Un prisonnier politique détenu au secret, sa famille sous

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Un prisonnier politique détenu au secret, sa famille sous
12 mai 2014
Chine
Un prisonnier politique détenu au secret, sa
famille sous étroite surveillance
Après 19 ans de prison, le célèbre intellectuel,
Hada, 58 ans, demeure détenu au secret. Sa
famille est assignée à résidence depuis
plusieurs années. Xinna, l’épouse de Hada,
craint d’être envoyée à son tour en prison.
Défenseur de la culture et de la langue
mongole, Hada tenait une librairie dans les Hada (à gauche), son fils Ulies et son
épouse Xinna (à droite), en décembre
années 90 et avait fondé un mouvement pour la 2010
démocratie et la liberté en Mongolie intérieure
(région autonome du nord de la Chine, appelée Nei Menggu en mandarin).
Condamné à 15 ans de prison pour espionnage et séparatisme, il a été libéré
brièvement à la fin de sa peine, en décembre 2010, avant d’être de nouveau
arrêté et emprisonné dans un lieu de détention secret dans la banlieue de
Hohhot (capitale de Mongolie intérieure). Il est maintenu au secret depuis
quatre ans. Selon son épouse, il est complètement isolé du monde extérieur. Il
a été torturé et traité de façon cruelle et inhumaine à de nombreuses reprises
depuis 19 ans. Son état de santé physique et psychique serait préoccupant.
Juste avant sa libération attendue en 2010, son épouse Xinna et son fils Ulies
ont été condamnés pour des motifs fallacieux. Ulies a été libéré après neuf
mois de prison à condition qu’il arrête de répondre à des interviews pour des
medias étrangers. Ils sont tous les deux en résidence surveillée, sans liberté
de mouvement ou de communication. Malgré les pressions et les menaces
d’incarcération, Xinna continue d’essayer de répondre aux interviews et
d’interpeller la communauté internationale, même si elle craint d’être
emprisonnée de façon imminente : « Je n’abandonnerai jamais mon aspiration
pour la liberté jusqu’à ce que la Chine devienne un État de droit, que la
situation de ma famille soit résolue de manière juste et que la dignité et les
droits des Mongols soient respectés. Je ne me suiciderai jamais en prison. S’il
devait m’arriver quelque chose à l’intérieur de la prison, alors les autorités
chinoises en seront responsables. »
Supplément au Courrier de l’ACAT ne peut être vendu séparément
Directeur de la publication : François Picart, président de l’ACAT
Impression ACAT - CPPAP n° 1112 g82814 - ISSN 0519417
Appels urgents
Chine
Contexte
Comme le Tibet et le Xinjiang, la Mongolie intérieure est un
territoire dit « autonome » de la République populaire de Chine.
Elle a été largement sinisée avec l’immigration des Chinois Han
et les Mongols sont aujourd’hui minoritaires (moins de 20 % de
la population).
Le plus grand gisement de terres rares du monde se trouve dans cette région,
ainsi que de très importantes ressources minières. Ces projets d'exploitation
à outrance menacent les modes de vie traditionnels des bergers mongols,
l’accès aux pâturages et créent des dégâts environnementaux. Des conflits
opposent régulièrement des éleveurs et cultivateurs face aux industriels,
générant parfois des violences et une forte répression. Ainsi, en avril 2014,
40 villageois ont été arrêtés alors qu’ils défendaient leurs pâturages face à
une société chinoise de transport de charbon qui les traversait. Ils ont été
frappés et menacés d’emprisonnement par 400 policiers anti-émeute qui
cherchaient à disperser leur rassemblement.
Par ailleurs, le pouvoir chinois réprime systématiquement toute velléité
d’autodétermination, ainsi que toute revendication en faveur de la langue, de la
culture mongole ou en faveur du respect des droits économiques, sociaux et
culturels de la population mongole. En 2011, dans un geste de défi rare, des
milliers de personnes ont manifesté pour le respect de leurs droits et de leur
mode de vie traditionnel, ce qui a entraîné une répression très sévère et de
nombreuses arrestations. Depuis des années, les autorités chinoises arrêtent
les militants à l'origine de ces revendications et condamnent certains d'entre
eux à de longues peines d'emprisonnement.
Dans toute la Chine, de nombreux citoyens sont secrètement incarcérés par
des agents de l'État pendant des jours ou des mois, sans contact avec
l'extérieur, dans des centres de détention illégaux surnommés « prisons
noires ». Ce sont souvent des appartements, des caves, des bureaux
désaffectés, des hôtels appartenant à l'État ou des hôpitaux psychiatriques.
Les gardiens des prisons noires commettent régulièrement des exactions à
l'encontre des détenus, notamment des actes de violence physique, de vol,
d'extorsion ainsi que des privations diverses.
Sources de l’Appel urgent
Retranscription d’interviews de Xinna avec Radio Free Asia et avec l’ONG des droits de
l’homme Southern Mongolian Human Rights Information Center
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