L`héritière de Giovanni Agnelli peint avec amour le Pays de Vaud

Transcription

L`héritière de Giovanni Agnelli peint avec amour le Pays de Vaud
23 avril 2015
Vin
Saveurs
L’étiquette en
dit beaucoup
© eric bernier
Comment les vignerons la
choisissent-ils, quelles sont
les tendances passées et
actuelles? Décodage avec
un spécialiste. P. 17
C’est la saison
de l’ail des ours
© DR
Zoom sur ce trésor des
sous-bois, prisé des
gastronomes, mais dont
la cueillette exige quelques
précautions. P. 18
15
bourse
330
petites
annonces
Immobilier, animaux,
services, véhicules, loisirs,
rencontres... P. 22
margherita agnelli de pahlen
M
argherita Agnelli de Pahlen peut terre, où j’ai vécu plusieurs années, ce n’est
passer beaucoup de temps à re- pas la même chose.»
garder par la fenêtre. Et ce n’est Héritière de Giovanni Agnelli, magnat itapas seulement parce que la vue depuis son lien régnant sur un véritable empire comatelier aubonnois, qui donne sur le Léman, prenant entre autres l’entreprise Fiat, la
est magnifique. Ou parce qu’elle n’a pas Vaudoise d’adoption a eu une vie familiale
autre chose à faire. Pas du tout. Ce qu’il y a, compliquée, sur laquelle elle préfère ne pas
c’est que Margherita Agnelli de Pahlen voit trop s’attarder. Elle ne parle d’ailleurs plus
beaucoup de choses, qui l’absorbent et la aux médias, lassée de voir son nom appapassionnent. Une foule de petits détails et raître dans les magazines et les journaux
de nuances, qui échappent totalement à relatant les batailles autour de la succession de son père, qui
l’attention du comrestera pour elle celui
mun des mortels.
qui lui a appris à reElle
admire
par
garder le monde avec
exemple cette lueur
une grande attention.
bleu cobalt, qui co«Enfant, je passais
lore un instant la
mon temps à
surface de l’eau, tanme promener
dis que nous parlons.
avec lui dans
Elle lit la complexité
le potager faorganique des enmilial et à tout
chevêtrements
de
détailler,
des
branches quand elle
plantes aux inse promène dans la «En regardant le lac, lumière du premier
sectes.» Passionnée
forêt. De même matin», 2014, 73 x 60 cm.
de peinture, Marghequ’elle repère les
écureuils presque avant qu’ils ne sortent de rita Agnelli de Pahlen fait des études d’art à
leur cachette. «La peinture m’a rendue plus Rome. Plus tard, à Londres, elle aborde l’apattentive, explique-t-elle. Observer ce qui proche thérapeutique de l’art et de la peinm’entoure me rend admirative. Les pay- ture en particulier. A l’Institut Saint-Serge,
à Paris, elle s’initie à l’art religieux et se spésages d’ici sont tellement magnifiques!»
cialise dans l’iconographie, sous la houlette
du Père George Drobot et du Père Stomatis
Vivre plus près de la nature
Ce ne sont pas des mots en l’air. Margherita Sklivis. Aujourd’hui, elle peint surtout des
Agnelli de Pahlen est profondément atta- paysages ainsi que des personnages qui rapchée au canton de Vaud. Durant son en- pellent les icônes russes.
fance, elle passe une bonne partie de ses
vacances à Lausanne – où elle est née –, en Souvent en selle
compagnie de sa nounou qui lui transmet Margherita Agnelli de Pahlen n’aime pas
l’amour de la nature. D’ailleurs, c’est pour beaucoup se raconter. Quand on la quesque ses enfants goûtent eux aussi aux bien- tionne sur son passé, elle emprunte
faits du lac et de la montagne qu’elle a choi- volontiers ce raccourci, avec le
si de quitter Paris, en 1998, pour s’installer sens de l’humour dont elle ne
en Suisse. Le moins que l’on puisse dire, semble jamais se départir:
c’est que la greffe a bien pris. «En Suisse «Je suis une femme
romande, il y a cette proximité essentielle
avec la terre. On voit ce qu’on a planté
dans ses sillons. Il y a un rythme, celui
des saisons, qui se reflète dans nos vies.
En France, en Italie ou en Angle-
au foyer, qui a eu huit enfants. Que voulezvous, j’ai passé ma vie à m’en occuper.» On
lui devine un côté rassembleur, joyeux, bon
vivant. Mais Margherita Agnelli de Pahlen
apprécie aussi la solitude. Habitant près
d’Aubonne, elle aime faire de longues promenades à cheval autour de chez elle. «Je
monte deux fois par semaine. Lors de ces
sorties, je récolte des images, je m’imprègne de ce qui m’entoure, je recueille des
impressions. Une fois de retour à l’atelier,
je me sers de tout cela.» Epuré et douillet,
celui-ci occupe deux
étages d’une charmante
petite villa construite
les pieds dans l’eau.
Elle le partage avec sa
fille Tatiana, qui étudie à l’Ecole d’art de
Lausanne. Un peu partout, des huiles sur
toile de moyen et de grand format renvoient l’écho en images des paroles de l’artiste. Le lac, dont on entend le clapotis
même lorsque les fenêtres sont fermées,
est présent dans de nombreuses peintures.
Le Mont-Blanc, qu’elle tutoie depuis sa fenêtre, revient lui aussi souvent, de même
que la forêt d’Aubonne, un de ses lieux fétiches. «On y croise chevreuils, écureuils,
salamandres et bipèdes. En automne, c’est
superbe. Je suis à chaque fois stupéfaite de
redécouvrir ce jaune, ces transparences
entre les feuilles, ce complexe enchevêtrement de branches.»
Habituée à montrer son travail dans de
grandes villes, Margherita Agnelli de Pahlen a eu un coup de coeur pour la Galerie La
Chaumière, à Montricher. «J’ai fait
connaissance avec la propriétaire, Marie
Gaube, par l’intermédiaire de l’épicière
bio chez qui je m’approvisionne en produits du terroir, à Rolle. J’aime cette
manière d’interagir avec la vie locale. Il
y a assez de richesses ici pour ne pas
devoir aller chercher ailleurs. C’est
exactement dans cet esprit de partage
que je me réjouis d’exposer.»
Alexander Zelenka n
+ d’infos «Terre de lumières», exposition de peintures de Margherita Agnelli
de Pahlen, Galerie La Chaumière, rue
du Grand-Faubourg, jusqu’au 31 mai
(vernissage le 25 avril à 16 h, en
présence de l’artiste),
www.lachaumiere.info
Si vous étiez...
•Une saison? L’été, parce qu’il y a du
soleil, des fleurs et des fruits.
•Un animal? Le cheval, pour sa tendresse, son courage et le symbole de
liberté qu’il incarne.
•Un arbre? Le cèdre du Liban, qui a une
assise généreuse et solide.
•Un produit du terroir? Le miel,
porteur de la grande sagesse des
abeilles, du vent et des pollens.
•Un outil? Le pinceau, souple et flexible
comme une plume, car il sert à raconter
des histoires.
© François Wavre
Fille de l’ancien patron de Fiat, Margherita Agnelli
de Pahlen vit depuis dix-sept ans dans le canton
de Vaud, dont elle célèbre les paysages dans ses
toiles, exposées dès samedi à Montricher (VD).
© françois wavre
L’héritière de Giovanni Agnelli
peint avec amour le Pays de Vaud

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