Séminaire général de doctorat

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Séminaire général de doctorat
ÉCOLE DE CRIMINOLOGIE, UNIVERSITE DE MONTREAL
3E CYCLE
SESSION : AUTOMNE/HIVER 2016-2017
LOCAL : C-4104
MERCREDI 9H00H-12H00
Plan de cours
CRI 7420 : Séminaire général de doctorat Professeur Anthony Amicelle
Bureau : C-4105
Courriel : [email protected]
Introduction
La production d’une thèse de doctorat est un exercice qui vise à apporter une contribution au
champ de connaissances scientifiques dans lequel elle s’inscrit. Cela implique de parvenir à un
équilibre entre innovation et maîtrise de connaissances établies ou, pour le dire autrement, ne pas
se limiter à une simple collecte de données – aussi riches et inédites soient-elle – ou à un strict
exercice de revue de littérature académique. Les doctorants doivent dépasser l’une et l’autre de
ces positions afin de développer une vision intégrative de leur objet et ainsi faire des sciences
sociales un acte de création. Cet effort est en grande partie conditionné par une familiarisation
nécessaire aux questions fondamentales d’ordre épistémologique et théorique en sciences sociales
en général, et en criminologie en particulier. Il s’agit notamment d’être pleinement conscient des
multiples implications associées au processus de définition des concepts inhérent à toute
entreprise scientifique. « Sans concepts, vous ne savez pas où regarder, que rechercher, ni comment reconnaître
ce que vous recherchiez quand vous l’avez trouvé » (Howard S. Becker. Les ficelles du métier).
Objectifs du cours
Partant du principe que la préparation d’une thèse consiste avant tout à conduire une recherche,
ce cours a pour objectif de proposer aux « chercheurs en formation » des outils utiles à la
construction d’une connaissance répondant aux standards de la pratique scientifique. À l’issue de
ce cours, les doctorants devront être capables d’allier un haut degré de rigueur épistémologique,
méthodologique, théorique et empirique. Ils auront tout d’abord acquis les fondements de la
vigilance épistémologique indispensables à la construction consciente de leur objet scientifique.
Ils seront ensuite capables de développer les principaux piliers de leur cadre théorique, étape clé
pour rendre compte des faits sociaux étudiés puis monter en généralité à partir de la singularité de
leurs observations initiales. Le rapport à l’écriture, à la critique et aux controverses scientifiques
fera aussi l’objet d’une attention particulière. Enfin, différents aspects concrets de la thèse et du
1 fonctionnement de la vie académique seront passés en revue tout au long du séminaire dans le
but d’appréhender l’ensemble des problématiques relatives à la production et à la diffusion des
connaissances scientifiques.
Pédagogie
Le déroulement du séminaire s’étalera sur les trimestres d’automne 2016 et d’hiver 2017. Après
deux premières séances générales à portée introductive, le séminaire sera organisé autour de sept
thématiques au cœur de la thèse de doctorat et, par extension, du travail de recherche. Les
discussions propres à chaque thématique seront systématiquement articulées autour de deux
séances complémentaires. Principalement animée par le professeur, la première séance visera à
cerner, comprendre et répondre aux enjeux posés par la thématique abordée, que ce soit sur le
plan épistémologique, conceptuel, argumentatif ou méthodologique. Ces « premières séances »
seront aussi l’occasion d’évoquer, en début ou en fin de cours, un aspect concret du milieu
universitaire (les revues à comité de lecture ; les demandes de subvention ; etc.). Principalement
animée par les étudiants, la « seconde séance » consistera à mettre en pratique les notions
assimilées lors de la « première séance ». Ces « secondes séances » seront organisées autour de
brèves présentations orales, effectuées par chaque participant, et des discussions que ces prises de
parole susciteront.
Évaluation
L’évaluation des étudiants sera calquée sur le rythme du séminaire et de son organisation autour
des sept thématiques, chacune associée à deux séances du cours. Chaque « seconde séance » (voir
ci-dessus) donnera lieu à une brève présentation orale et à deux rendus écrits et ce, pour tous les
participants. Le premier rendu écrit, à remettre au professeur deux jours avant le cours,
constituera le fondement de la présentation orale de cinq minutes. Cette présentation individuelle
sera suivie d’un moment d’échange et de questions-réponses avec l’ensemble du groupe. Le
second rendu écrit, à remettre au professeur la semaine suivante, sera une version amendée (avec
corrections apparentes) du premier texte à la lumière des remarques suscitées par la présentation
orale. Cet exercice sera renouvelé tout au long du séminaire, sous des formes adaptées aux
particularités des thématiques.
2 Détail des séances :
28
SEPTEM BRE
INTRODUCTION GENERALE
1)
2)
Brèves présentations et familiarisations aux travaux des uns et des autres
Éléments de discussions autour de deux questions à la fois naïves et provocatrices :
Qu’est-ce qu’une thèse en sciences sociales ?
À quoi servent les sciences sociales et a fortiori la criminologie ?
Lectures :
-
-
Knepper, P. (2001). Science and Tradition in Criminology, In Explaining Criminal
Conduct : Theories and Systems in Criminology. Durham, North Carolina : Carolina
Academic Press, pp. 3-26.
Brodeur, J-P. (2007). De grandes espérances. Criminologie, 40(2) : 161-166.
Lindblom, C. E. & Cohen, D. K. (1979). Usable Knowledge: Social Science and Social
Problem Solving. Yale : Yale University Press.
5
OCTOBRE
CONNAISSANCES ET RAISONNEMENTS SCIENTIFIQUES
-
Définition de la notion de connaissance
Retour sur la constitution du savoir scientifique
Réflexion sur les ressorts du raisonnement en sciences sociales
Lectures :
-
-
Schlik, M. (1925). La nature de la connaissance, In Théorie générale de la connaissance,
traduction Christian Bonnet. Paris : Gallimard, coll. Bibliothèque de philosophie,
(2009 pour la traduction française), pp. 39-86 (uniquement).
Bélanger, A. J. (1998), Épistémologues de la science politique, à vos marques ! In
Épistémologie de la science politique. Montréal : PUQ, pp. 13-58.
La vie académique (1) : Comment choisir - et publier dans - une revue à comité de lecture?
3 1 ERE T HEM ATIQUE – 19
OCTOBRE ET
2
NOVEMBRE
CONSTRUIRE ET OBJECTIVER SON OBJET
1- Séance du 19 octobre :
-
Entre présupposés théoriques et choix épistémologiques : la construction de l’objet
L’objectivité en sciences sociales
Lectures :
-
Chamboredon, J-C. (1971). La délinquance juvénile : essai de construction d’objet. Revue
française de sociologie, 12(3) : 335-377.
Darmon, M. (2008). La notion de carrière : un instrument interactionniste
d’objectivation. Politix, 82(2) : 149-167.
La vie académique (2) : Comment préparer une demande de subvention?
2- Séance du 2 novembre :
-
Travaux pratiques
2E
THEM ATIQUE
2 –9
ET
23
NOVEMBRE
FAIRE ACTE DE COMPARAISON
3- Séance du 9 novembre :
-
Comparer sur le plan géographique, temporel et conceptuel.
Questionnement sur la cumulativité de la production scientifique.
Lecture :
-
Kuhn, T. S. (1983). La structure des révolutions scientifiques. Paris : Flammarion.
La vie académique (3) : Comment faire une communication scientifique?
4- Séance du 23 novembre :
-
Travaux pratiques
4 3 E T HEM ATIQUE – 7
ET
21
DECEM BRE
FAIRE SON CHOIX THEORIQUE
5- Séance du 7 décembre :
-
Les sciences sociales : un univers théorique fragmenté
Définition du cadre théorique et exigences conceptuelles
Lectures :
-
Latour, B. (1987). La littérature scientifique, In La science en action : introduction à la sociologie
des sciences. Paris : La Découverte (pour la présente édition), pp. 59-151.
Shields, P. & Tajalli, H. (2006). Intermediate Theory : The Missing Link to Successful
Student Scholarship. Faculty Publications – Political Science. Paper 39.
La vie académique (4) : Comment appréhender le milieu universitaire en tant que milieu
social et hiérarchique?
6- Séance du 21 décembre :
-
Travaux pratiques
4 E T HEM ATIQUE – 11
ET
25
JANVIER
MONTER EN GENERALITE
7- Séance du 11 janvier :
-
Questionnement sur la possibilité même de généraliser
Dans l’ombre de la généralisation : les décrochages interprétatifs
Lectures :
-
Cefaï, D. (2012) Comment généralise-t-on ? Chronique d’une ethnographie de l’urgence
sociale. In Faire des sciences sociales : Généraliser. Paris : Éditions de l’EHESS, pp. 31-52.
Passeron, J-C. (1991). Les limites de la généralisation sociologique ou la sociologie entre
histoire et expérimentation. In Textes de méthodologie en sciences sociales, p. 1-6.
La vie académique (5) : Comment s’intégrer dans des réseaux de recherche?
8- Séance du 25 janvier :
-
Travaux pratiques
5 5 E T HEM ATIQUE – 8
ET
22
FEV RIER
CRITIQUER : ENTRE DISTANCE ET REFLEXIVITE
9- Séance du 8 février :
-
Les rapports à la critique en sciences sociales
Entre le « savant » et le « politique » : Quelle(s) posture(s) pour les chercheurs ?
Lecture :
-
Boltanski, L. (2009). De la critique. Paris : Gallimard, pp. 11-82 (uniquement).
La vie académique (6) : Comment assurer le transfert de connaissances scientifiques en
dehors du milieu universitaire? (1- vers les milieux de pratique)
10- Séance du 21 février :
-
Travaux pratiques
6E
THEM ATIQUE
–8
ET
22
MARS
ÉCRIRE EN SCIENCES SOCIALES
11- Séance du 8 mars :
-
Écrire ce que l’on veut dire en tant qu’auteur(e) scientifique
Écrire pour quels publics ?
La question des relations entre science et littérature
Lectures :
-
Butler, J. (2003). Values of Difficulty, In Just Being Difficult ? Academic Writing in the Public
Arena. Stanford : Stanford University Press, pp. 199-216.
Koestler, A. (2011). Le Sage. In Le Cri d’Archimède : la découverte de l’Art et l’art de la
Découverte. Paris : Les Belles Lettres, pp. 91-268.
Warner, M. (2003). Styles of Intellectual Publics, In Just Being Difficult ? Academic Writing in
the Public Arena. Stanford : Stanford University Press, pp. 106-128.
La vie académique (7) : Comment assurer le transfert de connaissances scientifiques en
dehors du milieu universitaire? (2- vers l’espace public et médiatique)
12- Séance du 2 mars :
-
Travaux pratiques
6 7E
THEM ATIQUE
–5
ET
19
AV RIL
PARTICIPER AUX CONTROVERSES SCIENTIFIQUES
13- Séance du 5 avril :
-
La thèse au prisme des controverses scientifiques
Les modes de (dé)légitimation scientifiques
Lectures :
-
Tremblay, J-P. (2014). Automobilités postmodernes : quand l’Autolib’ fait sensation à
Paris. Sociétés : Revue des sciences humaines et sociales, 126(4) : 115-124.
Quinon, M. & Saint-Martin, A. (2015). Le maffesolisme, une « sociologie » en roue
libre. Démonstration par l’absurde. Carnet Zilsel : 1-37.
La vie académique (8) : Comment aborder la soutenance de thèse?
14- Séance du 19 avril :
-
Travaux pratiques
BRÈVE BIBLIOGRAPHIE
Bachelard, Gaston (1980), Épistémologie : textes choisis. Paris : Presses Universitaires de France.
Becker, Howard, S. (2004), Écrire les sciences sociales. Commencer et terminer son article, sa thèse ou son livre.
Paris : Économica.
Becker, Howard, S. (1998), Tricks of the Trade : How to Think About Your Research While You’re Doing
It. Chicago : The University of Chicago Press.
Berger, Peter, L. & Thomas Luckmann (2006), La construction sociale de la réalité. Paris : Armand
Colin.
Boudon, Raymond (1990), L’art de se persuader des idées fausses, fragiles ou douteuses. Paris : Fayard.
Bourdieu, Pierre, Jean-Claude Chambordon & Jean-Claude Passeron (2005). Le métier de sociologue
(5ème édition). Berlin; New York : Mouton de Gruyter.
Chalmers, Alan, F. (1982), What Is This Thing Called Science? Maidenhead : Open University Press.
Feyerabend, Paul (1979). Contre la méthode. Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance. Paris :
Seuil.
Foucault, Michel (1969). L’archéologie du savoir. Paris : Gallimard.
Foucault, Michel (1966). Les Mots et les choses : une archéologie des sciences humaines. Paris : Gallimard.
Habermas, Jürgen (2005), Logique des sciences sociales et autres essais. Paris: Presses Universitaires de
France (Quadrige).
7 Hacking, Ian (2008), Entre science et réalité. La construction sociale de quoi ? Paris : La Découverte.
Hacking, Ian (1989), Concevoir et expérimenter : thèmes introductifs à la philosophie des sciences
expérimentales. Paris : Christian Bourgeois Éditeur.
Hempel, Carl. G. (1979), Éléments d’épistémologie. Paris : Armand Colin.
Hollis, Martin (1994), The Philosophy of Social Science. Cambridge : Cambridge University Press.
Kaplan, Abraham (1964), The Conduct of Inquiry : Methodology for Behavioral Science. San Francisco :
Chandler Pub. Co.
Koestler, Arthur (1964), Le cri d’Archimède : la découverte de l’art et l’art de la découverte. Paris : Les
belles lettres (édition 2011).
Kuhn, Thomas (1983). La structure des révolutions scientifiques. Paris : Flammarion.
Lakatos, Irme & Alan Musgrave (Eds.) (1974), Criticism and the Growth of Scientific Knowledge.
Cambridge : Cambridge University Press.
Latour, Bruno (2006-2007), Changer de société, refaire de la sociologie. Paris : La Découverte.
Latour, Bruno (2005), La science en action : introduction à la sociologie des sciences. Paris : La Découverte.
Latour, Bruno (1999), L’espoir de Pandore. Pour une vision réaliste de l’activité scientifique. Paris : La
Découverte (édition 2007).
Latour, Bruno (1996), Petites leçons de sociologie des sciences. Paris : La Découverte.
Mace, Gordon & François Pétry (2000). Guide d’élaboration d’un projet de recherche. Ste Foy, Québec :
Presses de l’Université Laval; Paris : De Boeck Université.
Passeron, Jean-Claude, (2006), Le raisonnement sociologique : un espace non-popperien de l’argumentation.
(2nde édition). Paris : Albin Michel
Popper, Karl (2009). La connaissance objective. Paris : Flammarion.
Popper, Karl R. (2006). Conjectures et réfutations. La croissance du savoir scientifique. Paris : Payot.
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