DROIT DE REPONSE DE Me LYDIENNE YEN EYOUM

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DROIT DE REPONSE DE Me LYDIENNE YEN EYOUM
DROIT DE REPONSE DE Me LYDIENNE YEN EYOUM- LOYSE
A
CAMEROON TRIBUNE
« LE MILLE PATTES A REUSSI A FAIRE PARLER LE MUET »
En langue Douala, ma feue mère dirait « ngokolo e topisè mun’a ndoki » pour expliquer
que l’horreur peut provoquer la sortie d’un mutisme chronique.
Quand un gouvernement se croit obligé de défendre une décision de justice c’est bien
la preuve que la justice n’est pas indépendante mais aux ordres.
Le vendredi 03 octobre 2014, le Ministre de la Communication a tenu un point de presse
relatif à l'affaire Ministère Public et Etat du Cameroun contre ABAH ABAH Polycarpe, Me
Lydienne YEN EYOUM et autres…
Le quotidien national Cameroon Tribune qui publie l’intégralité de son propos liminaire à sa
une, titré «Affaire Abah Abah, Lydienne Eyoum, le MINCOM rappelle les faits».
Cette sortie inédite du Ministre de la Communication complète une série de points de
presse, de communiqués gouvernementaux, de déclarations dans la presse nationale et
internationale pendant toute ma période de détention provisoire et avant même le procès où
les divers porte-paroles et représentants auto-proclamés du Chef de l’Etat me déclaraient
déjà coupable!
Etant ainsi mise en accusation par le porte-parole du Gouvernement sur la place
publique, c’est à mon corps défendant, consciente de la gravité de l’acte posé au nom
du Gouvernement, que je suis contrainte d’exercer mon droit de réponse pour la
première fois depuis 2005 où j’étais déjà jetée en pâture sur cette même place.
Je décline par conséquent toute responsabilité de tout préjudice qui naîtrait
éventuellement de ce droit de réponse qui se veut basé sur des éléments de preuves
versés aux dossiers du tribunal.
J'entends encore Monsieur le ministre TCHIROMA déclarer au micro de France 24 il y a
deux ans « cette femme est en prison parce qu’elle est coupable » !
Rien d’étonnant donc qu’il relate sa « vérité des faits » proclamée j’imagine par « arrêtés
ministériels spéciaux… », cette « vérité » qui s’est par conséquent imposée aux juges du
Tribunal Criminel Spécial tant cette pression est forte.
Aujourd’hui, il semble particulièrement heureux et satisfait de claironner « mais qui est Me
Eyoum en tant qu’acteur politique au Cameroun ? »
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Elle est une avocate inscrite depuis 27 ans au Barreau du Cameroun, je dirais même 29 en
comptant mon inscription comme avocat stagiaire en 1985, qui a eu l’avantage et l’honneur
de traiter de nombreux dossiers pour le compte de l’Etat avec dévouement, discrétion,
abnégation, honnêteté et quelques succès importants pendant une quinzaine d’années et qui
vient d’être condamnée à 25 ans d’emprisonnement ferme après une détention provisoire
longue de plus de quatre ans, avec « des circonstances atténuantes… ».
Lui qui déclare, je le cite « le Ministère Public et toutes les parties condamnées se sont
pourvus en Cassation devant la Cour Suprême, l’affaire étant donc toujours en instance, il
serait peu indiqué de faire des commentaires sur le règlement judiciaire de ce dossier » fin
de citation.
Mais que fait-il donc ?
Il fait des commentaires très peu indiqués sur le règlement judiciaire de cette affaire qui est
désormais dévolue à la Chambre Spécialisée de la Cour Suprême sur tous les médias
nationaux et internationaux, mais je répondrai surtout aux deux pages entières de
commentaires dans Cameroon Tribune.
Monsieur le porte- parole prend le risque sans grand danger de commettre le triple exploit
de violer à la fois le principe de la séparation des pouvoirs, celui de la non-ingérence dans
les affaires judiciaires, et les infractions pénales de diffamation et de commentaires
tendancieux qui dans un pays de droit devraient provoquer une enquête judiciaire et
pourquoi pas une enquête parlementaire, la justice étant mise en cause par les deux parties !
En effet, le tribunal criminel spécial, pour asseoir sa conviction n’a fait que mettre en cause
des décisions de justice de magistrats pour la plupart de quatrième grade qui n’ont jamais
été poursuivis pour les jugements rendus et qui au contraire n’ont eu que des promotions
même au TCS.
Sous le prétexte d’une polémique née de ma condamnation et pour se défendre des
accusations d’instrumentalisation de la justice par l’exécutif il déclare « afin d’en incurver
l’issue à des fins prétendument politiques, le gouvernement a choisi de porter à la
connaissance de l’opinion publique nationale et internationale les faits ayant amené
l’Etat du Cameroun à saisir la justice de cette cause, puis de présenter le déroulé de la
procédure qui a conduit au prononcé de la décision du 26 septembre dernier » fin de
citation.
Il relate la «vérité des faits » du Gouvernement et donne une excellente note aux juges qui
m’ont condamnée à 25 ans de prison pour des faits présumés de détournement de deniers
publics après une instruction et des réquisitions essentiellement à charge qui ressemblent
étrangement à un copier-coller à « la vérité des faits » présentée au public.
Il est vrai que Monsieur le Ministre de la Communication porte -parole du Gouvernement
n’a jamais prononcé dans ses discours les termes «présomption d'innocence».
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Est-ce par omission volontaire ou seulement en vertu d’un principe non écrit contraire au
droit pénal légal et aux conventions internationales édicté par lui-même en tant que porteparole du Gouvernement et qu’il tient à imposer à tous avec autant d’aplomb ?
Toujours est-il que les faits présentés par le Ministre de la Communication sont truffés
d’incohérences, grossièrement dénaturés, empreints de contrevérités qui m’amènent à le
contredire tout aussi publiquement et pour la première fois par ce droit de réponse que je
demande au quotidien gouvernemental Cameroun Tribune qui du reste a suivi le procès et
rendu compte au public de manière respectable.
Car du statut de victime collatérale pour certains, je suis passée à celui de victime tout
court.
Hier encore j’étais poursuivie pour ma présumée « proximité » avec l’ex ministre de
l’économie et des finances Polycarpe ABAH ABAH pour le compte duquel je
« blanchissais de l’argent pour le financement du terrorisme » (rapport ANIF), raison pour
laquelle il a signé en ma faveur un pouvoir spécial m’ayant permis de détourner des fonds
publics jusqu’à « mon compte personnel » pour le « partager » avec mes coauteurs et
complices après une saisie attribution « irrégulière » sous le prétexte d’un « paiement
d’honoraires qui avaient déjà été payés ».
Depuis l’enquête du SED en 2006, j’ai rapporté la preuve de la régularité de ce pouvoir
spécial ainsi que de celles me disculpant de toutes ces accusations. Le SED a bouclé son
enquête pour absence de malversations de ma part. Cela n’a pas suffi au Garde Des Sceaux
de l’époque Amadou Ali qui deux ans plus tard, ordonnait une nouvelle enquête de la
Direction de la police judiciaire sur les mêmes faits. L’accusation a elle-même abandonnée
les charges du rapport de l’ANIF et la commission rogatoire internationale qui devait
prouver une évasion des fonds publics est revenue, infructueuse.
Huit longues années après, le tribunal criminel spécial vient enfin de reconnaître que ces
accusations qui étaient portées sur moi pour complicité avec l’ex Ministre ABAH ABAH
étaient fausses. Me Baleng Maah l’huissier et lui sont acquittés pour faits non établis et ce
n’est que justice. Mais c’est à juste titre aussi que le public reste perplexe lorsque tombe la
sentence pour moi.
Cette décision inattendue au regard de la vérité issue du procès a soulevé l’indignation de
mes avocats qui l’ont exprimé librement, au Cameroun comme en France où le procès était
suivi de bout en bout: Ils sont dans leur rôle.
Comme si la violence des propos et du jugement ne lui suffisait pas, Monsieur le porte
parole du Gouvernement, Ministre de la Communication se sent mandaté pour continuer au
nom de ce dernier son procès contre ma personne, et prononcer lui-même sa sentence de
condamnation, malgré le gong qui a résonné sur la table du Tribunal Criminel Spécial pour
sonner le Glas.
Ceci, à n’en point douter, pour le cas ou le public n’aurait pas compris, que les véritables
Juges et Procureur Généraux et aussi porte-parole du Gouvernement sont concentrés en une
seule personne qui n’est autre que le Ministre de la Communication!
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Comment présenter plus de neuf mois de débats, en deux pages comme l’a fait le porteparole du gouvernement sans s’étendre dans des détails sans intérêt pour le public?
Je vais tenter de le faire avec des explications qui me paraissent utiles, en sollicitant
l’indulgence du public.
Le porte-parole, lui, a pris des raccourcis comme si le procès public et contradictoire n’a
jamais eu lieu. Il refait le procès et malheureusement, je suis toujours l’accusée
préalablement déclarée coupable.
Il est juge, Procureur Général, avocat de l’Etat et moi, accusée, condamnée d’avance.
Le public qui a assisté aux débats, qui a écouté et entendu la vérité de tous les faits, a pu se
faire sa propre idée de celle-ci.
Cette vérité factuelle a même été relatée dans la presse locale après chaque audience y
compris par Cameroon Tribune tout au long du procès et chaque organe de presse selon sa
ligne éditoriale, s’est efforcé de ne relater que les faits débattus.
Le public qui a donc entendu et lu les déclarations du Ministre porte parole du
Gouvernement et qui a suivi le procès, doit être assez surpris de ce propos virulent et
dénaturant les faits, qui ne reflète pas celui qui s’est déroulé devant le tribunal criminel
spécial.
Ceux plus nombreux qui n’ont pas assisté au procès mais qui s’y intéressent pourraient donc
être tentés de croire la seule « vérité des faits » donnée par Monsieur le porte-parole du
Gouvernement.
Je dis bien «pourraient» parce que je ne doute ni de l'intelligence du public, ni de son sens
critique élevé toujours enclin à rechercher la manifestation de la vérité.
C’est par respect pour ce public qui a le droit de savoir que, face à ces déclarations pour la
plupart tendancieuses, que je me sens contrainte de faire les « prolongations » à regret, que
monsieur le Ministre porte-parole du Gouvernement a voulues dans la presse publique et
privée, nationale et internationale, que dis-je, de jouer le match déséquilibré de toute
évidence mais le jouer quand même... tel un néo boxeur courageux, à qui on a porté un
coup déloyal avant de le jeter dans le ring devant un colosse.
Mon souci étant par ailleurs d’éclairer le public tout en essayant de ne pas le lasser je lui
épargne les faits qui se sont déroulés de 1994 à 1999, pour aller tout droit aux faits litigieux,
qui partent de l’an 2000.
MA VERITE, LA VERITE .
Le 22 Août 2000, à ma requête, en tant qu’avocat constitué par le Ministère de l'Economie
et des Finances représentant l'Etat du Cameroun, Me BALENG MAAH Célestin, alors
Huissier de justice à Douala, fit pratiquer entre les mains de la BEAC et au préjudice de la
Société Générale de Banques au Cameroun en abrégé SGBC, une saisie attribution des
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créances pour sûreté et avoir paiement de la somme totale de FCFA 5.124.497.461,24
comprenant conformément à l'Acte Uniforme OHADA sur le recouvrement qui l’oblige, le
principal, les frais et divers autres accessoires.
La SGBC contesta cette saisie devant le juge compétent qui ordonna à travers deux
décisions, le reversement des causes de cette mesure d'exécution forcée pour la première le
21 septembre 2000 (ordonnance n° 1135) et le reversement avec des intérêts et autres frais
calculés aux taux respectifs de 9% et 7% ainsi qu'une astreinte de 10 millions de francs par
jour de retard à compter du prononcé pour la seconde, ce qui a porté la condamnation à la
somme de FCFA 14 Milliards (Ordonnance n°299 du 31 janvier 2001).
Les décisions susvisées qui ont acquis l'autorité de la chose jugée, aucun arrêt n'étant
intervenu postérieurement pour les infirmer ou les annuler, ont validé tous les frais et autres
accessoires contenus dans le procès-verbal du 22 août 2000 susvisé, et me les ont attribués
tandis que le principal, intérêts et autres astreintes, étaient destinés à l'Etat, mon client.
Par ces décisions, les fonds saisis étaient répartis et attribués ainsi qu’il suit :
Pour l’Etat:
Un montant de FCFA 3.987.972.800 en principal, intérêts et frais, augmenté de divers
intérêts supplémentaires de FCFA 1.059.618 453, soit la somme totale de FCFA
4.675.601.253 et autres astreintes portant la créance à plus de 14 milliards qui était dévolue
à l'Etat du Cameroun représenté par le MINEFI par la compétence de son conseil.
Pour l’avocat:
Un montant de FCFA 1.096.353.355 échu par droit, mieux, attribué juridiquement à
l'avocat distractionnaire des frais et dépens (les professionnels savent qu’il s’agit de
sommes recouvrées sur les deniers de la Partie qui a succombé et qui sont évalués
pour validation par le juge du contentieux de l’exécution (le JEX), dans le procèsverbal de saisie et qui comprennent toutes les charges liées a la saisie y compris les
dépens d’autres auxiliaires de justice, avocats et huissiers intervenants).
Cette répartition, la Cour d’ Appel du Littoral l’a confirmée dans un arrêt du 24 mars
2008 rendu sous la pression du Ministre de la Justice Garde des Sceaux de l’époque
Amadou Ali .Un procès-verbal de réunion tenu à la Chancellerie le 30 mai 2008, que
le défunt Ministre ENGOULOU a eu le temps de verser aux débats, en atteste. On y
découvre que le Vice Premier Ministre de la Justice Garde des Sceaux en personne,
exige devant tous les directeurs, parmi lesquels le Procureur Général du TCS
Monsieur NSOGA Zéphirin, alors Directeur des affaires pénales et du Sceaux, le
Secrétaire Général, les Inspecteurs et Procureurs Généraux et devant l’ancien
Ministre des finances ESSIMI MENYE convoqué, que la saisie-attribution de FCFA
2.155.971.808.253 que j’ai fait pratiquer le 15 juillet 2004 et exécuter définitivement
le 21 décembre 2004 soit annulée quatre années après !
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La pression fonctionne, la saisie attribution est déclarée nulle par cet Arrêt du 24
mars 2008 qui servira à postériori de preuve à la Présidence de la République pour
confirmer les mensonges de Monsieur Amadou Ali qui dans ses nombreuses
correspondances à partir de 2005, affirmait déjà que la saisie de 2 milliards pratiquée
contre la SGBC était irrégulière alors qu’une décision de justice l’avait autorisée.
Mais, telle une première balle tirée dans les pieds, le même Arrêt confirme malgré
tout, mon mandat pour agir au nom de l’Etat qui était contesté par la SGBC et la
répartition des sommes saisies et décide que : « les autres frais et accessoires
évoqués ne constituent que les dépens, les honoraires des avocats et autres droits
de recette et frais dus aux huissiers instrumentaires et dont le recouvrement
n’incombe pas à l’Etat …. »
Comme si cette partie des motivations de l’Arrêt devait rester invisible en dehors du
SED qui l’a bien apprécié, ni l’accusation, ni le tribunal n’ont voulu l’accepter. Car
ils auraient conséquemment dus reconnaître que l’accusation de détournement de
fonds tombe, plus encore de détournement de fonds publics.
Il faut rappeler que la procédure de « saisie attribution » est issue des Actes Uniformes
OHADA, eux même issus du Traité OHADA, donc d’une Convention Internationale ratifiée
par le Cameroun qui a primauté sur les lois nationales.
Ce n’est donc que ce Traité qui est applicable dans cette matière que Monsieur le porte
parole du Gouvernement présente sans tenir compte de ce que le Traité OHADA fait
interdiction aux pays signataires l’ayant ratifié comme le Cameroun, de l’interpréter et de
l’appliquer autrement que dans le sens du Traité.
Toute violation par un Etat membre des Actes Uniformes est par conséquent une
violation du Traité et rend nulle toute décision d’une juridiction nationale rendue en
violation de celui-ci.
Mais il semble que ce ne soit qu’un simple détail de l’histoire pour le Ministre de la
Communication porte-parole du Gouvernement signataire du Traité OHADA.
Mais poursuivons sur les faits.
A la suite d'un échange de correspondances, l’ancien Ministre d’Etat de l’Economie et des
Finances Akame Mfoumou reçut par chèque, paiement du principal de la dette et par lettre
du 03 avril 2001, écrivit à la SGBC directement qu’il donnait mainlevée « entière et
définitive de cette saisie pour solde de tout compte », une correspondance transmise
directement à l'adversaire de l'Etat la SGBC, à l'insu de son conseil (Me EYOUM) et de
l'huissier agent d'exécution requis (Me Baleng Maah Célestin), mais également à l’insu du
Secrétaire Général du Ministère des finances de l’époque Urbain Olanguena Awono, à
l’insu de Monsieur Ngwem Honoré, Directeur des Affaires Juridiques de l’époque et à
l’insu tout simplement des services concernés.
Cet « arrangement » fut conclu en dehors du Ministère des Finances entre Monsieur
Doumbe Mathurin de la SGBC qui déclare même l’avoir « conclut » dans un hôtel de la
place, feu Noa André de la SGBC et Me Mbiam Emmanuel, avocat qui représentait à la
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fois les intérêts de la SGBC, et officieusement, ceux du Ministre d’Etat de l’Economie et
des Finances Monsieur Edouard Akame Mfoumou. Ce que du reste confirme monsieur
NSOGA au cours de la réunion évoquée.
Cet accord était donc secret entre les protagonistes suscités et l'est resté car conclu dans
mon dos alors que j’étais l’avocate mandatée officiellement et défendant les intérêts de
l’Etat en justice avec comme seul avocat contradicteur officiellement mandaté par et pour la
SGBC, Me Henri JOB, mais aussi dans le dos des responsables des services techniques cités
plus haut. Les rumeurs de remaniement ministériel persistant il fallait faire vite mais le
temps manqua.
Et comme trois semaines à peine plus tard, en raison du remaniement ministériel intervenu,
le Ministre d’Etat Akame Mfoumou quitta ce Ministère, l’accord secret ne fut pas
officialisé.
Tout ce que je savais, c’est que la SGBC avait remis au Ministre d’Etat AKAME
MFOUMOU avant son départ de ce département ministériel, sur les FCFA 5.124.497.461,
24, un montant partiel de FCFA 3.615.972.800 payé par chèque à l’ordre du trésor public et
que le reliquat restait à payer nonobstant une action en dommages-intérêt contre la SGBC
toujours pendante à ce jour devant le Tribunal de Grande Instance du Littoral à Douala.
Le 15 juillet 2004, sous la tutelle du Ministre Meva’a M’Eboutou et d’un nouveau
Secrétaire Général du Ministère des Finances Henri Engoulou, une autre saisie-attribution
des créances fut donc pratiquée au préjudice de la SGBC pour le reliquat des sommes
relevant de la première saisie (22 août 2000) par les mêmes auxiliaires de justice sus visés,
n'ayant du reste jamais reçu instruction d’interrompre les actions engagées contre ce
débiteur de mauvaise foi devant les juridictions.
Par ordonnance n° 76 rendue le 14 décembre 2004, le juge du contentieux de l'exécution de
Douala-Bonanjo, à la suite de pertinentes réquisitions du Ministère Public du 25 octobre
2004 rejeta point par point, toutes les allégations de la SGBC tendant à obtenir l’annulation
de cette deuxième saisie attribution et ordonna le paiement par la BEAC des sommes ainsi
saisies attribuées.
Je dis bien toutes les allégations car je constate que ce sont les mêmes arguments maintenus
par l’accusation contre l’évidence des preuves qui sont repris dans le communiqué du
Ministre de la Communication porte-parole du Gouvernement, objet de ce droit de réponse à
savoir :
Un accord transactionnel a été signé :
REPONSE : plusieurs juges compétents en la matière l'ont rejeté;
Les frais de procédures fixés étaient exorbitants :
REPONSE : argument rejeté par le juge compétent ;
Un arrêt de « donné acte » a « homologué la transaction » :
REPONSE : argument rejeté par le juge compétent ;
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La créance de la SGBC envers l'Etat est éteinte par la lettre du 3 avril 2001 donnant
mainlevée entière et définitive de la saisie du 22 août 2000 de FCFA 5.124.497.461, 24,
REPONSE : argument rejeté par le juge compétent.
C’est ainsi que la BEAC a reçu signification de ce jugement exécutoire nonobstant toute
voie de recours, c’est-à-dire qu’il y ait un recours en appel ou une demande de suspension
ou non, le jugement est exécutoire et doit être immédiatement exécuté.
Alors nantie du Pouvoir Spécial délivré par mon client à travers le Ministre de l’Economie
et des Finances nouvellement nommé Polycarpe Abah Abah et ce, conformément à l'Article
165 de l'Acte Uniforme OHADA portant sur le recouvrement à la demande du tiers saisi, et
en application de l'Acte Uniforme OHADA sur le recouvrement ayant primauté sur les lois
nationales, le 23 décembre 2004, la BEAC vira les sommes saisies et validées par le juge du
contentieux de l'exécution dans l'un de mes comptes professionnels
Le Ministre Délégué Chargé du Budget, Henri Engoulou aussitôt informé de l'effectivité du
recouvrement, me demanda de virer la moitié des sommes perçues dans un compte du
Trésor Public domicilié à la BEAC en attendant que nous nous accordions sur mes
honoraires.
Le 24 décembre 2004, je m’exécutai en moins de 48 heures après le recouvrement à la
BEAC, sans attendre le délai d’un mois prévu par la loi n° 90/59 du 19 décembre 19990
portant organisation de la profession d’Avocat fixée comme délai maximum pour remettre
les fonds ou les biens saisis pour son compte au client.
La différence correspondant au montant total des dépens validés fut donc ainsi
légalement détenue avec l’accord de mon client qui estimait que l’Etat avait recouvré
son dû.
Dès janvier 2005, des rumeurs commencèrent à circuler sur des « honoraires exorbitants »
que j’aurais touchés mais cela ne m’inquiéta que lorsqu’elles devinrent persistantes et
relayées en grands titres par la presse qui s’indignait de ce détournement de deniers publics
en me traitait de tous les noms que la décence ne me permet pas de reprendre ici.
Pendant ce temps dans les coulisses du Ministère de la Justice naquit l’idée de « rétablir la
SGBC dans ses droits » bafoués d’après eux par les nombreux juges qui ont condamné cette
banque à payer les deniers publics qu’elle avait détournés de son compte de destination.
D’après l’accusation, c’est « le refus du Ministre de l’Economie et des Finances Polycarpe
Abah Abah de rétablir la SGBC dans ses droits qui déclencha les poursuites pénales contre
tous les accusés pour détournement de deniers publics en coaction et complicité».
C’est cette « désobéissance à l’instruction du Chef de l’Etat tendant à rétablir la SGBC dans
ses droits » qui m’a valu ainsi qu’à tous les « coauteurs et complices », des réquisitions de
l’Avocat Général demandant la condamnation à vie de tous les accusés.
Mais les Juges du Tribunal Criminel Spécial ont décidé de condamner l’avocate avec un
Ministre décédé en détention HENRI ENGOULOU et un accusé en fuite Honoré NGWEM
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après avoir acquitté deux innocents seulement, le Ministre Polycarpe ABAH ABAH et
l’huissier de justice BALENG MAAH Célestin pour ne pas avoir à reconnaître que tous les
accusés sont innocents et que le Chef de l’Etat a été trompé par ceux-là même, Juges et
Procureurs Généraux qui ont fait les premiers montages des dossiers de l’accusation au
Ministère de la Justice et à la Présidence de la République à partir de 2005 !
Voila donc que traduite à tort devant le Tribunal Criminel Spécial, je suis déclarée coupable
du crime de détournement de deniers publics et condamnée à 25 ans d'emprisonnement
ferme ainsi qu'au paiement de la somme de FCFA 1.153.444.981 solidairement avec feu le
Ministre Henri ENGOULOU, jugé alors qu’il est décédé et Monsieur Ngwem Honoré qui
ne vit plus au Cameroun, à titre de dommages et intérêts et à la confiscation de tous nos
biens.
Outre l’illégalité de la condamnation de ce haut commis de l’Etat ignoblement sali alors que
le tribunal a déclaré les poursuites éteintes à son endroit pour cause de décès Monsieur le
Ministre porte-parole de ce même Gouvernement qui a tenu à lui rendre hommage
officiellement ne trouve-il pas indécent cette condamnation d’un mort présumé innocent et
effectivement innocent à la confiscation de ses biens c’est-à-dire la maison abritant épouses
et enfants ?
Cela n’honore ni le Cameroun, ni les Camerounais
Mais pour quels faits?
Que ce soit les faits tel que je viens de les relater de manière succincte, ou ceux tronqués par
le Ministre porte parole du Gouvernement où se situe donc l’infraction pénale ? Le
crime ?
Il ne s’agit que de faits essentiellement civils et pour lesquels je n’ai eu de cesse de solliciter
un règlement civil qui respecte l’Autorité Publique mais aussi mon honneur, ma dignité,
l’objectivité requis dans la circonstance.
J’ai annoncé dans mon propos introductif que je répondrai point par point aux
contradictions, dénaturations des faits, contrevérités les plus saillants de ce communiqué de
presse du Ministre porte-parole du Gouvernement transformé pour l’occasion en porte
parole du Procureur Général et des Juges du TCS.
1/ Monsieur le Ministre porte parole du Gouvernement dans son communiqué de presse
déclare « Après avoir contesté cette saisie qu'elle jugeait exorbitante, la SGBC finit par
proposer un règlement à l'amiable, qui se solde par un protocole d'accord avec le
Ministère de l'Economie et des Finances »;
REPONSE : il a été prouvé devant le Tribunal qu’aucun protocole d'accord n'a été signé
entre les parties entre 2001 et 2010 pour consacrer ce règlement à l'amiable qui s’est soldé
dans le secret et que ce document annoncé dans les réunions dans les ministères a été
réclamé en vain par le Secrétaire Général de la Présidence de la République en février et
mai 2005. En vain, puisqu'il n'existait pas !!!
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Mais Monsieur le Ministre de la Communication porte-parole du Gouvernement pour
l’occasion transformé en prestidigitateur le présentera certainement au public lors de son
prochain point de presse sur le cas Me Eyoum !
2/Le Ministre de la Communication déclare qu'en Avril 2001, je cite : « Pour l'ensemble
de ses diligences, Me Eyoum perçoit alors à titre d'honoraires, la somme de 379
millions de francs » ;
REPONSE : j’ai perçu cette somme à titre d’honoraires facturés et payés en juin 1999 (et
non en avril 2001) par le Ministre Akame Mfoumou pour trois procédures de nature
distinctes à gros risques et gros intérêts gagnées et terminées définitivement.
Le Ministre d’Etat Akame Mfoumou, ex-Ministre de l’Economie et des Finances entendu,
n’a-t-il pas confirmé la satisfaction de ce département ministériel pour mes services qui
l’ont poussé jusqu’en avril 2001, date de son départ de ce Ministère, à me confier des
dossiers dont le plus important en terme d’intérêt portait sur 23 milliards de FCFA ?
Alors que j’ai obtenu un gain pour l’Etat de plus de 20 milliards et évité une condamnation
plus lourde en France contre l’Etat je n’ai toujours pas été rémunérée selon les conditions
fixées par le ministre d’Etat lui-même à l’époque. Mais cela n’ a dérangé personne.
Ainsi allaient mes relations avec ce ministère qui mettait toujours des années avant de me
rémunérer. Cette patience est rare chez plusieurs de mes confrères qui préfèrent
généralement abandonner là où moi je remplissais à mes frais mon mandat jusqu’au bout.
Pour ceux qui se demandent comment j’ai pu tenir aussi longtemps avec un tel client bien
qu’illustre qui ne payait jamais de provision en début de mandat je réponds : par la
patience et le dévouement.
3/Monsieur le porte-parole du Gouvernement déclare qu'en pratiquant la saisie attribution
des créances du 15 juillet 2004, Me Eyoum a choisi « de faire-fi de l'arrêt de
donner-acte du 08 août 2001 de la Cour d'Appel du Littoral à Douala; C'est ainsi
qu'elle va fixer ses honoraires à la somme de 825 millions FCFA, en sus de ceux
déjà perçus, à concurrence de 379 millions de FCFA ».
REPONSE : Il omet de préciser que cet argument a été rejeté par le Tribunal lors de la
procédure en contestation de cette saisie attribution du 15 juillet 2004 après les réquisitions
du ministère public. Que j’ai même toujours dénoncé en cet Arrêt le faux judiciaire car le
juge qui l’a rendu avait été muté sans l’avoir rédigé. Il n’a pu signer la minute de l’Arrêt
que des années plus tard alors qu’il n’était plus en poste à la Cour d’Appel du Littoral. Je
suis persuadée qu’il a pu de bonne foi ne pas voir que la minute avait été modifiée. Dans
nos juridictions c’est monnaie courante. Ces disfonctionnements n’ont pas pu échapper au
porte-parole du Gouvernement qui, comme les autres, préfèrent plutôt couvrir la SGBC.
Au lieu d’ouvrir une enquête sur ce faux dénoncé par le ministère des finances qui ignorait
comme moi qu’une telle expédition ait été délivrée et que la SGBC sans jamais l’avoir
signifiée, s’en servait dans les coulisses des Ministères et de la Présidence de la République
et même à son siège à Paris comme un Arrêt d’homologation de la fameuse transaction qui
n’avait pas été signée, tous les protagonistes de cette cabale se sont transformés en
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« protecteurs » de la banque et en accusateurs de Me Eyoum l’avocat de l’Etat, quelle
ironie …..et c’est moi qui suis en prison, condamnée à 25 ans !
Les jugements et réquisitions qui attestent du rejet par les juges compétents de cet argument
ont bien été produits aux débats devant le TCS.
Mais les juges du TCS n’ont jamais voulu prendre en compte lesdits jugements et
réquisitions rendus par des juges compétents puisqu’ils ont statué sur les affirmations du
Garde des Sceaux Amadou ALI et donc du Procureur Général monsieur NSOGA, l’auteur
des notes et rapports envoyés à la Présidence de la République.
Et pourtant seuls les juges habilités à statuer en cette matière organisée par le Traité
OHADA sont compétents pour apprécier le fondement, la légalité, la régularité ou non de la
saisie attribution pratiquée.
Sachant du reste que la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage d'Abidjan, juridiction
suprême compétente en la matière, doit encore se prononcer sur la régularité de cette saisie
attribution en vertu du recours en cassation contre l’arrêt du 24 mars 2008 que le Ministère
des finances contestait en ce qu’il avait annulé une saisie inexistante, ma condamnation n'en
est que plus contestable et même scandaleuse.
J'en déduis amèrement que puisqu’il fallait absolument des coupables, l’accusation, le
Tribunal tout comme le porte parole du Gouvernement, ont omis de mettre en accusation
ces Juges et Procureurs compétents ayant condamné la SGBC, autorisé et validé la
saisie pratiquée et entièrement exécutée malgré ces griefs totalement non fondés et
contredits par les débats.
Ils n’ont pas compris que ce n’est pas à moi qu’il fallait s’en prendre puisqu’il fallait
absolument un ou des coupables de lèse-Société Générale, mais peut-être alors aux
magistrats compétents qui ont rendu les décisions exécutées ayant confirmé la répartition
des sommes tel que développés plus haut mais aussi, la Banque des Etats de l’Afrique
Centrale (BEAC) qui m’a payée ces sommes conformément à la loi et en exécution d’une
décision de justice sur les deniers de la SGBC et non de l'Etat du Cameroun représenté par
le Ministère des Finances.
La SGBC connaissait les voies de recours idoines et savait que même en cas d’irrégularité
de la saisie, la seule voie ouverte au final est la répétition de l’indu que les puristes
appellent l’action de in rem verso.
Elle a choisi de tricher et d’entrainer l’Etat dans ses manigances en faisant rendre dans les
Ministères une justice parallèle.
C’est ce qui explique à mes yeux, le harcèlement dont j’ai fait l’objet qu’il fallait rendre
plausible en m’attribuant des coauteurs et complices Ministres et huissier.
Elle a continué jusqu’en 2010, après m’avoir fait jeter en prison de « faire feu de tout bois »
selon la propre expression de son représentant Mathurin DOUMBE EPEE pour que l’Etat
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lui rembourse les sommes que j’ai légalement saisies et dont une partie seulement lui
revenait.
Elle a réussi à obtenir ce remboursement en mai 2010, date à laquelle le fameux protocole
d’accord resté en multiples projets, a été signé. Mais au lieu de se tourner vers moi pour une
confrontation juridique au civil, la SGBC et le Ministère de la Justice se sont mis d’accord
pour criminaliser les faits et me jeter en prison, puis me condamner pour ce crime de lèsesociété générale de banque.
La vérité est que l’Etat a été manipulé pour restituer à la SGBC une somme qui n’était
pas due, en « compensation ! »
Il est plus que temps, Monsieur le porte-parole du Gouvernement de reconnaître que moi je
n’ai fait que mon travail qui était de défendre les intérêts de l’Etat et au besoin, de faire
vérifier par un expert indépendant où se trouve l’erreur.
Pour mes actions en recouvrement et ses suites intentées en 2000 par la saisie de 5 milliards,
ma note d'honoraires a été transmise en mains propres au Ministre d'Etat, Ministre de
l'Economie et des Finances, Monsieur Edouard Akame Mfoumou en février 2001, qui l'a
cotée à ses services compétents sans la rejeter ni émettre des réserves et elle n’a jamais
été payée !!!!
Celle-ci concerne des diligences et procédures de saisie attribution de 5 milliards (2000 à
2001) différentes de celles que j'avais accomplies de 1994 à 1999 et cette preuve a été
présentée au Tribunal, confirmée lors du témoignage du Ministre d’Etat suscité car forcé de
l’admettre.
En tout état de cause, en fonction de la durée des affaires et de leur complexité, les avocats
peuvent présenter des factures ou notes d’honoraires à plusieurs étapes de leur travail. Cela
s’appelle provisions. Ce sont des questions professionnelles régies par la profession
d’avocat.
Où se situe donc l’infraction si le travail est effectif ? Il y aurait faute en cas de paiement
pour un travail fictif et c’est loin d’être le cas.
4/ Le Ministre de la Communication affirme que « Me Eyoum va d'abord verser
l'intégralité des fonds virés par la BEAC dans son compte personnel, puis la moitié
de cette somme dans le compte d'une certaine société OFALY dans laquelle elle
avait droit de signature alors que cet argent aurait dû être reversé au Trésor
public ou alors dans un compte-client ».Il poursuit :
« C'est sur cette base que le Tribunal criminel spécial a établi la culpabilité de l'accusée, et
l'a condamnée à 25 ans d'emprisonnement ferme ».
Mais, Monsieur le Ministre porte parole du Gouvernement, cette « base » est-elle
constitutive du crime de détournement de deniers publics ?
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Le jugement rendu le 26 septembre 2014 n’a encore été expédié, ni aux parties, ni au public
à ce jour, car toujours non définitivement rédigé ! Mais vous connaissez déjà ses
motivations !!!
Comment ?
Allez-vous aussi dicter la rédaction des termes du jugement et la motivation de celui-ci aux
juges du TCS ?
Au demeurant, la question relative au virement des sommes d'argent dans mon compte
personnel ou mon compte-client, ce dont l’accusation ne sait rien puisque seul le Bâtonnier
de l’Ordre pouvait en juger, avait-t-elle une incidence sur la décision du Tribunal Criminel
Spécial ?
Car n’ai-je pas reversé et donc payé à mon client, le Ministère des Finances, 24 heures après
le recouvrement des fonds, les sommes qui lui étaient attribuées et réclamées, suite à la
lettre-fax du Ministre Délégué chargé du Budget Engoulou Henri qui était dans ses
prérogatives et dans ses attributions?
N'était- il pas nommé par décret avec des attributions précises et comme il avait coutume de
le répéter, était-il « un sous Ministre »?
A-t-on considéré comme frauduleuses les nombreuses décisions qu’il signait au quotidien ?
Et quand bien même il n’aurait pas été habilité à le faire, en quoi cela concernerait-il
l’avocat que je suis exerçant une profession libérale et indépendante ?
De plus, dès lors qu'il n'y a jamais eu de contentieux d’honoraires, ni aucun autre
contentieux avec mon client qui n'a jamais réclamé cet argent à ce jour et ne s'est jamais
plaint même après le départ de cette équipe du Gouvernement, (Abah Abah Polycarpe et
Engoulou Henri) que les pièces du dossier et témoignages le confirment, où se situe le
crime ?
Le Bâtonnier de l’Ordre, compétent pour dire si oui ou non un problème se pose dans la
gestion des fonds recouvrés, a-t-il été saisi d’une quelconque plainte de mon client ou même
de l’Etat lui qui est seul compétent d'après la loi pour apprécier les questions
professionnelles ?
Le fait que mon compte ne soit pas intitulé à la banque « compte client » m’empêche-t-il
d’avoir dans ma comptabilité, un compte-client ?
En tout état de cause cela constitue-t-il une faute pénale ?
Qui donc a vérifié mes comptes dans ma comptabilité pour leur donner une qualification ?
Monsieur le porte parole du Gouvernement, serait-il aussi devenu porte parole du Bâtonnier
et du conseil de discipline du Barreau ?
Vous citez la loi de 90 sur la profession d’Avocat mais ni le Garde des Sceaux AMADOU
ALI, ni l’accusation, ni les avocats de la partie civile ne l’ont respectée avant d’engager des
poursuites pénales contre un avocat qui exerce une profession protégée car vous-même ne
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seriez pas en train de donner des qualificatifs à mes comptes, ni de débattre sur les questions
d’honoraires sur la place publique sachant que cette loi confie la compétence sur ces
questions au Bâtonnier de l’Ordre, au Conseil de Discipline du Barreau et aux juridictions
civiles.
Car la seule sanction prévue dans l’hypothèse évoquée dans votre narration de la « vérité
des faits » est une sanction disciplinaire et non pénale.
C'est ce qui ressort de l'alinéa 4 de l'article 37 de la loi organique de la profession d'Avocat
qui dispose que: « Il est tenu de lui verser, dans un délai maximum d'un mois, les
sommes perçues à son profit, sous peine de poursuites disciplinaires ».
En tout état de cause Monsieur le porte parole du Gouvernement devrait savoir que la
motivation du Tribunal criminel spécial sur cette base manquerait de légalité en droit.
5/Monsieur le Ministre de la Communication Porte Parole du Gouvernement affirme que :
«Me Yen Eyoum et ses conseils ont multiplié à la fois des incidents de procédure et
des exceptions préjudicielles, en fait des arguties consistant à ne pratiquer rien
d'autre que du dilatoire ».
Mais, sait-il seulement que tout l'arsenal juridique qu’il évoque appartient à notre
ordonnancement juridique et permet au justiciable de l'utiliser pour sa défense ?
Le dilatoire dont parle le Ministre de la Communication suppose que mes conseils et moimême avions voulu gagner du temps en invoquant des exceptions pour ralentir le cours de la
procédure.
Serais-je aussi juge, maître du temps et de la durée des procès, responsable des délais non
respectés, des lenteurs judiciaires décriées par tous et même de décisions rendues
clandestinement dans mon cas?
J’assumerais toutes ces responsabilités que ce procès serait terminé depuis longtemps.
Monsieur le porte parole du Gouvernement, avec votre permission, illustrons ensemble les
causes de la durée anormale de l’instruction de cette affaire.
A -L'existence de deux (02) enquêtes préliminaires pour la même affaire
Le Secrétariat d'Etat à la Défense (SED) qui a été saisi par le Vice Premier Ministre, ex
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux pour ouvrir une enquête courant 2006, a conclu
qu'il n'y avait pas de malversation dans cette affaire.
Monsieur le Ministre porte-parole du Gouvernement n’a-t-il pas omis de préciser qu’une
seconde enquête a été ordonnée et exécutée cette fois par la police judicaire ?
Cette seconde enquête est nulle en vertu de l’article 3 alinéa 1 du Code de Procédure Pénale
lequel dispose que :
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« 1, La violation d’une règle de procédure pénale est sanctionnée par la nullité absolue,
d’ordre public donc lorsqu’elle :
- préjudicie aux droits de la défense définis par les dispositions légales en vigueur ;
- porte atteinte à un principe d’ordre public.
2, La nullité prévue au paragraphe 1 du présent article ne peut être couverte. Elle peut être
invoquée à toute phase de la procédure par les Parties, et doit l’être d’office par la
juridiction de jugement » ;
Est-ce un dilatoire que d'invoquer une telle violation de la loi?
B- J’ai été arrêtée sans aucun mandat
Le 8 janvier 2010, tel un gangster, sans convocation, ni mandat de comparution, ni mandat
d’amener prévus par l’article 12 du Code de Procédure Pénale, j'ai été interpelée à Yaoundé
et conduite manu militari à la Direction de la Police Judiciaire.
Pourquoi m’est-il reproché de le dénoncer ?
Le Ministre de la Communication peut-il valablement parler de dilatoire lorsque mes
conseils et moi demandons l'application de la loi sur cette violation ?
C- La violation des principes constitutionnels de la séparation des pouvoirs et
l'indépendance du pouvoir judiciaire
J’ai été arrêtée sur la base d'une véritable lettre de cachet de l'ex Secrétaire Général de la
Présidence de la République du 29 décembre 2009.
Alors que l’article 37 alinéa 2 de la Constitution camerounaise dispose que « le pouvoir
judicaire est exercé par la Cour Suprême, les Cours et Tribunaux. Il est indépendant du
pouvoir exécutif et du pouvoir législatif ».
S'agit-il de dilatoire lorsqu'un avocat se prévaut d'une telle violation de la loi dans un Etat
de droit ?
Au nom de quoi cela doit-il rester secret ?
Pourquoi aucun juge n’a vérifié si cette instruction venait réellement du Chef de l’Etat ?
Le Cameroun n'est il pas un Etat de droit ?
D- Sur ma détention arbitraire
L'article 221 du Code de procédure Pénale dispose que:
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« (1) La durée de la détention provisoire est fixée par le juge d'instruction dans le mandat.
Elle ne peut excéder six (6) mois. Toutefois, elle peut être prorogée par ordonnance
motivée, au plus pour douze (12) mois en cas de crime et six (6) mois en cas de délit.
(2) A l'expiration du délai de validité du mandat de détention provisoire, le juge
d'Instruction doit, sous peine de poursuites disciplinaires, ordonner immédiatement la mise
en liberté de l'inculpé, à moins qu'il ne soit détenu pour autre cause ».
Sachant que le mandat de détention provisoire est l'ordre donné par le Procureur de la
République en cas de crime ou délit flagrant, le juge d'Instruction ou la juridiction de
jugement, au régisseur d'une prison, de recevoir et de détenir l'inculpé ou l'accusé pour une
durée n’excédant pas 18 mois, sur la base de quel acte judiciaire appelé titre de détention aije été gardée en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé entre le 12 juillet 2011
(18è mois de ma détention provisoire) et le 26 septembre 2014 date à laquelle mon mandat
d'incarcération a été prononcé par le Tribunal Criminel spécial ?
Est-ce du dilatoire que d'invoquer une telle aberration dans un Etat de droit et pensez-vous
que ma condamnation couvre le passé ?
Mais puisque le Ministre porte parole du Gouvernement approuve et ne se demande pas
pourquoi les services techniques très compétents et l’Avocat officiellement mandaté ont été
tenus à l’écart de « l’arrangement » évoqué précédemment,
Puisque le porte-parole du Gouvernement trouve normal que la Société Générale qui a
qualifié cette saisie d’« exorbitante » et qui est venue trouver « justice » dans les ministères
parce que la justice l’avait condamnée après l’avoir reconnue de mauvaise foi depuis 1994 à
des astreintes et frais beaucoup trop élevés à son goût, impose à l’Etat par des manœuvres
frauduleuses ses désidératas et soit protégée pendant qu’on livre l’avocate à la vindicte
populaire et qu’on la condamne à passer sa vie en prison,
Puisqu’aussi bien l’accusation, le Tribunal, que le porte parole du Gouvernement
refusent de tenir compte du fait que l’Avocate Me Lydienne Yen Eyoum
représentait loyalement les intérêts de l’Etat Ministère des Finances dans le procès ayant
abouti à ce fameux arrêt du 08 août 2001 et qu’à ce titre elle n’a jamais reçu
communication de ce protocole d’accord inexistant,
Puisque tous mes accusateurs refusent de reconnaître par une simple lecture dudit arrêt
que le juge n’a pas pu me donner acte pour le compte de mon client que je représentais
seule, d’une transaction que je n’ai jamais ni reçue aux débats en communication ni
produite puisqu’il s’agissait de mon client, ni évoqué, ni même entendu évoqué devant
cette Cour d’Appel, l’affaire ayant été mise en délibéré après mes conclusions pour le
compte de l’Etat demandant à cette Cour la confirmation du jugement ayant condamné
la SGBC au paiement du principal et des astreintes.
J’en déduis aisément que l’objet de cette campagne médiatique persistante du
porte-parole du Gouvernement est de convaincre le public du bien-fondé de ma
condamnation mais pas seulement !
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J’accuse monsieur le porte-parole du Gouvernement de profiter de sa position
pour tenter d’influencer l’opinion des honorables membres de la Cour Suprême
saisis de mon recours en cassation.
Car où a-t-on vu un représentant de l’exécutif porte –parole du Gouvernement
faire ce type d’exercice dans un Etat de droit alors même que le procès est
toujours en cours?
Un tel exercice inédit dans une République n’apporte-il pas la preuve s’il en était
encore besoin, de cette ingérence de l’exécutif sur le judiciaire ?
Monsieur le porte-parole du Gouvernement expert dans « l’affaire Me Lydienne Yen
Eyoum » expliquera peut être au public comment un juge peut donner acte aux parties de
leur transaction alors qu’aucune transaction n’a été ni versée au dossier de la Cour ni même
été signée, alors que la Partie Ministère des Finances demandait plutôt la condamnation de
la SGBC ?
Il expliquera également au public comment Me MBIAM Emmanuel, Avocat tantôt du
Ministère des Finances, tantôt de son adversaire ( dixit le Procureur Général du TCS
monsieur NSOGA), la SGBC, a touché en 2001 un chèque de 354.854.510 FCFA pour
obtenir cet arrêt de « donné acte » du 8 août 2001 ?
Le Ministère des Finances à l’unanimité des services compétents (Secrétariat Général,
Direction des Affaires Juridiques jusqu’aux Ministres des Finances qui se sont succédés
après le départ en 2001 du Ministre d’Etat Monsieur Akame Mfoumou) a toujours déclaré
l’inexistence de ce protocole d’accord réclamé par écrit par la Présidence de la République.
Et toujours la même réponse : « il n’existe pas, il n’y a pas eu d’accord définitif … ».
Mais rien n’y fait. On a trompé le Chef de l’Etat, ses services ont cru à ce mensonge, il ne
faut surtout pas que le Chef de l’Etat soit amené à le comprendre et demander des comptes !
Pour cela comme garantie toute trouvée il y a l’avocate franco- camerounaise que l’on peut
tenir en otage.
Je me permets de suggérer à Monsieur le porte parole du Gouvernement lors de ses
prochaines conférences et communiqués officiels sur mon cas, de présenter et de donner
lecture au public de cet arrêt de « donné acte ».
Le public verra alors que l’avocate du Ministère des Finances qui n’a manqué aucune
audience, n’a pas suivi de débat sur une inexistante transaction.
Un juge ne peut donner acte c’est-a-dire « prendre note » au cours d’un procès que de ce
qu’une Partie ou toutes le lui demande. Il ne peut pas donner acte à une Partie de ce qu’elle
ne demande pas !
Et même à le supposer, cela ne constitue pas la décision du juge qui dans ce fameux arrêt dit
« rejette l’appel de la SGBC celui –ci étant sans objet. »
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C’est cela l’arrêt appelé arrêt de donné acte.
A force de tricher, la SGBC s’est tiré cette autre balle dans le pied. Car si un jour un audit
juridique se faisait, le faux serait évident mais est-ce la vérité qui est recherchée ?
Il me semble que c’est une exigence du Chef de l’Etat, Garant d’une bonne justice.
Mais avez-vous comme moi écouté la voix autorisée en la matière ?
Alors peut-être le public pris à témoin pourra- t-il compter prochainement sur Monsieur le
porte-parole aux fins de lui présenter un audit juridique de cet « arrêt de donné acte » qu’il
faudra également définir.
Monsieur le Ministre porte-parole du Gouvernement je vous prierais au passage de noter à
toutes fins utiles que lorsque près de trois ans après, le Ministère des Finances en a eu
connaissance, j’ai formé un pourvoi contre cet arrêt de donné acte qui constitue un véritable
faux judiciaire pour le compte de l’Etat, pourvoi resté sans suite à ce jour, ce qui fait que
votre arrêt de « donné acte » n’est pas définitif !
Il faut croire que les vraies infractions commises par la SGBC et certaines personnes
agissant dans son intérêt n’intéressent, ni le Tribunal Criminel Spécial, ni le porte parole du
Gouvernement. Quand on a été en amont, il faut de l’honnêteté et du courage pour se dédire.
Mais voilà pourtant ce qui explique que pour le Ministère des Finances dont j'étais toujours
le conseil, il ait été évident qu’une partie de la créance restait toujours due à l’Etat ainsi que
la part attribuée aux avocats et autres auxiliaires de justice.
J’ai tout naturellement avec l’aval de mon client le Ministère des Finances, fait pratiquer
une saisie attribution complémentaire reconnue régulière et légale par le juge compétent, car
autrement, la BEAC n'aurait jamais pu l’exécuter et je n’aurais jamais pu, même avec un
pouvoir spécial régulier, recouvrer la somme de 2.155.971.808,24 FCFA.
Je vous rappelle que j’exerce ma profession en mon nom, mon cabinet n’étant pas une
Société Civile Professionnelle et tous mes comptes, quelque soit leur intitulé, sont
professionnels et bien connus du fisc et servent pour mes besoins professionnels !
Lorsque le Ministre du Budget m’a demandé de virer la moitié des sommes soit FCFA
1.077.985.904, il ne payait pas mes honoraires qui sont toujours en attente d'être arrêtés
définitivement, mais tenait juste compte de la répartition arrêtée par les Tribunaux comme
décrite ci-dessus.
Le Ministre Abah Abah le reconnaitra aussi ultérieurement par une correspondance adressée
au Secrétaire Général de la Présidence de la République en guise de clarification lorsqu’il
est demandé de « rétablir la SGBC dans ses droits » alors que la justice avait décidé le
contraire et définitivement.
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La vérité qu’on a toujours voulu cacher au public c’est que, malgré les abandons au profit de
la banque de sommes colossales, j’ai reversé au Trésor Public un total de FCFA
4.675.601.253, soit une somme supérieure et à juste titre à celle qui était réclamée à la
banque dès le départ du litige en 1994 qui était de FCFA 3.697.972.800, c’est-à-dire le
montant du virement venu de Paris et que la banque avait frauduleusement
détournée !
Il est donc clair, évident et sans équivoque que les sommes restées en ma possession
m’étaient attribuées par la justice pour les procédures légalement gagnées sur les
deniers de la SGBC en couverture de mes divers frais et dépens d’huissiers accumulés
depuis l’an 2000.
Cette banque dont l’incivisme scandaleux et la mauvaise foi récurrents sont relevés avec
force par Monsieur le porte parole du Gouvernement qui pourtant n’en est nullement
choqué au contraire, s’est arrangée à faire emprisonner l’avocate de l’Etat pour avoir gagné
plusieurs procès contre elle dans l’intérêt de l’Etat et pour l’avoir fait condamner à des
sommes très importantes !
La SGBC, banque privée, détourne les fonds publics, est condamnée pour cela par
plusieurs juridictions jusqu’à la Cour Suprême mais à la fin, les fonds de l’Etat et donc des
citoyens, du peuple camerounais, lui sont « restitués » par l’Etat, en « compensation », l’Etat
cette fois conseillé par des Avocats choisis par la banque pour défendre leurs intérêts contre
ceux de l’Etat (Mes Emmanuel MBIAM et MALOKA) qui font signer à l’ Etat le fameux
protocole d’accord tant recherché seulement en mai 2010 !
Pour ceux qui ne le savaient pas, c’est ce qui explique l’attitude agressive et haineuse de Me
MALOKA, avocat constitué pour la partie civile en 2010 à la demande du Ministère de la
Justice et qui est comptable de cette manipulation avec Me MBIAM. Sa haine et surtout la
peur qu’il soit publiquement percé à jour pour son double-jeu transparaissent chaque fois
qu’il évoque mon nom, au point de lui faire perdre toute objectivité et tout respect de la
confraternité.
Ceux qui ont assisté au procès ont bien compris qu’il défendait tout le contraire de la
position du Ministère des finances, s’accrochant à l’Avocat Général comme à une bouée de
sauvetage.
L’Avocat qui plaide contre son propre client le ministère des finances, est-il digne d’être
appelé l’avocat de la partie civile ? Qui est partie civile la SGBC ? le Procureur général où
le ministère de la justice ?
Ila été démontré que la véritable partie civile le ministère des finances n’a subi aucun
préjudice de ma part.
Tout ceci ressort du dossier du tribunal mais n’est lisible pour aucun de mes accusateurs.
Savez-vous, Monsieur le porte- parole qui avez si bien lu la loi et la déontologie sur la
profession d’avocat qu’il s’agit là de la manifestation d’une faute grave et flagrante passible
de poursuites pénales ?
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Seriez –vous aussi du même camp que ceux qui ne défendent que la SGBC dans cette
affaire au détriment des intérêts de l’Etat?
Mais le bouc émissaire est tout trouvé pour servir de bouchon de la boîte de pandore en
demeurant en prison.
Mais à quoi cela sert –il aujourd’hui puisque toute la vérité est versée au dossier ?A tromper
le public ou le Chef de l’Etat ?
L’histoire et un audit juridique et financier diront un jour qui a spolié les camerounais
au profit de la SGBC et à l’instigation de qui.
Car l’avocat resté fidèle et dévoué à l’Etat pendant de longues années écope de 25 ans de
prison pour son efficacité et sa loyauté envers son client.
La vérité qu’on tient à cacher au public mais qui est versée au dossier, est que la somme
restée en ma possession a été gagnée contre la SGBC légalement par une procédure
judiciaire issue du Traité OHADA, sur les deniers de la SGBC!
Monsieur le porte- parole du Gouvernement qui semble avoir étudié ce dossier mais très
mal, a-t-il indiqué au public la provenance de cette somme d'argent?
Et à quoi correspondait-elle pour l'Etat représenté par le Ministère des Finances?
As t’-il rapporté une seule preuve établissant de quel compte du Trésor public j’ai soutiré le
moindre centime pour mériter cette condamnation ?
A qui cette somme était-elle destinée au final ?
S'agissait-il de deniers publics ???
Je compte sur Monsieur le porte- parole du Gouvernement pour répondre avec précision et
sans contradictrice puisque je suis en prison, à ces questions que le Public ne manquera pas
de lui poser, lui qui cite mon nom à longueur de journées.
Je suis persuadée qu’il expliquera également pourquoi l’administration fiscale qui fait partie
du Gouvernement dont il est le porte-parole, a considéré la somme que je détiens
comme une recette de mon cabinet et m’a réclamé la somme de FCFA 76.666.772
(soixante seize millions six cent soixante six mille sept cent soixante- douze francs CFA
à titre d’impôt sur le chiffre d’affaires).
La question que j’ai posée au Tribunal Criminel Spécial et que je pose encore est la
suivante: « le fisc peut –il exiger et percevoir des impôts sur de l’argent soit disant volé ?
Il se trouve simplement que cet argent se trouvait dans mon compte professionnel et que les
services des impôts en connaissaient la provenance et les motifs ?
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Alors Monsieur le porte-parole, si j’ai détourné des fonds publics, allez-vous poursuivre
l’Etat camerounais et son Gouvernement dont vous êtes le porte-parole pour le crime ici de
recel ?
Est-ce simplement imaginable ? La haine rend elle aveugle et sourd ?
Monsieur le porte-parole du Gouvernement le prochain point de presse que vous ne
manquerez pas d’organiser à la suite de mon droit de réponse devra être celui où vous
apporterez les réponses justes au public que vous avez sollicité pour parler de mon dossier
dans une affaire judicaire !
Vous lui devez ce respect Monsieur l’expert, Ministre porte-parole du Gouvernement.
Puisque le 8 janvier 2010, contre toute attente, je suis brutalement interpellée et le 11 janvier
2010, placée en détention provisoire en même temps que mes co-accusés pour le crime
présumé de détournement de deniers publics.
J’ai beau clamer mon innocence devant toutes les juridictions compétentes en me basant sur
des moyens légaux, ce que Monsieur le Ministre de la Communication, porte parole du
Gouvernement, appelle recours dilatoires, rien n'y fit.
De l'habeas corpus (libération immédiate) à deux reprises, à mes actions tendant à faire
annuler cette action pénale viciée dès la base par tout un faisceau d’irrégularités d’ordre
public, j’aurais tout essayé pour faire valoir mes droits.
Devant le Tribunal Criminel Spécial, j'ai demandé l'application des dispositions des articles
62 alinéa f et 64 du code de procédure pénale pour obtenir l'arrêt des poursuites à mon
encontre.
Pourquoi cette obstruction à une transaction légale prévue par le code pénal et le code de
procédure pénal ?
Comment se fait-il qu’une avocate dévouée à son travail pendant de si nombreuses années
au service de la défense des droits de l’Etat voit ses nombreuses demandes de libération
même provisoires rejetées aux motifs laconiques tels que :
« Détention encore nécessaire à la manifestation de la vérité » alors que toutes les enquêtes
étaient clôturées...
Monsieur le Ministre de la Communication porte- parole du Gouvernement n’a-t-il pas fait
le tour du Cameroun de séminaires en réunions d’explications sur le « code des libertés »
qui fait de la détention l’exception ? Notre Constitution et toutes les Conventions ratifiées
par le Cameroun n’interdisent –elles pas les discriminations de toute sorte ?
Et pourtant, Monsieur le porte-parole du Gouvernement plusieurs personnalités poursuivies
sont libres et de nombreux cas de présumés criminels de détournements de deniers publics
ont été mis en liberté provisoire ce que je trouve tout à fait conforme à l’Etat de la
législation de ce pays.
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Mais moi, je me vois refuser mon droit à la présomption d’innocence. La
discrimination n'est-elle pas prohibée par la loi et les Conventions internationales?
MONSIEUR LE MINISTRE PORTE PAROLE DU GOUVERNEMENT
Vous laissez dire ça et là que ma condamnation serait due au fait que :
- j’aurais extériorisé mes revendications en France par la voix de mes avocats et soutiens
français,
- j’aurais refusé de restituer « le corps du délit »,
- j’aurais porté plainte contre le Chef de l’Etat,
- mon principal conseil au Cameroun, le bâtonnier YONDO BLACK serait trop libre et trop
indépendant ?
- je serais française aussi : un comble d’autant que la France suit avec beaucoup d’attention
mon cas et m’apporte tout le soutien dû à tous ses citoyens.
Ce qu’une citoyenne comme moi attendait du Ministre de la Communication porte-parole
du Gouvernement, serait d’expliquer à tous avec apaisement qu’il n’y a rien d’anormal à
toutes ces fausses raisons car la Justice d’un pays comme le Cameroun doit rester sereine et
indépendante, garantir les libertés individuelles en sauvegardant la présomption d’innocence
afin que les citoyens lui fassent confiance.
Car c’est la perte de confiance voire la peur qui pousse à crier au secours hors des frontières
du Cameroun et je ne suis pas la seule que je sache, et vous aussi.
Alors au lieu d’apaiser et de travailler à ramener la confiance de nombreux citoyens qui
seraient amenés à ne plus croire à la Justice de notre pays, vous vous faites le chantre de la
dissimulation de tous les défauts de fonctionnement des institutions et de toutes les
irrégularités et les violations commises au nom de la justice et gare à celui qui ose réclamer
une justice équitable, il est l’ennemi !
En le faisant vous faites du mal au Cameroun et détériorez son image même à l’intérieur
mais cela vous indiffère car pour vous il n’y a que l’extérieur qui soit digne d’avoir une
bonne image du pays. Alors il suffit de jouer la comédie.
Que faites-vous de vos compatriotes ? Vous leur manquez de respect et les méprisez en les
réduisant à un peuple qui ne pense pas tout seul lorsque vous lui expliquez ce qu’il entend et
comprend tout seul de tous les médias qu’ils soient nationaux ou internationaux et que vous
vous permettez la plupart du temps de lui perdre son temps ou de chercher à le distraire des
vrais problèmes qui le concerne en lui racontant n’importe quoi.
Par votre déploiement d’énergie négative pour justifier l’injustifiable, vous allez à
l’encontre de tous les principes que vous citez et répétez à longueur de journée alors que par
vos actes et vos paroles vous les videz de tout leur sens.
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Croyez-vous sérieusement que ma condamnation exonérerait les vrais responsables de cette
détention arbitraire de toute leur responsabilité ?
Si une seule des raisons évoquées justifie à vos yeux ma condamnation, alors permettezmoi de vous dire que vous êtes dans l’erreur totale.
On ne répare pas une erreur par un autre mal plus violant encore. On le répare tout
simplement.
Ailleurs, les juges demandent même pardon au nom de la société lorsqu’un justiciable a été
victime d’erreurs judiciaire: Ca apaise.
Le porte-parole du Gouvernement est-il habilité à me faire des reproches alors que je suis
accusée et jetée en prison injustement d'avoir invoqué autant de violations de la loi devant
les juridictions de la République ?
Au nom de quoi peut-il prétendre que j’étais à la recherche d'un vice de procédure
susceptible de faire en sorte que le dossier ne puisse pas être examiné au fond et d'obtenir
ainsi la nullité de l'ensemble de la procédure ?
Serait-il aussi un expert en procédures dilatoires ?
Monsieur le porte parole du Gouvernement, vous avez assurément les compétences et le
talent nécessaires pour l’affirmer de manière aussi péremptoire.
C’est facile lorsqu’on évite le débat public avec la principale concernée ou ses représentants
légaux, se montrant ainsi indigne des responsabilités et des intérêts qu’on est supposé
représenter.
Car alors,
Comment concevoir qu’un tel reproche soit fait aux Avocats qui sont dans leur rôle et qui
doivent faire en sorte que le droit soit dit, les exceptions et autres fins de non recevoir
participant des moyens de défense.
L'Etat du Cameroun, est un justiciable au même titre que le citoyen. Ce sont les lois de
la République qui le stipulent.
Avant le TCS, des juridictions civiles, pénales et administratives existent devant lesquels les
citoyens restent en justice contre l’Etat et vice-versa.
A quoi servent les lois si elles ne sont pas appliquées dans un Etat de droit ?
Pourquoi donner aux citoyens à penser qu’ils ne sont rien face à l’Etat parce que vous ne
mentionnez jamais l’obligation que celui-ci a en matière de justice de protéger les libertés
publiques qui sont un droit fondamental du citoyen.
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Je suis un justiciable certes, mais avant tout, un avocat qui connaît les lois et les procédures
et qui demande simplement que celles-ci soit appliquées même si j’ai comme contradicteur
l’Etat.
C’est la raison pour laquelle je me suis défendue comme il se doit devant le TCS et formé
un pourvoi en cassation devant la Cour Suprême du Cameroun, juridiction du droit !!!
Votre déploiement tend-il à l’influencer aussi ?
Alors je crains qu’en matière d’honoraires, cela ne serve à rien car le cas de Me Etienne
ABESSOLO vous ne l’avez jamais commenté alors qu’il a été poursuivi, emprisonné et
condamné par la Cour d’Appel du Littoral pour détournement de deniers publics pour avoir
perçu, disait-on, des honoraires exorbitants sans contrepartie du travail.
Je ne vous ai pas entendu ni vous, ni vos chargés de missions qui sont parfois des confrères,
commenter et expliquer au public pourquoi la Cour Suprême l’a acquitté !
Elle a simplement rappelé la loi sur la profession d’avocats et rappelé que les fonds, même
appartenant à l’Etat, perçus régulièrement par un avocat, ne peuvent, en cas de litige être
jugés au pénal sous la qualification de détournement de deniers publics.
Et n’en déplaise à ceux qui se permettent de formuler des critiques publiques sur ma défense
c’est à moi d’en juger et elle a été très professionnelle, indépendante et d’un haut niveau.
Monsieur le porte parole du Gouvernement, vous êtes allés de contrevérités en
dénaturation des faits, de dénaturations en contradictions et de contradictions en vrais
délires d'interrogations.
JE VOUS CITE :
« Et quand bien même les accusations d’immixtion, d’ingérence, en tout cas d’influence de
l’exécutif sur le travail de la justice venaient à être soulevées ; il resterait encore à en
trouver les mobiles.
On nous parle d’une persécution politique. Mais alors, qui est Me Yen Eyoum en tant
qu’acteur politique au Cameroun ?
Permettez-moi d’être tout simplement interloqué face à une telle question, moi qui tout de
même, ne serait–ce qu’en ma qualité de leader politique, élu de la Nation dans une vie
politique antérieure et de Membre du Gouvernement à plusieurs reprises depuis plus
de vingt ans ! »
La suite ??????
Trop interloqué, vous avez sans doute été troublé et avez interrompu votre propos.
Vous soliloquez mais ce faisant, vous reconnaissez que dans mon cas, il est possible que
des questions d’immixtion, d’ingérence, d’influence de l’exécutif sur le judiciaire soient
susceptibles d’être soulevées.
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Je vous réponds que nous sommes d’accord sur ce point mais qu’il vous appartient en tant
que porte-parole du Gouvernement d’apporter les réponses qui seront posées ou qui le sont
déjà, en toute honnêteté et responsabilité.
C’est à vous aussi de trouver les mobiles de ces accusations connaissant tous les acteurs.
Quant à qui je suis « en tant qu’acteur politique » je vous réponds également que je suis une
citoyenne, avocate de surcroit, qui jouit sur le territoire camerounais son pays natal et
d’origine, de droits civiques et politiques . C’est ainsi qu’en droit constitutionnel, on
définit le citoyen.
Je vous dirai que vous avez par ailleurs raison de dire que je ne suis ni de près ni de loin
impliquée dans les affaires politiques. Je vous conforte même sur ce point en vous
disant que je ne suis l’ennemi ni du Cameroun, ni du Chef de l’Etat que je m’efforce
simplement d’interpeller par tous les moyens, en tant que citoyenne convaincue de ce
que ma vérité ne lui parvient pas.
Serait-ce aussi un défaut ?
J’ai en outre l’avantage exceptionnel du fait de la loi, de jouir de la double nationalité
camerounaise et française et j’en suis fière, juste normalement fière.
Je ne me sers pas de la nationalité française pour me soustraire à la justice du Cameroun, je
suis tout simplement française et je ne savais pas qu’au Cameroun, il y avait un Etat
islamique appelé la France.
J’ai du mal à imaginer que le porte-parole du Gouvernement du Cameroun traite la France
comme un pays ennemi !
Alors qu’en revanche, j’ai toujours entendu le Chef de l’Etat, le Président Paul BIYA parler
de la France comme étant l’un des plus grands amis du Cameroun, un grand soutien pour les
projets de développement et ce faisant un grand soutien de la lutte contre la corruption et
les détournements de biens publics.
Alors lorsque vous incitez à la haine de la France et des français, est-ce toujours en tant que
porte-parole du Gouvernement ou représentant d’autres intérêts ?
Je me suis présentée devant la justice telle que je suis, sans demander aucun avantage
particulier, mais pour remplir mon devoir de citoyen, de répondre à la justice lorsqu’elle me
le demande.
Mais j’ai aussi le droit d’exiger de jouir de tous mes droits civiques et politiques.
Aucun drone français n’est venu me soustraire à la justice camerounaise, ça se saurait !il n’y
a aucune raison !
J’aurais une nationalité uniquement étrangère ou simplement le statut de simple résidente au
Cameroun que je serais tout autant justiciable des juridictions camerounaises.
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Alors pourquoi créez-vous ce faux débat consistant à dire et laisser dire que la France aurait
des velléités de vouloir empêcher que la justice camerounaise fasse son travail parce que je
suis aussi une ressortissante française?
Suis-je jugée en tant que française ?
Ne comptez pas sur moi pour renier mes origines ni ma nationalité camerounaise au cas où
cela vous traverserait l’esprit.
Que la France dont je suis citoyenne également m’apporte son soutien et sa protection que
j’attendais de vous, ne devrait pas être scandaleux dès lors que cela ne m’exonère d’aucune
responsabilité au Cameroun?
Vous présentez ma condamnation comme un acte de bravoure, voire même de guerre contre
la France, est-ce toujours en tant que porte-parole du Gouvernement camerounais Ministre
de la Communication mettant tous les medias publics à son seul servic?
Au lieu de me jeter en pâture au public, vous êtes-vous demandé et assuré que la justice
camerounaise en faisant son œuvre, a garanti mes libertés individuelles et sauvegardé ma
présomption d’innocence ?
Et vous-même Ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement qui me
déclarez coupable et vous réjouissez dans tous les médias nationaux et internationaux d’une
décision aussi violente qu'injuste et non encore définitive, avez-vous conscience de manquer
à votre devoir de garantir mes droits de citoyen ?
N'êtes vous pas porte-parole du Gouvernement d'un Etat de droit ?
Je crains toutefois avec beaucoup d’autres qui vous regardent que par vos agissements
étranges à mon égard, certains ne voient qu’une imposture flagrante lorsque vous proclamez
être le porte- parole du Gouvernement parlant donc en son nom.
Au fond, entendez-vous la voix autorisée du Chef de l’Etat Chef du Gouvernement et êtesvous fidèle ou simplement loyal à l’égard de cette voix officiellement connue?
N’êtes-vous pas contrairement à moi responsable d’un parti d’opposition affilié au parti du
Chef de l’Etat ? Ne craignez-vous pas de laisser transparaître vos considérations
personnelles au lieu de celles du Gouvernement dont vous êtes le porte-parole ?
Si je me trompe, je compte sur vous prochainement pour clarifier votre position lors d’un
point de presse.
Car enfin permettez-moi de vous demander ce que vous gagnez en attisant la haine de
l'étranger et plus particulièrement d'un pays que vous citez parmi les pays amis du
Cameroun qui soutiennent le Cameroun dans sa lutte pour « l'assainissement des
comportements en matière de gouvernance publique et de protection des biens de la
nation » ?
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Puisque la France fait partie des pays amis qui soutiennent le Cameroun dans cette lutte,
vous conviendrez donc qu’elle puisse être préoccupée par certaines dérives contraires au but
poursuivi et qu’elle puisse s'inquiéter de la manière dont cette lutte est menée, que des
français soient impliqués ou pas, car si ces dérives touchent un peuple ami comment peutelle rester indifférente connaissant les valeurs qui sont les siennes ?
Monsieur le Ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement,
Vous souhaiteriez que tous les citoyens et résidents de ce pays
confiance « à notre Justice et à nos Institutions ».
continuent de faire
A ce titre j’ai fait confiance ! Qu’avez-vous montré en échange ? La violence que vous
continuez d’illustrer et dont vous faites l’apologie comme si l’Etat n’est pas un bien
commun?
Si vous détruisez le citoyen, que reste-il à l’Etat ?
Si le citoyen détruit l’Etat, que lui restera-t-il ?
Alors de grâce, reconnaissez aussi à la citoyenne que je suis, son droit à la jouissance de
tous ses droits en tête desquelles, ma liberté et mon droit à une justice équitable, où les
lois de la République sont appliquées honnêtement et surtout ne perdez plus de vue que je
suis toujours présumée innocente!
Monsieur le Ministre de la Communication, porte parole du Gouvernement,
Pourquoi ne pas aborder la question qui vous anime au fond et sert de prétexte à votre
violence : celle des plaintes que j’ai introduites en France et devant les instances
onusiennes ?
Un citoyen mérite-t-il la mort parce qu'il s'adresse à la justice nationale et internationale ?
Quand bien même le nom du Chef de l’Etat et celui du Président de la Cour Suprême
seraient cités en tant que détenteurs des pouvoirs exécutif et judiciaire selon la Constitution
de la République du Cameroun, serait-ce un crime passible de condamnation à vie ?
La justice française est une justice indépendante et en France on ne considère pas une
plainte comme une condamnation, vous avez tendance à faire un amalgame avec votre
propre comportement et vos actes.
Je suis avocat et j’ai pleinement conscience du fait que le Président Paul BIYA bénéficie des
immunités dues à son rang et à son statut.
Le 1er Président de la Cour Suprême aussi. Mais écoutez-vous aussi les discours de celui
qui incarne le pouvoir judiciaire selon la constitution ? Moi je m’en suis imprégnée et c’est
peut-être ce qui fait de moi une « impertinente » ?
Car ses discours m’ont appris qu’une justice qui adapte son accusation au gré de l’évolution
du procès et des éléments à décharge n’est pas une justice.
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Le Président de la République vous aurait-il mandaté pour me crucifier ?
J’en doute fort car je ne pense pas qu’il vous ait confié qu’il se sentait menacé par mes
plaintes qui sont aussi un acte citoyen. Il était encore en France il n’y a pas longtemps avec
la Président français et ils ne semblaient pas fâchés.
Mais vous autres porte-parole me condamnez en voulant vous faire plus royaliste que le
Roi ! Ou mieux Khalife à la place du khalife ! Où est-il interdit à un citoyen d'interpeler par
tous les moyens et même judiciaires si toutes les autres voies sont obstruées par les porteparoles, les plus Hautes Autorités du pays au regard de leurs responsabilités envers les
citoyens ?
Surtout lorsqu’on a vécu ce que j’ai vécu et qu’on continue de subir au nom du Président de
la République, alors que tout est fait par ailleurs pour qu’il n’entende pas ma voix en tant
que citoyenne, lui qui est pourtant le Président de tous les camerounais et que certains ont
« confisqués » avec l’ETAT.
Monsieur le Ministre porte-parole du Gouvernement, afin que vous ayez un début
d’explications :
Savez-vous que depuis 2005, j’ai tout tenté pour faire parvenir ma version des faits au Chef
de l’Etat sans aucune certitude qu’il l’ait jamais reçu ?
Qu’en 2006, une enquête du Secrétariat d’Etat à la Gendarmerie Nationale (SED) sur les
mêmes faits ni plus ni moins, a conclu à une absence de malversation de ma part dans la
gestion de ce dossier ?
Savez-vous qu’en 2008, j’ai su que le Chef de l’Etat aurait demandé que mon passeport me
soit restitué car je n’avais fait que servir les intérêts de l’Etat mais que cet ordre avait été
détourné?
Comment peut-on me reprocher d’avoir « extériorisé » ma défense alors que je réalisais que
mes doléances ne parvenaient pas au Chef de l’Etat sans doute à cause des porte-paroles qui
ne portent que leur parole propre et non celle du représentant légitime de l’Etat
camerounais ?
Je n’ai pas eu besoin « d’extérioriser » quoi que ce soit puisque je suis également française
et que j’ai des conseils et de nombreux soutiens en France.
N’avez –vous honte que lorsque les voix viennent de l’étranger et surtout de la France.
De grâce, écoutez-nous ici aussi, écoutez les camerounais qui souffrent et dont je suis
solidaire.
Pouvez vous me dire qui d'autre est légitimement responsable de l’Etat du Cameroun ?
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Pour finir Monsieur le porte-parole du Gouvernement,
je voudrais vous dire qu’à force de sévir méchamment et de faire obstruction pour empêcher
que la voix des citoyens camerounais qui se sentent tyrannisés ne parvienne au
Président de tous les camerounais, vous devrez souffrir, que nous, simples citoyens
désespérés, employions les faibles moyens dont nous disposons pour attirer son
attention sur des dérives dangereuses pour la Justice et la Démocratie de l’Etat dont il
est le Chef Suprême.
Je voudrais aussi dire en toute simplicité à tous ceux qui parlent et agissent pour leur propre
intérêt en tyrannisant leurs compatriotes au nom du Chef de l’Etat, qu’ils ne doutent jamais
qu’à tout moment la sanction du Maître s’abattra sur eux et que la Justice de l’Etat de droit
camerounais ou celle du Monde leur demandera des comptes quand les citoyens
camerounais les saisiront.
Lydienne Yen Eyoum-Loyse,
Avocate,
insoumise pour les uns…
effrontée pour d'autres…
mais au-delà de tout, respectueuse des autres et des Institutions.
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