Bertholds und Bernolds Chroniken, hg. von Ian Stuart Robinson

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Bertholds und Bernolds Chroniken, hg. von Ian Stuart Robinson
Francia-Recensio 2008/4
Mittelalter – Moyen Âge (500–1500)
Bertholds und Bernolds Chroniken, hg. von Ian Stuart Robinson, übersetzt von
Helga Robinson-Hammerstein und Ian Stuart Robinson, Darmstadt
(Wissenschaftliche Buchgesellschaft) 2002, 453 p. (Ausgewählte Quellen zur
deutschen Geschichte des Mittelalters. Freiherr vom Stein-Gedächtnisausgabe,
14), ISBN 3-534-01428-6, EUR 69,00; Die Chroniken Bertholds von Reichenau
und Bernolds von Konstanz 1054–1100, hg. von Ian S. Robinson, Hannover
(Hahnsche Buchhandlung) 2003, X–645 p. (Monumenta Germaniae Historica.
Scriptores rerum Germanicarum, Nova series, 14), ISBN 3-7752-0214-5, EUR
60,00.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
Thierry Lesieur, Chantecorps
Avec ces deux ouvrages, Ian S. Robinson propose une nouvelle édition de deux chroniques majeures
pour l’histoire de la Souabe et du Sud de l’Allemagne au cours de la seconde moitié du XI e siècle. La
première est l’œuvre de Berthold (1030–1088), moine de la Reichenau et élève d’Hermann Contract
(1013–1054). Cette chronique se présente sous deux formes. La première, plus courte, concerne les
années 1054–1066. Le texte contenu dans un manuscrit aujourd’hui perdu ne nous est connu qu’à
travers l’édition réalisée en 1529 par le juriste bâlois Jean Sichard. La seconde version de la
chronique, nettement plus longue que la précédente, s’étend de l’année 1054 à l’année 1079. Les
deux versions furent éditées dans les Monumenta Germaniae Historica (noté MGH par la suite) par
Georg Heinrich Pertz (MGH Scriptores 5, 1844, p. 264–326). Au lieu de reproduire les deux versions
séparément, cependant, l’historien allemand choisit de les fusionner pour n’offrir au public qu’un seul
texte. L’un des grands apport de l’édition de Ian S. Robinson est de restituer chacune des deux
versions dans son intégralité. La seconde chronique est celle de Bernold de Constance (1050–1100),
clerc de Constance, puis moine de l’abbaye suisse de Saint-Blaise. Elle couvre la période 1054–1100
et fut également éditée par G. H. Pertz en 1844 à partir de huit manuscrits dont un autographe (MGH
Scriptores 5, p. 385–467).
Le texte latin des deux éditions est le même, à quelques exceptions près 1. Aussi, c’est à la façon dont
Ian S. Robinson le met en valeur dans chacun des deux ouvrages que je m’attacherai ici. L’édition
Freiherr vom Stein-Gedächtnisausgabe (abrégé FSG par la suite) comprend en accompagnement du
texte une courte introduction (p. 1–15), une bibliographie sommaire (p. 17–18) et un index des noms
propres (p. 435–453) jugé fiable par Wilfried Hartmann 2.
La supériorité principale de l’édition des MGH (2003) tient à son appareil critique. Toutes les variantes
textuelles y sont spécifiées – ce qui n’est pas le cas de l’édition de 2002 – et les indications
bibliographiques y sont nettement plus étoffées, qu’il s’agisse de la liste insérée avant le texte latin (p.
1
Cf. notamment le début de la chronique de Bernold (FSG, p. 80; MGH, p. 385)
2
Cf. son compte-rendu de l’édition FSG publié online par H-Net Reviews in the Humanities & Social Sciences,
URL: h-net.org/reviews, 2002, p. 2.
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131–160), comme des références en bas de page. L’introduction est également beaucoup plus
développée et fournit des indications concernant la tradition manuscrite (p. 3–26, 80–99), l’évolution
de la recherche concernant la chronique de Berthold (p. 27–38), l’histoire éditoriale (p. 118–128) et le
contenu thématique des deux chroniques (p. 67–79 et 100–118), autant d’informations
complémentaires qui éclairent le contexte historique bien mieux que ne le faisait l’édition de 2002.
L’auteur a de plus inséré une liste des abréviations et des sigles (p. 129–130 et 162) qui faisait défaut
dans l’édition FSG. Enfin, le répertoire des noms propres a été revu et un index suffisamment complet
des noms communs lui a été adjoint (p. 435–453). La disposition en vis-à-vis des deux versions de la
chronique de Berthold entre 1054 et 1066 proposée dans l’édition des MGH (p. 163–203) – alors
qu’elles sont simplement présentées l’une à la suite de l’autre dans l’édition de 2002 – rend plus
manifestes les similitudes et les divergences entre les deux versions et facilite grandement une lecture
comparative.
Les deux ouvrages ici recensés intéresseront probablement deux publics différents. Avec la traduction
en langue allemande du texte latin, l’édition FSG s’adresse plutôt aux étudiants et non spécialistes
germanophones maîtrisant imparfaitement le latin médiéval. Moins richement pourvue en appareil
critique et informations annexes, la qualité et la fiabilité de la traduction s’avérera néanmoins très utile
pour lever certaines ambiguïtés et imprécisions du texte latin 3. Outre la traduction des dates et noms
de lieux, l’appareil critique signale pour partie les variantes textuelles. D’un point de vue pratique, on
peut regretter que l’année ne figure pas en haut de chaque page (comme c’est le cas dans l’édition de
2003), ce qui eût grandement facilité le repérage chronologique. Le lecteur est ainsi parfois contraint
de feuilleter de nombreuses pages avant de retrouver l’année concernée par les événements narrés.
L’édition de 2003 se signale par le sérieux et l’exhaustivité coutumière des MGH. Outil de travail pour
les spécialistes, elle présente néanmoins quelques imprécisions, notamment en ce qui concerne les
repères temporels. Ainsi, par exemple, la date de Pâques 1075 à la suite de laquelle Henri IV planifie
une incursion surprise en Saxe n’est pas précisée dans l’édition de 2003 (p. 221, l. 7) alors que le
lecteur est informé qu’il s’agit du 5 avril dans l’édition FSG (p. 79, n. 219).
Source importante pour l’histoire de la réforme dans le Sud de l’Allemagne et notamment celle
instaurée par Guillaume à Hirsau et dans quelques monastères en Forêt-Noire et dans le Sud de
l’Allemagne (Reichenbach, Schaffhausen, Zwiefalten, …), les récits de Berthold et Bernold sont
également des chroniques impériales (Kaiserchronik, p. 68). Une part importante des informations
fournies par les auteurs concerne en effet la vie des princes et leurs démêlés politiques, l’itinéraire de
leurs déplacements, l’évocation de la contestation des puissants du royaume à l’égard de l’empereur
entre 1072 et 1077, puis, à partir de 1077, la montée des tensions entre Henri IV et son opposant
(Gegenkönig) Rudolf de Rheinfelden, le premier étant qualifié par Berthold – et Bernold à sa suite – de
»roi juste« (iustus rex, p. 269, l. 4) tandis que le second apparaît à plusieurs reprises taxé de »tyran«
(p. 354, l.4 ; p. 413, l.3; p. 417, l.17).
C’est donc une présentation résolument pro-grégorienne que Berthold et Bernold font des
3
W. Hartmann salue en effet la qualité de la traduction (ibid., p. 1).
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événements de leur époque. C’est là que réside l’intérêt – mais également la limite – de leur
témoignage. Conscient de ce biais partisan, le lecteur trouvera néanmoins dans leurs récits des
informations de première main sur le mouvement réformateur et les alliances que celui-ci favorisa, ou
au contraire qu’il contribua à défaire, au sein de la société féodale. Les deux chroniques mises à la
disposition du lecteur par I. S. Robinson constituent pour cette raison deux documents essentiels pour
tous ceux qui travaillent ou qui s’intéressent à l’histoire sociale et religieuse de la seconde moitié du
XIe siècle.
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