Boletin Novembre 2012 - Cercle des mycologues amateurs de

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Boletin Novembre 2012 - Cercle des mycologues amateurs de
Le Boletin Novembre 2012 Volume 59 Numéro 4 Site internet: www.mycologie‐cmaq.org Sommaire 2 Mot du président 4 Mycète d’or remis à Monsieur Roland Labbé 5 Nouveau livre: L’univers des champignons 7 Un projet Expo‐sciences sur les champignons remporte les honneurs 8 Peut‐on se soigner avec les champignons? 10 L’impact des changements climatiques sur nos récoltes de champignons 11 Programme des cours et conférences 2013 12 Morilles blondes, morilles noires, laquelle est la meilleure? Suivez‐nous sur Facebook Équipe de rédaction Envoi du Boletin par courriel Rédacteurs en chef Le Boletin est envoyé, en format PDF couleur, Herman Lambert aux membres qui ont fourni une adresse cour‐ Martin Trépanier riel. Si vous voulez obtenir la version papier du Boletin, en noir et blanc, nous vous prions d’en Collaborateurs faire la demande par réponse au courriel qui J. André Fortin vous a livré ce Boletin. Une version papier vous Jean Després sera alors envoyée pour ce numéro ainsi que les Jessika Pickford parutions subséquentes. Jean Bérubé Margot Lemieux N.B. Le Boletin, en version papier, est envoyé aux membres ne possédant pas d’adresse cour‐ Correctrice Hélène Bouchard riel comme par le passé. Cercle des mycologues amateurs de Québec, a/s domaine de Maizerets 2000, boulevard Montmorency, Québec, QC, G1J 5E7, (418) 641‐6117 Mot du président par J. André Fortin L’année où la princesse Diana est décédée, la reine Élizabeth avait déclaré cette année ‘Annus horribilis’. Pour les mycologues que nous sommes, l’année 2012 passera à l’histoire comme celle de la pire disette en champignons de mémoire de mycologues, du moins dans la région de Québec. Nous avions été si gâtés l’an dernier avec une incroyable abondance incluant les chanterelles, les cèpes et bien d’autres. J’imagine que pour plusieurs d’entre vous les réserves sont à plat. Pourtant, notre Cercle n’a jamais atteint un tel nombre de membres avec ses quelque 380 inscrits. J’espère que les nouveaux venus ne se décourageront pas; pour eux le meilleur est sûrement à venir. L’article de Jessika Pickford sur les changements climatiques, dans ce numéro, nourrira peut‐être les espoirs de tous. Au revoir Jean‐Marie Nous devons déplorer la perte d’un de nos membres, actif et bénévole remarqué, surtout à la rencontre de la Fédération à Cap‐Rouge, en 2011. En votre nom, le cercle a acheminé notre sympathie à la famille et a présenté un don à l’œuvre des Petits déjeuners pour laquelle Jean‐Marie Bédard avait une attention particu‐
lière. Comptoir du livre Un Cercle comme le nôtre crée des activités et de l’enthousiasme grâce à ses bé‐
névoles. Depuis un moment, Clément Veilleux avait manifesté son intérêt pour participer à la vie du Cercle. Depuis quelques semaines, Clément a pris en main le comptoir du livre qui nous permettra de vous offrir des volumes sur la mycologie à des prix imbattables. Le comptoir comporte pour le moment L’Univers des champignons de Jean Després ainsi que son guide sur les Champignons comesti‐
bles. Clément a également des copies du fameux livre de la Cuisine gourmande aux champignons sauvages du CMAQ D’autres titres viendront s’ajouter gradu‐
ellement, dont le Grand livre des champignons de Raymond McNeil. Un gros merci à Clément. Dégustation vs banquet gastronomique La dégustation gastronomique de janvier 2011 restera longtemps dans la mé‐
moire de tous ceux qui ont participé. Ce souvenir se perpétuera dans le fameux «Livre de cuisine gourmande aux champignons sauvages», toujours disponible. Afin de varier les activités et peut‐être parce que les réserves de champignons de nos mycogastronomes bénévoles sont à plat, nous envisageons cette année tenir un repas gastronomique dans une école d’hôtellerie dont la date est pour le mo‐
ment indéterminée. Nous visons un événement dont le prix sera accessible à la grande majorité de nos membres. 2 Le Cercle des mycologues amateurs de Québec Au début de l’été, le Cercle a regroupé un achat de 8 kilos de morilles pour une quarantaine de nos membres, grâce au support de Michel Roux. Gros merci Mi‐
chel. Si un nouveau bénévole se présentait pour m’aider, nous pourrions possible‐
ment faire un nouvel achat regroupé de morilles, cèpes, craterelles etc. Les truffiers Les vertus du truffier sont la patience, la persévérance et la determination!! Il semble que les truffiers de la première heure se soient un peu découragés. Il est vrai que la saison ne paraissait pas très propice, sachant que les petites truffes commencent à se former en été et se développent tout au cours de l’automne jusqu’aux neiges. Lors de la sortie du 20 octobre au Jardin Van den Hende où vous étiez très peu nombreux, nous n’avons trouvé que quelques spécimens. Tout de même, nous avons reçu de certains membres des récoltes de truffe dont une de Bertrand Pardoen de bonne dimension, avec une odeur très forte de saucisson fumé plaisant à 3 personnes sur 4 et déplaisant aux autres. Une dernière sortie a eu lieu le 10 novembre chez Bruno Boulet dans une plantation de chêne habitée par des polatouches (écureuils volants) dont l’alimentation est à base de cham‐
pignons hypogés. Nous obtiendrons des copies du petit guide des Truffes de Matt Trappe qui seront offertes au comptoir du livre. Les mycotechniques Parmi nos membres, on trouve des curieux s’intéressant à l’observation micro‐
scopique des structures des champignons. Cette activité fort prisée compte tenu de sa nature est d’accès limité pour le moment, surtout par le nombre de micro‐
scopes disponibles. Le cercle a fait l’acquisition de trois microscopes supplémen‐
taires pour l’initiation des membres néophytes à la microscopie. Gros merci à Herman Lambert. Les mycoculteurs Au cours de l’été, un bon nombre de ceux qui avaient acheté des inoculums de divers champignons ont récolté des quantités appréciables de champignons. En octobre, plusieurs mycoculteurs se sont rendus au Jardin des vivaces de Charles‐
bourg où Vincent Leblanc a présenté les platebandes où il cultive plusieurs espèces de champignons au sol. Ceux de nos membres ayant tenté la culture de diverses espèces au cours de l’été ont eu l’occasion d’échanger entre eux sur les raisons de leurs succès ainsi que de leurs insuccès. Plusieurs sont tentés de refaire l’expérience l’an prochain avec une démonstration sur le terrain avec Vin‐
cent Leblanc, prévue pour le mois de mai. Au nom de notre Cercle, je souhaite d’excellentes fêtes à toutes et à tous! J. André Fortin Président LE BOLETIN, Vol. 59 No4 Novembre 2012 3 Mycète d’or remis à Monsieur Roland Labbé Lors de la rencontre de la Fédération des mycologues du Québec (FQGM) en sep‐
tembre dernier à Sherbrooke, le CMAQ a remis un mycète d’or à Monsieur Ro‐
land Labbé pour souligner sa contribution au CMAQ et à la mycologie québécoise. Roland est membre du CMAQ depuis plus de 30 ans. Il a occupé la fonction de vice‐président de 1994 à 2005. Il a donné des cours au fil des ans sur à peu près tous les sujets touchant la mycologie. Il participe à toutes les sorties et soirées d’identification des champignons, les membres présents à ces activités savent combien sa contribution est importante. De plus, Roland est LA personne res‐
source sur le site internet «Mycoquebec.org». Il y a fait la description de plus de 2000 champignons, il a traduit, adapté aux champignons du Québec, des cen‐
taines de clés dichotomiques. Sa passion pour la mycologie est formidable et pré‐
cieuse pour la mycologie québécoise. Félicitations Roland! Le president du CMAQ, J. André Fortin, remettant le Mycète d’or à Roland Labbé. 4 Le Cercle des mycologues amateurs de Québec Un nouveau livre : L’univers des champignons Une approche encyclopédique par Jean Després Vers la fin d’août 2012 a paru un livre intitulé L’univers des champignons, un col‐
lectif édité par les Presses de l’Université de Montréal. Partant d’une approche encyclopédique, L’univers des champignons est une syn‐
thèse vulgarisée des connaissances acquises dans divers domaines gravitant aut‐
our des champignons et prenant la forme d’une fresque multidimensionnelle d’un monde à la fois méconnu et passionnant, celui du règne des champignons. Cet ouvrage est un collectif multidisciplinaire composé de 14 auteurs, triés sur le volet selon leur spécialité, livrant leurs connaissances dans des domaines aussi variés que la mycologie, la phylogénétique, l’écologie, la biodiversité, la phytopa‐
thologie, la toxicologie, la comestibilité, la santé, l’alimentation, la culture, la commercialisation, l’histoire, l’ethnomycologie, l’Internet, la cuisine et la littéra‐
ture. Ce livre traite, d'une part, aussi bien des champignons microscopiques, comme les levures ou les moisissures, que les plus volumineux, comme les bolets ou les amanites, qui sont rencontrés en forêt ou dans les prés, et qui suscitent, selon les personnes, de la curiosité, de l’admiration, de l’appréhension ou de la convoitise. D’autre part, les relations entre les humains et les champignons sont largement explorées dans cet ouvrage. Ainsi, le lecteur découvrira que s'ils peuvent causer des empoisonnements ou des maladies aux plantes ou aux humains, ils peuvent aussi servir à fabriquer de la bière ou du pain, à soigner des maladies ou à faire la joie des gastronomes. Par son approche encyclopédique, ce livre est à l’opposé d’un guide pratique d’identification ou de consommation. Il a pour objectif de faire découvrir et de comprendre l’univers des champignons et non de conseiller sur leur utilisation dans la vie courante. Bien que publié au Québec, ce livre est de portée internationale et les sujets qui y sont abordés le sont dans cet esprit. Ainsi, il y est question aussi bien des cham‐
pignons d’Asie, d’Europe ou d’Afrique que de ceux de l’Amérique. Cet ouvrage s’adresse principalement aux mycologues, amateurs ou profession‐
nels, ainsi qu’aux professeurs ou étudiants dans un cadre académique. Les amants de la nature fascinés par le sujet ou tout simplement des intellectuels à la recherche d’une synthèse vulgarisée trouveront également un grand intérêt pour ce livre. Animés d’un esprit de partage des connaissances, les auteurs de ce livre ont dé‐
LE BOLETIN, Vol. 59 No4 Novembre 2012 5 cidé de céder leurs droits d’auteur à la Fédération Québécoise des Groupes de Mycologues (FQGM), un organisme à but non lucratif voué au développement de la mycologie au Québec. Les auteurs de cet ouvrage sont, en ordre alphabétique : René Blais, Alain Cuer‐
rier, Yolande Dalpé, Richard Desjardins, Élaine Després, Jean Després, Marie‐
France Gévry, Mohammed Hijri, Guy Langlais, Gérald Le Gal, Raymond McNeil, Fernand Miron, Pierre‐Émile Rocray et Alice Roy‐Bolduc. 6 Le Cercle des mycologues amateurs de Québec Un projet «Champignon» a remporté les honneurs à l’ Expo‐sciences pancanadienne Lors de l'automne 2011, un membre du CMAQ (Martin Trépanier) a été contacté par deux étudiantes du secondaire afin de réaliser un projet Expo‐sciences. Ce projet proposait une solution de remplacement au polystyrène utilisé dans l'em‐
ballage des objets fragiles, produit largement utilisé à travers le monde, mais non biodégradable. La stratégie de Laurence Dubé et de Simone Adam est de fabri‐
quer des moules à l'aide de matière résiduelle (ex. bran de scie, paille, écailles de sarrasin, etc.) et de lier le tout en y faisant croître un champignon du genre pleu‐
rote (voir Boletin 59#1). L’ensemble est ensuite séché et prêt à être utilisé. Mieux encore, cet 'emballage' peut être composté dans votre jardin après son utilisa‐
tion. Ce projet à la fois très utilitaire et écologique a permis à ces deux étudiantes de récolter des honneurs à l'Expo‐sciences régionale de Québec, à l'Expo‐sciences provinciale de Sherbrooke, et à la finale pancanadienne d'Expo‐sciences, sur l'Île‐
du‐Prince‐Édouard, où elles ont finalement remporté une médaille d'or ainsi qu’une bourse d'études de l'Université Western (Ontario) et le Prix de l'Australian National Youth Science Forum (Canberra), le tout joint à une invitation pour parti‐
ciper à un forum scientifique de 3 semaines en Australie. Afin de souligner leur enthousiasme et leur passion pour le monde des champignons, le CMAQ a oc‐
troyé à chacune une bourse de $100. Bravo les filles!!! Laurence Dubé et Simone Adam, gagnantes de la médaille d’or à la finale pan‐
canadienne d’Expo‐sciences. LE BOLETIN, Vol. 59 No4 Novembre 2012 7 Peut‐on se soigner avec des champignons? par Martin Trépanier Tout comme les végétaux, les champignons sont de véritables usines à molécules, dont certaines peuvent présenter des effets bénéfiques sur la santé humaine. Au cours des prochains numéros du Boletin, nous vous présenterons une série d’arti‐
cles portant sur les possibilités thérapeutiques de divers champignons. Partie I : Le chaga (lnonotus obliquus) La plupart d’entre vous ont certainement observé sur des bouleaux une impo‐
sante excroissance noirâtre, semblable à un morceau de charbon. Cette masse représente une section stérile du Polypore oblique (Inonotus obliquus), com‐
munément appelé chaga. Il s’agit d’un champignon parasite retrouvé principale‐
ment sur le bouleau blanc et le bouleau jaune. Le faux basidiome est pérenne et a pour but de maintenir la plaie ouverte par la formation d’un chancre, le temps que le champignon développe une carie blanche à l’intérieur du tronc. Ne pou‐
vant ainsi se guérir, cette blessure entraînera finalement la rupture du tronc. C’est quelques années plus tard, suite à la mort de l’arbre, que les vrais basidi‐
omes (portant les spores) formeront une croûte sous l’écorce, à proximité du chancre. Du coté thérapeutique, c’est la partie stérile (anamorphe), noire à l’ex‐
térieur et marbrée de jaune à l’intérieur, qui nous intéresse. L’intérêt pour ce champignon touche toutes les régions nordiques du globe (Russie, pays scandinaves, Pologne, Corée, Chine, Canada), où il fait partie de la médecine traditionnelle depuis plusieurs siècles. Le chaga (lnonotus obliquus) 8 Le Cercle des mycologues amateurs de Québec Effets médicinaux Les molécules responsables des effets bénéfiques de ce champignon sont multi‐
ples et font l’objet d’études dans plusieurs universités. On sait qu’il contient une grande quantité de polysaccharides, reconnus pour stimuler le système immuni‐
taire. Il concentre également l’acide bétulinique du bouleau, molécule bien con‐
nue pour son action contre les infections virales (HIV) et pour la prévention du cancer. Des essais menés sur des cellules cancéreuses (mélanome, cancer du cerveau, cancer de l’ovaire, leucémie, cancer du cou) démontrent une forte ac‐
tivité antitumorale en induisant l’apoptose (mort cellulaire programmée) des cel‐
lules cancéreuses. Son action sur l’inhibition de la croissance des tumeurs pour‐
rait être mise à profit en combinaison avec les traitements classiques des cancers. En plus de la présence d’inotodiol (aux propriétés antimutagènes) son fort con‐
tenu en composés phénoliques et en mélanine place la valeur antioxydante du chaga au sommet du palmarès. L’ingestion de ce champignon a aussi démontré des effets bénéfiques contre l’hypertension et les troubles digestifs. Pour couron‐
ner le tout, l’acide traméténolique qu’il contient a des propriétés hypoglycé‐
miantes et pourrait améliorer la glycémie chez certains diabétiques. Comme vous le voyez, le chaga possède une multitude de substances différentes agissant en interaction, rendant difficile pour les chercheurs l’établissement d’un lien direct entre une molécule précise et un effet biologique. Préparation et consommation Le champignon peut être récolté à tout moment de l’année, à l’aide d’une hache puisqu’il est très dur. Si on ne récolte pas l’ensemble du champignon, il pourra poursuivre sa croissance les années suivantes. On peut le conserver de longs mois au congélateur avant utilisation. Pour la préparation, un volume de champignon est séché et broyé avant d’être macérés à température ambiante pendant 48 heures dans cinq volumes d’eau préalablement bouilli mais refroidit à 50oC. Il est en effet préférable d’éviter de faire bouillir le champignon puisque certaines molécules pourraient être détruites. Après filtration, le thé obtenu peut se con‐
server 3‐4 jours au réfrigérateur. En plus des effets thérapeutiques, le goût est intéressant, rappelant celui du sirop d’érable. Notons que pour des raisons de solubilité, l’eau n’extrait qu’une fraction des molécules bioactives. Certaines com‐
pagnies ont ainsi développé des concentrés bioactifs réalisés par extraction à l’éthanol. Comme pour toute consommation de champignons, il est recommandé d’en consommer qu’une très petite quantité la première fois pour prévenir tout cas d’intolérance. Note : Même si de la poudre de chaga peut être achetée librement sur internet, nous vous rappelons que l’usage à des fins médicales de plantes ou de champig‐
nons doit se faire selon l’avis de votre médecin. (Merci au médecin Benoit Dubuc pour la révision ‘médicale’ du texte.)
LE BOLETIN, Vol. 59 No4 Novembre 2012 9 L’impact des changements climatiques sur nos récoltes de champignons par Jessika Pickford En tant qu’amateurs de la nature et des fruits de nos forêts, vous vous êtes pro‐
bablement déjà questionné sur l’impact que pourraient avoir les changements climatiques sur nos récoltes mycologiques. Vous n’êtes pas les seuls, et voilà que des scientifiques Suisses s’y sont intéressés. En effet, une étude qui porte sur l’évolution de la production de champignons forestiers entre 1975 et 2006 a récemment été publiée dans la revue scientifique Frontiers in Ecology and the Environment (voir référence au bas) et les conclu‐
sions de cet article sont quelques peu surprenantes. Un recensement hebdomadaire (sans interruption sauf pour les années 1980‐
1983) a été effectué dans la Réserve mycologique La Chanéaz, qui se situe dans l’Ouest de la Suisse. C’est à l’intérieur de cinq parcelles de 300m2 (établies à des fins statistiques) que le recensement a eu lieu. À chaque semaine, tous les cham‐
pignons épigés ont été identifiés (microscopiquement et macroscopiquement), comptés et cartographiés. Puisque la saison de fructification en Suisse s’étend de la 18ième semaine du calendrier à la 52ième, les autres semaines n’étaient pas re‐
censées. Pour éviter les recomptages, les champignons comptés étaient marqués au bleu de méthylène. On a mesuré les facteurs environnementaux suivants: tem‐
pérature (min., max., et moyenne), précipitations totales, humidité du sol et la fraction du ciel couvert. L’inventaire comporte un total de 273 espèces de champignons et une moyenne hebdomadaire de 65 fructifications et un maximum de 1987. Pour toutes les an‐
nées, la production totale augmentait entre la mi‐juin et le début‐octobre. Les auteurs ont aussi décelé une augmentation de la moyenne du nombre de fructifi‐
cations hebdomadaire entre la première moitié de l’étude (1975‐1990) et la se‐
conde (1991‐2006), qui est passée de 42 à 88 par semaine et de 1313 à 2730 pour la moyenne de fructifications récoltées. Le pic de fructification a aussi été décalé d’une semaine. C’est une augmentation du simple au double tant pour ce qui est des espèces que des fructifications individuelles. Ils expliquent cette augmentation de la productivité par l’amélioration des condi‐
tions de croissance, non seulement pour les champignons, mais aussi pour les hôtes mycorhiziennes, suite aux récents changements climatiques. Les tempéra‐
tures moyennes ont augmentés, ainsi que la durée de la saison de croissance. Ceci résulterait probablement en une plus grande disponibilité des sucres prove‐
nant de la photosynthèse pour les symbiotes mycorhiziens. Le décalage du pic de production serait aussi attribuable l’augmentation de la durée de la saison de croissance. 10 Le Cercle des mycologues amateurs de Québec Ces résultats sont par contre en contradiction avec ceux d’études récentes por‐
tant sur la truffe noire du Périgord (Tuber melanosporum) dans le sud de l’Europe et le Matsutake (Tricholoma matsutake) dans l’est de l’Asie. Ceci pourrait être dû aux différences écologiques entre les régions étudiées, puisque les changements climatiques dans la région méditerranéenne se traduisent, entre autres, par une durée et une fréquence des sécheresses augmentée. Ceci aurait pour effet de défavoriser la production des truffes. Puisque la tendance climatique canadienne est comparable, avec une augmenta‐
tion prévue des températures moyennes, des précipitations et une diminution du couvert de neige, nous pouvons nous attendre à ce que la productivité de nos forêts en soit aussi affectée, à la hausse. Büntgen U., Kauserud H. et Egli S. (2012) Linking climate variability to mushroom productivity and penology. Frontiers in Ecology and the Environment, 10:14‐19. Programme des cours et conférences Hiver 2013 5 février Initiation aux champignons, avec Martin Trépanier. 19 février Mycogastronomie et accord avec les vins, avec Jean Bérubé. 5 mars Mycoquébec: un guide pour l’Identification facile des champignons, avec Jacques Landry. 19 mars Assemblée générale annuelle suivi de Toxicité des champignons
(conférence de Jean Després, CMM). 2 avril Les strophaires, avec Raphael Roux. 6 avril Les lépiotes, conférence de Renée Lebeuf, CMM. 16 avril Les morilles, conférence suivi d’une discussion, par Frank Tuot et Jean‐François Bourdon. 7 mai Les russules et lactaires comestibles, avec Michel Roux . 11 mai Repérer les champignons selon leurs habitats, avec Bruno Boulet. 21 mai Les Amanites, avec Herman Lambert. Note: Tous les cours et conférences ont lieux au domaine de Maizerets. Plus de détails dans le prochain Boletin. LE BOLETIN, Vol. 59 No4 Novembre 2012 11 Morilles blondes, morilles noires, laquelle est la meilleure? (prise 2) par Jean Bérubé Nous nous étions posés la question l’an dernier et avions organisé une dégusta‐
tion qui s’était soldée par une victoire de la trompette de la mort, ajoutée pour corser le test (voir le Boletin de novembre 2011). Pour trancher la question sans ce piège supplémentaire, nous avons à nouveau décidé de faire une confrontation. Douze personnes, six hommes et six femmes, ont goûté à l’aveugle un gratin dauphinois aux morilles blondes (Morchella escu‐
lentoides1 Kuo et al. 2012) et un gratin aux morilles noires (Morchella septentrion‐
alis1 Kuo et al, 2012). Les participants sont des cueilleurs vétérans de morilles et des gastronomes avertis. Quelle est donc la morille préférée? Sept personnes sur douze ont préféré la blonde et cinq la noire. À première vue, la morille blonde a gagné. Un des dégus‐
tateurs expert en morille noire et en statistique (pour ne pas le nommer) disait qu’il avait très bien reconnu la morille noire en pointant le plat de gratin avec des morilles blondes… D’ailleurs l’analyse statistique démontre qu’il n’y a en fait pas de différence de préférence entre les deux morilles pour les douze participants. Je crois qu’il faut conclure, que bien qu’il existe une différence réelle de saveur entre la morille blonde et la noire, que c’est vraiment une question de préférence personnelle. Les deux sont très bonnes et sont avantagées par des recettes dif‐
férentes. La blonde avec son goût délicat, musqué et épicé convient bien aux plats avec du fromage (gratins., croûtes), la noire avec son goût de noisette va mieux avec des recettes de viande à la crème. Il ne vous reste qu’à trouver des talles de morilles blondes dans les vergers aban‐
donnés du sud du Québec. Ils sont faciles à apercevoir vers le 28 mai car ils sont en fleur sur les terres agricoles abandonnées en Estrie, Montérégie, et Outaouais. 1
Une étude moléculaire récente a démontré que nos espèces de morilles different géné‐
tiquement des espèces européennes. De nouveaux noms d’espèces ont donc été crées pour les morilles américaines. Ainsi selon Kuo et al, Morchella esculenta et Morchella elata sont maintenant respectivement Morchella esculentoides et Morchella septentrion‐
alis." (n.d.l.r) Collaborateurs recherchés Des suggestions d’article! Vous avez une bonne histoire à raconter concernant les champignons!?! Faites‐nous‐en part en écrivant un petit texte que nous pour‐
rions insérer dans le Boletin, VOTRE journal mycologique. 12 Le Cercle des mycologues amateurs de Québec