Le métier de pair praticien - Re
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Le métier de pair praticien - Re
FoRMATIon 25e conGRÈs DU GRAAP-FonDATIon RecHeRcHe De sens, sPIRITUAlITÉ eT MAlADIes PsYcHIQUes le prochain congrès du Graap-Fondation aura pour thème: «Recherche de sens et spiritualité: une piste face à la maladie psychique?» Rendez-vous les 21 et 22 mai 2014, à lausanne. La maladie psychique confronte violement la personne concernée à des questions existentielles: Quel sens va avoir ma vie désormais? Suis-je encore utile à la société, à mes proches? Comment ne pas me sentir réduit à un diagnostic? Pourquoi continuer à me battre? Comment me reconnaître et redéfinir mon identité avec la maladie? La maladie psychique cause une telle souffrance que la personne peut être anéantie au plus profond d’ellemême. La recherche d’un nouveau sens est alors vitale! Il s’agit d’un cheminement, une progression, avec des hauts et des bas, qui peut conduire chacun à retrouver goût à la vie, à se sentir plus en paix et libre intérieurement. On ne peut pas donner du sens à quelqu’un, il s’agit d’une démarche individuelle. Et pourtant la dimension communautaire est essentielle dans cette quête où les perspectives individuelle et collective se conjuguent. Si ces questions sont vitales pour survivre, on peut se demander si elles doivent être prises en compte dans les institutions médicales, sociales qui accompagnent proches et personnes concernées. Quelles seraient alors les implications pour les professionnels? Les structures sont-elles prêtes à répondre à de telles attentes? Les proches vivent eux aussi une crise de sens au moment où la maladie arrive. Toutefois, cette crise n’est peut-être pas la même que celle de la personne directement touchée. Comment leurs questions se rencontrentelles ou s’affrontent-elles? Le congrès souhaite clarifier ces notions de spiritualité et de recherche de sens dans le contexte de la maladie psychique. Ces deux jours seront l’occasion de donner la parole à des «chercheurs de sens», professionnels, proches et malades, mais aussi d’identifier des pièges et ressources sur ce chemin. Cette quête de sens est en réalité l’essence de notre humanité à tous. Marie Israël, responsable du comité d'organisation les conFÉRences le MÉTIeR De PAIR PRATIcIen le rôle positif des pairs aidants dans le rétablissement en santé mentale est largement reconnu, tout comme leur expertise de la maladie. Forts de leur expérience personnelle, ils soutiennent naturellement leurs semblables, dans le milieu associatif principalement. Aujourd'hui, ils ont la possibilité de se former en vue d'intégrer des équipes de soins. Depuis la mi-novembre 2013, l’Unité de formation continue de l’EESP (Ecole d’études sociales et pédagogiques), à Lausanne, accueille 15 étudiant-e-s qui ont entamé, pour un an, la première formation en Suisse romande de «pairs praticiens en santé mentale». Mis sur pied conjointement par la Coraasp, l’association romande Pro Mente Sana et l’EESP, ce projet est l’aboutissement d’un long processus qui réjouit vivement la Coraasp. En effet, la pratique de l’aide entre pairs et du soutien à l’autre basé sur le partage de son propre vécu est historiquement ce qui a donné naissance aux associations membres de la Coraasp. Depuis une vingtaine d’années, cellesci accueillent, accompagnent, soutiennent et construisent des actions en partenariat avec des personnes concernées par un trouble psychique, des proches et des professionnels de l’action psychosociale, en intégrant en priorité l’expertise des personnes concernées par un trouble psychique. Dans ce sens, les organisations membres de la Coraasp constituent des «laboratoires naturels» de la pratique du pair aidant en Suisse romande. Mercredi 21 mai 2014 jeudi 22 mai 2014 8 h 15 - 17 h 15 8 h - 17 h Allocution de bienvenue Recherche de sens et travail social Charles Chalverat, membre du conseil du Graap-Fondation Quand vivre fait mal Alix Noble-Burnand, formatrice d’adulte, conteuse et thanatologue la cité, lieu de sens Ada Marra, conseillère nationale (PS/VD) chacun son chemin Un sAVoIR MIs à PRoFIT • Irène Zumsteg, chamane contemporaine, et Nelly Perey, membre du Graap-Association Le concept de pair praticien en santé mentale, plus connu sous le terme de pair aidant, repose sur l’idée que ceux qui sont les mieux placés pour soutenir une personne en souffrance psychique sont ceux qui en ont fait eux-mêmes l’expérience. la maladie psychique est-elle une crise de sens? Jean-Charles Mouttet, accompagnant spirituel et aumônier en psychiatrie • François Ledermann, président du Réseau d'entraide des entendeurs de voix (REEV, Genève), thérapeute Témoignages • Christophe Folletete, accompagnateur en montagne les Invités au Festin, un menu pour toutes les faims Marie-Noëlle Besançon, fondatrice et présidente des Invités au Festin, psychiatre spiritualités d'ailleurs, que nous apprennent-elles? Karima Brakna, psychologue clinicienne spécialisée dans l’accompagnement de migrants spiritualité et schizophrénie: de la recherche à la pratique clinique Sylvia Mohr, docteure en psychologie et psychologue-psychothérapeute Une société a-vide de sens Guy Gilbert, éducateur, prêtre Quelle place pour la spiritualité à l’hôpital? Madeleine Lederrey, pasteure et aumônière à l'Hôpital de Cery, DP-CHUV; Boris Pourré, infirmier clinicien, Section E.-Minkowski, PGE-DP-CHUV Professionnels, proches et malades, quel sens pour chacun? Dea Evêquoz-Wälti, professeure EESP, psychanalyste et assistante sociale le peintre, le psychanalyste et le moine Jean-Michel Degoumois, artiste-peintre, psychanalyste, moine zen Inscriptions: Graap-Fondation, [email protected], tél. 021 643 16 00, rue de la Borde 25, cP 6339, 1002 Lausanne, www.graap.ch 14 /// Graap-Fondation /// Diagonales 98 /// sens et spiritualité, une affaire individuelle et collective Association des Alcooliques anonymes Mars-avril 2014 Le pair aidant est donc une personne qui vit ou a vécu une maladie psychique, qui a fait usage des services de soins et d’accompagnement psychiatriques et qui aujourd’hui a retrouvé un certain seuil de rétablissement lui permettant de transmettre son expérience à d’autres patients. Ces trente dernières années, avec l’évolution des concepts de prise en charge psychiatrique, cette pratique naturelle et informelle s’est renforcée et a acquis une meilleure reconnaissance, notamment dans les pays anglo-saxons puis en France, grâce au développement de formations et à l’intégration progressive des pairs aidants dans les structures de soins psychiatriques. Avec l’arrivée des pairs praticiens en santé mentale formés, de nouveaux repères sont à construire. La mise sur pied de cette formation de pair praticien en Suisse romande constitue aujourd’hui une étape cruciale dans la reconnaissance de l’expertise et du savoir des personnes en souffrance psychique. Ce cursus d’apprentissage théorique et pratique, articulé autour de l’acquisition de connaissances en santé mentale, du rétablissement, de l’action communautaire, mais aussi autour de la réflexion active sur le rôle et le positionnement du pair en tant qu’intervenant, va offrir aux futurs praticiens des outils et des savoirs complémentaires. enjeUX D’Un noUVeAU MÉTIeR La Coraasp est intimement convaincue que l’intégration de ces futurs intervenants dans les structures de soins, les institutions, les associations, transformera durablement et positivement le paysage de la prise en charge et de l’accompagnement des personnes souffrant de troubles psychiques. Cependant, les défis de cette intégration ne manquent pas. Le positionnement des personnes concernées comme celui des professionnels, par rapport à leurs «statuts» respectifs, va être profondément bouleversé, et cela sans oublier les enjeux non négligeables de la reconnaissance salariale de ce nouveau métier. ou travailleurs sociaux. Ils seront les «experts de l’expérience» reconnus par une formation certifiée; il s’agira d’ancrer progressivement cette pratique en tant que nouveau métier dans les champs d’intervention de l’action médico-psycho-sociale. Pour les soignants et travailleurs sociaux, l’arrivée de ces nouveaux collègues dans les équipes constituera un défi susceptible de générer simultanément enthousiasme et crainte. Certes, la perspective d’une vraie reconnaissance de l’expertise des patients est un élément qui réjouit les professionnels qui, comme au sein des organisations membres de la Coraasp, militent depuis des années pour une autre considération de la parole des usagers. Cependant on ne saurait négliger les questions qu’un tel changement induit: place de ces intervenants dans les équipes et dans les organigrammes, nouvelle distribution des tâches entre professionnels, pairs et bénévoles, répartition des responsabilités, détermination et financement des salaires… Ces interrogations sont à accueillir non pas comme des freins à cette intégration, mais bien plus comme les manifestations de résistances bien humaines qui surgissent lorsque les équilibres sont bousculés. En conclusion, avec l’arrivée des pairs praticiens en santé mentale formés, de nouveaux repères sont à construire. La Coraasp et ses membres sont prêts à relever cet audacieux défi, parce que ce qui compte in fine, c’est bien que les personnes souffrant de troubles psychiques puissent bénéficier de toutes les expériences pour trouver leur propre chemin de rétablissement. Florence Nater, directrice de la Coraasp Dans leurs futures interventions, les pairs praticiens ne seront plus des patients, sans pour autant devenir psychiatres, infirmiers, psychologues Graap-Fondation /// Diagonales 98 /// Mars-avril 2014 /// 15