Les feux de joie - Société Saint-Jean
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Les feux de joie - Société Saint-Jean
Plusieurs coutumes se retrouvent dans nos célébrations. Musique, danse, décorations, feux de joie, égaient les fêtes et favorisent le rapprochement des gens depuis toujours. Plus particulièrement, notre Fête nationale est, elle aussi et depuis ses origines, riche en rituels. Certains se sont un peu perdus au fil des ans, mais la plupart ont traversé le temps et sont toujours présents dans nos actions communes du 24 juin. Voici quelques-uns des gestes que nous avons posés et que nous posons toujours pour rendre la Fête nationale, un événement mémorable. Les feux de joie Célébrée au solstice d'été, la Fête nationale est d'abord une fête de lumière. C'est en 1638 que pour la première fois, en Nouvelle-France, on célèbre la fête de la Saint-Jean comme à Paris, par des coups de canon et des feux d'artifice. La plus importante manifestation de cette fête réside dans le feu de joie. Par sa lumière et sa chaleur, le feu est source de vie. Au début du XIXe siècle, à l'Île-d'Orléans par exemple, on peut constater la grande importance que revêt le feu de joie dans les célébrations de la Saint-Jean. Tous les villages se réunissaient dans la paroisse de Saint-Jean et, comme le raconte le D r LaRue : « Sur l'ordre du Seigneur, un des habitants transportait sur la grève, en face de l'église, le bois nécessaire au feu. Après avoir chanté un salut, le curé se rendait au bûcher. Il le bénissait et ensuite faisait sortir du feu nouveau, en frappant un caillou avec le briquet. » Plus tard, en 1890, Chouinard décrit ainsi la communion du feu : « Bientôt brillent à vingt points divers de l'horizon d'autres feux allumés aussi par des mains patriotiques. Ce sont les antiques paroisses de Lévis, de Charlesbourg, de Beauport et de l'Îled'Orléans, de la Côte-de-Beaupré, qui répondent aux feux de joie de la cité de Champlain, pendant que les musiques renvoient à tous les échos les notes entraînantes de nos chants nationaux. C'est un spectacle d'une incomparable grandeur. » Par la suite, la célébration du feu s'est modernisée et diversifiée. Aujourd'hui encore, les feux de joie sont porteurs d'une signification de partage et de solidarité ; ils sont très présents dans les diverses régions du Québec lors de la Fête nationale. La volée de cloches Les cloches ont joué un rôle important dans nos vies. Elles ont servi d'instrument de communication publique, ici comme ailleurs dans le monde, pendant de nombreux siècles en exerçant plusieurs rôles : celui de mesurer le temps, celui de rassembler la popula- tion à différentes occasions, celui d'annoncer les événements heureux ou malheureux et de servir de signal d'alarme en cas de danger. Autrefois, elles sonnaient des milliers de fois par année. Aujourd'hui, même si les cloches ne servent plus toujours comme instrument de communication, leur fonction de rassemblement est restée inscrite dans notre mémoire collective. Leurs joyeux carillons nous invitent à nous joindre aux nombreuses célébrations organisées à l'occasion d'une fête. C'est dans cet esprit que le matin du 24 juin, la volée de cloches invite la population québécoise à participer aux nombreuses réjouissances organisées à l'occasion de la Fête nationale. La grande tablée Notre première Fête nationale a été célébrée autour d'une table. Le 24 juin 1834, le journaliste Ludger Duvernay réunissait une soixantaine de convives pour un banquet et invitait ceux-ci à discuter de l'avenir politique du pays. C'est de cette réunion qu'émergea l'idée de faire de « la Saint-Jean-Baptiste » la fête nationale. Plus tard, pendant les grands-messes, on distribuait le pain bénit que les cultivateurs apportaient chacun leur tour. Cette cérémonie s'est ensuite étendue à la célébration des messes de la Saint-Jean. Aujourd'hui, le partage de la nourriture a perdu sa signification religieuse et prend la forme plutôt d'un repas communautaire où chaque invité apporte une partie du menu. Les gens du Québec ont toujours aimé se retrouver autour d'une table pour partager la nourriture, faire des blagues et discuter. Aujourd'hui encore, dans près de la moitié des projets locaux, les Québécois organisent une grande tablée. Les habitants du quartier y font connaissance. Les voisins qui, le plus souvent, ont peu le temps ou l'habitude de se parler, en profitent pour y passer un bon moment ensemble. La grande tablée propose également une ouverture sur le monde en nous faisant découvrir la culture et les habitudes propres à chacun des convives, aussi bien dans la diversité des mets que dans la façon de les déguster. Pavoisement Les diverses décorations, les drapeaux, les guirlandes et banderoles de toutes sortes manifestent l'exubérance et l'enthousiasme populaires. Les drapeaux nationaux et les arcs de triomphe ornés de branches d'arbre, de portraits de nos héros, stimulaient l'esprit et contribuaient à maintenir l'idée que nous formions une nation capable de se réaliser. Aujourd'hui, bien que les symboles ont changé, ils continuent de jouer un rôle primordial. Les couleurs officielles de la Fête nationale sont maintenant le bleu et le blanc, couleurs de notre drapeau, ainsi que le jaune représentant le soleil du solstice d'été. De plus, l'utilisation de la thématique annuelle et de l'image de la Fête nationale ajoute une touche artistique à notre environnement. Chaque année, le pavoisement continue de stimuler notre sentiment d'appartenance. Les bains de la Saint-Jean Au début du XIXe, à Saint-Jean Deschaillons et à Trois-Rivières, Benjamin Sulte nous rapporte une coutume à l'époque bien connue. Le premier bain de l'année dans le fleuve se prenait le soir du 23 juin, avec des cris de joie et les ébats de chacun. À partir de la fête de la Saint-Jean, aujourd'hui jour de la Fête nationale, on considérait que l'été était arrivé et qu'il faisait suffisamment chaud pour s'y baigner. Cette coutume n'a pas seulement une relation avec la température. À ses origines, elle était plus profonde, elle était liée à la naissance. Aujourd'hui, c'est très souvent le jour de la Fête nationale que les piscines publiques sont rouvertes et qu'à la campagne, enfants et parents font leur première « saucette » de l'été. Danses et chants La danse et le chant sont des éléments centraux de toute fête. Si la Fête nationale existe pour nous rappeler qui nous sommes, elle nous permet aussi de manifester notre joie, joie de retrouver le soleil au début de l'été et joie de se rassembler après l'isolement de l'hiver. La danse représente un moment intense dans la vie de l'être humain. Elle exalte des forces pures qui le grandissent et qui éliminent les peurs dont il est victime. Par ailleurs, la ronde autour du feu éveille en lui un fort sentiment d'amour et de fraternité. Le chant nous fait vibrer et nous permet de nous exprimer de façon profonde et libératrice. La danse et le chant sont à la fois des manifestations individuelles et collectives. Ils nous dénouent, libèrent nos forces vitales, et nous donnent le sentiment d'appartenir à une même collectivité unie et solidaire. Défilé À la fin du XIXe siècle, à Québec et à Montréal, on célébrait d'une façon somptueuse la fête de la Saint-Jean, aujourd'hui Fête nationale. Les défilés et les décorations prenaient des allures impressionnantes. La fête, écrit Denis Vaugeois, « devient alors cette solennelle occasion qui allie réjouissances populaires et étalement magnifique de toutes les gloires et traditions françaises [...] On affiche avec ostentation les éléments considérés comme les plus nobles de la nation. » Le peuple apprenait à s'apprécier en projetant les plus belles images qu'il avait de lui-même. La solennité des diverses manifestations lui procurait une plus haute vision de sa destinée. Les défilés comprenaient, outre les bannières de différentes sociétés, syndicats ou associations, des fanfares et des chars allégoriques. Le char allégorique est composé d'une suite d'éléments concrets qui décrivent une situation, qui racontent un fait historique ou qui symbolisent une façon de voir nos institutions, notre langue et notre identité nationale. Les contes et les légendes comme éléments de la fête Traditionnellement, la fête québécoise faisait une large place aux contes et aux légendes. Il n'était pas rare de voir, au milieu de la veillée, se lever un conteur qui, par le récit d'exploits fabuleux ou d'événements extraordinaires allait, pendant un instant, interrompre la banalité du quotidien de ceux qui l'écoutaient. Il fut un temps au Québec où chaque village avait ses conteurs, qui se relançaient l'un l'autre au cours des veillées. Cet instant où le conteur allait se manifester était toujours attendu avec impatience. Gare à celui ou à celle qui aurait osé parler pendant qu'un « conteur de menteries » était en action !