Démotivation, apathie et dépression chez le sujet âgé.
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Démotivation, apathie et dépression chez le sujet âgé.
Démotivation, apathie et dépression chez le sujet âgé. P. THOMAS, C.H. THOMAS, R. BILLON, S. CHANTOIN Service de réadaptation et gériatrie 86036 Poitiers Cedex RÉSUMÉ Les troubles de la motivation de la personne âgée constituent une entité originale en psycho-gériatrie. Il s’agit principalement de démotivation et de renoncement à faire, à participer à une vie sociale ce qui constitue un facteur aggravant de la dépendance. La démotivation est fréquente chez les personnes âgées. Ses conséquences sont la perte d’intérêt pour les activités de la vie quotidienne, majorant d’autant le désapprentissage et à terme exposant aux risques de la régression. D’autres effets concernent la baisse de la vigilance et des processus attentionnels, la diminution de la persévérance, la fatigue et le désengagement de l’individu pour s’occuper d’autrui ou de lui-même, la charge mentale tolérée dans les tâches cognitives pour ne citer que les principales. Les troubles de la motivation recoupent plusieurs réalités sociales, familiales, somatiques ou psychiatriques souvent intriquées. Ils peuvent être isolés, résultant d’un état acquis et appris de soumission à des représentations d’inutilité d’être et d’agir véhiculés par l’environnement social et familial. La démotivation est un mécanisme de défense contre la pesanteur conjugale, familiale, institutionnelle, qu’elle consolide. C’est un refus d’aborder les crises incontournables, de lâcher prise devant des situations qu’il ne sera plus jamais possible de vivre: se réinvestir dans les réalités encore accessibles n’est plus acceptable. La démotivation comporte trois versants : le refus de s’engager dans la satisfaction des désirs encore possibles, le renoncement à l’engagement relationnel et le repli sur soi, le refus de la vision de soi dans l’avenir et la perte de l’anticipation. L’apathie est une démotivation associée à un émoussement affectif. Démotivation et dépression présentent des traits communs et des traits distinctifs. Ces deux entités ne semblent pas se majorer avec l’âge aussi bien chez les sujets normaux que chez les déments. La démotivation peut être évaluée par une échelle, l’EAD, composée de 15 items et peut être dépistée par une version courte de l’EAD en 4 items. La prise en charge de la démotivation est globale, pharmacologique, psychologique et sociothérapique. MOTS CLÉS : Apathie, Motivation, Dépression, Personnes Agées, Maladie d’Alzheimer, Vieillissement Normal, Vieillissement Pathologique, Désir. Problems of loss of motivation in old people SUMMARY Old People motivation trouble constitutes an original psycho-geriatric entity. Mainly they consist in a loss of motivation or of commitment, a withdrawal social involvement that triggers a dependence increase. Loss of motivation is frequent among the elderly. Consequences are a loss of interest for the acts of daily life, basically worsening the learnt helplessness and eventually including regression risk. Among several effects, the main ones concern the decrease of vigilance and attention processes, weakened perseverance, fatigue, disengagement toward others or even oneself, loss of tolerable mental load in cognitive management. Motivation trouble concerns several overlapping social, familial, somatic or psychiatric realities. It could be an isolated pathologic process resulting in a learnt and acquired self, bound by uselessness and needlessness acceptance carried by the social or familial surroundings. The loss of motivation is a defense mechanism against institutional, familial, marital burdens, which it reinforces. It is also a refusal to tackle unavoidable crises, to accept that some situations can never happen again: to reinvest oneself in still accessible realities no longer seems acceptable. Loss of motivation comprises three elements: the refusal to get involved in the gratification of still possible desires, the renunciation of relational commitment and a tendency to the withdrawal, the refusal of self projection in the future and an anticipation loss. Loss of motivation and depression have distinct and common features. Apathy is a loss of motivation with an affective blunting. According to our results, these two entities do not increase with age in normal subjects nor in demented people. Loss of motivation can be assessed with a 15 items scale (EAD), or screened by a 4 items derived scale. The loss of motivation care is necessarily global, using pharmacological, psychological and sociotherapic treatment. KEY WORDS : Apathy, Motivation, Depression, Old People, Alzheimer’s Disease, Ageing, Aging, Desire. Les praticiens éprouvent fréquemment des difficultés dans l'analyse des états régressifs des sujets âgés. De toute évidence, la classique opposition ou superposition de la démence et de la dépression ne permet pas de répondre à la totalité des problématiques soulevées par les malades très âgés. L'hypothèse d'une nouvelle dimension motivationnelle, soit isolée, soit intriquée avec la démence ou la dépression est maintenant perçue par tous, soit de façon intuitive, soit de façon plus élaborée. La démotivation est un trouble de la conation avec atteinte du désir et difficulté à soutenir la perte. La perte de la motivation chez la personne âgée a une importance capitale, en raison de la perte d'autonomie qu'elle induit, liée à un apprentissage du repli sur soi et du renoncement à vivre les actes de la vie quotidienne de façon autonome. Quand vient s'ajouter un émoussement affectif particulièrement intense, cette démotivation devient apathie. RAPPEL SUR LA MOTIVATION Le terme de motivation renvoie à deux aspects conceptuels : en premier lieu la motivation représente la source et le sens du mouvement, mais un autre sens peut-être tenu en tant qu'intensité dans le mouvement et comme la puissance du mouvement. En ce cette La Revue Française de Psychiatrie et de Psychologie Médicale - Septembre 2001 - TOME V - N° 48 39 acceptation la souffrance est acceptée comme étant parfois le prix à payer pour cette puissance de vivre une croissance psychoaffective : c’est qu’un arbre qui ne souffre pas ne produit pas de fruits. La motivation résulte donc a la fois de l'engagement de la personne dans ses actions, mais aussi de sa liberté de choix et de son aptitude à assumer sa liberté. On la rattache habituellement aux théories de l'apprentissage car le succès conforte la motivation quand l'échec l'émousse. La motivation peut aussi résulter d'un écart entre les croyances et les actes d'une personne, ce que Festinger (Festinger L, 1987) a appelé état de dissonance cognitive. L'individu tend à poser des actes qui atténuent cette dissonance, ou à ajuster son système de croyance aux actes qu'il vient de poser. En quelque sorte la motivation résulte à la fois d'auto-activation de son propre système de valeurs et de croyances ainsi que de la confrontation de celles-ci avec les réalités de la vie. Cette confrontation est parfois douloureuse et l’aptitude à élaborer cette douleur signifie ou non l’autonomie du sujet à l’égard de la vie et de ce qui en est la fin, la mort. Selon Diel (Diel P, 1984), le désir émerge du couple excitabilitéobjet provoquant l’excitation, et de l’obstacle à la satisfaction du désir qui implique une élaboration : « Le désir est une action en suspens, une tension énergétique vers l’action». Avec la maturité, monde extérieur et monde intérieur sont de plus en plus séparés. La rétention de l’excitation, involontaire puis voulue « deviendra l ’action motivante, capable d ’attendre le moment propice pour l ’action de choix, dirigé vers l ’objet clairement perçu». La motivation est la liaison « légale », la causalité interne qui unit, le désir et la pensée, les réactions impulsives et l’action motivée. Elle est le lien entre impulsivité et rétention. « Le réflexe devient réflexion ». La distance entre excitation et excitant implique de faire le deuil de la satisfaction immédiate. Des désirs naissent de l’insatisfaction qui conduisent à des comportements plus ou moins adaptés pour satisfaire l’excitation suspendue : « Les désirs multiples ne sont qu’une forme évoluée de l ’excitation retenue ». La motivation est l’élan animant. Il s’agit pour Diel d’un phénomène immanent au psychisme. Diel isole deux pathologies de la motivation : la nervosité et la banalisation, ce que l’on pourrait exprimer encore par pensées ou comportements chaotiques et pensée restreinte. L’harmonie de la personne se retrouve dans la motivation organisée autour d’un désir essentiel retrouvé par la démarche introspective. « L ’harmonie étant l ’unité dans la multiplicité ». Le désir essentiel est le bâton d ’Apollon harmonisant les conflits intra-psychiques. Il est la source de tous les désirs. Cette philosophie reste assez optimiste donc et l’un peut craindre une certaine idéalisation du désir essentiel comme s’il permettait d’évacuer à l’avance la crise et le conflit. Le risque de faire l’économie de la crise est toujours présent lorsque la vision de la personne est celle d’une « personne toujours évolutive » : l’apathie n ‘est-elle pas alors le réel sur lequel la théorie achoppe : banalisation et nervosité permettent-ils, en effet, de cerner ce réel de l’inaction, de l’indifférence affective, de l’inertie psychologique ? Indifférence, inertie, apathie font signe en effet comme la mort dans la vie, comme ce qui pousse compulsivement à l’inaction, d’où le trouble de conation. L’ennui ne devient l’aiguillon de l’action. Le terme de conation est parfois utilisé comme synonyme de motivation. La conation est l'effort pour entreprendre, l’effort par lequel chaque chose vit ses chances de persévérer dans son être. Ce trouble de la conation est donc autant le symptôme d’une paralysie morale que celui d’une incapacité à réaliser l’attitude active lors d’une situation de crise : embarras cognitif, trouble de la personnalité, inhibition psychique ? Selon Deci ( Deci E.L. et al., 1980), la motivation peut être soit interne, soit externe. La motivation interne s'adresse à un objet 40 " interne " : valeurs, désirs, tandis que la motivation externe vise un objet " externe " : besoins à satisfaire, besoin de posséder quelque chose, d'acquérir quelque chose, besoin d'être récompensé par quelqu'un. La motivation interne ou externe est soit autodéterminée, c'est la personne elle-même qui décide, soit renvoie à une détermination externe et est alors dite extrinsèque : la personne est influencée par une source extérieure à elle même, présente ou absente. Les motivations internes seront bien entendu beaucoup plus résistantes à l'usure du temps et aux traumatismes que les motivations externes. Une personne dont les principales motivations sont externes et extrinsèques a un « profil » sociotropique et anaclitique. Ces personnes sont d'autant plus vulnérables à l'âge que les objets externes sont de plus en plus difficiles à maîtriser et que le regard d'autrui se fait de moins en moins valorisant avec les années. La motivation naît aussi des oscillations relationnelles existant entre les personnes (Miermont J., 1984), ou entre les désirs. En effet l'interaction de plusieurs oscillateurs est nécessaire à chacun pour se positionner, s'adapter ou choisir en fonction des interrelations avec autrui, ou pour se reprendre et vivre le plaisir d’une situation (Hazif Thomas C. et al., 1995). Un minimum d’acceptation de perte d’emprise est cependant nécessaire pour se laisser ébranler par les réalités imprévisibles de la vie ou se laisser imprégner du plaisir du vécu présent, cueilli au bon moment, le Keiros. Seul un minimum d’ambivalence permet l’ajustement empathique avec autrui comme le signalait Winnicott :« Cette richesse personnelle (self) se développe à partir de l ’expérience simultanée de l ’amour et de la haine, ce qui implique la réussite de l’ambivalence. Ce sont l ’enrichissement et le raffinement de cette ambivalence qui conduiront à l ’apparition de la sollicitude ». Dès l'instant où les oscillations ne sont pas possibles, qu'il y a restriction de liberté de choix, il en résulte une conduite volontariste qui fige la motivation sur un seul objet possible. La démotivation apparaît dès lors que l’objet ne peut plus être rejoint, comme si un autre possible était interdit dans le champ du représentable. La personne âgée démotivée est comme figée dans son misonéisme sans se réengager dans les secteurs qui lui apportaient satisfaction existentielle ou relationnelle. La motivation implique d’envisager et d’accepter, dans une situation donnée, les changements de perspectives (objets externes) et les changements de représentations (objets internes). LA DEMOTIVATION La démotivation est un mécanisme actif, acquis et appris conduisant à la perte d’effectuation, des potentialités motivationnelles et conatives. L'apathie, du grec Pathos, passion, ajoute la perte des sensations, des émotions, de l'intérêt face à l'environnement. Les troubles de la motivation sont regroupés sous des vocables variables : perte d'initiative, anergie, démotivation, apathie, émoussement affectif, athymhormie, symptômes négatifs... La démotivation peut être associée à un vécu d’aigreur et de jalousie, un refus des réalités, une opposition haineuse à autrui, d’opposition aux soins lorsqu’ils deviennent indispensables. La démotivation peut au contraire être associée à un émoussement affectif, définissant l’apathie selon Marin (Marin R.S. et al., 1991). Elle associe donc un aspect qualitatif et quantitatif. L'apragmatisme est une attitude de passivité devant la réalité liée à l’impossibilité de se représenter l'action. Au plan de la sphère relationnelle, la démotivation est encore un mécanisme de défense face à des désirs devenus douloureux car impossibles à satisfaire. C'est aussi un refus de lâcher prise et de se réinvestir dans des réalités encore accessibles. Elle comporte trois versants : - l’impossibilité de soutenir les efforts nécessaires à la satisfac- La Revue Française de Psychiatrie et de Psychologie Médicale - Septembre 2001 - TOME V - N° 48 tion des désirs encore possibles (Thomas P et al., 1994), - le refus de la vision de soi dans l'avenir et l’atteinte de l'anticipation (Hazif Thomas C. et al., 1997b). La démotivation est la persistance d’une humeur passive avec atteinte du désir, se traduisant par un émoussement de la demande de la satisfaction de celui-ci, un dégoût de l’action et une moindre envie d’aménager l’avenir. L’âgé est fixé dans un présent peu élaboré et la reprise de son passé est dépourvue d’émotivité. L’anticipation, condition de l’adaptation, n’a plus lieu et la personne âgée perd peu à peu son autonomie. - le renoncement à l'engagement relationnel et le repli sur soi (Thomas P et al., 1994), alors même que le plaisir à une relation subsiste. C’est là un point la différenciant de l’anesthésie affective du dépressif et de l’anhédonie. On rencontre plus ici un sentiment, très fortement partagé par nombre de jeunes retraités en particulier, de négation, d’exclusion et d’inutilité sociale, à quoi répond trop fréquemment la cruauté de l’indifférence collective. LA DEMOTIVATION DANS LA TRADITION On retrouve enfin la description de formes de démotivation dans des travaux parfois anciens. Elle est rapportée comme existant indépendamment de toute tristesse au troisième siècle après Jésus Christ, sous le terme d'Acédie, Bunge (Bunge G, 1996.) rapporte qu’Evagre le Pontique décrivait un état d'irritabilité et d'insatisfaction permanente, de désintérêt d'autrui, de dégoût de vivre et de désinvestissement survenant chez des moines du désert. La problématique survenait sur le tard de la vie (démon de Midi) et ne s'accompagnait d'aucune marque de souffrance ou de compassion devant les difficultés d'autrui. Evagre recommandait pour y pallier les soins du corps et l'inscription des actes des moines dans des secteurs porteurs de sens. LA DEMOTIVATION EN TANT QUE SYMPTOME « PSYCHIATRIQUE » La démotivation est un mécanisme de défense contre la pesanteur conjugale, familiale, institutionnelle qu'elle consolide. C'est encore un refus d'aborder les crises incontournables, de lâcher prise devant des situations qu'il ne sera plus jamais possible de vivre : se réinvestir dans les réalités encore accessibles n'est plus motivant. La démotivation est l’émoussement de plaisir à vivre ses désirs comme si ceuxci n’étaient pas moteurs de la vie du démotivé, soit qu’il les transfère toujours plus sur autrui dans une perpétuelle demande soit qu’il se replie sur lui et les ignore, les effaçant jusqu’à l’indifférence affective. tefois en tant que haine du temps : si quelque haine habite cet homme sensible et doux, c’est la haine du temps » (p11, Ibid). Alors que le malade dépressif se caractérise plus par l’abattement, le patient démotivé est plus emprunt de tendance profonde à l’inaction car la croyance profonde se résume ainsi : « ce que je fais ne compte pas ». Et se comprend au fond comme une attitude défensive par rapport à une angoisse de morcellement : « se fragmenter, dépenser son âme pour des riens, en pure perte ». Contrastant avec cette affection, la dépression est refus du deuil, volonté muette d’assimiler l’absence à la perte, affirmation que la jouissance exclusive de l’objet total, pour être toujours refusée, demeure seule légitime. Si je ne vois plus ce visage, ce sourire, ces bras qui m’ont porté, que reste-t-il ? » (p112, Ibid). Quand le malade dépressif est happé par la mélancolie, l’apathie est dans ce cas bien particulière : « pour K.Abraham, la passivité qui caractérise le mélancolique est souvent déclenchée par une situation qui le dépasse et le confronte à son impossibilité de réagir face à l’événement » (Hassoun J, 1998, p18). Le malade démotivé se satisfait de l’absence totale d’appétit de vivre et d’agir : « très vite il fut reconnu comme un héros, cet anti-héros qui tenait toute action pour vaine -pire, peut-être : pour criminelleet qui n’aimait qu’une chose : rester couché » (Pontalis J.B., 1988, p11). Le malade mélancolique illustre plutôt la proposition de Lacan en revanche : « la mort est l’objet d’un appétit » (Hassoun J., 1998, p31). Dans cette course à l’abyme, l’autre est abîmé et le doute souvent cruel à vivre pour le conjoint ou les proches, qu’il puisse être suffisamment bon pour qu’il lui soit fait confiance, assaille le sujet et le plonge dans la passivité : « car le mélancolique est en prise non à une perte, mais au défaut de nomination de celle-ci » (p43, Ibid). Pour le psychanalyste l’apathie mélancolique est un masque afin de donner corps à une culpabilité sans cause au point qu’au plus profond de l’abîme, il se joue, à l’égal de la divinité, de cet impossible, de la déchéance qu’il tente d’atteindre dans l’horreur de l’apathie » (p48, Ibid). Cette apathie cache en ce cas très précis une « toute-puissance, semblable à celle que développe un enfant qui pleure et exprime une exigence absolue » (p49, Ibid). Ainsi donc le mélancolique ne sait comment perdre car la perte est transformée en énigme, ce qui conduit à un deuil impossible. LA DEMOTIVATION EN TANT QUE SYMPTOME « NEUROLOGIQUE» La démotivation, dans le cadre des disconnexions frontales chez les malades cérébrolésés, peut encore refléter un mécanisme de secours du fonctionnement cérébral, lorsqu’il s'agit de traiter des informations altérées qualitativement, elles-mêmes transitant par des cir- Le désinvestissement se nourrit de la perte et du deuil car la perte et le deuil conduisent à une entrave pour la personne à retrouver un attachement libre (Figure 1) (Brogli G., 1997). La démotivation est le refus de la perte quant la dépression est le refus du deuil (Pontalis J.B., 1988). C’est dans son ouvrage « Perdre de vue » que Pontalis articule l’apathie à la passion de l’immobilisation : « vivant immobile, c’est le temps qu’il tue » (p1,Ibid). D’emblée l’auteur écarte, pour son malade, la mélancolie : « Etait-ce un mélancolique, c’est à dire un être à jamais possédé, persécuté, ruiné par l’objet perdu ? Je ne le crois pas » (p1, Ibid). Pour le démotivé, marqué par la passion de l’immobile, « tout changement signifierait sa perte ». Ainsi le refus de la perte implique le refus du changement afin de se protéger de l’horreur de l’inassimilable. Plus précisément pour le malade apathique l’indifférence affective n’est pas neutre : « elle lui permet de neutraliser la peur d’avoir à haïr mais cette haine existe tou- La Revue Française de Psychiatrie et de Psychologie Médicale - Septembre 2001 - TOME V - N° 48 41 cuits défectueux, en terme de qualité ou de quantité suffisante d'informations à transmettre. En ce cas, le malade démotivé ne se forge plus, ou moins, de modèles explicatifs du monde, car ceux-ci seraient de l'ordre des théories non actualisables au plan cortical, non renouvelables au regard des cartes cognitives. En ce sens, et si l'on conçoit la théorie comme la dissonance de la pratique (Miermont J., 1997), le malade démotivé soit ne ressentirait plus cette dissonance et ne souhaiterait donc plus changer de vision du monde, soit par réaction phobique de l'échec de la pratique, il préférerait le fuir, le banaliser, et éviter toute confrontation avec quelques activités susceptibles de réveiller cette dissonance. CONSEQUENCES DE LA DEMOTIVATION La démotivation ne semble pas se majorer avec l'âge (Chantoin S et al., 2001). Elle appartient donc au registre du vieillissement pathologique. Dans l'institution les symptômes négatifs sont bien mieux acceptés du personnel que les symptômes positifs. La personne âgée démotivée est en effet passive, soumise, docile. Les symptômes négatifs n'en sont pas moins responsables d'une grave conséquence pour le patient : l'apprentissage de la dépendance. La non prise en compte de ces troubles du comportement conduit donc à sacrifier l'investissement immédiat, la personne est soumise et accepte facilement et sans les critiquer les soins, aux dépens d'un résultat futur sur la charge de travail accru du fait du désapprentissage. La démotivation comporte donc une perte d'intérêt pour les activités de la vie quotidienne, majorant d'autant le désapprentissage et à terme exposant au risque de régression. D'autres effets concernent la baisse de la vigilance et des processus attentionnels, la diminution de la persévérance, la fatigue et le désengagement de l'individu pour s'occuper d'autrui ou de soi-même. La charge mentale tolérée dans les tâches cognitives est diminuée. Au maximum est réalisé le tableau de dépendance régressive aggravée. La personne âgée a totalement désinvesti tout ce qui pourrait être intéressant pour elle, dans tous les secteurs de la vie quotidienne, où elle pourrait trouver de l'intérêt. Elle est crispée et opposante à tout changement, et ici, parfois aux soins. Dans la maladie d'Alzheimer, l'apathie représente le trouble du comportement le plus fréquent, se majorant régulièrement selon MEGA (Mega M.S. et al., 1996) ainsi que la dépression, ce au cours de l'aggravation de la maladie. Dans cette maladie, nous avons pu montrer que la première plainte rapportée par les familles concernait le repli sur soi et la démotivation (Thomas P. et al., 2000a). De façon intéressante, la plainte familiale était principalement présente lorsque les troubles cognitifs étaient peu marqués, alors que c'est dans ces circonstances que l'apathie est la moins fréquente (Thomas P. et al., 1999). Il est donc vraisemblable que la souffrance familiale confrontée à la démotivation porte sur le vécu des familles devant les pertes de leurs parents. Face à l'apathie, les familles se plaignent d'autant plus que la légèreté des déficits laisse encore augurer d'un espoir. Au contraire dans la détérioration avancée, l'apathie, évidente cliniquement, est moins objet de plaintes et le patient parfois valide en cela les vues familiales. les signes somatiques ou les dysphories, et les critères mixtes de dépression et de démotivation tels que la perte d'anticipation, la fatigue, la perte d'initiative, le manque d'énergie, le désintérêt. Il montre l’évolution différentielle de l’un et l’autre syndrome au fur et à mesure de l'aggravation des troubles cognitifs. La dépression pour Forsell est maximum en début de la maladie tandis que la démotivation s'installait ensuite. Cependant ni la dépression ni la démotivation n'ont été mesurées par une grille spécifique dans les études de Forsell, et la grille d'Hamilton s'applique mal à la spécificité gériatrique. Dans une autre étude nous avions montré que certains critères pouvaient se retrouver plus spécifiquement dans la démotivation plutôt que dans la dépression en particulier la sidération affective, le repli sur soi, le désinvestissement et la perte de capacité à se réinvestir (Thomas P. et al., 1997 ; Hazif-Thomas et al., 1997a). Le tableau 1 différentie ainsi des traits distinctifs entre la démotivation et de la dépression, envisagés aux plans émotionnel, conatif et cognitif. Au vu de toutes ces études, il est permis de se poser la question des liens entre dysfonctionnement frontal et maladie d'Alzheimer faisant de certaines " démences affectives " le prototype d'un continuum démotivation - dépression - démence ou dépression - démotivation - démence. LES ETIOLOGIES DES TROUBLES DE LA MOTIVATION La démotivation et l’apathie peuvent exister en elles-mêmes. Elles peuvent constituer cependant un trait particulier associé à une autre maladie, psychiatrique ou somatique, à laquelle elles impriment leur marque. Le tableau 1 présente les principales étiologies de la démotivation et de l’apathie. La démotivation est présente dans tout les états asthéniques chroniques, dans de nombreuses démences, dans toutes les situations médicales ou sociales de gouffre énergétique négatif. (Thomas P. & Hazif-Thomas C, 2000b ). La démotivation apparaît souvent chez la personne âgée comme une conséquence de la désafférentation sensorielle. Elle est plus fréquente chez la femme que chez l’homme, en raison d’une plus grande sensibilité à l’altération de l’image corporelle et à la perte des rôles familiaux. La démotivation constitue parfois un mécanisme de défense, telle l’obstruction en tant que moyen passif contre la pression de l’extérieur, telle la sidération affective lorsque les capacités de résistance psychologique de la personne sont dépassées, par exemple à la suite du deuil d’un être aimé. C’est particulièrement vrai chez le dément dont les résistances passives sont souvent très Tableau 1 : Différences entre démotivation et dépression INTRICATION ENTRE DEPRESSION ET DEMOTIVATION La dépression et la démotivation sont fréquemment intriquées. Par exemple les troubles cognitifs des personnes âgées peuvent s'accompagner de dépression tout aussi bien que de troubles de la motivation (Mega M.S. et al., 1996 ; (Thomas P. et al., 2000a). Une étude de Forsell (Forsell Y. et al., 1994) a séparé dans la grille d'Hamilton ce que l'auteur pensait être des critères purs de dépression, tels que 42 La Revue Française de Psychiatrie et de Psychologie Médicale - Septembre 2001 - TOME V - N° 48 expressives et chargées de sens. Elle est parfois le résultat de traumatismes psychiques graves, de choix mal assumés, qui ont pu émailler la vie de la personne âgée, et dont les conséquences prennent du relief avec les années. Les troubles cognitifs des personnes âgées peuvent s’accompagner de dépression et de troubles de la conation. La démotivation peut se voir jusque dans 40 à 50% des démences de type Alzheimer. Elle se voit plutôt lorsque les troubles cognitifs sont évolués (Thomas et al., 2000). Les trois syndromes cognitifs, émotionnels et conatifs évoluent donc globalement sur le même mode. Elle est sur ce terrain rapidement une source de désappentissage et donc d’une charge de travail accrue pour les proches, raison pour laquelle elle constitue la première plainte chez les aidants familiaux. De nombreux auteurs ont ainsi ciblé des syndromes amotivationnels qui se distinguent de la dépression ou autres atteintes organiques déjà établies. Ainsi l’hypofrontalité (Gallarda T& Lôo H, 2000 ) renvoie à un diagnostic différentiel dont la clinique actuelle fait encore trop peu état. L’ hypofrontalité est en rapport avec le vieillissement cérébral, et en particulier avec les leucoencéphalopathies vasculaires, là où la démotivation renvoie plus dans notre approche de la maladie d’Alzheimer à un dysfonctionnement frontal précoce (Hazif-Thomas et al., 1999). Les malades présentant des séquelles traumatiques du lobe frontal sont apathiques, sans motivation, mais sont parfois violents, irritables, euphoriques, ce qui démontre que les troubles de la conation ne s’accompagnent pas forcément de manque d’émotion. La démotivation et l’apathie font partie du tableau de la démence frontale, de début plus précoce que la maladie d’Alzheimer, marquée par des troubles de l’humeur. Elles sont liées à l’atteinte du système frontal et elles sont une source d’aggravation des handicaps psychiques ou fonctionnels. La démotivation existe dans d’autres états pathologiques du système nerveux central, associée ou non à une démence (Marin et al., 1991). Elle a été rapportée dans les syndromes extrapyramidaux associés aux neuroleptiques, dans la maladie de Parkinson ou dans la para- lysie supranucléaire où dépression et démotivation sont plus fréquentes que l’irritabilité et l’euphorie. Elle fait partie du tableau de démence sous corticale qui survient lors de maladies dégénératives des noyaux gris centraux, comme la maladie de Parkinson, la paralysie supranucléaire progressive, la Chorée de Huntington, ou d’autres affections altérant les structures profondes du cerveau, vasculaires ou tumorales. Les troubles s’apparentent à ce qui est observé lors de lésions préfrontales. Elle est encore présente dans les démences vasculaires en particulier lorsque les multiples infarctus touchent les structures médianes diencéphaliques. En dehors de la démence, elle est présente dans 25% des accidents vasculaires hémisphériques droits, et dans environ 10% des accidents vasculaires cérébraux gauches. S’il est vrai que la schizophrénie est la maladie psychiatrique qui coûte le plus cher, il ne faut pas sous-estimer le coût socio-économique des symptômes négatifs et des troubles de la conation chez la personne âgée a fortiori en présence d’une schizophrénie tardive. Les symptômes négatifs s’aggravent avec l’âge et avec la durée d’évolution de la maladie. Parallèlement, la détérioration cognitive est l’un des meilleurs facteurs prédictifs d’une évolution péjorative de la maladie avec ses implications en terme d’hospitalisation de longue durée, de difficultés de maintien à domicile. Dépression et apathie se rencontrent dans plusieurs endocrinopathies de la personne âgée. Le syndrome asthénique rencontré ici comme chez les plus jeunes se conjugue chez le sujet âgé à un découragement rapide pour s’engager dans des efforts trop vite considérés comme démesurés voire inutiles. L‘apathie a ainsi été rapportée dans certains tableaux d’hypoparathyroïdie et de pseudo-hypoparathyroïdie, d’insuffisance surrénale et d’hyperthyroïdie. L’apathie est particulièrement fréquente dans cette dernière (Thomas et al., 2000b). De nombreux médicaments sont susceptibles de donner des troubles de la conation. Les neuroleptiques non désinhibiteurs sont les médicaments les plus connus, mais certains antidépresseurs pourtant largement utilisés en gériatrie Tableau 2 : Echelle d’appréciation de la démotivation La question 8 se recode en 4=1 ; 3=2 ; 2=3 ; 1=4 1 Prend il/elle des initiatives dans sa vie quotidienne? 2 A -t-il/elle des loisirs, des centres d’intérêts qui le/la motivent ? 3 Sa santé le/la préoccupe t-il/elle ? 4 Préférerait il/elle se lever au lieu de rester dans son fauteuil sans bouger ? 5 Participe t-il/elle dans un groupe, sans stimulation de votre part ? 6 Prend il/elle la parole sans que l’on soit obligé de l’y inciter ? 7 S’intéresse t-il/elle à ce qui se passe autour de lui/elle ? 8 A t-il/elle l’impression de perdre son temps ? Très souvent Souvent Parfois Jamais 1 2 3 4 (-) 9 Prend il/elle des décisions seul(e) sans que vous le fassiez pour lui/elle ? 10 Cherche t-il/elle à s’occuper au lieu d’attendre que le temps passe tout seul ? 11 Réagit il/elle aux événements extérieurs, heureux ou malheureux ? 12 Réagit il/elle aux informations (télévisions, journaux…) ? 13 Prend il/elle plaisir à évoquer certains événements ? (personnels, publics…) 14 S’occupe t-il/elle de sa personne(hygiène, habillement, alimentation) ? 15 Trouve t-il/elle plaisir dans sa vie quotidienne ? TOTAUX La Revue Française de Psychiatrie et de Psychologie Médicale - Septembre 2001 - TOME V - N° 48 43 Figure 2 : Relation entre démotivation évaluée par l’échelle EAD et dépression évaluée par l’échelle de Cornell chez 84 personnes très âgées. La démotivation existe chez des patients non dépressifs. Les questions prédominantes sont les questions 7, 8 et 15 (intérêt pour l’environnement, sentiment de perte de temps, plaisir dans la vie quotidienne). L’axe 5 concerne la réactivité à l’environnement. Les questions prédominantes sont ici les questions 3, 11, 12 (préoccupation sur sa santé ; réactions aux évènements ; réactions aux informations). Les deux séries de patients préalablement étudiées ( Chantoin et al., 2000 ; Billon et al., 2001) ont permis de développer à partir de 4 items une mini grille de démotivation, de cohérence interne particulièrement solide (a = 0.94) (tableau 3). La version courte de l’EAD comporte les items 1, 9, 10, 14 de la grille initiale (initiatives ; décisions prises seul(e) : s’occuper au lieu d’attendre : soins à sa personne). Pour un seuil de 12, la spécificité de la grille courte est 0.86, la sensibilité 0.79, le coefficient de Youden 0.65. Pour un seuil de 10, la spécificité est 0.64, la sensibilité 0.97, le coefficient de Youden 0.69. pour des syndromes de repli sur soi ou des dépressions masquées, peuvent être responsables de démotivation ou d’apathie. La démotivation a encore été rapportée chez des sujets jeunes consommateurs de cannabis, d’amphétamines et de cocaïne dont l’usage n’est pas impossible chez les personnes âgées. EVALUATION DE LA DEMOTIVATION Des récents travaux sur deux populations différentes (Chantoin et al., 2001 ; Billon et al., 2001) ont permis de développer et de valider une grille de démotivation en 15 items (tableau 2), l’échelle d’évaluation de la démotivation (EAD) dont le seuil de sensibilité est 37. Cette grille a une cohérence interne élevée (a = 0.91), et ne recoupe que très partiellement les données de la grille d’apathie de Marin (Marin et al., 1991). L’analyse en facteur commun (maximum de vraisemblance), faite pour rechercher de ces facteurs latents, en travaillant sur plusieurs hypothèses et avec une rotation oblique pour lever une condition d’induction de ces facteurs latents, permet de retrouver 5 axes. L’analyse confirmatoire factorielle (analyse les chemins) a confirmé l’hypothèse de ces 5 variables latentes. Le premier axe est l’intérêt de l’implication de soi dans l’environnement. Les questions prédominantes sont les questions 2 et 13 (loisirs et centres d’intérêts motivants ; plaisir à évoquer). L’axe 2 correspond à l’implication dans l’action. Les questions prédominantes sont les questions 4, 5, 6 et 10 (rester au fauteuil ; participation dans un groupe ; prise de parole ; s’occuper au lieu d’attendre que le temps passe seul). L’axe 3 concerne l’autonomie. Les questions prédominantes sont les questions 1, 9, 14 (initiatives ; autonomie de décisions prises; soins à sa personne). L’axe 4 concerne l’intérêt pour l’environnement. L’EAD testé contre une échelle de dépression (Billon et al., 2001) a permis de montrer que si la dépression était en règle associée à la démotivation, la démotivation pouvait exister indépendamment de la dépression (figure 2). CONCLUSION La démotivation du sujet âgé est largement sous traitée, volontiers rangée comme une fatalité liée à l'âge. Lorsque s’adjoint à l’atteinte qualitative de la dynamique motivationnelle un émoussement affectif, est réalisé cliniquement un état d'apathie. La démotivation nécessite une prise en charge médicale médicamenteuse et sociothérapique pour limiter les conséquences du désapprentissage. ■ REFERENCES BILLON R, CHANTOIN S, HAZIF-THOMAS C, EVA MARIA ARROYO, THOMAS P (2001) Validité et fiabilité d’une échelle d’appréciation de la démotivation. L’année Gérontologique, 49-59. BROGLI G (1997) La régression, Processus de deuil, Thèse d’Université Lumière-Lyon 2, Groupe de Mme Perin-Dureau F. 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