La professionnalisation des conseillers Fongecif
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La professionnalisation des conseillers Fongecif
D O S S I E R • P r a t i q u e s La professionnalisation des conseillers Fongecif Par Véronique de Clarens Pour permettre aux Fongecif d’assurer leur nouvelle mission d’orientation des salariés, le Copacif - intégré depuis au Fup, Fonds unique de péréquation a lancé en 1999 un important plan de professionnalisation national. Aujourd’hui, l’ensemble des Fongecif proposent une activité de conseil. Témoignages. D epuis la fin des années 1990, les Fongecif ont généralisé un service de conseil aux personnes. Il vise une aide au choix professionnel et/ou de formation, ainsi qu’un accompagnement des transitions professionnelles. Auparavant, ces organismes paritaires régionaux, créés en 1983, s’attachaient, tout en informant les salariés sur ce dispositif, au financement des congés individuels de formation (Cif). En 1997, une décision des administrateurs du Comité paritaire du congé individuel de formation (Copacif)1 conduit les Fongecif à assurer une nouvelle mission d’orientation des salariés. Cette décision des partenaires sociaux traduit une volonté d’offrir aux salariés un accompagnement pour anticiper et gérer des transitions professionnelles choisies ou subies de plus en plus nombreuses. Les Fongecif deviennent alors une des rares structures spécialisées dans l’accueil des salariés2. Dès 1999, pour accompagner ce profond changement de rôle des Fongecif et développer de nouvelles compétences en orientation, un important plan de professionnalisation national est mis en œuvre par le Copacif. Un plan de professionnalisation national L e défi est de taille : afin de satisfaire les exigences du métier de “conseiller en mobilité professionnelle”, il s’agit de passer d’une culture administrative et de gestion à une culture de service au public et à une pratique de la “relation humaine” et, dans le même temps, de faire évoluer les compétences individuelles. Les quatre axes structurants du plan de professionnalisation 1. Outils et techniques pour mettre en œuvre le conseil et l’accompagnement des salariés (techniques d’entretien, animation de réunions d’information, écoute, etc.). 2. Ancrage des pratiques de conseil dans l’environnement social et économique (connaissances des métiers, dispositifs de la formation professionnelle continue, gestion des ressources humaines en entreprise, etc.). 3. “Ingénierie” de parcours de mobilité socioprofessionnelle. 4. Conditions organisationnelles, financières et managériales de l’intégration de nouvelles pratiques de conseil et d’accompagnement dans un Fongecif. Bruno Bertoli, Rencontre nationale des Fongecif des 12 et 13 juillet 1999, à Rouen. 34 Ingénierie du dispositif Afin de définir le champ d’intervention du dispositif de formation, il a été nécessaire, en premier lieu, de construire une représentation commune du travail des conseillers. Pour cela, un référentiel d’activités a été conçu avec le concours actif des conseillers, à partir de l’analyse des demandes et des besoins des salariés qui sollicitent les Fongecif. La mesure des écarts entre compétences requises et pratiques existantes a permis d’affiner les besoins de formation et d’élaborer un premier plan de professionnalisation, autour de quatre axes structurants (voir encadré). Le dispositif national n’a pas eu pour vocation de se substituer aux plans de formation de chaque Fongecif régional. Il est venu en complément. Concilier l’hétérogénéité des pratiques, des modes d’organisation, des compétences individuelles, tout en prenant appui sur l’expérience acquise, tel fut l’enjeu essentiel de ce dispositif. Certaines structures étaient dans l’“instruction des demandes”, d’autres s’attachaient à l’information, et d’autres encore avaient développé un service de conseil personnalisé pour tous les salariés. Seule une minorité disposait, à l’époque, d’une expérience ACTUALITÉ DE LA FORMATION PERMANENTE N° 208 • CENTRE INFFO Véronique de Clarens est chargée d’études à la Direction juridique-observatoire du Centre Inffo. 1 La loi du 4 mai 2004 a créé le Fonds unique de péréquation (Fup, né de la fusion du Copacif et de l’Agefal (Association de gestion du fonds des formations en alternance). 2 Depuis l’Ani de 2003 et la loi de 2004, les Fongecif ont vu leur collecte de la participation obligatoire des entreprises à la formation remonter à 0,2 % de la masse salariale, avec la disparition du capital temps formation. Dossier Le plan de formation des Fongecif en chiffres - 50 modules de formation différents, correspondant à 130 sessions (répétition de plusieurs modules), soit de 10 à 20 sessions de deux à cinq jours (14 à 35 heures) par an. - De 80 à 150 stagiaires par an, soit un total sur la période de 470 stagiaires pour 4 200 journées, soit 29 400 heures/stagiaires. L’effectif des personnels Fongecif étant d’environ 400 personnes, en tenant compte du turn over sur huit ans, c’est donc la quasi-totalité des salariés qui a pu suivre au moins un module. Des séminaires spécifiques ont par ailleurs été mis en place pour les directeurs. - La durée moyenne par stagiaire est de neuf jours (63 heures), mais avec des parcours individuels qui vont de deux à cinquante jours (350 heures). - Le budget annuel tout compris a varié entre 640 000 euros la première année et 200 000 euros les années “creuses”. Les charges se répartissent ainsi : les Fongecif prennent en charge les rémunérations (ou se les font rembourser par les Opca auxquels ils cotisent), soit environ 30 % des charges ; le Copacif (avec l’aide du FSE en 1999 et 2000) puis le Fup prennent en charge les frais de formation, de location de salles, de transport, d’hébergement et de restauration. Un plan de professionnalisation inscrit dans la durée Les premières étapes de ce projet se sont déroulées entre 1999 et 2000, avec un cofinancement du FSE. Puis sa mise en œuvre s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui. Ralenti durant les périodes de négociation de l’Ani de 2003, le plan de professionnalisation a continué à se déployer avec le renforcement du rôle des Fongecif dans l’accord. Ce plan est volontairement inscrit dans la durée, nécessaire à l’accompagnement d’un changement profond de culture professionnelle. Un groupe technique de suivi pour accompagner les évolutions du plan Un groupe de travail a été constitué dès le début du plan de professionnalisation. Il est constitué d’une dizaine de personnes représentatives de toutes les fonctions des Fongecif : directeurs, conseillers et personnels administratifs. Il se réunit tous les deux mois. Ce groupe réfléchit à l’intégration des nouvelles pratiques et aux conditions de réussite de celle-ci. Il analyse les évolutions et les nouvelles compétences à développer et en rend compte aux administrateurs. Il fait des suggestions d’actions à mettre en place : formations, séminaires, échanges de pratique, groupes de travail. S’adapter en permanence aux nouveaux besoins Les modules les plus demandés au début portaient sur la conduite d’entretien d’orientation et sur le cadre théorique et méthodologique de l’orientation. Une évolution majeure a été intégrée à partir de 2002 avec l’introduction de la VAE. Elle a eu un impact important sur les pratiques d’ordre technique, mais également sur le fond. En effet, la pratique des conseillers, davantage centrée sur le projet du salarié, donc son futur, est amenée à davantage analyser le parcours passé en vue d’une potentielle VAE. Il s’agit d’accompagner le salarié à donner du sens à son parcours, tout en construisant du lien avec son avenir. La VAE a également eu des conséquences sur l’appareil de formation : réduction des parcours, individualisation, etc. Outre des modules de formation sur la VAE, des groupes d’échanges de pratiques ont permis aux conseillers de s’approprier ce dispositif. “ Il s’agit d’accompagner le salarié à donner du sens à son parcours, tout en construisant du lien avec son avenir “ de la pratique de conseil. C’est pourquoi le dispositif modulaire a favorisé la construction de parcours individualisés de formation pour les conseillers. 3 Rencontre nationale des Fongecif des 12 et 13 juillet 1999, à Rouen. Après 2003, les conseillers ont dû prendre en compte les nouvelles dispositions créées par l’Ani de 2003, notamment les dimensions de “négociation sociale” entre le salarié et l’employeur, la personnalisation des parcours professionnels et la prise en compte des acquis de l’expérience. Aujourd’hui, pour répondre à une demande croissante d’accompagnement, de nouvelles pratiques émergent et, particulièrement, des pratiques collectives. Comment travailler les questions de mobilité professionnelle en groupe ? Cela nécessite une évolution de l’organisation des Fongecif et une nouvelle étape de professionnalisation des conseillers. Une autre demande forte des conseillers porte sur la coopération avec les partenaires, afin de “fluidifier” les parcours des personnes. Ces partenaires sont de trois types. En premier lieu, les financeurs ou les cofinanceurs, comme, par exemple, un Conseil régional ou une branche professionnelle, qui peuvent vouloir soutenir un projet individuel. Les deux autres partenaires sont les relais d’information qui vont être acteurs de la promotion du Cif et, enfin, les partenaires “coresponsables” des parcours qui vont être mobilisés à une étape du parcours du salarié, tels les Centres de bilan, les Chambres consulaires, les dispositifs de création d’entreprises. Dans le développement de ces partenariats, il s’agit de clarifier le rôle et les compétences spécifiques de chacun, de fixer les règles de coopération, notamment en cas de recouvrement de champ de compétences. Apprendre à travailler en réseau devient un nouvel enjeu de la professionnalisation des conseillers. Afin de consolider une “culture métier” et anticiper, autant que possible, les nouveaux besoins des salariés, le Fup a organisé en 20062007 une série de séminaires autour du thème des “relations hommestravail”, des transitions socioprofessionnelles et de leur accompagnement. 180 salariés, issus des 26 Fongecif, ont participé aux trois sessions proposées. ACTUALITÉ DE LA FORMATION PERMANENTE N° 208 • CENTRE INFFO 35 D O S S I E R • P r a t i q u e s Référentiels métiers du Fongecif Nord-Pas-de-Calais Ils concernent les métiers de “chargé(e) d’accueil et d’information” et de “conseiller(ère) en mobilité professionnelle et formation”, et s’appliquent exclusivement au Fongecif Nord-Pas-de-Calais. Les deux fiches définissent le cœur du métier et excluent volontairement les autres activités conduites par les chargé(e)s d’accueil, qui sont variables en fonction de l’organisation de chaque Antenne, en particulier l’aspect gestion administrative et financière des dossiers. Fiche métier : chargé (e) d’accueil et d’information Le (la) chargé(e) d’accueil et d’information a pour mission d’accueillir et d’informer tout public s’adressant au Fongecif Nord-Pas-deCalais (par téléphone ou physiquement). Il (elle) analyse les informations recueillies et prend en compte la situation de l’interlocuteur afin d’apporter la réponse la plus appropriée en intégrant les objectifs de la structure et la législation en vigueur. Activités essentielles : - gérer les flux entrants (appels téléphoniques et accueil du public) ; - promouvoir la mission conseil mise en place par le Fongecif Nord-Pas-de-Calais ; - informer sur les dispositifs gérés par le Fongecif Nord-Pas-de-Calais (Cif, bilan, VAE, etc.) ; - diriger vers d’autres structures d’accueil et d’information en fonction de la situation de la personne ; - apprécier l’urgence de la situation de l’interlocuteur, organiser les rendez-vous individuels et collectifs et gérer les plannings ; - synthétiser et formaliser les informations recueillies pour faciliter les étapes suivantes ; - s’informer, se documenter, rester en veille. Compétences requises (voir annexe) : - sens du relationnel ; - qualités d’écoute ; - capacités d’adaptation ; - maîtrise des techniques de communication en entretien ; - capacités d’analyse et de synthèse ; - organisation et autonomie ; - goût pour le travail en équipe ; - connaissance des accords paritaires, de la législation et des différents dispositifs de formation continue. Le (la) chargé(e) d’accueil et d’information devra par ailleurs connaître les techniques de secrétariat bureautique et savoir gérer un standard téléphonique. Environnement et contexte de travail : Le (la) chargé(e) d’accueil et d’information est placé(e) sous la responsabilité directe du responsable d’Antenne. Son activité s’exerce au sein de l’une des quatre Antennes du Fongecif Nord-Pas-de-Calais ; 36 - il (elle) contribuera à l’amélioration de la mission conseil au Fongecif Nord-Pas-de-Calais en lien avec la mission de coordination ; - il (elle) doit savoir prendre en compte les compétences individuelles et collectives de l’équipe avec laquelle il (elle) travaille ; - il (elle) peut être amené(e) à participer à des groupes de travail, à des réunions régionales, etc. ; - il (elle) réalise ponctuellement les autres activités nécessaires au fonctionnement de l’Antenne, demandées par le responsable d’Antenne ; - il (elle) pourra développer des missions particulières en fonction de l’organisation, des besoins de l’Antenne ou de la structure et de ses aspirations. Fiche métier : conseiller(ère) en mobilité professionnelle et formation Le (la) conseiller(ère) en mobilité professionnelle et formation a pour mission d’aider toute personne qui le souhaite à élaborer un projet professionnel, en lui proposant : - un appui à l’élaboration de son projet ; - un accompagnement dans le choix de son orientation professionnelle ; - une information sur les dispositifs de formation, de validation des acquis de l’expérience et de bilan de compétences. Activités essentielles : - écouter, analyser la demande, établir un diagnostic partagé du besoin de la personne, actrice de son projet ; - co-élaborer un plan d’action à l’issue d’un entretien individuel ; - la rendre autonome et capable de faire des choix ; - lui proposer des outils adaptés à sa situation ; - la conseiller, l’accompagner, effectuer le suivi de l’élaboration du projet en fonction de ses besoins ; - adapter sa pratique et sa proposition de service de conseil à la spécificité et au besoin de la personne ; - se construire et entretenir un réseau d’interlocuteurs et de partenaires privilégiés ; - assurer une veille permanente, se documenter sur la formation professionnelle continue, l’offre de formation, les métiers, le tissu socio-économique régional, etc. ; - savoir utiliser les ressources documentaires ; - synthétiser et formaliser les informations recueillies pour faciliter les étapes suivantes. Compétences requises (voir annexe) : - sens du relationnel ; capacités d’écoute, d’analyse, de synthèse ; capacités rédactionnelles ; capacités d’adaptation ; organisation et autonomie ; maîtrise des techniques d’entretien ; ACTUALITÉ DE LA FORMATION PERMANENTE N° 208 • CENTRE INFFO - capacités à faire émerger les besoins, à favoriser la prise de conscience de l’interlocuteur ; - goût pour le travail en équipe ; - capacités d’analyses, de formalisation des pratiques, faculté de se remettre en cause ; - capacités à enrichir ses pratiques à partir d’apports extérieurs (formation, échanges, etc.) ; - curiosité, ouverture sur l’extérieur et plus particulièrement pour toute question liée à la mobilité professionnelle ; - connaissance des accords paritaires, de la législation et des différents dispositifs de formation professionnelle continue ; - connaissances de base en droit du travail ; - connaissances de base en sciences humaines. Le (la) conseiller(ère) en mobilité professionnelle et formation devra par ailleurs maîtriser les outils bureautiques. Environnement et contexte de travail : Le (la) conseiller(ère) en mobilité professionnelle et formation est placé(e) sous la responsabilité directe du responsable d’Antenne. Son activité s’exerce au sein de l’une des quatre Antennes du Fongecif Nord-Pasde-Calais ; - il (elle) contribuera à l’amélioration de la mission conseil au Fongecif Nord-Pas-de-Calais en lien avec la mission de coordination ; - il (elle) reçoit en entretien de face à face et peut être amené(e) à animer des séances collectives ; - il (elle) doit savoir prendre en compte et exploiter les compétences individuelles et collectives de l’équipe avec laquelle il (elle) travaille ; - il (elle) réalise ponctuellement les autres activités nécessaires au fonctionnement de l’Antenne, demandées par le responsable d’Antenne ; - il (elle) peut être amené(e) à participer à des groupes de travail, à des réunions régionales, etc. ; - il (elle) pourra développer des missions particulières en fonction de l’organisation, des besoins de l’Antenne ou de la structure et de ses aspirations. Annexe Les compétences regroupent : - les “savoirs” : compétences théoriques (savoirs théoriques, connaissances générales et techniques) ; - les “savoir-faire” : compétences opérationnelles (savoir-faire techniques, savoirs procéduraux, savoir pratique, savoir-faire opérationnels) ; - les “savoir-être” : capacités, aptitudes, qualités, compétences relationnelles, sociales (aptitudes ou qualités personnelles, savoirfaire relationnels, savoir-faire sociaux) ; - les “savoirs combinatoires” : compétences cognitives et stratégiques (combinaison des savoirs, savoir-faire et savoir-être pour atteindre un objectif dans un contexte donné, capacité à résoudre un problème). Dossier Effets du plan de professionnalisation ujourd’hui, l’observation de l’évolution de l’ensemble des Fongecif montre que le plan de professionnalisation a porté ses fruits. En effet, l’ensemble des Fongecif proposent une activité de conseil, ce qui n’était pas le cas en 2000 : un tiers proposait déjà ces services, et les autres étaient centrés sur l’information et la promotion du Cif. Les initiatives et expérimentations mises en œuvre en régions témoignent d’un dynamisme qui est à la fois une conséquence, mais également un moteur du plan. Avec le recul des ces dernières années, on peut affirmer qu’il y a eu un réel changement des pratiques des conseillers. Pour Bruno Bertoli, chargé de mission au Fup, “la mission conseil est non seulement insérée, mais aussi pleinement intégrée, même si les pratiques restent diverses sur le terrain”. C’est une remise en question de l’ensemble des acteurs qui s’est produite. La phase d’analyse des besoins avait fait apparaître que la mise en œuvre du plan de professionnalisation supposerait une évolution des organisations et du management des Fongecif. Il ne suffisait pas de former les conseillers, encore fallait-il transformer et adapter les structures. Le plan de professionnalisation a été un élément moteur pour cela. De fortes modifications ont donc eu lieu dans l’organisation du travail : renforcement humain, créations de services distincts et d’encadrement intermédiaire, nouvelles répartitions des tâches, réorganisation de l’accueil, etc. Par exemple, le Fongecif Paca vient de mettre en place une plateforme de services qui va aiguiller les personnes suivant leurs besoins et les diriger vers des ateliers : enquêtes métier, réunions d’information sur le bilan de compétences ou la VAE, entretiens individuels, etc. Une identité professionnelle renforcée pour tous Au début des années 2000, les compétences des personnels char- gées de l’accueil étaient hétérogènes. Bruno Bertoli les décrivait en ces termes en 1999 3 : “Certains ont, depuis des années, des activités d’accueil, d’entretien, et ont acquis à travers cette expérience une pratique réelle. D’autres, en revanche, ont essentiellement une pratique d’information et de suivi des demandes. Globalement, les personnels des Fongecif ont un profil de formation administratif ou de gestion, et seule une minorité a un profil « sciences humaines et sociales »”. Passer d’une culture de l’information, dans une perspective d’instruction des dossiers, à une culture du “tenir conseil” est un travail de plusieurs années. Le plan de professionnalisation, les groupes de travail et les rencontres d’échange de pratiques y ont largement contribué. Ces rencontres n’avaient pas été plébiscitées au démarrage du plan, mais, assez rapidement, les praticiens ont manifesté le besoin de s’approprier la formation et de partager les expériences et les innovations. Des groupes interrégionaux ont vu le jour et se réunissent deux jours chaque année depuis cinq ans sur un thème commun, préparé lors de réunions intermédiaires auxquelles participe un délégué de chaque Fongecif. Formation, expérience et réflexion sur l’expérience ont donc été des éléments majeurs pour créer ou renforcer une identité professionnelle de “conseiller en mobilité”. Des initiatives régionales La posture des professionnels exerçant déjà une activité de conseil a été consolidée, comme c’est le cas du Fongecif Bretagne. “En 1999, ce n’était pas nouveau, nous avions un conseiller depuis 1985”, explique Dominique Crochu, son directeur. “Chacun est allé à la formation chercher soit des repères, soit des perfectionnements. Suite à cela, nous avons formalisé nos pratiques, 3 Rencontre nationale des Fongecif des 12 et 13 juillet 1999, à Rouen. “ Formation, expérience et réflexion sur l’expérience ont été des éléments majeurs pour créer ou renforcer une identité professionnelle de “conseiller en mobilité” “ A notamment notre référentiel espaceprojet, qui est un outil remis à chaque conseiller. Cela a remis en cause la posture des conseillers, mais aussi celle des administrateurs.” En Franche-Comté, le directeur du Fongecif, Jacques Lonchamp, explique que “nous sommes reconnus comme des conseillers en orientation. Par exemple, les DRTEFP et les Carif pensent à nous pour autre chose qu’avant”. Afin de reconnaître les compétences acquises, le Fongecif Nord-Pas-de-Calais a initié une démarche de VAE avec l’Université de Lille-I. Cela n’a pas été sans quelques difficultés. “La formation du Fup est modularisée et débouche sur des attestations”, explique Laurence Druon, coordinatrice des activités conseil de ce Fongecif. “Mais il n’y avait pas de reconnaissance officielle en termes de diplôme ou de titre. D’autre part, il n’existait ni titre ni diplôme correspondant au métier exercé à un niveau licence (les conseillers étant de niveau bac, ou moins), seulement des DESS.” C’est pourquoi l’Université de Lille-I a effectué un audit des pratiques de la structure et a construit le référentiel d’une licence professionnelle (restant à créer) des “métiers du conseil à la mobilité professionnelle”. En novembre 2002, cinq conseillers du Fongecif Nord-Pas-de-Calais, un de Champagne-Ardenne ont présenté leur dossier. Leur succès a été relatif. De 40 à 300 heures de formation leur auraient permis d’obtenir le diplôme, mais le problème est que le titre, en cours de création, n’a pas été accepté par la Commission des titres. C’est finalement une licence professionnelle “des métiers de la formation” qui leur a été attribuée. Certaines régions, comme Paca, ont décidé d’embaucher dès le début des professionnels du conseil. Aujourd’hui, d’un point de vue national, les recrutements sur les postes de conseillers se font principalement en externe, avec un niveau bac + 4, bac + 5 exigé, et, bien sou- ACTUALITÉ DE LA FORMATION PERMANENTE N° 208 • CENTRE INFFO 37 • vent, une expérience dans des domaines divers : recrutement, bilan de compétences, gestion des ressources humaines, formation, conseil et accompagnement en insertion. Une expérience professionnelle attestant une bonne connaissance du monde de l’entreprise est souvent un plus. Diversité et harmonisation des pratiques Si le plan de formation a permis l’émergence d’une culture commune de l’orientation dans les différents Fongecif, le Copacif (puis le Fup) a toujours souhaité faire de la diversité des pratiques régionales un levier de professionnalisation. Les groupes d’échanges de pratiques et les groupes de travail permettent la mise en commun d’expériences, la confrontation de méthodes de travail et la réflexion sur l’action. P r a t i q u e s Un “guide repère” a été construit pour poser des bases communes à l’ensemble du réseau, dans le but de proposer un service homogène sur tout le territoire. Celui-ci a été approprié en fonction de la réalité de chaque Fongecif. Aujourd’hui, un groupe de travail l’actualise au regard des nouveautés de l’Ani et des pratiques de terrain mises en œuvre. Les questions pour l’avenir P “ Pour les années qui viennent, le défi principal est de passer d’une logique d’accompagnement ponctuel à une logique d’accompagnement des transitions dans la durée our les années qui viennent, le défi principal est de passer d’une logique d’accompagnement ponctuel à une logique d’accompagnement des transitions dans la durée. En termes de compétences des conseillers, il s’agit, selon Bruno Bertoli, “d’avoir une “ D O S S I E R vision encore plus large des dispositifs, et de tout ce qui peut être mobilisé dans le cadre d’un parcours”. Il s’agit là d’un élément de sécurisation des parcours. Les Fongecif de Bretagne et de Basse-Normandie, avec le projet Créa-Cif, ont déjà mis en œuvre des actions en amont de la création d’activités. Le Fongecif Nord-Pas-de-Calais travaille dans le cadre d’un projet européen sur des actions en direction des seniors. Un autre défi, commun à l’ensemble des professionnels de l’orientation est la nécessité de travailler en réseau et de coopérer au niveau local. Véronique de Clarens Session de formation du Centre Inffo La Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP) et le Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) Objectifs Identifier le rôle et les missions de la CNCP. Connaître le fonctionnement et l’utilisation du RNCP. Première approche du dossier de demande d’enregistrement au Répertoire. Programme • Rôle et mission de la CNCP Composition de la CNCP et ses correspondants régionaux • Procédures d’enregistrement des certifications professionnelles Les différents types d’enregistrements. La spécificité des CQP. Visite du site de la CNCP en direct • Le RNCP Présentation du dossier. Les fiches du dossier. L’articulation entre le référentiel d’activités et le référentiel de certification Travaux pratiques Par groupe de 4 personnes, travail sur la correspondance entre le dossier et la fiche répertoire Évaluation Un(e) chargé(e) d’études à la direction Juridique‑Observatoire du Centre Inffo. Un représentant qualifié de la Commission nationale de la certification professionnelle. le mardi 22 janvier 2008 Tarif : 456,52 e HT (TVA 19,6 %), soit 546 e TTC repas compris. Inscriptions : [email protected] - Site Internet : www.centre-inffo.fr - Tél. : 01 55 93 91 82 - Fax : 01 55 93 17 28 38 ACTUALITÉ DE LA FORMATION PERMANENTE N° 208 • CENTRE INFFO Publicité Centre INFFO Animation