Lettre d`information aux associations n˚1

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Lettre d`information aux associations n˚1
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la lettre aux associations n°1 - juin 2012
Édito
“ S’engager, progresser et
faire progresser la société ”
Alors que la crise économique et sociale continue à
secouer le pays et à frapper durement bon nombre
de nos concitoyens, les associations constituent
aujourd’hui l’un des plus puissants facteurs de
cohésion sociale et sociétale, un trait d’union entre les citoyens dans
la diversité de leurs convictions, de leurs appartenances politiques et
philosophiques.
Les associations jouent un rôle de premier plan dans le monde du sport,
de la culture, de la jeunesse et de l’éducation populaire, de la solidarité,
de l’action sociale ou humanitaire et de l’environnement. Les associations
recréent, en permanence, les liens distendus du tissu social, agissent pour
l’individu et ses droits. Elles sont créatrices de convivialité, interviennent
sur le terrain, pour le dynamisme des territoires, d’une commune, d’un
quartier.
Au cœur des associations : les bénévoles. Des femmes et des hommes
qui, à un moment de leur vie, ont fait le choix de s’engager, de militer
bénévolement, au service d’une cause et au nom de valeurs. Cet
engagement leur permet de se sentir utile, de s’épanouir, d’aider les autres,
de faire progresser l’ensemble de la société. Ils font bénéficier les autres de
leurs compétences et de leur énergie. Ils font l’expérience du débat et de la
contradiction, apprennent la réussite et, parfois, à surmonter leurs échecs.
Nous avons conscience de la place essentielle qu’occupent les associations
dans notre société et de l’immensité de cette « force de frappe citoyenne »
que sont les bénévoles. C’est pourquoi le Département soutient le secteur
associatif : près de 3 000 structures aidées financièrement à hauteur de
32 millions d’euros chaque année.
Mais les associations sont confrontées à des défis immenses : renouvellement des équipes et des cadres, densification des impératifs
réglementaires et juridiques, contraintes sur les ressources financières
notamment publiques. Les associations évoluent dans un environnement
difficile et certaines structures s’en trouvent fragilisées.
Le Département est et restera un partenaire privilégié. Mais nous voulons
construire, à côté du quantitatif - le soutien financier - un volet qualitatif :
de nouveaux outils pour accompagner les associations dans l’évolution de
leurs projets, de leurs missions.
A commencer par une plate-forme en ligne des associations seinomarines :
pour mieux connaître et faire connaître les initiatives qui sont les leurs.
Un travail continu, ensuite, de valorisation de l’engagement et du travail
des bénévoles. C’était l’esprit de la première édition de la journée qui leur
était consacré le 3 décembre dernier. Cette lettre en fait le bilan : mettre
en lumière ceux qui agissent dans l’ombre et dire que tous les bénévoles
font la même expérience de vie à savoir l’engagement, le service à l’autre
et le don de soi.
Autant de valeurs qui, en temps de crise, n’ont rien perdu de leur modernité.
Didier Marie
Président du Département
de Seine-Maritime
PREMIÈRE JOURNÉE
DES BÉNÉVOLES
À L’HÔTEL
DU DÉPARTEMENT
Le 3 décembre 2011, l’appel avait été lancé
à tous les bénévoles associatifs de SeineMaritime : se retrouver ensemble pour célébrer
et valoriser l’engagement des dizaines de
milliers de seinomarins qui travaillent dans les
associations.
Plus de 1 300 bénévoles, représentant, par la
diversité de leurs engagements, la pluralité et
la richesse du monde associatif ont répondu
présent à cette première journée.
Au programme : un grand débat sur le
bénévolat évoquant ses aspirations, ses
motivations, la manière dont il anime et stimule
le mouvement associatif.
Quatre intervenants qualifiés avaient acceptés
de venir échanger : Dan Ferrand-Bechmann,
sociologue et auteur d’ouvrages sur le monde
associatif, Émile Groult, Président de l’Union
régionale interfédérale des organismes privés
sanitaires et sociaux (Uriops), Gilles Le Bail,
délégué général de la fédération française
des MJC et Denis Masseglia, Président du
Comité National Olympique du Sport Français
(CNOSF).
Ce débat a été, moins celui d’une opposition de
points de vue ou d’opinions, qu’un croisement
des convictions pour avancer vers un certain
nombre de définitions communes.
Ce fut surtout un échange d’une grande
richesse autour d’un certain nombre d’idées
clés pour mieux comprendre le monde du
bénévolat associatif.
Le bénévolat à travers 5 questions
Lors de la première journée des bénévoles le milieu associatif
s’est exprimé à travers un débat ouvert et ambitieux.
De quoi est composé le « peuple des bénévoles » ?
Cette belle expression est celle de Dan Ferrand-Brechman.
Elle dit bien la diversité des motivations et la difficulté à
qualifier ce qu’est « le » bénévole.
Malgré tout, ce travail de définition est nécessaire.
Pour Didier Marie, Président du Département, il faut aller
au plus simple et s’appuyer sur la définition donnée par
le dictionnaire « le Petit Robert » : « le bénévole est un
bienveillant ». Dan Ferrand-Brechman évoque celui qui
« travaille pour les autres, qui le fait gratuitement et qui n’y
est pas obligé ».
Gilles le Bail insiste sur cette générosité, cette capacité au
don. Donner du temps, des compétences est un acte de
citoyenneté, une ouverture aux autres qui est au cœur du
bénévolat.
Pourquoi s’engage-t-on ?
Les réponses sont ici partagées et consensuelles : on
s’engage pour nourrir la révolte qui anime sa conscience,
pour le refus du chacun pour soi. On travaille pour défendre
des valeurs, une cause.
Enfin, s’engager est un tremplin, une source de progrès.
« L’épanouissement personnel est le fondement même
du personnage du bénévole » dit Dan Ferrand-Brechman.
Cette dimension d’équilibre personnel, qui s’ajoute aux
motivations d’empathie est essentielle.
Mais il y a également des contraintes à l’engagement : les
complexités administratives, la difficulté à accorder les
temps de la vie et le temps de l’engagement.
Comment imaginer le renouvellement des bénévoles ?
C’est l’un des principaux défis à relever : renouvellement
des outils, des projets, des compétences et des équipes
bénévoles.
La réussite de ce « passage de témoins » est pour Denis
Masseglia essentielle. Il est regrettable qu’il manque,
parfois, dans les structures associatives, les outils pour
sécuriser cette transmission.
Il faut aussi encourager les jeunes à s’engager, à s’investir,
à prendre des responsabilités. Gilles le Bail souligne qu’il
est nécessaire de repenser, de fond en comble, le lien entre
les jeunes et l’engagement bénévole. En effet, le temps leur
manque, l’énergie aussi pour pouvoir s’engager (études,
difficultés financières, « petits boulots », recherche de
logement).
Gilles le Bail a exprimé une certitude : lorsque l’on s’engage,
on acquiert des compétences - l’animation de réunion, la
tenue d’un budget, la prise de parole en public - qui doivent
être mieux valorisées car ce sont des atouts appréciables
dans un curriculum vitae.
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Qui peut douter du rôle économique des associations ?
Les intervenants ont également souligné le poids
économique du secteur associatif : un secteur dynamique
pourvoyeur d’emplois locaux non délocalisables.
Denis Masseglia a rappelé ainsi quelques chiffres
pour le secteur associatif du mouvement sportif :
100 000 équivalents temps plein (un apport non négligeable
pour le niveau de santé général de la population...), l’apport
du mouvement sportif à la Nation est estimé autour de
8 milliards d’euros.
Bref, les associations et les bénévoles sont au cœur d’une
production d’authentiques richesses. Dan Ferrand-Bechman
le souligne en s’interrogeant : que se passerait il si tous les
bénévoles de France se mettaient en grève ?
Que peuvent nous dire les bénévoles de notre modèle de
société ?
Plus largement, les associations sont porteuses d’un
modèle alternatif de société. Emile Groult le note :
« le monde de la richesse financière et matérielle a montré
toutes ses limites », il y a donc désormais un espace pour
« autre chose ».
Parce qu’elles structurent la société civile, les français font
confiance aux associations pour dépasser la crise. Nos
intervenants l’ont dit : le bénévolat est une épidémie, une
bonne maladie, qui est en train de contaminer le secteur
lucratif.
La plus value du bénévolat, c’est ce que Dan FerrandBechman appelle la force « d’empowerment », c’est-à-dire
de donner à ceux qui s’y investissent le pouvoir d’agir. Cet
état d’esprit peut servir à une transformation vertueuse de
la société.
LANCEMENT DE LA PLATEFORME INFORMATIQUE
En quelques clics, à travers cet outil, découvrez les actualités et créez l’échange avec le monde associatif.
Le Président Didier MARIE, lors de la manifestation « bénévoles 76 » du 3 décembre 2011, a rappelé que la collectivité était
le partenaire du monde associatif par les différentes actions déjà mises en place (le BAFA, le BAFD, les défibrillateurs,
le conseil départemental des Collégiens, les missions d’intérêt général et durable, la démarche participative auprès des
seinomarins dans le cadre de « Seine-Maritime imaginons 2020 », etc.). Par ailleurs, le Président a souhaité mettre en
avant, que désormais, le Département devait « basculer vers une logique de financement de l’activité à une démarche
de partenariat et de co-animations des territoires ». Ainsi, l’ambition affichée est de « consolider, informer et valoriser »
le monde associatif départemental.
Pour répondre à cette ambition, le Département propose, notamment, la mise en réseau des associations seinomarines
via un annuaire en ligne déclinable par canton et par secteur d’activité.
A cet effet, une plateforme informatique spécifiquement dédiée aux associations va être créée. Sa mise en forme est en
cours d’élaboration. Elle permettra notamment aux structures associatives de s’enregistrer, d’afficher leurs informations,
d’avoir un espace privé pour mettre en avant leurs activités, leur actualité, de disposer d’une boite à outil pratique
(aide aux démarches, foire aux questions, lien, etc.) et de créer des liens entre elles. Elle aura également pour vocation,
pour les internautes, de trouver une association ou de permettre sa géolocalisation (repérer des associations par canton
ou par secteur par exemple).
portraits de bÉnÉvoles
Bernadette Browang, l’urgence de parler du don d’organes
Transplanteurs donneurs de vie
Depuis plus de 20 ans, Bernadette Browang vit avec le rein d’un autre. Une greffe qui lui a évité
une vie bien difficile. A la retraite depuis 7 ans, cette ancienne employée de banque milite pour le
don d’organes et de tissus dans l’association Transplanteurs donneurs de vie (Montivilliers). « Plus de
14 000 personnes attendent un organe, et chaque année, seules 4000 sont greffées », déplore-t-elle.
Avec l’association, elle intervient sur les grandes manifestations, dans les collèges, les hôpitaux, ou
encore dans les écoles d’infirmiers. Le message : parler à son entourage du don d’organes et dire
qu’on l’autorise. Car en cas d’accident, les proches devront prendre cette décision dans l’urgence.
« Un mort peut sauver six ou sept vies », rappelle Bernadette Browang.
Infos : 02 35 13 99 67
Pascal Édouard N’Ganga, la défense pour passion
Association de consommateurs et d’usagers
« Pour moi, c’est une passion de défendre la cause des faibles », lance Pascal-Édouard
N’Ganga, bénévole à la CLCV, association de consommateurs et d’usagers. Conciliateur
de justice, ancien greffier, Pascal N’Ganga est entré à l’antenne de Rouen-Elbeuf en
2008. Là, il défend par exemple des locataires en conflit avec leur propriétaire. Dans
ce cas, « Nous appelons les bailleurs, nous envoyons des courriers pour rappeler
la disposition de la loi dans les rapports locataires/propriétaires », explique Pascal
N’Ganga. Avec l’association, il mène aussi des actions pédagogiques, sur l’eau ou les
déchets notamment, et accompagne des étudiants en droit.
Colette et Alain Eliot, La passion du potager
Association Jardins ouvriers du Becquet
La passion de Colette Eliot, c‘est le potager. En 2002, elle a décroché le 2e prix du
jardin potager de France. « Ma femme est passionnée par le potager, alors quand on
s’aime, on partage », admet son mari. Colette et Alain Eliot sont donc bénévoles au sein
de l’association Jardins ouvriers du Becquet-Valinfray à Lillebonne. Et de leurs beaux
légumes parfois anciens, ils font profiter le plus grand nombre. Ils vendent leurs produits
pour le téléthon, ils donnent à ceux qui n’ont pas grand-chose à manger.
Infos : jardins ouvriers
www.commune-lillebonne.fr
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la 2 journée de
se tiendra le 1er décembre 2012
à l’Hôtel du département de Seine-Maritime
ème
Contact :
Hôtel du Département de Seine-Maritime
Quai Jean Moulin
Direction de la citoyenneté
76101 Rouen Cedex 1
[email protected] - Tél. : 02 35 03 57 99
Photos © Eric Pelletier / Imprimerie du Département de Seine-Maritime / Mai 2012
Infos : www.clcv.org