etude n° 1 les conditions d`accueil de la croisiere en ocean indien
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etude n° 1 les conditions d`accueil de la croisiere en ocean indien
OBSERVATOIRE VILLES PORTS OCEAN INDIEN ETUDE N° 1 LES CONDITIONS D’ACCUEIL DE LA CROISIERE EN OCEAN INDIEN ANALYSE COMPAREE DES SITUATIONS A DURBAN (AFRIQUE DU SUD), PORT-LOUIS (MAURICE), LE PORT (ILE DE LA REUNION) ET TOAMASINA (MADAGASCAR) [email protected] OBSERVATOIRE VILLES PORTS OCEAN INDIEN - Etude n°1 Mai 2011 VERSION COMPLETE DE L’ETUDE DISPONIBLE Contactez-nous : [email protected] fax : 00 262 262 91 21 39 mob. : 00 262 692 850 777 LE MOT DU PRESIDENT Le présent travail sur « l’accueil des croisières dans le Sud Ouest de l’océan Indien » est la première étude réalisée par l’Observatoire Villes Ports Océan Indien. Il concerne un secteur économique important, le tourisme, dont les pays en développement attendent beaucoup. Le tourisme de croisières constitue en outre une activité économique qui se prête bien à la coopération et à la constitution de réseaux. Cette création d’un réseau est la raison même de l’Observatoire Villes-Ports de l’océan Indien. Créée à la fin de 2009, après plusieurs années de gestation, cette association regroupe notamment des villes, des ports et des entreprises des pays du Sud Ouest de l’océan Indien et travaille en étroite collaboration avec l’Association Internationale Villes et Ports (AIVP), sise au Havre, forte de près de 200 membres, répartis entre 35 pays. Au cours de cette première année d’existence, l’Observatoire a consolidé son implantation à La Réunion, en Afrique du Sud, au Kenya, aux Comores, et à Madagascar et l’a étendue à Maurice et aux Seychelles, en attendant de le faire au Mozambique, en Tanzanie et à Mayotte. Il a aussi créé un centre de documentation et de veille concernant les villes portuaires et les problématiques maritimes de l’océan Indien, et organisé un séminaire à Durban en février 2011. Elle a enfin réalisé deux études d’une part sur « les pratiques environnementales des ports du Sud Ouest de l’océan Indien » et, d’autre part sur « l’accueil des croisières dans le Sud Ouest de l’océan Indien », objet de la présente publication. Cette activité de croisières reste ici encore embryonnaire. Elle est éclatée entre des circuits « tours du Monde », ceux de l’Afrique australe et ceux des îles. Elle souffre d’une disparité des conditions d’accueil, en fonction du niveau de développement des pays et de l’importance du tourisme dans leurs économies. Elle n’en demeure pas moins une activité d’avenir, malgré les questions de sécurité liées notamment à la piraterie maritime, la région étant une zone de croisière émergente face à une demande mondiale accrue. Wilfrid BERTILE Président Observatoire Villes-Ports de l’océan Indien LE MOT DE L’AIVP Le réseau mondial de l'AIVP a été créé voilà plus de vingt ans. Les collectivités locales, les autorités portuaires et les entreprises pionnières dans cette initiative avaient déjà compris que l'avenir des villes portuaires se jouait dans la capacité de l'ensemble des acteurs locaux à élaborer, conjointement, des stratégies de développement. Mettre en place des synergies, mieux intégrer le port à la ville, parler d'une même voix devenaient la clé du succès. Les projets n'ont depuis lors cessé de se multiplier dans le monde entier sur le thème ville-port qui s'est rapidement affirmé comme étant une problématique incontournable du développement durable des villes portuaires et des ports. La capacité de notre association à organiser des échanges d'expériences internationaux entre tous les acteurs du développement urbain, économique et social a permis sans doute de favoriser la diffusion des idées et des bonnes pratiques. L'AIVP a aussi été pour beaucoup de villes portuaires un formidable accélérateur de projets ville-port. Les acteurs réunionnais ont été parmi les premiers à prendre une part active dans cette aventure. Depuis près de vingt ans, les projets associant les collectivités territoriales et les autorités portuaires réunionnaises n'ont cessé de progresser et je me réjouis de constater qu'avec la création de l'Observatoire Villes Ports Océan Indien, un pas supplémentaire a été franchi. Il me semble en effet tout à fait pertinent, dans notre monde globalisé et fortement compétitif, de renforcer les stratégies régionales. Autour d'un même océan, toutes les villes portuaires ont des frontières communes. Elles ont aussi une histoire, des intérêts, des ressources, et bien sûr des problèmes communs. La mise en commun des connaissances et les échanges sur les solutions à mettre en œuvre pour développer les projets ou régler les problèmes, au-delà des différences de langues et de cultures étaient dès lors un pari audacieux mais qui faisait sens. Les premiers travaux de l'Observatoire ont porté sur le développement de la croisière et sur la problématique environnementale. Deux thématiques fortes, porteuses d'avenir pour toutes les villes portuaires riveraines de l'Océan Indien. Ces premiers échanges donneront lieux à d'autres travaux, d'autres thèmes d'intérêt régional seront abordés dans les années à venir. L'Océan indien se constitue ainsi, sous l'égide de l'AIVP, en un vaste laboratoire où sont expérimentées dans les villes portuaires de multiples innovations. A n'en pas douter, elles inspireront à leur tour d'autres régions du monde. Jean Pierre Lecomte Président Association Internationale Villes et Ports NOTE DE PRESENTATION ET PRECISIONS METHODOLOGIQUES L'Observatoire Ville Port Océan Indien est une association de droit français créée en octobre 2009 sous l'égide de l'Association Internationale Villes et Ports (AIVP), réseau mondial des ports et des villes portuaires de plus de 200 adhérents, dont l'Observatoire est une émanation régionale. Il a pour finalité de permettre la consolidation, à l'échelle de l’océan Indien, d'une stratégie locale des projets de développement des ports et des villes portuaires. Il fédère actuellement des ports, des villes portuaires et des entreprises de la région du sud-ouest de l'océan Indien afin d’accompagner la structuration de leurs échanges immatériels et de promouvoir un partage élargi des connaissances. Ce travail a été réalisé par l'Observatoire Ville Port Océan Indien entre les mois de septembre 2010 à janvier 2011. La méthodologie employée pour la réalisation de cette étude s'est appuyée sur deux sources principales d'informations. Ont ainsi été simultanément réalisées, une recherche documentaire approfondie, particulièrement concernant l'analyse du marché de la croisière au niveau mondial et la réalisation d'une vingtaine d'entretiens semi-directifs avec des professionnels publics ou privés, travaillant dans le secteur ou sur la thématique du tourisme et plus spécifiquement de la croisière. Les informations concernant la croisière dans l'océan Indien peuvent ainsi apparaître parcellaires car elles ont presque exclusivement été recueillies dans le cadre de ces entretiens. Une version préalable au document final a été soumise à la discussion et à la validation en étant présentée lors du séminaire de l’Observatoire Villes Ports Océan Indien (Durban - 18 Février 2011). Le présent document se fait écho de quelques contributions qui ont été recueillies à l’occasion de ces débats, et capitalisées sous forme de notes ou d’enregistrements audio. Le contenu de l'étude n'a pas la prétention d'être exhaustif. Il a pour objet de brosser un tableau général de la situation des conditions d’accueil de la croisière dans les ports et les villes portuaires choisis pour l'étude. Dans un premier temps, en raison des contraintes de délais, le champ géographique de l'étude est resté concentré sur l'analyse de la situation dans les quatre places portuaires fondatrices de l'Observatoire Villes Ports Océan Indien : la ville de Durban (Afrique du Sud), la ville de Port-Louis (Maurice), la ville du Port (Réunion/France) et la ville de Toamasina (Madagascar). Bien que restreint, mais reflétant une large diversité socio-économique et politique, ce groupe de villes a néanmoins permis de proposer un panel assez représentatif des actions pouvant être menées pour la structuration des conditions d’accueil de la croisière dans le sud-ouest de l'océan Indien. RESUME Le marché mondial de la croisière a évolué vers des transformations structurelles de son activité, avec l'escalade du gigantisme pour ses paquebots, corrélée à l'arrivée d'un nouveau type de clientèle. La croissance du secteur a aussi été possible par la transformation du marché, qui a désormais cessé d’être presque exclusivement américain. Il se développe à un rythme soutenu en Europe, ainsi que dans d’autres régions du monde. Dans ce contexte, l'activité de croisière dans le sud-ouest de l’océan Indien reste encore assez largement dominée par le segment traditionnel des croisières de luxe, avec des navires de tailles modestes. L'arrivée des leaders européens de la croisière dans la région commence néanmoins à faire évoluer cet état de fait. Plusieurs contraintes pèsent toutefois sur ce bassin de navigation pour lui permettre un développement important de l'activité de croisières. Des limites d'ordre géographique, économique et géostratégique entravent une évolution massive du secteur sur ce territoire. La réalité de la naissance d’une demande locale dans certains pays de la région permet cependant de croire à une évolution positive du secteur dans les années à venir. Les équipements destinés à l’accueil de la croisière dans les ports de Durban, de Port-Louis, de PortRéunion et de Toamasina sont adaptés au marché actuel et les projets en cours s’inscrivent dans une perspective de croissance du secteur à moyen terme. Les disparités des conditions d'accueil des croisières dans chacune des villes portuaires se situent dans l'accueil réservé aux croisiéristes ne choisissant pas une des sorties proposées par la compagnie de croisière. L'implication des collectivités locales, et plus largement des acteurs publics locaux, apparaît de fait concomitante à l'existence d'une réflexion locale quant à ce secteur touristique. ABSTRACT The world cruise market has been structurally evolved with the escalation of gigantic cruise ship liners and the coming of a new type of customers. The growth in this market has made possible by the market transformation. Indeed this market is from now on, not anymore an exclusive American one. It has been developing in Europe at a sustained place, and in other parts of the world as well. In this context, the cruise activity in the Western Indian Ocean remains quite highly led by the traditional segment of luxury cruise, with smaller-sized cruise ships. The coming of the European cruise market leaders is getting changed this established fact. But, several restrictions have weighed heavy in this navigation basin, disabling the place for developing an important cruise activity. Geographic, economic and geostrategic limits hinder a massive market evolution in this area. However, the arrival of a local demand in some countries of the region, enables to trust in an increasing development of the market within the next few years. The facilities dedicated to cruise activity in the harbours of Durban, Port-Louis, Port-Reunion and Toamasina are appropriate to the current market. Projects in progress are a part of a medium-term growth prospect in the market. Every port city plays different in the cruise ship passengers welcoming, for those who decide not to go on a cruise company trip. The involvement of the local authorities and extensively of the public local stakeholders, occurs as concomitant to the local consideration about this tourism market. SOMMAIRE INTRODUCTION 1ère PARTIE : ÉTAT DES LIEUX DU SECTEUR DE LA CROISIERE 1.1. Évolutions récentes du secteur 1.2. Secteur de la croisière dans le sud-ouest de l'océan Indien 1.3. Monographies des aménagements et équipements d'accueil des croisières dans les ports de l'océan Indien CONCLUSION DE LA 1ère PARTIE 2ème PARTIE : L’ACCUEIL DES NAVIRES DE CROISIERES DANS LES VILLES PORTUAIRES 2.1. Qualité de l’offre d’accueil et nature de l’hinterland touristique des escales 2.2. Préoccupations, contraintes et stratégies des acteurs du secteur de la croisière dans l’océan Indien CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS INTRODUCTION Le secteur de la croisière connait, depuis environ une dizaine d'années, des mutations majeures. Ce marché de niche traditionnellement réservé à une certaine élite historiquement de nationalité états-unienne, commence à être réellement reconnu comme une forme de vacances accessible et populaire. Dès lors, l'activité de la croisière connaît une dynamique de croissance exceptionnelle qui se traduit par une augmentation de ses capacités d'accueil sans précédent. S'agissant des villes-ports qui accueillent les paquebots, cette tendance a conduit à l'installation de la croisière de manière de plus en plus visible et fréquente dans le paysage urbano-portuaire. Parce que à la fois maritime et terrestre, l'activité de croisière intéresse le port comme la ville. L'arrivée d'un paquebot de croisière est un évènement nécessitant un accueil spécifique de la part du port comme de la ville portuaire qui commande la définition d'une stratégie singulière issue d'une nécessaire collaboration entre autorités portuaires et collectivités territoriales. La qualité de la gestion d’une escale est le résultat de l'action commune des ports et des villes conjuguée à celle des armateurs et des professionnels du tourisme. Malgré l'impact de la crise économique qui s'est traduit, notamment, par le ralentissement de la construction de nouveaux navires, la croisière demeure un secteur dynamique à la recherche de nouveaux relais d'expansion; parmi ceux-ci, le développement de nouvelles destinations au-delà des zones de navigation historiques que sont la Caraïbe et la Méditerranée. C'est dans ce contexte que le sud-ouest de l'océan Indien se positionne comme une destination disposant d'un potentiel de développement. A la demande de ses membres fondateurs, l'Observatoire Villes Ports Océan Indien a décidé, lors de son comité technique international réuni le 26 novembre 2009, de lancer une étude sur les conditions d'accueil de la croisière dans la région. Il s'agit de mesurer la place de cet espace en tant que destination sur le marché mondial de la croisière mais aussi d'identifier les effets de l'activité de croisière en termes économiques, urbanistiques et sociaux-culturels, sur la ville portuaire. Cette première étude réalisée par l'Observatoire Villes Ports Océan Indien se donne ainsi des objectifs ambitieux. Toutefois, compte tenu du délai imparti, l'étude ayant été lancée en septembre 2010, le comité scientifique de l'OVPOI a choisi de limiter son champ d'investigation aux quatre villes-ports fondatrices de l'Observatoire : Durban (Afrique du Sud), Le Port (La Réunion), Port-Louis (Maurice) et Toamasina (Madagascar). Ultérieurement, il sera déterminant d'élargir l'espace géographique de cette étude pionnière aux autres villes portuaires du sud-ouest de l'océan Indien. La première partie de cette étude dresse, d'abord, un état des lieux du marché actuel de la croisière de l'échelle mondiale à l'échelle régionale- le sud-ouest de l'océan Indien- puis présente l'offre portuaire de chacune des quatre villes-ports de l'étude à destination des paquebots. La seconde partie se focalise sur les conditions de l'accueil des navires et des croisiéristes dans les villes portuaires en relation avec leur hinterland touristiques et analyse les stratégies mises en œuvre et les projets élaborés par les acteurs locaux en direction de l'activité de la croisière. REMERCIEMENTS Ce travail n'aurait pas été possible sans la disponibilité de l'ensemble des acteurs publics et privés rencontrés à Durban, à Port-Louis, au Port et à Toamasina. Nous tenons particulièrement à remercier, pour leur soutien et pour leur aide précieuse dans la préparation et la réalisation des déplacements sur le terrain, la Municipalité d'eThekwini, la Commune Urbaine de Toamasina (CUT) et l'Autorité portuaire mauricienne, Mauritius Port Authority (MPA). Pour son implication et pour son appui quotidien, nous remercions spécialement la Municipalité du Port. Nous remercions également, pour leur investissement et pour leur relecture attentive de l'étude, les membres du comité scientifique de l'Observatoire Villes Ports Océan Indien composé de Wilfrid Bertile, Philippe Le Gal, Annick Miquel et Alain Moreau, ainsi que Julie Couriaut qui était en charge de la réalisation de cette étude. Loin derrière les deux grands bassins historiques de navigation que sont la Caraïbe et la Méditerranée qui assurent 86% de son chiffre d'affaire en 2010, la croisière demeure un secteur encore peu développé dans l'océan Indien. Cependant, étant donné le succès et la croissance que connaît cette activité touristique à l'échelle mondiale, le troisième grand océan de la planète ne saurait rester plus longtemps à l'écart de ce processus. D'ores et déjà, à l'échelle régionale, la croisière constitue une réalité visible qui se traduit par des flux, des aménagements et des impacts non négligeables. Ainsi, dans le sud-ouest de l'océan Indien, un bassin de navigation est en train de se constituer qui offre à la croisière le potentiel touristique riche et varié d'une façade continentale du Cap (Afrique du Sud) à Mombasa (Kenya) faisant face à la grande île de Madagascar et aux archipels des Seychelles, des Comores et des Mascareignes. A cette configuration géographique favorable à la réalisation de la croisière, de surcroît baignée par une ambiance climatique tropicale non moins favorable, s'ajoute l'existence d'un vivier de clientèle locale qui, complété par une clientèle extérieure, a permis à la croisière de s'installer comme une nouvelle activité motrice du tourisme régional. Dès lors, dresser un état des lieux et établir les perspectives de la croisière dans le sud-ouest de l'océan Indien se sont imposé au tout jeune Observatoire Villes Ports Océan Indien comme un des deux axes d'étude définis pour la première année d'existence formelle de ce dernier. Réalisée dans des délais serrés et avec des moyens initiaux limités, l'étude réduit volontairement son champ d'investigations à la croisière en relation avec les villes portuaires têtes de croisières et/ ou escales que sont Durban (Afrique du Sud), Le Port (Île de la Réunion/ France), Port-Louis (Île Maurice) et Tamatave (Madagascar). Cette étude a été présentée et enrichie à l'occasion du premier séminaire organisé par l'OVPOI à Durban (18-19 février 2011) où de nombreux représentants d'autres places portuaires de la région ont répondu présents. Elle a vocation à être amplifiée afin d'offrir aux membres de l'OVPOI un état des lieux exhaustif de la croisière à l'échelle du sud-ouest de l'océan Indien à même d'éclairer le présent et le futur proche de cette activité touristique en devenir qui joue déjà un rôle essentiel dans le dynamisme de nombreuses villes-ports de par le monde. OBSERVATOIRE VILLES PORTS OCEAN INDIEN rue Renaudière de vaux – 97420 Le Port (La Réunion) Le réseau des ports et des villes portuaires de l’océan Indien A network of harbours and port cities in the Indian Ocean zone www.indianocean-aivp.org [email protected] cell : +262 692 850 777 fax : +262 262 912 139