La professionnalisation des conseillers Fongecif

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La professionnalisation des conseillers Fongecif
D O S S I E R
•
P r a t i q u e s
La professionnalisation
des conseillers Fongecif
Par Véronique de Clarens
Pour permettre aux Fongecif d’assurer leur nouvelle mission d’orientation
des salariés, le Copacif - intégré depuis au Fup, Fonds unique de péréquation a lancé en 1999 un important plan de professionnalisation national. Aujourd’hui,
l’ensemble des Fongecif proposent une activité de conseil. Témoignages.
D
epuis la fin des années
1990, les Fongecif ont
généralisé un service de
conseil aux personnes. Il vise une aide
au choix professionnel et/ou de formation, ainsi qu’un accompagnement des
transitions professionnelles. Auparavant, ces organismes paritaires régionaux, créés en 1983, s’attachaient,
tout en informant les salariés sur ce
dispositif, au financement des congés
individuels de formation (Cif).
En 1997, une décision des administrateurs du Comité paritaire du congé
individuel de formation (Copacif)1
conduit les Fongecif à assurer une
nouvelle mission d’orientation des
salariés. Cette décision des partenaires sociaux traduit une volonté d’offrir aux salariés un accompagnement
pour anticiper et gérer des transitions
professionnelles choisies ou subies de
plus en plus nombreuses. Les Fongecif
deviennent alors une des rares structures spécialisées dans l’accueil des
salariés2.
Dès 1999, pour accompagner ce
profond changement de rôle des Fongecif et développer de nouvelles compétences en orientation, un important
plan de professionnalisation national
est mis en œuvre par le Copacif.
Un plan de professionnalisation national
L
e défi est de taille : afin de
satisfaire les exigences du
métier de “conseiller en mobilité
professionnelle”, il s’agit de passer
d’une culture administrative et de
gestion à une culture de service au
public et à une pratique de la “relation humaine” et, dans le même
temps, de faire évoluer les compétences individuelles.
Les quatre axes structurants du plan de professionnalisation
1. Outils et techniques pour mettre en œuvre le conseil et l’accompagnement
des salariés (techniques d’entretien, animation de réunions d’information,
écoute, etc.).
2. Ancrage des pratiques de conseil dans l’environnement social et économique (connaissances des métiers, dispositifs de la formation professionnelle
continue, gestion des ressources humaines en entreprise, etc.).
3. “Ingénierie” de parcours de mobilité socioprofessionnelle.
4. Conditions organisationnelles, financières et managériales de l’intégration
de nouvelles pratiques de conseil et d’accompagnement dans un Fongecif.
Bruno Bertoli, Rencontre nationale des Fongecif des 12 et 13 juillet 1999, à Rouen.
34
Ingénierie du dispositif
Afin de définir le champ d’intervention du dispositif de formation, il
a été nécessaire, en premier lieu, de
construire une représentation commune du travail des conseillers. Pour
cela, un référentiel d’activités a
été conçu avec le concours actif des
conseillers, à partir de l’analyse des
demandes et des besoins des salariés
qui sollicitent les Fongecif.
La mesure des écarts entre compétences requises et pratiques existantes a permis d’affiner les besoins de
formation et d’élaborer un premier
plan de professionnalisation, autour
de quatre axes structurants (voir encadré).
Le dispositif national n’a pas eu
pour vocation de se substituer aux
plans de formation de chaque Fongecif régional. Il est venu en complément.
Concilier l’hétérogénéité des
pratiques, des modes d’organisation,
des compétences individuelles, tout
en prenant appui sur l’expérience
acquise, tel fut l’enjeu essentiel
de ce dispositif. Certaines structures étaient dans l’“instruction des
demandes”, d’autres s’attachaient
à l’information, et d’autres encore
avaient développé un service de
conseil personnalisé pour tous les
salariés. Seule une minorité disposait, à l’époque, d’une expérience
ACTUALITÉ DE LA FORMATION PERMANENTE N° 208 • CENTRE INFFO
Véronique de Clarens
est chargée d’études
à la Direction juridique-observatoire
du Centre Inffo.
1
La loi du 4 mai 2004 a
créé le Fonds unique de
péréquation (Fup, né de
la fusion du Copacif et de
l’Agefal (Association de
gestion du fonds des
formations en alternance).
2
Depuis l’Ani de 2003 et la
loi de 2004, les Fongecif
ont vu leur collecte de la
participation obligatoire
des entreprises à la
formation remonter à 0,2 %
de la masse salariale,
avec la disparition du
capital temps formation.
Dossier
Le plan de formation des Fongecif en chiffres
- 50 modules de formation différents, correspondant à 130 sessions (répétition de plusieurs modules), soit de 10 à 20 sessions de deux à cinq jours (14
à 35 heures) par an.
- De 80 à 150 stagiaires par an, soit un total sur la période de 470 stagiaires
pour 4 200 journées, soit 29 400 heures/stagiaires. L’effectif des personnels
Fongecif étant d’environ 400 personnes, en tenant compte du turn over sur
huit ans, c’est donc la quasi-totalité des salariés qui a pu suivre au moins un
module. Des séminaires spécifiques ont par ailleurs été mis en place pour les
directeurs.
- La durée moyenne par stagiaire est de neuf jours (63 heures), mais avec des
parcours individuels qui vont de deux à cinquante jours (350 heures).
- Le budget annuel tout compris a varié entre 640 000 euros la première
année et 200 000 euros les années “creuses”. Les charges se répartissent
ainsi : les Fongecif prennent en charge les rémunérations (ou se les font rembourser par les Opca auxquels ils cotisent), soit environ 30 % des charges ; le
Copacif (avec l’aide du FSE en 1999 et 2000) puis le Fup prennent en charge
les frais de formation, de location de salles, de transport, d’hébergement et
de restauration.
Un plan
de professionnalisation
inscrit dans la durée
Les premières étapes de ce projet
se sont déroulées entre 1999 et 2000,
avec un cofinancement du FSE. Puis
sa mise en œuvre s’est poursuivie
jusqu’à aujourd’hui. Ralenti durant
les périodes de négociation de l’Ani
de 2003, le plan de professionnalisation a continué à se déployer avec le
renforcement du rôle des Fongecif
dans l’accord.
Ce plan est volontairement inscrit
dans la durée, nécessaire à l’accompagnement d’un changement profond de
culture professionnelle.
Un groupe technique de
suivi pour accompagner les
évolutions du plan
Un groupe de travail a été constitué
dès le début du plan de professionnalisation. Il est constitué d’une dizaine
de personnes représentatives de toutes
les fonctions des Fongecif : directeurs,
conseillers et personnels administratifs. Il se réunit tous les deux mois.
Ce groupe réfléchit à l’intégration des
nouvelles pratiques et aux conditions
de réussite de celle-ci. Il analyse les
évolutions et les nouvelles compétences à développer et en rend compte
aux administrateurs. Il fait des suggestions d’actions à mettre en place :
formations, séminaires, échanges de
pratique, groupes de travail.
S’adapter en permanence
aux nouveaux besoins
Les modules les plus demandés au
début portaient sur la conduite d’entretien d’orientation et sur le cadre
théorique et méthodologique de
l’orientation.
Une évolution majeure a été
intégrée à partir de 2002 avec l’introduction de la VAE. Elle a eu un
impact important sur les pratiques
d’ordre technique, mais également
sur le fond. En effet, la pratique
des conseillers, davantage centrée
sur le projet du salarié, donc son
futur, est amenée à davantage analyser le parcours passé en vue d’une
potentielle VAE. Il s’agit d’accompagner le salarié à donner du sens à
son parcours, tout en construisant
du lien avec son avenir. La VAE a
également eu des conséquences sur
l’appareil de formation : réduction
des parcours, individualisation, etc.
Outre des modules de formation sur
la VAE, des groupes d’échanges de
pratiques ont permis aux conseillers
de s’approprier ce dispositif.
“
Il s’agit
d’accompagner le
salarié à donner du
sens à son parcours,
tout en construisant
du lien avec
son avenir
“
de la pratique de conseil. C’est
pourquoi le dispositif modulaire a
favorisé la construction de parcours
individualisés de formation pour les
conseillers.
3
Rencontre nationale
des Fongecif des 12 et
13 juillet 1999, à Rouen.
Après 2003, les conseillers ont
dû prendre en compte les nouvelles
dispositions créées par l’Ani de 2003,
notamment les dimensions de “négociation sociale” entre le salarié et
l’employeur, la personnalisation des
parcours professionnels et la prise en
compte des acquis de l’expérience.
Aujourd’hui, pour répondre à une
demande croissante d’accompagnement, de nouvelles pratiques émergent et, particulièrement, des pratiques
collectives. Comment travailler les
questions de mobilité professionnelle
en groupe ? Cela nécessite une évolution de l’organisation des Fongecif
et une nouvelle étape de professionnalisation des conseillers.
Une autre demande forte des
conseillers porte sur la coopération
avec les partenaires, afin de “fluidifier” les parcours des personnes.
Ces partenaires sont de trois types.
En premier lieu, les financeurs ou les
cofinanceurs, comme, par exemple,
un Conseil régional ou une branche
professionnelle, qui peuvent vouloir
soutenir un projet individuel. Les deux
autres partenaires sont les relais d’information qui vont être acteurs de la
promotion du Cif et, enfin, les partenaires “coresponsables” des parcours
qui vont être mobilisés à une étape du
parcours du salarié, tels les Centres de
bilan, les Chambres consulaires, les
dispositifs de création d’entreprises.
Dans le développement de ces partenariats, il s’agit de clarifier le rôle et
les compétences spécifiques de chacun, de fixer les règles de coopération,
notamment en cas de recouvrement de
champ de compétences. Apprendre à
travailler en réseau devient un nouvel
enjeu de la professionnalisation des
conseillers.
Afin de consolider une “culture
métier” et anticiper, autant que
possible, les nouveaux besoins des
salariés, le Fup a organisé en 20062007 une série de séminaires autour
du thème des “relations hommestravail”, des transitions socioprofessionnelles et de leur accompagnement. 180 salariés, issus des 26 Fongecif, ont participé aux trois sessions
proposées.
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P r a t i q u e s
Référentiels métiers du Fongecif Nord-Pas-de-Calais
Ils concernent les métiers de “chargé(e) d’accueil et d’information” et de “conseiller(ère)
en mobilité professionnelle et formation”,
et s’appliquent exclusivement au Fongecif
Nord-Pas-de-Calais.
Les deux fiches définissent le cœur du métier
et excluent volontairement les autres activités
conduites par les chargé(e)s d’accueil, qui sont
variables en fonction de l’organisation de chaque Antenne, en particulier l’aspect gestion
administrative et financière des dossiers.
Fiche métier : chargé (e) d’accueil
et d’information
Le (la) chargé(e) d’accueil et d’information a
pour mission d’accueillir et d’informer tout
public s’adressant au Fongecif Nord-Pas-deCalais (par téléphone ou physiquement). Il
(elle) analyse les informations recueillies et
prend en compte la situation de l’interlocuteur afin d’apporter la réponse la plus appropriée en intégrant les objectifs de la structure
et la législation en vigueur.
Activités essentielles :
- gérer les flux entrants (appels téléphoniques et accueil du public) ;
- promouvoir la mission conseil mise en place
par le Fongecif Nord-Pas-de-Calais ;
- informer sur les dispositifs gérés par le Fongecif
Nord-Pas-de-Calais (Cif, bilan, VAE, etc.) ;
- diriger vers d’autres structures d’accueil et
d’information en fonction de la situation de
la personne ;
- apprécier l’urgence de la situation de l’interlocuteur, organiser les rendez-vous individuels et collectifs et gérer les plannings ;
- synthétiser et formaliser les informations
recueillies pour faciliter les étapes suivantes ;
- s’informer, se documenter, rester en veille.
Compétences requises (voir annexe) :
- sens du relationnel ;
- qualités d’écoute ;
- capacités d’adaptation ;
- maîtrise des techniques de communication
en entretien ;
- capacités d’analyse et de synthèse ;
- organisation et autonomie ;
- goût pour le travail en équipe ;
- connaissance des accords paritaires, de la
législation et des différents dispositifs de
formation continue.
Le (la) chargé(e) d’accueil et d’information
devra par ailleurs connaître les techniques
de secrétariat bureautique et savoir gérer un
standard téléphonique.
Environnement et contexte de travail :
Le (la) chargé(e) d’accueil et d’information
est placé(e) sous la responsabilité directe du
responsable d’Antenne. Son activité s’exerce
au sein de l’une des quatre Antennes du
Fongecif Nord-Pas-de-Calais ;
36
- il (elle) contribuera à l’amélioration de la
mission conseil au Fongecif Nord-Pas-de-Calais
en lien avec la mission de coordination ;
- il (elle) doit savoir prendre en compte les
compétences individuelles et collectives de
l’équipe avec laquelle il (elle) travaille ;
- il (elle) peut être amené(e) à participer à des
groupes de travail, à des réunions régionales,
etc. ;
- il (elle) réalise ponctuellement les autres activités nécessaires au fonctionnement de l’Antenne, demandées par le responsable d’Antenne ;
- il (elle) pourra développer des missions particulières en fonction de l’organisation, des
besoins de l’Antenne ou de la structure et de
ses aspirations.
Fiche métier : conseiller(ère)
en mobilité professionnelle
et formation
Le (la) conseiller(ère) en mobilité professionnelle et formation a pour mission d’aider
toute personne qui le souhaite à élaborer un
projet professionnel, en lui proposant :
- un appui à l’élaboration de son projet ;
- un accompagnement dans le choix de son
orientation professionnelle ;
- une information sur les dispositifs de formation, de validation des acquis de l’expérience
et de bilan de compétences.
Activités essentielles :
- écouter, analyser la demande, établir un
diagnostic partagé du besoin de la personne,
actrice de son projet ;
- co-élaborer un plan d’action à l’issue d’un
entretien individuel ;
- la rendre autonome et capable de faire
des choix ;
- lui proposer des outils adaptés à sa situation ;
- la conseiller, l’accompagner, effectuer le
suivi de l’élaboration du projet en fonction
de ses besoins ;
- adapter sa pratique et sa proposition de
service de conseil à la spécificité et au besoin
de la personne ;
- se construire et entretenir un réseau d’interlocuteurs et de partenaires privilégiés ;
- assurer une veille permanente, se documenter sur la formation professionnelle continue,
l’offre de formation, les métiers, le tissu
socio-économique régional, etc. ;
- savoir utiliser les ressources documentaires ;
- synthétiser et formaliser les informations
recueillies pour faciliter les étapes suivantes.
Compétences requises (voir annexe) :
-
sens du relationnel ;
capacités d’écoute, d’analyse, de synthèse ;
capacités rédactionnelles ;
capacités d’adaptation ;
organisation et autonomie ;
maîtrise des techniques d’entretien ;
ACTUALITÉ DE LA FORMATION PERMANENTE N° 208 • CENTRE INFFO
- capacités à faire émerger les besoins, à favoriser la prise de conscience de l’interlocuteur ;
- goût pour le travail en équipe ;
- capacités d’analyses, de formalisation des
pratiques, faculté de se remettre en cause ;
- capacités à enrichir ses pratiques à partir d’apports extérieurs (formation, échanges, etc.) ;
- curiosité, ouverture sur l’extérieur et plus
particulièrement pour toute question liée à
la mobilité professionnelle ;
- connaissance des accords paritaires, de la
législation et des différents dispositifs de
formation professionnelle continue ;
- connaissances de base en droit du travail ;
- connaissances de base en sciences humaines.
Le (la) conseiller(ère) en mobilité professionnelle et formation devra par ailleurs maîtriser les outils bureautiques.
Environnement et contexte de travail :
Le (la) conseiller(ère) en mobilité professionnelle et formation est placé(e) sous la
responsabilité directe du responsable d’Antenne. Son activité s’exerce au sein de l’une
des quatre Antennes du Fongecif Nord-Pasde-Calais ;
- il (elle) contribuera à l’amélioration de la
mission conseil au Fongecif Nord-Pas-de-Calais
en lien avec la mission de coordination ;
- il (elle) reçoit en entretien de face à face
et peut être amené(e) à animer des séances
collectives ;
- il (elle) doit savoir prendre en compte et
exploiter les compétences individuelles et collectives de l’équipe avec laquelle il (elle) travaille ;
- il (elle) réalise ponctuellement les autres activités nécessaires au fonctionnement de l’Antenne, demandées par le responsable d’Antenne ;
- il (elle) peut être amené(e) à participer à des
groupes de travail, à des réunions régionales,
etc. ;
- il (elle) pourra développer des missions particulières en fonction de l’organisation, des
besoins de l’Antenne ou de la structure et de
ses aspirations.
Annexe
Les compétences regroupent :
- les “savoirs” : compétences théoriques
(savoirs théoriques, connaissances générales
et techniques) ;
- les “savoir-faire” : compétences opérationnelles (savoir-faire techniques, savoirs procéduraux,
savoir pratique, savoir-faire opérationnels) ;
- les “savoir-être” : capacités, aptitudes, qualités, compétences relationnelles, sociales
(aptitudes ou qualités personnelles, savoirfaire relationnels, savoir-faire sociaux) ;
- les “savoirs combinatoires” : compétences
cognitives et stratégiques (combinaison des
savoirs, savoir-faire et savoir-être pour atteindre un objectif dans un contexte donné,
capacité à résoudre un problème).
Dossier
Effets du plan de professionnalisation
ujourd’hui, l’observation de
l’évolution de l’ensemble des
Fongecif montre que le plan de professionnalisation a porté ses fruits. En
effet, l’ensemble des Fongecif proposent une activité de conseil, ce qui
n’était pas le cas en 2000 : un tiers proposait déjà ces services, et les autres
étaient centrés sur l’information et la
promotion du Cif. Les initiatives et
expérimentations mises en œuvre en
régions témoignent d’un dynamisme
qui est à la fois une conséquence, mais
également un moteur du plan.
Avec le recul des ces dernières
années, on peut affirmer qu’il y a eu un
réel changement des pratiques des
conseillers. Pour Bruno Bertoli, chargé
de mission au Fup, “la mission conseil
est non seulement insérée, mais aussi
pleinement intégrée, même si les pratiques restent diverses sur le terrain”.
C’est une remise en question de l’ensemble des acteurs qui s’est produite.
La phase d’analyse des besoins
avait fait apparaître que la mise en
œuvre du plan de professionnalisation supposerait une évolution des
organisations et du management des
Fongecif. Il ne suffisait pas de former
les conseillers, encore fallait-il transformer et adapter les structures. Le
plan de professionnalisation a été un
élément moteur pour cela. De fortes
modifications ont donc eu lieu dans
l’organisation du travail : renforcement
humain, créations de services distincts
et d’encadrement intermédiaire, nouvelles répartitions des tâches, réorganisation de l’accueil, etc.
Par exemple, le Fongecif Paca
vient de mettre en place une plateforme de services qui va aiguiller les
personnes suivant leurs besoins et les
diriger vers des ateliers : enquêtes
métier, réunions d’information sur
le bilan de compétences ou la VAE,
entretiens individuels, etc.
Une identité professionnelle
renforcée pour tous
Au début des années 2000, les
compétences des personnels char-
gées de l’accueil étaient hétérogènes. Bruno Bertoli les décrivait en
ces termes en 1999 3 : “Certains
ont, depuis des années, des activités
d’accueil, d’entretien, et ont acquis
à travers cette expérience une pratique réelle. D’autres, en revanche,
ont essentiellement une pratique
d’information et de suivi des demandes. Globalement, les personnels des
Fongecif ont un profil de formation
administratif ou de gestion, et seule
une minorité a un profil « sciences
humaines et sociales »”.
Passer d’une culture de l’information, dans une perspective d’instruction des dossiers, à une culture
du “tenir conseil” est un travail de
plusieurs années.
Le plan de professionnalisation,
les groupes de travail et les rencontres d’échange de pratiques y ont
largement contribué. Ces rencontres
n’avaient pas été plébiscitées au
démarrage du plan, mais, assez rapidement, les praticiens ont manifesté
le besoin de s’approprier la formation et de partager les expériences et
les innovations. Des groupes interrégionaux ont vu le jour et se réunissent deux jours chaque année depuis
cinq ans sur un thème commun, préparé lors de réunions intermédiaires
auxquelles participe un délégué de
chaque Fongecif.
Formation, expérience et réflexion
sur l’expérience ont donc été des éléments majeurs pour créer ou renforcer une identité professionnelle de
“conseiller en mobilité”.
Des initiatives régionales
La posture des professionnels
exerçant déjà une activité de conseil
a été consolidée, comme c’est le cas
du Fongecif Bretagne. “En 1999, ce
n’était pas nouveau, nous avions un
conseiller depuis 1985”, explique
Dominique Crochu, son directeur.
“Chacun est allé à la formation
chercher soit des repères, soit des
perfectionnements. Suite à cela,
nous avons formalisé nos pratiques,
3
Rencontre nationale des
Fongecif des 12 et
13 juillet 1999, à Rouen.
“
Formation,
expérience et
réflexion sur
l’expérience
ont été des
éléments majeurs
pour créer ou
renforcer
une identité
professionnelle
de “conseiller en
mobilité”
“
A
notamment notre référentiel espaceprojet, qui est un outil remis à chaque conseiller. Cela a remis en cause
la posture des conseillers, mais aussi
celle des administrateurs.”
En Franche-Comté, le directeur
du Fongecif, Jacques Lonchamp,
explique que “nous sommes reconnus comme des conseillers en orientation. Par exemple, les DRTEFP et
les Carif pensent à nous pour autre
chose qu’avant”.
Afin de reconnaître les compétences acquises, le Fongecif
Nord-Pas-de-Calais a initié une
démarche de VAE avec l’Université de Lille-I. Cela n’a pas été
sans quelques difficultés. “La formation du Fup est modularisée et
débouche sur des attestations”,
explique Laurence Druon, coordinatrice des activités conseil de
ce Fongecif. “Mais il n’y avait pas
de reconnaissance officielle en termes de diplôme ou de titre. D’autre
part, il n’existait ni titre ni diplôme
correspondant au métier exercé à
un niveau licence (les conseillers
étant de niveau bac, ou moins), seulement des DESS.” C’est pourquoi
l’Université de Lille-I a effectué un
audit des pratiques de la structure
et a construit le référentiel d’une
licence professionnelle (restant à
créer) des “métiers du conseil à
la mobilité professionnelle”. En
novembre 2002, cinq conseillers du
Fongecif Nord-Pas-de-Calais, un de
Champagne-Ardenne ont présenté
leur dossier. Leur succès a été relatif. De 40 à 300 heures de formation
leur auraient permis d’obtenir le
diplôme, mais le problème est que
le titre, en cours de création, n’a pas
été accepté par la Commission des
titres. C’est finalement une licence
professionnelle “des métiers de la
formation” qui leur a été attribuée.
Certaines régions, comme Paca,
ont décidé d’embaucher dès le début
des professionnels du conseil.
Aujourd’hui, d’un point de vue
national, les recrutements sur les
postes de conseillers se font principalement en externe, avec un niveau
bac + 4, bac + 5 exigé, et, bien sou-
ACTUALITÉ DE LA FORMATION PERMANENTE N° 208 • CENTRE INFFO
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vent, une expérience dans des domaines divers : recrutement, bilan de
compétences, gestion des ressources humaines, formation, conseil et
accompagnement en insertion. Une
expérience professionnelle attestant
une bonne connaissance du monde
de l’entreprise est souvent un plus.
Diversité et harmonisation
des pratiques
Si le plan de formation a permis
l’émergence d’une culture commune
de l’orientation dans les différents
Fongecif, le Copacif (puis le Fup) a
toujours souhaité faire de la diversité
des pratiques régionales un levier de
professionnalisation. Les groupes
d’échanges de pratiques et les groupes de travail permettent la mise en
commun d’expériences, la confrontation de méthodes de travail et la
réflexion sur l’action.
P r a t i q u e s
Un “guide repère” a été construit
pour poser des bases communes à
l’ensemble du réseau, dans le but de
proposer un service homogène sur
tout le territoire. Celui-ci a été approprié en fonction de la réalité de chaque
Fongecif. Aujourd’hui, un groupe de
travail l’actualise au regard des nouveautés de l’Ani et des pratiques de
terrain mises en œuvre.
Les questions
pour l’avenir
P
“
Pour les années
qui viennent,
le défi principal
est de passer
d’une logique
d’accompagnement
ponctuel à
une logique
d’accompagnement
des transitions
dans la durée
our les années qui viennent, le
défi principal est de passer d’une
logique d’accompagnement ponctuel
à une logique d’accompagnement des
transitions dans la durée. En termes de
compétences des conseillers, il s’agit,
selon Bruno Bertoli, “d’avoir une
“
D O S S I E R
vision encore plus large des dispositifs, et de tout ce qui peut être mobilisé dans le cadre d’un parcours”. Il
s’agit là d’un élément de sécurisation
des parcours.
Les Fongecif de Bretagne et de
Basse-Normandie, avec le projet
Créa-Cif, ont déjà mis en œuvre des
actions en amont de la création d’activités. Le Fongecif Nord-Pas-de-Calais travaille dans le cadre d’un projet
européen sur des actions en direction
des seniors.
Un autre défi, commun à l’ensemble des professionnels de l’orientation
est la nécessité de travailler en réseau
et de coopérer au niveau local.
Véronique de Clarens
Session de formation du Centre Inffo
La Commission nationale de la certification
professionnelle (CNCP) et le Répertoire national
des certifications professionnelles (RNCP)
Objectifs
Identifier le rôle et les missions de la CNCP. Connaître le fonctionnement et l’utilisation du RNCP.
Première approche du dossier de demande d’enregistrement au Répertoire.
Programme
• Rôle et mission de la CNCP
Composition de la CNCP et ses correspondants régionaux
• Procédures d’enregistrement des certifications professionnelles
Les différents types d’enregistrements. La spécificité des CQP. Visite du site de la CNCP en direct
• Le RNCP
Présentation du dossier. Les fiches du dossier. L’articulation entre le référentiel d’activités et le référentiel de certification
Travaux pratiques
Par groupe de 4 personnes, travail sur la correspondance entre le dossier et la fiche répertoire
Évaluation
Un(e) chargé(e) d’études à la direction Juridique‑Observatoire du Centre Inffo. Un représentant qualifié de la Commission nationale
de la certification professionnelle.
le mardi
22 janvier 2008
Tarif : 456,52 e HT (TVA 19,6 %), soit 546 e TTC repas compris.
Inscriptions : [email protected] - Site Internet : www.centre-inffo.fr - Tél. : 01 55 93 91 82 - Fax : 01 55 93 17 28
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Publicité Centre INFFO
Animation