte sur le calcul des provisions
techniques et des fonds propres ; le pilier
2 sur le suivi des risques et le pilier 3 sur
la communication financière auprès du
régulateur et du public.
Alors que les étapes de préparation à
la directive Solvabilité II s’affinent et
que les échéances se rapprochent son entrée en vigueur est programmée
au 1er janvier 2016 -, où en sont les
organismes concernés dans la mise
en oeuvre de ces trois piliers ? Selon
l’édition 2014 de l’étude European
Solvency II Survey conduite par EY
auprès de 170 compagnies d’assurance
en Europe, l’état d’avancement est
disparate selon les piliers et les pays.
Les investisseurs institutionnels français
ont quasiment achevé le processus de
mise en conformité du pilier 1. D’ailleurs,
il semble que ce pilier n’ait pas entraîné
de grands bouleversements en matière
de structure des placements, le SCR
étant considéré davantage comme un
critère d’investissement important mais
31 mars 2015
fin de la période de
transition Solvabilité II
modifiée par Omnibus II
1er janvier 2016
entrée en
application
du régime
Solvabilité II
2023
fin du grandfathering
SCR equity
2016
Fin mars, fin juin et
fin septembre 2015
trois séquences
d’adoption par la
commission des
projets d’ITS réalisés
par EIOPA
2032
fin de la transitoire
«taux» et
«provisions»
2032
2020
fin de la transitoire
IORP
2026
fin du grandfathering
fonds propres
source : ACTUAIRE SEARCH
non déterminant (lire pages 4 et 5). En
revanche, des progrès restent à faire sur
le pilier 2 mais surtout sur le pilier 3 pour
lequel on n’enregistre que peu d’ avancées
au cours de la dernière année. Sur ces
deux piliers, des exercices de préparation
- ORSA et reporting - sont programmés
en 2014 et 2015.
Les acteurs reconnaissent que ces
deux piliers sont de vastes chantiers
Dans le
contexte
réglementaire
actuel,
la taille est un
avantage
car ils nécessitent d’importants moyens
humains, financiers et d’infrastructures.
La formalisation du principe de la
personne prudente, le contrôle du
risque dans le cadre de la délégation,
la collecte et le traitement d’une grande
quantité d’informations pour produire
les reporting sont autant d’éléments à
mettre en place. Cela apportera plus de
valeur dans l’organisation des structures
avec le renforcement de la sécurisation
des activités et une transparence accrue,
page 3
admettent les institutionnels.
Mais cela ne se fait pas sans coûts.
Le secteur de l’assurance compte
beaucoup d’entités de tailles très
différentes. La facture de la mise en
conformité n’est donc pas la même
pour tous les acteurs. “Dans le contexte
réglementaire actuel, la taille est un
avantage, estime Réginald Blondel,
responsable gestion actif-passif de
Klesia. Les acteurs les plus gros
ont beaucoup plus de moyens et de
ressources en interne que les petites
structures pour se mettre en conformité
avec les nouvelles normes”. En effet,
la mise en place des différents piliers
entraîne une augmentation des coûts
de gestion. “Face à l’effervescence et
l’inflation réglementaire, nous n’allons
pas et ne pouvons pas répondre par
une inflation des coûts, déclare AnneSophie Fraissinet, directeur financier
à la Mutuelle de Poitiers Assurances.
Solvabilité II doit vraiment être mis
en place proportionnellement à la
taille et à la complexité de l’assureur.
C’est l’application du principe de
proportionnalité qui figure dans la
directive”. Des rapprochements ont même
eu lieu pour y répondre. “Solvabilité II a
poussé à la concentration du secteur
car cette directive implique de nouveaux
standards, notamment au niveau des
moyens d’analyse, plus exigeants que
Solvabilité I”, note Yves Champain,
directeur technique et financier d’EOVI MCD.
PILIER 1
L’organisation des placements
à l’épreuve de Solvabilité II
Même si cette directive ne fait pas apparaître à ce jour une modification en
profondeur des allocations d’actifs, elle devrait néanmoins entraîner à terme un
plus grand recours à la délégation
D
e par l’accent qu’elle met sur le risque, la directive
Solvabilité II interpelle naturellement les acteurs
concernés sur la structure de leurs placements. Faut-il
renoncer à investir sur certains actifs ? Faut-il opter pour
une gestion directe ou déléguée ? En ce domaine, il n’y a
pas de dogme. Indicateur clé du pilier 1 de Solvabilité II, le
SCR (Solvency capital requirement) détermine le montant
de capital réglementaire que l’assureur doit détenir au
titre des positions risquées dans son bilan qui, pour le
placement varie selon la classe d’actifs (voir tableau).
AVIS D’EXPERT
Olivier Héreil
directeur des gestions d’actifs
de BNP Paribas Cardif
SCR, un critère parmi d’autres
Ainsi, le SCR marché est une contrainte supplémentaire à
prendre en compte car le risque de marché participe de
façon importante au calcul du SCR global. Cependant,
un actif doté d’un SCR faible au sens de Solvabilité II
n’est pas un critère d’investissement en soi. “Ce n’est
pas parce que le calcul du SCR sur les emprunts d’Etat
est limité que nous n’aurons que cette classe d’actifs”,
précise Anne-Sophie Fraissinet, directeur financier à la
Mutuelle de Poitiers Assurances. La gestion du risque par
le calcul du SCR ne doit pas être en totale inadéquation
avec la recherche du rendement, de la liquidité et de la
gestion du risque de concentration. “Nous n’écartons
aucune classe d’actifs, même si le SCR est pénalisant,
explique Gérald Chauveau, responsable service financier
à la Matmut. On est, certes, sensible au coût du capital
mais c’est un critère parmi d’autres validant la décision
d’investir ou pas”. Pour certains, il s’agit d’identifier
les actifs qui permettent de répondre au mieux à leurs
contraintes d’actif-passif. “En tant que fonds de retraite,
l’environnement de taux bas nous pénalise car cela nous
oblige à actualiser notre passif sur cette base, explique
Philippe Rey, directeur des investissements de l’UMR.
Aujourd’hui, nous sélectionnons nos actifs davantage en
fonction de cette contrainte que de celle du SCR. Mais
cela pourrait changer en 2016”.
En attendant, l’allocation stratégique reste classique
en faisant toujours la part belle aux produits de taux.
Cette poche représente 81 % chez BNP Paribas Cardif.
À l’UMR, elle pèse plus de 80 % en fonction du régime
de retraite concerné. Le solde, composé à plus ou moins
20 %, est investi sur des actions, de l’immobilier, des
hedge funds, des infrastructures... Reste à mettre cette
allocation d’actifs en musique. “Solvabilité II ne va pas
profondément changer notre organisation en matière de
gestion d’actifs, affirme Anne-Sophie Fraissinet. Nous
Le SCR nous
pousse à davantage
de diversification
«À la différence de Solvabilité I, Solvabilité II prévoit un
minimum de capital requis en fonction des différents risques
au bilan. Le SCR devient ainsi un paramètre nouveau, car 60 %
de cet indicateur provient des actifs.
Nous commençons à l’intégrer dans les modélisations de
notre allocation stratégique. Le SCR change la donne sur
les classes d’actifs dont certaines, comme les actions par
exemple, se retrouvent pénalisées. Nous sommes donc
passés de 15 % à 10 % sur cette classe d’actifs en quelques
années. À l’inverse, nous avons augmenté nos positions
sur l’immobilier, qui mobilise moins de fonds propres. Nous
prenons en compte les corrélations entre les actifs, ce qui
nous pousse à plus de diversification. Ainsi, les hedge
funds, le private equity ou encore les actions et les dettes
émergentes sont présents dans nos portefeuilles.
De plus, d’une année sur l’autre, les variations du SCR
deviendront un paramètre important à prendre en compte.
La mise en place est complexe, notamment sur le passif
qui nécessite des moyens informatiques et d’infrastructures
conséquents».
page 4
Les institutionnels plus exigeants
avec les sociétés de gestion
avons depuis toujours géré en direct l’ensemble de nos
actifs et souhaitons continuer de procéder ainsi. Nous
ne donnons pas de mandat de gestion à des sociétés
extérieures et préférons développer en interne nos
compétences en ce domaine”. A peine 6 % des 850
millions d’euros d’encours sont placés sur une quinzaine
de fonds qui permettent d’accéder à des classes d’actifs
sur lesquelles la mutuelle ne pourrait aller en direct
faute de gestion optimale du risque. “Nous pratiquons
la gestion en direct des obligations notées investment
grade (70 % du portefeuille) et de l’immobilier (6% du
portefeuille), confie pour sa part Guillaume Ville, directeur
du patrimoine de la Carac. En revanche, les actions (8%),
l’alternatif (1%), le high yield et les autres classes d’actifs
non cotées sont délégués à travers des fonds ouverts
sélectionnés en interne”.
Avec Solvabilité II, les investisseurs institutionnels
envisagent différemment leurs relations avec
les sociétés de gestion. “Au-delà de la simple
gestion financière des fonds, nous attendons
qu’elles comprennent bien cette directive et
les problématiques associées, souligne Yves
Champain, directeur technique et financier d’EOVI
MCD. Cela permettra de nous proposer les services
adéquats en matière de calcul de SCR, de suivi
du risque, de remontée d’informations”. Autant
d’éléments discriminants dans le choix d’une
société de gestion. Mais sans que cela génère une
hausse des coûts pour l’investisseur. Par ailleurs, les
assureurs, mutuelles et institutions de prévoyance
se montrent circonspects sur les produits clé en
main optimisant le SCR, considérant qu’il n’y a pas
de solution unique et qu’investir uniquement sur la
base du SCR peut s’avérer risqué.
L’attrait de la délégation
Chez certains acteurs, la délégation tient une place
autrement plus importante. Le groupe de protection
sociale Klesia pratique la parité entre gestion directe et
déléguée. “Pour la seconde, nous avons confié nos actifs
à cinq sociétés de gestion - un nombre qui peut évoluer aux profils de gestion différent, à travers des mandats ou
des fonds dédiés, explique Réginald Blondel, responsable
gestion actif-passif. Généralement, nous procédons par
appels d’offre pour sélectionner nos gérants tiers et
revoyons notre sélection tous les trois ans”.
Mais d’autres investisseurs institutionnels vont plus loin
dans cette pratique. “Cela fait dix ans que nous avons
commencé à externaliser notre gestion, raconte Philippe
Rey. Aujourd’hui, sur 8,5 milliards d’euros d’encours, 90 %
le sont sous forme de fonds dédiés et de mandats auprès
de différentes sociétés de gestion dont quatre principales.
Cela nous apporte une sécurisation, une analyse croisée
des titres sélectionnés et une expertise via les gestionnaires
avec lesquels nous travaillons, ce qui rassure l’ACPR, nos
partenaires et nos administrateurs. Nous pouvons ainsi
concentrer nos forces sur la réglementation, l’actif-passif
etc …”. Une approche qui pourrait se développer. En effet, une étude
du cabinet Périclès Actuarial révèle que 63 % des organismes qui
envisagent de réorganiser leur gestion d’actifs ont décidé de le faire
par le biais de mandats auprès d’une ou plusieurs sociétés de gestion.
De même, “avec Solvabilité II, nous observons une tendance au
développement d’OPCVM dédiés, constate Olivier Héreil, directeur
des gestions d’actifs de BNP Paribas Cardif. Contrairement aux
fonds ouverts, la société de gestion peut, à notre demande et en
fonction de nos besoins, faire évoluer l’orientation des placements”.
Surtout, les fonds dédiés semblent être la solution afin de satisfaire
aux nouvelles obligations réglementaires notamment en matière de
reporting.
TYPE D’ACTIFS
NIVEAUX DE CHOC
À APPLIQUER
ASSIETTE
SENS DU
CHOC
RISQUE
Actions cotées sur les marchés réglementés dans les
pays qui sont membres de l’EEE ou de l’OCDE
39% + Ajustement symétrique
Valeur de marché du titre
Baisse
Action
Actions cotées en bourse dans les pays qui ne sont pas
membres de l’EEE ou de l’OCDE / Actions qui ne sont
pas répertoriées ou titres financiers qui ne peuvent pas
être alloués aux sous-modules du SCR Marché (notamment des hedge funds, matières premières et autres
placements alternatifs, etc)
49% + Ajustement symétrique
Valeur de marché du titre
Baisse
Action
Participations stratégiques
22%
Valeur de marché du titre
Baisse
Action
Immobilier physique ou titre non leveragé
25%
Valeur de marché du titre
Baisse
Immobilier
Fond immobilier ou titre leveragé
39% ou 49%
Valeur de marché du titre
Baisse
Immobilier
Un choc appliqué à chaque maturité
Courbe des taux sans risque
Hausse / Baisse
Taux
Obligations Corporate
Un choc de spread en fonction de la
duration et de la qualité de crédit de
l’émetteur
Valeur de marché du titre
Hausse
Spread
Obligations d’Etat
Un taux appliqué à chaque maturité
Courbe des taux sans risque
Hausse / Baisse
Taux
source : Optimind Winter
page 5
PILIER 2
Un suivi du risque
davantage formalisé
Si le principe de la personne prudente était déjà
implicitement appliqué, l’ORSA demande un effort
supplémentaire, d’autant que les premiers rapports
sont attendus pour septembre prochain.
A
u coeur du pilier 2 des nouvelles règles prudentielles, le
risque fait l’objet d’un suivi accru. Solvabilité II instaure ainsi
le principe de la “personne prudente”, nécessitant une fine
connaissance des actifs et instruments financiers en position.
La directive Solvabilité II n’impose pas la nomination d’une
personne physique. “Mais l’ensemble des qualités d’une
personne prudente doivent se retrouver dans la gestion
d’actifs”, souligne Anne-Sophie Fraissinet, directeur financier à
la Mutuelle de Poitiers Assurances. Mais dans les faits, cette
pratique était implicite. “Nous avons toujours eu une politique
d’investissement prudente, indique
Mais
Réginald Blondel, responsable
gestion d’actif-passif de Klesia. En
l’ensemble
termes de placement, le “principe
des qualités
de personne prudente” existait
d’une personne déjà en interne”. “Nous partons de
l’idée que, pour investir dans un
prudente
produit financier, il faut être capable
doivent se
d’en appréhender et d’en maîtriser
parfaitement les risques”, précise
retrouver
Gérald Chauveau, responsable
dans la gestion service financier de la Matmut.
Cela exclut pour certains, comme
d’actifs
Klesia, les placements dont les
risques inhérents ne sont pas toujours bien connus (dérivés,
produits structurés, titrisation).
Au-delà d’une organisation spécifique, “les nouvelles règles
prudentielles ont surtout permis de cadrer, de formaliser et de
structurer ce principe et ainsi de mieux approfondir l’analyse du
risque”, insiste Yves Champain, directeur technique et financier
d’EOVI MCD. A l’UMR, “c’est la direction des risques qui
incarne la “personne prudente”, explique Philippe Rey, directeur
des investissements. Son rôle est de surveiller et mesurer les
différents risques à l’aide d’indicateurs de suivi sur l’ensemble
des placements. Côté gouvernance, nous avons une série de
comités, dont un dédié aux engagements et aux placements.
Nous avons par ailleurs un comité d’investissement pour les
supports peu liquides (gestion alternative, infrastructures...)”. Un
suivi qui nécessite également l’acquisition de logiciels dédiés.
Dans tous les cas, cela nécessite d’avoir en interne des experts
ayant une parfaite compréhension des actifs, en particulier dans
le cadre d’une gestion déléguée. En effet, l’article 49 complique
encore un peu plus le suivi du risque en cas de délégation. “Vis-àvis du régulateur, l’assureur reste responsable des actifs délégués
et doit contrôler ce qu’il confie au gérant délégataire, précise
Olivier Héreil, directeur des gestions d’actifs de BNP Paribas
Cardif. A charge pour lui de réaliser un audit de l’organisation
et des informations fournies par le gérant, et de vérifier qu’elles
sont en adéquation avec la politique de l’assureur”. La Matmut
a, pour sa part, édicté une charte déontologique définissant les
règles auxquelles doivent se soumettre ses sous-traitants.
L’ORSA : un processus chronophage
Mais le suivi du risque va désormais plus loin. L’article 45
de la directive Solvabilité II impose la réalisation d’un ORSA
(Own risk and solvency assesment). Ce rapport annuel remis
au régulateur renseigne sur la capacité d’appréhender tous
les risques de l’entreprise pour ensuite définir une stratégie.
Il faut donc prendre en compte ceux que la formule standard
ne mesure pas car difficilement quantifiables comme les
risques opérationnels, de liquidité, de réputation… A l’instar
de l’UMR ou de la Matmut, se doter d’une cartographie des
risques peut être un bon outil pour avoir une vision globale.
“Le suivi des risques nécessite la mise en place d’une
organisation spécifique ainsi qu’une série d’indicateurs,
afin de prendre notamment des décisions d’investissement
conformes à Solvabilité II”, confirme Guillaume Ville, directeur
du patrimoine chez Carac. L’ORSA nécessite ainsi l’utilisation
de logiciels dédiés, la mobilisation de personnes en interne
comme en externe, mais aussi d’importants moyens
financiers. Sans compter le temps qui y est consacré. Sur
ce point, les acteurs concernés son unanimes : l’ORSA est
véritablement chronophage. Les premiers rapports ORSA
sont attendus pour le 24 septembre 2014. Une date choisie
de façon à laisser aux organismes le temps de s’approprier
les dernières spécifications techniques de l’EIOPA intégrant le
paquet branches longues d’Omnibus II. Et à l’ACPR le temps
d’en faire un bilan avant la fin 2014.
page 6
PILIER 3
Reporting : un défi à relever
D
Face à l’ampleur du chantier, son optimisation passe par une relation coordonnée
entre investisseurs, sociétés de gestion et dépositaires
ans le cadre de la préparation à
Solvabilité II, le pilier 3, relatif aux
obligations de reporting au public et au
régulateur, est un élément essentiel. “Nous
entrons aujourd’hui dans une phase de
transition de pilotage et de reporting des
actifs financiers par le risque”, considère
Réginald Blondel, responsable gestion
d’actif-passif de Klesia. À compter
de 2016, les reporting, sur une base
trimestrielle et annuelle, intégreront
une chaîne complète de production de
données. Si l’ensemble des protagonistes
n’hésitent pas à souligner la complexité et
la lourdeur du chantier, ils reconnaissent
cependant les avantages d’une pratique
plus poussée et, in fine, plus aboutie de
cet exercice. “En matière de reporting,
nous sommes conduits à renforcer les
indicateurs destinés à suivre les risques
de marché avec plus de formalisation sur
le suivi de certaines expositions, reconnaît
Guillaume Ville, directeur du patrimoine
à la Carac. Le reporting réglementaire
va contribuer à faire évoluer les outils de
pilotage interne”.
Les assureurs, les mutuelles et les
institutions de prévoyance doivent être
capables de récupérer un grand nombre
de données sur chaque ligne détenue
directement ou via des fonds, afin de
calculer le ratio de solvabilité SCR (Solvency
Capital requirement). Le grand principe
de Solvabilité II est la transparisation, qui
devient ainsi un facteur différenciant dans
la sélection des sociétés de gestion et des
fonds. “La capacité à donner l’inventaire
détaillé de ses fonds sera, à un moment
ou à un autre, un critère discriminant dans
le choix de nos partenaires”, déclare Yves
Champain, directeur technique et financier
d’EOVI MCD. Néanmoins, certains
considèrent que cette règle peut souffrir
des exceptions lorsque le coût en capital
de l’investissement est marginal.
Des exceptions possibles
En outre, pour certains OPCVM, le
régulateur tolère de fonctionner autrement.
“Lorsqu’ils sont d’une taille significative,
nous réaliserons une transparisation
totale, indique Olivier Héreil, directeur des
gestions d’actifs de BNP Paribas Cardif.
En revanche, pour les plus petits, l’analyse
du risque pourra se faire à partir du
benchmark de l’OPCVM”. Enfin, en vertu
du principe de proportionnalité, la directive
Solvabilité II rend en effet l’exemption
possible, si un tel reporting représente une
charge disproportionnée compte tenu de
la nature, de l’ampleur et de la complexité
des risques inhérents à l’activité de
l’entreprise et si ces informations sont
communiquées au moins une fois par an.
La complexité de cette nouvelle
contrainte devrait - à terme - pousser les
assureurs, les mutuelles et les institutions
AVIS D’EXPERT
Philippe Rey
directeur des investissements,
UMR
«Les piliers 1 et 3 de la directive Solvabilité II imposent respectivement
le calcul du SCR de marché et de communiquer à l’ACPR des états
prudentiels très détaillés. Pour compléter au mieux ces états et
optimiser le SCR, nous devons donc connaître l’ensemble de nos
positions et leurs caractéristiques : c’est la transparisation. S’il est
assez facile d’avoir un niveau d’information important sur des lignes
détenues en direct, c’est un peu plus complexe dans le cadre d’un
fonds puisque chacune des sociétés de gestion avec lesquelles
nous travaillons nous communique un reporting au format pas
toujours homogène.
de prévoyance à réduire le nombre de
sociétés de gestion auxquelles ils font
appel. “Travailler avec plusieurs sociétés
de gestion n’est pas forcément un
avantage en termes de transparisation”,
souligne Gérald Chauveau, responsable
service financier à la Matmut. Pour
simplifier
la
structure
de
leurs
portefeuilles, les institutionnels seront
aussi tentés de se tourner davantage vers
les mandats ou les fonds dédiés. Des
fonds dont le nombre de lignes pourrait
aussi se réduire. L’investisseur trouvera
là un moyen de renforcer ses contrôles
grâce à des analyses qualitatives.
L’accent mis sur la qualité et l’exhaustivité
de l’information impacte également
les dépositaires. “La mise en place de
Solvabilité II donne implicitement de
nouvelles fonctions à ces derniers, note
Yves Champain. Ils auront vocation à
standardiser les reporting et l’ensemble
des
informations
soumises
aux
nouvelles contraintes réglementaires”.
Là aussi, Solvabilité II encouragera
les organismes concernés à réduire le
nombre de dépositaires avec lesquels ils
travaillent, si ce n’est pas déjà le cas. En
réduisant le nombre d’intermédiaires, cette
rationalisation enrichira les modèles de
données dédiés au reporting réglementaire,
d’améliorer le reporting interne et de
permettre à l’ensemble des acteurs de limiter
les coûts qui y sont associés.
La matrice
Ampère optimise la
transparisation et
son coût
Le Club AMPERE, avec le soutien de l’Association française de la
gestion financière et la collaboration d’investisseurs institutionnels,
a donc définit une matrice d’inventaire qui a pour objectif de
devenir un standard de marché. Nous avons adopté ce modèle
et demandé à nos partenaires de nous transmettre une matrice
Ampère détaillée qui comprend 130 critères. Ensuite, à l’aide
d’un outil développé en interne, nous consolidons l’ensemble de
ces matrices afin de calculer notre exposition nette et contrôler le
risque de concentration. Cette matrice permet ainsi d’optimiser la
transparisation et le coût qui y est associé”.
page 7
PARTENAIRE
de vos
INVESTISSEMENTS
* Classement bfinance en France, avril 2014 • ** Étude Novethic, juin 2013.
40
ans
8
d’existence
ème
société
de gestion
4
Une offre complète
de gestion
sur les principales classes d’actifs et stratégies
déléguée institutionnelle*
Une approche
institutionnelle
ème
société de
à travers des solutions et services
sur-mesure
gestion ISR**
60
Mds€
d’encours
sous gestion
90
Un ancrage fort
dans l’économie sociale
dont 40 Mds€ en gestion
sous mandat
%
des encours soumis à
Un actionnariat solide
Solvabilité II
Suivez-nous sur twitter :
@Solva2OFI
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