centre culturel andré malraux scène nationale de vandoeuvre

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centre culturel andré malraux scène nationale de vandoeuvre
CENTRE CULTUREL ANDRÉ MALRAUX
SCÈNE NATIONALE DE VANDOEUVRE
Cie Pardès Rimonim
anticlimax
15 > 17 DÉCEMBRE09
Anticlimax
texte
Werner Schwab (éd L’Arche)
metteur en scène
Bertrand Sinapi
assistant mise en scène
François Paniel
dramaturges
Emmanuel Breton, Amandine
Truffy
scénographie
Goury
compositeur
Ghédalia Tazartès
comédiens
Augustin Bécard, Claire-Hélène
Cahen, Bryan Polach, Hugues
Reinert, Amandine Truffy
création lumières, régie
Jean-François Metten, Vincent
Urbani
décor
Bruno Berger
costumes
Séverine Besson, Solange Botz
durée
1h25’
crédit photos
Soizic Lambin
coproduction Cie Pardès rimonim, CCAMScène Nationale de Vandoeuvre, Théâtre
du Saulcy (Metz) avec le soutien de TGPFrouard, Gueulard-Scène conventionnée
du Val de Fensch, Théâtre Le Colombier de
Bagnolet avec la participation artistique
de l’Ensatt
Anticlimax est un huis clos familial, une folie quotidienne, au travers de
laquelle une jeune femme opprimée chemine vers la liberté. L’histoire
évoquée ne se place pas ainsi dans un univers abstrait, mais a pour
terreau un fond de misère, un microcosme étouffant. Le langage use du
burlesque pour faire imploser les situations et les personnages.
La famille, composée de « la petite Marie », son père, sa mère, son frère,
représente un système chaotique dans lequel les personnages évoluent
et projettent leurs obsessions. Leur quotidien est une succession de scènes étranges, qui n’ont pas la volonté d’être des provocations vis-à-vis du
monde extérieur mais sont les inventions d’un groupe qui vit hors de tout
code moral.
Werner Schwab est l’énonciateur d’un système, jamais son juge. Les
tentatives de ses personnages du médecin, du policier ou du prêtre pour
analyser, assainir et expliquer la situation de Marie et de sa famille, sont
celles d’une société logique qui ne veut pas voir ce qu’elle engendre et
qui se heurte à des êtres qu’elle ne peut plus raisonner, qu’elle ne peut
pas contenir. Ces êtres « ne sont pas des personnages mais des fragments sémantiques ».
Seule la Petite Marie chemine vers une existence, malgré la violence qui
l’accable et la poursuit. Et la famille représente alors une sorte de métonymie de la société, société perturbée de l’intérieur par la petite Marie.
Une tension qui culmine, mais jamais n’explose au moment voulu, au
moment attendu tant par les protagonistes que par le public.
Des Gestes aux mots
un système de dérèglement
Mais vitaloheureusement tout ça n’est pas véritable du tout.
Heureusement les douleurs complètes ne sont pas réelles du tout.
Mégaheureusement la petite Marie n’est qu’un rêve de cette réalité.
Anticlimax, Deux, La petite Marie.
Le théâtre de Werner Schwab n’est pas réaliste, il ne s’attache pas à
montrer la vie, mais sa signification, le grotesque de tout mécanisme
social. L’auteur se plaît à dégager la distance qui le sépare du monde qu’il
a lui même inventé.
Il se dégage ainsi d’Anticlimax une atmosphère propice à la farce : la
répétition d’un geste, d’une situation en pointe l’absurdité ouvrant la voie
à l’incrédulité et à l’amusement.
L’acte sexuel se transforme en jeu burlesque. L’élimination des différents
garants de l’ordre et de la loi, le médecin, le policier et le
prêtre, se fait par le jeu, avec la complicité du spectateur qui fi nit par ne
plus vouloir que soit imposé un ordre quelconque, qui se plaît au désordre. Derrière l’obscénité et la cruauté, on s’amuse.
Une jubilation qui passe par la langue de Werner Schwab, une langue
grossière, abrupte, poétique et recomposée. Elle s’accroche au sens, à
l’oralité. Les mots ont été triturés et agglomérés les uns aux autres, les
expressions se sont mélangées pour en faire apparaître de nouvelles.
Dans ces maltraitances des règles syntaxiques, ces incorrections de
langage, on réinvente le langage, on découvre des images saugrenues au
sein d’expressions familières.
On joue à décoder ce dialecte de Schwab, que l’on s’étonne de comprendre si bien. Les dérèglements de la langue accompagnent la lente destructuration des personnages.
Nous sommes en présence d’une sorte de dégénérescence des mots,
d’un cancer de la langue, qui s’accroît au même rythme que sont projetées sur scène les violences, fantasmes et dérèglements de la société.
L’obscénité permet alors de dépasser le cadre visible du langage, mis à
mal par l’auteur, qui place au coeur de son travail la critique de la société
bourgeoise et du politiquement correct. Elle devient le mode d’expression
de nos angoisses existentielles.
Notes d’intentions
Qu’y a-t-il de plus digne et de plus définitif, pour un écrivain, que de raconter sa propre vie ?
Pasolini, Cahiers Rouges dans Douce et autres textes, Actes sud
Anticlimax est l’expression ultime de ce théâtre «d’or et de crasse» voulu
par Schwab. Un théâtre qui, fi dèle à la tradition allemande, ose mélanger
la comédie la plus grossière et le tragique de la violence du monde.
La Petite Marie est la victime désignée des violences perpétrées par ses
parents, par les représentants de la société. Une héroïne sacrifi ée; mais
là où Iphigénie se résigne, la Petite Marie détruit et assassine ses bourreaux.
La mise en scène s’attachera à explorer les extrêmes qui sous-tendent la
progression de la pièce et le cheminement de la Petite Marie vers sa
liberté. Elle sera un aller retour entre le familier et l’étrange. On veillera
ainsi à articuler avec la même attention la violence, l’obscène et le comique.
Musique - Ghédalia Tazartès
La musique est un vecteur important d’émotions, c’est l’art sans doute
qui échappe le plus à l’analyse et au raisonnement. Nous désirons convoquer grâce à la musique l’imaginaire lié au texte afi n d’en saisir l’émotion, l’atmosphère qui le compose.
Ghédalia Tazartès signe la musique du spectacle: un univers musical atypique, à la frontière de la musique concrète et de la musique ethnique,
peuplé de sons et de mélodies étranges.
A l’image de Schwab, qui déforme le matériel dont il s’nspire, nous
utiliserons des chansons populaires, que nous avons tous fredonnées.
Nous souhaitons expérimenter ce qui naît de la confrontation entre ces
mélodies, qui appartiennent à la mémoire collective, et les compositions
contemporaines de Ghédalia Tazartès qui se nourrissent de cette matière, et la détournent.
Dispositif scénique - Goury
Werner Schwab a désigné l’espace de représentation de son oeuvre : la
« pièce ensanglantée ». Un espace à la fois quotidien et violent, où les
personnages se côtoient sans réellement vivre ensemble.
Le dispositif scénique conçu par Goury exprime ces caractéristiques ; le foyer est ainsi décomposé en quatre pièces identiques apposées les unes contre les autres. Chaque membre de la
famille disposant d’un fragment de pièce ensanglantée, des espaces
mimétiques qui ne communiquent jamais complètement entre eux.
A propos de...
Compagnie Pardès rominim
Cette troupe professionnelle découle d’une structure antérieure :
la compagnie de théâtre universitaire Boias Frias, aujourd’hui dissoute.
Cette dernière a été très active au sein du Théâtre Universitaire de Metz
et de son festival Actor’s Café.
De ce passé universitaire, elle garde le désir de participer à la recherche et à l’innovation théâtrales.
Le travail de la compagnie se porte sur les notions d’atmosphère, d’ambiance, de temps, ainsi que sur la façon dont un récit peut se construire,
se dire et se distordre.
La compagnie tisse ainsi au fi l des spectacles des collaborations avec
des artistes issus d’autres domaines artistiques, notamment dans la musique et les arts plastiques, afi n de nourrir ses propositions scéniques.
Implantée en Lorraine depuis l’année de sa création en 2004, la compagnie a entrepris pour les saisons 2008/2009 et 2009/2010 une
résidence de création autour de l’héritage de l’artiste Pier Paolo Pasolini.
Celle-ci s’articule autour de l’univers pasolinien, de sa capacité de dialogue avec le monde ainsi que des possibilités de créer du lien avec le
public. Ce travail donne lieu à la création de plusieurs petites formes
présentées lors de soirées mêlant propositions artistiques et convivialité.
Anticlimax s’inscrit dans ce projet à long terme, qui puise dans
l’héritage de l’artiste italien Pier Paolo Pasolini sa matière. Pier Paolo Pasolini a écrit un théâtre qui s’interroge sur lui-même. Il a besoin d’acteurs
qui, eux-mêmes, questionnent leur pratique théâtrale.
Pardès rimonim souhaite inscrire sa démarche dans cette lignée, en proposant une lecture d’Anticlimax qui implique un engagement de l’acteur
et du public.
Werner Schwab (1958 - 1994)
Né à Graz en Autriche en 1958, Werner Schwab marque la scène
contemporaine par une écriture forte et atypique, qui se joue volontiers
des codes et des moeurs sociaux. Un rejet de la société qui le pousse,
après de brèves activités remarquées dans le milieu artistique autrichien,
à mener avec sa famille une vie recluse en Styrie.
C’est à cette époque qu’il écrit la plupart de ses oeuvres et s’adonne à la
sculpture. Ses oeuvres reflètent alors toute la complexité de son univers.
Marqué sans doute par une enfance précaire, Werner Schwab a vécu avec
sa mère dans une cave humide , les personnages qu’il dépeint reflètent
une société malade, refermée sur elle-même.
Werner Schwab a écrit une oeuvre théâtrale unique dans le paysage
autrichien, une oeuvre féroce, drôle, obscène et poétique. Peu connues
en France, ses oeuvres ont rencontré un immense succès en Allemagne,
de son vivant et après sa mort en 1994. Imprégnées de l’actionnisme
viennois, elles ont été reconnues pour leurs singularités langagières.
Anticlimax est sa dernière pièce, éditée de manière posthume.

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